─ Lily ?

J'ouvris mes yeux et eus un sursaut.

─ Ah bah sympa la coupine ! T'étais en train de dormir !

J'haussai les épaules et me redressai sur mon siège. Je me trouvai dans ma voiture en compagnie de Julie mon autre meilleure amie qui était au volant. Et je supportai depuis plus d'une heure ses piaillements et ses commérages, autant d'habitude je suis à fond dans ce genre de conversations mais là j'étais dans un état second et je mourrai d'ennui.

Je vous situe dans le temps : Presque deux mois s'étaient écoulés depuis la prise d'otage en Alaska, j'ai bien sûr été arrêtée pour maladie pour une semaine et j'ai pu bénéficier de 10 jours de vacances en primes (d'ailleurs je n'avais toujours pas compris pourquoi Hotch m'avait donné ces jours alors que nous avions seulement droit qu'à trois semaines de vacances sur toute l'année…).

J'en ai donc profité pour partir en Espagne revoir ma famille. Mais il a fallu bien évidemment que je fasse la dingue et que je me fasse mal une fois de plus. Je ne savais pas pourquoi mais une envie d'essayer le skateboard m'avait subitement prise et vu que Lily était synonyme de Pierre Richard, je me suis tout bonnement cassée la figure et déglinguée mon épaule qui était déjà mal au point. J'ai donc récolté un mois de congé maladie supplémentaire et autant vous dire que c'était le mois le plus long de ma vie. Voilà trois jours que j'étais rentrée et je reprenais le travail aujourd'hui à ma plus grande joie d'autant que l'équipe me manquait cruellement. Je n'avais pu voir que Garcia qui avait planté sa tente chez moi en attendant mon retour, sinon je n'avais vu aucun autre membre de mon équipe.

─ Oh je te cause !

─ Quoi ? fis-je exaspérée.

─ Depuis tout à l'heure je te parle Josiane ! Tu pourrais au moins me répondre !

Je souris à l'écoute du surnom que Julie m'avais attribué depuis le lycée. Toutes les deux étions Brigitte et Josiane « commères pour un jour, commères pour toujours ». Il ne se passait pas un jour sans qu'elle et moi ne parlions pas sur les gens et discutions sur les potins du jour. Julie à 28 ans (tout comme moi), a des origines italiennes et est assistante administrative du bureau du FBI à Quantico. Elle gère également les ressources et est le bras droit d'Hotch et de JJ. Leurs tâches se ressemblent assez sur certains points, sauf que Julie s'occupe plus des tâches administratives et de gestion. Avec Méli, nous formions toutes les trois un trio inséparable et ça depuis bien longtemps. Mais ma Brigitte est la plus sage d'entre nous et celle qui a le plus la tête sur les épaules. Au premier regard, elle peut paraître calme, timide et parfois froide mais une fois qu'on la connait et bien le masque tombe comme on le dit. Elle est d'une incroyable gentillesse, a un grand sens de l'humour et est très fleur bleu (à notre plus grand désespoir) le romantisme et elle c'est une très longue histoire. Julie s'énerve très rarement mais quand c'est le cas, il vaut mieux déguerpir le plus rapidement possible.

Enfin bref depuis mon retour au bercail, elle ne me lâchait plus et s'arrangeait toujours pour finit plus tôt et rester avec moi jusqu'à ce que je revienne travailler (Méli quant à elle, je ne l'avais aperçu qu'une ou deux fois car elle était trop débordée avec son emploi à l'hôpital).

─ Désolée, tes histoires d'amour et compagnie ne m'intéresse point ! Fais attention à la route plutôt et ramène moi en vie au bureau s'il te plait ! raillais-je

─ C'est marrant, surtout venant de la part de celle qui a été élue la pire conductrice de l'année ! Et d'habitude tu me soule pour que je te raconte mes péripéties, qu'est ce qui se passe Josiane ?

─ Ce qui se passe, c'est que je m'ennuie ! Je veux retourner au boulot !

─ Tu te calmes, on y sera dans dix minutes même pas et de quoi tu te plains, t'as été au soleil pendant je ne sais combien de temps !

─ M'oui bien sûr, j'ai aussi passé la moitié de mon temps chez les médecins !

─ T'avais pas qu'à faire la clocharde et aggraver ton cas !

─ Oh ça va lâches moi ! fis-je en levant les yeux au ciel.

─ Bah dites donc on peut dire que ce séjour t'as fait du bien, t'es bien redevenue toi-même !

─ Tout à fait Brigitte, je suis de retour et là pour longtemps !

─ C'est ce que je me disais, j'ai dit aux autres que tu t'étais bien ressourcée et que t'allais revenir plus infernale que d'habitude ! se moqua-t-elle.

─ Hilarant ! En fait j'espère qu'ils sont là parce que je te tue si tu m'as fait revenir alors qu'ils sont je ne sais où !

─ Fermes là je connais mon boulot non ! Si je t'ai dit que tu pouvais reprendre aujourd'hui c'est que c'est bon. Et ils ont dû revenir du Missouri hier dans l'après-midi.

─ C'est quoi l'embrouille déjà ?

─ Une famille de tziganes impliquée dans plusieurs meurtres tout ça pour marier leur fils de dix ans.

─ Super ça ! Si ça peut éviter de passer son temps sur Meetic ! ironisais-je

Elle faillit percuter un trottoir et éclata de rire.

─ Tu vas finir un jour par me tuer !

─ Ouai c'est ça, je te retourne la phrase ! Y'a moyen de conduire plus rapidement ?

─ Si ça t'amuse je te passe le volant !

─ Peux pas…maugréais-je

─ Bon bah voilà donc ferme ton gueule merci !

Malgré que mon épaule fût guérie, je n'avais pas le droit de prendre le volant ou de faire d'autres gestes brusques pendant encore trois semaines et je ne vous parlais pas des séances de rééducation que j'allais devoir me taper !

─ C'est bon on est arrivé Josiaaane ! chantonna-t-elle.

Je soupirais de soulagement. J'allais enfin revenir à la normale ! J'enlevais ma ceinture et m'apprêtais à descendre quand évidemment Julie me posa la question qui tue.

─ Ah et en fait t'as eu des news de l'équipe ?

─ Bah non pas depuis que je suis rentrée appart Garcia, je les ai eu au téléphone mais sinon c'est tout.

─ Même Hotch ?

Je me figeai. C'était la chose à ne pas demander, je n'avais eu aucune nouvelle de lui sauf un message disant « Bon rétablissement, à très bientôt. ». Le message froid par excellence ! Même Morgan avait été plus adorable que lui (m'harcelant au passage) et je ne m'étais pas arrêtée de me poser des questions durant tout mon séjour en vacances.

─ Euh non.

─ T'es sérieuse ? Pourquoi ?

─ Qu'est-ce que j'en sais moi il devait avoir d'autres chats à fouetter !

─ Ouai mais quand même ! Il nous demandait sans cesse comment t'allais, je me suis dit qu'il allait quand même t'appeler quoi t'es sa Lily ! me fit-elle avec un clin d'œil.

J'eus un rire jaune. Bien sûr j'étais sa Lily … Le type ne me calculait plus juste après m'avoir fait limite une déclaration ! Hotch et ses sautes d'humeurs me fatiguait, mais j'étais quand même plus que contente de le revoir ! Peut-être que tout sera rentré dans l'ordre et redevenu normal …

─ Allo ? Brigitte appelle Josiane ! ON SE REVEILLE ! me cria Julie dans les oreilles.

─ HEY DOUCEMENT !

─ Allez descends !

J'obéis tout en l'insultant de tous les noms, je pris ma valise et mon sac à main dans le coffre, puis je me dirigeais vers l'entrée du bureau avec Julie derrière moi.

─ Yeah de retour à la maison ! m'exclamais-je tout en mettant mes lunettes de soleil.

─ T'es vraiment une clocharde, tu t'es crue ou là ? Enlève moi ça tu me fais honte ! s'indigna Julie qui regardait autour d'elle.

─ Comment je m'en fou tu ne sais pas ! Faut toujours être fashion et classe ma chérie.

─ Qu'est-ce que tu me raconte ! T'es une profileuse, pas un mannequin !

─ Dit la fille qui se tartine la figure et qui se lisse les cheveux tous les matins !

─ Ce n'est pas pareil me répondit-t-elle gênée, moi mon travail c'est tout dans l'image et dans l'apparence !

─ Et alors ?

─ Toi tu t'occupes de rentrer dans la tête de cinglés qui tue des gens, tu peux même venir au travail à poil que tout le monde s'en foutrai !

─ Mêle toi de tes affaires ! la rembarrais-je

Une autre dispute éclata alors dans les locaux du FBI. Ce n'était pas une surprise pour tout le monde, nous étions connues par tous et la plupart s'était habitué à nous voir entrer en s'hurlant ou en se tapant dessus jusqu'à la mort.

─ Oh vous pouvez pas la boucler une minute ?

Je me retournais vers la voix familière que je connaissais.

─ Salut Méli ! Ou plutôt Bonjour le moine tibétain !

Méli, qui avait des tonnes de papiers dans les bras et qui venait apparemment de sortir de l'ascenseur, était méconnaissable avec son ensemble en survêtement et sa capuche sur la tête.

─ Qu'est-ce que t'as, tu t'es échappée de la planète des singes ? poursuivit Julie.

Nous éclations de rire tandis que Méli se retenait de ne pas nous faire un « Fuck ».

─ Je vous emmerde bande de grosses connes !

─ On s'est levé du mauvais pied ce matin ? hasardais-je avec malice.

─ Tu vas te le ramasser dans la gueule ce pied-là tu vas rien comprendre à ta vie !

J'eus alors un fou rire et faillis tomber à la renverse. Elle nous fusilla du regard et s'engouffra dans les toilettes du rez-de-chaussée.

─ Lâches tes cheveux ! Pour que tu fasses plus normale ! lui criais-je

Un claquement de porte me répondit, je jetais un coup d'œil à Julie qui haussa les épaules.

─ Tu la connais, elle n'a pas du bouffer et dormir normalement !

J'eus un sourire.

─ Bon je te laisse j'ai rendez-vous avec Strauss pour lui faire le topo de la semaine, je te dis à plus ! Amuses toi bien !

Je lui fis un signe de la main et me dirigeais vers l'ascenseur direction le dixième étage pour retrouver mon équipe de profileurs barjos préférés …