Bonjour ceci est ma deuxième fanfiction sur « Homeland ».
C'est un UA situé à la fin de la saison 3.
Je souhaite donner à mon couple favori une fin moins atroce. J'ai eu des encouragements et je tiens à remercier Terzima et Lipamo.
Ne vous formalisez pas pour certains aspects techniques que j'ai éludés volontairement. Je veux me concentrer surtout sur la psychologie des persos.
C'est du drame et de la romance.
Tous les personnages que je vais utiliser appartiennent à Howard Gordon et Alex Ganza. Merci à eux d'avoir repris l'idée de Gideon Raff.
Bonne lecture.
Une nouvelle vie
Partie 1
Nous venions d'atterrir, l'extraction s'était bien passée à une chose près : ce n'était pas aux Etats-Unis que nous retournions. Notre pays nous avait trahis mais Saul malgré tout nous avait sortis d'un piège mortel. Je ne savais ni comment, ni pourquoi il était allé contre la décision initiale mais une chose était sûre, je lui serai redevable à vie. Ma main enserrait celle de Brody. J'avais dormi tout au long du vol, rassurée par ce simple contact. Lui, un peu moins ou peut-être même pas du tout.
Il fixait le hublot, le regard dans le vide, perdu dans je ne sais quel souvenir pénible.
« Viens », dis-je en le tirant pour qu'il se levât.
Je n'arrivais pas à lui lâcher la main.
Nous n'avions rien de plus que des faux papiers et un peu d'argent. Un agent nous guida hors du petit avion privé et nous descendîmes lentement, un peu perdus, respirant l'air froid du sol allemand. Je resserrai ma prise autour de sa main, avais-je peur qu'il ne m'échappe ? Sans aucun doute, j'avais failli le perdre tant de fois.
Il rabattit, de son autre main, la capuche de son sweat-shirt, ne supportant pas d'être la cible de regards autres que le mien. Il n'y avait pourtant pas grand monde dans cet aérodrome. L'agent X remonta dans le cockpit sans un seul mot. Nous étions seuls désormais. Un coup de stress monta comme je m'y attendais et je l'affrontai avec acharnement pour diminuer les battements désordonnés de mon cœur. Je ne devais pas faiblir, pas maintenant, pas quand il comptait sur moi.
Nous nous dirigeâmes vers la sortie, traversant un accueil vide. Dehors, un chauffeur nous attendait. Brody eut un instant d'hésitation, scrutant le conducteur de la berline avec méfiance. Par habitude, j'analysai l'homme d'un certain âge, assis côté conducteur, brun, rasé de près, l'œil fixé sur la route devant lui, aucune tension, rien de suspect. Je me détendis, Brody le sentit et se détendit aussi (du moins relativement).
Assis l'un à côté de l'autre, nous attachâmes notre ceinture. L'homme nous fit juste un léger signe de tête dans le rétro et s'engouffra dans la circulation assez rare apparemment. En examinant les panneaux le long de la route, je compris que nous avions quitté les abords de Munich. Brody examinait la route, jetant des coups d'œil anxieux vers la vitre arrière.
« Où allons-nous ? » Demandai-je.
« Ulm », répondit le conducteur. « Vous y dormirez cette nuit, demain matin vous devrez rejoindre votre destination finale non loin de la frontière française. Les indications sont dans la boite à gants de la voiture qui vous attendra à Ulm. »
Ainsi donc, nous étions contraints à résidence en Allemagne. Pas si mal comme destination, j'avais un vague reste d'allemand provenant de mes études. Je m'appuyai sur le dossier, cherchant à oublier tout ce qui était négatif, je devais me concentrer sur l'essentiel et l'essentiel était là à l'intérieur de moi et à mes côtés.
La route ne dura qu'une heure et demie. J'avais regardé défiler le paysage de ce pays inconnu, me demandant comment j'allais pouvoir m'intégrer. La peur me tenaillait à nouveau mais je la refoulai, déterminée. De ma vie, je n'avais été si sûre d'une chose : mon travail, ma famille, tout ce que j'aimais au final allaient cruellement me manquer mais je savais que cette décision était la bonne. Non, elle était la seule possible pour que je puisse vivre réellement.
Il était midi quand nous découvrîmes la petite maisonnette qui nous attendait à la sortie de Ulm. La propriétaire était une jeune femme assez affable, elle nous salua et Brody lui répondit machinalement dans un allemand parfait. Je fus étonnée de cette aptitude que je ne lui connaissais pas, et me rendis compte que j'ignorais beaucoup de chose de lui.
Tu connais l'essentiel, me rassurai-je.
Elle enchaina sur une discussion dont Brody participa que minimalement, nous conduisant à notre chambre d'hôte située à l'étage. Elle était modeste mais confortable et absolument ce qu'il nous fallait : isolée et silencieuse. Je fis rapidement le tour de la fenêtre je n'avais vu que sur un jardin traversé par un ru. Notre chauffeur était déjà loin, pensai-je, parti lui aussi sans un mot. Nous étions seuls désormais.
« Demande-lui où est notre voiture, s'il te plait. »
Brody allait s'exécuter mais elle me répondit avec un sourire.
« Je comprends américain un peu. Votre voiture est dans l'allée. »
Je l'avais vue, je pensais que c'était la sienne. Nous la remerciâmes. Elle nous quitta non sans nous proposer de déjeuner, j'avais faim, je trouvais l'idée tentante mais un seul coup d'œil à Brody m'en dissuada.
« Non, ça ira merci.
—Elle déjeunera avec vous », décréta-t-il sans même me regarder. « Je vais faire un somme. »
Pour appuyer ses dires, il alla s'allonger sur le lit deux places qui me tentait bien aussi. J'étais éreintée.
« Brody… », commençai-je à contester.
« Il est hors de question que tu restes sans manger. Vas-y, je ne bouge pas d'ici. »
Il avait déjà fermé les yeux, je décelai un besoin de prendre soin de moi malgré l'abîme qui nous séparait. J'obtempérai donc, sans chercher à polémiquer. Dans l'embrasure de la porte, je fis une halte, mal en point à l'idée de le quitter ne serait-ce qu'une minute. Je ne savais pas ce qu'il y avait dans sa tête car après avoir découvert que malgré son acte héroïque, son pays l'avait renié, il n'avait rien exprimé, comme s'il s'y attendait. Qu'espérait-il de la vie ? Qu'attendait-il de moi ? Voulait-il réellement une vie à mes côtés ou était-il obligé de me suivre parce qu'il n'avait pas d'autre solution ?
« Vous pouvez déjeuner dans chambre, si vous souhaitez », me proposa amicalement la jeune femme.
« Merci Mademoiselle. »
Je ne connaissais pas son nom, ni elle les nôtres. Elle recula et me chuchota : « Je reviens. »
Elle referma la porte, mes pas me portaient déjà vers Brody. Assis au pied du lit, je défis mes chaussures, massai mes pieds endoloris. Il ouvrit un œil.
« Tu parviens toujours à tes fins ». Il était grave, pourtant je percevais une ombre de sourire. Il tendit le bras vers moi, je me glissai par petits coups vers lui, toujours assise. Il encercla ma taille, posa sa tête près de ma cuisse. « Carrie, qu'est-ce qu'on va faire ? »
Je caressai doucement son crâne qui picotait la paume de ma main, ébauche de ses cheveux qui repoussaient à mon plus grand plaisir. « Nous allons manger, prendre une douche et dormir. Ensuite nous irons là où nous serons en sécurité.
—Nous ne serons jamais en sécurité nulle part », me contredit-il en fermant les yeux.
« Cela m'est égal, tant que nous sommes tous les trois. »
C'était ma seule réalité désormais.
La suite bientôt.
