Me revoici pour une très courte histoire, pas plus de 3-4 chapitres, courte mais qui se veut intense, très dure aussi.
Je vous laisse la découvrir.
Il se tenait droit, à défaut de se sentir fort.
Il tentait de maîtriser les émotions qui se bousculaient et courraient dans tous les sens. Il essayait, sans grande réussite, de repousser cette révulsion qui le secouait jusqu'à lui en donner le tournis, cette épouvante glacée qui le tenaillait, l'étouffait, à mesure que les secondes s'égrainaient et qu'arrivait cet instant fatidique tant redouté.
Cet instant où il était susceptible d'accomplir ce geste qui allait à l'encontre de tous ses idéaux, de tout ce qu'il savait, aux antipodes de ce qui lui avait été enseigné tout au long de sa vie.
Cet instant où il se verrait mettre de côtés, aux oubliettes, ces préceptes et ces valeurs qui faisaient de lui l'homme de bien et de justice qu'il était.
Ce geste qu'il lui avait été "demandé" d'effectuer, en toute connaissance de cause et surtout les conséquences qui surviendraient s'il refusait.
Pas la moindre alternative possible en définitif.
Bon ok.
Demander. Proposer. Ordonner. Mais c'était pareil; des termes sémantiques différents mais qui contenaient cette même finalité, un aboutissement identique.
L'anéantissement.
Pur et simple.
Il savait qu'il n'y aurait aucun retour possible pour lui s'il venait à se soumettre aux exigences.
Même si ce n'était plus réellement une question de 'si' mais de 'quand' dans sa tête.
Quand.
Dans moins de trois minutes à présent.
Il savait que cette presque-décision allait le détruire à petit feu, lentement mais surement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de lui qu'une enveloppe corporelle vide, sans une parcelle de volonté pour l'animer.
Qu'il serait aussi mort à l'intérieur que Kate l'était à l'extérieur.
C'était d'ailleurs le dessein de tout ceci, l'objectif final de cette mascarade, de cette tragédie.
Son anéantissement.
Total, définitif.
Sa destruction éternelle, une souffrance intolérable et incurable.
L'Homme voulait après tout se venger pleinement de lui. Et il avait concocté ce scénario, cette situation qui dépassait en horreur tout ce qu'il avait pu voir ou vivre durant ses onze années dans les forces de l'ordre puis comme agent au NCIS.
Aujourd'hui il avait vu un être humain s'abandonner à ses instincts les plus vils, s'abaisser aux pires exactions, ne reculant devant rien, guidé par la haine et la vengeance. Il l'avait vu abandonner toute trace d'humanité et devenir une abomination sans une once d'empathie, zéro remords. Sans la moindre considération pour les dommages collatéraux que ses actions engendreraient, bien au contraire. Chaque innocent représentait un bonus, un moyen de pression pour l'atteindre lui.
Et le Monstre avait su s'en servir, oui !
Ce qui le mettait lui en situation de complète infériorité, d'absolue servitude, sans échappatoire aucune.
Et ça allait entrainer sa chute.
Et les secondes passaient.
Que n'aurait-il donné pour être en cet instant sur ce lit d'hôpital, luttant de toutes ses forces contre ces milliers de bactéries qui le faisaient s'étouffer dans ses propres sécrétions, cette maladie d'un autre temps qui l'avait fait prendre conscience de sa propre vulnérabilité, l'avait confronté à sa propre mortalité. Il s'était senti si impuissant, si fragile, si infiniment petit. Il n'avait jamais été aussi terrifié de sa vie.
Que n'aurait-il donné pour se retrouver sur ce toit, Gibbs à ses côté, son visage recouvert du sang de sa Kate qui gisait à ses pieds, inanimée, immobile, disparue à jamais. Et lui totalement figé à la regarder mais son cerveau refusant de reconnaitre ce qu'il se passait, lui se tenant là confus, détaché, dans un état second, avec l'impression de se trouver dans un univers alternatif, dans une de ces scènes de série B qu'il méprisait tant. Puis tout s'était accéléré, le monde s'était remis en mouvement à une vitesse telle qu'il s'était senti chavirer, la main de Gibbs sur son épaule comme seul point d'encrage. Puis la colère, une rage peu commune engendrée par un lourd désespoir l'avait envahi. Et la douleur, une abominable souffrance qui lui serrait la poitrine, de celle qu'il n'avait jamais éprouvé jusqu'alors. Et ses larmes qu'il sentait proches mais qui refusaient de se montrer, de se déverser. Pour une amie, pour une sœur. Le pire déchirement qu'il avait jamais au grand jamais subi.
Que n'aurait-il donné oui !
Cela avait été atroce, mais ces épisodes de sa vie, les deux pires qu'il avait traversés jusque-là, n'atteignaient pas, de beaucoup, l'horreur qui était sienne à présent.
Les secondes s'égrennaient toujours.
Deux minutes.
Et il se tenait là, en proie à la folie meurtrière de ce monstre et de ses acolytes. Sans espoir d'être secouru, à temps.
Bien sûr il était humain. Il lui arrivait de se tromper, comme n'importe qui, sauf peut-être Gibbs.
Mais il savait que ce ne serait pas le cas ici, il le pressentait.
C'était juste lui. Le monstre. Et les autres.
Et il avait ce choix drastique à faire, entre le pire et le pire du pire.
Même si quelque part c'était dejà fait.
Il savait. Presque
Cette part du quand par rapport à celle du si qui s'appesantissait sur ses épaules, qui lui donnait l'impression de s'enfoncer dans le sol un peu plus à chaque seconde qui défilait.
.
A suivre.
Alors ? Vous aimez ?
Des questions ? :-p
