L'amour est bien cruel

Auteur : Inrainbowz (surprise !)

Rating : M pour le langage et quelques scènes (dans les chapitres suivant) mais je préviens tout de suite qu'il n'y aura PAS de lemon, enfin pas clairement explicite qui dure cinq paragraphes et tout.

Disclaimer : Malgré un OOC plus ou moins flagrant, les personnages dorigine et notament leur plastique appartiennent à Masashi Kishimoto.

Résumé : UA, un peu OOC, je m'en rends compte au fur et à mesure. Naruto et Sasuke, deux jeunes adultes blasés, se rencontrent par hasard au gré de leur soirée de débauche. Et boum.

Note : Je travaille sur cette fic depuis un moment (j'ai deux-trois chapitre d'avance pour pas trop faire poireauter, gloire à moi !) et personnellement elle me plait bien. Je sais que certain peuvent trouvé les persos OOC (pour Itachi j'avoue que je me suis lâché, mais ça me faisait trop marrer), et je sais que ça ne plait pas forcément, mais je l'ai voulu comme ça. J'avoue que ce n'est pas mon but premier de respecter les originaux, disons que c'est une interprétation, et de toute façon, c'est un UA, donc difficile de faire autrement. J'espère que ça vous plaira quand même. Il y a une quinzaine de chapitre de prévu (je suis pas rendu moi...) et voici donc le premier ! Merci à Toumies pour l'avoir corrigé (elle a dit que je faisait moins en moins de faute ! C'est vrai !).

J'ai hésité à publier cette fic. Je sais pas trop pourquoi . Rien ne change, j'ai beau publier, c'est toujours la même sensation au final. La trouille. Parce que même si j'écris pour moi, j'ai quand même envie que ça plaise, parce que c'est aussi le but, que ça me réconforte. Et là je commence ma troisième fic longue (les fics longues c'est largement pire que les OS) et j'ai toujours autant la trouille. C'est débile. Évidemment que j'accepte les critiques négatives, si on progresses pas je voit pas l'intérêt. Mais ça fait toujours un peu mal quand même. Alors ne soyez pas trop sévère avec mon travail s'il vous plait !

Bonne lecture à vous !


Mon amour n'est pas à vendre

Les visages et les silhouettes se confondaient, mouvants, se brouillant peu à peu en un gribouillage diffus, masqué par l'épais écran de fumée qui stagnait dans l'air, lourd et moite de sueur de cet énième lieu de débauche où il gaspillait son temps et son argent. Il avait la sensation de vivre plus de nuit que de jour ses derniers temps tellement il voyait peu la lumière du soleil. L'alcool embrumait agréablement son esprit, le contraignant à l'inactivité intellectuelle qu'il avait d'ordinaire tant de mal à atteindre. Il aimait venir se saouler au bar jusqu'à en oublier où il habitait. Il oubliait tout, toute cette vie qu'il se trainait, morne et fade, où les jours se suivaient et se ressemblaient, sans saveur ni couleur.

La musique emplissait son cerveau vidé de pensées cohérentes. Il aimait la musique. Surtout celle-là. Celle qui se passe de parole, qui se contente de rebondir avec un rythme régulier, obsédant, où il n'y a pas besoin de réfléchir, juste à vibrer. L'alcool le faisait en général penser ainsi. Avec calme et détachement, et une certaine poésie il faut le dire. Ce n'était pas le cas le reste du temps. Le reste du temps, il résonnait en toute circonstance avec un pragmatisme à toute épreuve. Pas de place pour les sentiments. Il était avare de réactions émotionnelles et d'émotions en général. Les gens le disait froid comme la glace et aussi insensible qu'un bourreau devant une potence. Il ne disait rien : les gens n'avaient pas tort.

Il jeta un regard paresseux aux deux greluches qui gloussaient à sa droite sur la banquette, recouverte de velours usés et tachés de diverses substances dont il valait mieux ne pas connaître la provenance. Il eut un réel élan de pitié pour ces pauvres gourdes au QI de bigorneaux qui semblaient réellement croire qu'il allait leur faire des avances – et qui ne se gênaient pas pour le montrer. L'exaspération lui fit avaler son verre cul-sec. Il frissonna légèrement en sentant le whisky faire un passage express dans sa gorge en brûlant sa trachée avant de lui réchauffer agréablement l'estomac, puis il décida de se lever avant de se faire agresser par le duo de pouffe en chaleur. L'inactivité forcée auquel l'avait contraint le joint particulièrement chargé qu'il s'était roulé plus tôt l'avait remonté à bloc, il avait envie de danser. Et d'aller pécho. Il sourit pour lui-même en songeant qu'il commençait à parler – ou du moins à penser – comme son idiot de frère. Itachi avait beau avoir quatre ans de plus que lui – et donc entamer fièrement sa vingt-cinquième année de parasitage actif – question maturité, il ne valait pas mieux qu'un collégien drogué aux hormones, le problème résidant bien sûr dans le fait qu'il n'était PAS un collégien boutonneux mais un superbe éphèbe ténébreux qui, à l'instar de son cadet, pouvait donc pécho qui il voulait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. En une nuit, ses conquêtes n'avaient pas le temps de se rendre compte que son profil comportemental se rapprochait de celui d'une enfant de huit ans pour tout ce qui ne concernait pas le sexe ; il avait donc une réputation de Dom Juan, ce qui le sidérait, lui, son frère, qui le voyait toutes les semaines râler parce qu'il n'y avait pas de jouet en plastique dans le paquet de Chocapic acheté par leur mère.

Il avait envie de pécho, donc, comme le disait si brillamment son ainé. Il avait envie de ramener le mec le plus potable qu'il pourrait trouver chez lui et de se le faire particulièrement brutalement avant de le jeter. Il avait le sentiment qu'il se sentirait mieux après. Un excellent remède à sa déprime consistait à faire souffrir un autre être vivant, humain de préférence. Ça marchait sur lui, en tout cas. C'était en général la méthode qu'il appliquait pour pallier au manque d'intérêt de sa triste existence. Ou alors il s'abrutissait des nuits entières sur des jeux vidéo en ligne qui faisait l'objet de reportage choc sur M6 pour leur danger sur la santé mentale et la vie sociale des joueurs. Il chercha un peu dans la foule, essayant de repérer rapidement un mec potable pour se tirer rapidement de ce trou à rat.

« Sasuke ! »

Ah, dommage.

Il leva les yeux au ciel jusqu'à cacher ses pupilles charbons, en songeant avec amertume à quel point il aimerait être une fille, rien que pour avoir le plaisir de dévisser la tête de la pimbêche, qui venait de geindre son prénom, à coup de baffe sans que cela ne se transforme en scandale de misogynie. Il avait de l'affection pour elle, enfin, c'est ce qu'il se disait. Il en avait eu, en tout cas, c'est sûr. Mais maintenant... et bien maintenant, le chewing-gum rose qui avait été sa meilleure amie d'enfance s'était transformé en une adolescente en chaleur et il se trouve qu'elle avait jeté son dévolu sur son plus vieil ami, à savoir lui-même. Sasuke soupira longuement, tête baissé pour ne pas qu'elle le surprenne et lui pète un scandale dans la boîte de nuit bondée – il avait déjà donné. Il ne comprenait pas pourquoi elle agissait ainsi. Elle savait pourtant bien qu'il se tournait de plus en plus vers les hommes, lassé justement des femmes et de leur stupidité naïve, et que de plus il se comportait comme un vrai salaud, avec tout le monde, elle comprit, et qu'il n'aimait personne. Il ne comptait plus les fois où il l'avait fait pleurer d'humiliation, pourtant elle revenait toujours, porté par un sentiment qui le dépassait tant il était abstrait : ce qu'elle appelait l'amour.

Sasuke Uchiwa avait cessé de croire à l'amour de conte de fée le jour où il avait vu sa mère claquer la porte de leur maison à son père et à sa secrétaire nue dans le lit conjugale. Sa première expérience sexuelle et la fille qui allait avec, une garce de sa classe de première, l'avait durablement traumatisé des relations amoureuses établies avec une personne de sexe féminin, qui qu'elle soit. D'ailleurs, le fait que la secrétaire de son père s'établisse finalement dans la chambre voisine de la sienne n'avait pas aidé. Cette femme était plus gourde que Sakura et Ino, sa meilleure amie, réunies, et de très loin, ce qui n'était pas peu dire. Mais bon, sa mère n'avait pas pris la peine de l'emmener avec elle en quittant leur pays. Lui qui l'adorait au-delà du raisonnable – comme la plupart des garçons sans doute – en avait été brisé, du haut de ses six ans. L'environnement aidant, il était donc devenu un enfoiré notoire et ne s'en plaignait pas. Parce que l'amour, franchement, quelle blague.

Blague de très mauvais goût.

« Sakura... c'est marrant qu'on se croise comme ça, j'avoue que je m'y attendais pas...

– Je suis venu avec quelques amis. C'est vrai qu'on ne te voit plus beaucoup ces derniers temps. Une nouvelle conquête ? »

Bien sûr, des nouvelles conquêtes, il en avait une par semaine. Ce n'était pas ça qui allait l'occuper. Était-elle stupide ? Elle était obligée de hurler pour couvrir la musique, ce qui rendait sa voix encore plus stridente et, aux oreilles de Sasuke, encore plus insupportable. Il ne supportait pas grand-chose. En fait, et il s'en rendait de plus en plus compte, il était quelqu'un d'exécrable.

« Laisse tomber. Je me casse »

Et avant de lui laisser une chance de répliquer, il fut avalé par la foule dégoulinante de sueur qui se frottait sur la piste et disparut. Elle chercha un moment des yeux sa tignasse noire puis, dépitée, retourna vers ses amis qui l'attendaient à une table en retrait.

« Bah alors ? Tu l'as pas trouvé ?

– Si, mais il s'est barré »

Ino soupira d'exaspération.

« Putain, t'es vraiment nul, t'aurais pas pu le retenir ?

– Ino, sérieux, ta gueule. »

Les autres membres de la table assistèrent avec désespoir à la joute verbale d'un haut niveau de maturité qui s'engagea, un verre à la main. Ils étaient une demi-douzaine à avoir suivi les deux filles pour rencontrer « le mec le plus génial de la terre » et se trouvaient bien con maintenant.

Ino, dont les cheveux blond et les yeux bleus clairs ne démentaient aucunement le stéréotype de la blonde à la finesse d'esprit inversement proportionnelle au tour de poitrine, se tourna vers le petite groupe.

« Bon bah qu'est-ce qu'on fait alors ? On danse ? »

La proposition reçut toutes les voix, à part une.

« Moi je rentre, merci bien.

– Bah non, Naruto, reste un peu, il est super tôt !

– Tant mieux, avec un peu de chance je pourrais choper le dernier tram. Salut. »

Ino regarda le blond s'en aller, légèrement inquiète. Il avait l'air préoccupé, ces derniers temps. C'est pour ça qu'elle avait insisté auprès de Sakura pour qu'il rencontre Sasuke. Le brun était tellement glauque que tout le monde se sentait tout de suite plus vivant à côté de lui. C'était un moyen comme un autre de relativiser. Elle avait échoué à remonter le moral de son ami, alors elle pouvait toujours se rattraper en entretenant le sien. Elle alla se coller à la rosée sur la piste pour faire baver quelques idiots et oublia ses deux amis et leur rencontre avortée. Elle ne le savait pas, mais, à quelques rues de là, son plan se réalisait de lui-même.

XxX

La foule était si dense, les corps si serrés, emmêlés en un amas monstrueux et hurlant, qu'ils auraient sans doute pu faire l'amour au milieu de tous ces gens sans que personne ne s'en rende compte. Et plus encore, sans que personne ne s'en formalise. Le jeune homme aux cheveux blond, qui répondait au nom de Naruto et qui avait quitté la table de ses amis quelques minutes plus tôt, n'avait pas pris la direction de son appartement, comme il l'avait sous-entendu. S'il avait dû courir pour prendre in-extremis le dernier passage de la ligne 1, ce n'était pas pour aller s'enterrer dans son lit. Il s'était enfoncé dans les rues étroites de la ville pour se rendre dans un lieu encore plus mal famé que le premier ; une boîte de nuit/stock de cocaïne/maison close caché derrière une façade de pierre vieillie et un nom ridicule, loin derrière les quais de la Fosse : le Rainbowz.

Il aimait cet endroit comme on aime la vieille maison grinçante et pleine de courant d'air de la vieille tante Abigaëlle qui sent le moisi : on est obligé d'y aller pour retrouver la famille. Une fois là-bas, on se dit qu'on n'aurait vraiment pas dû venir mais finalement on finit toujours par y retourner, parce qu'on « n'échappe pas à la famille ». Pour lui, le Rainbowz, c'était pareil. Ça puait, c'était sale, en ruine, et les gens étaient tous des cas sociaux, pourtant il ne pouvait pas s'empêcher d'aller se noyer parmi eux quand il le pouvait.

Sasuke poussa la porte en bois pourri du club à la suite d'un garçon blond dont la chute de rein le décida immédiatement à en faire sa proie de la soirée.

XxX

Je vais le tuer, ce type.

Sasuke, accoudé au bar – si on pouvait qualifier de bar le comptoir usé derrière lequel jonglait un des serveurs – finissait de broyer entre ses mains le gobelet en plastique qui avait très brièvement connu son quatrième verre de whisky coca. Son attention était monopolisée par le garçon croisé à l'entrée, celui qui avait les cheveux blonds, les yeux bleus et un cul parfait de son point de vue. Celui qui depuis qu'ils étaient arrivés, une heure auparavant, s'appliquait à l'ignorer, à le provoquer, et à l'humilier cordialement – même si pour ce dernier point, il était le seul à le voir ainsi. Rien à faire, le blond ne voulait pas se laisser faire et ça l'énervait prodigieusement. Ce n'était pas qu'il ne plaisait pas à l'écervelé : les quelques minutes où il avait réussi à se faire accorder une danse avant que l'autre ne volète vers un autre prétendant comme s'il en était un parmi tant d'autre, il avait tout de même pu capter le regard céruléen, allumé par un désir contenu, se poser avec gourmandise sur son corps dénudé par leur danses incessantes. C'était pourtant clair : le blond se foutait de lui. Il avait envie de céder, c'était écrit sur son front mais il s'y refusait. Il le faisait mariner. Cet abruti se permettait de le faire mariner, lui.

À cinq heures du matin, les drogués ont fini leur trip et s'endorment à même le sol, les couples sont déjà partis trouver un coin plus tranquille, et ceux qui n'ont pas trouvé chaussure à leur pieds rentrent chez eux la bite sous le bras. Sasuke n'était jamais reparti d'une soirée bredouille quand il avait décidé de finir en bonne compagnie. C'était d'ailleurs lui, qui, la plupart du temps, raflait la meilleure prise du gratin, homme ou femme. Il était cinq heures du matin et cet enfoiré de blond de m*rde était en train de se finir au bar à coup de tequila sunrise. Sans lui prêter la moindre once d'attention. Il allait faire un meurtre, assurément. Jamais il n'avait subi un tel affront, et la quantité astronomique d'alcool qu'il avait dû absorber pour se retenir de casser la gueule de tous les losers qui avaient gravité autour de SA proie toute la soirée durant ne l'aidait pas à se calme. Non pas que ça l'aurait dérangé de briser quelques nez, mais il se serait vu bannir du club miteux qu'il affectionnait mine de rien, même si ça sentait les égouts et que le plupart de sa population étaient les loques humaines tout juste bonne à fouiller les poubelles. Dieu sait si ça l'aurait soulagé, pourtant, de faire avaler sa langue à ce rouquin minable qui avait tourné autour du sien des heures durant avant que son gibier n'achève l'impertinent d'une remarque d'une rare méchanceté – quelque chose à propos du courage qu'il devait avoir pour oser sortir saper comme il l'était – ce qui avait convaincu Sasuke que, décidément, il fallait qu'il se le tape, celui-là. Mais voilà, « celui-là » ne semblait pas vraiment disposé à se mettre à ses pieds et il était bien le premier. Complètement déchiré et frustré sexuellement, le brun décida tout de même d'aller rejoindre son objectif au bar, et par la même occasion, commander son seizième shooter de vodka, histoire de rester dans l'ambiance.

Au moment où il rejoignait le comptoir, peu assuré sur ses jambes, le blond jura en fouillant ses poches :

« Et meeeeeerde, j'ai oublié mon portefeuille... »

Le barman, un quadra parfaitement ton sur ton avec son bar moisi, ricana de bon cœur :

« Et bah, c'est malin, idiot. Tu vas devoir me payer en nature...

– Tu rêves Kakashi, plutôt baiser une chèvre. Je repasserais dans la semaine. Ça te va ?

– Je peux t'avancer, si tu veux. »

Sasuke s'était introduit dans la conversation comme une vieille connaissance, parfaitement à l'aise dans sa réflexion de mec bourré.

« Quelle technique de drague subtile ! Tu as été plus fin que ça jusqu'ici... »

Le brun nota évasivement que son interlocuteur se foutait de lui mais trop peu lucide pour s'en offusquer, il continua sur sa lancée.

« La subtilité ayant foiré, il faut bien que je tente ma chance autrement...

– En m'achetant ?

– En rendant service moyennant une compensation.

– Désolé, chéri. Mon amour n'est pas à vendre. Kakashi, je repasse mercredi. Salut ! »

Et le brun dut contempler, impuissant, sa proie la plus coriace lui filer sous le nez et rentrer chez elle d'un pas jovial. Il s'effondra par terre, assis dos contre le comptoir et soupira d'agacement.

« Putain, le con... »

Compatissant, Kakashi lui tapota l'épaule du bout des doigts par-dessus le plateau de bois.

« Tu apprendras que Naruto est un vrai chieur, et têtu en plus.

– Naruto hein ? P'tain... Vous pouvez être sûr que... je vais me le faire, çui-là... cracha-t-il, passablement énervé.

– Reviens mercredi. En attendant, paies ta note. À moins que toi aussi tu aies oublié ton portefeuille ? »

Levant la tête au-dessus de lui, Sasuke vit l'homme lui faire un grand sourire, du moins c'est ce qu'il supposa en voyant son œil droit, seul partie de son visage visible, le reste étant enterré sous un bandeau enroulé autour de sa tête qui le faisait curieusement ressembler à une momie, les cheveux gris en prime. Sasuke se demanda brièvement pourquoi il ne lui avait jamais adressé la parole autrement que pour commander un verre auparavant : le barman gagnait sans doute à être connu, ne serait-ce que parce qu'il devait connaître personnellement la moitié des dealers de la ville, puis il décréta que c'était sans doute parce que, d'une manière générale, les gens le gonflaient. Il paya ses consommations – une somme conséquente – et quitta la boîte, ou plutôt il se fit mettre dehors par Kakashi, qui était aussi le proprio, pour qu'il puisse fermer. Sasuke retrouva tant bien que mal sa voiture. Il s'endormit au volant et resta encore quelques heures sur le parking de l'immeuble décrépit d'à côté, avant de faire vrombir le moteur de sa R5 et de rentrer chez lui.

La R5, c'est parce que ses parents – enfin, son père – avaient décidé, il y a longtemps, que son frère et lui devrait faire l'expérience de la vie et se démerder tout seul pour se payer leur première voiture, pour leur apprendre à ne pas compter uniquement sur le compte en banque du paternel. Parce qu'en plus d'être extrêmement riche, à la tête d'une des plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales, et dans la force de l'âge, le père de Sasuke et Itachi, Fugaku Uchiwa, se prenait également pour un grand pédagogue et un philosophe et était aussi un vrai rapiat. Sasuke se rappelait parfaitement du jour de ses douze ans où son père lui avait solennellement annoncé qu'à partir de maintenant, il devrait se débrouiller s'il voulait plus que les malheureux cinquante euros que son père consentait à lui céder de sa fortune chaque mois. Depuis cette époque, il s'employait donc à remplir lui-même son compte bancaire et utiliser avec modération la carte de crédit qu'il avait reçu en même temps que le sermon.

Vers huit heures du matin de ce dimanche-là, il rentra donc chez lui, dans une des communes bourgeoises en bordure de la ville, dans sa caisse pourrie. Il passa furtivement par la porte de derrière qui menait directement à la partie de la maison qui leur était réservée, à son frère et lui, depuis qu'ils étaient en âge de venir s'envoyer en l'air dans le domaine familial. Il pénétra discrètement dans sa chambre. Celle d'Itachi était située en face, et même si les murs étaient plutôt bien insonorisé, cet abruti laissait toujours sa porte ouverte – à part quand il ramenait quelqu'un, cela va de soit – et se plaignait ensuite d'être réveillé par son cadet qui revenait de sa courte nuit au petit matin. Il referma doucement sa propre porte et s'étala sur son lit. Tout ce qui était dans cette chambre, hormis les meubles, étaient donc le fruit de son labeur. Heureusement pour lui, son père n'avait pas précisé de quelle manière son fils était censé se procurer de quoi se vêtir et se payer les sorties entre amis ; et il valait mieux pour lui qu'il ne l'apprenne jamais. Sasuke, malgré sa fatigue, ne s'endormit pas immédiatement. Il repensa à ce jour, à son père et son air de pseudo-sagesse lui assénant qu'il devait se préparer dès maintenant à la gestion de leur empire, et bla bla bla. Il survola vaguement les cours qu'il avait le lendemain sur l'emploi du temps punaisé au-dessus de son bureau. Polytech', c'était une initiative de son père, bien sûr. S'il l'avait pu, lui, il serait devenu proxénète, boxeur ou designer industriel. Il soupira et ferma les yeux. Sa dernière pensée, bien moins déprimante, fut que mercredi, le blond là, ce Naruto, il allait lui faire sa fête.

Il se réveilla vers seize heures, le cerveau au ralenti, et se traina jusqu'à sa salle de bain où il se doucha longuement. La douche était un moyen efficace de passer à autre chose, de mettre de côté la partie de sa vie qui avait précédé, en l'occurrence sa nuit dehors et sa frustration. Il avait l'impression de laver ses pensées et ses excès en même temps que sa peau, la frottant parfois avec un acharnement insensé. Il restait toujours nu aussi longtemps que possible après s'être douché, en mettant de l'eau partout sur la moquette noire qui recouvrait le sol de sa chambre impeccable. La pièce était noire et blanche. « Comme toi, S'ke » disait son frère en écorchant volontairement son prénom. Comme lui. Peau blanche, cheveux et yeux noirs. Tout droit sorti d'un film des années 30. Même ses fringues étaient noires la plupart du temps, tout comme son humeur et ses pensées. Après un détour par la cuisine, il revint s'atteler à la tâche la plus chiante qu'il était condamné à faire, pire que de faire le ménage, pire que de tondre la pelouse, pire que de repasser des fringues parce « la femme de ménage est pas payée pour ça ». Il devait travailler. Ses études l'ennuyaient et la seule raison pour laquelle il s'y attelait consciencieusement était que quand il aurait un diplôme en poche, conforme aux vœux de son père, celui-ci lui lâcherait enfin la bride. Et là, ce serait le grand jour : il pourrait enfin se barrer définitivement de cette maison et ne plus jamais y revenir. Il serait libre.

Cela faisait deux heures qu'il était peinard. Il était dix-huit heures. Ce qui signifiait qu'il devait se préparer psychologiquement à recevoir « l'envahisseur » comme il l'appelait dans sa tête. Il rangea doucement ses affaires et on frappa à la porte. Plus prévisible que son frère ainé, ça n'existait pas.

« S'ke, je vais mourir… »

Le cadet leva les yeux au ciel et laissa entrer son aîné en soupirant. Itachi était au moins aussi accroc aux soirées alcoolisés que lui, mais là où Sasuke se réveillait le lendemain avec tout juste un petit mal de crâne, son frère lui se tapait des gueules de bois phénoménales qui en auraient découragé plus d'un de retoucher à un verre de gnole. Seulement, l'aîné Uchiwa n'était pas comme le commun des mortels. Il était à la fois incroyablement intelligent sur le plan intellectuel et totalement stupide pour tout ce qui concernait sa vie sociale en dehors de son boulot – il était mathématicien. Ce paradoxe impressionnait grandement Sasuke d'ailleurs, qui trouvait formidable de pouvoir avoir deux opposés aussi extrêmes chez une seule personne. Ce n'était donc pas le marteau piqueur qui ruinait son cerveau ou la gerbe qui le prenait occasionnellement au réveil qui allait empêcher Itachi Uchiwa de se la coller une fois par semaine avec ses amis scientifiques.

« S'ke, tu voudrais pas me présenter à tes copines ?

– Elles sont toutes prises ou débile.

– Mais j'm'en fous, je veux baiser des p'tites jeunes, je vois pas où est le mal. »

Et non, il ne voyait pas. Si Sasuke se spécialisait dans les coups d'un soir ou de quelques heures et les rapports à partenaire multiple, Itachi lui donnait dans le brisage de couple et les filles qui avaient minimum cinq ans de moins que lui.

« Ita, tu sais que tu vaux pas mieux que moi…

– Normal, on est frère. »

Et sur ces bonnes paroles, l'aîné s'assoupit, en travers sur le lit de Sasuke. Celui-ci esquissa un sourire. S'il y avait bien une personne qu'il pensait aimer, au moins un peu, c'était son frère. Sans doute parce qu'il ne le jugeait pas, parce que, de toute façon, Itachi était encore pire que lui. Sasuke décida d'imiter son frangin. Il se coucha à côté de lui sur la place qui restait, où il s'endormit tout habillé au bout de quelques minutes.

A suivre


Alors alors alors ? T'excites pas, y'a pas de quoi non plus... Toi et tes encouragements... Tu t'en fous, tu m'écoutes jamais. Heureusement parce que si je t'écoutais, j'écrirais plus, et je me serais déjà jeté d'un pont ! Faut toujours que t'exagères... Bon, laissons de côté ces querelles puériles et revenons-en à la raison de votre présence ici (si tant est que présence il y ait). Vous en avez penser quoi ? Un petit effort, vos avis sont important pour moi ! Et pour ton ego. On ne me laisse pas que des trucs sympas tu sais...

Bon ça se met doucement en place. Le happy end est pas pour maintenant, c'est moi qui vous le dit... Les autres chapitres feront tous à peu près cette taille là (déjà honorable, non ?) et viendront à un rythme probablement chaotique (on se refait pas).

Cette fic se passe chez moi. J'inventerais pas de lieux, à part bien sur le Rainbowz, parce que je connais pas de bar à tapin en vrai et que sans rire, vous croyez vraiment qu'il y a un bar à mon nom ? C'était totalement prétentieux de ta part de donner ton pseudo à un lieu de ta fic. M'en fous.

A plus !