Note de l'autheur :

Bonjour ou bienvenue, je me lance ici dans une première fanfiction parce que mon ordinateur est plein de notes en tous sens et ce serait dommage de ne pas partager ! Bonne lecture~


« Les commencements ont des charmes inexprimables. »

- Molière


Je suis née un 21 juin, le soir du solstice d'été alors que mes parents s'apprêtaient à rejoindre les festivités du passage à la saison chaude. Tous les ans, le village s'illuminait le temps d'une nuit et ses rues se remplissaient de gens, de stands aux odeurs alléchantes, de cris poussés par les enfants qui jouaient et couraient en remontant la foule. C'était un moment de réjouissances où civils et shinobi laissaient temporairement l'alcool et la fête consumer leurs tourments. A part pour les malheureux de garde évidemment.

D'après les dires de mes parents, ils étaient donc en marche vers une des artères commerçantes du village, l'esprit serein sachant leur fils entre de bonnes mains avec un de ses amis issu du clan Akimichi. Mon arrivée n'était pas prévue avant deux semaines et les bébés de mon clan étant étrangement réputés pour toujours arriver à la date attendue, ils étaient dans leur bon droit de s'attendre à profiter d'une de leurs dernières soirées au calme.

Quelques contractions et un départ précipité plus tard et j'étais née. L'accouchement le plus rapide de mémoire de sage-femme, oui oui. Notre monde plongé dans la guerre, avait appris aux hommes à s'émerveiller de toutes choses et une naissance était incontestablement source de joie. Ma mère était incroyablement fière, racontant au premier venu que sa fille serait la kunoichi la plus rapide que le monde ait connu. J'imagine que tous les membres du clan ont entendu l'histoire de ma naissance au moins une fois, si ce n'est plusieurs, le récit de l'enfant éclair promis à maintes prouesses. Tout comme mon frère d'ailleurs qui, étant né avec un poids au-dessus de la moyenne, serait un shinobi doté d'une force inégalable, d'après ma tendre génitrice. Ma famille est pleine de surprises n'est-ce pas ?

Enfin bref, je suis née un 21 juin. Parmi tant d'autres histoires, voici la mienne, celle de Sora Yamanaka, fille de Kasumi et Souta Yamanaka, bébé prodigieux.


Comme la plupart des gens, j'ai peu de souvenirs de mes premières années d'existence. On m'a dit souvent que j'étais un nouveau-né calme. Je pleurais rarement et malgré les craintes de mes parents leurs nuits ont vite retrouvé leur tranquillité. C'était sans doute pour le mieux car cette année même la guerre toucha à sa fin.

Pendant plusieurs mois, les hostilités attinrent un pic et la mortalité de tristes records. Enfants comme adultes périssaient sur les champs de bataille dans la violence des combats ou dans le calme trompeur des retranchements où les maladies sévissaient. Partout sur le continent, les shinobis les plus redoutables écopaient de surnoms sanglants. Le Sable Rouge, l'Eclair jaune, et tant d'autres. Le cinquième anniversaire de mon frère, Akiro Yamanaka, survint peu avant l'armistice. Quelques poignées de mains et la troisième guerre ninja qui avait semblé sans fin, avait pris tant de vies, avait irrémédiablement brisé des familles, était abandonnée aux choses du passé.

Je fis donc partie de la première génération d'enfants qui ne participèrent pas à la guerre dès leur plus jeune âge, y ayant échappé de quelques mois. Pour autant le village ne connut pas immédiatement la paix. S'ensuivit une période trouble où tours de forces et coups bas tissaient le quotidien. Le moindre signe de faiblesse était un signal pour écraser définitivement un clan ou un village qui se croyant tiré d'affaires avait commis l'erreur de baisser sa garde.

Mais encore une fois une bonne étoile veillait surement sur moi car mes premiers souvenirs n'étaient empreints que de joie et d'innocence. Notre clan avait toujours été redouté et respecté pour ses techniques de manipulation mentale. Ma mère elle-même était une interrogatrice estimée par les Anciens et par notre chef de clan. Dans l'imaginaire collectif, le nom Yamanaka allait de pair avec la crainte d'être transformé en pantin de chair ou de voir ses pensées mises à nues. Et grâce à cela nous échappâmes aux horreurs de l'après-guerre.

Jusqu'à mes deux ans, je ne me rappelle que de brèves sensations. La chaleur du soleil sur ma peau, la fraicheur du plancher de la terrasse à l'arrière de la maison où je faisais souvent la sieste. La vieille Maiya, doyenne du clan, m'accueillait presque tous les après-midis pour me garder lorsque mes parents étaient occupés et me racontait toutes sortes d'histoires.

Lorsque mon frère fêta ses sept ans, il arriva qu'on lui confiât la responsabilité de ma garde. C'était sans le moindre doute mes moments préférés car il me montrait toutes les choses incroyables qu'il savait faire, marchant sur les mains ou jonglant avec des kunai dans le jardin. Mon troisième anniversaire arriva et passa et ma vie qui, jusque-là, se déroulait principalement dans le cocon de notre maison commença à s'empreindre des effluves extérieurs.

« Papa, c'est quoi ça ? » demandai-je la première fois qu'il m'emmena au-delà des résidences de notre clan, dans la ville, la vraie. Devant nous, sur un étale bigarré étaient étalés de grands rouleaux de parchemin. Des petits, des grands, des dorés, des boisés.

« Ça se sont des rouleaux vierges. On s'en sert pour beaucoup de choses. »

« Quoi ? »

Je l'avais tiré jusqu'au stand et constatai avec un peu d'agacement que la table m'arrivait au-dessus de la tête et ne me permettait pas d'observer les objets à ma guise.

« Comme écrire et stocker, même pour se battre. » répondit-il en regardant d'un œil amusé mes sautillements.

Je me tournai vers lui et m'agrippai à sa chemise.

« Je veux porté. » marmonnais-je, frustrée.

Deux mains se glissèrent sous mes bras et l'espace de quelques secondes je m'envolai avant d'atterrir sur ses épaules. Là-haut tout paraissait plus petit et moi presque géante. Je secouai quelques instants les bras puis lui tapotai la tête.

« Huh ! » m'exclamai-je, l'étal de rouleaux déjà oublié.

Ma monture fit son meilleur hennissement avant de se mettre en marche de bonne grâce. Est-il utile de préciser que mon père me refusait rarement quoique ce soit ?

Pendant une demie heure, je procédai ainsi à pointer du doigt tout ce qui entrait dans mon champ de vision et il me répondait tout en empilant dans notre panier les courses de la semaine. C'était la première fois que je tombais amoureuse de Konoha.

A maintes reprises, mon père s'arrêta pour saluer des gens qui m'étaient inconnus. Je restais alors silencieuse et laissais mes cheveux dissimuler mon visage sans pour autant arrêter d'épier son interlocuteur. Certains avaient l'air normaux. D'autres étaient vraiment étranges.

« Papa, et lui c'était qui ? » m'empressai-je de demander pour la énième fois lorsque l'homme aux yeux blancs comme du lait se fut éloigné.

« Inuo Hyuga, il fait partie d'un clan comme nous. »

J'émis un son approbateur, comme si cela expliquait tout.

« Et pourquoi ses yeux sont comme ça ? »

« C'est un attribut de leur clan, on appelle ça un kekkai genkai. » répondit-il patiemment.

« Ahhh… »

Nous continuâmes à marcher en silence quelques minutes.

« Papa. »

« Oui ? »

« C'est quoi un attribut ? »

Mon père laissa échapper un soupir.


Je me tortillai impatiemment en position seiza sur un des coussins autour de la table basse lorsque ma mère entra dans la pièce à vivre. Dans ses mains, un grand plat de riz au curry. Le parfum entêtant de l'épice pénétra la pièce avec elle et mon ventre gronda de joie. J'avais été prise la main dans le sac en train de subtiliser un gâteau avant le repas et mon ventre criait maintenant famine.

Akiro me jeta un regard agacé lorsque, tapant sur la table de ma main, excitée, j'envoyai voler ses baguettes sur le sol.

« Sora, fais attention ! Un vrai shinobi maitrise toujours ses gestes. » S'exclama-t-il en les ramassant.

Je lui tirai aussitôt la langue. Mon frère avait huit ans mais il avait déjà connu les combats et était considéré comme un shinobi extrêmement prometteur au sein de notre clan.

Notre mère nous rappela à l'ordre d'un raclement de gorge et déposa le plat au milieu de la table. Notre père nous servit ensuite un par un. Notre maison était traditionnelle, le mobilier principalement en bois et ses teintes chaudes créaient une atmosphère intime lorsque, la nuit tombée, nous allumions les lumières. Des volutes s'élevèrent du riz fumant dans mon assiette et j'inspirai avec délice.

« Papa ! » m'exclamai-je en désignant mon assiette. « Je veux plus ! »

Akiro pris immédiatement son air moralisateur.

« Tu auras déjà du mal à finir ton assiette. Un shinobi doit connaitre ses limites. »

« Eh ben je veux pas être un shinobi alors ! » rétorquai-je rien que pour l'énerver.

La tête qu'il fit donna l'impression qu'il avait avalé de travers.

« Akiro, Sora, ça suffit. » Intervint notre père.

Nous nous rassîmes, une moue partagée sur le visage. Mon frère me pinça discrètement les côtes de sa position à ma droite. Je laissai échapper un hoquet de surprise.

« Papa ! Akiro m'a pincée ! »

Ma mère abattit ses baguettes sur la main offensante de mon frère et il la ramena aussitôt vers lui, la cajolant comme s'il était gravement blessé.

« Itadakimasu ! » s'exclama-t-elle un sourire innocent aux lèvres et sans plus de débat nous nous concentrâmes chacun sur le contenu de notre assiette.

Je me réveillai le lendemain matin avec les bruits de quelqu'un en train de préparer le petit déjeuner. J'ouvris la porte de ma chambre et traversai le couloir qui menait aux différentes chambres. Toutes étaient situées à l'étage, tandis que les pièces communes composaient le rez-de-chaussée.

Si en bas il faisait toujours un peu frais, le haut était généralement confortablement chauffé grâce au système d'isolation combiné à des sceaux retenant la chaleur. Notre maison était somme toute assez grande et les pièces spacieuses, comme l'étaient généralement celles qui appartenaient aux résidences d'un clan. Après tout la qualité des habitations reflétait directement la richesse et l'importance du clan en question.

Je descendis les escaliers encore ensommeillée. Le bois sous mes pieds potelés était frais dans l'air du matin. Dans la pièce à vivre, le shoji était grand ouvert pour permettre d'aérer la pièce et des frissons coururent sur mes bras lorsque l'air les caressa. Le soleil perçait à peine l'horizon.

Ma mère, déjà en uniforme, s'affairait dans la cuisine. Je marchai silencieusement jusqu'à elle et allai cacher ma tête dans ses jambes. Elle me caressa les cheveux d'une main en finissant de ranger une casserole.

« Bonjour ma puce. »

Agrippée à son pantalon de tissu épais, je fermai les yeux et attendis qu'elle finisse.

« Tu as faim ? » demanda-t-elle enfin en se retournant.

Je secouai la tête et tendis les bras vers elle pour qu'elle me porte. Elle me souleva et cala un bras sous mes fesses tout en marchant pour rejoindre le séjour.

J'appuyai ma tête sur son épaule et fermai à nouveau les yeux, bien déterminée à profiter de sa présence avant qu'elle ne parte travailler.

« Tu seras bientôt trop grande pour que je te porte, tu sais. » dit-elle en me frottant le dos.

Je secouai la tête. Elle était habituée à mes silences matinaux et continua sa routine en me portant d'un bras. Finalement, le bruit de pas descendant les escaliers me tira de ma torpeur et je levai la tête pour voir mon frère entrer dans le séjour, les cheveux ébouriffés d'épis.

Ma mère passa une main dans sa tignasse comme elle l'avait fait pour moi et me posa par terre. Je passai mes bras autour de la taille d'Akiro et frottait mon visage contre son t-shirt froissé. Il m'enlaça en retour puis nous marchâmes jusqu'à notre mère qui nous attendait debout sur la terrasse extérieure.

La suite n'était que routine.

« On inspire profondément. » nous intima-t-elle.

Nous fîmes quelques cycles de respirations, les bras s'élevant vers le ciel puis redescendant sur les côtés en expirant l'air. Des étirements vinrent progressivement s'ajouter au fil de nos inspirations. En position du chien, j'en profitai pour regarder le ciel s'éclaircir de plus en plus derrière les arbres qui parsemaient les résidences.

Tous les jours, d'aussi loin que je me souvienne, nous faisions cet exercice matin et soir. L'enchainement me laissait délicieusement détendue et souple, comme si mon corps s'était débarrassé de ses tensions. C'était aussi un de mes moments préférés car l'un des seuls où ma mère et mon frère étaient présents en journée.

L'exercice pris une vingtaine de minutes et seulement après notre mère nous autorisa à aller piocher des onigiri dans le frigo. Mon père descendit à son tour quelques minutes plus tard. Il nous salua et s'assit avec nous à la table basse. Comme souvent, ma mère partit la première et mon frère juste après. Bien qu'il ait déjà reçu un entrainement poussé, il était obligé de compléter sa formation à l'Académie pour obtenir son grade de genin. Je le regardai sortir de la maison d'un air envieux. Même si Akiro m'agaçait souvent avec son attitude de je-sais-tout, il était mon modèle et j'étais impatiente de pouvoir l'imiter.

Mon père et moi restâmes à la maison une heure de plus, son travail ne débutant pas aussi tôt que celui de ma mère. Il m'aida à m'habiller et me brossa les cheveux avant d'aller lui-même se préparer.

Nous étions sur le point de partir lorsque quelqu'un toqua à la porte. Mon père alla ouvrir et j'en profitai pour observer en retrait. Sur le seuil se tenait un jeune homme à la chevelure blonde caractéristique des Yamanaka.

« Bonjour Souta-san » salua-t-il en s'inclinant avec respect. « Inoichi-sama requiert votre présence pour traiter des documents. »

« D'accord, j'arrive aussitôt que j'ai déposé Sora. » répondit-il.

Le shinobi inclina la tête et composa un mudrâ. Sous mes yeux ébahis, il disparut dans un tourbillon de feuilles. Je contemplai le vide qu'il avait laissé plusieurs secondes durant, c'était la première fois que je voyais quelque chose ressemblant autant à de la magie. Mon père se retourna après avoir fermé la porte et me vit immobile, les bras croisés et l'air contemplatif.

« Sora ? Qu'est-ce qu'il y a ? » s'enquit-il, curieux quant à ce qui avait pu me rendre si sérieuse.

Et je pris ce qui était sans doute la première décision de ma vie.

« Papa. Je veux être shinobi. » déclarai-je.