Le jour où j'ai traversé le miroir

Crédits des personnages : JK Rowlings

Rating M

Relations homosexuelles

Il n'y a pas vraiment de lien avec l'histoire originale, sur la fin de la guerre surtout.

Histoire en 8 chapitres

La guerre est finie depuis 5 ans. Chassé du monde sorcier Draco survit comme il peut. Il fait l'acquisition d'un étrange miroir.

Longbottom : Longdubas

Snape : Rogue

Hogwarts : Poudlard

Celui qui a survécu

(POV Draco)

Par où commencer cette histoire ?

Peut-être par là où ma vie s'est arrêtée. Le jour précis reste vague, en dépit de son importance, pourtant je faisais partie des témoins capitaux de la scène : Voldemort a péri sous la baguette impitoyable de Potter. Un jour qui aurait dû être festif, même des années plus tard, si Potter n'avait pas succombé à son tour. Je ne l'ai jamais aimé mais si un sorcier méritait de survivre, c'était lui. Bien sûr, il n'est pas le seul à être mort les jours d'avant et celui-là. Trop sont tombés pourtant c'est de lui qu'on se rappelle.

Celui qui a survécu était Celui qui a péri.

Longbottom et moi-même étions là. Nous n'avons rien pu faire.

Quelque chose s'est brisé en moi.

Je ne me battais pas pour lui, loin de là, mais pour la justice, que l'équilibre soit rétabli. Voldemort a gagné malgré son trépas. Il a entraîné son ennemi, symbole d'espoir pour toute une génération, la mienne, avec lui.

Mais pour les gens comme moi, la guerre n'était pas finie.

S'ensuivirent procès sur procès.

Peu importait notre position finale, un tatouage sur le bras condamnait à Azkhaban.

Peu importait que j'ai trahi ma famille, que j'ai trahi les autres Mangemorts, pas de rédemption pour les tatoués.

Aussi, on a cassé ma baguette et j'ai été enfermé.

Ce ne sont que les témoignages insistants de Longbottom et Snape qui m'ont sorti de ce cauchemar mais il était trop tard. Seul au milieu de mes fantômes, j'avais perdu pied. A Saint Mungo, j'ai essayé de me tuer mais c'est idiot d'entreprendre une telle action dans un hôpital.

Humilié, désespéré, seul, j'ai quitté le monde magique pour me réfugier dans ce que je pensais être un enfer : le monde des Moldus – et oui, je ne dis plus « sang-de-bourbe ». L'adaptation a été certes éprouvante mais peu à peu j'y ai vu un refuge : personne ne me connaissait. J'avais enfin ma seconde chance.

J'ai d'abord vécu dans la clandestinité. Après tout, je n'existais pas dans ce monde. Puis, avec des contacts à droite et à gauche, j'ai obtenu de faux papiers. Daniel Miles. Et je me suis inséré graduellement dans le monde moldu, Londonien lamba.

Cela fait un an et demi à présent que je vis et travaille (la fortune de mes parents a été saisie) à Londres. Je ne roule pas vraiment sur l'or, je n'ai pas deux gorilles pour me mettre en valeur, je ne suis plus le petit merdeux que j'étais.

D'une certaine façon, je suis aussi devenu Celui qui a survécu.

Il y a bien une collègue que j'aime bien : Grizel.

Pour elle le verre est toujours à moitié plein même si on partage le même boulot pas vraiment folichon.

Grizel a une passion : les antiquités !

Quand son petit ami, un brave Ecossais qu'elle voit un week-end sur deux, n'est pas là où qu'elle ne va pas le voir, elle m'entraîne à Porto Bello pour flâner.

C'est un vrai voyage dans le temps pour elle, et pour moi, dans un autre monde. Ces objets démodés sont pour moi insolites souvent.

Je n'achète rien. D'abord parce que je n'ai pas les moyens et ensuite parce que je n'ai pas de place, mon studio est bien trop petit.

Pourtant dès que je l'ai vu, j'ai su que je devais l'avoir.

Une immense psyché en noyer faite d'entrelacs et d'écriture ancienne.

« On dirait de l'elfique, avait gloussé mon amie, fan de je ne sais quelle fiction moldue sur les elfes et les trolls très à la mode.

- N'importe quoi ! C'est… »

Qu'allais-je lui dire ? De vieilles formules magiques ?

« Tu as raison, essayai-je de plaisanter, c'est de l'elfique. Combien pour le miroir ? », avais-je demandé au vendeur.

Cet objet était comme moi, un vestige d'Hogwarts. Sur le moment je ne l'avais pas remarqué mais il était là. Là où deux grands sorciers, les deux plus grands que nous ayons connus, étaient morts dans un combat sans merci. Et aujourd'hui, échoué dans un monde inconnu, comme moi, il m'interpelait.

Grizel m'avait dévisagé :

« Quel précieux tu fais ! Il va prendre la moitié de ton appart !

- Tu peux pas comprendre, avais-je répondu agacé.

- C'est pour ta chérie ?

- J'ai pas de chérie.

- C'est vrai, t'es redevenu vierge ! »

Je m'étais arrêté :

« Je peux avoir qui je veux, quand je veux, c'est juste que…

- Tu n'es pas prêt. Je connais la chanson. Mais quand même ! Merde on a que 23 ans. T'es jeune, t'es beau.

- Mais je ne suis pas prêt ! »

Elle m'avait fixé, grave.

Bien sûr elle ne savait pas ce qu'il s'était passé. La guerre, la prison, l'hôpital psychiatrique puis l'exil. Mais je portais sur moi les stigmates de mon passé douloureux aussi n'insista-t-elle pas.

« Allez, c'est ici qu'on se sépare beau blond. A demain ! »

Elle m'avait claqué un baiser sur la joue et s'était enfoncé dans le métro après un dernier signe de la main.

J'aime Grizel. Pas comme une maîtresse potentielle mais comme une amie. Elle aussi a des zones d'ombre mais ne se laisse pas abattre. Elle est en quelque sorte mon Etoile du Nord et me permet de garder le cap.

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Draco n'eut pas vraiment le choix quant à la disposition du miroir chez lui.

Son appartement n'était pas vraiment très spacieux. Il n'y avait qu'une pièce principale qui faisait office de séjour, chambre et cuisine. Une minuscule salle de bains complétait ce studio ridicule au loyer pourtant exorbitant.

Il le posa en face de son lit et entreprit de le dépoussiérer – reluire était plutôt le terme exact vu la psychorigidité de son nouveau propriétaire – en fredonnant une chanson dont il ne connaissait probablement ni le titre ni l'interprète mais dont la mélodie inspirait.

« T'es vraiment sale, toi ! Pas étonnant que personne ne t'achète. Toute cette poussière… comment es-tu arrivé ici ? »

Les fins ornements luisaient sous l'effet de la cire achetée pour l'occasion.

« Attention, ça mouille !, dit-il en aspergeant la glace. Y a pas de quoi rire, tu es tout crasseux ! », dit-il après avoir perçu un lointain gloussement… à moins qu'il ne rêvât.

Imperturbable, il poursuivit.

« Tu es magnifique comme moi », conclut-il en s'admirant dans le miroir propre.

Il lissa ses vêtements et alluma une cigarette, réconfort de son travail.

« Miroir, mon beau miroir… Dis-moi qui est le plus beau ?

- Sûrement pas toi dans ces fringues bon marché. Oh la la, même si Malfoy s'habille au rabais ! »

Le fragile sourire s'évanouit et ce ne fut que la cendre qui tomba sur ses pieds nus qui le sortirent de sa torpeur.

« En effet… c'est pathétique. »

Ca n'était peut-être que la voix de sa raison. Cigarette à la bouche, il se déshabilla et s'observa en boxer.

« Là c'est mieux, hein ?

- Mmmmmmh, ah ouais ! C'est beaucoup mieux !, murmura une voix appréciatrice. A poil ! A poil ! »

Draco observa autour de lui.

« Je vais vraiment pas bien, dit-il pour lui-même.

- Ah si je pensais tomber sur toi, n'empêche ! Malfoy…

- Quoi ? », répondit le concerné en se massant les tempes.

Un silence s'abattit dans la pièce.

« Tu… tu m'entends ?

- Non ! Non je ne vous entends pas ! »

Le sorcier jeta sa cigarette dans un cendrier et fouilla frénétiquement le tiroir de sa table de nuit d'où il sortit des pilules.

« Malfoy ! Non, je ne suis pas une voix dans ta tête ! Je t'assure ! Je suis... C'est moi, c'est Harry... Harry Potter ! Tu m'entends... Hééé, c'est quoi ces trucs que tu prends ?

- Monsieur Malfoy, con-ti-nu-ez votre traitement !, imita Draco. Sinon, votre organisme ne sera jamais sta-bi-li-sé ! »

Enervé, il jeta les pilules à travers la pièce et se laissa tomber lourdement sur son canapé :

« Je peux pas, sanglota-t-il.

- Tu as raison, c'est de la merde, ces trucs.

- Toi, ta gueule !, aboya Draco à l'encontre de son reflet dans le miroir.

- Mais…

- Toi… ou… ou je sais pas qui, murmura Draco en balayant la pièce du regard.

- Malfoy... tu... Pourquoi tu me regardes pas quand tu me parles ?

- Qui me parle ? Non, c'est que des voix. C'est dans ma tête. »

Mais une voix répondit :

« C'est moi... Potter... et c'est pas dans ta tête.

- Potter est mort !, hurla Draco en sanglotant. Comme tant d'autres… »

Un long silence s'abattit dans la pièce.

« Hééé... Pleure pas... Je suis là, moi.

- Fantastique ! Mon seul compagnon c'est un miroir qui parle.

- Je ne suis pas un miroir qui parle !, s'insurgea la voix. Je suisvraimentHarry Potter.

- Et moi, je suis vraiment taré ! Même dans la folie, le Balafré me poursuit.

- Hé ! Ne parle pas de moi comme ça... furet ! »

Draco se leva et se dirigea vers le miroir :

« Comment tu m'as appelé ?

- Je t'ai appelé... furet. Furet ! Furet ! Furet ! »

Draco s'éloigna du miroir, prit un vase (mais comment un vase se retrouvait dans cet appartement ? sûrement un cadeay de Grizel) et le jeta en direction de l'objet :

« Tais-toi ! », hurla-t-il.

Ce qu'il vit, le laissa sans voix.

Stoppé en plein vol, le vase lévitait à cinq centimètres de la glace. Au bout d'une longue minute (ou plus) l'objet tomba et se brisa.

« Tu es vraiment… un miroir magique ?

- Apparemment… oui, s'étonna la voix. Je n'avais jamais réussi à faire ça... je n'avais même jamais réussi à me faire entendre. Tu es le premier..., murmura-t-il d'une voix chargée d'émotion. Le seul en fait.

- Et tu as un nom ? Voilà que je discute avec un miroir. N'importe quoi !

- Tu n'es pas fou et… je t'ai déjà dit mon nom.

- Pas fou ? C'était ce que disaient les médicomages avant que j'essaie de me défenestrer.

- Pourquoi tu as fait ça !, demanda la voix, scandalisée.

- Parce que je suis fou ! Je vais me doucher et si… tu parles encore on en rediscutera.

- Pas de problème, répondit simplement mais avec enthousiasme la voix, je serai là. Tu reviens vite, hein ? »

Draco secoua la tête et partit se doucher. Ses idées reviendraient certainement en place.

Au bout d'une vingtaine de minutes, l'ancien mangemort revint sec et nu, farfouillant dans sa commode. Il revêtit des sous-vêtements et un tee-shirt propres. Il déplia son canapé en lit et s'y installa avec un livre entamé.

« Hummm... Excuse-moi mais… tu as dit qu'on pourrait parler un peu quand tu aurais fini ta douche. »

Malfoy referma son livre :

« Ah, je l'avais oublié celui-là. Alors, joli miroir, de quoi veux-tu parler ?

- Ben... je sais pas. Tu m'as dit que j'étais mort... on est quand du coup ? J'ai perdu la notion du tps, ici, tout seul...

- Ah oui... Potter, ricana Malfoy. Tu es mort i ans et demi.

- Par Merlin ! La... la Guerre... qui a gagné ?

- Tu es mort avec Tu-sais-qui. Tu as quand même gagné. Sinon pour le carnet mondain, le rouquin et la sang-de-bourbe se sont mariés. Elle est au Ministère et lui au magasin de ses frères. La rouquine a enfin fait ton deuil

- Ginny..., soupira tristement la voix.

- Seamus est mort en même temps que toi. Snape est mort l'an dernier. »

Mais Draco cessa. Tout cela était tellement ridicule.

« Tu vois, que tu sois magique c'est pas un problème. Par contre que je tombe sur... Potter. La poisse !

- Parce que tu t'imagines que ça me fait sauter au plafond de tomber sur toi, Malfoy ? Mais et toi, qu'est-ce que tu deviens ?

- Rien. Absolument rien. »

Sa voix mourut. Il se frotta l'avant-bras qu'il avait débandé pour la douche et se posta devant sa fenêtre qu'il ouvrit.

« Hé, tu vas pas sauter ? J'ai pas envie de me retrouver encore tout seul ! Ecoute, ça m'arrache la bouche de dire ça... mais tu n'es pas rien. C'est peut-être... présomptueux de dire ça, mais tu arrives à m'entendre, donc tu n'es pas rien. Tu dois avoir un truc particulier pour ça. »

Regardant par la fenêtre, Draco se retourna et revint vers le miroir.

« Ta gueule. Tu n'existes pas. Tout ça est faux, dit-il calmement. Tu n'existes pas ! », répéta-t-il en hurlant.

Il se rhabilla complètement et sortit de chez lui en claquant la porte.

Malfoy rentra plusieurs heures plus tard, passablement ivre et s'effondra sur son lit.

Le réveil du lendemain fut pénible et il dut se préparer à la hâte sans penser une seconde au miroir. Tout ça ne devait qu'une vaste hallucination ou un délire alcoolisé.

Le même rituel que la veille s'effectua à son retour : une douche, un dîner frugal, une cigarette. Il refit son lit et s'installa face au miroir :

« Tu parles aujourd'hui ? », tenta-t-il.

Le silence le rassura. Pourtant…

« Pourquoi j'te parlerais ?, bouda la voix désormais familière. Tu m'as ignoré hier et ce matin.

- Je... je suis pressé le matin.

- Tu as dit que j'existais pas !

- Peut-être que si après tout. Comment aurais-tu atterri dans le miroir ?

- Je... je sais pas, c'est flou, hésita la voix. Je me rappelle vaguement du combat avec Voldemort... Puis... plus rien. Puis une vieille boutique. J'étais dans un coin de boutique, et je voyais les gens de l'autre côté, mais ils m'entendaient pas. J'ai mis longtemps avant de comprendre que j'étais... coincé là. Au début, je criais, je frappais sur le miroir... mais personne ne répondait. Alors... j'ai arrêté, je me suis assis et j'ai attendu. Et…, la voix faiblit. Tout est devenu sombre autour de moi, sombre et froid. Comme si le monde autour de moi rétrécissait ! Je jetais un oeil de temps en temps, pour voir si je bougeais. A la fin, j'avais beau regarder dehors mais c'était noir et opaque. Alors je me suis dit que c'était fini. »

Draco l'avait écouté attentivement.

« Mais je t'ai entendu et mon monde s'est éclairci. Merci ! Tu me crois ?, demanda timidement la voix.

- Je préfère te croire, soupira Draco, sinon… sinon je suis vraiment dingue.

- Franchement, si tu étais fou, c'est pas moi qui serais dans ce miroir. Ça serait... je sais pas… Merlin lui-même, ou une jolie fille mais pas moi. Ou alors tu es fou et maso, rit la voix.

- Mouais... peut-être mais qu'est-ce que je vais faire de toi ? On ne sait jamais entendu alors de là à cohabiter !

- Les temps changent, Malfoy.

- Tu serais plus heureux chez tes amis. Je vais essayer de leur en parler.

- Tu ferais ça pour moi ? », interrogea la voix.

Chapitre suivant : No man's land