Les prince des ombres

(Lord of the Rings)

Bonjour à tous !

Me revoie-ci avec une nouvelle fiction sur Legolas, une songfic cette fois. Un jour en faisant mon ménage, j'étais en train d'écouter cette chanson et je pensais vaguement aux films du Seigneur des Anneaux en même temps. Bien sûr avec mon esprit dérangé, les paroles ne m'ont pas fait penser à Smaug mais bien à Legolas. Difficile néanmoins de citer cette chanson sans faire une toute petite allusion au dragon, mais vraiment toute petite ^^.

Ici j'ai décidé de lier directement les paroles à mon histoire, vous me direz ce que vous en pensez ? En tout cas j'espère que cette fiction vous plaira !

Je m'excuse pour les fautes d'orthographe qui traînent peut-être encore dans cet écrit.

Je remercie La plume d'Elena pour avoir accepté d'être ma beta sur cette fic !

Disclaimer : les personnages et l'univers sont la propriété de Tolkien, de Peter Jackson et de bien d'autres. Tout ce qui concerne la chanson appartient au groupe Manau.


Une sombre pénombre régnait dans la pièce où la seule fenêtre ne s'ouvrait que sur la nuit noire. Le ciel nuageux ne laissait pas entrevoir la lune, pas plus que les étoiles. La pâle lueur d'une bougie, posée sur l'une des tables, léchait les ténèbres en projetant des ombres vacillantes sur le sol. La flamme aux couleurs orangées était juste suffisante pour éclairer les mots perdus sur les parchemins froissés, usés par le temps, qui étaient posés sans ordre apparent sur le bois sombre. Legolas émit un profond soupir qui brisa le silence du lieu et fit s'incliner la flamme jaunâtre. Le prince de la Mirkwood ne savait plus très bien pourquoi il était venue ici. Un besoin de recueillement, de solitude, une profonde mélancolie l'avaient poussé dans cette pièce un peu oubliée du palais de Thranduil. Cette vieille bibliothèque étriquée, depuis longtemps délaissée pour une plus récente, plus spacieuse. Mais elle recelait encore quelques vieux parchemins sans âges, et surtout il y avait cette atmosphère. Cette odeur de poussière parfumée aux senteurs de bois, ce sentiment de solitude et d'isolement face aux murs d'écorce noueuse. Parfois, quand Legolas en ressentait le besoin, il aimait venir se terrer dans cette pièce qui semblait l'accueillir comme une mère accueille son enfant dans ses bras, chaleureusement. Alors le prince prenait quelques parchemins au hasard sur les étagères poussiéreuses, il se pelotonnait sur l'un des bancs grinçants, de préférence face à la fenêtre, et il oubliait. Il oubliait le temps défilant, la tâche de prince qui était sienne. Dans ce monde solitaire aux odeurs de bois vieillit, Legolas oubliait qui il était, juste pour quelques instants de tranquillité totale, d'égarement même.

L'elfe reposa le parchemin qu'il lisait jusqu'alors. C'était une veille ballade écrite dans un dialecte oublié par un artiste sans nom. Rien de bien extraordinaire, une histoire de créature des ombres, triste et mélancolique. Entre les lignes on pouvait comprendre qu'il s'agissait d'un dragon. Mais Legolas ressentait un certain malaise face à ces mots qui semblaient faire étrangement écho à sa propre vie. Après s'être perdu un instant dans ses pensées, en contemplant la flamme de la bougie, l'elfe se pencha à nouveau sur le parchemin et entreprit d'en relire les vers. Puisqu'ils étaient dans un dialecte ancien, il devait parfois faire des efforts pour traduire, mais il saisissait correctement l'ensemble du texte.

Il a le cœur fendu, assis là-bas dans la nuit
Seul entouré par l'odeur de la mort qui lui sourit
Il a la haine dans ses veines remplies de mépris
Tout son corps, son esprit, saignent de ne pas connaître l'oubli
Il a son âme qui réclame que des pleures et des larmes
Et des femmes qui avant de mourir le supplient
Il a le sang bouillonnant et du feu dans ses yeux
Cette horreur, cette peur qui le définit

L'assassin de la Mirkwood avait vraiment la sensation que ce premier complet parlait directement de lui. Certes il n'avait jamais eu à tuer de femmes sans défenses, mais à part ça... Le cœur fendu par son éternité d'entraînement et de servitude envers le roi, son père. Par cette solitude éloignée que lui imposait son statut de prince assassin. L'odeur de la mort, celle qu'il répandait autour de lui, ou celle qu'il côtoyait toujours d'un peu trop près, qui le frôlait à chaque lame adverse qui griffait sa peau d'albâtre. Son sang bouillonnant de la haine qu'il nourrissait à l'égard de ses ennemis, et du mépris qu'il ressentait pour ceux qu'il considérait comme inférieurs à son rang royal. La culpabilité d'avoir ôté tant de fois la vie d'autrui, car jamais il ne connaîtrait l'oubli. Legolas se souviendrait, pour l'éternité de sa vie, de chaque visage, de chaque cri. Et pourtant, son âme qui désormais réclamait toujours plus des pleures et des larmes. Car c'était maintenant inscrit dans sa nature profonde, cette satisfaction quand l'ennemi tombe, cette fierté malsaine d'être le bourreau d'une vie. Quant à la nuit, elle semblait être la seule à l'accepter tel qu'il était, car il n'inspirait que l'horreur et la peur, aussi bien chez ses ennemis que chez ces semblables. Legolas était sûr d'une chose ici, aucun autre mot ne le résumait mieux que ceux-là.

La bête est là, la bête avance, la bête sait que l'amour ne fait pas partie de son récit
La bête sait bien qu'il n'est que de vérité
Près de ces écrits anciens que les hommes ont un jour gravé
Là sous ces pierres, ces œufs venus de l'enfer
Qui ne sont pour lui que du malheur envoûté de magie
Ces mégalithes, ces cercles si magnifiques
Couvent sur ces terres comme s'ils attendaient le moment critique

Le prince eut un pâle sourire en lisant ces quelques vers, ils évoquaient si bien Smaug... Pourtant même ici, Legolas arrivait à se voir entre les lignes d'encre vieillie sur ce parchemin froissé. S'il remplaçait les œufs par des dagues, ces armes source de son malheur, symbole de ce qu'il était, du rôle de tueur qu'il devait jouer. Et il craignait ce moment critique où il ne supporterait plus tout cela. Si un jour il en arrivait à se détester lui-même, à préférer rejoindre les Valar plutôt que de continuer cette vie de meurtres sanglants. Alors parfois, comme maintenant, il venait chercher un peu de réconfort dans ces écrits anciens qui l'apaisaient, mais lui rappelaient aussi douloureusement sa solitude. Car plus que tout c'étaient ces quelques mots : ''l'amour ne fait pas partie de son récit'' qui soulevaient tant le cœur meurtri du prince. Il savait que c'était là sa vérité, qui voudrait d'un assassin toujours en mission risquant sa vie et détruisant celle des autres ? Et de toute façon c'était un sentiment qui lui était interdit pour tant de raisons, pour tous les dangers qu'il représentait pour son rang.

Que vienne à moi les plaintes des damnés
Que vienne à moi le souffle du dragon délaissé
Si je vis toute une éternité
Je ne sais pas, non, je ne sais comment me faire aimer

Et ces vers qui faisaient directement écho aux précédents, révélant l'état d'esprit du prince aussi sûrement que s'il les avait écrits lui-même. Car malgré le fait que l'éternité soit sa durée de vie, il ne savait pas comment aimer. Voilà le vrai problème, jamais on ne lui avait appris, pas même l'amour d'un enfant envers son père. À quoi cela lui aurait-il servi ? Legolas n'était qu'un assassin, les seules choses qu'il devait aimer et servir c'était ses armes, sa terre et son royaume. Résultat le voilà délaissé, seul au milieu des plaintes de ceux qu'il avait tués.

Dans le brouillard, là-bas plongé dans le noir
Au pied d'un vieux chêne il attend à l'affût du moindre bruit
Les chants, les cris, les plaintes de la forêt
Toutes les prophéties portées par les vents sous des temps mauvais
Et puis le froid qui fouette son épiderme
Esclave ici-bas il ne connaît pas la chaleur d'un lit

Ainsi, l'assassin royal évoluait en solitaire, dans le brouillard de son propre esprit, envahi de doutes, de peurs et de souffrances. Dans le froid qui engourdissait toujours un peu plus son âme déjà perdue dans le noir. Mais Legolas avait appris à apprivoiser ses propres démons, il avait oublié les sensations de bien-être, de bonheur, et de chaleur. Ou bien peut-être ne les avait-il jamais connu ? Le prince leva son regard du parchemin usé, et observa un moment l'ombre d'un vieux chêne qui se profilait derrière l'unique fenêtre. Mais après tout, peu importait, car il n'était que l'esclave de cette forêt. Il appréciait la Mirkwood, c'était son foyer. Il en connaissait chaque bruit, tous les chants que le vent faisait s'élever entre les branches. Mais il entendait aussi ses plaintes, ses cris d'agonie, comme autant de prophéties qui annonçaient toujours plus l'arrivée du Mal qui léchait déjà ses frontières. Legolas savait que son rôle était de protéger cette forêt, et quel qu'en soit le prix, il l'accomplirait. C'était sa fierté autant que sa perte.

Il est si seul mais maître de son domaine
Et rien ni personne ici ne pourra lui briser ses chaînes
L'animal pleure, l'animal hurle
L'animal se contente de se cacher sous des monticules
Esprit maudit, esprit fort et maléfique
En dessous des cris, des paroles des incantations druidiques

Le prince assassin se savait seul, mais toujours la forêt et la nuit l'accueilleraient comme leur enfant. L'ombre des grands arbres était son domaine, il en était le maître, mais aussi le serviteur. De lourdes chaînes le liaient à ces terres et à son rôle de tueur. Rien ni personne ne pourrait jamais changer cela. Il était condamné à rester dans les ténèbres de la solitude, partagé entre sa fierté et sa culpabilité. Parfois il se sentait comme un animal sauvage en cage, il avait envie de hurler, de crier, de pleurer même. Mais si Legolas se savait maudit par son destin, il y trouvait aussi son courage. Son esprit était fort, car toujours il côtoyait le revers maléfique du fait d'être un tueur. Pourtant il restait intègre au prix d'une lutte, à chaque meurtre renouvelée, pour garder sa morale et ses valeurs. Le prince pouvait endurer tout cela, car il savait que la forêt récompenserait avec reconnaissance son gardien. Et quand le vent agitait dans un frémissement les branches, Legolas pouvait entendre s'élever ces murmures, presque des paroles, de remerciement et de réconfort.

Que vienne à moi les plaintes des damnés
Que vienne à moi le souffle du dragon délaissé
Si je vis toute une éternité
Je ne sais pas, non, je ne sais comment me faire aimer

Malgré tout, Legolas ne pouvait parfois s'empêcher de ressentir remords et regrets. Car même en une éternité de vie il ne saurait pas se faire aimer. Il n'était rien d'autre qu'une âme damnée, délaissée dans les ombres. Un souffle de vent, plus violent que les autres, fit ciller la flamme de la bougie et craquer le bois des murs en une plainte déchirante. Le tout faisant écho aux conflits qui agitaient le prince elfique.

Si le bonheur n'a pu s'étaler ici
C'est que le prêcheur est devenu son meilleur ennemi
Il saigne encore, mordu par sa vérité
Prisonnier d'un corps dont il n'a jamais voulu habiter
Les coups de fouet, les croix brûlées sur son dos
Tous ces souvenirs, ces plaies nous racontent ce qu'il a subi

Car son cœur saignait, maintenant que ces mots estompés par les années lui avaient fait clairement comprendre sa vérité. Celle d'un être des ombres, écarté à jamais des chemins lumineux menant à un bonheur simple et pur. Un prêcheur au service de la mort en personne, prisonnier de ce corps et de ce destin qu'il n'avait pas choisi. Un destin qu'il subissait, les coups, les plaies et autres brûlures qui marbraient sa peau en étaient autant de témoins. Chacune de ses cicatrices racontait une histoire, dont Legolas se souviendrait aussi longtemps qu'il vivrait. Ces deux entailles qui formaient une croix sur le devant de son épaule droite. Il avait récolté la plus ancienne durant ses longues heures d'entraînement, la plus récente lors d'un combat difficile. Cette estafilade qui barrait son dos de l'épaule gauche à la hanche droite, reste de son duel avec un ennemi particulièrement dangereux. Tout son corps n'était qu'un tableau où se dévoilaient ces marques, comme autant de rappels douloureux de son rôle d'assassin.

Des villageois qui ont voulu le tuer
Ils n'ont fait que des pas de géants vers la mort sans se douter

Mais cet homme sait, cet homme souvent se raconte
Cet homme n'oublie pas ce qu'il était avant d'être le fruit
Cet être aimé, tué, violé par la honte
Sous la canopée percée la lune a trouvé son petit.

Le prince elfique fit une pause dans sa lecture, il calma son esprit agité de tourments, respira doucement. Puis il balada à nouveau ses yeux sur ce parchemin jauni par le temps. Quand il lut le dernier complet il pensa tout d'abord qu'à ce moment, les mots s'éloignaient enfin de sa propre vie. Il ne tuait pas de villageois innocents, uniquement des êtres dont existence même était une honte pour la Terre du Milieu. Et chaque pas que feraient ces créatures s'approchant de la Mirkwood, et donc de lui, les rapprocheraient d'une mort certaine sous ses dagues et ses flèches. Mais Legolas n'oubliait pas que l'assassin n'était qu'une vision de son rôle. Il se savait être avant tout un gardien, la main armée guidée par la forêt elle-même. Et derrière la fenêtre les nuages s'écartèrent, pour laisser la lune percer la canopée et éclairer son enfant de sa lumière argentée.

Que vienne à moi les plaintes des damnés
Que vienne à moi le souffle du dragon délaissé
Si je vis toute une éternité
Je ne sais pas, non, je ne sais comment me faire aimer

Désormais, la pièce étriquée de l'ancienne bibliothèque était éclairée par la lune, trônant en reine dans un ciel sans nuages et avec les étoiles pour suite. Les murs étaient toujours plongés dans les ombres, mais celles-ci semblaient bien moins menaçantes et étouffantes. L'elfe se leva pour ranger les parchemins qu'il avait éparpillés sur la table de bois poli par les années. Son mouvement fit s'éteindre la flamme fragile de la bougie, mais dans la clarté de la lune, elle n'était plus nécessaire. Et puis Legolas connaissait par cœur les rayonnages de cette bibliothèque désuète, qui l'accueillait pourtant affectueusement à chacune de ses visites. Le prince elfique reposa le parchemin, garant de ces quelques mots qui l'avait tant secoué, à la place exacte où il l'avait trouvé. Durant des heures il était resté ici, penché sur cette vieille ballade bien trop proche de sa propre vie. Ces vers, il lui avait meurtri le cœur et l'esprit, ravivant ses pires souvenirs, ses doutes et ses douleurs. Ils l'avaient fait se perdre dans ses propres ombres, pour mieux l'en sortir.

Que vienne à moi les plaintes des damnés
Que vienne à moi le souffle du dragon délaissé
Si je vis toute une éternité
Je ne sais pas, non, je ne sais comment me faire aimer

Legolas releva son regard vers la lune et sourit, un petit sourire doux et calme. Il savait, il avait compris. Il était un elfe des bois, un prince héritier, un assassin esclave de son rôle. Mais il était surtout le gardien de cette forêt et l'enfant de la lune. Il vivrait dans les ombres, seul, car telles étaient sa place et sa fierté. L'elfe sortit de la petite pièce d'un pas déterminé, il était temps qu'il reparte assumer son rôle. Legolas gagna les ténèbres du couloir désert, une douce mélancolie accrochée au cœur, une simple nostalgie qui jamais ne le quitterait. Pour l'éternité de son existence, sans autre amour que celui de la nuit, il serait le prince et l'assassin de la Mirkwood.

FIN


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