Salut à tous et bienvenus sur cette fic ! J'espère que l'ambiance vous plaira, je prends un grand plaisir à l'écrire et espère vous emmener loin avec elle ! Je ne publierai pas avec une grande régularité mais je répondrai aux reviews avec joie. Encore une fois, c'est une histoire horrifique, vous serez prévenus, et puis je propose toujours quelques musiques par ci par là pour se plonger pleinement dans l'expérience ;)

Sur ce, je vous laisse à la lecture, qu'elle soit bonne !


WRECKING DOLL


Écouter : Lament of Innocence - Prelude to the Dark Abyss

Le chant langoureux de la mer s'évapore sur les plages marécageuses. Temps maussade. Air gris et duveteux. La houle des mers rencontre la râle des marais salants et les plaintes de ces terres inondées ont façonnées bien des légendes.

Ce village qui s'est creusé dans la vallée il y a quelques années de cela en garde mémoire. Pas un habitant ne sort après la nuit tombée. Les goules rôdent, les boues s'accumulent, le vent tape aux fenêtres comme des esprits le feraient. Maintenant que vous êtes tous et toutes bien cloitrés chez vous dans vos sièges au chaud, ou planquées dans vos couvertures, écoutez attentivement le récit qui va suivre.

C'est une histoire comme les autres, que l'on raconte au coin du feu dans les tavernes des alentours et qui continue d'insinuer un long et pénétrant frisson d'angoisse auquel personne n'échappe. Ayant fais des recherches archéologiques dans ce pays marécageux et bien mystérieux qu'est Ini…, je n'ai pu me défaire de cette légende que j'ai emporté dans tous mes voyages depuis lors. C'était un gredin bien âgé et sans doute fou qui me l'avait raconté alors, aux détours du port, lors d'une nuit bien noire. Je l'avais écouté parler et progressivement j'avais commencé à entendre ce chant terrible monter depuis la côte. Le vieil homme m'avais dis qu'il s'agissait du chant d'une sirène. Maintenant, j'en ai une toute autre interprétation…

Et ce sentiment de peur, quand je traverse encore la région, ne m'a plus jamais quitté.


CHAPITRE 1

Épave


Lavis de gris. La mer en cette soirée était calme, et même la pluie diluvienne qui tombait en elle ne pouvait la perturber. Elle ballotait quelques restes d'un navire qui s'était échoué contre les rives ouest de la vallée. Quelque corps avaient été repêchés, en vain. Tous étaient morts. Avec l'aide des habitants du village, le maire de la ville d'Ini… réussi à se débarrasser de la carcasse croulante du bateau – une perle de beauté et de robustesse – ainsi que des corps auxquels on avait fais une place à l'est, dans un cimetière commun et anonyme. C'était sur cette plage, en cette soirée du 1er novembre 7… qu'une masse informe émergea tendrement des flots.

Juvia…

Juvia…

C'est ainsi que Juvia s'appelait. C'était une des rares choses dont elle était sûre. Juvia pouvait sentir le doux vent de la soirée venir la caresser. Cela n'avait rien d'effrayant. C'était simplement comme un rêve. Juvia se souvenait de quelque chose en elle, qui aurait pu s'apparenter à cette sortie de l'eau… Mais c'était trop obscur. Elle tituba, tentant de marcher correctement, sortant peu à peu d'une grande léthargie, les muscles engourdis. Juvia pouvait sentir peu à peu une sorte de petite chaleur près dans sa poitrine se mettre en action. Oui… un Cœur. Juvia avait un cœur. Même s'il n'était fait que de métal, elle pouvait le sentir palpiter, presque, et imaginer comment il pouvait devenir incandescent…

Malédiction d'échos… Juvia avait mal au crâne, une sorte de pincement terrible la prenait. Elle décida d'avancer, de trouver endroit où se reposer. Peu à peu, ses gestes furent plus mesurés, elle commença à reprendre contact avec les alentours, avec les sensations de l'eau sur son corps, de l'air, et en même temps, comprendre sa propre rythmique. Conjuguer les deux était une vraie épreuve, mais il fallait tenir. Tous les efforts n'auraient pas été vains…

Juvia tenta alors de sourire. Le vieux G… lui avait dit que sourire était la clef. Juvia veut bien sourire, mais il semble qu'elle ne le puisse pas pour l'instant ! Aussi, elle continua d'avancer, tentant de faire remuer les muscles de sa mâchoire. Juvia doit être ralentie par l'eau. G disait ça aussi… L'eau est une alliée, mais elle ralentie tout ce qu'elle touche. Juvia essaierai plus tard.

Bientôt, ses pieds sortirent de l'onde grimaçante et elle put pleinement profiter du sol sablonneux et clair, tendrement éclairé par la lune. Elle tourna son regard vers l'étrange sphère au rayonnement spectral. Juvia se souvenait de quelque chose… Une sorte d'explosion… Rien de plus. Elle ressentit à nouveau une douleur dans sa tête, qui se propagea dans tout son corps et la fit valser. Son cœur s'accélérait. Vite ! Juvia doit tenter de le calmer. Juvia doit penser à quelque chose de beau… quelque chose d'agréable. Un nouveau flash lui apparut :

Elle était allongé sur une table d'opération, dans le laboratoire du vieux G… face à lui, et il venait de sortir un livre rouge et le posait sous ses yeux. Il y avait un portrait :

« Les humains sont différents de toi. Ne l'oublie jamais. Regarde… ils ont un corps fait de chair et d'os… Ils sont fragiles, mais ils peuvent vivre des centaines d'années ! »

« Vraiment… ? Juvia a du mal à voir leur visage. » Elle s'approcha pour mieux distinguer les yeux d'un homme brun.

« Mais Juvia doit surtout être gentille avec eux. Ils sont ton avenir. Les humaines te sauveront, ils s'occuperont de toi, bien mieux que moi. »

« Entendu… »

Le visage de la photographie face à elle était ancien, charbonneux. L'image avait vieillit, elle s'était délavée par endroit et les couleurs brunâtres s'empêtraient à la couche de papier. Juvia ne pouvait qu'observer le visage et se répéter intérieurement les mots de G, ad nauseam. Et à force de plonger son regard dans celui de l'homme sur la photographie, elle finit par ressentir une étrange impression, son cœur commençait à battre de manière étrange. Juvia ne parvenait pas à exprimer ce qu'elle ressentait, tout ce qu'elle avait finit par comprendre, c'est que ce sentiment qu'elle se découvrait était apaisant, et chaleureux.


Aussi, pour calmer son cœur, Juvia visualisa de nouveau l'homme de la photographie. Et son image s'imprima durablement en elle. Elle arriva devant ce qui ressemblait à une petite maison, tout en bois pourri. Vide, à moitié emportée par l'assaut des vagues. Juvia s'assit contre les planches de bois et soupira, ivre de fatigue et l'esprit empâté.

Elle continua de s'exercer à prononcer des mots, comme G le lui avait appris, grelottant sous le froid de la nuit noire :

« Juvia… est venue… En paix. Juvia… ne vous veut… aucun mal. »

Une larme coula le long de sa joue droite. Elle ne pouvait la contrôler et la sentit dévaler sa joue.

« Mais… Juvia est une poupée… Elle n'est pas comme vous. Juvia se fera toute petite… Juvia sera gentille… »

Et elle ferma les yeux, se libérant de toutes ces questions auxquelles sa pauvre mécanique ne pouvait répondre.

Elle se blottît contre l'abri de fortune, attendant que la pluie passe, que le vent ne l'emporte, ou que la mer ne la reprenne, que le sommeil ne l'inonde, vers des jours meilleurs.


FIN DU PREMIER CHAPITRE