Petit avertissement sur cet OS.


Même s'il peut être lu indépendamment, il complète ma fanfiction Mais c'est pas ma fille. Un épilogue « 40 ans après », pour ainsi dire.

Petite clarification pour le lecteur qui trouvera quelques éléments différents des livres de JK Rowling et qui n'aurait pas lu Mais, c'est pas ma fille! :

Dans cet univers alternatif, Harry était ami avec Draco. Il a choisi Serpentard lors du passage sous le choixpeau pour être dans la même maison.

En revanche, les caractères de Draco et d'Hermione sont totalement respectés.


Celui qui passe sans laisser de traces

C'était un vieux cimetière avec ses alignements de tombes marbrées et de tombeaux anciens, tous plus étranges les uns que les autres. Là, une étrange pierre tombale avec un oiseau de feu planté sur son toit, ici une tombe en marbre blanc avec l'inscription latine Carpe Noctem...

Nous étions en juin et le gardien du cimetière aurait pu parier qu'il était vide à cette période de l'année. Les débuts de douceur estivale qui se faisaient sentir portaient dans l'air une envie de légèreté et non de recueillement. C'était une période un peu ennuyeuse pour Monsieur Smith, notre gardien qui attendait la plupart du temps avec patience qu'un enterrement soit prévu.

Mais aujourd'hui était un jour spécial. C'est le jour de la Dame.

Il était bientôt l'heure, pensa Monsieur Smith en se penchant discrètement à la fenêtre de sa loge.

Déjà, il apercevait une femme entre deux âges, avec des rides et une démarche un peu raide, poussant le portail. Il l'avait vu venir alors qu'elle n'était qu'une jeune fille et l'avait regardé vieillir doucement année après année mais elle gardait toujours cette aura qui le fascinait, comme si elle n'était pas totalement de ce monde.

C'était une originale qui ne venait jamais à la Toussaint. Le gardien aurait pu le jurer, il était très fin physionomiste et l'aurait remarquée si elle était venue à d'autres moments.

Elle préférait venir tous les ans en juin, pour des raisons mystérieuses qu'il ne se lassait pas d'imaginer.

Il avait retenu le nom de la tombe qu'elle visitait si assidument: c'était la tombe des Potter. Il ne savait pas ce qui était arrivé à cette famille mais ils étaient morts très jeunes, les parents comme le fils.

Les avait-elle connu tous les trois? Il avait parié avec lui-même qu'elle ne connaissait que le fils. Elle était bien trop jeune pour avoir connu les parents! Il était sûr de lui : il avait des capacités de déductions très bonnes.

Ce pauvre garçon ne devait pas être bien populaire. Elle était bien la seule à venir. En 20 ans, il n'avait vu personne d'autre s'approcher de cette tombe. Il y avait bien, de temps en temps, quelques bouquets qui apparaissaient mais il n'avait jamais vu personne les déposer. Cela tenait du miracle: le soir d'avant il n'y avait rien, dans la nuit personne ne venait mais le matin une gerbe de fleur était apparue. C'était inexplicable.

Pourtant, ce jour là, un homme vint rejoindre la femme devant la tombe. Il était blond, très mince et se tenait lui aussi de manière rigide. Peut-être son mari?

Il s'approcha de la femme et s'installa à ses côtés. Le silence dura un long moment.

Ce fut la femme qui le brisa: « Salut Draco. Pourquoi es-tu venu aujourd'hui? Je croyais que les tombes, ce n'était pas ton truc.

- Ce matin, j'ai accueilli Scorpius et ses enfants.

Sa compagne lui jeta un regard interrogatif. Bon, ils n'étaient pas mariés, compris le gardien tout en écoutant la suite de la conversation.

- On a regardé les photos de Poudlard, celles avec Harry, rajouta l'homme blond, comme un début d'explication.

- Et alors? insista la Dame, les sourcils froncés par l'incompréhension.

- J'ai essayé de lui raconter qui était Harry. J'oublie des détails...je ne me rappelle plus de son rire, avoua l'homme. »

Le silence menaça a nouveau de s'installer et le gardien allait repartir nourrit Fifi -un chat très fidèle, la douceur et le calme même. Vraiment, il espérait que Fifi reste avec lui de nombreuses années!- quand la femme répondit enfin.

« Moi, je ne me rappelle que du sien.

- Je ne comprends pas, affirma le dénommé Draco. Oui, quelle étrange affirmation, acquiesça en son fort intérieur le gardien.

- J'ai connu un autre Harry, tu sais. Et je ne me rappelle pas de son rire à lui.

Son vis à vis parut offensé.

- Tu ne me l'avais jamais dit!

- Il est mort lui aussi de toute façon.

Monsieur Smith n'avait pourtant pas souvenir d'un autre Harry enterré dans le cimetière, à l'exception faite de ce vieux grognon de Harry Dickson.

- C'était une des connaissances de ta vie d'avant? Il était important?

- Oui, je l'aimais comme un frère.

- Tu ne me l'avais jamais dit! Le fait qu'ils partagent le même prénom, c'est pourtant notable.

- Il était très différent du Harry que tu connaissais.

- Ce n'est pas sain, cette histoire d'avoir perdu deux amis qui s'appelaient Harry. Je n'aime pas ce genre de similitude.

- Je ne les confondrais jamais, crois-moi. le rassura sa compagne avec un faible sourire.

L'homme en face eu un mouvement du bras, comme pour réconforter sa compagne mais il se reprit, abaissa son bras et le moment de complicité fragile qui s'était installé entre les deux se brisa aussi vite qu'il était arrivé.

- Je n'ai jamais réussi à me faire à l'idée que tu as connu un monde différent avant de nous rejoindre.

- C'est si loin maintenant. Je pourrais t'en dire plus si tu veux et je te rappellerai son rire. »

L'homme se détendit et acquiesça. La conversation mourut d'elle-même. Puis l'homme salua la tombe et s'en alla.

La femme ne tarda pas non plus, elle pivota sur elle même et sortit d'un pas vif du cimetière.

Elle avait laissé derrière elle deux bouquets jumeaux de lilas reliés par un tissu où il était écrit A tous ceux qui passent sans laisser de trace.