Auteur : Nat, une fois de plus !

Disclaimer : A part l'idée, je ne possède rien. Pas même la chanson de Thranduil, qui appartient au groupe de musique bretonne Tri Yann.

Spoiler : L'idée de ce texte m'est venue à l'esprit à la relecture de Contradictions, alors…

Warning : Rien à signaler, si ce n'est un risque élevé de personnages OOC…

Résumé : Etre télépathe a des avantages incontestables. Mais, et Elrond est le mieux placé pour le savoir, être télépathe a aussi des inconvénients incontestables. Surtout lorsque des migraines et des roi Sindars décident de s'en mêler.

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Interférences télépathiques

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Elrond grimaça et s'obligea à garder les yeux hermétiquement clos. Il s'était couché pour dormir, et c'était ce qu'il ferait. Mais ces voix, ces voix… Si seulement elles voulaient bien cesser un instant de résonner et faire silence ! Comme si sa migraine ne lui suffisait pas amplement…

Pas intéressante, pas intéressante… Bien sûr que si, elle est intéressante, mon histoire ! Sinon Lindir n'en aurait pas fait une chanson, n'en déplaise à l'autre petit glaçon !

Je me demande quand la patrouille doit rentrer. J'espère que tout va bien pour eux…

La nuit est déjà tant avancée ?…Bon. Je finis encore cette pile-ci, et je vais me reposer. Je m'occuperai de ces papiers-là demain matin, puis j'irai ranger la bibliothèque.

Pourquoi est-ce qu'elle ne me regarde pas ?

Elrond se retourna dans son lit, définitivement incapable de s'endormir, et se couvrit les oreilles de sa couverture. Même s'il savait pertinemment que cela ne changerait rien à sa situation presque intenable. Les voix étaient dans sa tête. Les Elfes de sa maison pensaient beaucoup trop fort.

Où est Naneth ? J'ai peur du noir. Je voudrais qu'elle soit avec moi… Naneth !

La dernière fois qu'on a fait ça, ça s'est plutôt mal terminé… J'espère qu'Elladan est sûr de son coup, cette fois-ci. Je n'ai pas envie qu'Adar nous fasse encore cirer les escaliers avec une brosse à dent.

J'ai utilisé tout ce qui me restait de serpolet pour le dîner. Il faudra que je pense à demander qu'on aille m'en chercher avant demain midi, sinon je ne pourrais pas préparer le déjeuner…

Avec des chevaux frais, on devrait pouvoir atteindre la Lórien en un peu plus d'une semaine à peine.

Je veux qu'on m'aime !

« Et moi, j'aimerai dormir ! » Grinça Elrond entre ses dents.

Il soupira et s'allongea sur le dos, hésitant à recouvrir son visage de sa couverture. Bien sûr, être télépathe avait des avantages incontestables. Le semi-Elfe n'allait certainement pas dire le contraire. Il était toujours utile de pouvoir sonder l'esprit de ses vis-à-vis pour découvrir leurs réelles intentions, leurs peines et leurs joies, leurs forces et leurs faiblesses. Et pouvoir transmettre des messages à des personnes physiquement très éloignées était un atout non négligeable, surtout en des temps troublés comme les Elfes en traversaient. Mais toute médaille a son revers, et celle de la télépathie d'Elrond n'était pas des plus appréciables.

Qu'ai-je donc fait de cette clé ? Mais où ai-je bien pu la mettre ?

Non, vraiment, cela rend mieux avec l'accompagnement au violon. Mais je préfère le son de la harpe…

Comme les étoiles sont claires, ce soir !

Retenant un gémissement, Elrond tira ses couvertures jusqu'à son front.

Ô grands Valars ! Pourquoi, mais pourquoi devait-il inévitablement perdre le contrôle de ses pouvoirs télépathiques à chaque fois qu'une violente crise de migraine le clouait à son lit ? Comment donc Galadriel se débrouillait-elle ?

Dès que la Soleil se lève, je vais cueillir des fleurs pour mon herbier !

…Ravi de l'apprendre.

Mon époux me manque… Je crois que je vais demander à notre seigneur la permission d'aller le rejoindre aux Terres Immortelles… Oui, il est temps… La Mer m'appelle…

J'ai hâte de rentrer à Eryn-Las-Galen. C'est trop calme, ici. Il n'y a pas assez d'ennemis. Je m'ennuie. Vivement que notre roi se remette en route.

Il fallait se rendre à l'évidence. Elrond n'allait pas pouvoir dormir tant que ses maux de tête ne le laisseraient pas en paix. Il devait donc s'armer de patience et d'endurance, et supporter pendant d'interminables heures les pensées de ses amis, protégés et invités s'entrechoquant dans sa tête.

Le lac, le lac ! J'ai oublié son nom ! Comment s'appelle-t-il, déjà ?

Soupirant de nouveau, l'Elfe aux longs cheveux bruns repoussa ses couvertures et se massa les tempes. Il allait encore vivre l'enfer pendant un temps indéterminé qui lui semblerait probablement plus long qu'une éternité même…

Mes épingles ! Quelle maladroite ! Pourvu que je puisse toutes les ramasser avant que quelqu'un ne marche dessus ! Quelle idée de coudre à une heure pareille, aussi !

Soudain, un petit bruit métallique attira l'attention d'Elrond. Il se redressa à demi, juste assez pour voir la porte de sa chambre s'entrouvrir et céder le passage à un Elfe aux longs cheveux couleur d'or. Glorfindel ? L'Elfe referma la porte et se tourna vers le guérisseur alité. Trois parures d'or et de pierreries brillaient à son cou, reflétant la lumière des étoiles qui passait à travers les fenêtres de la pièce. Non. Thranduil. Le seigneur des Noldors sentit sa migraine gagner en puissance. Il observa d'un œil noir le fils d'Oropher qui s'avançait vers lui. Qu'avait-il donc besoin de venir le voir dans un moment pareil ? Il savait bien, pourtant, qu'il souffrait d'un mal de crâne atroce…

Et voilà. J'ai encore renversé mon verre.

Thranduil ne prononça pas une parole. Il alla simplement s'asseoir au bord du lit de son hôte, enroulant la chaîne d'or d'un de ses pendentifs autour de ses doigts. Le semi-Elfe se redressa totalement et lui allait lui demander la raison de sa présence dans sa chambre, lorsque la voix claire du roi Sindar fredonna doucement dans sa tête une des chansons de son pays, prenant peu à peu le pas sur toutes les autres pensées qui hantaient l'esprit du seigneur de Fondcombe.

C'est dans dix ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Dans dix ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Elrond esquissa un demi-sourire.

« Tiens ? Murmura-t-il. Vous connaissez donc des chansons qui ne parlent ni de bijoux ni de trésors ?

-Si ma chanson vous insupporte, Peredhel, rétorqua Thranduil sur le même ton, je ne vous l'imposerai pas plus longtemps. »

Mais pourquoi est-ce toujours moi qui suis de garde à cette heure-ci ? Il ne se passe jamais rien ! Je ferais aussi bien de rentrer me coucher. Je ne sers à rien, ici…

Ah, j'ai oublié de fermer mes rideaux…

Le guérisseur porta vivement deux doigts à sa tempe gauche et fit signe à Thranduil de reprendre sa chanson. Au moins, elle lui donnait quelque chose de constant à quoi raccrocher son esprit. A défaut de le fermer à celui des autres, il se contenterait de le focaliser sur une seule voix et une seule pensée…

Et dans neuf ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans neuf ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

…Ce qui était tout de même bien moins fatiguant et douloureux que d'entendre sans cesse de nouvelles voix (qu'il ne reconnaissait pas toujours) se bousculer dans sa tête sans pour autant tenir de discours suivi. Et cela, c'était purement et simplement épuisant. Une torture pire que ce que tous les Orcs du Mordor réunis ne pourraient jamais imaginer.

Et dans huit ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans huit ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Une chanson à décompter ? Très bien.

Et dans sept ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans sept ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Elrond se laissa retomber sur ses oreillers et ferma les yeux, remerciant silencieusement l'Elfe blond d'avoir choisi un chant simple et facilement mémorable, qui ne demandait pas un trop grand effort de concentration. La mélodie à la fois douce et entêtante l'empêchait de prêter attention aux autres pensées qui se greffaient sur les siennes sans qu'il ne le veuille.

Et dans six ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans six ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

C'était une chanson… reposante, aussi étrange que cela puisse paraître venant d'un chant du royaume sylvestre.

Et dans cinq ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans cinq ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Et la voix du roi de Greenwood, inhabituellement calme et douce, avait quelque chose d'apaisant qui semblait presque adoucir les maux de tête du Noldor. Si seulement il pouvait toujours parler ainsi, au lieu de s'énerver et de crier comme il savait si bien le faire, cela épargnerait de nombreuses peines aux oreilles d'Elrond…

Et dans quatre ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans quatre ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Lentement, presque sans s'en rendre compte, Elrond rouvrit les yeux. Les pensées de Thranduil semblaient avoir sur son esprit l'effet hypnotique d'une berceuse… Peu à peu, son regard devint vague et lointain, signe qu'il s'égarait dans les rêveries Elfiques.

Et dans trois ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans trois ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Le seigneur de Fondcombe se laissa partir sans chercher à résister au sommeil, trop heureux de pouvoir s'y réfugier et y fuir ses maux de tête.

Et dans deux ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans deux ans je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

D'y au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

Et dans un an je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Et dans un an je m'en irai, d'y au pied d'un rosier…

Au pied d'un rosier, au pied d'une rose,

Au pied d'un rosier, mon cœur s'y repose.

A son réveil, la Soleil était déjà haute dans le ciel et les oiseaux chantaient à sa fenêtre.

Elrond ne savait pas exactement à quel moment de la chanson il s'était endormi. Mais il savait que sa migraine n'était plus qu'un affreux cauchemar. Il savait aussi que les insupportables voix de ses gens dansant dans sa tête sans son autorisation s'en étaient toutes allées.

…Et que Thranduil s'était endormi à son chevet, le coude sur le genou, le menton dans la main et la marque de son pendentif imprimée sur la joue.

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…Je crois qu'Elrond et Thranduil sont en train de devenir mes deux Elfes préférés. Même si je ne respecte pas forcément leurs personnalités, malgré mes efforts en ce sens.

Sérieusement, je plains ce pauvre Elrond. Ce doit être affreux d'être télépathe, quand on ne le maîtrise pas…

Notes :

Adar : Père

Naneth : Mère

Peredhel : semi-Elfe

La Soleil : non, ce n'est pas une faute, chez les Elfe, soleil est un mot féminin.