Mine, always and forever
Vu que le triangle amoureux est un sujet récurrent dans Vampire Diaries -que ce soit Damon/Katherine/Stefan ou Damon/Elena/Stefan ou Klaus/Caroline/Tyler, j'en passe et des meilleurs- je propose le mien:
Kol/Bonnie/Finn.
Etrange, n'est-ce pas?
Ceci est une histoire courte... qui aurait pu être un OS d'ailleurs.
Reprise de l'épisode 14 de la saison 3: Et si Bonnie avait participé au bal ?
o*o
Chapitre 1: Join the party
Bonnie avait dépensé toutes ses économies du mois -voire de l'année- dans ce qu'elle s'apprêtait à porter au bal des originaux. C'était une robe blanche au décolleté léger avec une fine ceinture doré qui soulignait sa poitrine. Juste en dessous s'évasait quelques couches de tulle blanc qui descendait jusqu'à ses chevilles. La robe en question trônait sur son lit, attendant d'être portée.
Bonnie avait toujours été une personne mûre et réfléchie. Pourtant ce qu'elle était en train de faire était complètement, absolument, résolument stupide.
Dès qu'elle avait appris qu'Esther voulait rencontrer Elena grâce au coup de fil de Caroline, une sorte de conspiration s'était mise en place: Stefan et Damon, de leur côté, allaient s'assurer qu'Elena ne participe pas au bal et Bonnie, elle, rencontrerait Esther à sa place. C'est ainsi qu'ils en avaient tous décidé -à l'insu d'Elena. Les deux sorcières avaient toutes les deux des comptes à régler. Et, si ce que les originaux clamaient tout haut était vrai, elle ne risquait rien... mais pouvait-on réellement leur faire confiance?
Ou, autre question: Pourquoi vouloir participer à ce bal était stupide de sa part ? Tout simplement parce que ses pouvoirs semblaient l'avoir délaissée depuis qu'elle avait ouvert le cercueil. Elle s'était épuisée mentalement et physiquement et elle ne pourrait user de sa magie que lorsqu'elle aurait complètement récupérée... du moins, elle l'espérait. Et le plus tôt serait le mieux!
Autrement dit, elle se jetait dans la fosse aux lions sans aucune protection. La meilleure façon de bien s'en sortir serait de se faire discrète et réclamer une audience 'amicale' à cette Esther, pour voir exactement ce que celle-ci voulait. Et puis, pourquoi avait-elle demandé à rencontrer Elena ? Cela n'annonçait rien de bon. Bonnie savait que quelque chose se tramait, et elle devait en avoir le coeur net.
Elle enfila sa robe, releva ses cheveux en chignon tout en laissant quelque mèches encadrer son visage. Elle enfila ensuite ses long gants de soie doré et prit un châle de la même couleur avant de se précipiter vers la sortie pour rejoindre Stefan, qui s'était gentiment proposé de l'accompagner. Même s'il ne le disait pas, et ne le montrait pas, il était grandement rassuré que ce soit Bonnie qui ait décidé de rencontrer Esther: de toute évidence, il ignorait que celle-ci n'était plus vraiment en contact avec ses pouvoirs.
o*o
Les Mikaelson possedaient une magnifique maison, cela ne faisait aucun doute. Bonnie monta les quelques marches avec Stefan et on leur ouvrit les portes. Bien que le hall d'entrée était gigantesque, la première chose qui tapa dans l'oeil de la sorcière fut le second frère Salvatore, en train de discuter avec le maire.
-Je pensais que c'était à toi de venir... glissa Bonnie à l'intention de Stefan avec une pointe de colère dans la voix.
Stefan haussa simplement les épaules et s'éloigna pour la laisser planter sur le seuil, sans même daigner lui répondre. "Quel toupet!" grogna Bonnie avant de s'avancer vers Damon.
-Damon, que fais-tu là? N'étais-tu pas censé veiller à ce que Elena reste chez elle ? ... Bonjour Madame Lockwood, ajouta t-elle poliment.
-Bonjour Bonnie, répondit le maire avec un sourire.
Damon se tourna vers elle avec une expression de franche surprise sur le visage.
-De quoi tu parles? C'est à Stefan de le faire.
Le regard de Damon bifurqua automatiquement vers Stefan qui se tenait vers la porte et les observait avec un léger sourire moqueur. Le Salvatore pinça les lèvres devant la désinvolture de son frère et se concentra de nouveau sur Bonnie.
-Quel imbécile, soupira t-il, je suppose qu'Elena va en profiter pour faire des siennes. Elle risque de débarquer d'un moment à l'autre... Tant pis, on pourra la protéger.
-Vous êtes complètement stupides... éructa Bonnie, tous les deux comme vous êtes! Vous auriez dû l'enfermer quelque part! Tu crois vraiment que vous pourrez faire le poids face aux originels?
Damon soupira d'exaspération, Bonnie avait le chic de toujours faire la morale à tout le monde.
-Non mais puisque tu es là, ça équilibre la balance, répondit le brun du tac au tac.
Bonnie avait grandement envie de lui hurler que ce n'était pas du tout le cas et qu'elle ne servirait pas à grand chose si une bataille éclatait sauf que voilà, tout d'abord, elle ne voulait pas attirer l'attention sur elle, et ensuite, crier sur tous les toits qu'on est une sorcière inoffensive revient à se passer soi-même la corde au cou.
-Maire Lockwood! s'exclama une voix douce d'où débordait un ravissement trop excessif pour paraître naturel, Kol Mikaelson.
Un Mikaelson, un originel ! Damon et Bonnie se tournèrent d'un même mouvement vers le nouvel arrivant qui venait de se présenter. Il avait l'allure d'un beau jeune homme au teint pâle et aux yeux sombres. Il déposa un baiser sur la main du maire avec un sourire qui se voulait charmeur, mais que Bonnie aurait plutôt défini comme étant carnassier.
-J'espère que cette ville nous acceptera autant que nous sommes prêt à l'accepter, déclara t-il avec une bienveillance qui sonnait atrocement faux.
Il se donnait un air aimable mais la sorcière n'était pas dupe. Le maire hocha poliment la tête et Damon s'avança vers lui en tendant poliment la main, se présentant à son tour:
-Damon Salvatore.
Une étincelle passa dans les yeux de l'originel et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
-On s'est déjà rencontré? ajouta Damon, incertain.
Le dénommé Kol Mikaelson ignora royalement la main tendu.
-J'ai rencontré beaucoup de gens, et tu ne t'en distingues pas spécialement, répliqua t-il alors que son visage disait... tout le contraire -ce que Damon ne sembla pas remarquer.
-Il ment! lui glissa discrètement Bonnie en ouvrant de grands yeux surpris -Comment Damon avait-il pu côtoyer un originel auparavant sans que personne ne le sache?
Elle ne se souvint que trop tard que, étant vampire, Kol avait lui aussi entendu. Il porta alors son attention sur Bonnie et son regard s'alluma autant que son sourire s'élargit. Plus de doutes, c'était bien un sourire carnassier. L'originel s'avança alors vers Bonnie. Cette dernière se tendit automatiquement lorsque celui-ci prit sa main gantée pour y déposer un baiser.
-Et à qui ai-je l'honneur? demanda t-il d'une voix suave.
Kol avait maintenu sa main dans la sienne et ne semblait pas décidé à vouloir la laisser s'échapper. Bonnie prit une légère inspiration. Elle avait vu beaucoup de vampires dans sa vie mais aucun d'entre ne dégageait une aura aussi malsaine. Pas même Klaus. Son instinct de sorcière lui hurlait de fuir mais elle ne bougea pas d'un pouce, se contentant d'observer Kol d'un air sombre. L'originel la détaillait du regard avec un intérêt non dissimulé et Bonnie se surprit elle-même à se perdre dans son regard noir comme les ténèbres. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il avait en tête. Au final, elle répondit simplement:
-Bonnie.
Elle s'était retenue de justesse d'ajouter « Bennett », ce qui aurait probablement signé son arrêt de mort.
-C'est un plaisir, Bonnie, dit-il à voix basse
La sorcière se sentait de plus en plus mal à l'aise. Elle chercha Damon du regard pour avoir un peu de soutien mais celui-ci s'était déjà éclipsé pour rejoindre princesse Elena qui, comme il l'avait prévu, venait de "débarquer". Il reçut donc quelques insultes mentales de la part de la sorcière qui se sentait complètement perdue, abandonnée, délaissée... bref, seule.
-Tout le plaisir est pour moi, répondit-elle en essayant de garder une respiration régulière, puis-je reprendre ma main? ajouta t-elle en essayant de paraître aimable.
Pendant un instant, elle crut qu'il ne la lâcherait pas et pourtant, il s'exécuta tout en prenant soin de laisser ses doigts glisser le long de sa main. Il l'observait avec amusement, comme s'il savait qu'elle était effrayée. Non seulement il devait avoir entendu les battements de son coeur s'accélérer mais en plus, le visage de Bonnie n'en dissimulait pas des masses -et ce malgré tous ses efforts pour rester inexpressive. Sans plus de cérémonie, l'originel s'éloigna et Bonnie put reprendre une respiration convenable. A présent, elle devait trouver Elena pour lui remonter les bretelles. Elle releva légèrement sa robe, pour laisser plus de liberté à ses jambes et parcourut la jolie maison des originels, cherchant Elena du regard. Il y avait tellement de monde que lorsqu'elle la trouva, celle-ci était déjà en compagnie d'un inconnu. Bonnie s'en approcha discrètement pour tenter d'écouter ce qu'ils se disaient.
« Si vous voulez rencontrer ma mère, il vous faudra être seule. »
La sorcière ouvrit de grands yeux. C'était lui aussi un originel. Il avait des cheveux châtain et ses yeux étaient aussi clairs que ceux de Kol étaient noirs.
Le bruit de tintement de verre les interrompit dans leur discussion. La voix d'Elijah, couvrant l'assemblé, les invitait à se réunir. L'originel qui discutait avec Elena s'excusa auprès d'elle et s'éloigna pour aller rejoindre ses frères et sa soeur sur les marches de l'escalier. Bonnie en profita pour attaquer son amie.
-Je peux savoir ce que tu fais là, cracha t-elle, le regard lançant des éclairs.
La brunette se retourna d'un bond.
-Bonnie...! s'exclama t-elle
Ne se laissant pas démonter par le ton hargneux de son amie, Elena se redressa fièrement et lissa le devant de sa robe d'un geste de la main. Puis elle prit la parole:
-Sache que je ne supporte pas qu'on décide à ma place. Je vais rencontrer Esther, et ce n'est pas toi qui m'en empêchera. Jolie robe, soit dit en passant.
Bonnie leva les yeux au ciel en soupirant de lassitude. Elle s'avancèrent vers les marches et purent observer la famille des originels au grand complet... enfin, presque, vu que le père avait été tué par Klaus. Elena donna un coup de coude à Bonnie et lui désigna Esther, qui dominait l'assemblée, d'un signe de tête. Mais ce n'était pas nécessaire, Bonnie l'avait déjà repérée au moment même où celle-ci avait quitté la pièce de l'étage - sa chambre?- pour rejoindre ses enfants sur les marches. Elle n'écouta rien du discours d'Elijah, le temps semblait même s'être arrêté. Il y eut un long instant de flottement ou aucune des deux amies ne parlèrent... Bonnie fut la première à se réveiller:
-C'est à moi d'aller la voir.
Elena la fusilla du regard et, tandis qu'Elijah venait de conclure son discours, elle répondit tout en s'avançant vers les marches:
-Tu n'as pas été invitée, que je sache!
Ridicule! La sorcière s'apprêta à rétorquer quelque chose mais elle fut coupée dans son élan par cette voix douce qu'elle ne reconnut que trop facilement...
-M'accordes-tu cette danse ?
Kol. Sa phrase avait une tournure interrogative certes, mais le regard qu'il lui lançait indiquait clairement qu'il n'admettrait aucun refus. Bonnie jeta un coup d'oeil en direction d'Elena et constata avec soulagement que celle-ci avait été interceptée par Damon.
Loin d'elle l'idée de se mettre un originel à dos alors que sa relation actuelle avec ses propres pouvoirs était catastrophique, elle tenta de décliner l'offre le plus poliment possible.
-Désolée, mais... je suis bien piètre danseuse et...ces chaussures me font vraiment mal.
D'accord, l'excuse était nulle, mais elle ne justifia aucunement la réaction de l'originel.
-C'est fort dommage, rétorqua t-il d'un ton glacial en prenant un air faussement désolé.
Kol attrapa fermement la main de Bonnie -qui s'étrangla de surprise- pour l'emmener rejoindre les danseurs se réunissant dans la pièce d'à côté. La sorcière voulut immédiatement protester:
-Mais...! commença t-elle
Le reste de sa phrase mourut dans sa gorge lorsque Kol se retourna pour lui lancer un regard lourd de menaces. Elle ouvrit de grands yeux effarés et n'osa rien ajouter de plus.
Elle n'avait pas les arguments pour lui tenir tête alors elle se laissa tirer vers l'avant, impuissante. Kol décida de se placer derrière le couple de danseurs que formaient Elena et Damon. Il prit les mains de Bonnie qui se tenait à présent droite comme un piquet, juste à côté de lui, et commença la marche. La danse « vieille de plusieurs siècles » avait dit Elijah. Le seul point positif dans cette affaire était que la sorcière pouvait au moins garder un oeil sur son amie.
C'est lorsque Kol se positionna en face d'elle pour placer une main sur son omoplate et commencer la valse qu'elle réalisa à quel point elle était en danger. Tout ce qui se dégageait de Kol n'était que malveillance, agressivité et perfidie dissimulées derrière un visage angélique et un sourire faussement courtois. Il n'avait aucune considération, aucune sympathie à son égard. De toute la famille Mikaelson, Bonnie avait fait la connaissance du pire membre. Le mal émanait naturellement de lui, alourdissait l'atmosphère et aspirait l'air que Bonnie tentait de respirer avec de plus en plus de difficulté. Elle posa la main sur son épaule et se laissa guider tout en priant pour qu'il ne prête pas attention aux battements de son coeur qui s'étaient mis à ressembler au bruit des sabots d'un cheval qui galope. Mais quand bien même ce fut le cas, sa mine apeurée la trahissait.
Kol l'observait avec un sourire indéchiffrable. Enigmatique, provocant, aimable... les trois à la fois? Bonnie n'en avait pas la moindre idée. Elle tenta de se concentrer sur les autres danseurs qui évoluaient sur la piste pour tenter d'oublier son cavalier qui la dévorait du regard sans la moindre gêne.
-Tu es vraiment resplendissante, Bonnie, lança l'originel pour attirer son attention.
Elle sursauta presque et fit l'erreur de rencontrer son regard. Noir, comme les abysses dans lesquels elle risquait de tomber à tout instant. Elle interpréta la légère, très infime lueur qui en ressortait comme de l'amusement.
-Merci, répondit-elle à mi-voix.
Ce vampire lui faisait réaliser, sans le savoir, que sans ses pouvoirs, elle n'était rien. Elle ne pouvait rien. C'était une humaine impuissante, vulnérable, faible. Contrairement à Elena, qui était une battante, une forte tête au courage allant au delà de toute imagination. Bonnie ne l'avait jamais autant admirée qu'en cet instant.
-Pour une piètre danseuse, je trouve que tu t'en sors plutôt bien, commenta t-il.
Etrangement, il n'y avait aucune trace d'ironie dans sa voix et son visage paraissait sérieux. Ce qui était assez surprenant d'ailleurs, vu que Bonnie se laissait guider telle un marionnette désarticulée, ne faisant même pas l'effort de bien danser.
Le moment de changer de cavalier fut comme une libération pour elle, mais elle se rendit compte aussitôt que son nouveau partenaire n'était autre que l'originel qui avait ordonné à Elena de venir voir sa mère sans aucune compagnie. Contrairement à son frère, rien d'hostile ne semblait émaner de lui. En fait, elle aurait presque juré qu'il avait à peu près la même aura rassurante que Stefan. Son intuition indiquait qu'il n'était pas spécialement un ennemi. Le regard bleu de l'originel était d'une neutralité parfaite mais un léger sourire amical était présent sur ses lèvres. Une occasion se présentait à Bonnie, et elle décida de la saisir, malgré le risque que cela représentait.
-J'aimerais rencontrer Esther, déclara t-elle d'une voix si basse qu'un humain ne l'aurait certainement pas entendu.
-Vous êtes une amie d'Elena, en déduisit aussitôt l'originel sur un ton qui signifiait clairement « c'est hors de question ».
Il parlait légèrement plus fort que Bonnie, vu qu'elle n'était pas dotée des mêmes capacités auditives que lui.
-Je m'appelle Bonnie Bennett, avoua t-elle dans un chuchotis, c'est moi qui ai ouvert le cercueil de votre mère. Je dois la rencontrer.
L'originel ne masqua pas sa stupéfaction et reconsidéra la demande de la jeune femme qui lui faisait office de cavalière temporaire. Il réfléchit quelques instants. Bonnie, étant une sorcière comme sa propre mère, n'avait aucune raison de s'opposer à leurs plans, bien au contraire. Elle pourrait même les aider, d'ailleurs, c'était sûrement pour ça qu'elle avait ouvert le cercueil.
-Ma mère avait l'intention de vous rencontrer. Mais pas ce soir, dit-il à voix basse, elle a beaucoup à faire. Revenez ici, demain. C'est tout ce que j'ai à proposer.
-Mr Mikaelson, ma meilleure amie doit voir votre mère et je n'ai pas l'intention de rester les bras croisés alors qu'elle pourrait très bien courir un danger en faisant une telle chose, dois-je vous rappeler qu'Esther a déjà tenté de la tuer? rétorqua Bonnie d'une voix basse mais ferme.
L'originel savait qu'il avait affaire à une sorcière assez puissante vu qu'elle avait pu libérer sa mère, et comme il ignorait ce qui était advenu des pouvoirs de Bonnie, elle pouvait se permettre d'avoir un minimum de répondant.
-Votre amie ne risque rien, je vous en donne ma parole, affirma t-il en plantant son regard dans celui de Bonnie.
Ses yeux exprimaient une sincérité qui troubla Bonnie. Celle-ci ne savait pas si c'était son instinct de sorcière qui prenait un peu de repos ou si cet originel était réellement un vampire bien intentionné, franc. Elle réfléchit quelques instants, pesant le pour et le contre et... décida de lui faire confiance. D'un côté, elle n'avait pas vraiment le choix et, de plus, pour la protection d'Elena, Damon et Stefan seraient d'une bien plus grande utilité qu'elle.
L'originel semblait peu bavard. Bonnie se doutait bien que si elle lui demandait ce qu'Esther voulait à Elena, il laisserait planer le mystère. Et puis, la brunette était une vraie tête de mule: quoi qu'on lui dise, sa rencontre avec Esther était inévitable et Bonnie s'était déjà faite à l'idée. En fait, son plan était tombé à l'eau dès l'instant même où Elena avait franchi les portes vitrées de la maison des Mikaelson.
-Soit, je reviendrai demain, conclue t-elle, et vous vous appelez ?
-Finn, déclara t-il en prenant sa main pour l'embrasser.
Décidément, c'était vraiment une manie dans cette famille. Bonnie se rendit compte un peu tard que les autres et eux-même avaient cessé de danser depuis un moment déjà.
-Enchantée, dit-elle, et merci.
Finn hocha poliment la tête.
-Je vous prie de m'excuser, déclara t-il en s'éloignant.
Bonnie le suivit des yeux un moment tandis que celui-ci quittait la pièce -probablement pour aller rejoindre sa mère. C'était un originel bien étrange, Finn. Il semblait réunir en lui la droiture d'Elijah et la douceur de Stefan à la fois. Lorsqu'il avait posé la main sur son dos lors de la valse, son appui était léger, presque comme une caresse. Tout le contraire de son frère, Kol, dont la main exerçait une pression beaucoup plus ferme, possessive. Bonnie resta quelques instants les bras ballants. Son regard balaya la pièce, s'attardant sur les visages qu'elle connaissait.
Caroline était en compagnie de ... Klaus? Le monde était en train de tourner à l'envers, ou quoi? La blonde était censé gardé un oeil sur Matt et Bonnie était bien tentée d'aller l'assommer pour la réveiller mais le courage lui manquait. En fait, elle n'était pas du tout à son aise dans ce nid de vampires.
Elena avait disparu et Damon semblait la chercher du regard. La sorcière, elle, ne fit même pas cet effort. En fait, Bonnie n'avait plus rien à faire ici. Il était grand temps pour elle de partir, elle ne supportait plus cet endroit, cette hypocrisie, ces faux semblants, cette fausse gentillesse des Mikaelson... Des abominations, voilà ce qu'ils étaient. Tous. Finn aussi. Et malgré tout, Bonnie ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la sympathie à son égard. Cet originel avait l'air si simple et si sincère... Bonnie soupira et secoua la tête pour chasser ses pensées.
Elena rencontrerait Esther et lui raconterait tout en détail, et le lendemain, les rôles seraient inversés.
C'était le plus juste à faire. Bonnie n'avait pas à dicter la conduite d'Elena, Stefan ou Damon non plus. Elle sortit de la pièce pour déboucher dans le hall d'entrée. Voyant qu'elle s'apprétait à partir, l'homme qui se tenait au garde-à-vous sur le côté lui ouvrit une des deux portes vitrées avec un sourire aimable. Bonnie lui répondit par un hochement de tête et...
-Qu'est-ce que tu fais?
La voix de Kol avait claqué dans son dos. Dure et sèche.
-Je m'en vais, ça ne se voit pas ? rétorqua Bonnie en se tournant vers lui pour le fusiller du regard.
-Si tôt?
-Je n'ai plus rien à faire ici.
Elle détestait ce vampire, il ne lui inspirait aucune confiance et le savoir à quelques mètres d'elle la rendait mal à l'aise. Elle lui tourna le dos et s'éloigna en priant pour qu'il la laisse tranquille, mais sa prière ne fut pas entendue.
-Tu as une voiture? demanda t-il en s'avançant d'un pas.
La sorcière se tourna de nouveau vers lui, essayant de paraitre le moins agacée possible.
-Non, j'étais censée rentrer avec Stefan mais je pense qu'il va encore rester un peu.
Pourquoi elle lui racontait tout ça ? Qu'est-ce qu'on s'en fichait après tout. Lui, surtout. Enfin... non, il n'avait pas l'air de s'en ficher tant que ça en fait, vu qu'il la regardait en fronçant les sourcils, l'air pensif. Les deux s'observèrent quelques instants en chien de faïence avant que l'originel ne déclare finalement:
-Je te racompagne.
-Non! s'exclama un peu trop rapidement Bonnie, je... je préfère marcher, et j'habite juste à côté, ajouta t-elle pour se rattraper.
-Alors on marchera ensemble, dit-il d'un ton sans appel en s'avançant vers elle.
Bonnie savait parfaitement que ça ne servait à rien d'insister. A partir du moment où celui-ci avait décidé quelque chose, rien ne l'arrêtait. Et elle n'était pas en position de marchander, mais elle se jura intérieurement que, dès qu'elle aurait retrouvé ses pouvoirs, elle lui ferait regretter sa brutalité. Arrivé à sa hauteur, Kol lui tendit galamment le bras, un sourire en coin collé au lèvre. Bonnie inspira légèrement avant de lui prendre le bras. Alors qu'ils commencèrent à marcher, l'originel reprit la parole:
-Tu ne comptais pas rentrer toute seule dans cette tenue, voyons. Si ce ne sont pas des vampires, ce sont les brigands que tu attirerais, murmura t-il avec amusement.
-N'importe quel vampire ou brigand me conviendrait mieux que toi, cracha t-elle en fixant l'horizon.
Elle se rendit compte un peu trop tard de la dureté de ses paroles et se tendit à l'idée que le vampire puisse mal le prendre. Ce qui ne fut pas le cas vu qu'il éclata d'un grand rire. Un rire franc, léger, et cristallin... autrement dit, un rire qui ne lui allait pas du tout. Alors qu'ils marchaient d'un pas régulier, Bonnie se demandait si ce n'était pas la plus mauvaise des idées que d'indiquer le lieu où elle logeait à ce vampire. En même temps, ce n'était pas comme si elle avait le choix et puis, elle gardait un semblant de sécurité du moment qu'elle ne l'invitait pas à entrer.
Elle se rendit compte que c'était complètement bête de sa part d'avoir dit qu'elle préférait marcher! S'ils avaient pris une voiture, elle se serait débarrassée de lui plus rapidement. Quoique...
-Tu as sûrement raison, admit-il en lui lançant un regard en coin.
Bonnie tentait de se rassurer intérieurement: ils étaient déjà assez éloignés de la fête. S'il avait vraiment voulu boire son sang ou la tuer, il l'aurait déjà fait depuis un bout de temps. Ce qui signifiait qu'il voulait réellement la racompagner chez elle. Bonnie tenta de faire taire son instinct de sorcière qui lui hurlait de prendre ses jambes à son cou. Après tout, Kol ne devait pas être si mauvais que ça... si ? Si.
Soudain, l'air lui manqua de façon virulente et elle se rendit compte qu'elle marchait... en apnée! Elle prit une profonde inspiration qui se voulait silencieuse: elle ne voulait certainement pas faire savoir au vampire qu'elle en oubliait de respirer tant elle était épouvantée. Pourtant, Kol, à qui rien n'échappe, eut un léger rire amusé:
-Détend-toi, Bonnie. Tu ne risques rien.
-Tu parles, marmonna t-elle
Mais pourquoi avait-elle dit ça à voix haute, bon sang? Kol rit de nouveau. Alors qu'ils marchaient, Bonnie sentait son regard peser sur elle. "Ne le regarde pas, Bonnie, ne le regarde pas. Ne tourne pas la tête, ne le regarde pas..." scandait-elle dans sa tête. "Ne..." Trop tard. Elle avait tourné la tête et leurs yeux s'étaient rencontrés. Ceux de Kol étaient d'un noir si intense qu'ils se confondaient avec la nuit. Le regard qu'il lui lançait était étrange tant il était ambigu: à la fois profond et bestial, rassurant et hostile, tendre et haineux... tout à la fois. Bonnie ne trouva pas le courage de chercher ce qui, dans tout ça, dominait alors elle tourna la tête.
Ils marchèrent alors dans un silence si oppressant que la brunette fut tentée de dire quelque chose à l'originel, histoire de se rassurer. Mais elle n'en fit rien. Si elle lui parlait, celui-ci penserait automatiquement qu'elle éprouve un tant soit peu d'intérêt à son égard. Or, si elle se taisait, elle avait plus de chance qu'il se lasse et la laisse tranquille.
Ils arrivèrent dans sa rue et Bonnie eut la soudaine impression de se sentir plus légère.
-C'est ici, déclara t-elle.
Ravie d'enfin pouvoir se débarrasser de lui, Bonnie lui lâcha le bras pour lui faire comprendre qu'il pouvait disposer. Seulement voilà, Kol n'y prêta pas attention et se contenta de l'observer en silence, semblant attendre qu'elle continue d'avancer. Ce qu'elle fit à regret, vu qu'il marcha à ses côtés. La légère et éphémère impression de liberté que Bonnie avait ressenti un instant plus tôt s'était envolée, laissant place à une terrible crainte. Evidemment, il n'allait pas la laisser partir aussi facilement. Il devait probablement attendre qu'elle meure étouffée par sa propre respiration, ou d'une crise cardiaque. Bref, qu'elle meure de peur.
En effet, il l'accompagna jusqu'à son perron.
Sentant sa présence à ses côtés, elle prit ses clés de son petit sac d'un geste tremblant, et les introduisit dans la serrure. L'originel la dévisageait avec insistance, probablement dans le but de la mettre encore plus mal à l'aise... et ça marchait.
Il n'attendait tout de même pas qu'elle l'invite à l'intérieur? Sans un coup d'oeil pour lui, Bonnie ouvrit la porte à la hâte et s'engouffra rapidement à l'intérieur. Elle était en sécurité. ENFIN! La sorcière ressentait la même chose que ces gens qui qui viennent d'échapper de justesse à la mort. Une sorte de soulagement infini, mêlé de joie et de stupeur. Elle se retourna rapidement, s'attendant à trouver Kol au même endroit, mais celui-ci n'y était plus. Il s'était éclipsé dans la nuit.
Au dehors, une légère rafale émit un son aussi aigu qu'un ricanement.
On aurait dit que le vent se moquait d'elle.
