Bonjour à toutes les Rinchettes!

En ces temps un peu frisquets et surchargés, j'espère que vous aurez le temps, entre les cadeaux et le boulot, de lire cette seconde fanfiction.

Il s'agit d'une version revisitée de l'épisode 5x6 : a perfect union. Un John Reese en smoking, un Harold Finch qui pousse la chansonnette... Personne ne s'est demandé comment la nuit s'était terminée?

Un grand merci à tous les lecteurs et lectrices! Une spéciale dédicace pour toutes celles qui laissent des commentaires d'encouragement et à isatis2013 en particulier pour corriger mes coquilles.

Bonne lecture!

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Finch était un peu nerveux lorsqu'il engagea son break sans âge dans la propriété de la famille Turner. Remontant l'allée qui menait à la somptueuse demeure familiale richement décorée pour l'occasion, Finch réfléchissait à son plan. La fille aînée de Ken Turner, un riche éleveur de pur-sang, se mariait aujourd'hui. Cette journée aurait pu être parfaite pour la jeune femme si le numéro du certificat de son mariage n'était pas tombé depuis la veille. Ne sachant qui, du marié ou de la mariée, était visé, Finch avait réparti les rôles : il se rapprocherait du futur-époux, Will O'Brien tandis que John se chargerait de la promise, Phoebe Turner. En réalité, son associé avait commencé sa mission depuis la veille d'une manière un peu … déconcertante.

Harold ne put retenir un sourire en pensant à la tête qu'avait dû faire son partenaire au moment où il avait découvert qu'il n'avait pas été vraiment appelé pour une affaire de sécurité... Connaissant John, il avait dû se sentir particulièrement mal à l'aise devant le spectacle du stripteaseur et face à une foule de demoiselles proches de l'hystérie. Une fois son sentiment de malaise dissipé, il avait certainement été très en colère contre lui. Harold n'avait cependant pas eu le choix, s'il lui avait expliqué les raisons de sa présence dans cet appartement, l'ex-agent aurait sûrement refusé, préférant une approche plus « conventionnelle », et ils auraient ainsi perdu un temps précieux. Grâce à son stratagème, Reese avait commencé son approche depuis la veille et avait même pu se faire inviter à la cérémonie par Janna, la sœur de la mariée.

Quant à lui, il avait usurpé l'identité d'un vieil oncle irlandais du marié, Ralph. Même s'il avait étudié et assimilé toutes les informations qu'il avait pu amasser sur ce membre éloigné de la famille, il n'était pas très à l'aise. La peur d'être démasqué ajoutée à d'éventuelles représailles de son associé le rendait particulièrement nerveux.

Il stoppa son véhicule devant l'immense porte d'entrée du manoir où les convives se pressaient déjà, et en sortit. Il se dirigea vers son partenaire qui avait stationné sa Mercedes noire juste devant lui.

Harold retint son souffle à la vue de John en smoking. Même s'il avait déjà eu l'occasion de le voir habillé ainsi, l'ex-opérateur de la CIA était d'une beauté et d'une élégance à couper le souffle, et d'ailleurs, les autres invités de la réception ne s'y trompaient pas. Alors que les deux partenaires s'avançaient dans le vestibule, hommes et femmes se retournaient au passage de l'ex-agent, les premiers s'interrogeant sur son identité et les secondes le détaillant de la tête aux pieds, comme des enfants devant un magasin de confiseries. John, quant à lui, égal à lui-même, détendu et à l'aise, déambulait nonchalamment au milieu de la foule d'invités, comme si de rien n'était.

Si Harold ressentait un immense sentiment de fierté, il était néanmoins déçu de ne pas pouvoir porter une tenue aussi distinguée. Il avait troqué son éternel costume trois pièces sur-mesure dans lequel il aimait se dissimuler, contre un modeste ensemble de velours brun, très fade en comparaison de celui de son compagnon. Il devait également porter une très inesthétique casquette et adopter un accent irlandais afin de coller au mieux à son identité d'emprunt. En sommes, Finch ressemblait à un vilain petit canard comparé au somptueux cygne à côté de lui. Ses pensées furent interrompues par une remarque de Reese à son oreillette.

-Vous avez vu le comité d'accueil à l'entrée ? Ces manifestants en veulent à Turner et le menacent de mort.

-Oui j'ai vu. A priori, M. Turner doperait ses chevaux de course blessés afin qu'ils courent comme si de rien n'était.

-Cruauté envers les animaux donc… conclut l'agent.

Sur ces considérations, John se posta dans un coin du vestibule, son regard balayant l'ensemble des convives, s'attardant en particulier sur M. Turner. Tandis que ce dernier accueillait chaleureusement les invités, son portable sonna. Il s'éloigna de la foule afin de répondre à son coup de fil. Il alla s'isoler dans une pièce voisine afin de poursuivre la conversation en toute discrétion. Finch s'approcha, l'air de rien, afin de pouvoir entendre des bribes de la conversation.

- J'étais pourtant clair ! Dom Juan doit se reposer pendant une semaine ! Faites ce que je vous dis ou trouvez-vous un autre boulot ! s'exclama Turner, passablement énervé. Il rangea son portable dans sa veste de smoking avant de retourner rejoindre ses invités, passant à proximité de Finch, qui retint son souffle.

-Don Juan est un pur sang et l'actuel champion des Turner, expliqua Finch en regardant une photo du crack sur un guéridon. La semaine dernière il a gagné une belle cagnotte.

- Il a le droit de se reposer, murmura Reese en se rapprochant innocemment de son patron. Mais il n'eut pas le temps de faire un pas de plus car il venait d'être enlacé par une Janna Turner, très expansive car déjà très alcoolisée.

- Salut, Beau gosse… murmura-t-elle en enlaçant maladroitement son cavalier.

- Janna…, répondit Reese, un sourire crispé aux lèvres, assez gêné devant cette démonstration de familiarité.

- Contente que tu sois là, continua-t-elle en se rapprochant de lui.

- J'ai eu du mal à rentrer à cause des manifestants, dit Reese, espérant ainsi lui soutirer quelques informations, tout en maintenant une certaine distance, en raison de l'haleine chargée de la jeune fille.

- Oh… J'aurais dû te prévenir. Ils sont toujours là, à reprocher quelque chose à papa. On passe au tribunal le mois prochain, dit-elle avec une moue qui se voulait charmante, en se collant un peu plus contre Reese, à la limite de l'inconvenance.

Finch contemplait le couple à proximité de lui, un petit pincement au cœur. Il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir exprimer ses émotions lui aussi. Depuis plusieurs mois déjà, il avait réalisé qu'il ressentait plus que de l'admiration ou de l'amitié pour son partenaire. Son cœur oscillait entre le bonheur de le côtoyer chaque jour mais aussi la crainte qu'il ne découvre la réalité de ses sentiments. Sa proximité lui était devenue aussi plaisante qu'insupportable. Pour un homme aussi rationnel qu'Harold, son amour étaient en passe de lui faire développer une schizophrénie…

Tête basse et regard en coin, Finch contemplait, avec envie et jalousie, la jeune femme tenir la main, se rapprocher, enlacer, se pencher pour murmurer quelques mots à Reese. Puis, prétextant de lui ramener un verre, Janna partit dans un tourbillon de soie couleur lilas.

Sans un mot, John la regarda s'éloigner, étonné de la vivacité de la jeune femme malgré son état d'ébriété. Puis il tourna lentement la tête vers Finch. Comme frappé par une révélation, un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'il observait son partenaire. Profitant de sa liberté de mouvement retrouvée, l'agent se reprit son approche, les yeux brillants et charmeurs. Il s'arrêta, seulement à quelques centimètres de son partenaire, presque à le toucher.

- Les manifestants en veulent à M. Turner depuis des années. Ils sont surement prêts à passer à l'acte.

Tout en parlant, John s'était adossé contre le guéridon, les bras croisés, la tête légèrement penchée afin d'observer au mieux les réactions d'Harold. Ce dernier eu la nette impression que son agent prenait un malin plaisir à le mettre mal à l'aise. L'invasion de son espace personnel était faite pour le tester et son regard bleu inquisiteur scrutait son visage à la recherche de la moindre réaction. La proximité de l'ex-opérateur ajouté à son regard perçant rendait l'informaticien plus que nerveux. Dès lors, Finch chercha une échappatoire pour s'éloigner au plus vite.

- Je pense plutôt que c'est quelqu'un de la famille Turner qui ne veut pas de ce mariage. Il faut surveiller les mariés. Vous vous occupez de Phoebe pendant que je me charge de trouver Will, balbutia Harold en joignant le geste à la parole.

Il se tourna précipitamment pour fuir la présence trop troublante de son agent. Mais son mouvement, ou plutôt sa fuite, fut interrompu par la main de John qui le saisit fermement par le coude. Finch tourna la tête et braqua son regard interrogatif dans celui de son partenaire. Ce dernier se pencha lentement et murmura à son oreille, de sa voix sensuelle.

- Vous vous êtes bien amusé hier soir ?

- De quoi parlez-vous ? Bredouilla Finch, sachant pertinemment à quoi l'agent faisant allusion. Ce dernier était si proche qu'il pouvait sentir son souffle sur sa tempe et sa main sur son coude faisait naître des sensations déroutantes. Troublé, l'informaticien ne put retenir un frisson.

- De votre petit mensonge afin de me faire rentrer dans le cercle de la famille Turner… Poursuivit Reese d'une voix suave et séductrice.

Finch s'empourpra autant par son sentiment de culpabilité qu'en imaginant la scène.

- Ce n'était qu'un mensonge par omission, pour le bien de notre mission, expliqua-t-il d'un ton qui se voulait ferme.

John ne put retenir un petit rire ironique en s'éloignant légèrement pour mieux observer son patron. Il avait très bien perçu le frisson parcourir le corps de Finch et le tremblement dans sa voix. Il prit le temps de détailler son compagnon avec un regard moqueur puis rajouta, au bout de quelques secondes, en lui offrant un sourire énigmatique.

- Comment me trouvez-vous dans ce smoking ?

-Heu… très bien, répondit Harold, complètement désarçonné par cette question incongrue.

-Ne suis-je pas un peu trop… habillé à votre goût ? poursuivit John, la voix de plus en plus rauque et envoûtante tout en laissant sa main errer le long de son bras.

Finch écarquilla les yeux et rougit de plus belle.

- Cessez vos enfantillages, Mr Reese, je vous rappelle que nous sommes en mission ! affirma l'informaticien d'un ton qui se voulait ferme tout en évitant le regard ensorcelant de son partenaire. Ce dernier se redressa complètement avec un large sourire, visiblement très fier de son petit effet.

- J'ai cru un instant avoir affaire à l'un de vos fantasmes, Finch…

Sur ces mots, John relâcha l'informaticien, non sans avoir laissé sa main lentement glisser le long de son bras telle une caresse. Après un regard indéchiffrable, il se tourna pour se diriger vers un salon adjacent, à la recherche de Phoebe.

Harold poussa un long soupir afin de reprendre un peu de contenance. Comme il le craignait, Reese n'avait pas digéré la soirée de la veille et comptait le lui faire payer. Le mettre mal à l'aise était, depuis le début de leur collaboration, le petit jeu préféré de l'ex-opérateur, mais son flirt incessant troublait de plus en plus l'informaticien. Si John avait conscience de son pouvoir de séduction et en jouait, il ne se doutait absolument pas de l'impact de ses paroles ou de ses regards sur Finch. Depuis que ce dernier avait réalisé la profondeur de ses sentiments envers son partenaire, ces petits flirts lui étaient de plus en plus douloureux à supporter.

Soupirant face à ce problème inextricable, Finch ferma les yeux quelques instants pour reprendre ses esprits. Il devait se recentrer sur la mission. Fort de cette décision, il partit donc à la recherche de Will O'Brien.

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Finch avait finalement trouvé Will O'Brien dans le bureau du manoir, enfin l'inverse serait plus juste. En effet, tandis que l'informaticien contemplait les photographies familiales des Turner, Will était entré dans la pièce, pensant pouvoir s'y isoler. Le futur marié était très perturbé car sa meilleure amie Becca l'avait embrassé. Tourmenté par de multiples doutes et ne sachant quoi faire, le jeune homme était sur le point d'annuler son mariage. Harold ou plutôt « Oncle Ralph» avait dû déployer toute sa force de persuasion pour convaincre Will de ne pas annuler son mariage.

Une fois le problème réglé et le fiancé de nouveau décidé à conduire sa promise devant l'autel, Harold installa son QG provisoire dans l'immense bureau de la famille Turner. Il ouvrit le secrétaire et alluma l'ordinateur de la famille. Il connecta son portable au réseau afin d'avoir accès aux caméras de surveillance situées dans la propriété. Soudain, il entendit la porte de la pièce s'ouvrir. Il eu juste le temps de fermer la commode et de sortir son portable pour faire semblant d'être en communication.

- Ce n'est que moi, Finch, dit John en refermant doucement la porte puis en se dirigeant vers son partenaire.

Le cœur battant à tout rompre, tant par la crainte d'être découvert que par la présence de son agent, Harold expliqua en montrant son installation.

- J'ai infiltré le système de sécurité. Il y a des caméras partout.

- Joli QG temporaire, Finch, constata Reese, impressionné mais nullement étonné.

- Je voyage toujours avec l'essentiel.

Une des caméras montra Kent Turner encore au téléphone. Finch agrandit l'image et activa le son. Les deux partenaires écoutèrent le patriarche évoquer un contrat.

-Il semblerait que Ken Turner soit le criminel et que le marié soit la victime… affirma l'agent en observant la scène par-dessus l'épaule de son patron.

-Ça m'en a tout l'air, Mr Reese, approuva l'informaticien.

Sur ces conclusions, la porte du bureau s'ouvrit brutalement faisant taire les deux hommes. Par habitude, John se raidit et se plaça devant son patron, la main posée sur son arme cachée à sa ceinture. Il se détendit lorsqu'il vit Will O'Brien arborer un immense sourire et traverser la pièce rapidement en direction de Finch.

-Oncle, Ralph ! S'exclama-t-il en enlaçant son « oncle ». Je te remercie, j'ai suivi tes conseils et j'ai parlé à Phoebe. Tout est rentré dans l'ordre, je l'aime et elle m'aime. La cérémonie est maintenue.

-Formidable, bredouilla Finch, en lui frottant amicalement le dos, mal à l'aise par ce débordement d'enthousiasme.

Après cette accolade plus que chaleureuse, Will s'éloigna de son oncle et remarqua la présence de l'agent.

-Qui est-ce ? Demanda-t-il en observant Reese, qui se tenait toujours à proximité de son patron.

Soudain, les yeux de Will s'élargirent sous l'effet d'une illumination.

- Oh, mais évidemment, tu es venu avec ton compagnon ! Depuis le temps que tu voulais me le présenter. Je suis Will et vous ?

- John, répondit l'ex-agent en serrant la main que le fiancé lui tendait.

Malgré l'air effaré de Finch, Reese poursuivit le plus naturellement du monde.

-Oui effectivement je suis « le compagnon de Ralph » confirma-t-il en plaçant sa main sur la hanche de l'informaticien et en le rapprochant contre lui.

Toujours muet et aussi rigide qu'une statue, Finch cherchait à comprendre comment la situation avait pu lui échapper à ce point. Il essayait de faire fonctionner son cerveau malgré la sensation de cette main séductrice posée sur sa hanche... Qu'avait-il donc raté dans les dossiers et les informations qu'il avait récolté sur l'oncle Ralph ? La soixantaine, irlandais, porté sur l'alcool et fréquentant assidûment un pub de Dublin, Le Swag…

Soudain, Harold écarquilla les yeux lorsqu'il réalisa le double sens de nom. Swag voulait dire élégant, cool et à la mode, enfin c'est ce qu'il avait cru en premier lieu. Mais il s'agissait également de l'acronyme Secretly We Are Gay… gay... L'informaticien était pris au piège de son personnage et n'osait regarder John, qui devait prendre un malin plaisir à la situation.

- Formidable, enchanté de vous rencontrer ! s'exclama Will avec une joie non dissimulée. J'espère que la cérémonie et votre chambre vous plairont ! Encore merci ! reprit le marié en serrant une fois de plus Finch dans ses bras, puis en donnant une accolade amicale à Reese.

Harold, quant à lui, resta figé, complètement bouleversé. Son esprit était fixé sur deux choses: la main de Reese caressant sa hanche et l'expression « votre chambre ».

Ravi d'avoir enfin fait la connaissance du petit ami de son oncle et excité par l'imminence de la cérémonie, Will quitta les lieux aussi précipitamment qu'il y était entré, totalement inconscient de l'ouragan émotionnel qui agitait son « oncle Ralph ».

Notre chambre, se répéta intérieurement Finch, John et moi dans la même chambre cette nuit! Et potentiellement dans le même lit ! Plus que nerveux, Harold se tourna lentement et leva les yeux vers son partenaire. Il constata, atterré, que ce dernier lui lançait un éclatant sourire, ravi de sa petite vengeance !