Disclaimer: l'univers et la majorité des personnages appartiennent à Hoshino Katsura

Je remercie mon amie qui a dessiné mes personnages.

Prologue

2013, quelque part en Angleterre

Je courrais vers l'endroit indiqué par notre chef. Mes poumons brûlaient et ça faisait plus de deux jours que je ne sentais plus mes jambes. J'avais la vue embrouillée et j'étais au bout de mes forces. Je ne savais pas combien de temps mes jambes pourraient davantage me supporter. La fatigue m'avait déjà totalement gagnée et uniquement mon envie de survie me permettait encore de tenir debout. J'avais pour seul réconfort, quand la nuit tombait, la tendre lumière de la lune qui me remplissait de sa douce énergie. J'eus à peine pu savourer ses bienfaits, car j'entendis, à peine à un mètre de moi sur la gauche, l'obus d'Akuma explosé. Je lâchai un juron : il était beaucoup trop près. Je perdais du terrain. Ils me rattraperaient et je subirais le même sort que mon escorte : un terrible poison me serait injecté et je finirai en poussière.

Une cruelle racine qui sortait de terre causa ma chute. Je me retrouvai face contre terre. J'arrivais à flairer la sombre aura des démons qui se rapprochait.

J'allais utiliser le peu de force qu'il me restait si je voulais demeurer en vie. Je n'avais plus le choix. J'adressai une prière silencieuse à mon astre céleste. Mon corps engagea sa transformation. Je percevais l'énergie lunaire qui circulait dans mes veines. Mes longs cheveux noirs de jais pâlissaient pour finir par être constitués que de blanc. Je me couvrais d'un magnifique pelage clair. Je me remis sur mes pattes et je recommençai à courir. Mes sens s'aiguisèrent. Je pouvais sentir les akumas derrière moi perdre du terrain par rapport à la louve que je suis devenue. Je hurlais à la lune pour la remercier de la force qu'elle m'avait donnée. Je fixai mon œil rouge et mon autre couleur azur sur la clairière. Ma course était enfin terminée! Six mages attendaient à l'entrée. Une fois que j'eus pénétré dans la clairière, les sorciers en sortir pour retenir les monstres. Encore davantage de morts… Nos sortilèges pouvaient affaiblir les montres, mais pas les tuer. Seul un exorciste en avait le pouvoir et ça faisait plus d'un siècle que le dernier était tombé.

Arrivée à destination, je regagnais l'apparence d'une femme de 23 ans. Mes poils blancs se changeaient en cheveux noirs. Mes pattes reprirent la forme de jambe et mes sens perdirent de leur efficacité, mais ils étaient toujours plus aiguisés que ceux d'une simple humaine. Je titubais légèrement en me mettant sur mes pieds. Le passage entre deux corps était épuisant. L'ennui de la transformation était la nudité qui s'en suivait, mais ça faisait longtemps que je ne m'en gênais plus. Je n'avais rien à cacher. J'étais belle comme toutes mes ancêtres sorcières de lune. J'avais des formes plutôt flatteuses. Ma peau était bien plus pâle que celle de la plupart des humains et mes yeux étaient pers, caractéristiques des êtres d'exception. L'astre céleste ne choisissait pas n'importe qui pour le servir. Il fallait tout de même représenter son élégance. Alors, je n'allais pas m'embarrasser du fait que les autres puissent voir mes avantages. Si ça les dérangeait, je n'en avais rien à faire. Ils n'avaient qu'à ne pas regarder.

Mon frère me considéra, gêné, avant de me lancer une robe noire et mon sac. De ce monde, seulement lui me manquerait. C'était la seule personne qui me comprenait : il est ma famille. Je lui sautai au cou. Il vacilla un peu avant de me serrer très fort contre lui. Des larmes coulaient le long de mes joues blanches. On me rappela à l'ordre. Je lâchai mon frère. Lui, il n'avait pas cédé, mais on pouvait quand même apercevoir que ses yeux étaient remplis d'eau. Il fit glisser un bracelet à mon poignet. Je détestais les adieux. Même si je réussissais ma mission, il y aura toujours un siècle qui nous séparait.

Après avoir séché mes quelques larmes d'un geste de main, je me dirigeai vers le pentacle. Je fis une ultime prière silencieuse à la lune. Avec ma chance, je pourrais bien être pulvérisée par le voyage ou… pire! C'est avec la peur au ventre que j'indiquai que j'étais prête. Les sorciers se rassemblèrent près de moi. Ils marmonnaient des paroles intelligibles. Pendant leur longue litanie, le pentagramme brilla d'une forte lumière rouge. La peur me serra la poitrine. Avant de ne plus en avoir l'occasion, je jetai un dernier regard à mon frère. Je sombrai dans le néant en quittant 2014 pour le 19e siècle, pour un prince fou et un cœur qui ne battait pas.

Fin du 19e siècle, quelque part sur les rives de la Normandie,

Une demoiselle de 20 ans amassait du blé dans le champ derrière la maison de ses parents. Elle avait de beaux cheveux blond pâle presque blancs. Ses bouclettes lui tombaient au milieu du dos. Sa peau était légèrement bronzée par les rayons du soleil. Ses yeux, on aurait cru deux morceaux d'or pur. Elle fixa le rivage et s'interrogea sur quand elle pourrait partir. Quoiqu'elle soit en âge de se marier, la jeune fille n'avait encore jamais reçu aucune demande. Elle priait pourtant tous les soirs pour pouvoir enfin rencontrer son grand amour. Une de ses amies lui avait dit, en rigolant, que les hommes étaient intimidés par sa beauté. Dans son idiotie, son amie lui souffla même qu'elle pourrait faire jalouser une déesse. La demoiselle l'avait sermonnée. Il ne faut jamais prononcer de telles paroles, elle apporte toujours du malheur.

Combien fut sa surprise aujourd'hui, quand un individu vint briser sa monotonie! Il était classe, bien habiller. Il portait un costume noir et un haut de forme pour cacher sa chevelure ébène. Il était gracieux avec de belles manières. La demoiselle n'avait qu'une chose en tête : le fait que l'inconnu soit particulièrement charmant. L'homme lui baisa la main. Elle sentit ses joues virées aux cramoisies. L'étranger se présenta comme un noble portugais. Elle vit son père au loin qui lui souriait. La jeune fille ne comprit pas tout de suite pourquoi. Elle devina quand Tyki Mikk demanda sa main en mariage.

Elle crut que son cœur avait arrêté de battre. Dès le lendemain, elle était dans un carrosse en direction de la Pologne avec son fiancé. Enfin, elle commençait vraiment sa vie. De la fenêtre, elle faisait des signes d'au revoir à ses amies et à sa famille. Ensuite débuta son long voyage. Le seul son qu'elle pouvait discerner était celui des roues qui se prenaient dans les roches du chemin de campagne. Il y avait comme un malaise. Ils ne savaient pas de quoi parler. La jeune fille, lasse du silence pesant, le rompit entamant la conversation.

Elle lui demanda tout simplement comment était la Pologne. Il lui répondit au début sans trop d'enthousiasme, mais voyant qu'elle était vraiment fascinée, il y prit plaisir. Il se perdit dans la discussion et finit par converser de ses nombreux voyages. Bien sûr, il évita l'aspect travail ce qui aurait pu jeter un certain malaise… Il se prit à aimer sa compagnie. Comme il appréciait celle d'Eaz, Crack et Momo. Il lui proposa même une partie de poker qu'elle déclina poliment. Il comprit que sa première impression était fausse, elle ne désirait pas le luxe comme il le croyait, mais de l'aventure loin de la monotonie de sa vie quotidienne. Si c'était ce qu'elle désirait, elle ne serait pas déçue. Il s'aperçut qu'elle était douce et gentille. Il était presque triste de ce qui allait se produire… Presque!

La fiancée finit par s'endormir la joue collée sur la vitre froide du carrosse. À son réveil, elle se disait que l'on avait dû faire halte, car elle vit, à quelques centimètres d'elle, une enfant qui la fixait de ses jolis yeux dorés. La demoiselle sursauta ce qui fit rire l'inconnu qui s'écrasa sur le coussin à la gauche de Tyki qui lui fit un soupir d'exaspération quant à l'attitude de sa jeune sœur. La nouvelle venue, pleine d'enthousiasme, s'exclama :

— Ah qu'elle est belle! Elle fera une parfaite Noé de la puissance.

La gamine sautillait. On y voyait vraiment le petit enfant démoniaque pendant que la pauvre demoiselle la fixait avec incompréhension.

— Je n'en suis pas si sûr, murmura Tyki.

Ce fut ce soir-là que le cauchemar commença et ce fut cette nuit-là que la Noé de la puissance, Psyché*, naquit.

Fin du 19e siècle, quelque part en Espagne,

Une jeune femme se promenait dans les rues de Madrid. Dans cette nuit sombre, on ne pouvait qu'entendre le son de ses bottes sur la roche de la ruelle. On aurait juré qu'elle était seule. Pourtant, un peu plus loin, un homme légèrement âgé l'épiait. Il était crasseux. Ça se voyait bien que ça faisait déjà plusieurs jours qu'il mendiait. Ses yeux noirs étaient fixés sur la demoiselle de 19 ans.

La jeune adulte avait les cheveux roux pâles. Non pas pâles… Mais plutôt d'un orangé vif comparable à la couleur d'une citrouille. Ils étaient raides et tombaient sur ses épaules. Sa chevelure était taillée d'une façon négligée. Ses yeux étaient rouge sang au centre et noirs à l'extrémité. Quand vous déposiez votre attention sur elle, la première chose que vous voyiez n'était ni ses iris écarlates, ni sa tignasse orange, mais bien une terrible cicatrice. Trois griffes qui lui traversaient en diagonale du haut sourcil droit au bout de son menton à gauche. En contraste, la jeune fille avait des traits juvéniles. On ne lui donnait qu'une quinzaine d'années malgré ses 19 ans.

Si on réussissait à arrêter de lui fixer le visage et qu'on regardait plutôt sa tenue, une veste noire sans manches, qui étaient si longues qu'elle touchait presque le sol, on pouvait bien voir qu'elles avaient été arrachées, car elles encombraient. La veste était tapissée de signes étranges et, bien en évidence, d'une croix de rosaire. Ses jambes étaient couvertes d'un pantalon noir, déchiré à quelques endroits signe d'une usure du temps. Encore plus bas, on observait des bottes grossières qui lui montaient jusqu'au haut milieu du tibia avec un léger talon qui lui permettait, à sa petite taille, de gagner quelques centimètres. Autre chose que sa tenue, elle avait un tatouage. Il s'étalait le long de son bras droit. Le dessin ne représentait rien de particulier mis à part de simples traits courbés noirs. Par-dessus ses lignes, il y avait une croix rouge sang.

Quand la damoiselle aperçut le clochard, elle se figea. L'homme changea d'apparence. Il devint gris et rond couvert de canons. Il gardait une sorte de visage prisonnier dans la souffrance. Il fit feu sur la dame. Le nuage de poussière que créa l'explosion prit un certain temps avant de se dissiper, mais quand il s'effaça, la fille n'était plus là.

Plus loin, l'Akuma remarqua une lumière verte. C'était le bras de la jeune femme. Il brillait comme le cercle qui venait jaillir devant elle. Une croix couleur émeraude fit son apparition au milieu. La crucifie produisit des flammes qui montait jusqu'au ciel. Quand l'éclat disparut, un squelette avait pris la place. Le monstre avait une corde autour du cou. Il portait un pantalon en lambeaux comme s'il avait été enterré longtemps. Sur sa tête, il y avait un sac qui lui cachait les yeux parce qu'on l'avait pendu en bas d'un pont pour châtiment d'un crime qu'il avait commis antérieurement. Il avait un trou au niveau de la bouche pour que l'on puisse bien entendre ses cris. Le niveau un avait la chance d'apercevoir le Pendu, la créature de l'innocence Créance. La brute lança un cri qui glaçait le sang avant de sauter sur l'Akuma qui mourût écrasé.

Bientôt, d'autres bêtes de millénaire vinrent tapisser le ciel de leur présence. Cette fois, ce fut des niveaux 2 (au moins quatre!) suivi d'un niveau 3. Le Pendu ne ferait pas l'affaire. L'exorciste invoqua un nouvel être. Du même manège naquit une forme humanoïde toute noire sans visage. On pouvait seulement discerner les jambes, la tête et ses quatre bras. Chacune de ses mains tenait une épée. On ne pouvait déceler que l'ombre de l'objet. Seule la lumière de la lune permettait de le distinguer. Devant les ténèbres de la nuit, il était invisible. Créance venait de faire apparaitre l'un de ses êtres les plus puissants l'Ombre et ce dernier se joignit à la fête.

Le combat dura des heures. L'ennui avait fini par gagner l'exorciste. Une fois le niveau trois vaincu, ce fut un déferlement d'akumas qui étaient broyés par ces créatures. Tout de même, à la fin de la bataille, le Pendu avait perdu son bras, mais ça n'avait pas l'air de déranger l'être, car il s'en était servi pour frapper ses ennemis. L'exorciste détourna son regard du spectacle quand elle entendit quelqu'un crier :

— MAÎTRE! MAÎTRE! MAÎTRE!

Une tête brune apparut sur le haut d'une maison avoisinant le lieu du combat. C'était un enfant d'une dizaine d'années qui la fixait de ses yeux brun profond. Il sembla soulagé de voir la femme intacte.

— Maréchal Meryl Shore! Il y a une autre attaque d'Akuma dans le centre-ville.

La dame bâilla avant de grimper sur les épaules du Pendu. « La nuit va être encore longue », pensa-t-elle. Puis, ils disparurent dans les ténèbres.

*Psyché : inspiré du mythe grec du même nom

Voilà le prologue de ma première fic

Merci à ceux qui me liront