Disclaimer : Ni Severus, ni aucun des personnages de cette histoire ne sont à moi, sauf Ioann, Milo, Ivanna, Sergueï, Henrique, Elidjah, Owen, Connors, Moïra, Kerrian et Captain Sandy.

Béta : BettyMars

Bon dimanche à tous ! Comme prévu, voici un petit bonus pour vous ! J'avais prévu de vous faire un OS mais … comme traditionnellement avec moi, je me suis un peu étalée et donc il sera en deux parties … Pas grand-chose à dire sur ce qui suit, sauf que vous avez tous craqué sur lui, aussi j'espère que vous apprécierez ce bonus. La suite arrivera dimanche prochain et vous aurez tout de même le chapitre normal mercredi. Moi je trouve que je vous gâte beaucoup !

PETIT AVERTISSEMENT : ne vous affolez pas, rien d'excessif lol. Sauf que pour lire cette partie là, il est important d'avoir lu « Pas Toujours si Simple » jusqu'au chapitre 76. Effectivement, je parle d'évènements qui s'y passent donc si vous n'avez pas lu, cela va vous gâcher les surprises de la fiction principale.

Sur ce, je vous laisse découvrir ce bonus en espérant avoir vos avis juste après : )


Phrase défi : Luna chante Pampililu.


Vulpes Zerda tout Simplement.


Partie 1 :

Il y a quelques mois, ma vie a changé. Comme ça, en une seconde. Juste un instant qui aurait pu être mon dernier. Avant j'étais un frère, un fils et j'étais un inconscient. Maintenant, je suis un ami, je m'appelle Titan ... et je suis toujours un inconscient. Mais pas de la même façon. J'ai appris très récemment que la souffrance peut arriver même quand tout va bien. Mais avant d'en arriver là, laissez-moi vous raconter ma vie.

Je me rappelle encore de cette période, avant. J'étais avec maman et papa. On ne voyait pas souvent papa car il partait toujours toute la nuit pour rapporter à manger à maman pour qu'elle nous allaite puis ensuite pour nous tous quand on ne tétait plus. On restait toujours dans notre terrier ou dans les alentours. Pas très loin car on n'avait pas le droit. J'avais une sœur et un frère aussi. Maman nous élevait et nous apprenait ce qu'on devait faire. Au début on jouait beaucoup tout en découvrant le désert tout autour de nous. Mais si ça convenait aux autres, moi je trouvais tout ça assez monotone. J'aimais quand on allait se promener vers les oasis. Il y avait de la végétation et des insectes qu'on ne voyait pas ailleurs.

J'ai toujours été très curieux et je me faisais toujours fâcher quand j'allais trop loin. Une fois, on a vu des êtres étranges un peu plus loin. Maman nous a ordonné de la suivre et on s'est éloigné en se cachant. Après elle nous a expliqué qu'il fallait toujours qu'on fasse attention à ce qu'elle a appelé les « hommes » ou les « humains ». Qu'ils étaient dangereux, méchants et imprévisibles. Et je dois avouer que leurs étranges machines en métal qui font du bruit, vibrent et sentent mauvais sont très effrayantes. Mais à part cela, ma vie était très agréable et remplie de jeux excitants qui commençaient quand même à agacer mon frère et ma sœur. Elle me disait sans arrêt que je devais grandir un peu et il répétait que j'étais incapable de me débrouiller seul. Mais ça me passait au dessus car j'avais mieux à faire ... courir après les scarabées ou m'entrainer à attraper des poissons des sables.

Pourtant un soir, tout a basculé. Ce soir là, je m'étais réveillé alors que le soleil n'était pas encore couché. La nuit commençait à tomber tard en ce début de période chaude. Le reste de ma famille dormait encore, tous roulés en boule les uns contre les autres. Papa a grogné quand je me suis levé et que je l'ai bousculé en sautant par-dessus lui. Puis je suis sorti de notre terrier moelleux. J'ai humé l'air et une odeur alléchante m'a attiré. Cela faisait quelques jours maintenant que maman nous apprenait à chasser. C'était amusant, assez facile et j'étais doué. Plus que pour écouter le reste des leçons.

J'ai suivi la piste odorante que j'avais trouvée et ça m'avait mené dans une oasis. Il y avait là un lézard qui devait être très goûteux. J'avais bien l'intention de l'attraper et de le rapporter à maman pour lui montrer combien j'étais bon à ce jeu là. Sauf que le temps que je finisse par le dégoter, la nuit était tombée et lui, bien caché. Pourtant je n'avais pas dit mon dernier mot. J'ai bien entendu un bruit vibrant, celui que j'avais associé aux hommes, mais j'étais à un coup de langue d'attraper la patte de ce maudit lézard. Pas la queue. J'avais bien appris la leçon quand je m'étais retrouvé avec l'appendice d'un de ces lézards entre les crocs alors que le reste de l'animal courait plus loin. Mon frère et ma sœur s'étaient moqués de moi pendant un long moment.

Bref, cette nuit là, j'étais bien trop concentré sur ma proie pour faire attention au reste. Même pas au fait que j'étais très près du bord de l'eau alors que comme tout le reste de ma famille, j'avais tendance à l'éviter. C'est que c'était mouillé l'eau. Mais brusquement, un grand bruit retentit juste derrière moi. Comme si quelque chose de lourd était tombé dans l'eau. J'ai été tellement surpris, que j'ai sursauté. Sauf que le sol, au bord du lac, était friable. J'ai senti mes pattes glisser sur les cailloux qui se détachaient pour tomber dans l'eau. Et un instant après, je me suis retrouvé oppressé. J'étais dans l'eau. Dans ce truc froid, mouillé et qui m'entrainait vers le fond. J'ai essayé de japper pour appeler mon papa ou ma maman à l'aide, mais j'ai cru étouffé lorsque l'eau est entrée dans ma gorge et par ma truffe. Ça brulait, ça faisait mal, c'était étouffant et je n'arrivais plus à respirer. C'était horrible.

Une brusque lumière est apparue devant moi et j'ai cru que le soleil se relevait pour m'aider. Je l'ai vraiment cru quand je me suis senti agrippé et que l'air est re-rentré brusquement, douloureusement dans mes poumons. J'avais l'impression d'être comme dans un brouillard. Même si je n'ai appris ce que le brouillard était que plus tard. Je me suis retrouvé allongé sur le sol à être palpé de tous les côtés. Et ce n'était pas maman qui me faisait la toilette, c'était moins doux. Et les sons que j'entendais n'étaient pas ses grognements rassurants.

- C'est bon, il va cracher un peu d'eau et repartir en courant d'ici peu. On peut dire qu'il ... hey p'tit gars, je sais qu'on est des hommes, mais si tu pouvais éviter d'exposer ainsi tes bijoux familiaux, ce serait sympathique de ta part.

- Oh euh, désolé.

Il y eut du mouvement autour de moi. J'ai ouvert doucement les yeux et j'ai vu deux hommes. Enfin je crois que ça en étaient. L'un devait l'être mais l'autre était bien plus petit. Un jeune peut-être, comme moi. Celui-ci s'était éloigné et gigotait dans tous les sens avec des trucs étranges qu'il mettait sur son dos. Comme l'autre ne bougeait pas, je me suis relevé, un peu groggy, comme quand j'ai trop dormi et que je n'arrive pas à me réveiller. Puis une caresse sur ma tête me fit de nouveau sursauter et réaliser que le petit était revenu. Il me regardait bizarrement et j'ai tenté de me reculer mais j'avais la tête qui tournait. L'homme s'est alors relevé et s'est éloigné. Voyant que le jeune ne faisait rien d'autre que me regarder, j'ai décidé de me reprendre pour partir retrouver ma maman. J'avais le poil humide et collé. Je me suis secoué vivement avant de sentir de nouveau quelque chose sur mon dos. Il m'avait de nouveau touché.

Je me suis assis et je l'ai regardé moi aussi. Il n'était pas très différent des autres humains mais il était vraiment plus petit et il n'avait pas l'air aussi dangereux que ce que maman disait. Il avait même l'air gentil. Mais papa nous avait toujours dit qu'il fallait toujours faire attention aux apparences. J'ai secoué mes grandes oreilles car j'avais une goutte d'eau qui glissait dedans et je suis parti. Je devais vite rejoindre ma famille car ils devaient s'inquiéter. Pourtant quand j'ai senti une odeur de nourriture, mon ventre m'a rappelé que j'avais faim. Alors j'ai fait demi-tour, je me suis caché et j'ai guetté pour voir si je ne pouvais pas chiper un peu de ce que les humains étaient en train de manger.

J'ai eu ma chance, quand le jeune s'est senti mal et que l'autre l'a aidé à se lever pour aller marcher. C'était le moment ou jamais. J'ai filé vers leurs affaires, qu'ils avaient laissées sans surveillance et j'ai fureté de la truffe pour découvrir que ce qu'il y avait dans la gamelle n'était pas peut-être pas si mauvais que ça. Ça ne ressemblait en rien avec ce qu'on avait l'habitude d'avaler mais c'était pour moi l'occasion d'enfin découvrir ce qu'il y avait d'autre dans notre monde. Et quand j'ai commencé à manger, j'ai été très surpris de ce goût nouveau, mais c'était drôlement bon. Sauf que les humains sont revenus plus rapidement que je ne l'aurais cru. Alors j'ai filé en laissant la moitié de la gamelle intouchée. Dommage.

Décidant qu'il était temps que je rentre, je me suis dépêché de retrouver le chemin de mon terrier. J'avais plein de choses à raconter et surtout, j'avais un grand besoin d'un câlin de maman. Mon aventure dans l'eau mouillée m'avait éprouvé. Mais mon retour à la maison ne se passa pas comme je l'avais espéré. Papa était là alors qu'il n'aurait pas dû être rentré. C'était déjà étonnant, mais le voir me grogner dessus était plutôt déstabilisant. Ce n'était pas un grognement joueur, ou réprobateur comme lorsque je faisais une bêtise. Non, c'était un grognement méchant comme il le fait quand il y avait un danger à proximité.

Maman arriva un instant après et je fus soulagé car elle saurait faire entendre raison à papa. Je ne savais pas ce qu'il avait mais il me faisait un peu peur. Mais maman ne vint pas me rassurer d'un coup de langue protecteur. Elle ne grogna pas sur papa de son comportement. Elle indiqua à mon frère et à ma sœur de se dépêcher tout en restant à distance. Je me souviens avoir gémi d'incompréhension en tentant d'approcher, la queue et les oreilles basses, mais je me suis fait refouler. Papa a dit que je sentais l'humain et qu'ils devaient partir avant qu'un grand danger ne leur arrive. Il a dit que je ne pouvais pas venir avec eux car j'étais contaminé. Je ne sais pas par quoi, mais je l'étais.

Maman poussa mon frère et ma sœur du museau pour les inciter à partir dans la direction qu'ils avaient choisi. Avant de se retourner et de me dire que maintenant, je devais me débrouiller sans eux. J'avais touché aux hommes, j'étais un danger pour la famille. J'ai dû m'asseoir tant cette nouvelle me bouleversa. J'ai bien tenté de leur dire que j'avais failli me noyer et que si je sentais l'humain c'était parce qu'ils m'avaient sauvé mais papa resta intransigeant. J'étais sevré après tout, il était temps que je quitte le nid. Puis il s'élança pour diriger toute la famille au loin. Toute sauf moi. Je sais que j'ai pleuré. Pas comme un humain pleure bien sûr, mais comme un fennec que je suis. Je ne sais pas combien de temps mais j'ai fini par venir me rouler en boule dans le terrier. Il y avait nos odeurs à tous, même si le duvet confortable avait été dispersé. Ne jamais laisser de traces de son passage pour qu'aucun prédateur ne puisse venir jusqu'à toi. Une des leçons que j'avais retenues.

Et d'un coup, ce manque de confort combiné à l'absence de maman et à mon ventre qui commençait à avoir faim, m'oppressa. Alors je suis ressorti, avec dans l'idée de me trouver à manger. J'avais raté un lézard bien dodu et le maigre repas de l'humain ne m'avait pas suffi. Alors j'ai avancé dans la direction opposée à celle prise par ma famille. J'ai humé l'air afin de trouver une piste. J'ai dégoté un scarabée mais sa saveur me parut bien amère après les évènements de la nuit. Bien inconsciemment, mes pas m'ont ramené vers l'oasis où je n'aurais jamais dû aller. Enfin c'était ce que je me disais à l'époque, car maintenant, j'en suis assez satisfait.

Les deux humains dormaient. Le plus grand émettait un bruit sonore très élevé qui m'intrigua. Je ne comprenais pas ce que ces grognements voulaient dire. Je me suis approché pour essayer de mieux déchiffrer mais rien n'y faisait. Et puis il se retourna brusquement et j'ai eu peur qu'il m'écrase, alors je suis parti voir le petit. Il ne bougeait pas, ne respirait pas fort et était roulé en boule. J'ai pris le temps de bien le renifler avant de décider que s'il m'avait sauvé tout à l'heure, alors il ne tenterait pas de me faire du mal maintenant. Je me suis roulé à côté de sa tête avant de m'endormir.

La journée du lendemain fut éprouvante pour moi. J'ai été réveillé en sursaut quand l'homme s'est levé et je suis parti en courant. Autant le petit ne me faisait pas trop peur, autant lui ne me rassurait pas du tout. Mais quand il s'est éloigné sans rien tenter, je suis revenu. Le petit était en train de se réveiller et je trouvais ça fascinant à regarder. Amusant aussi. Il faisait des bruits bizarres, des grognements incompréhensibles lui aussi, tout en se roulant un peu plus en boule. Il finit par ouvrir les yeux et me regarder comme s'il ne me voyait pas réellement. Puis j'ai compris qu'il allait vraiment se réveiller et j'ai préféré fuir. Je ne suis pas allé bien loin mais je suis resté caché, guettant le moment où je pourrais essayer d'approcher sa gamelle. Mais contrairement à la veille, les humains ne mangèrent pas avant de partir. Ils montèrent dans leur machine effrayante et disparurent dans un nuage de poussières.

J'étais seul. Tout seul. Rejeté par ma famille, laissé par ces humains qui ne m'avaient finalement pas fait de mal, dans une oasis où j'avais failli mourir. Je ne savais pas ce que je devais faire. Mais j'ai vite pris une décision et je me suis mis à courir derrière l'engin bruyant. Heureusement que j'ai un bon flair et que dans le désert, tant qu'il n'y a pas de tempête de sable, les traces se suivent facilement. Je les ai retrouvés un peu plus loin alors qu'ils allaient repartir. J'étais un peu désespéré car je commençais à être fatigué de cette longue course. Je n'étais pas habitué à courir ainsi. Mais ils sont restés et m'ont offert de la nourriture.

Le petit m'a caressé doucement et c'était très agréable. Mais malgré ma décision de les suivre, j'étais réticent à abandonné totalement les préceptes que maman et papa m'avaient appris. Aussi j'ai beaucoup couru dans cette journée avant d'être finalement trop épuisé pour lutter. Je me suis retrouvé dans cette machine étonnante et j'ai dormi très profondément, bercé par son ronronnement. Et puis le petit était vraiment très gentil avec moi. Lorsque nous fîmes une nouvelle pause, j'ai pu me dégourdir les pattes et faire mes besoins, car mine de rien, les vibrations de la machine ça avait bien joué sur ma vessie. A un moment donné, alors que le grand et le petit parlaient, j'ai compris qu'ils parlaient de moi. Leur façon de faire ne pouvait pas me tromper.

- Je sais ! Je vais t'appeler Titan !

Je n'ai pas compris au début pourquoi il avait dit ce mot que je ne connais pas plus que les autres, en me regardant si attentivement. Mais j'ai grogné de satisfaction en comprenant que ce n'était pas quelque chose de mauvais. Et le gratouillis derrière mes oreilles était tellement bon que j'en aurais grogné de désespoir quand ça s'est arrêté. Puis les deux humains ont rigolé et je me suis senti bien. J'ai compris avec le temps que Titan était mon nom car il revenait souvent quand on me parlait. Ce n'était pas le cocon que maman et papa nous avaient confectionné, ce n'était pas la chaleur de mon frère et de ma sœur, couchés contre moi. C'était différent, mais c'était bon aussi.

Quand la nuit est tombée, nous étions arrivés à un endroit assez impressionnant. Il y avait des machines bruyantes partout, des trucs très hauts qui ne ressemblaient en rien aux dunes du désert et qui avaient des carrés lumineux dessus. Il y avait du bruit, de l'agitation, l'odeur était pestilentielle mais j'étais très intrigué. Je voyais enfin ce qu'il y avait plus loin dans le monde. Moi qui avais toujours voulu en savoir plus, j'y étais directement plongé dedans.

La suite ne fut qu'un tourbillon étrange. Je me suis retrouvé emprisonné sous la fourrure légère et bizarre du petit. J'ai su ce que sont ces fourrures sans poils plus tard, c'est un peu comme mon pelage, sauf que les humains peuvent le quitter et le changer au gré de leurs envies. Assez pratique, mais il y a un manque cruel d'odeurs personnalisées avec cette méthode. Bref, je n'ai plus rien vu avant que quelque chose de bizarre ne se passe et qu'on se retrouve dans un endroit où il faisait bien plus froid. J'avais peur, j'étais malade mais j'ai préféré ne pas bouger. J'ai bien songé à fuir à un moment mais j'avais peur de ne plus retrouver mon petit humain. Et il était tellement nerveux que je me suis dit qu'il aurait peut-être besoin que je le défende. Après tout, il avait été gentil avec moi, je pouvais bien l'aider pour le remercier.

De nouvelles odeurs m'ont assailli. Il y avait des bêtes aux alentours et pas des petites d'après ce que ma toute petite expérience me disait. Nous nous sommes ensuite retrouvés enfermés dans un étrange endroit. Je ne sais pas ce que c'était à l'époque, maintenant je peux dire que c'était une chambre. Mon humain n'était plus nerveux, il était soulagé et presque paisible. Il n'y avait plus le grand homme mais un autre avec des poils d'une drôle de couleur. Il avait l'air gentil lui aussi et j'ai rapidement été en confiance avec lui. Je ne sais pas, quelque chose me disais qu'il ne me ferait pas de mal. C'était instinctif. J'ai passé une partie de la nuit à l'observer, à le renifler avant de finir par m'allonger avec mon petit humain.

Et il devait réellement être un jeune lui aussi car même cet homme aux poils couleur soleil couchant était plus adulte. Je me suis allongé avec lui en pensant que peut-être on pourrait grandir ensemble. Je n'ai pas compris tout ce qu'il s'est passé après que le jour soit revenu. Je m'étais trouvé un endroit dans un coin pour faire pipi mais je n'étais pas certain d'avoir bien fait. Il n'y avait pas d'odeurs que je connaissais pour m'indiquer comment me comporter. Tout ce que je sais, c'est qu'à ce moment là, je voulais aller prendre l'air car j'avais l'impression d'étouffer dans cet endroit fermé. Aussi dès que j'ai pu, je suis sorti en courant.

J'ai été très étonné. Il n'y avait plus de désert, de sable et de cailloux. Il y avait de l'herbe mais pas celle qu'on trouve dans les oasis, celle là elle était grasse, juteuse, croquante mais pas raide. Elle n'était pas sèche non plus. Elle était même très bonne. Et puis il y avait des arbres que je n'avais jamais vus. Il y avait aussi des trucs colorés que j'ai pu renifler. C'était à ma hauteur et ça sentait bon. C'était des fleurs. Mais je n'en avais jamais vu avant. Maintenant je connais bien. Je sais aussi que des fois, il y a des abeilles dedans et que si je pose ma truffe dessus, et bien ça fait mal.

Mais à ce moment là, c'était tout nouveau pour moi. J'ai beaucoup couru, je me suis caché sous la végétation, j'ai senti tout ce que je pouvais sentir, j'en avais presque la tête qui tournait. C'était tellement nouveau, tellement bon, tellement enivrant. Et là je les ai vus. J'ai vu les grosses bêtes que j'avais senties. Elles étaient immenses, impressionnantes et j'étais une nouvelle fois fasciné. Je me suis approché et j'ai reniflé comme si ma vie en dépendait. J'en ai vu une qui était couleur du soleil couchant avec le museau écrasé. Une autre couleur de l'herbe avec des cornes dorées. Enfin un, celui-là c'était un mâle. Il y en avait un tout noir comme la nuit avec des pointes sur la queue.

Je n'avais jamais vu un tel spectacle. C'était vraiment beau. Il y en avait d'autres, je le sentais, mais elles étaient plus loin. Je n'ai pu m'empêcher de m'approcher un peu plus d'une femelle couleur de l'herbe. Elle allait avoir des œufs. Je l'ai senti car son odeur n'était pas la même que les autres. Je l'ai regardée intensément alors que d'un coup, maman me manquait. Je me suis assis en me demandant si elle ne voudrait pas me faire un câlin. C'était une future maman après tout, et moi j'étais encore un bébé il y a une demi-lune de cela. Elle me fixa sans plus de réactions. Mais contrairement aux autres, elle ne me cracha pas du feu dessus. Elle devait avoir compris même si elle ne tenait pas à satisfaire mon besoin. Ce n'était pas un fennec après tout, on n'avait pas les mêmes codes. Notre échange s'arrêta quand elle se mit à piaffer. Je me suis alors retourné pour voir que l'humain aux poils colorés venait d'arriver. Je me suis levé et je suis allé vers lui en remuant la queue. Lui il me donnerait un câlin, et il me l'a donné. Pas longtemps, juste un peu avant de me mettre dans les bras de mon petit homme.

Cette fois j'ai pu profiter outrageusement de son attention. On était revenu dans la chambre et les deux humains se mirent à parler entre eux. La conversation ne fut pas complètement joyeuse et je ressentis beaucoup de tristesse, de peur et de fatigue émaner de petit. Si au début j'ai tenté de le réconforter, j'ai vite compris que ça ne suffisait pas. Alors j'ai essayé de le faire rire, comme il avait ri la veille avec l'autre humain. Je suis donc allé me faire les dents sur des bottes qui trainaient là. Et puis elles avaient l'odeur des grosses bêtes donc elles étaient très intéressantes. Même si un fil m'agaçait à dépasser ainsi devant mon museau. Mon humain ne rit pas. Mais il s'occupa alors de moi, tout en calmant ses sentiments. C'était toujours une bonne chose.

Un peu plus tard dans la journée, j'ai pu m'échapper une nouvelle fois sans que personne ne me voie. Je suis reparti voir la maman grosse bête. Comme le matin, elle accepta ma présence tant que je ne m'approchais pas de trop. Une nouvelle fois je fus délogé et je commençais à déplorer de ne plus être libre de mes mouvements. J'ai été ramené à l'endroit où on était arrivé la veille. Je reconnus tout de suite l'odeur de la pièce. Mais j'ai été frappé par les sentiments que j'ai ressentis à ce moment là. C'était quelque chose de doux, mêlé à du soulagement et de la tranquillité. Il y avait mon petit humain mais aussi un autre adulte. Encore un. Je m'étais demandé à ce moment là combien il pouvait bien y en avoir de ces humains. Dans le désert on en voyait parfois passer mais là ça en faisait beaucoup. Mais j'ai vite senti que cet humain là était spécial. Il y avait quelque chose dans son odeur que je retrouvais dans le petit, et vis versa. C'était le papa de mon humain.

J'avoue qu'à ce moment là, j'ai eu quand même un peu peur de lui. Il était grand, son regard était impressionnant et sa voix claquait fort. Mais j'ai appris avec le temps qu'il aboyait plus fort qu'il ne mordait. D'ailleurs même si des fois il m'a parlé comme s'il était fâché, il y avait toujours une de ses mains qui venaient gratter derrière mes oreilles. Je n'avais jamais connu les humains avant, mais même si maman et papa m'avaient toujours mis en garde, je ne pus que constater avec le temps, que tous les humains n'étaient pas des monstres. Il y en a des vraiment méchants mais il y en a des biens aussi.

Et j'en ai rencontré plein de ceux-là. On n'est pas resté pour dormir là le soir, on est parti ailleurs. Je me suis à nouveau senti malade mais cette fois je n'étais pas sous une fourrure d'humain. Et finalement à ce moment là, je crois que j'aurais préféré l'être. Je n'ai pas tout compris, il y a eu des flammes mais pas la chaleur du feu, puis j'ai eu l'impression oppressante d'être emprisonné dans un terrier trop petit et qui bougeait dans tous les sens. Il y avait une odeur de brûler mais plus de flamme et finalement quand tout s'est arrêté, j'avais plein de suie partout sur moi.

La température et l'humidité étaient encore différentes et je me suis senti frissonner. Je suis resté avec mon petit humain et son humain de papa jusqu'à ce qu'on aille dans une chambre. Une autre encore. Mais là, il y avait l'odeur du petit partout. Je pouvais sentir que c'était son terrier et qu'il avait grandi là. Il y avait l'odeur de son papa aussi et d'autres odeurs que je ne connaissais pas. Je n'étais pas fatigué et j'ai donc un peu fureté. J'ai aussi décidé de bien retenir toutes ces nouvelles odeurs d'humains que je sentais partout. Parce que ces odeurs là, c'étaient celles des humains que mon petit humain aimaient. Il n'y avait pas de trace de peur ou de méchanceté.

D'ailleurs le lendemain, plein d'humains sont arrivés. Ils ont tous tripoté mon petit humain et j'ai compris que c'était leur façon de se faire un câlin. Maman me léchait ou me donnait des coups de museau pour me câliner. Eux ils se serraient l'un contre l'autre. C'était très instructif de les regarder faire. Et comme si je n'avais pas encore eu ma dose, le soir j'avais rencontré encore plus d'humains ! Mais cette fois, c'était des jeunes, comme mon humain à moi. J'y ai même retrouvé une odeur assez persistante que j'avais reniflée dans la chambre. C'était un humain avec les poils encore plus clair que les miens ! Il y avait quelque chose de fort entre lui et mon petit homme. De très fort.

Il m'a fallu un certain temps d'adaptation. C'était un environnement que je ne connaissais pas. Un climat plus froid que chez moi qui m'incommodait un peu. Il y avait vraiment beaucoup d'humains et même s'ils n'avaient pas de ces machines effrayantes, ils étaient très bruyants. Un jour, mon petit homme m'a amené chez un autre humain. Enfin un demi-humain plus précisément. J'avais déjà senti son odeur dans les couloirs. Il était là depuis très longtemps. J'ai été très impressionné par sa grandeur. Si les adultes que j'avais vus étaient grands, lui il était immense. Il avait des poils tous noirs et tout broussailleux qui lui mangeaient tout le visage. Il m'a attrapé dans sa main et ... il y aurait eu assez de place pour y mettre maman, papa, mon frère et ma sœur. Mais étrangement, je n'avais pas peur de lui. Il se dégageait de lui quelque chose qui m'a mis en confiance, un peu comme pour l'humain aux poils couleur de feu mais en encore mieux.

J'ai passé plusieurs jours avec lui pendant que mon humain allait à ses obligations de petit. A ce moment là, je savais déjà qu'il y avait d'autres animaux car j'en avais vu de loin et je les avais sentis. Mais je n'en avais jamais approché un seul. Jusqu'à ce que l'un d'eux me pique mon mulot sous le museau. Sur le coup j'ai été surpris. C'était mon gibier ! C'était moi qui l'avais levé et c'était ce volatile blanc qui allait lui faire sa fête ! Non alors ! Je me rappelle avoir sorti les dents et j'ai grogné. Pour être honnête, quand il s'est posé devant moi, j'ai perdu un peu d'assurance. Je connais bien la loi. J'étais plus petit, je passais donc après. Mais je n'ai jamais été très obéissant. Alors je me suis approché en jappant férocement avant de me prendre un coup d'aile qui m'envoya presque bouler plus loin.

Humilié, j'ai tourné le dos à l'animal et je suis parti plus loin. C'était finalement moins drôle que chez moi ici. Dans le dessert, il n'y a pas beaucoup d'animaux donc c'est plus agréable de chasser. Un cri retentit derrière moi mais j'en avais que faire. J'avais un casse-croute à dégoter maintenant que ma précédente proie était dans les griffes de cet oiseau. Mais je fus stoppé quand il se posa devant moi, me narguant en tenant mon mulot dans son bec. Pourtant il le déposa entre nous avant de pencher sa tête sur le côté pour me regarder. Enfin, il tourna sa tête presque complètement à l'envers ce qui m'impressionna pas mal. J'ai bien essayé de l'imiter mais je n'ai fait que perdre l'équilibre et trébucher. Le hululement de mon vis-à-vis m'a semblé se teinter d'amusement.

Je venais de rencontrer ma première amie animale. Car oui, c'était une femelle, je l'ai d'ailleurs compris très vite pendant le temps où nous nous sommes observés avant de partager le mulot. Ce qui m'a plu chez elle, c'était que même si elle me toisait fièrement, elle semblait être joueuse. Et cela se confirma quand j'ai entendu un bruit plus loin et qu'on se mit à courser le lézard en se bousculant un peu. Bien que pour elle c'était plus facile. Comme elle volait, je ne pouvais pas trop l'atteindre. Dans les jours qui suivirent, j'appris par mon petit homme qu'elle s'appelait Hedwige. On était en train de se chamailler comme on le faisait souvent depuis qu'on avait fait connaissance quand il a cru que j'essayais de lui faire du mal. Ridicule, elle est plus grande que moi, je ne fais pas le poids pour l'attaquer.

Il y avait un autre animal qui m'intriguait beaucoup. Une chatte. Elle n'était pas très belle et son pelage donnait l'impression de n'avoir jamais été entretenu. Mais c'était surtout l'aura qu'elle dégageait qui m'interpelait. Elle semblait aigrie et visiblement n'appréciait pas la présence des jeunes humains. Ce qui était stupide. Elle était dans un endroit plein d'humains, elle pouvait très bien partir si cela ne lui convenait pas. Mais malgré cela, elle avait une queue presque aussi touffue que la mienne, ce qui m'amusait beaucoup. Aussi dès que je le pouvais, je tentais de l'attraper. Un jour j'ai réussi à refermer mes crocs sur son plumeau mais la récompense n'était pas terrible. Elle s'est retournée et m'a collé un coup de patte. Mon petit homme est venu m'attraper et me murmurer que ce n'était pas bien de tenter de déplumer Miss Teigne, mais il ne pouvait pas comprendre combien c'était amusant.

Ce jour là, il y avait un truc qui se passait avec l'humain aux cheveux clairs. Son anniversaire je crois mais j'ai du mal à saisir le concept humain de ce mot. Quoi qu'il en soit, Hedwige avait participé et cette autre chatte aussi. Elle s'appelle Chatonne. Je l'ai su après également. Mais contrairement à miss Teigne, elle adorait jouer et elle était avec moi dans l'endroit où mon petit homme dormait et passait du temps. Ce qui fait que la nuit, on en a souvent profité pour jouer ensemble. Un matin, on était dans la chambre où l'humaine de Chatonne dormait. On avait chassé toute la nuit avec Hedwige dans le parc et on avait fait un vrai festin. Du coup on avait très envie de dormir nous aussi. Sauf que Chatonne a voulu me montrer quelque chose qui brillait dans les affaires d'une des humaines. C'était petit, c'était joli et ça faisait du bruit quand on le faisait glisser sur les pierres du sol.

D'un coup notre envie de dormir s'est envolée et on a commencé à jouer. Mais Chatonne s'est mise à tricher. Elle a attrapé dans sa gueule ce qu'une humaine a ensuite appelé rabette, ou babette enfin quelque chose comme ça. Et pour ne pas que je la lui reprenne, elle a sauté sur la couche de son humaine. Ce n'était pas du jeu. J'arrive à monter sur les couches des hommes mais avec beaucoup de concentration car elles sont hautes ! Et elle, elle en profite car elle bondit plus haut que moi ! Mais je ne me suis pas laissé faire. Je me suis concentré, j'ai pris mon élan et j'ai sauté. J'ai failli retomber sur mon séant mais j'ai réussi à me rattraper et à gambader dignement sur la litière douce et confortable. Evidemment, cela aurait été trop simple. Dès qu'elle m'a vu, elle a changé de couche. J'ai donc dû me concentrer de nouveau pour bondir à sa suite. J'ai juste eu le temps de voir qu'elle sautait sur une troisième couche avant de m'étaler au sol. Finalement, j'ai jappé pour l'arrêter tout en la suivant en passant par-dessous les couches.

Et Chatonne bondissait d'une couche à une autre sans s'arrêter. Je crois qu'à un moment elle a raté son coup et qu'elle a atterri sur la tête d'une des humaines car celle-ci s'est levée d'un coup en criant très fort. Elle a braillé contre Chatonne et son humaine avant de tenter de nous frapper avec je ne sais plus quoi car j'ai juste pris la poudre d'escampette. Cette humaine là, j'avais déjà bien senti qu'elle n'aimait pas mon petit homme à moi. C'était une râleuse et une pas gentille.

Bref, la vie était devenue très amusante d'un coup. On passait beaucoup de temps à jouer avec Hedwige et Chatonne. On se coursait, on chassait, et parfois on ne faisait que paresser au soleil. Mais nous avons dû nous séparer pendant quelques temps. Mon petit homme et son papa avaient quitté le château. Leur habitation était plus petite, mais elle portait leur odeur de façon si forte que je ne pouvais que me trouver dans leur terrier. En plus, dans les coussins de la chambre de mon petit homme, je pouvais retrouver des odeurs de lui mais plus jeune encore. Je me suis un peu ennuyé même si Hedwige est venue me rendre visite à un moment. Puis nous avons été dans un autre terrier, celui de l'humain aux poils clairs. Il y avait là aussi des odeurs familières mais aussi des nouvelles. Mais ce qui était bien c'était qu'il y avait un grand parc dans lequel j'ai pu trouver plein de gibiers bien goûtus. Et j'ai rencontré deux autres amis. Il y avait Pompon et Pomponnette, sa femelle. Elle était assez calme et ne semblait pas avoir l'esprit aventureux. Pompon par contre, lui il m'a bien plu. Mais il était en cage. La première fois qu'il a pu s'évader, c'était grâce à l'humaine toute petite. Elle n'avait pas la même odeur que les autres humains aux poils clairs mais après les avoir observés, j'ai compris qu'ils étaient quand même une famille. Tout comme mon humain à moi et son papa sont devenus ma famille.

Mais revenons à la première évasion. J'étais là à ce moment là et j'ai pu voir comment la petite humaine a fait. Après avoir fait plusieurs essais, j'ai réussi à ouvrir la prison de mes amis un certain temps plus tard. Pompon a tout de suite sauté sur l'occasion de s'enfuir alors que sa femelle s'est contentée d'aller grignoter un truc épais que les hommes appellent livres. Pompon m'a emmené dans un endroit qu'il aimait bien et on s'est bien amusé. Jusqu'à ce qu'il se mette à mastiquer une plume sans plus rien faire et que j'ai dû m'occuper tout seul. Les humains nous ont trouvés et se sont affolés. Le mien m'a fâché avant de m'enfermer dans sa chambre alors que Pompon est reparti dans sa prison.

Un jour, mon petit homme m'a dit qu'il devait partir mais qu'il reviendrait rapidement, que je ne serais pas seul car il y aurait Trevor, c'est un crapaud qui je ne voyais pas souvent car il restait là où il y avait de l'eau mouillée. Evidement je ne l'ai que compris quand il est parti et que j'ai constaté que j'étais presque tout seul. Presque car il y avait ce Dobby pour s'occuper de moi. Ce n'est pas un humain lui. C'est une autre créature que j'ai déjà vu au château en fouillant et en suivant les bonnes odeurs de nourriture. En principe, ces créatures étaient gentilles avec moi et ce Dobby ne faisait pas exception. Je suis resté un certain temps couché là où mon petit homme avait disparu avec son papa et sa famille. Oui, l'humain aux poils clairs, le jeune, j'ai bien compris que c'était un peu un frère car il avait une relation un peu comme celle de mon frère et moi. Sauf qu'ils ne chassent pas les lézards eux et que leurs grenouilles sont marrons et ont une drôle d'odeur de gourmandise.

Ils sont revenus deux jours plus tard et j'ai compris que ça n'allait pas. Les deux autres jeunes humains n'étaient pas non plus très en forme mais l'humain aux poils clairs sentait le sang et la douleur. Il avait été blessé. Alors j'ai passé du temps à essayer de le réconforter ainsi que mon petit humain et son papa. Mais je sentais aussi des odeurs de blessures sur eux. Pas réellement eux mais ils voyaient d'autres humains qui avaient été blessés. Et d'après mon flair et mon intuition, c'était un parent proche d'eux. Un dont l'odeur était très présente dans leur terrier mais que je n'avais pas reniflée souvent.

Notre retour au château s'est fait peu de temps après. Mon humain allait mieux et son grand frère aussi même si je sentais qu'il était encore blessé. Mais ils étaient occupés à retrouver leurs amis alors j'ai préféré rester avec le papa de mon petit humain. Enfin pas la journée, il y avait bien trop d'odeurs nouvelles, ou que je n'avais pas senties depuis deux lunes, à renifler un peu partout. Mais le soir je me suis précipité dans sa chambre pour lui tenir compagnie. Il n'était pas là quand je suis arrivé. Alors je me suis occupé en l'attendant. J'ai vérifié avec mon flair que tout était correct et que malgré le temps où nous n'étions pas là, rien de dangereux ne s'était installer dans le terrier. Puis je me suis décidé à aller m'allonger sur sa couche. Après tout, le temps que j'arrive à grimper dessus, vu sa hauteur et ma petite taille, le papa de mon petit humain serait sûrement arrivé.

Lorsque j'ai réussi à poser mes pattes sur la litière duveteuse, épaisse, chaude et moelleuse, je me suis retrouvé à moitié enseveli dans une douceur qui sentait bon la plume. La truffe au vent ou collée au tissus, j'ai arpenté la couche de long en large avant de grogner de satisfaction. Là, sur le bord de ce que les humains appellent oreiller, il y avait une petite plume qui dépassait. J'ai essayé de l'attraper doucement pour jouer avec mais elle glissait entre mes crocs sans que je ne puisse rien y faire. Alors j'avoue, je me suis un peu agacé et sans que je ne comprenne pourquoi, je me suis retrouvé au milieu d'une marée de plumes blanches ... et c'était vachement amusant ! J'ai couru dedans, sauté au milieu, dérapé dessus, bref je me suis amusé comme un petit fou tout en faisant des allers et retours sous la litière.

- Sors de là. Tout de suite !

Il était revenu ! Bon, son ton était sec et agacé, mais il était toujours comme ça. Enfin sauf avec mon petit humain où il devait doux et tendre, ou avec le reste de cette étrange famille qui n'était pas liée par les odeurs, où il devenait moqueur. Alors je n'ai pas bougé, jusqu'à ce qu'il enlève la litière épaisse que j'avais sur moi. J'ai remué la queue en jappant de joie. Il m'avait trouvé, ça voulait dire qu'il voulait jouer non ?

- Je n'ai jamais essayé les dents ou les yeux de fennec dans mes potions, mais je pense que le moment est venu pour moi de tester ... Tu as trois secondes pour sortir de mon lit ! Un ... Deux ... Trois.

Je n'avais rien compris à ce qu'il me disait. S'il y avait certains mots qui avaient une signification pour moi, tous ceux qu'il avait prononcés si rapidement, m'étaient inconnus. Décidant que c'était une façon pour lui de s'amuser car il prenait souvent cet air avec ses amis, j'ai bondi sous la litière pour me cacher avant d'en ressortir pour plonger dans l'oreiller. J'y ai fait quelques galipettes qui ont fait s'envoler quelques plumes. C'était très amusant comme jeu.

- Il a quitté le désert depuis quatre mois et je me retrouve avec un fennec faisant des terriers dans mon lit. Pathétique. Bon, je te proposerais bien de venir prendre une douche avec moi pour détruire mon gel douche, ma serviette et tout ce à quoi je ne pense pas mais j'aspire à un peu de tranquillité et toi à éviter l'eau. Alors finis de manger mon lit si ça te chante, et surtout sois loin quand je serais changé.

Manger ? Je me suis redressé d'un coup. Certes, j'avais déjà eu ma gamelle, mais jamais je ne cracherais sur un peu de supplément. Mais quand je l'ai vu se diriger vers la porte où dedans il y avait un truc qui faisait jaillir de l'eau, ça m'a nettement moins intéressé. C'était mouillé là-dedans et il n'y avait certainement pas des choses à manger. Le papa de mon petit humain est parti, me délaissant et j'ai compris qu'il n'avait pas eu envie de jouer. En plus j'avais ressenti quelque chose comme de la lassitude et de la fatigue chez lui. Je suis redescendu de la couche et je suis allé me cacher dessous pour l'attendre. Il fallait que je trouve quelque chose pour le distraire.

Il est revenu peu de temps après. Je ne sais pas ce qu'il a fait mais la couche a bougé étrangement avant qu'il n'aille s'y allonger. Prudemment et discrètement, je suis sortie de ma cachette avant de sauter le plus souplement possible sur la couche. Il était là, assis dans sa litière, tenant un livre. C'était bien étrange comme objet. J'en ai déjà vu beaucoup de fois mais qui n'avait pas toujours la même odeur ni la même couleur. A croire qu'il y en avait autant que d'hommes ! Bref, il était là appuyé contre l'oreiller qui semblait tout arrangé, et je me suis approché de lui en rampant et les oreilles en arrière jusqu'à ce que mon museau soit posé sur sa main. Il était juste fatigué et moi j'ai cru qu'il voulait jouer. Il fallait que je me fasse pardonner d'avoir mal interprété son envie.

- Très bien, tu as gagné. Tu peux dormir là ce soir. Mais un jour tu vas réellement tomber sur un os avec tes idioties ! Et dès demain, tu es prié d'aller détruire le dortoir de ton cher petit maitre.

Je ne sais pas trop ce qu'il me disait sur mon petit humain, mais à ce moment là, alors qu'il me grattait derrière les oreilles, j'étais juste au paradis. Je l'aime beaucoup le papa de mon petit humain. Il peut faire peur, mais il est tellement bon et gentil avec moi. Il méritait réellement que je passe un peu de temps avec lui et je me suis promis de venir le voir aussi souvent que possible.

Puis la routine s'est installée. Chatonne, Hedwige et moi avons fêté dignement nos retrouvailles. Une nuit entière de chasse dans la grande forêt. Nous avons d'ailleurs fait une sieste sur place car nos estomacs criaient au crime et que nous ne pouvions plus faire un pas sans roter.

Mon petit humain, son papa et son frère aux poils clairs étaient parfois tendus quand ils s'approchaient d'un humain à l'étrange allure. Et mon instinct me disait que lui n'était pas un bon humain comme les autres. Les amis de mes humains je les aimais bien. Ils étaient gentils avec moi et j'aimais bien leurs câlins. Mais quand je passais à ses côtés, j'avais les poils qui se hérissaient tous seuls. Chatonne l'évitait, tout comme Hedwige qui était agacée lorsqu'elle passait à côté de lui. Il y avait aussi un autre chat qui de temps en temps venait avec nous. Pattenrond. Mais il était plus solitaire et aimait son calme, ce qu'il ne trouvait pas avec nous. Pourtant, à force de le voir grogner et souffler devant cet homme étrange, cela n'a fait que me confirmer qu'il n'était pas un homme fréquentable.

Ce n'était pas comme cette humaine aux poils longs et clairs. Elle aussi est étrange. Même maintenant, après plusieurs mois, il y a des mots qu'elle dit et je ne comprends pas. Avec le temps, j'ai aussi appris que si des fois elle avait une intonation bizarre dans la voix c'est parce qu'elle chantonne de temps en temps. Mais même là elle utilise des mots que je n'ai pas souvent entendus. Et pourtant maintenant, je m'y connais bien en langage humain. Ce qui me rassure c'est que quand hier elle a chanté « pampililu », mon petit humain n'a pas eu l'air de comprendre non plus. Par contre elle est gentille. Elle a toujours une attention pour moi. Et surtout mon petit humain l'aime bien et se retrouve toujours apaisé en sa présence. Rien que pour ça elle a toute mon approbation.

En parlant compréhension, avec Chatonne et Hedwige, on ne parle pas le même langage. Pourtant on se comprend. C'est instinctif. Il y a des choses qui se communiquent facilement et notre instinct aide beaucoup entre nous. C'est pourquoi, quand Hed nous a indiqué qu'elle allait voir le papa de son humain pour lui donner ce que son humain lui avait donné, on lui a dit au revoir en lui souhaitant bon voyage. Sauf que ce n'était pas la première fois qu'elle partait ainsi et que nous avons trouvé qu'elle mettait beaucoup de temps pour revenir. Beaucoup trop de temps. Quand elle est finalement revenue, elle était blessée. Elle a passé beaucoup de temps avec le demi-humain, le gigantesque humain qui met tous les animaux en confiance. Et je suis resté avec eux. Mon petit humain était en bonne forme alors que mon amie non. Alors j'ai fait un choix. D'ailleurs mon petit humain ne m'en a pas voulu. Quand il est venu me voir, il m'a câliné comme d'habitude avant de me laisser avec Hed.

Puis il y a eu cette humaine qui est arrivée. Chatonne et Pattenrond ne l'aimaient pas beaucoup et pourtant elle avait l'air de bien aimer les chats. Moi elle m'a intrigué au début avant que je ne m'en méfie. Avant que je ne sente son odeur sur mon petit humain alors qu'il souffrait. C'était un soir où il n'était pas resté avec ses amis. Et quand il est revenu, je sentais qu'il avait mal et qu'il était perturbé. Je suis resté avec lui pour l'aider à aller mieux. Et je l'ai fait plusieurs fois, à chaque fois qu'il allait le soir avec cette humaine. Hedwige nous fit comprendre qu'elle non plus ne l'appréciait pas du tout. Le problème avec notre langage instinctif entre races différentes, c'était que nous pouvions comprendre les grandes lignes et non le détail. Mais dans le fond, nous étions unanimes à son encontre. Avec du recul, je me dis que le fait que son humain était lui aussi blessé par cette humaine devait jouer sur beaucoup sur l'humeur de Hed.

En dehors de cela, j'aimais beaucoup ma nouvelle vie. Je n'avais plus pensé à maman depuis un bon moment. Il y avait tellement de bonnes aventures à vivre, de lieux à découvrir et de bestioles à courser. Et puis il y avait tellement de créatures étranges que je n'avais jamais vues avant que c'était merveilleux. Hed et Chat' connaissent le château depuis bien plus longtemps que moi et ont toujours vécu dans cette région ou dans une qui lui ressemble bien. Moi je viens de mon désert. Rien n'est plus différent d'ici que le désert.

Un jour j'ai fait la connaissance d'un cousin à Pompon et il était bien moins sociable. Il m'a mordu fortement l'oreille avant de me chasser de son terrier. Ma pauvre oreille en a été douloureuse un bon moment. Et en plus mon petit humain m'a trouvé juste à ce moment là et m'a réprimandé. Enfin d'après le ton, je pense que c'était ça. Mais il est gentil mon petit homme à moi, il m'a amené au gigantesque demi-humain qui m'a soigné avec douceur, même si avec ses grosses mains, il aurait pu m'écraser sans effort. Mais il n'a fait que me guérir.

Mon magnifique pavillon était redevenu ma fierté quand un grand évènement eu lieu. J'ai senti que quelque chose se passait au milieu d'une nuit. J'ai quitté la couche de mon petit humain, et je suis sorti aussi rapidement que possible tout en suivant mon flair. Il y avait là une odeur que je connaissais, une odeur qui flottait faiblement mais sûrement dans les airs. J'ai quitté le château sans rencontrer personne. Même pas Chatonne qui pourtant m'avait signifié qu'elle partait chasser. J'ai traversé le parc en ressentant une certaine animation. Elle était quelque part, autant cachée dans la forêt que dans mon corps. Elle battait en même temps que mon cœur, résonnant dans un souvenir.

Et puis je les ai vues. Elles étaient énervés, piaffaient, crachaient et rugissaient. Je venais de retrouver des grosses bêtes que j'avais rencontrées au début de ma cohabitation avec mon petit humain. J'avais envie d'aller les voir, d'aller leur japper un bonjour et une bienvenue chez moi. Après tout, j'étais allé chez elles, c'était comme si elles me rendaient la politesse. Mais elles étaient trop agacées. Il valait mieux que j'attende un peu. En plus il y avait plein d'humains qui tentaient de les calmer et eux, je ne savais pas trop s'ils étaient gentils ou pas. Alors j'ai attendu. Je suis resté la, caché dans un fourré pendant tout le reste de la nuit et une bonne partie de la journée. Finalement je me suis décidé à agir car l'inaction commençait à me donner des picotis dans les pattes.

J'ai bien fait attention de ne pas me faire voir par les humains. Oh j'avais bien reconnu l'humain avec les poils couleur de feu et je savais que lui était gentil. D'ailleurs, maintenant je pouvais ressentir en lui la même odeur qu'il y avait sur l'ami de l'humain de Hed. C'était son frère, j'en ai été persuadé à cet instant. Mais les autres hommes, je préférais ne pas trop m'y frotter. Il y avait quatre grosses bêtes et j'avais déjà établi lors de mon observation que l'une d'entre elles, la grosse noire, avec ses yeux jaunes et sa queue pleine de piques était la plus dangereuse. Elle était particulièrement énervée et mon instinct m'a indiqué qu'il ne fallait pas que je m'approche d'elle. Les autres étaient bien plus accessibles pour que j'aille les accueillir comme elles le méritaient. Les humains les avaient enfermées dans des cages. Ces idiots. Comme le papa du frère de mon petit humain qui enfermait Pompon sans raison.

Mais bon, cette fois, l'ouverture des cages n'était pas à ma portée aussi je me contentais d'une visite de courtoisie. J'ai commencé par japper joyeusement à la grosse bête qui avait une couleur un peu plus vive que les poils de l'humain que mon petit humain connaissait. Elle soupira à mon passage et son souffle me chauffa les poils avec autant de réussite que le soleil au zénith dans le désert. Puis je suis allé présenter mes hommages à la grosse bête couleur d'un ciel sans nuage. Elle me regarda en penchant la tête tout en se rapprochant d'une couvée d'œufs. C'était que des mamans, enfin des futures mamans, je l'avais bien remarqué. Je lui ai jappé mes félicitations avant de m'avancer vers la dernière grosse bête. Elle était de la couleur de l'herbe et je la reconnus rapidement comme étant celle avec qui j'avais déjà eu un contact. Et elle avait eu ses œufs ! Mais je n'ai pu aller lui dire bonjour que je me suis fait attraper. Pris de panique, je me suis débattu vivement pour échapper à mon agresseur.

- Hey, calme-toi, petit Titan, tu me reconnais bien quand même. J'aurais dû me douter que toi tu ne résisterais pas à l'envie de venir nous dire bonjour.

L'humain aux poils couleur de feu ! J'ai secoué la queue pour lui montrer combien j'étais content de le revoir, bien qu'intérieurement j'aurais préféré qu'il ne me mette pas la main dessus. Surtout maintenant que je me rendais compte qu'il m'emmenait loin des grosses bêtes. Et je n'avais pas pu offrir mes hommages à mon amie !

Peu de temps après, je me suis retrouvé chez le demi-humain, dans les bras de mon petit humain à écouter leur conversations tout en réfléchissant à comment je pourrais retourner dans la forêt.

Ce qui n'est pas arrivé avant deux jours ! Mon petit humain et son papa se sont fait une joie de me garder enfermé en prison ! Pendant deux jours je n'ai même pas pu voir Chat' ou Hed qui auraient pu m'aider dans mon entreprise. Mais ce fut un frère de l'humain aux poils couleur de feu qui vint me délivrer. Je n'ai pas compris tout ce qu'il m'a dit mais j'ai cru saisir qu'il faudrait que je l'aide. Ce qui ne me posait pas de problème étant donné que je lui en devais une. C'était une bonne chose que j'ai commencé à décrypter les mots des humains. Bon, j'avais beaucoup de lacunes, mais je ne désespérais pas d'y arriver un jour. Surtout qu'avec leurs humeurs, le ton de leur voix et leurs postures, cela m'aidait bien à cibler leurs demandes. Et maintenant j'ai fait beaucoup de progrès dans ce domaine là ! Là j'avais compris à ses mimiques et à son sifflement qu'il faudrait que je vienne le voir quand il sifflerait.

Bon, s'il veut mais d'abord moi j'aimerais voir les grosses bêtes ! Sauf que quand j'ai voulu rejoindre la forêt, j'ai découvert avec agacement que je n'étais pas le seul à aller là-bas et que des tas de jeunes humains s'y dirigeaient également. Je me suis fondu dans le décor, me cachant derrière les arbustes, sous les buissons et j'ai tenté d'approcher les grosses bêtes mais elles étaient sous haute surveillance. Et voilà, j'avais perdu deux jours et maintenant, pas moyen d'arriver à mon but. Je ronchonnais dans mon coin, n'hésitant pas à grogner tout seul. Je fus coupé dans mes réflexions par un sifflement. Je n'avais pas envie d'y aller mais il m'avait libéré alors je lui devais bien ça.

Mais quelle ne fut pas ma surprise ! Il m'avait appelé pour que je vois la grosse bête que je n'avais pas encore saluée ! Il est franchement bien cet humain. Je me suis approché en jappant de joie. Je l'ai vue me regarder un instant puis elle a grogné comme pour me dire bonjour. Je n'en doutais pas mais j'ai eu la confirmation que je l'avais déjà rencontrée quelques lunes plus tôt et que c'était bien elle qui m'avait un peu rassuré de l'absence de maman. Sauf qu'elle semblait bien moins sereine que la première fois que je l'avais vue. Elle était même un peu agacée.

Mais c'était normal. Après tout, elle avait ses œufs maintenant et elle était dans un endroit avec plein d'humains qui criaient, applaudissaient et tapaient des pattes. Et en plus elle était attachée ! Là d'un coup, j'ai repensé à ce que maman et papa me disaient sur les humains. Comme quoi ils étaient cruels. Et je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'ils n'avaient pas totalement tort. La grosse bête s'est d'un coup précipité sur moi. J'ai fait un bond en arrière avant de me mettre en position de jouer. Parce qu'elle m'avait reconnu, c'était indéniable, et qu'elle voulait jouer avec moi. Sinon pourquoi serait-elle venue si vite dans ma direction ?

Mais comme faire des roulades à deux n'était pas amusant si ça arrivait trop vite, je suis resté à distance, sautillant pour l'encourager à venir vers moi. Mais l'humain aux poils couleur de feu a fait je ne sais quoi qui a fait que tous les autres ont hurlé de joie. Puis il s'est approché de moi pour m'attraper sous son bras et m'emmener loin. Là ce n'était pas amusant du tout ! Juste quand je commençais à jouer ! Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai été enfermé dans la cabane du demi-humain jusqu'à ce que mon petit humain vienne me chercher pour m'emmener avec lui.