DISCLAIMER: Harry Potter ne m'appartient pas.
je lui demanda pourquoi nous étions si humains
Il n'y a pas d'enfance s'il n'y a pas de larmes. — Jacques Brault
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Daphné Greengrass.
Elle était née en l'année 1980 sur les terres du Pays de Galle. En le jour de la Saint Patrick, alors que les festivités se faisaient bruyantes chez les moldus, l'humeur était solennelle sur la terre familiale des Greengrass. Invisible au reste du monde grâce à d'ancestraux sortilèges, un père jeta un premier regard sur le corps frêle de son premier enfant.
« Daphné Greengrass est, à ce jour, l'héritière de la maison Greengrass en attendant que Merlin et Morgane nous accorde un héritier. »
Tandis que la mère tenait l'enfant endormi dans ses bras, le père sortit sa baguette et s'approcha de sa femme et de sa fille. Les deux parents échangèrent un bref regard, puis la mère réajusta l'enfant et le père attrapa la petite main de sa fille. Une douce lumière rouge éclaira le bout de sa baguette, puis, du bout de celle-ci il effleura le poignet du bébé. Un mince filet de sang apparut et le bébé se réveilla. Ses pleurs emplirent la salle alors que le père déposait le sang sur le parchemin de leur livret de famille.
A côté de Daphné Greengrass apparut une esquisse d'une jonquille à la couleur du sang.
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Elle était une enfant joyeuse. Les amies de Mme Greengrass commentèrent toutes sur cela quand l'enfant leur fut présenté pour la première fois.
Le bébé, reposant fièrement entre les bras de sa mère, avait regardé fixement chaque femme rassembler en un cercle autour de lui pendant une bonne dizaine de secondes. Ses grands yeux bleus avaient un air craintif alors que les femmes faisaient diverses commentaire—
(« Quelles paires de yeux magnifiques à votre fille !
—Oh, mais c'est qu'elle est ravissante !
— Votre mari ne doit pas être très heureux que votre fille a hérité de votre blondeur ! Lui qui n'arrête jamais de se vanter de la chevelure brune des Greengrass. »)
— puis ses yeux s'étaient fermés, ses lèvres s'étaient ouvertes pour faire entendre un gloussement enfantin.
Mme Greengrass se contenta de faire un sourire poli puis rappela l'elfe de maison pour qu'il vienne reprendre l'enfant.
Cela faisait trois semaines que sa fille était née et pourtant, Mme Greengrass n'arrivait toujours pas à s'habituer à l'enfant. A chaque fois qu'elle remarquait les yeux bleus de sa fille sur elle, son cœur ratait un battement, et d'un claquement de doigt sec elle appelait l'elfe de maison.
Massacre dans un orphelinat moldus de Londres.
Jeune fille de 13 ans retrouvés morte après trois semaines de recherche.
Meurtre de la famille Meadowes.
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« Personne n'est à l'abri ! S'exclama fortement Mrs. Rosier en gesticulant son bras droit dans tous les sens, les yeux hagards et les joues rouges dû à son état d'ivresse. Mon fils— mon magnifique fils— Il l'a tué ! Il l'a tué alors qu'il n'y avait pas plus dévoué que lui ! TOUS –hic—NOUS ALLONS TOUS MOURIR ALORS QUE NOUS SOMMES LES SANG-PURS ! LE SEIGNEUR DES TENEBRES N'EST QU'IMPOSTEUR ! »
(Mrs. Rosier avait été retrouvé effondré dans son jardin le lendemain, les yeux grands ouverts, et une bouteille de rosé un peu plus loin.)
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Mrs Greengrass resta debout devant le miroir de la salle de bain. Ses yeux restèrent plantés sur l'arrondi de son ventre.
« Nous allons tous mourir alors que nous sommes les Sangs-Purs, » répéta-t-elle en un chuchotis, sa main frottant d'un air absent son ventre.
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Daphné Greengrass n'eut pas droit à l'attention de sa mère durant la première année de sa vie. Elle n'eut droit qu'aux grands yeux toujours craintifs de l'elfe de maison, du battement de ses oreilles à chacun de ses mouvements, de ses pleurs, de ses cris, de ses gloussements et au toucher de sa peau rêche et verdâtre.
Jusqu'à ce que son père entre un bon matin.
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« Daphné, mon héritière, » dit-il en la portant par ses aisselles.
Son regard était attentif et contemplatif et vert. Un joli vert que bébé Daphné admirait avec de grands yeux écarquillés qui viraient lentement eux aussi, au vert.
« Mon fils, si tes enfants n'ont pas les yeux verts comme tous membres respectables de la maison Greengrass, tu auras fait une faute. Cela ne servira à rien d'essayer de te justifier, je n'accepterai pas de petits enfants qui n'ont pas en eux les caractéristiques d'un Greengrass. »
Mr Greengrass était marqué par le temps. Il était marqué par les attentes qu'on lui avait imposées dès son plus jeune âge. Il était marqué par son esprit. Il était marqué sur le bras gauche aussi.
Il fut marqué par sa fille quand elle lui adressa un premier sourire et que ses bras s'agitèrent dans les airs alors qu'un gloussement s'échappait de sa bouche, et puis, la fenêtre de la chambre à nourrice s'ouvrit. Le vent s'engouffra dans la pièce, les rideaux s'agitèrent et claquèrent, la porte de la salle claqua derrière lui et, alors que Mr Greengrass sentait ses poils se hérisser, il sentit dans l'air le passage de la magie.
Et devant lui, son premier enfant dont les gloussements enfantins s'étaient changés en pleurs effrayés, lui coupa le souffle. Ce fut à sans doute à cet instant que Mr Greengrass se rendit compte qu'il était vraiment père.
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Et ce soir-là, alors que Daphné était mis au lit par l'elfe de maison, Mr Greengrass ne brandit pas sa baguette sur le corps recroquevillé d'un enfant qui se cachait pitoyablement sous son lit. Il tourna les talons, descendit les escaliers, avança dans le couloir, traversa la porte d'entrée, quitta le perron et alla rejoindre son partenaire de l'autre côté du trottoir.
« Terminé, » dit-il puis il transplana.
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Le 1er mars 1981 marqua le premier anniversaire de Daphné Greengrass. (Ce jour-là marqua aussi la première ride sur le visage de Mrs Greengrass.)
Ce jour-là, Mr et Mrs Greengrass présentèrent leur fille aux yeux inquisiteurs du grand-père de celle-ci.
Greengrass Senior jeta un regard pénétrant sur sa petite fille qui s'agitait dans les bras de sa mère et, en voyant la couleur verte des yeux de la petite, il leva les yeux vers son fils et lui accorda un hochement de la tête affirmatif.
« Vous nous avez donné là une très belle enfant Rosalie, sourit-il.
— Merci, beau-père, le remercia-t-elle faisant une brève révérence — elle ne fit que plier légèrement les genoux et baisser le menton puisque le poids inhabituel de sa fille lui faisait perdre son équilibre.
— Pourriez-vous me l'a passé ?
— Bien sûr, bien sûr, se hâta de répondre Mrs Greengrass et son mouvement hâtif pour que sa fille passe dans les bras de son grand-père fit pleurer cette dernière.
— En voilà une qui n'aime pas le changement, plaisanta Greengrass Senior en ajustant sa petite fille dans ses bras.
(Oh, comment ces paroles étaient justes, même plusieurs années plus tard.)
—Daphné Greengrass, marmonna-t-il en portant un regard critique sur le visage rouge du bébé dont les larmes de crocodiles n'arrêtaient pas, j'espère que tu ne nous décevras pas. »
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Deux mois plus tard, le ventre de Mrs Greengrass s'arrondit une seconde fois et, les poings serrés et des croissants de lunes sur les paumes de ses mains, elle annonça la nouvelle à son mari. Ce dernier plia soigneusement sa cape noire puis la mit à côté du masque à l'intérieur de l'armoire. Lentement, il se tourna vers sa femme puis acquiesça d'un hochement de tête.
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Scandale au ministère : le secrétaire du premier ministre suspecté d'être sous Imperius (p.2)
7 moldus retrouvés morts au Chemin de Traverse. (p.7)
Le Premier Ministre appelle au calme (p.3)
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Daphné cligna des yeux dans son lit à nourrisson. Une fois—la lampe devint bleue—, deux fois—la lampe se changea en vert—, trois fois—la lampe tourna au violet— et l'enfant gloussa joyeusement dans son lit, claquant des mains avec bonheur.
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UN
Alors que la tempête grondait en dehors des murs de la maison des Greengrass, le père et la fille aînée se tenait devant la cheminée du salon. Le père, une poignée de poudre de cheminette dans la main et la main de sa fille dans l'autre, répétait d'un air lasse les recommandations de la journée à sa fille après que sa femme fut passé dans la salle et lui ai jeté un mauvais regard.
« Manoir de Lucien Bulstrode, » dit-il à haute et claire voix après avoir jeté la poudre dans la cheminée.
Du coin de l'œil, il remarqua l'air ébahi de Daphné qui, la bouche ouverte, fixait les flammes vertes. Avant de disparaître, Mr Greengrass entendit la voix de sa femme :
« ET TÂCHE DE NE PAS SALIR TA ROBE ! »
Suite aux tourbillonnements et agitations inconfortables du voyage, les deux Greengrass se retrouvèrent tous deux dans une cheminée qui avait tout l'air d'avoir été nettoyé à l'avance. A peine, avait-il aidé sa fille à enjamber une marche de la cheminée que le visage cordiale de Mrs Bulstrode les accueillit.
Les premières choses que Mr Greengrass remarqua fut les paupières lourdement maquillées de violet de la femme puis ses ongles vernis d'un rouge pétants et enfin son embonpoint de plus en plus proéminent qui le fit presque faire une grimace de dégoût. Il se congratula d'avoir une femme qui, malgré ses quarante ans passés, se souciait tout de même de son apparence physique. Son père avait eu l'œil, comme d'habitude, pour trouver une digne femme pour son fils.
« Charles! quelle bonne surprise ! S'exclama-t-elle en lui montrant ses dents du bonheur― une caractéristique qui le répugnait depuis sa jeunesse. Et ça doit être Daphné ! S'exclama-t-elle joyeusement ensuite, tendant le cou vers sa fille qui s'agrippait à sa jambe — il lui tapa discrètement la main pour qu'elle le lâche. On croirait voir le portrait craché de Rosalie ! A part les yeux, elle a les yeux verts des Greengrass. »
Et bien heureusement, songea-t-il, si ses enfants n'avaient pas hérités de ses traits familiaux il aurait été plus que déçu. Déjà qu'il avait fallu que Daphné hérite de la blondeur de sa mère au lieu du brun des Greengrass.
Mr Greengrass baissa les yeux vers sa fille et lui attrapa l'épaule. Elle leva les yeux vers lui et il haussa les sourcils d'un air expectatif. Timidement, elle posa les yeux sur l'imposante figure de Mrs Bulstrode qui la regardait avec un sourire figé et prit la parole :
« Bonjour, je m'appelle Daphné Greengrass. »
Sa voix était aigue. Mr Greengrass n'aimait pas les voix des enfants.
— C'est qu'elle est à croquer ! Roucoula Mrs Bulstrode en posant une main sur la joue rougissante de Daphné. Et si je t'amenais rencontrer ma fille ? Elle est dans sa chambre avec le reste des enfants. Hein ? »
Mr Greengrass tiqua. Il avait horreur des gens qui utilisaient « hein » à tout va. Il n'y avait pas de tic plus exaspérant que celui-ci.
Mrs Bulstrode se tourna vers lui, lâchant prise sur sa fille qui partit encore une fois se réfugier derrière sa jambe.
« Qu'en dis-tu, Charles ?
— Oui, bien sûr. Je n'y vois aucun inconvénient, dit-il en poussant sa fille en avant.
— Merveilleux ! S'enjoua-t-elle et Mr Greengrass tiqua encore une fois à sa voix perçante. Daphné, viens avec moi, ma petite !
— Oui, madame. »
Mrs Bulstrode attrapa sa fille par l'épaule et les deux disparurent de son champ de vision assez tôt. Avec un soupir, il sortit du salon et traversa le couloir en comptant le nombre de portes à sa droite pour être sûr de ne pas se tromper de salle.
Il pensa avec mépris que Mrs Bulstrode n'avait même pas eu la présence d'esprit de l'informer du lieu de la réunion. Quelle femme tête en l'air.
Arrivé devant la bonne porte, il toqua deux fois avant d'entrer. Chaque homme dans la salle tourna les yeux vers lui à son entrée et il fit semblant de ne pas le remarquer. Silencieusement, il prit place au côté du vieux Goyle qui fut pris d'une toux rêche. Mr Greengrass regretta instantanément de s'être assis à cette place.
« Tu en as pris du temps, Charles, lui dit Bulstrode le bigleux en lui jetant un regard ennuyé.
— Ta femme m'a retenue. »
Il remarqua le dédain évident à l'égard de Mrs Bulstrode dans les yeux de Nott à ses mots.
« Quand est-ce qu'elle ne le fait pas ? » Grommela Bulstrode le bigleux, de toute évidence étant exaspéré des manières de son épouse.
Quelques hommes rigolèrent brièvement à ce commentaire et Mr Greengrass fut le seul à rester silencieux à l'exception de Mr Malefoy qui paraissait agacé. Cela devait être sans doute puisque l'homme en avait déjà assez de son entourage.
Le Malefoy n'avait jamais apprécié de perdre son temps et, puisque la réunion aurait dû commencer depuis une quinzaine de minutes et qu'il était sans doute dû arriver à l'heure précise, c'était certain que son humeur ne devait pas être des plus agréables. Sa remarque sèche prouva les déductions de Mr Greengrass:
« Et si nous commencions au lieu d'accorder de l'importance aux déboires des époux Bulstrode. »
Mr Bulstrode toussota :
« Tu as raison, Lucius. Je vous ai rassemblé aujourd'hui—
Mr Greengrass, serra la mâchoire, cette formulation extravagante avait tendance à l'agacer puisqu'il ne faisait pas de doute que Bulstrode le bigleux ne les avait pas invités pour discuter d'un sujet aussi pompeux qu'il devait penser. A vrai dire, presque personne ne s'intéressait aux commérages de Bulstrode le bigleux ces jours-ci. Depuis que le Seigneur des Ténèbres avaient disparu, il semblait que les informations d'importance venant des espions de Bulstrode avait eux aussi disparues.
Comme la vieillesse changeait les choses.
— puisque le département des Aurors aurait trouvé quelques informations compromettantes sur nos familles. »
Ah, peut-être que ce vieux grisou avait encore son utilité.
« Et quelle genre d'information, Bulstrode ? Demanda Nott d'un ton ennuyé, tapotant son index sur sa cuisse en un rythme régulier. Va à l'essentiel au lieu de prendre ton air suffisant. »
Bulstrode le bigleux perdit de sa superbe au commentaire cassant de Nott mais, après avoir rajusté sa monture de lunettes et avoir toussoté (avait-il encore attrapé une de ses fameuses maladies ? Cet homme était un vrai malade imaginaire.) pour reprendre contenance, il reprit la parole :
« Apparemment, un prisonnier d'Azkaban, un mangemort, aurait parlé.
— Depuis quand les paroles d'un fou sont acceptés dans un procès ? » Demanda Malefoy d'un ton lisse, un sourcil haussé élégamment.
Ah, les Malefoy. Toujours obligés de faire comme si les problèmes des communs mortels ne les atteignaient pas. Ils oubliaient bien souvent que la famille Greengrass remontait à bien plus longtemps qu'eux et que la fortune des Zabini était bien plus conséquente que la leur.
« Elles ne le sont pas Malefoy, gronda Parkinson, sa moustache bien garnie frémissant avec le souffle sortant de ses narines. Ils ont justes rouvert les enquêtes ! »
A ces mots, Crabbe hocha vigoureusement la tête de haut en bas. La figure même d'un homme réfléchissant intensément avec ses sourcils froncés, ses yeux fermés et ses bras croisés sur sa poitrine.
« C'est qui le directeur des Aurors en ce moment ? Demanda rudement Goyle, sa voix forte heurtant les oreilles sensibles de Mr Greengrass qui était assis à côté de l'autre homme.
— Un vieux loufoque. L'autre a démissionné et celui-ci est complètement surchargé. Mais le problème c'est Bones, elle a fourré son nez dans l'affaire, les informa avec humeur Bulstrode le bigleux.
— Pourquoi ? S'enquit Nott qui dévisageait Bulstrode depuis le début de ses yeux noirs.
— Le prisonnier a parlé du meurtre de ses enfants et de Crabbe et Parkinson dans la même phrase.
— Quoi ? Rugit Parkinson en se levant un instant de son siège pour fusiller Bulstrode du regard avant de se rasseoir face aux yeux froid de Malefoy qui devait sans doute juger les manières volatiles du plus âgé.
— Il revivait la scène apparemment, continua Bulstrode, et il a juste fallut que ce soit le jour où le Ministère de la Justice faisait l'inspection d'Azkaban. On peut dire que Crouchon s'est tout de suite arrêté pour écouter le reste, dit sombrement Bulstrode en les regardant d'un air grave.
— Qui est directement impliqué dans l'affaire ? » Demanda calmement Mr Greengrass.
Mr Greengrass remarqua tout de suite le regard de Malefoy sur lui et son rictus amusé mais il préféra porter son regard sur Bulstrode qui fronça les sourcils. Un air réprobateur sur son visage :
« Toujours à penser à ton p'tit cul, Greengrass, hein ? »
Mr Greengrass ignora le commentaire inutile de Bulstrode le bigleux. Tous les hommes dans la pièce ne faisait que penser à leur intérêt personnel, il n'y avait pas que lui. Il n'y avait que Bulstrode qui tentait toujours de faire semblant de s'intéresser au bien-être des autres.
« Allez répond, Bulstrode, coupa Parkinson, le visage rougissant— celui-ci était toujours aussi colérique. J'ai pas le temps pour tes p'tits jeux.
— Crabbe, toi Parkinson, moi et Nott. »
Nott arrêta de bouger son index et ses traits s'assombrirent. Mr Greengrass observa l'autre homme baisser les yeux et prendre un air songeur.
« Dans ce cas, pourquoi nous avoir invité ? Demanda Malefoy en désignant Mr Greengrass et Goyle d'un mouvement évasif du poignet.
— Tu sais très bien pourquoi, Malefoy, gronda Parkinson. Tes p'tites marionnettes au Ministère et ton fric !
— Si nous tombons, vous tombez aussi, continua Nott d'un air lointain, se frottant le menton du bout des doigts.
— Exactement ! »
Mr Greengrass tourna les yeux vers Parkinson qui paraissait devenir de plus en plus rouge et s'agitait sur son siège. La surconsommation de vin à soixante ans ne devait pas être très bon pour la santé, nota-t-il puis il se leva de son siège après que Goyle eu éternué.
Instantanément, tous les regards se posèrent sur sa forme soutenue par une canne.
« Je ne crois pas que mes services sont utiles ici, dit-il calmement puis il baissa le menton en au revoir : A la revoyure. »
Il tourna les talons et la voix retentissante de Parkinson rebondit dans la salle :
« Greengrass, si tu veux jouer à ce jeu-là j'te promets que tu vas le regretter ! Toi et toute ta putain d'famille ! »
Arrivé devant la porte, Mr Greengrass jeta un regard à Parkinson par-dessus son épaule. L'homme s'était levé de son siège et, le haut du corps secoué de sa forte respiration et le visage et cou rouge de colère, il fusillait Mr Greengrass d'un regard noir.
« Tu ferais mieux de t'inquiéter quant au sort de ton avenir Parkinson. Ma famille n'a pas peur des faibles menaces comme les tiennes.
— GREENGRASS ! » Rugit Parkinson et Mr Greengrass ouvrit la porte.
Il ne prit pas la peine de la refermer derrière lui. D'un pas tranquille, il traversa le couloir et se dirigea vers les escaliers qui menaient à l'étage. Il ne savait pas où se trouvait la chambre du plus jeune enfant de Bulstrode mais les cris excités des enfants le guidèrent. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la porte derrière laquelle venaient les voix d'enfants, la voix de Mrs Bulstrode l'arrêta.
Prenant appui sur sa canne, il se tourna.
Ongles rouges pétants, paupière fardés de violets et un embonpoint visible par la robe moulante qu'elle avait choisi de mettre. Mrs Bulstrode était une vision à voir.
« Vous partez aussi tôt, Charles ?
— Oui, Amélie. J'avais oublié un rendez-vous important, l'informa-t-il, le mensonge lui venant facilement. Ma fille est ici ?
— Oui oui, s'exclama Mrs Bulstrode en s'avançant vers lui, d'une main elle ouvrit la porte. Mais quel dommage que vous partiez aussi tôt, je crois que Daphné commençait à se faire des amis ! »
Mr Greengrass pensait plutôt le contraire. D'un coup d'œil il avait repéré la chevelure blonde de sa fille et les boucles que sa femme se bornait à lui faire depuis un bon mois. Penchée par-dessus une table basse, elle dessinait lentement alors que le reste des enfants étaient rassemblés autour d'un balai pour enfant à l'autre bout de la salle. Il nota cependant que le fils Nott— ce garçon avait hérité de l'air sombre de son père— était lui aussi partit dans son coin. Il lisait un ouvrage qui paraissait un peu trop volumineux pour son âge.
« Daphné. »
Instantanément, la tête de sa fille se leva dans sa direction en un bond. Les yeux écarquillés, elle croisa son regard. Elle paraissait avoir été très concentrée sur son dessin.
Il l'enjoignit à le rejoindre d'un geste de deux doigts alors que Mrs Bulstrode le quittait pour s'approcher du rassemblement d'enfants.
« Et d'où vient ce joli balais ? » Roucoula-t-elle en se mettant à hauteur des enfants.
Elle posa sa main sur l'épaule du fils Malefoy— cheveux blond platine— et Zabini— teint mat— et Mr Greengrass ne prit pas la peine d'écouter la fière réponse de la fille Parkinson— la fille lui avait été présenté lors de la réception du mois dernier chez les Parkinson.
Il posa plutôt son regard sur sa fille qui rangeait soigneusement chaque crayon qu'elle avait utilisé dans une boite.
Quelle enfant soigneuse il avait, lui qui espérait que ses enfants n'hérite pas des manies irritantes de sa femme qui était obligé de toujours passé derrière lui. Il ne comptait plus le nombre d'affaires et de papiers qu'il avait perdu depuis son mariage.
Puis, Daphné se leva et se revêtit du petit gilet que sa mère lui avait donné à mettre ce matin et prit ensuite son dessin dans une main.
Mr Greengrass ne manqua pas de remarquer le regard tout aussi observateur que le sien que portait le fils Nott sur sa fille. Il carra la mâchoire.
« Amélie, appela-t-il quand sa fille se fut posté à sa droite.
— Oh, oui oui, j'arrive Charles ! » S'empressa de lui répondre Mrs Bulstrode en se relevant.
Plus que cinq minutes, se rassura Mr Greengrass en continuant d'écouter les commentaires de Mrs Bulstrode sur le temps orageux et pluvieux qu'ils avaient en ce moment.
« Daphné, fit-il lorsqu'ils arrivèrent devant la cheminée.
— Au revoir Mrs Bulstrode. Merci de m'avoir invité, dit Daphné de sa voix aiguë d'enfant.
— Oh mais c'était mon plaisir, Daphné. Reviens quand tu veux, je serai ravie de t'accueillir ! Sourit gaiement Mrs Bulstrode en plantant un baiser sur la joue de sa fille. Et Charles, n'hésite pas toi aussi ! Tu deviens de plus en plus impossible à croiser en ce moment, » plaisanta-t-elle et elle lui planta à lui aussi un baiser sur la joue.
Il sourit poliment et après avoir dit ses adieux, il réutilisa la poudre de cheminette.
« Daphné, ta robe est froissée ! » S'insurgea sa femme quand ils réapparurent dans le salon de leur maison.
Silencieusement, il s'éclipsa et partit dans son bureau.
Il posa sa cane contre son bureau, s'affala sur son fauteuil, se débarrassa de son par-dessus et remonta les manches de sa chemise. Il soupira tout posant les yeux sur son bras gauche.
La tête de serpent était toujours là.
Tic toc, tic toc.
Bientôt, il allait devoir faire face aux réprimandes de sa femme (« Charles, tu ne dois pas faire ça. Ces hommes sont dangereux ! » — mais lui aussi était dangereux) et au regard lourd de son propre père sur lui. Bientôt, il le sentait, il allait devoir faire un tour au ministère.
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« Lucius Malefoy est en bas, l'informa sa femme après avoir toqué à la porte de son bureau. Ça m'a l'air important. »
Qu'est-ce que tu as fait encore ? semblait-elle vouloir dire.
Il se leva de son siège et écrasa son cigare dans le cendrier. Il soupira, remit en place les manches de sa chemise, et s'avança vers la sortie. Sa femme se poussa contre le mur pour lui laisser la place de passer.
« Tu ne mets pas ta robe ?
[Fais ci, fais ça. Ne fais pas ça, ne fais pas ci.]
— Non, » cingla-t-il et elle referma sa bouche.
Pour une fois qu'elle arrête de poser des questions, songea-t-il amèrement en claudiquant le long du couloir, ayant oublié sa canne.
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« Malefoy.
— Greengrass. Ta fille m'a l'air d'être une enfant sage et intelligente. Je voudrais que nos enfants se rapprochent. »
Mr Greengrass plissa les yeux.
« Très bien. J'en informerai ma femme.
— J'espère que les Malefoy et les Greengrass se rapprocheront. Les vieilles familles devraient pouvoir compter les unes sur les autres en ces temps douteux.
— Bien sûr. »
Malefoy lui fit un de ses sourires froid mais toujours poli :
« Je suis sûr que Parkinson ne devrait plus te déranger, Charles. »
Les deux hommes échangèrent un regard et, Mrs Greengrass apparut derrière son mari. Un sourire éclairait le visage de celle-ci que Mr Greengrass savait être perfectionné et forcé. Aimablement, elle accompagna Lucius Malefoy jusqu'à la sortie.
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« Daphné. Demain tu iras avec ta mère chez les Malefoy. »
La blonde leva les yeux de son assiette et acquiesça avant de rabaisser les yeux.
Sa fille aînée était une enfant silencieuse. Alors que son père lui avait dit d'avoir un enfant agité, il en avait une qui n'était que l'ombre de sa mère. Il n'y avait presque jamais de crises de colère, ni de pleurs capricieux ou de refus de manger un aliment quelconque. Les enfants aux cordes vocales fortes promettaient d'être respectés dans son futur. Après tout, qui oserait rabaisser celui qui répondrait deux fois plus fort. C'étaient les silencieux qui étaient les rejetés et Mr Greengrass n'appréciait pas que sa fille fasse partit de ce groupe.
Il était déçu. Mais quand ne l'était-il pas?
« Daphné, racle bien le fond de ton assiette, s'exclama sa femme en jetant un regard agacé sur l'assiette de sa fille en face.
— Oui mère, » répondit-elle diligemment en faisant comme sa mère disait.
C'était l'ombre de sa mère, songea amèrement Mr Greengrass en carrant la mâchoire. Il avait déjà fallu que sa fille aînée soit le portrait craché de sa femme et en plus elle allait aussi devenir le clone de sa mère s'il ne faisait rien.
Les pleurs hystériques de sa fille cadette venant de la salle adjacente interrompirent ses pensées et sa femme se leva, l'air irrité. Il fit semblant d'ignorer le regard noir qu'elle avait porté une seconde sur lui.
Il n'avait que deux filles. Deux héritières et pas d'héritier et sa femme avait atteint l'âge où les grossesses étaient moins sures.
« Daphné, redresse-toi! » claqua-t-il soudainement et sa fille fit comme il avait ordonné après un sursaut de surprise.
Peut-être qu'il pourrait faire quelque chose d'elle.
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« Voici mon fils, Drago Malefoy. »
Narcissa Malefoy poussa gentiment son fils en avant, le visage de ce dernier était froncé en une expression irrité. Ses petites joues potelés et le gris des yeux qui ressortaient grâce à un rayon de soleil quelconque firent sourire Mrs. Greengrass. Sous le charme du petit blond, elle plia les genoux et se mit à sa taille.
« Bonjour Drago. Tu peux m'appeler Mrs. Greengrass, je suis la mère de Daphné. Ta nouvelle amie. »
D'un geste de la main, Mrs Greengrass fit signe à sa fille qui se cachait derrière son dos de s'approcher. Celle-ci trotta maladroitement dans ses nouvelles sandales (« Mère, j'ai mal au pied, » couina-t-elle.) jusqu'à la droite de sa mère. Après un coup d'œil vers sa mère qui hocha la tête, Daphné baissa la tête, une boucle s'échappa de son chignon et se posa sur son front, et se présenta d'une voix un peu tremblotante :
« Je m'appelle Daphné Greengrass. J'ai quatre ans depuis trois jours. »
Mrs Greengrass pinça les lèvres, se retenant de gronder sa fille qui avait la manie de dire son âge à tout va.
« J'aime pas le vert, déclara Drago d'un ton boudeur en fronçant plus fortement ses sourcils et en croisant ses bras. Mère, pourquoi est-ce qu'elle a les yeux verts ? Le vert c'est moche, bouda le blond.
— Drago! s'exclama Mrs Malefoy d'un ton outragé. On ne dit pas ça, voyons! le gronda-t-elle en lui attrapant le menton entre l'index et le pouce pour qu'il la regarde dans les yeux. Excuse-toi ! »
Drago ferma obstinément les yeux, sa lèvre inférieure mise en avant en une moue.
« Mais j'aime pas le vert ! Gémit-il. Elle a les yeux verts ! »
Daphné rougit et repartit derrière le dos de sa mère qui venait de se relever, les yeux baissés, les lèvres pincés et les narines palpitantes.
« Le vert est la couleur de Serpentard ! Tu as un drap de Serpentard dans ta chambre !
— Mais c'est pas pareil, mère ! Couina-t-il en refusant de croiser le regard de sa mère. Serpentard c'est jolie, le vert c'est moche !
— Drago ! »
Daphné commença à pleurer derrière sa mère, blessée par ce garçon qu'elle ne connaissait même pas.
[Il t'avait plu n'est-ce pas ? Dès le premier regard, ce blond t'avais paru charmant avec ses cheveux étincelants comme un prince charmant et son visage plaisant, n'est-ce pas ? Alors ton petit cœur, ta petite fierté de jeune enfant de quatre ans d'âge en avait pris un coup.]
Les pleurs de Daphné et les braillements de Drago (« J'AIME PAS LE VERT ! C'EST MOCHE ! ») fut le résultat de leur premier rendez-vous.
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: Note de l'Auteur: fanfiction supposé suivre le trio Astoria/Drago/Daphné jusqu'à la septième année des deux plus âgés. Centrée sur Daphné quand même et sur le côté psychologique/sentimentale. Je suis ouverte à toutes suggestions ou remarques. Et surtout à des conseils pour m'améliorer. (:
Voilà, la prochaine fois il y aura plus de Drago et Astoria aura plus d'apparitions que dans ce chapitre où elle n'a fait que pleurer à l'arrière-plan ^^
