-Viens mon ange, j'ai quelque chose à t'offrir, dit-il à sa femme, tous deux courant vers un arbre en se tenant par la main.
Ils étaient à l'entrée de leur village. Un petit endroit éloigné des grandes villes dans un style Moyenâgeux et celtique. En dehors des regards indiscrets, l'entrée du village était parfait pour se déclarer à la femme de sa vie. Au pied d'un arbre à quelques mètres de l'entrée, les deux jeunes tourtereaux s'enlacèrent tendrement, transmettant tout leur amour pour l'autre dans quelques murmurent. Avec leurs longues oreilles pointues, ils étaient facilement comparable à des elfes. Mais ce qui les distinguaient bien à ces créatures étaient le bord de leurs oreilles : elles étaient colorées. Cette différence était le symbole d'une race mystique et ancienne. L'étrange créature regarda avec amour sa bien aimé :
-Tu sais, cela fait déjà un long moment que nous sommes ensembles, il posa un genou au sol et sortit une bague de sa poche. Alors, veux-tu m'épouser ?
La jeune femme n'en revenait pas. Ses yeux, émerveillés, elle répondit un grand « oui ! » avant de sauter dans les bras de son fiancé. Tous deux s'embrassèrent langoureusement, mais ce baiser fut vite coupé par des bruits de feuillages que la femme aperçue :
-Dit chéri, tu n'as entendu ?
-Entendu quoi mon bébé ? Répondit-il interrogatif.
-Oh, ça devait être le vent, inventa t-elle comme excuse pour se soulager.
Sur ces paroles, ils reprirent leur baiser. Cependant, le bruit se fit plus persistant, se rapprochant de plus en plus du couple. La sublime créature paniqua de plus belle, l'exprimant à son amoureux :
-Abi, tu ne penses pas qu'on devrait aller autre par ? Je ne me sent pas à l'aise ici...
-Et bien si c'est ce que tu préfères, pourquoi pas ! Dit-il en souriant.
Il prit la main de sa future épouse et l'accompagna dans un endroit plus tranquille. Néanmoins, changer de position n'allait pas échouer les plans de leur poursuivant. Soudain, une flèche transperça le cœur de l'être mystérieux laissant dégouliner quelques gouttes de sang sur le beau visage de la jeune fille. Celle-ci hurla de toutes ses forces, horrifié par le spectacle qu'elle venait d'assister. La soirée qu'elle croyait être l'un des plus beaux jours de sa vie s'était éteinte à la mort de son mari. Ses jambes commencèrent à flageoler, puis ses bras, et enfin son corps tout entier qui s'effondra, ne pouvant plus supporter son poids devenu trop lourd. Mais il eut à peine le temps de frôler le sol qu'une flèche vola et alla se loger dans sa poitrine. Les deux corps gisaient maintenant sur sol, laissant propager leurs sangs teintant de rouge l'herbe fraîche et humide.
Quinze minutes avant, dans une maisonnette à l'intérieur du village, une mère contait une histoire à sa fille.
« Il était une fois, un monde où être humain, licorne, et bien d'autres créatures, vivaient en paix et en harmonie. Ce monde s'appelait Eldarya. Sur ces terres, tous les sentiments tels que la colère ou la tristesse n'existaient point. Les habitants s'entraidaient et partageaient leurs vivres quand d'autres étaient dans le besoin. C'était un endroit proche du Paradis.
Ce monde était dirigé par les Kitsune, des êtres considérés comme la race supérieur de toutes les espèces vivant sur cette planète. Seules deux choses les rendaient surpuissants : leur intelligence, et un don que seulement très peu de personne savait le pratiquer, la magie.
Mais un jour, cet équilibre fut brisé. Les dragons, ces êtres surpuissants, aussi bien au niveau magique que niveau stratégie, étaient jaloux d'eux. Ils disaient que ces créatures mi humaine mi renarde manipulaient le peuple pour des raisons obscures. Ils décidèrent alors d'établir leur vengeance en attaquant le capitole, un grand palais où les Kitsune se réunissaient une fois par an pour un conseil de guerre.
La bataille fut une guerre longue de cent ans, et plusieurs millions de personnes y perdirent la vie. Les kistunes, sortant vainqueurs de la bataille, emprisonnèrent et bannirent les derniers dragons survivants sur une île exilée, très loin des terres d'Eldarya. Malgré tout, certains réussirent à s'échapper de l'île pour retourner à Eldarya et furent recherchés par les gardes d'Eel jusqu'à leur mort.
Encore aujourd'hui, certains dragons sont pourchassés. Peut-être pointeront-ils le bout de leurs nez un jour ?
FIN. »
Mes paupières étaient presque closent. J'étais bercée par la voix douce de ma mère, me racontant l'histoire « Les origines d'Eldarya ». Un culte dans le pays. J'étais allongée dans mon petit lit de bois qui se situait dans la cave. Ma mère me disait toujours que c'était pour me protéger des méchants, et à l'époque, je ne me posais pas trop de question. Ma maman me caressa le front, m'hypnotisant de sa tendresse dans un profond sommeil. Je me rappelais encore ses derniers mots qu'elle put prononcer cette nuit là :
-Bonne nuit mon petit ange, et ne t'inquiète pas, un jour les dragons se vengerons des kitsune, pour que toute race puisse cohabiter et vivre en paix et en harmonie dans ce monde qui ne nous accepte pas, me murmura t-elle avant de m'embrasser sur le front et de partir sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruits.
Le lendemain matin je me dirigeais, comme à mon habitude, vers la cuisine. Néanmoins quelle fut ma surprise en voyant deux cadavres baignés de sang, longés de tous leurs long sur le sol. Mon regard se concentra sur leur visage, me laissant pousser un cri d'horreur. C'était mes parents.
J'étais complètement effrayé. J'accourus vers leurs cadavres comme si ma vie en dépendait. Je regardais de plus près les visages avec une once d'espoir, mais c'était bien eux. Mes jambes cédèrent sous le choc. Leurs morts m'étaient insupportable à tel point que mon corps ne pouvait me supporter moi même. J'en étais effaré, voir ces corps couvèrent de sangs me donnaient la nausée. Je ne pouvais plus voir cette scène, c'était comme un cauchemar éveillé. Il fallait que je m'échappe de cet endroit. Avec hâte, je me dirigeais vers la porte d'entrée, adressant un dernier regard à mes parents défunts avant de saisir le poignet de la porte.
Le village était complètement désert. Il n'y avait ne serait-ce que le bruit du vent et des feuillages des arbres qui montraient encore des signes de vie. Les seuls d'ailleurs.
-Il y a quelqu'un ?! Hurlais-je, si oui répondais moi !
Comme je m'y attendais, personne ne répondit. J'étais terrorisée. A cet instant, je repensais à tous ces jours heureux au village. En marchant un peu je pus distinguer la place du puits, maintenant complètement détruit. Je me voyais encore en train jouer avec mes amis. Un peu plus loin, je pus remarquer le marché. J'y allais souvent avec ma mère pour faire les provisions de la semaine. Malgré nos maigres recettes, on arrivait quand même à se nourrir, se vêtir et se loger. Mais maintenant tout cela était finis, tout cela était réduis à néant. J'étais seule, et je n'allait plus jamais revoir mes proches. Je sentis une goutte couler le long de ma joue, puis deux, puis quatre, et enfin tout un torrent de larmes.
Je sursauta : on venait de saisir mon poignet ! L'inconnu mit sa main sur ma bouche pour m'empêcher de crier à l'aide et m'isola dans une petite ruelle sombre du village, me débattant de toutes mes forces. Celui-ci se retourna vers moi en me libérant de son emprise. Il possédait une longue cape noir, se qui cachait son visage ainsi que le reste de son corps. Je profita de l'occasion pour m'enfuir mais celui-ci, avec une force inouïe, réussit à me tirer vers lui comme un vulgaire jouet. Il sortit de sa poche une fiole au liquide orange qu'il ouvrit puis vaporisa autour de moi une brume identique à la couleur de la potion. Le « poison » contenu dans la fiole me mit dans un état d'euphorie.
-Ne t'inquiète pas, je ne te veux aucun mal. Je veux juste te protéger, dit-il.
Même si son visage n'était pas visible, je pouvais sentir à travers sa voix qu'il était vraiment sincère. Et même si je venais de voir mes parents mourir, je me sentais étrangement plus calme, plus sereine, comme si le mal n'existait pas, certainement à cause de la fiole.
Je hochais doucement la tête comme signe que j'acceptais sa confiance puis il m'enlaça et jeta une autre fiole au le sol créant ainsi une explosion violette. D'un seul coup, nous prîmes de la vitesse. Les arbres défilaient à grande allure et je pouvais sentir le vent passer dans mes cheveux. Cela me fit sourire, rendant cet instant merveilleux. Il me faisait oublier l'espace d'un instant tous mes problèmes. Malheureusement, nous nous arrêtâmes brusquement devant un terrier sombre qui semblait assez profond. Toujours tenu à moi, nous rentrâmes dans ce terrier. Je fus époustouflée par la beauté de l'endroit : à l'intérieur, un magnifique chêne était illuminé par un rayon de lumière, celui-ci entouré de milliers de petites lucioles de toutes les couleurs rendant ce lieu magique. Le chêne devait avoir plusieurs milliers d'années, tout au plus.
L'inconnu à la cape noir m'allongea au pied du chêne puis se positionna devant moi. Je ne compris pas tout de suite ce qu'il voulut faire quand soudain un cercle magique apparu tout autour du vieux chêne. Me voyant en train de paniquer, il s'expliqua :
-Tu vas t'endormir pendant un petit moment. Ne t'inquiète pas, ce ne sera pas long, dit-il tout en laissant un petit rire s'exprimer pour détendre l'atmosphère. Tu te réveilleras le jour où je ne serais plus apte à te protéger. Maintenant, endors-toi, avant que tes poursuivants ne découvre cet endroit, finit-il en douceur.
Une sorte de poudre semblable à du pollen voleta des branches du vieux chêne. Ce pollen me fit bailler à plusieurs reprises, me mettant dans un état de fatigue. L'homme s'éloigna tout doucement vers l'entrée de la cachette. J'ordonnai à mon corps de se lever, mais il en décida autrement. Mes paupières se fermèrent petit à petit, m'entraînant dans un sommeil profond de 4 000 ans…
