Le jour de la rentrée, les clubs du collège Teikou s'amassent dans la cour dans l'espoir d'attirer des premières années à leurs rangs. Les clubs de sport organisent des matchs amicaux sur leurs terrains spécifiques, ceux de musique interprètent des chansons dont les noms ne sont plus à rappeler, ceux du talent d'arts exposent leurs œuvres,...

-C'est quoi, au juste, cette toile ? Demanda un adolescent laissé perplexe devant celle-ci.

-Quoi, ça ? Intervint l'un des membres du club. C'est un tableau démontrant la persévérance et l'obstination vécue par des joueurs de basket-ball après un match intensif. Ça ne se voit pas ?

L'élève de première année inclina son visage pour observer la toile sur son angle droit, puis sur son angle gauche, mais ne vit sur celui-ci qu'un groupe d'hommes en maillots écroulés au sol. Tous ont des teints cadavériques. L'un d'eux tend sa main vers la balle orange mais il n'a pas la force de lever son visage ou de ramper vers l'objet sphérique. Le spectateur de cette scène en eut des sueurs froides. Voilà qu'il contemple des joueurs qui viennent de perdre leur dernier match et gisent sur le parquet du terrain comme des morts qui ont vidés toutes leurs forces dans celui-ci.

Il se tourna vers l'artiste, impatiente d'écouter son jugement. Il s'éloigna prudemment de celle-ci et prétendis aller voir d'autres toiles. Elle se tourna vers un autre groupe, observant son chef-d'œuvre en ce demandant où elle a put puiser son inspiration. Quand ils comprirent qu'ils étaient ciblés, ils prirent la poudre d'escampette avant qu'elle n'ait put les retenir.

-Cette Hinoa nous fait perdre des membres potentiels ! Grogna de mécontentement l'un de ses camarades de classe. Celui-ci jeta sa casquette au sol et alla vers Hinoa pour lui vociférer au visage ce qu'il n'a jamais cessé de lui répéter depuis deux ans.

-Quand est-ce-que tu cesseras d'effrayer les premières années ?

-Ces pieds tendres ? C'est qu'ils ne connaissent rien à mon art. Je ne vois même pas l'intérêt de les faire inscrire dans notre club s'ils ne peuvent voir la beauté cachée dans mes œuvres.

-Je ne vois pas ce qu'il y a de beau à dessiner des cadavres en shorts noyés dans leur propre sueur. Parfois tu me fais vraiment peur.

Hinoa se tourna dos à son camarade. Il soupira et partit vers un groupe d'intéressés pour leur présenter les fiches d'inscriptions à remplir. La jeune fille passa ses mains derrière son crâne pour refaire son chignon. La voilà en troisième année, mais malgré l'expérience accumulée en prenant pour modèles des sportifs ne lui a apporté aucune admiration de la part de son entourage. Pas même leur sympathie, seulement leur frayeur. Elle regarda son tableau, auquel elle ne trouvait rien à lui reprocher. Elle remarqua devant celui-ci un jeune homme. Venait-il d'arriver dans la galerie ? Était-il avec les autres premières années sans qu'elle ne l'ait remarqué ? Au contraire des autres, il reste neutre devant son tableau. Hinoa s'approcha de lui.

-Comment tu trouves mon ouvre ?

Il se tourna vers l'artiste, qui remarqua dans ses yeux bleus un regard vide. Il est déçu par son travail ? Ou alors il ne s'intéresse pas aux dessins ? Peut-être vient-il seulement voir la galerie exposée par son club pour tuer son ennui ?

-Tu as pris ces joueurs sur le fait ?

-Je ne le fais jamais pour mes tableaux, mais je regarde le club de basket lorsqu'il s'entraîne pour m'inspirer. Tu aimes bien ce sport ?

-Je ne suis pas sportif, ni un bon dessinateur.

-Roh, tout le monde dit ça mais on peut toujours s'améliorer. C'est pas comme si c'était difficile de tracer des cercles et des droites avec les outils appropriés. La salle du club est ouverte, tu veux que je te montre d'autres de mes tableaux ?

-Pourquoi pas ? Haussa-t-il des épaules.

Hinoa vit en lui un bon apprenti. Même s'il ne voudrait pas le devenir, au moins elle a trouvé une personne devant laquelle elle peut exposer ses travaux sans qu'elle ne fut dégoûtée par la première. La jeune femme passa des mèches brunes derrière ses épaules et l'emmena au bâtiment. Elle fit ouvrir à son accompagnateur les portes de l'atelier où elle aimait peindre dans une ambiance sereine. Elle s'avança vers un grand placard pour en sortir ses œuvres. Elle les aligna sur une table, le jeune étudiant passa devant chacune d'entre elles en les détaillant vaguement du regard.

-Alors, qu'en penses-tu ? Ne te retiens pas de dire qu'elles sont superbes, ou même moches si elles ne te plaisent pas. Tu ne seras pas le premier à le dire.

-Non, elles me plaisent bien.

Hinoa se sentit défaillir. Jamais personne n'a aimé ses créations, même ses parents l'ont envoyé voir des psychologues chaque fois qu'elle leur exposait ses travaux. Elle a arrêté de le faire après avoir passé un test prouvant que sa santé mentale n'est pas anormale.

-Au faite, quel est ton nom ?

-Tetsuko Kuroko. Et toi ?

-Hinoa Kagami. Dis, le basket t'intéresse ?

-Pas vraiment... mais je connais quelqu'un que ça pourrait intéresser.