Crédits des personnages à JK Rowlings
Termes anglais :
Ravenclow – Serdaigle
Longbottom – Longdubas
Slytherin : Serpentard
Terra incognita : « Terre, lieu inconnu ; à découvrir. » Métaphore – voire lieu commun – pour désigner un domaine du savoir inexploré ou encore inconnu : "Le fonctionnement du cerveau humain, terra incognita" ; une information manquante : "Le programme de M. X pour les prochaines élections : terra incognita".
(source : Wikipedia)
Prologue
Hors catégorie
(POV Théodore Nott)
C'est la rentrée ! Enfin ! Oh je ne m'ennuie pas pendant les vacances mais je suis content de retrouver ce lieu d'apprentissage surtout que c'est ma dernière année ici. L'immense parc qui entoure l'école et la bibliothèque m'ont manqué. La bibliothèque surtout.
Avez-vous déjà prêté attention aux usagers d'une bibliothèque ?
Parmi les hautes tours labyrinthiques de livres, la plupart des élèves sont studieux. Ceux-là ont leurs habitudes : ils arrivent à la même heure, s'assoient à la même place et laissent humblement le savoir les enrober. De vrais petits rats : travailleurs et fouineurs, insatiables de connaissance.
Ensuite, viennent les curieux. Peut-être se sont-ils perdus mais ils sont là, seuls, à tripoter leur plume, regarder à droite, puis à gauche, paresser. Eux, ce sont les chats. Ils ennuient légèrement ceux qui étudient.
Ensuite, les pires : il y a une minorité – fort heureusement – qui pensent être dans un café et racontent les derniers potins. Ils sont bruyants comme des chiens et se déplacent souvent en meute. Bizarrement – et n'y voyez pas une ségrégation quelconque, il s'agit juste d'une constatation – ils arborent le rouge et or. Ces parasites viennent surtout user les bancs et les nerfs des rats sus-cités dès les premières pluies automnales jusqu'aux premiers rayons de soleil printaniers. Les salles de chaque maison ne sont-elles pas faites pour bavarder justement ?
Pourtant, quand je le regarde, lui, je n'arrive pas à le classer dans une des trois catégories. Depuis quelques soirs, Ronald Weasley, l'acolyte notoire de Harry Potter, vient à la bibliothèque. On dirait vraiment qu'il travaille. Les trois filles au bout de la table à laquelle il est assis beaucoup moins. Elles ne cessent de le dévisager avec gourmandise et si vous voulez mon avis, c'est sur son corps qu'elles voudraient travailler, après avoir éliminé Granger, qui appartient à la catégorie des petits rats de bibliothèque.
Ah, ces adolescentes… être comme ça à la merci de ses hormones, c'est presque triste.
Etrangement Weasley ne les remarque même pas alors qu'elles le collent comme une arapède un rocher… ou des mouches du miel, qui est une bien plus jolie image que celle du rocher. Le miel d'ailleurs rend bien hommage au gardien rouge et or. Avant-hier j'ai croisé son regard miel juste une seconde mais j'ai failli défaillir. Je comprendrais presque ses groupies. Lui n'a pas dû me voir.
Car sachez bien que personne ne me voit à tel point que j'ai longtemps cru être victime d'un sort d'invisibilité.
« Victime » est un grand mot. Je qualifierais ça plutôt de « paix » ou « repos » parce que disserter de qui sort avec qui ou le résultat du dernier match de Quidditch, franchement, ça vole bas. Quant à savoir qui sort avec qui, un des avantages d'être « invisible » est de surprendre beaucoup de conversations. Draco a commis une infidélité avec Daphné, Blaise a réussi à butiner tous les membres féminins de l'équipe de Quidditch de Ravenclow… dans la même nuit, Potter sort avec la fille Weasley, Granger se fait courtiser par Ernie MacMilian, Luna Lovegood papillonne avec Neville Longbottom et la liste n'est pas exhaustive.
Quand j'y pense, la petite amie de Weasley est une énigme. J'en entends parler à travers ces filles jalouses qui aimeraient la connaître pour lui faire une vacherie mais l'identité est bien tenue secrète. Pourquoi autant de mystères ?
Je l'observe parfois en cours de Transfiguration : quand son compère n'est pas là, il est nettement plus calme et studieux. Il n'excelle pas mais il étudie sérieusement. D'ailleurs, ce soir c'est un livre de Transfiguration qu'il vient de me faucher sous le nez. A une demi-seconde, il était à moi. Il l'a eu pour une seule raison : sa taille !
« Tu n'es pas à draguer avec ton ami ?, je n'arrive pas à retenir.
- Si, ça ne se voit pas ?, répond-il, neutre.
- C'est de l'humour de Gryffindor ? Ceci dit, je te comprends. Les filles sont tellement soûlantes parfois surtout les adolescentes qu'on doit fréquenter tous les jours... En as-tu vraiment besoin de ce livre ?, je demande en fixant sa main qui tient l'objet précieux. C'est pour l'essai du mois prochain ?
- Euh, tu me laisses une demi-heure ? Oui, c'est pour le mois prochain mais je préfère m'avancer, on ne sait jamais les imprévus. »
Les imprévus, il en a rencontré un déjà. Une terrible chute lors d'un entraînement à la rentrée. Il ne jouera pas le premier match de la saison. Certainement un drame pour lui.
« Bien sûr que je te le laisse. De toute façon, tu l'as attrapé en premier. »
Je tourne les talons pour regagner ma place mais une question me turlupine :
« Tu as presque fini ton essai ?
- Bah j'y suis depuis un bout de temps quand même. Tu n'as qu'à attendre à ma table. Contrairement aux apparences, je suis polyvalent. Enfin, chez les Gryffys, on peut tout faire en parlant en même temps. »
Là, je tombe des nues pour la seconde fois en moins d'une minute. Ronald Weasley a presque fini son essai mais en plus il veut parler avec moi?
Je ne peux pas m'empêcher d'incliner légèrement ma tête sur le côté et de scruter les tréfonds de son regard. Souffre-t-il d'une importante commotion cérébrale suite à sa chute ? Une mèche rousse qui ondule sur son oreille piquetée de tâches de rousseur attire mon regard.
« Tu veux qu'on parle ?
- Pourquoi pas ?, répond-il nonchalamment en regagnant sa place.
- Oui, pourquoi pas... »
Je préfère parler plutôt que de me battre avec lui. Sans baguette, il aurait très certainement le dessus. Tiens, il serait carrément sexy au-dessus de moi… Même avec des vêtements grossiers on devine son corps athlétique.
Et oui, je préfère les garçons. Mes propos péjoratifs sur les filles ne vous ont pas mis sur la voie ? Si Weasley m'intéresse, c'est parce que je pense que j'ai une chance. S'il aimait les filles, l'école entière le saurait. Sa petite amie mystère n'existe tout simplement pas. C'est ma théorie et soyons humble, je me trompe rarement.
« A travailler aussi tard, des fois je me dis que c'est Herm qui a déteint sur moi. Tant que mes cheveux et ma poitrine ne se développent pas, ça ira.
- C'est vrai que ça serait très dommage, tu es très bien comme tu es », dis-je en enfonçant mon regard dans le sien. Un léger rougissement de sa part le trahit. Ronald Weasley, un des mecs les plus canons et musclés de l'école, est gay !
« Si tu veux rester discret, je continue, tu dois apprendre à te contrôler mais c'est dommage, tu es tellement mignon quand tu rougis.
- Quoi ? De quoi tu parles ? Et puis je ne rougis pas, j'ai attrapé un coup de bougies. C'est terrible cette luminosité sur les peaux de rouquins. Ne te moque pas, tu es aussi pâle que moi. Demande à mes frères ou à Ginny quoique, hormis Percy, ma fratrie n'a pas vraiment usé les bancs de la bibliothèque.
- Non, mais Fred et George venaient souvent ici... dans les coins sombres, des sacrés sportifs, si tu veux mon avis.
- Oh je sais mais c'est pas les chaises qu'ils usaient eux.
- Non. D'ailleurs j'ai un petit secret à t'avouer...
- Tu les regardais ?
- C'est en surprenant un de tes frères un jour, il y a trois ans de ça, que j'ai compris certaines choses.
- Que c'était des obsédés ?
- Oui, ça aussi... Mais, je me suis rendu compte que je préférais regarder ton frère au lieu de sa copine.
- Pourquoi... pourquoi tu me racontes ça ? », demande-t-il gêné.
Pourquoi je te raconte ça Ronald ? Peut-être pour te dire que je suis comme toi, que tu n'es pas seul si tu as besoin de parler mais visiblement, mon message est trop sibyllin.
« Je ne sais pas. Tu voulais qu'on parle. Et je me moque que tu ébruites ça, mon orientation sexuelle ne me pose pas de problèmes mais... toi ça semble te gêner, alors je vais te laisser travailler. Tu m'apporteras le livre quand d tu auras fini ? »
Ça ne sert à rien de discuter s'il ne veut pas, il n'est pas mûr. Cela ne m'empêche pas d'être content de ma trouvaille.
« Attends, ça... ça me pose pas de problème et j'ai presque terminé.
- Ne te presse pas, ça va être illisible. Apporte-moi le livre, je compte sur toi. »
L'hameçon est jeté. Continuer à parler le braquerait et j'ai eu une idée pour le décoincer.
Une bonne vingtaine de minutes s'écoulent avant qu'il ne m'apporte le livre.
« Oh merci, tu as été rapide.
- Y... y a des marques pages pour les passages intéressants.
- Es-tu sûr de montrer l'exemple ? Toi, le Préfet des Gryffindors, être aussi gentil avec un Slytherin ?
- J'emmerde tout le monde, répond-t-il spontanément.
- Voilà une attitude que j'aime. Merci en tout cas. »
Petit sourire de sa part et il regagne sa place regrouper ses affaires. Avant de quitter la bibliothèque il se retourne et me regarde. J'ai presque envie de lui sourire mais je ne souris jamais ou très rarement.
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La semaine suivante, je l'ai juste vu en cours de Transfiguration – que nous partageons – mais il m'a à peine regardé. Quant à la bibliothèque, il semble en avoir oublié le chemin, quand je vous disais qu'il était hors catégorie…
En même temps, il a repris les entrainements de quidditch, sa clavicule va mieux.
Mon instinct – ou intuition, appelez cela comme vous voulez – me disait qu'il ne s'agissait pas de ça. Je pense que Weasley me fuit. Que j'ai vu en lui le perturbe. Il préfère les mecs et alors ? Merlin n'a pas mis notre prostate à cet endroit innocemment.
Histoire que ceux qui ne font pas de Quidditch puisent faire autre chose que bosser (même si l'enrichissement intellectuel peut être un divertissement plaisant) il y a quelques clubs : échecs, théâtre, musique ou encore peinture.
Je suis asocial mais j'aime peindre et en toute modestie, je me débrouille plutôt bien. Ce que je préfère ? L'anatomie, bien sûr. Chacun de nous possède quelque chose de beau : un regard intense, des lèvres pulpeuses, de belles oreilles. Weasley doit certainement avoir une belle musculature. Comme il n'est pas très futé niveau sous-entendus, je vais l'attaquer de front.
J'attends mon moment avant de lui proposer. Il n'aurait pas dû traîner en cours de Transfiguration.
« Moi ? Ton modèle ? Y a des tas de garçons bien mieux, répond-il.
- Je m'intéresse à la musculature des joueurs de Quidditch. Mais avant que tu dises quoique ce soit, les Attrapeurs sont trop fins, les Chasseurs ont certes de belles épaules mais… tu es beaucoup mieux que tu ne l'imagines. »
Il hésite. Ai-je été trop direct ?
« C'est bon, laisse tomber. »
Je fais mine de m'en aller.
« Attends ! J'ai pas dit que j'étais contre. Je… je ne comprenais pas ton choix. Ça me flatte que tu me l'aies demandé.
- On ne discute pas plus le diagnostique du docteur devant son patient que le choix de son sujet devant l'artiste, M. Weasley. C'est quelque chose qu'il ressent et c'est toi que je veux. Pas un autre.
- Ok. Quand et où ?
- Le mercredi soir et le vendredi soir, tu es libre entre 20h et 22h.
- Le mercredi pas de problème et le vendredi je peux m'arranger.
« Tu seras magnifique à la lumière des bougies. »
Il rougit légèrement. Encore les bougies sans doute… Ma drague ostensible n'a pas l'air de le gêner finalement.
« On se voit mercredi alors ? On se retrouve après le diner dans le Grand Hall ?
- Oui... je dois venir avec ma tenue de Quidditch ?
- Mmmh... Oui, bonne idée. »
Même si j'espère qu'il ne la gardera pas trop longtemps.
Je n'ai malheureusement pas le temps de me perdre en rêveries, Potter arrive et me bouscoule sans ménénagement. Quel petit con.
« Hé, t'étais obligé de le bouscouler ?, » s'indigne mon nouveau modèle.
Non, il n'était pas obligé mais il assoit sa position de leader anti-Slytherin.
« Ca va ?, me demande Ronald.
- Bien sûr. Ça n'est pas une pitchnette qui va me faire chavirer. J'ai l'impression que tu as du mal à calculer tes trajectoires, Potter. Tu devrais peut-être changer de lunettes. Ça serait dommage que… tu rates une marche par exemple.
- Tu me menaces ?, crache le concerné.
- Tu le saurais si c'était le cas. A mercredi Ronald. »
Je traverse lentement les trois autres Gryffindors. Franchement, il se la joue comme Malfoy, il n'y a que l'uniforme qui change.
« Tu le croises souvent en ce moment, attention, tu vas virer vert et argent ?, dit Harry.
- Ça va, c'est un mec comme les autres. »
Dans un autre contexte, je serais vexé d'être un « mec comme les autres ».
« Ok, pas la peine de me parler comme ça. Tu vois qui tu veux après tout et si tu préfères fréquenter un serpent que tes amis, c'est ton choix, le sermonne Harry.
« La joue pas pauvre victime. Je suis pas une de tes minettes en chaleur sur qui ça marche.
- Je venais te chercher pour aller boire un coup aux Trois Balais tout à l'heure... je suppose que ça ne t'intéresse pas ? »
Je ne peux pas rester ad vitam eternam dans le coin mais j'aimerais bien savoir comment va se finir l'échange. De toute façon, je suis redevenu invisible.
« Ça me fait chier qu'on se prenne la tête, di t Weasley.
- Moi aussi, Ron, ça me fait chier. Y aura les filles de la dernière fois.
- Des filles et de la Bieraubeurre. Que demander de plus ? », répond le gardien amicalement.
Moi j'ai une vague idée mais on ne la demande pas.
Ils partent presque bras-dessus, bras-dessous. Non que ça m'intéresse réellement mais au moins se ne fritent-ils pas à cause de moi.
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La première séance s'était bien passé même si nous avons peu parlé ou de pas grand chose : la pluie, le beau temps, les cours, jamais rien de personnel.
Je suis optimiste, il va se confier, ça n'est qu'une question de temps.
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