Titre : Septentrional
genre : aventure, romance
pairing : Draco/Blaise
rating : T
plot : Au plein cœur de la guerre, Draco Malfoy remet en cause son éducation et décide qu'il faut en finir avec Voldemort. Mais au même moment, il découvre un arbre mystérieux sous les fondations de l'école. Ne serait-ce pas là la clef de leur survie dans une guerre funeste ?
disclaimer : les personnages et l'univers ne m'appartiennent pas. Coucou JKR
nombres de mots : 49 993
nombres de chapitre : 17 + un épilogue
Notes : C'est une histoire terminée, je vais la publier à un rythme d'un chapitre par semaine.
P.S.:Quand j'utilise ''iels", ce n'est pas une faute, mais bien un choix de vocabulaire ;) "iels" peut être utilisé comme un pronom neutre quand on désigne un groupe mixte. Vive l'évolution spontanée de la langue! ;p
Septentrional
Chapitre 1
- Potter, exécrable, vous êtes indigne de ma classe. Finnigan, lamentable... Monsieur Malfoy, très bon devoir comme toujours.
La voix de Severus Snape claquait durement dans la salle de potion. L'hiver descendait du nord un peu plus chaque jour, et les cours de potion devenaient de plus en plus glacial. Comment une école magique arrivait-elle à avoir des problèmes de chauffage ? Une chose était certaine : ce cours était bien plus propice à l'entraînement dans l'art ô combien vital de jeter des sorts de chaleur qu'au développement d'une quelconque connaissance avancée dans l'art délicat de la fabrication des potions, enfin essentiellement pour les Gryffondors bien sûr.
Draco Malfoy, lui, avait depuis bien longtemps dépassé le niveau de sixième année, même s'il fallait lui accorder qu'avoir un parrain maître des potions dans ladite école était une aide appréciable.
Ce n'était une année scolaire agréable pour quiconque en Angleterre : Voldemort était de retour et la guerre faisait rage à l'extérieur, Poudlard n'était pas encore réellement touché, même si personne ne se faisait d'illusion quant au fait qu'elle se poursuivait sous peu entre les élèves.
Draco rangea sa copie dans son sac et se leva en même temps que ses camarades pour quitter la salle quand la fin du cours sonna, mais lui était plongé dans un grand silence. Au lieu de suivre le groupe de Serpentards qui retournait dans leur salle commune, il s'en sépara et prit le chemin de la bibliothèque.
Depuis un temps, le jeune Malfoy s'était isolé de ses camarades, il parlait moins, il préférait passer son temps à la bibliothèque, dissimulé derrière des montagnes de vieux ouvrages. Mais Mme Pince n'avait pas besoin de savoir que ces vieux grimoires qu'il étudiait ne venait pas des réserves de Poudlard, mais du Manoir Malfoy. Il se concentrait sur les arts noirs depuis déjà quelques années et la bibliothèque de sa maison était pleine de trésors, il avait réussis à en sauver une bonne partie dans sa malle sans fond avant que Voldemort ne s'installe définitivement au Manoir à la fin de l'été. Il était hors de question que le vieux serpent ait accès à ces merveilles.
Il n'avait pas du tout la prétention de devenir un mage noir contrairement à d'autres, lui, il voulait principalement comprendre le fonctionnement de la magie à travers l'histoire de la magie noire, et il était frustré que le ministère cherche à faire tomber dans l'oublie tout un pan de l'histoire de la magie et du potentielle magique. Il regrettait de temps à autre qu'il n'y ait pas dans le monde sorcier d'institution semblable aux universités moldus pour des chercheurs. Il savait au fond de lui qu'il devait arrêter de se chercher des excuses pour justifier son intérêt pour les arts noirs.
Pendant qu'il était penché sur un lourd ouvrage sur l'apport de Merlin aux arts noirs, il vu dans le coin de son champ de vision entrer un petit groupe de Gryffondors, le golden trio encore et toujours. Iels se parlaient à voix basse en regardant dans sa direction. Il prit la sage décision de les ignorer, son livre était beaucoup plus intéressant de toute manière qu'un troupeau de griffons, et il était en infériorité numérique.
Mais alors il finissait de déchiffrer son paragraphe, il entendit clairement la voix de Potter grincer un peu trop fort :
- Mais il me dégoûte, je suis sûr qu'il a la marque, ce sale serpent !
Sa tirade fut suivie d'incitation de ses ami.e.s à baisser la voix, et des regards inquiets de Granger dans sa direction. Qui sait, peut-être allait-il venir les attaquer avec quelques sorts monstrueux de magie noire...
Il poussa un grand soupir. Mais quand est-ce qu'iels comprendrais qu'il n'était pas un mangemort et qu'il n'avait aucun souhait de le devenir ? Iels se disaient de la lumière, mais ne se gênaient pas pour juger le monde avec des œillères, tout comme Voldemort et ses fidèles.
Tout son monde s'écroulait autour de lui sans qu'il ne puisse rien y faire. Tous ceux qui l'entouraient voulaient qu'il suive le chemin de son père et prenne la marque des ténèbres, aucun n'avait encore compris qu'il était pris au piège par l'histoire de sa famille. Il ne voulait pas être mangemort, il avait une peur bleue de Voldemort et de ses idées, il était juste un lâche et il n'avait aucune envie de tuer ni de torturer qui que ce soit.
Lui-même avait mis du temps à vraiment le comprendre. Comprendre ce qu'il voulait, qui il était avait été un long périple ces derniers mois. Ses parents, sons père, n'avaient pas rendu la tâche aisée en l'éduquant comme iels l'ont fait, en faisant de lui qu'un être plein de haine, de mépris et d'égocentrisme.
Il avait vraiment compris qu'il voulait être tout sauf un serviteur de Voldemort en juin dernier quand son père l'avait forcé à assister à une séance de torture de moldus, pour le préparer, soit disant, à sa future initiation. Il avait vomi. Il en faisait encore des cauchemars. Ce n'était pas lui. Son monde s'était écroulé, il ne pourrait jamais entendre son père dire combien il est fier de lui étant donné qu'il ne le sera jamais. Et il en venait presque à avoir peur d'entendre ces mots un jour dans sa bouche. Cela avait été un profond soulagement quand son père avait arrêté et envoyé à Azkaban. Il ne voulait pas avoir à lui faire face.
Un grognement de frustration lui échappa et il referma délicatement le précieux livre et se mit en chemin vers la grande salle après l'avoir glissé dans la poche sans fond de sa robe. Ce livre était absolument passionnant même si trop simpliste, il oubliait complètement de prendre en compte qu'à l'époque de Merlin, soit vers le Ve siècle, la séparation entre magie blanche et magie noire n'avait pas encore eut lieu, et que la magie que Merlin utilisait pour ses exploits aurait été considéré aujourd'hui comme la magie la plus noire et la plus dangereuse qu'il soit.
Merlin était bien plus puissant que les sorciers qui existaient aujourd'hui, même Dumbledore ne possédait pas un dixième de son pouvoir. Il s'était interrogé sur la question : pourquoi n'y avait-il plus de sorcier aussi puissant aujourd'hui ? La première réponse qu'il trouvait était celle de son père et des autres mangemorts : le sang a été corrompu par les moldus. Une réponse tout autre était celle qu'il avait trouvé dans un très vieux grimoire, anonyme malheureusement.
Au fil des siècles, les sorciers de sang pur n'avaient cessé de refuser de mélanger leur sang à celui des moldus, pensant ainsi préserver leur puissance. Bien que cela fonctionna un temps, à long terme, ce fut l'effet inverse qui se produisit : la consanguinité ne permettait pas de renouveler l'ADN magique qui finissait par s'auto-dégrader et rendre les sorciers de moins en moins puissant. Iels avaient perdu de cette manière une très grande partie de leur potentielle magique, et ce, pour toujours.
La bêtise de Voldemort était sans limite, ainsi que sa soif de pouvoir. Il était prêt à croire et à faire croire n'importe quoi tant qu'il avait le pouvoir entre les mains.
Certains pensaient qu'il fallait trouver un moyen de maîtriser la génétique comme les moldus pour pouvoir faire retourner les sorciers à leur fonctionnement d'origine. Mais ce genre de manipulation ne plaisait pas non plus à Draco. Que ferait n'importe quel sorcier ou sorcière se retrouvant avec le pouvoir le maîtriser le futur de leur espèce ? La réponse ne pouvait être qu'inquiétante.
Heureusement, Draco était encore préfet en chef cette année et avait le privilège d'avoir une chambre individuelle juste à côté des cachots. Personne n'avait à savoir qu'il passait une majeur partie de la nuit à se promener dans les couloirs sous couvert de faire sa ronde à cause de ses insomnies.
Et cette nuit-là, encore, il parcourait le même couloir pour la troisième fois, les yeux à demi dans le vague et l'esprit engourdi de fatigue. Comme les sorts de dissimulation de cernes qu'on pouvait trouver dans les magazines pour sorcières semblaient ne plus vouloir fonctionner sur lui, il avait investie dans de la crème anticerne moldu. Il aimait l'idée que son père ferait un malaise s'il savait.
Il ne pouvait que penser encore et encore à la colère qu'il ressentait contre ce monde, et contre ce piège qu'il représentait pour lui. Personne ne semblait vouloir lui laisser le choix de sa destinée. Son père, Voldemort, l'ensemble des sang-purs voulaient faire de lui un serviteur loyal à un mage noir cruel et dangereux, et Potter, Dumbledore, et à peu près tout le reste de l'humanité concerné par cette guerre ne le pensaient pas comme pouvant être autre chose. Il se demandait si quand même Potter réalisait qu'il le poussait à devenir un mangemort par son comportement puéril, heureusement que Draco avait plus de volonté, surtout pour faire exactement le contraire de ce que Potter voudrait qu'il fasse. Béni sois son esprit inné de contradiction !
Quand il regagna son lit, la lune était haute et elle irradiait les profondeurs du lac, qui lui apparaissaient presque attirantes depuis sa fenêtre. Un profond soupir s'échappa de ses lèvres. Il avait quelques heures à tuer encore avant l'aube, et il allait essayer de fermer les yeux un peu tout de même.
Et ce fut de lourds coups portés contre sa porte qui le tirèrent du sommeil.
- Malfoy ! Debout, c'est l'heure d'aller petit déjeuner ! Beugla la si charmante voix de Blaise.
Pour une raison qui lui échappait, Blaise Zabini était resté auprès de lui, et tenait à le réveiller le matin quand il ne le faisait pas par lui-même. Et encore heureux qu'il avait changé son mot de passe, sinon le brun serait déjà dans son lit en train de le secouer.
Il ne prit pas la peine de répondre, mais d'un geste de la main, il fit s'ouvrir la porte de la chambre pour que son ami arrête de réveiller tout Poudlard, il était déjà assez détesté comme ça.
- Ah, enfin ! Tu sais depuis combien de temps je me gèle le cul dans ce couloir sinistre ? Balança-t-il en passant la porte, un air presque joyeux sur le visage.
Et devant l'absence de réponse du blond, il continua :
- Depuis bien trop longtemps ! Je ne comprends pas pourquoi tu as encore changé le mot de passe.
Draco se contenta de ricaner en attachant sa cravate. Blaise s'était appuyé contre un des montants de son baldaquin, bras croisé, et le regardait se préparer (presque) en silence. Et quand le blond commençait à se faire une natte, mais que ses doigts tremblaient encore de fatigue, Blaise se redressa et passa derrière lui pour le faire à sa place. Draco ne laissait pas grand monde s'approcher, et encore moins rentrer en contact, avec sa sublime chevelure. Mais Zabini était l'exception qui confirme la règle. Il avait l'habitude de coiffer sa mère quand il était petit et était donc très doué avec ses dix doigts.
- C'est bon, dit-il, une fois qu'il eu noué le ruban noir au bout de la natte. On peut aller manger maintenant ?
- Fait attention, Zabini, je trouve que tu te transforme quelque peu en belette ses derniers temps, grinça Draco en attrapant son sac.
Blaise se contenta de ricaner et de lui mettre une tape dans le dos pour le faire passer devant. Il trouvait toujours un moyen pour le faire sortir de sa solitude. Mais il y a une chose chez lui que Draco appréciait, autre chose encore qu'en dehors des matins comme celui-ci, il respectait la distance que le blond mettait entre lui et les autres Serpentards.
La journée s'écoula dans une monotonie presque angoissante. Les insultes de Potter, ses réponses pas moins cordiales, les regards curieux des membres de sa maison, les yeux bleus du directeur qui le suivaient à travers la grande salle, et le calme reposant de la bibliothèque où, caché derrière les livres, personne ne pouvait le voir.
Il déchiffrait un nouveau grimoire, très ancien lui aussi, il avait un très grand amour pour les vieux livres, leur papier rugueux, leur odeur si particulière qui renfermait un monde tout entier, un monde de moisissure aurait ajouter Blaise, mais il n'était pas très objectif. Ce grimoire, il l'avait trouvé cet été quand il s'était rendu à l'allée des embrumes après avoir acheté ses fournitures scolaires. En descendant l'allée d'un pas sûr, il avait trouvé une toute petite boutique, une librairie, qui appartenait à la famille de la dame, qui tenait le lieu, depuis la nuit des temps et qu'elle devait se contraindre à les vendre. Il en avait acheté un grand nombre, une dizaine, lui promettant de revenir aux prochaines vacances. Elle avait ri devant son air émerveillé qu'il contenait sagement derrière son masque de sang-pur. Le grimoire qu'il tenait entre ses mains était vieux au moins de plusieurs siècles, sinon d'un millénaire, il était difficile de dire, les anciens livres étaient recouverts de beaucoup plus de protection contre la destruction que ceux des époques plus récentes. Et pendant qu'il tentait de déchiffrer les pattes de mouche de l'auteur, ou plus sûrement du copiste, il remerciait, une fois n'est pas coutume, son éducation aristocratique qui lui avait permis de maîtriser la lecture des anciennes langues de l'Angleterre médiévale, très utile pour déchiffrer d'antiques textes de loi ou réglementations qui n'avaient pas été traduit. C'était un traité sur le rapport entre la magie des phénix et la création du monde. Quelque chose lui disait qu'il n'allait pas beaucoup dormir cette nuit.
Aux alentours de minuit, il referma délicatement le grimoire, s'étira et commença à tourner dans sa chambre, s'arrêtant un moment devant les fenêtres qui lui donnait une vue sublime sur les profondeurs du lac, parfois, il jurait voir des créatures passer devant sa fenêtre, mais quand il regardait à nouveau, il n'y avait plus rien. Il ne doutait pas que la lumière de sa chambre allumée à toutes heures de la nuit devait intriguer les sirènes et autres êtres aquatiques qui vivaient là.
Il était temps d'aller faire une ronde, le couvre-feux était passé depuis deux heures, il allait bien trouver quelques élèves se bécotant dans un coin ou Potter à la fenêtre du quatrième étage. Il enfila la cape la plus chaude qu'il avait, la nuit les couloirs étaient glacials. Il aimait sentir le froid sur son visage quand le reste de son corps était bien au chaud. Il attrapa un chandelier à trois chandelles, bien hautes, elles étaient ensorcelées pour ne pas fondre contrairement à celle que fabrique les moldus, qu'il tenait devant lui. Cela donnait un air un peu plus gothique à ses pérégrinations. Il avait tout de l'héroïne gothique : blond, dans un vieux château moyenâgeux, une nuit de tempête, un chandelier à la main, pour être encore plus dans le cliché, il faudrait qu'il soit poursuivit par un homme dangereux et sauvé par un autre, quoique, pour la première partie, on n'en était pas si loin. Il grogna légèrement à cette pensée, il ne savait pas qui avait scénarisé sa vie, mais il aurait quelques mots à lui dire, par Merlin !
Il remonta le même couloir que la veille et l'avant-veille, prit l'escalier vers le quatrième étage, passa devant la fenêtre où Potter venait régulièrement, il n'y était pas, ou alors il était sous son étrange cape d'invisibilité – oui, il était au courant, et Potter qui pensait encore que c'était un secret, quel imbécile – alors il continua son chemin. Il prit les escaliers proches de la tour Nord, et s'engouffra dans les profondeurs du château.
Il allait rarement dans cette partie-là, tout comme les elfes de maison si on en croyait la quantité astronomique de poussière sur le sol et sur les tableaux. Il avait réalisé que très tard après être entrée à Poudlard que certaines parties du château n'était pas utilisées, elles n'étaient pas facilement accessible non plus, le château était fait pour accueillir des milliers d'élèves à l'origine, alors, soit les fondateurs avaient été très optimiste ou alors le nombre de sorciers avait chuté drastiquement. Les deux options étaient fondamentalement recevables, on faisait moins d'enfants à la fin du XXe siècle qu'au milieu du XIe, mais les sorciers et sorcières de son époque étaient aussi moins fertile, Draco supposait que ce n'était pas étranger au nombre de mariages consanguins entre sang-pur, comme pour la baisse du potentiel magique.
Les couloirs étaient plus sombres dans cette partie-là du château, et plus étroit aussi, les fenêtres bien plus rares, une odeur de renfermé flottait dans l'air. Mais il ne voyait pas de raison de retourner sur ses pas, il continuait à avancer. Les nombreux courants d'air affaiblissaient les flammes de son chandelier.
Il arriva dans un cul-de-sac, un couloir plus large que les autres qui n'avait comme débouché qu'une alcôve avec une fenêtre. Il posa le chandelier à ses pieds et observa autour de lui. Cette partie du château était beaucoup plus moyenâgeuse que le reste, comme prit dans une faille temporelle. Des bas-reliefs étaient visibles en frise en hauteur sur les murs, des tapisseries étaient accrochées par endroits. Il s'appuya contre le mur derrière lui, en face de l'une des tapisseries, absolument sublime, en riches fils rouges, elle représentait une scène de l'histoire médiévale : Merlin l'enchanteur et la fée Viviane dans un combat titanesque. Cette image lui tira un sourire, il connaissait cette histoire par cœur, certains racontaient que c'était une légende moldu, d'autre parlait de l'histoire même du monde sorcier, d'un combat entre les forces du bien et les forces du mal. Mais ce que Draco avait appris de sa mère était l'histoire bien différente d'une histoire d'amour contrarié et de jalousie. La vérité était perdue à jamais, mais cela n'enlevait rien à la beauté de ce conte.
Perdu dans ses pensées, il sentit le mur se dérober derrière lui et il ne dut la vie sauve qu'au réflexe qu'il eut de s'accrocher au mur sur sa droite. Reprenant l'équilibre, il vu que derrière lui, un escalier en colimaçon venait d'apparaître là où auparavant se tenait le mur, et semblait descendre dans les entrailles de la terre. Qu'est-ce que c'était que ça encore ? Il épousseta sa cape et reprit le chandelier en main.
Ce genre de chose ne lui arrivait pas normalement à lui, mais à Potter et à ses acolytes, c'était lui qui allait se battre dans je ne sais quelle cave de l'école. Il grogna un peu. Mais en même temps, la curiosité l'emporta, il n'allait tout de même pas faire demi-tour maintenant. Alors oui, il aurait pu ignorer cela, mais pas ce soir.
C'est un intérêt purement scientifique, se disait-il, pas comme Potter qui se jette à la gueule du danger, non pas sans une once mauvaise fois tout de même, on ne change pas une équipe qui gagne.
Il regarda autour de lui par réflexe, comme à chaque fois qu'il s'apprêtait à faire quelque chose dont il n'était pas sûr, et il commença à descendre les marches de l'escalier. Il était très étroit, ses épaules touchaient presque les murs, et pourtant, il n'était pas si large que cela. Les murs suintaient d'humidité, la pierre était vieille, très vieille, il s'étonnait même de pouvoir respiré dans un endroit si étroit qui n'avait pas dû être emprunté depuis bien longtemps. Les marches étaient inégales, il frôla plusieurs fois la mort en glissant, des toiles d'araignée obstruaient par moment le passage.
L'escalier devait être fait de millier de marches, Draco avait l'impression de descendre depuis une éternité. Il évita une marche éboulée, et arriva enfin au bout. Une petite salle, dont le sol était la roche même de la montagne, venait d'apparaître devant lui. Un frisson le parcouru. Deux torches s'enflammèrent d'elle-même à l'opposé de l'escalier, encadrant une porte, comme une arcade. Définitivement l'arcade la plus étrange qu'il avait pu voir dans sa courte vie. Le château en était rempli. Mais celle-ci dégageait quelque chose de différent, et pas seulement parce qu'elle se trouvait au bout d'un escalier interminable dans une partie oublié du château. Comme un léger brouillard s'en échappait, mais jamais ne la dépassait. Elle marquait comme une frontière.
Par la mise en pratique de ses connaissances en magie noire et ancienne, Draco avait appris très tôt à sentir la magie autour de lui. Et cette arcade puait la magie ancienne à plein nez, on se croirait dans le bureau secret de son père, celui qu'il cachait du ministère, plein à ras bord d'artefact.
Une petite voix dans sa tête lui murmura qu'il était encore temps de rebrousser chemin, qu'il ne devait pas oublier que c'était une bonne chose d'être un peu lâche dans la vie, c'était mieux que d'être mort ou pire, d'être Potter. Mais c'est bien connu si les personnages écoutaient la petite voix raisonnable dans leur tête, le monde serait bien moins amusant.
Il n'avait aucune excuse un tant soit peu raisonnable de passer cette arcade, mais pourtant, il le fit, comme mue par une force invisible, ou par sa curiosité.
Ses doigts se resserrèrent sur le métal froid du chandelier, il prit une grande respiration et franchit le mur de brume. Elle était étrangement rafraîchissante, presque trop froide, elle semblait s'insinuer dans chaque pore de sa peau. Mais en réalité, la brume ne se trouvait que sous l'arcade. L'ayant passé, il sentit une douce tiédeur, presque semblable à la caresse du soleil au début du printemps.
Une vive lumière inondait une clairière. Draco réalisa qu'il était pieds nus et seulement en chemise et pantalons, et que le chandelier n'était plus dans sa main. Un frisson le traversa. Le sol de la clairière était comme recouvert d'une fine pellicule d'eau, formant comme un immense miroir. Mais la seule chose que Draco ne pouvait pas manquer était l'énorme chêne qui se dressait au milieu, les racines plongeant dans la pellicule d'eau, et les feuilles, comme des centaines de feuilles d'or brillaient du plus bel éclat.
Draco n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait en ce moment. Ni pourquoi cet endroit se trouvait sous Poudlard. Le seul sentiment qu'il pouvait éprouver était un puissant émerveillement, impossible même à contenir à l'intérieur de lui-même, et pour la première fois depuis sa petite enfance son visage s'illumina d'une admiration soudaine. Il ne pensa même pas à tenter de la retenir. Ses jambes avancèrent d'elle-même vers le truc du gros chêne, la pellicule d'eau sous ses pieds ne semblait pas sentir son passage. Il vibrait de l'intérieur, tout son être était en extase.
Il se laissa tomber contre le tronc, assis sur une énorme racine qui plongeait dans l'eau. Il avait beau lever les yeux, il ne trouvait pas la source de la lumière dans laquelle baignait cette clairière. La tête posée contre le tronc, il lui parut sentir quelque chose. Il se concentra, et il appuya tout le corps contre l'arbre, et cette fois, il entendit. C'était l'arbre lui-même. Il respirait. De longues et profondes inspirations qui semblaient faire vibrer tout son être.
Draco ne pouvait décoller son corps du tronc, il était comme ensorcelé. Il n'avait jamais ressenti de béatitude si puissante, si puissante qu'elle stoppait toutes ses capacités mentales. Il ne pouvait rien faire d'autres sinon se laisser aller de tout son être contre l'immense chêne.
A suivre...
Dites-moi ce que vous en avez pensé ;)
