Au Pays Des Vivants

Disclamer : tout appartient à JKR

Rating : M

avis aux homophobes : passez votre chemin!

Il est enfermé.

Il ne sait plus qui Il est.

A qui appartient la Voix, qu'Il connaît.

La peur s'insinue doucement en Lui.


Réveil

-I-

Je ne savais plus ce que je faisais ici, allongé sur le sol, froid, glacé, et sale. Je ne savais plus où j'étais. Et je ne savais plus pourquoi.

J'essaya de me relever mais mes muscles me rappelèrent à l'ordre, tels des couteaux que l'on me plantait dans le corps. Je me résolu à simplement me retourner, et m'allonger sur le dos. Mes yeux s'habituaient peu à peu à la pénombre de ce lieu sinistre et singulier. Après plusieurs minutes, j'étais arrivé à distinguer les limites de la pièce. Elle ressemblait étrangement à un cachot. Je voulus de nouveau me relever mais je sombrai à nouveau dans le chaos total ...

Lorsque je m'éveilla, j'avais la gorge en feu. J'avais soif. J'avais faim. Je voulais respirer normalement. Je voulais surtout que l'on m'enlève ce chiffon de la bouche, qui me la rendait pâteuse. J'essayais de le cracher quand j'entendis un craquement derrière moi. Il y avait quelqu'un qui m'observait. J'en étais certain. Depuis combien de temps était-il là ? Je ne savais pas. J'entendais son souffle roque, lourd, et lent. Et il parla :

« arrête un peu. Tu ne pourras pas l'enlever. Calme toi ou bien ... »

Il laissa sa phrase en sursaut alors que les ténèbres me reprenaient...

Quand j'ouvris les yeux à nouveau, une migraine d'une telle intensité me frappa. Je ne pus pas réfléchir. Je ne pus rien faire d'autre que de vouloir cette fois-ci, retomber dans le néant.

Une main me gifla. Je voulus me débattre mais j'étais maintenu à ma paillasse par des cordes ou des chaînes. Le chiffon me fut arraché de la bouche et une paille me fut fourré dedans. Il m'ordonna de boire et de me taire ensuite. Je n'aurai pas eu de toute façon la force et le courage nécessaire de répliquer quoique soit. Il me donna ensuite une sorte de bouillie acide. Quand il eut fini, il me remit de nouveau le chiffon.

Quand il fut parti, j'essayais de retrouver mes esprits. J'étais dans un tel état comateux que je ne me souvenais plus de rien. Je rassemblais donc mes derniers souvenirs pour savoir ce que je faisais ici. Je ne savais même plus comment je m'appelais. Je savais que j'étais anglais, habitant de Londres. J'avais le souvenir d'adolescents assis dans une classe. Je devais donc être professeur. Mais de quoi ? Seule l'image de fumée restait. Cela ne m'avançait pas vraiment. Plusieurs femmes me revenaient mais j'étais sûr d'une chose, je n'étais pas marié. Je sais que je n'avais jamais voulu l'être.

Je ne comprenais plus qui j'étais puisque je ne savais pas qui j'étais. Des lettres flottaient dans mon esprit sans que je puisse les relier, les mettre à la suite. Des D, des R, des S, des O ... j'arrivais seulement à faire un « mal » et un « Drac » sans pour autant me rappeler à quoi cela correspondait ...

Il me fallait savoir le temps. Bien sûr, je n'avais aucune notion ni mesure du temps dans cet endroit. A ma grande honte, j'avoue que j'avais à cette époque déjà lu plusieurs auteurs moldus. Dans une de leur histoire, une femme racontait que pour mesurer le temps dans son lieu de captivité, elle faisait comme si elle passait devant les numéros de maisons dans une rue. Arrivée au numéro 60, elle changeait de rue : la rue Azkban devenait la rue Bellatrix. Cela faisait une minute. Puis arrivé à la rue soixante, on changeait de ville : on quittait Austerlitz pour Brighton ... Me rappelant de cette technique, assez rudimentaire, je m'efforçais pourtant à l'appliquer, seulement pour savoir combien de temps je restais enfermé.

Quand mon tortionnaire revint, cinq heures plus tard, je brûlais d'envie de lui sauter au cou. De lui faire du mal. De le tuer. Pire. Le torturer. Comme il l'avait fait pour moi. Mentalement.

Je fulminais de rage contre lui. J'étais très tendu. Ce qu'il ne manqua pas de remarquer. J'avais juste oublié un « détail » ; j'étais toujours attaché, bâillonné. Ce n'étaient donc que des rêves. Mais je ne voulais pas de rêves. Je voulais de l'action. Je voulais le tuer.

Durant ces cinq heures - enfin je suppose cinq heures, je me suis arrêté de compter au bout de la deuxième - j'avais largement eu le temps de réfléchir, d'éclaircir certains points. J'y étais arrivé. Pour tous. Sauf, bien sûr, un seul. Qui étais-je ?

« Que t'arrive-t-il ? Détends-toi. »

Je le sentais sourire après cette réplique. Comment me détendre alors que je vais mourir ? Du moins j'en étais persuadé.

« Vois-tu, aujourd'hui, je suis allé dîner au restaurant le Cillin, très bon. J'y ai très bien mangé. Il y avait un excellent buffet et ... mais je te dérange peut-être en te racontant tout ceci ? »

Et en plus , il se paie ma tête ... Heureusement pour lui que je ne peux rien répliquer. Foutu chiffon.

Il est resté là, durant une demi-heure à me raconter son dîner dans les moindres détails. Juste pour me dégoûter. Moi qui n'avale qu'une bouillie fade. Seulement je ne fais que l'entendre. J'espérai que je pourrai apercevoir son visage quand il serait revenu. Foutaise. Il s'est empressé de me mettre un foulard, me cachant les yeux. Sans aucune transparence. Je peux seulement le sentir se déplacer dans cette salle. J'ai déjà senti à plusieurs reprises son souffle, sur mon cou, sur mon visage. Que fait-il , à part parler, je n'en ai aucune idée. J'essaye de ne pas être pétrifié par cette peur qui s'insinue en moi. Doucement. Lentement.

« Cela fait quatre jours que tu es ici. Pas le moindre soupçon de peur. Seulement de l'incompréhension. Tu es très sage. Mais une seul loi ici : ne pas chercher à comprendre. »

C'est vrai. Qu'y a-t-il à comprendre ? Je sombre peu à peu dans une douce folie. Qui laisse place à une haine sans précédent dans mon être. Quatre jours que j'ai disparu. Il y a bien quelqu'un qui devrait s'en inquiéter. Et Lui. Cette Voix. Je la connais. Je ne sais pas à qui elle appartient. Mais je la connais. J'en suis sûr. Et que faire à part attendre ? A part souffrir et espérer ? De ce côté, Il a une imagination sans bornes.

« Enfin, arrête de te plaindre un peu ! Cela ne fait pas si mal que ça ! Si on m'avait dit un jour, que tu ne supporterais pas ce petit traitement, je les aurai pris pour des menteurs. Mais arrête aussi d'essayer de parler. Je ne veux pas t'entendre. Comprends-tu ou ai-je besoin de te l'expliquer, d'une manière, disons, moins conventionnelle ? »

On peut sentir la joie qu'il a à me faire souffrir. Juste pour rire. Juste pour s'amuser. Gratuitement.

Durant ces longues séances de, comment dire, torture est un mot bien trop faible, durant ces séances d'hystérie profonde, il m'arrivait parfois de regretter le Maître. Pour vous dire ce que j'endurais. Une « simple » brûlure au plus haut degré ne fait office que de simple chatouillement en comparaison ...

La souffrance physique n'est rien, comparé à la souffrance mentale. Cette douce manipulation, la folie qui arrive sans que l'on puisse rien faire. Si ce n'est attendre.

Mais attendre quoi ? La fin . La fin de quoi ?

La délivrance, peut-être ? Oui, mais comment ?

La mort ? Le plus probable ...

Cela fait maintenant 15 jours que je « survis » ici, sans savoir où je suis, qui Il est. Et encore cette question. Qui suis-je ?

Je sais juste que je ne mérite pas de vivre. J'ai une marque sur le bras. Celle du Maître. Je suis un fidèle. Triste ironie. S'il était encore en vie, il serait venu me sauver. Venu sauver un traître. Pour le tuer lui-même.

C'est ce que je suis. Sans aucun doute. Seulement changer de côté. Du mauvais vers le bon. Pas même loyal dans le tord. Alors pourquoi continuer à lutter ? à lutter contre Lui ? Je n'en sais rien. Juste pour savoir. Savoir qui Il est. Savoir pourquoi.

Pourquoi ...

Au début, ne me donner aucune indication du temps qui passe était un des élément de cette torture. Me le donner aujourd'hui en ai un.

Quel virement n'est-ce pas ? Le jour où Il m'a apporté cette montre, j'ai tout d'abords cru qu'Il me relâchai, ou du moins qu'il me donnait une once de liberté. Que nenni. Il me prenait la seule chose qui restait encore en moi, qui me restait : l'espoir.

Un de mes souvenirs est une couleur. Ou plutôt deux. Vert. Et rouge. A quoi correspondent-elles ? j'ai ma petite idée. J'avais comme autre souvenir des gamins assis devant moi, dans une classe. J'étais donc un professeur. Et ces élèves portaient des vêtements à dominance rouge ou verte. Ils étaient séparés, chacun de leur côté.

Le vert me revenait plus que le rouge. Peut-être que j'avais fait parti de ces élèves en vert ou je ne l'aimais peut-être pas non plus. Mais c'était une évidence.

Le vert me revenait.

J'étais sûr d'une chose au moins. C'était elle, la clé. Cette couleur. Je savais qu'elle tenait mon destin. Je le savais. Comment ? Je ne sais pas. Mais je le savais. C'était le principal.

J'ai commencé à me poser des question sur la couleur verte. A quoi elle correspondait et pourquoi ce n'était cette solution qui convenait. Mes yeux, encore et toujours dans le noir, m'aidaient, pour une fois. A me concentrer. A ne pas être distrait.

J'en ai fait une petite liste, mentalement. Voilà à quoi elle pourrait correspondre ...

« la pelouse, l'herbe ? Non, banale »

« la forêt ? en quoi cela pourrait m'aider »

« une pièce de la maison ? quel rapport .. »

« des vêtements ? les yeux bandés ... »

« l'Irlande ? ...pourquoi pas ? le trèfle ! je n'étais pas convaincu et je laissai ma conscience continuer à divaguer .. »

« la couleur des yeux ? j'ai les yeux noirs mais .. »

Un nom me frappa le visage. Harry Potter. J'avais maintenant son visage représenté dans ma tête. Et je me rappelais ... le Maître ... mais que viendrai faire Potter dans mes malheurs ... Mais ce qu'il avait dit la dernier fois que je l'avais vu, je me rappelle, m'avait très fortement marqué. Qu'est-ce qu'il avait bien pu me dire ? Cela faisait un mois que j'étais enfermé ici, et le souvenir de l'extérieur commençait à sérieusement s'estomper. Me laissant désemparer.

Et c'est là que là clé de l'histoire me fut dévoilé...

"Monsieur, s'il vous plaît. J'ai grandi. Ne partez plus du principe que je suis de votre côté."