Hello !
Ceci est, comme vous pouvez le constater, un UA supernatural qui se déroule plus ou moins dans le domaine de la spéléologie. Du moins, c'est comme ça que ça commence. C'est la première fois que je tente un univers alternatif, j'espère que le résultat sera concluant.
Bonne lecture !
Pour la première fois de sa carrière, Dean se sentait mal à l'aise. Il n'y avait pas de quoi, pourtant. Il venait juste de commencer la descente, le sol était encore suffisamment plat pour qu'il puisse se déplacer sans avoir à se retenir aux roches, et le plafond suffisamment haut pour qu'il puisse se tenir plus ou moins verticalement. Son matériel était en parfait état –il avait vérifié trois fois avant de partir- et son téléphone captait encore suffisamment pour lancer un appel de détresse si cela s'avérait nécessaire, ce qui était relativement miraculeux étant donné qu'il était déjà plusieurs mètres sous terre. Il avait appris le plan des grottes par cœur, il n'était pas le premier à les explorer. Bien entendu, des éboulements s'étaient produits depuis la dernière fois que quelqu'un s'était aventuré ici, mais la topologie des lieux devait être restée globalement la même.
Il ajusta la luminosité de sa lampe frontale pour examiner les différentes galeries qui se présentaient à lui. C'est là que les choses sérieuses commençaient. Un des cinq couloirs était bien trop étroit pour qu'il puisse s'y risquer, il l'élimina donc d'office. Il s'avança vers le plus petit des quatre restants, secouant la tête pour chasser la petite voix qui lui murmurait que ce n'était pas raisonnable. Elle sonnait étrangement comme celle de son frère. Mais il savait ce qu'il faisait. Son autorisation d'explorer seul la zone avait été obtenue à coups de diplômes et de lettres de recommandation, il était loin d'être un amateur. Il ne se lancerait jamais dans quelque chose s'il n'était pas absolument certain d'en sortir vivant. Du moins, c'est ce que les autres croyaient. Lui remerciait principalement la chance et son intuition. Il n'avait pas eu à se plaindre de cette méthode jusqu'à maintenant.
Le sentiment de malaise ne le quittait pas, et ce n'était pas normal. Il était devenu spéléologue justement par ce qu'il se sentait à l'aise sous la terre, spécifiquement quand il travaillait seul. C'était un métier dangereux, mais il se sentait à l'abri entre les roches. Protégé. Sam mettait ça sur le compte de son problème avec la confiance. Ce n'était pas un problème d'ailleurs, il n'avait aucune mal à faire confiance aux gens. Il était juste très sélectif. Sammy disait ça parce qu'il était vexé que son frère ait toujours raison, simplement. Et s'il préférait travailler seul, c'était juste parce qu'il n'aimait pas la contrainte. Il voulait être libre de prendre ses propres décisions à n'importe quel moment, voilà tout.
Mais cette fois, il se sentait tout sauf à l'abri. Il sentait comme une pression sur lui, et sa tête l'élançait. Si Dean avait appris une chose lors de ses années en tant que spéléologue, c'est qu'il fallait faire confiance à son instinct. Il s'éloigna du petit tunnel pour sélectionner une galerie plus abrupte mais plus large. Il avait à peine parcouru quelques mètres qu'un énorme grondement se fit entendre. Il se figea. L'important était de ne pas paniquer. Sa main glissa instinctivement vers la petite bouteille d'oxygène qui pendait à sa ceinture, et il se força à garder un souffle régulier. Si l'éboulement avait bloqué l'entrée, il aurait besoin d'économiser l'oxygène. Il fit précautionneusement demi-tour et se dirigea calmement vers la sortie. Un soupir de soulagement lui échappa quand il réalisa que la voie était toujours dégagée. Son regard balaya les autres galeries pour chercher l'origine du grondement.
Il laissa passer un petit sifflement.
« Je jure que je ne me plaindrais plus jamais d'un mal de tête. »
Le petit tunnel qu'il avait prévu de prendre au départ n'existait plus. Contrairement à ce qu'il avait imaginé, ce n'était pas dû à un éboulement. Le passage s'était tout simplement écroulé. La roche était plissée comme si un poids trop lourd avait été posé au-dessus de la galerie, forçant le plafond à rejoindre directement le sol. Sautez à pieds joints sur une boite à chaussures, et vous obtiendrez le même résultat. Si Dean avait choisi ce passage, il ressemblerait maintenant très vraisemblablement à une tarte humaine. Malgré son amour pour les tartes de toutes sortes, ce n'était pas un choix de carrière qui l'attirait particulièrement.
C'était très mauvais signe. En connaisseur, Dean avait quelques idées sur ce qui avait pu provoquer un tel résultat, et aucune n'était spécifiquement bon signe pour la suite de l'expédition. Il observa les dégâts tout en gardant une distance respectable. Rester dans les parages était imprudent, le phénomène avait de fortes chances de se reproduire sous peu. Continuer l'exploration relèverait de l'inconscience la plus pure et traduirait une envie malsaine d'aller se présenter à la Faucheuse. D'un autre côté, Dean n'était là que depuis à peine 40 minutes, et il avait prévu de rester au moins cinq jours dans les parages. Les préparations avaient pris trois semaines et décrocher les autorisations d'exploration encore plus. Il n'était pas le genre de personne à accepter que ses efforts soient gâchés. Par ailleurs, il s'était engagé à rapporter un organisme vivant à son imbécile de biologiste de frère.
Il ne pouvait pas revenir les mains vides, décréta-t-il, sachant pertinemment que Sam préférerait mille fois qu'il rentre plutôt qu'il ne risque sa vie en cherchant une salamandre albinos ou autre bestiole au nom inutilement compliqué. Il prit quand même la peine de remonter pour poster un mail signalant l'évènement et les directions qu'il prévoyait de prendre. Il informa ses responsables qu'il ne prévoyait pas de donner de nouvelles dans les quatre jours à venir, mais qu'il serait sympathique d'envoyer de l'aide s'il ne montrait pas signe de vie après une semaine.
Il vida et remplit son sac deux fois avant de repartir, pour être sûr que rien ne manquait. Dans ce boulot, être précautionneux n'était pas assez. Le niveau de la paranoïa était le minimum exigé. Il vérifia le tranchant de sa machette. C'était un outil relativement inutile, dans la mesure où son harnais était pourvu d'un coutelas spécial s'il venait à se coincer dans les fils qui assuraient sa sécurité, mais il se sentait mieux avec. Au cas où il croiserait un dragon. On ne savait jamais. Il avait découvert des trucs bizarres dans certaines grottes. Ça allait des araignées venimeuses blanches de la taille d'un poing aux vieux ermites à moitié fois qui n'avaient pas croisé la civilisation depuis une bonne vingtaine d'années. Les deux étaient également dangereux.
Une fois prêt, il se remit en route. Il parcourut une certaine distance avant de se résigner à allumer sa lampe. Il appréciait les ténèbres, d'une part, ne rien voir était reposant, d'autre part, il n'aimait pas dépendre de son éclairage. Il préférerait se repérer à la mémoire et au touché, pour être sûr de pouvoir retrouver son chemin quoi qu'il arrive à son matériel. Mais se balader sous terre dans l'obscurité n'était absolument pas pratique, et sa lampe frontale était indispensable s'il souhaitait éviter de se fendre le crâne sur une stalactite.
La première partie de la descente consistait à… eh bien, descendre. Aller suffisamment profond pour que les organismes qu'il puisse découvrir soit un minimum originaux. Il choisissait le chemin à suivre au hasard, à l'instinct plutôt, se faufilant dans ses galeries, rampant et escaladant. Il faisait tout à fait confiance à sa mémoire et à son sens de l'orientation, mais prenait bien soin de noter chacune de ses décisions d'itinéraire à la fois sur la carte qui lui avait été fournie, et sur son journal, où il inscrivait également diverses remarques sur l'état des roches et les petits détails qu'il remarquait. Ces grottes étaient un véritable labyrinthe et il ne pourrait jamais être trop prudent. Descendre n'était jamais le plus dur, c'était remonter qui se révélait toujours être la partie la plus ardue de l'exploration.
Dean mit près de trois heures pour arriver à une profondeur qu'il jugea suffisante. Les galeries s'étaient beaucoup rétrécies et il n'avait pas pu se redresser depuis environs une heure. Il arriva dans une espèce de salle au plafond suffisamment haut pour qu'il puisse tenir debout et décida d'y faire une pause. Il se laissa glisser le long d'une paroi avec un long soupire de contentement. Le plus dur était loin d'avoir été fait, mais tout de même. Il attrapa dans son sac quelques aliments parmi les denrées les plus périssables et commença à manger en réfléchissant à la suite. La prochaine étape consistait à trouver un point d'eau. Déjà parce qu'il en aurait besoin à un moment ou à un autre quand ses réserves arriveront à bout, ensuite parce que s'il voulait trouver une quelconque créature à ramener à son frère, c'était l'endroit où il avait le plus de chance d'en trouver. Il ouvrit son journal. Le carnet avait autrefois appartenu à son père, qui y avait annoté diverses informations utiles sur la faune et la flore sous-terraine en fonction du lieu et du type de roche. Il chercha à travers les pages ce qu'il était susceptible de trouver pour rapporter à son frère. Le choix n'était pas très large par ici, mais les espèces qui s'y trouvaient, bien que peu variées, étaient assez original. C'est pour cela qu'il avait choisi cet endroit. Et aussi parce qu'il avait été peu exploré. Dean aima être parmi les premiers à sillonner des galeries. Il aurait aimé pouvoir s'aventurer plus loin, plus profond, pour pouvoir découvrir de nouvelles espèces. Mais pour cela, il fallait monter une expédition, avec une équipe conséquente, et le jeune homme n'aimait pas travailler en groupe. Spécialement quand ce n'était pas lui qui était en charge de la direction des opérations. Et aussi doué qu'il soit en spéléologie, il était trop jeune pour prendre la tête d'une expédition. Ils confiaient toujours ce rôle à un cinquantenaire aussi savant que lent, et ils n'arrivaient jamais à remplir leurs objectifs.
Il vérifia ses réserves d'eau. Elles étaient suffisantes pour qu'il n'ait pas besoin de reprendre la route de suite. Il pouvait perdre du temps à se reposer. Voire à dormir un peu. Ça paraissait un bon plan. La petite salle était suffisamment large pour qu'il allonge ses jambes et il ignorait s'il aurait de nouveau cette opportunité dans un futur proche. Il enleva ses chaussures et se glissa sans autres préparations dans le sac de couchage. La température était stable, mais suffisamment basse pour que le duvet soit nécessaire. Il se laissa envelopper par la douce chaleur pendant que ses membres se remettaient des diverses contorsions qui leurs avaient été imposées durant la descente.
Quelque chose le réveilla. Il appelait ce sentiment « son intuition ». Ça consistait en une sensation de lourdeur, d'oppression, et à un élancement au niveau des tempes. Quand il était plus jeune, il était allé voir un médecin pour cela, et avait été qualifié de migraineux. Quand il avait commencé à travailler, il s'était rapidement aperçu que cette douleur signalait bien souvent un danger quelconque. Il n'était pas du genre à s'inquiéter. Hey, tout le monde vit des trucs bizarres, ça aurait pu être pire, il aurait parlé à des esprits, avoir la maladie du sommeil ou une autre merde du genre. Au moins son truc était un tant soit peu utile. Il n'était pas infaillible, bien entendu, parfois, il avait l'intuition, et rien ne se passait, parfois, il n'avait pas l'intuition, et quelque chose se passait. Trop réfléchir là-dessus ne mènerait à rien. Il préférait constater qu'il y avait un problème et agir. Pas forcément dans cet ordre.
La sensation bizarre qui l'avait réveillé n'était pas exactement la même que d'habitude. C'était plus comme un étau qui se refermait autour de son cerveau à intervalles irréguliers. Cela s'arrêta assez rapidement mais le jeune homme resta immobile dans son sac de couchage. C'était probablement mauvais signe. Devait-il s'enfuir ? Ça ne serait pas un choix très stratégique. Si un nouvel éboulement survenait, il serait plus en sécurité dans la caverne que coincé dans une des petites galeries qui y menaient. Il commença néanmoins à s'extraire du sac de couchage pour être libre de ses mouvements. Bien entendu, si quelque chose se passait, il ne pourrait pas s'enfuir en courant, seulement en essayant de ramper très vite, mais si le plafond lui tombait dessus, il préférerait ne pas avoir à se dégager du duvet avant de se dégager des gravats. Il eut juste le temps de se dégager avant de se figer, les sens en alerte. Ce qu'il avait entendu était indéniablement un bruit de pas. Sa main glissa doucement jusqu'à sa machette. Peut-être allait-il croiser un dragon, au final. Ça serait un truc vraiment cool à rapporter à son frère. Et au reste de la communauté scientifique. Ils fermeraient tous leur clapet, n'essaieraient de le snober avec leurs noms latins compliqués, et se prosterneraient devant lui. Avec un peu de chance. Ou alors, ça pouvait être une araignée géante ou un ermite. Il resta parfaitement immobile, prêt à bondir sur ses pieds.
Les bruits de pas se rapprochaient. Leur propriétaire ne semblait pas particulièrement s'inquiéter d'être découvert, bien au contraire. Mais la roche ne raisonnait pas comme sous le poids des chaussures de marche. C'était plus… feutré, plus doux. Mais tout à fait perceptible. A portée de main, la lampe que Dean avait rallumée en se réveillant éclaira la grotte d'une lumière pâle et devait avoir été perçu par la chose, les bruits de pas ayant considérablement ralenti.
Dean eut le temps de compter jusqu'à quinze avant qu'une silhouette ne se dessine par l'ouverture d'un tunnel relativement haut.
Ça ne ressemblait pas à une araignée et ce n'était définitivement pas un dragon. Restait l'option de l'ermite. Mais l'homme qui venait d'apparaitre n'avait pas l'air spécialement illuminé ou en mauvais état. Et il était bien trop jeune pour être un ermite. La trentaine à peine, probablement. Dean décida de rajouter l'option « enterrement de vie de garçon ayant mal tourné » à ses découvertes souterraines. L'inconnu l'observait avec les sourcils froncés. Il semblait profondément offensé de trouver quelqu'un ici. Dean se sentit vexé. L'autre devrait plutôt être heureux quelqu'un lui tombe dessus avant qu'il ne meurt de faim ou ne tombe dans une faille. Un peu de reconnaissance s'il-vous-plait. Il détailla le nouvel arrivant avec attention, toujours immobile.
L'homme avait une masse de cheveux noirs qui ne devaient pas avoir croisé un peigne depuis un certain temps, ce qui était excusable étant donné que les cavités souterraines étaient rarement pourvues d'un salon de coiffure, mais ruinait royalement l'air sérieux et vaguement menaçant qui se peignait sur son visage. Ses yeux bleus reflétaient la lumière provenant de la lampe de Dean avec beaucoup trop d'intensité, et ses pupilles étaient tellement rétractées qu'elles étaient quasi inexistantes. Dean baissa l'intensité de sa lampe par reflexe et le bleu des iris devint un brin moins surnaturel. Il était vêtu d'une tunique et d'un pantalon, ce qui était une tenue étrange, même pour un ermite, d'un blanc presque immaculé, ce qui était carrément bizarre, parce que merde, il était sous terre, et que bien qu'étant là depuis moins de cinq heures, les habits de Dean avait déjà troqué leur couleur d'origine pour une ravissante teinte que le spéléologue appelait affectueusement « taupe », en référence à la dernière couleur à la mode du moment. Il ne comprenait pas pourquoi les stylistes étaient si fiers d'avoir eu l'idée de mélanger du beige et du marron.
Les deux hommes se fixèrent longuement sans qu'aucun ne fasse le moindre geste. C'était à la fois bizarre et parfaitement logique. Aucun homme normal ne se préparait psychologiquement à croiser quelqu'un d'autre à plusieurs mètres sous la surface, ça avait de quoi couper momentanément la parole. Cela laissa le temps à Dean de remarque que l'homme avait une dague accrochée le long de son avant-bras à l'aide de fines sangles de cuir. Bizarre. En attendant, il ignorait totalement comment réagir. Devait-il se présenter ? Engueuler l'homme qui se trouvait dans une zone réservée ? S'enquérir de son état d'hydratation ? C'était important mais ça pourrait sonner un peu louche. Son vis-à-vis semblait être en proie à des pensées relativement similaires. Quoi qu'il n'avait pas l'air inquiet. Plus… contemplatif. Dean se fit la réflexion que son expression faisait un peu penser à celle qu'on adopte quand on s'aperçoit qu'un insecte gambade sur son écran. Quand on hésite entre attendre qu'il parte de lui-même pour ne pas abimer son matériel, ou à l'écraser tout de suite parce qu'il faisait du bruit et qu'il cachait des lettres de l'écran, et qu'on savait pertinemment qu'il finirait par revenir.
Sans aucun préavis, l'inconnu poussa un cri étrangement grave et le mal de tête de Dean ressurgit. Il porta la main à son front en laissant échapper quelques paroles particulièrement colorées. L'homme le dévisagea d'un air surpris et prit la parole, brisant la tension.
« Tu n'es pas mort. »
« Evidemment que je ne suis pas mort ! Qu'est-ce que tu croyais ! Tu te prends pour un putain de karateka avec le cri qui tue ? Maintenant, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'as aucun matériel. Et je suis absolument certain d'être le seul à être parvenu à décrocher cette satanée autorisation pour me rendre ici ! Tu n'as aucun droit d'être là. »
Le jeune homme plissa les yeux d'un air menaçant.
« Un tel niveau d'agressivité est parfaitement superflu. Ce n'était qu'une mise en garde. Tu n'es pas supposé te trouver ici. Je te conseille de partir à présent. Immédiatement. »
La patience n'avait jamais été le fort de Dean, mais sa capacité de self-control face aux menaces frôlait le zéro absolu. Il prit de l'élan et, sans préavis, balança son poing à la figure de l'inconnu.
Qui ne broncha pas. Il se contenta d'ouvrir la bouche et de prononcer très soigneusement un mot de trois syllabes aux intonations très basses.
Dean tomba au sol. Il ne savait pas ce qui faisait le plus mal, son cerveau qui raisonnait comme un tambour ou sa main qui était visiblement disloquée. Il n'avait même pas touché le gars.
« Qu'est-ce que tu es ? Un putain de magicien ? Qu'est-ce que tu viens de faire ? »
« Je ne suis pas habilité à pratiquer une quelconque forme de magie, non. Je suis un soldat. » Il inclina légèrement la tête sur le côté, l'air préoccupé. « Ton squelette et tes organes internes ne sont pas supposés être suffisamment solides pour résister à cette fréquence, tu sais. »
« Ils n'ont pas résisté. » rétorqua Dean en levant sa main blessée. « Je n'ai aucune idée de ce que tu as bien pu foutre, mais tu as explosé ma putain de main ! »
« Mes excuses. Ce n'était pas l'objectif que je poursuivais. Théoriquement, ta boite crânienne aurait dû se disloquer, endommageant ton cerveau et entrainant une mort relativement immédiate. Tu es étrangement résistant. »
« Les flatteries ne te mèneront nulle part poupée. Explique-moi ce qu'il se passe dans cette satanée grotte. »
« Je te conseille de garder le silence. J'ai réduit l'ossature de ta main en miette sans avoir besoin de te toucher. L'attitude la plus raisonnable de ta part serait de cesser de me provoquer et de m'obéir calmement avant que je ne me retrouve contraint d'employer la force physique. »
« Et bien, je ne suis manifestement pas quelqu'un de raisonnable. » Dean se redressa, réalisant du même coup que l'homme était un petit peu plus petit que lui. Un soulagement irrationnel le saisi à cette pensée. « Tes menaces ne m'impressionnent pas joli coeur. Maintenant, j'apprécierais de pouvoir sortir d'ici et de me rendre à l'hôpital le plus proche. Ça ne saute peut-être pas aux yeux mais ma main me fait putain de mal. »
« Je suis désolée mais je ne peux pas faire ça. Tu n'es visiblement pas pourvu de grandes capacités mais tu tout de même représenter un risque. La Garnison doit être informée. »
« Génial, je suis vraiment l'homme le plus chanceux du monde. Je suis capable de tomber sur un psychotique sous terre. »
« Mon état mental est parfaitement stable. » Répliqua le brun, visiblement vexé. Il détourna son attention de Dean et posa sa main sur le mur le plus proche. « J'appelle Uriel ».
Sa voix était extraordinairement grave et Dean sentit son mal de tête empirer, et la sensation de lourdeur revenir. Elle disparut aussi vite qu'elle était arrivée.
« Tu as appelé quelqu'un ? Tu réalises que nous sommes tout seuls, n'est-ce pas ? Sous terre ? Depuis combien de temps tu es perdu là-dessous ? »
L'autre le regarda d'un air exaspéré.
« Je ne suis pas perdu. Maintenant, si tu pouvais garder le silence quelques instants, ta voix aigüe perturbe mon oreille interne. »
« Hey ! Ma voix n'est pas aigüe ! Elle est grave et virile. »
« SILENCE. »
« Pas autant que la tienne certes, mais quand même. » marmonna le jeune spéléologue avant d'obtempérer.
L'air satisfait, le brun se positionna devant l'entrée d'où il avait surgi, parfaitement immobile, les yeux fixés sur Dean. Son stoïcisme était presque dérangeant. Il ne clignait pas assez des paupières, Dean prit mentalement note. Et puis il pourrait au moins s'assoir merde, ça donnait l'impression qu'ils étaient en garde-à-vue. Ce n'était pas une situation que Dean appréciait particulièrement. Il avait suffisamment vécu ça dans sa vie pour savoir que les gens qui se comportaient de cette manière étaient rarement des gais lurons. C'était plus des gens avec un balai dans le cul, qui rechignaient à vous rendre votre portefeuille et votre téléphone, et qui refusaient fermement de vous laisser aller aux toilettes avant la fin de la détention. Quoi que l'homme n'avait pas l'air spécialement antipathique. Il avait juste l'air… profondément non sympathique. Et donnait l'impression de s'ennuyer.
Avec précaution, Dean se dirigea vers son sac. Voyant que l'autre ne réagissait pas, il entreprit de ranger ses affaires. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais il était hors de question qu'il passe le reste de sa vie dans cette cavité, comme il était hors de question qu'il quitte ladite cavité sans emporter son matériel. Etrangement, il ne se sentait pas spécifiquement inquiet. Enfin si, en toute sincérité, il était inquiet. Mais il n'était pas paniqué, même s'il réalisait parfaitement que la situation était très en dehors de la normal.
Quand il eut fini, il reporta son attention sur l'inconnu. Celui-ci n'avait pas bougé d'un pouce. Dean se demanda momentanément s'il pouvait être un espèce de robot ultra performant, et qu'il venait de bugger. Le gouvernement faisait toujours tout un tas de trucs bizarres, ça ne serait pas étonnant. Il faudrait qu'il en parle à Sammy. Mais pour cela, il fallait qu'il parte d'ici. Le spéléologue jaugea l'autre homme du regard. Il n'avait pas l'air spécifiquement intimidant, du moins, tant qu'il ne parlait pas avec sa voix horriblement basse. Le maitriser ne devrait pas être trop difficile, même avec une main en vrac, Dean avait de l'expérience en lutte au corps à corps. Il ignora sciemment ce qu'il s'était passé plus tôt lorsqu'il avait tenté de lui décocher un coup de poing. C'était trop bizarre, ça ne pouvait pas entrer dans ses paramètres de combat.
Il s'avança vers le brun, tout sourire.
« Hey man, je suis désolé qu'on soit parti sur de mauvaises bases, mais on pourrait, je ne sais pas, discuter, trouver un terrain d'entente, et repartir chacun de notre côté. On s'appellera, et tout. »
L'homme le dévisagea avec un air perplexe. Dean saisit sa machette et se baissa en effectuant un mouvement rotatif, avec la ferme intention de planter l'acier dans les côtes de l'inconnu. Celui-ci lui saisit le poignet avec une facilité déconcertante et l'envoya au sol d'une simple torsion de la main, sans le lâcher. Sa poigne était extraordinairement forte, et par extraordinairement Dean entendant extra-ordinairement. La force de ce mec n'était pas normale. Son expression s'était assombrie. Dean sentit ses doigts lâcher la machette sans son autorisation.
« Je répugne à utiliser la force physique mais je suis tout à fait apte à le faire. Je peux mettre fin à tes jours aussi facilement qu'à ceux d'une simple araignée, tu devrais me montrer plus de respect.
Dean s'apprêtait à rétorquer lorsqu'un nouvel homme fit son apparition, provenant de la même galerie que le brun. Il était bien plus grand, la peau foncée, et l'air encore plus sévère. Il scanna la salle avant d'arrêter son regard vers les deux hommes.
« Uriel. » salua l'homme qui retenait Dean.
« Castiel. Qu'as-tu trouvé ? »
« Un humain, il me semble. »
« Tu n'es pas convaincu. »
« Son métabolisme se révèle plus résistant que prévu. »
Fronçant les sourcils, le dénommé Uriel s'approcha de Dean et s'accroupit pour se retrouver à son niveau. Après l'avoir étudié quelques instants, il ouvrit la bouche. Sans rien comprendre, le jeune spéléologue se retrouva recroqueviller au sol, la tête entre les mains, son cerveau l'élançant comme jamais. Une larme coula le long de sa joue.
« Tu as raison, c'est étonnant. »
Castiel observa Dean, les lèvres pincées.
« Utiliser une telle fréquence n'était pas nécessaire. Tu aurais pu le tuer. »
« C'était juste une petite expérience. Et puis, il est toujours vivant, tu vois ? Enfin, ce n'était pas comme si on comptait qu'il le reste encore bien longtemps. »
Le visage du premier homme se ferma un peu plus, et il s'accroupit à côté de Dean avant de lui passer délicatement la main dans les cheveux. Le jeune homme n'avait même pas la force de protester. Quand Castiel prit la parole, sa voix était moins grave que précédemment, et Dean lui en fût reconnaissant. Aussi surnaturel que cela puisse paraitre, il avait parfaitement remarqué la corrélation entre son mal de tête et la prise de parole des deux hommes.
« Tu devrais boire. Informe-moi quand tu te sentiras capable de te déplacer. »
Merci d'avoir lu, j'espère que cela vous a plu !
Le prochain chapitre est déjà rédigé, je le posterai dès que le troisième sera achevé, c'est à dire dans le courant de la semaine prochaine. (vous pouvez retrouvé cette fiction sur AO3)
N'hésitez pas à donner votre avis !
PS : je suis à la recherche de quelqu'un qui pourrait m'aider à traduire cette histoire. Si cela vous intéresse, n'hésitez pas à me contacter.
La reine des poulpes vous salue
