Bonsoir (ou Bonjour)! Voici donc (enfin) le sequel de Back to the start. Je vous recommande d'avoir lu l'original avant de lire celle-ci, sinon il y a certains éléments qui ne vont pas faire beaucoup de sens.

Pour rappel: Cette suite se situe dans le passé, après que Merlin ait renvoyé Arthur dans son monde, et Morgana est au courant pour sa magie.

J'espère que ce premier chapitre vous plaira ! Il est plutôt court, mais les prochains seront plus longs.


Chapitre 1

Après que Merlin ait récité le sort sensé renvoyer Arthur dans son monde, rien ne semblait avoir changé, et il se demanda brièvement si le sort avait fonctionné. Le dragon avait dit qu'il y avait un risque, aucune garantie que cela réussisse, mais Merlin ne pouvait pas se permettre d'attendre dans la chambre du prince pour le savoir. Si Arthur était toujours là, ou s'il avait bien été renvoyé mais que l'Arthur de ce temps se souvenait de tout, il serait facile d'expliquer pourquoi il n'était pas là lorsqu'il s'était réveillé. Mais si Merlin restait, et qu'Arthur ne se souvenait de rien…

Merlin soupira et quitta la pièce, rejoignant rapidement la chambre de Morgana. Il n'avait aucune envie de rester seul, et Morgana était la seule vers qui il pouvait se tourner.

Il toqua à sa porte, espérant qu'elle ne dormait pas, ou qu'elle se réveillerait. Au bout de quelques minutes, alors qu'il était prêt à faire demi-tour, la porte s'ouvrit, et Morgana le regarda en fronçant les sourcils.

- Merlin ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je… J'ai renvoyé Arthur dans son monde, enfin je crois.

Morgana ouvrit la bouche, avant de la refermer en soupirant. Elle se décala sur le côté et lui fit signe d'entrer. Ils s'assirent sur le lit et Merlin lui expliqua rapidement la situation.

- Est-ce qu'il se souviendra ?

- Je ne sais pas. Le dragon dit que les deux sont possibles.

- Eh bien j'espère qu'il se souviendra. Parce que sinon…

- Sinon quoi ?

- Sinon Arthur redeviendra comme il était avant. Un bon petit prince prêt à tout pour faire plaisir à Uther et haïssant tout ce qui touche à la magie.

Merlin s'apprêtait à répondre que s'il avait changé une fois, il pourrait changer à nouveau, mais Morgana posa une main sur son bras.

- Merlin, si Arthur ne se souvient de rien, tu dois me jurer de ne jamais lui parler de ta magie.

- Morgana…

- Je sais que tu ne diras rien concernant la mienne, mais tu ne peux pas lui parler de toi non plus. Il ne comprendrait pas, crois-moi. Tout ce que tu y gagnerais, c'est un aller-simple pour le bûcher. Promets-moi de ne jamais le lui dire.

- Mais…

- Promet-le moi, Merlin !

- Bon d'accord, je te le promets !

Morgana hocha la tête en soupirant, et ils discutèrent jusqu'à ce qu'ils s'endorment.


Lorsque Morgana se réveilla, il faisait jour, et elle réalisa que Merlin dormait toujours. Elle sortit sans faire de bruit, et sourit lorsqu'elle vit Gwen. Elle lui dit qu'il n'était pas nécessaire qu'elle entre dans sa chambre pour le reste de la matinée, et lui demanda d'aider aux cuisines. Gwen sembla étonnée, mais elle acquiesça sans demander son reste, et Morgana fut soulagée. La dernière chose dont elle avait besoin, c'était qu'on trouve Merlin dans sa chambre. Elle se dirigea rapidement vers celle d'Arthur, et l'ouvrit brusquement, le réveillant en sursaut.

- Bon sang Morgana, qu'est-ce que c'est votre problème ? Grogna-t-il en enfouissant la tête sous les couvertures.

N'ayant pas le temps pour la politesse puisqu'elle voulait savoir ce dont son frère se rappelait, Morgana s'assit sur le lit et arracha les couvertures.

- Moi aussi je suis ravie de vous voir. Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez ?

- Pardon ?

- La dernière chose dont vous vous souvenez, Arthur. Maintenant.

- D'être allé me coucher. Fichez-moi la paix.

- Vous vous souvenez de Merlin ?

- Quoi ?

- Merlin. Vous vous souvenez de lui ?

- Il existe vraiment quelqu'un avec un prénom pareil ? Et de quoi vous parlez, à la fin ?

Morgana soupira, déçue. Elle s'était plus ou moins attendue à cette possibilité, mais elle avait espéré qu'Arthur se souviendrait. Il était désormais clair que ce n'était pas le cas, et tous ses espoirs de voir la magie un jour acceptée un nouveau à Camelot s'étaient envolés avec l'autre Arthur.

Elle se leva et quitta la pièce sans un mot. Sa chambre était vide lorsqu'elle y retourna, et elle supposa que Merlin était retourné chez Gaius, probablement pour éviter qu'un serviteur ou que le roi lui-même ne le trouve dans la chambre de Morgana.

Ils ne se revirent pas jusqu'à ce que le roi n'appelle la cour et ses conseillers, et Morgana devinait sans mal que la perte de mémoire d'Arthur y était pour quelque chose.


Uther se tenait droit, et semblait mi-inquiet mi-furieux. Il fit signe à Gaius d'avancer.

- Alors ? C'est de la sorcellerie, n'est-ce pas ?

- Je ne pourrai le dire pour l'instant, Sire. Les pertes de mémoire peuvent être dues à de nombreux facteurs.

- Mon fils a oublié une année entière, Gaius ! Cela ne peut être dû qu'à de la sorcellerie. Je veux qu'on trouve le responsable, et le plus vite possible !

D'un geste de la main, les chevaliers hochèrent et se retirèrent. Gaius se raidit mais n'ajouta rien, et Merlin et Morgana échangèrent un regard inquiet.

- Je fournirai au prince une potion qui pourra l'aider à retrouver des souvenirs dès ce soir, annonça Gaius, et Uther acquiesça brièvement.

Alors qu'Uther s'apprêtait à congédier tout le monde, Morgana avança d'un pas, attirant l'attention sur elle.

- Si je puis me permettre, Sire, Arthur va certainement être perturbé pendant un moment, et il serait plus sage de lui assigner de l'aide.

- Que suggères-tu, Morgana ?

- Un valet ?

Arthur leva les yeux au ciel et soupira.

- Je vais très bien, Morgana, je n'ai nullement besoin d'un abruti qui me suive partout, merci.

Morgana lui lança un regard noir et continua.

- Je pense qu'il serait infiniment profitable à la mémoire d'Arthur s'il passait du temps avec quelqu'un qu'il avait l'habitude d'apprécier. Si non en tant que valet, alors en tant qu'ami. Après tout, sa mémoire a besoin d'être stimulée s'il veut la retrouver.

Merlin ouvrit des yeux ronds en comprenant où elle voulait en venir. Il secoua la tête et lui fit signe d'arrêter, mais Morgana se contenta de sourire. Uther se raidit, visiblement agacé, mais lui fit signe de continuer.

- Merlin. Je pense qu'Arthur devrait passer du temps avec Merlin.

Arthur leva les yeux au ciel à nouveau, Merlin la fusilla du regard, et Uther serra la mâchoire. Le roi n'avait de toute évidence aucune envie de laisser son fils se rapprocher de Merlin à nouveau, mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Les propos de Morgana étaient sensés, et les conseillers et chevaliers ne comprendraient pas s'il refusait. Il hocha alors sèchement la tête et congédia tout le monde.

Morgana sortit de la salle en souriant, et Merlin la rattrapa.

- Mais bon sang qu'est-ce que vous faites ?

- Oh mais de rien, dit-elle en souriant avant de tourner les talons.

Merlin grogna de frustration et se retourna, manquant par la même occasion de bousculer Arthur.

- Alors comme ça, Merlin, on était amis ?

Merlin haussa les épaules. Il n'avait pas particulièrement envie de lui parler.

- Je ne vois vraiment pas pourquoi j'aurais été ami avec… toi.

Arthur le détailla d'un air dégoûté, et Merlin inspira profondément, retenant l'insulte qu'il avait sur le bout de la langue. Il n'était pas suffisamment idiot pour le provoquer. Après tout, Morgana et Arthur du futur lui avaient tout les deux dit que le prince était loin d'avoir toujours été aussi sympathique.

Merlin fut ramené à la réalité lorsque quelque chose tomba, et il baissa les yeux pour voir la bague d'Arthur au sol.

- Eh bien ? Ramasses là.

Cette fois, Merlin en eut assez. Arthur ou pas, il n'allait pas se laisser marcher sur les pieds.

- Non.

- Pardon ?

Arthur ouvrit de grands yeux et se mit à rire.

- J'ai dit non. C'est vous qui l'avez fait tomber, pas moi.

- Tu dois faire ce que je te dis, Merlin. Ramasses là, ordonna Arthur d'un ton arrogant et sûr de lui.

- Je ne suis pas votre valet, au cas où vous n'auriez pas compris.

- Peut-être mais je suis le prince, donc tu dois quand même faire ce que je te dis.

Merlin contempla brièvement ses options, et opta pour faire demi-tour et tourner les talons –sans ramasser quoi que ce soit.


Une heure plus tard, Morgana le retrouvait au piloris, accompagnée de Gwen.

- Qu'est-ce que tu as fait ? Demanda Gwen.

- A ton avis ? J'ai tenu tête à Arthur, répondit-il en levant les yeux au ciel et Morgana afficha un sourire qui signifiait clairement « je te l'avais bien dit ».

- Je t'avais dit qu'il était différent.

Merlin grogna et Morgana sourit à nouveau avant d'entrainer Gwen par le bras.

Lorsque Merlin fut relâché, il se rendit chez Gaius.

- Tu devrais être plus prudent, mon garçon. Uther a déjà des doutes sur toi, il vaudrait mieux ne pas lui donner davantage de raisons, et Arthur…

- Ne fera rien pour me protéger, je sais, Gaius. Mais je ne peux pas le laisser me traiter comme si je n'étais rien !

- Merlin…

- Je sais, je sais. Je ne suis rien pour lui.

Merlin se leva et se rendit dans sa chambre, ignorant le soupir de Gaius. Il commençait déjà à regretter d'avoir renvoyé Arthur dans le futur, mais il savait qu'il avait fait le bon choix. Arthur n'aurait jamais été pleinement heureux s'il était resté dans ce monde, et le renvoyer dans le sien, auprès de son Merlin, était la meilleure qu'il y avait à faire pour lui. Merlin espérait simplement qu'offrir une fin heureuse à l'homme dont il était tombé amoureux ne signifierait pas le priver lui ou Morgana de la leur. Il n'était pas stupide, et se souvenait parfaitement de ce qu'Arthur lui avait dit la concernant. Maintenant qu'elle n'avait plus le soutien de son frère, Merlin ne pouvait qu'espérer que le sien suffirait à garder Morgana sur la bonne voie.


N'arrivant pas à dormir, il se leva et se rendit dans la cave où Uther avait enfermé le dragon.

- Que me vaut ce plaisir, jeune sorcier ?

- Je…

- Tu regrettes d'avoir renvoyé Arthur dans son monde et vient me demander de l'aide ?

- Non ! Enfin, je ne le regrette pas. C'est juste que… Je m'inquiètes.

- Ta destinée est toujours liée à Arthur, Merlin. Cela n'a pas changé et ne changera jamais. Mais il va faire face à de nombreuses menaces, venant d'ennemis et d'amis.

- Morgana ?

- Son destin est noir, comme tu le sais déjà. Tu n'aurais jamais du lui dire la vérité, et je ne ferai rien pour l'aider.

- Et pourquoi pas ? C'est bien vous qui parlez d'un monde unifié et où la magie serait acceptée, non ?

- Et que me donneras-tu en échange ? Tu viens ici comme si j'étais un livre que tu peux consulter et prêter à tes amis. Je ne t'aiderai plus tant que tu ne me donneras rien en échange.

- Et qu'est-ce que vous voulez ? J'ai besoin de vous ! Vous en savez plus que Gaius sur la magie.

- Je veux que tu me promettes de me libérer.

- Quoi ?

- Je suis un dragon, je n'ai nulle envie de mourir ici. Promets-moi que tu me libèreras et je t'aiderai.

Merlin inspira profondément, et réalisa qu'il n'avait pas vraiment le choix.

- Bon très bien, je vous promets que je vous libèrerai.

Le dragon laissa échapper un rire et s'envola, ignorant les cris d'indignation de Merlin. Le sorcier souffla et remonta les escaliers. Il n'avait rien appris, et se retrouvait maintenant avec une promesse qu'il n'était même pas sûr de pouvoir tenir.


Le lendemain matin, alors qu'il allait chercher des herbes pour Gaius, Merlin se retrouva nez à nez avec Arthur.

- J'espère que tu as compris la leçon, Merlin.

- Oh oui, ne vous inquiétez pas. J'ai bien compris que si on n'exauce pas tous vos souhaits, vous appelez les hommes de papa pour qu'ils viennent vous protéger. Maintenant excusez-moi, j'ai des choses à faire pour Gaius.

Merlin voulut le contourner pour sortir, mais Arthur lui agrippa le bras.

- Tu sais, je te trouve très irrespectueux pour quelqu'un qui est sensé être mon ami.

- Oui, et bien c'est peut-être parce que vous avez commencé à être irrespectueux en premier. Maintenant lâchez-moi, j'ai du travail.

A sa surprise, Arthur le lâcha, et Merlin fuit avant qu'il ne puisse changer d'avis.

Arthur le regarda partir en fronçant les sourcils, et sursauta lorsque Morgana apparut à ses côtés.

- Qu'est-ce que vous faites ?

- Rien.

- C'est Merlin qui vient de partir n'est-ce pas ?

- On était vraiment amis ?

Morgana fronça les sourcils, surprise.

- Pardon ?

- Merlin et moi. Pendant l'année dont je ne me souviens pas, on était vraiment amis ?

- Oui, répondit Morgana doucement. Vous aviez changé avec lui. Vous étiez plus calme, plus gentil. Et beaucoup moins à la botte de votre père.

- Je ne suis pas à la botte de mon père !

- Est-ce que vous lui lanceriez un verre empoisonné à la figure ?

- Quoi ? Bien sûr que non, enfin !

- Eh bien vous l'avez fait. Il y a quelques mois, vous lui avez lancé votre verre à la figure parce qu'il était peut-être empoisonné et qu'il voulait forcer Merlin à le boire.

Arthur sembla déstabilisé pendant un instant, avant de reprendre ses esprits.

- C'est ridicule, pourquoi aurais-je fait cela ? Il avait certainement de très bonnes raisons s'il…

- Vous pensez vraiment ce que vous dites ?

Arthur haussa les épaules, et Morgana secoua la tête d'un air dédaigneux.

- Vous me dégoûtez.

Elle tourna les talons avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, et une fois dans sa chambre, elle porta la main à son front. Arthur croyait son père plus que n'importe qui, et elle doutait qu'il puisse un jour changer, même avec Merlin. Elle se raccrochait au fait que si l'autre Arthur avait pu changer, celui-ci devrait le pouvoir également, mais l'autre Arthur venait d'un autre monde, et il n'y avait aucune garantie que le leur évoluerait de la même manière.


Le soir venu, alors que Gaius préparait un remède qui pourrait aider Arthur à recouvrer ses souvenirs, Uther fit irruption dans la pièce.

- Sire ? Que puis-je faire pour vous ?

- Avez-vous donné ce remède dont vous m'avez parlé à Arthur ?

- Pas encore, je suis en train de le finir.

Uther hocha la tête, et avança d'un pas.

- Eh bien arrêtez.

- Pardon ?

- Je ne veux pas que vous donniez ce remède à mon fils. Remplissez cette fiole d'eau ou de ce que voudrez et faites lui croire que c'est le remède.

- Puis-je savoir pourquoi, Sire ? Je pensais que vous voudriez voir le prince retrouver ses souvenirs.

- Bien sûr que non. Arthur n'a jamais été aussi insubordonné et désobéissant que l'année passée. Il est hors de question que je le laisse redevenir aussi incontrôlable. Et je ne vous conseille pas de me désobéir, Gaius, parce qu'Arthur a changé depuis que ce garçon, Merlin, est arrivé, et si vous tenez à le voir rester en vie, vous ferez ce que je vous dis. Est-ce bien clair ?

- Limpide, Sire.

Uther quitta la pièce et Gaius inspira profondément, avant de remplir la fiole d'eau et de l'apporter à Arthur.


Au beau milieu de la nuit, Arthur se réveilla en sursaut. Il avait rêvé de magie, d'un dragon qui vivait dans une cave sous le château, de combats avec des chevaliers et des serpents, et de Merlin. Il avait rêvé de Merlin qui lui en voulait pour avoir fait bannir un homme, et surtout il avait rêvé qu'il l'aimait. Il se voyait avec lui, chahutant dans l'herbe, s'embrassant tendrement au détour d'un couloir, ou encore engagés dans des ébats passionnés.

Assis dans son lit, Arthur déglutit, et s'essuya le front avec son bras. Il était en sueur, son cœur battait bien plus vite que la normale, et il était essoufflé. Ses rêves ne ressemblaient pas à des rêves, ils ressemblaient à des souvenirs. Mais Arthur savait que c'était impossible, la potion de Gaius ne pouvait pas faire effet aussi vite –il n'y avait même pas de garantie que cela marche réellement – et surtout, il n'y avait ni magie ni dragons à Camelot depuis des années, et il était strictement impossible qu'il se soit engagé dans ce genre de relation avec quelqu'un comme Merlin.

Il se rallongea, tentant de reprendre son souffle. Ces rêves n'étaient que le fruit de son imagination, parce qu'il se demandait comment et pourquoi il avait perdu ses souvenirs, rien de plus. Après s'en être convaincu, il se rendormit, et cette fois, il n'y avait ni magie, ni Merlin.