Aloha !

Aujourd'hui, je me suis décidée à enfin terminer cette histoire. Je l'ai commencée il y a des années... C'est un two-shot sur Katekyo Hitman Reborn ! Il met en scène dans un univers alternatif l'un de mes OC, Niki ainsi que quelques OCs appartenant à mes amies au milieu de la flopée de personnages de KHR.

J'espère que cet univers vous plaira et que l'histoire que j'y raconte saura vous convaincre.

Baisers brûlants.

MM


Jamais je n'aurais imaginé qu'une personne pareille pourrait se coincer dans mon système limbique en si peu de temps, et s'y enraciner aussi profondément. Son arrivée ne fut pas des plus agréables pour moi, c'est certain. Toutefois, je ne peux nier le fait que si j'avais à nouveau l'occasion de choisir mes paroles et actions, le résultat final serait à nouveau le même. Nous étions indubitablement destinés à nous rencontrer.

Si je me souviens bien, c'était un soir d'automne où le ciel était tout particulièrement clair. Les étoiles étaient facilement visibles sur la voûte de couleur encre et la lune, qui n'était encore qu'un très fin croissant étincelant, se dressait avec fierté dans le firmament étoilé. Je resserrais les pans de mon gilet en grosse laine gris chiné sur ma poitrine pour me protéger de la morsure du vent et continuais d'avancer jusqu'au point de rendez-vous que m'avait donné Alice, une de mes proches amies. Depuis notre rencontre inopinée lors de la rentrée dernière à l'université, Alice avait toujours su faire preuve d'une bienveillance surprenante à mon égard. Elle était d'une gentillesse et d'une bonne humeur rafraîchissante, sans compter sa profonde modestie. Alors pour une fois qu'elle se permettait de me demander une faveur, je me devais de l'accepter. Même si le lieu choisi m'était légèrement réticent.

« Niki ! Par ici ! » Me héla-t-on distinctement.

Je tournais la tête en direction de la voix douce et familière qui venait de m'interpeller. La source de ce son n'était autre qu'Alice, tout en beauté, postée au bout de la rue. A sa vue, j'accélérai le pas. Le son de mes bottines à talons se répercutait derrière moi. Une fois que je fus près d'elle et que je l'eus salué correctement, je me permis de l'observer plus en détail. Elle avait opté pour un jean bleu clair assez serré pour mouler parfaitement les lignes de ses jambes, une petite paire de bottines assorties de couleur beige et pour le haut, un pull crème pas trop épais dont le col large glissait légèrement sur sa poitrine. Je craquai tout particulièrement sur les motifs discrets du foulard en toile qu'elle portait en plus autour de son cou, touche de couleur chocolat assortie au très léger coup de crayon posé au-dessus de ses yeux bleus. Souriant faiblement, je glissais l'une des mèches s'étant échappées de ma longue tresse derrière mon oreille.

« Tu es sublime, Alice.

- Merci Niki, mais tu n'es pas à plaindre non plus ! Je rêverais d'avoir des jambes aussi longues que les tiennes. Enchaîna la Rose directement, sans avoir vraiment l'air d'être convaincue par mon compliment, bien qu'elle ne le réfute pas.»

Je suivis des yeux la courbe dessinée par sa main et observai d'un œil désintéressé la forme de mes jambes, dont la longueur était légèrement accrue par mes petites bottes à talons. Je ne les trouvai pas particulièrement fines ou longues, mais j'aimais la ligne qu'elles avaient lorsque je portais ce pantalon. Un pantalon cigarette en coton bleu marine, retourné en un petit ourlet au niveau de mes chevilles, juste au-dessus du haut de mes bottes chocolat. Je n'avais pas fait particulièrement attention jusqu'à maintenant, mais plus je découvrais ma tenue, et plus je me rendais compte que je n'étais pas particulièrement bien habillée comparée à Alice. A dire vrai, je n'y portais pas vraiment intérêt. Tant que je me sentais à l'aise, c'était parfait. Et puis, je venais à peine de rentrer de l'université, et portais donc mes habits de jour vu que je n'étais pas passée par mon appartement pour me changer.

« Si tu le dis, merci. Plutôt que de s'éterniser sur ce sujet, je posais la question qui me brûlait les lèvres. Pour qui allons-nous dans ce bar ? Je suis curieuse. Alice et moi savions parfaitement de quoi je voulais parler. Nous ne nous serions pas donné rendez-vous en ce lieu s'il n'y avait pas une idée cachée.

-Et bien, je ne t'en ai pas parlé plus tôt parce qu'il m'horripilait vraiment.. au début. Mais, à force de le croiser.. par hasard bien sûr, et bien, j'ai commencé à … comment dire.. ?

L'apprécier ?

Oui. C'est ça. Je ressens une sorte d'attirance vers lui, et quelque chose me tire irrémédiablement dans sa direction. C'est... un sentiment étrange. Je n'arrive même pas à contrôler ça ! C'est frustrant ! Les paupières d'Alice glissèrent sur ses yeux alors qu'elle riait légèrement pour cacher l'once de gêne que je devinais chez elle, grâce à la teinte rosée de ses joues rebondies. Malheureusement, je n'avais jamais eu la chance, si je puis dire, de ressentir cela.

Je ne connais pas ce sentiment.

C'est vrai que .. Tout en marchant, Alice frotta son menton d'un air pensif. Je ne t'ai jamais vu avec un quelconque homme. En tout cas, pas officiellement.

Je ne ressens pas l'envie de m'impliquer avec quelqu'un. Et puis, je n'ai pas non plus envie de perdre le peu de temps libre que j'ai dans une relation.

Niki … Ne dis pas ça ! Rien n'est encore joué ! Tu es encore une jeune et belle jeune femme qui aura l'occasion de s'épanouir dans les bras d'un homme ! S'exclama une voix forte un peu plus loin. »

La voix malicieuse et au timbre bien plus fort et imposant que celui d'Alice coupa court à notre conversation. Je quittai mon amie des yeux et observai la source de la voix, postée dans une position aguichante contre l'encadrement de l'entrée d'une haute bâtisse. Elle soulevait sa massive chevelure blonde à l'aide de son avant-bras alors que le coude de ce même-bras la soutenait contre le béton gris foncé. Son autre main quant à elle, était postée sur sa hanche, accentuant les formes avantageuses que possédait la nouvelle arrivante. D'un petit coup de hanche, elle se décolla du mur et nous rejoint tout en se balançant avec grâce, perchée sur ses talons hauts.

« Je vous attendais ! Avec énergie, elle vint coller une bise tonitruante sur nos joues avant de glisser son index sous le foulard d'Alice avec intérêt. Vous avez mis du temps ! Oh, et très joli foulard Alice.

C'est ma faute, Michiko. Les bouchons m'ont ralentie. Lui expliquai-je en me plaçant à sa gauche pour lui laisser la possibilité de se glisser entre Alice et moi alors que nous rejoignions, enfin, le bar désiré.

Tatata. Ne cherche pas d'excuses Niki ! Vous avez seulement été trop bavardes sur le chemin, mais je ne vous en veux pas~, Chantonna-t-elle avec taquinerie en nous lançant une œillade complice accompagnée d'un sourire en coin. Cette façon qu'avait d'agir Michiko, la petite-amie de mon ami Tsunayoshi, me fit sourire légèrement.

Ne te plains pas. Tu nous bats avec facilité niveau bavardage, Blondie. »

Alice renvoya la balle avec aisance en soulevant l'une de ses longues mèches rose pâle pour la glisser derrière son oreille avec élégance. Elle accéléra le pas et nous doubla légèrement en prenant la tête de la marche. Puis soudainement, elle fit volte-face devant nous en s'arrêtant. Derrière-elle s'élevait un large bar dont la façade peinte d'une couleur noire se fondait parfaitement dans l'obscurité. Seules les néons colorés utilisés pour l'enseigne du bâtiment et ceux pour les contours des portes et fenêtres perçaient le manteau noir de la nuit, sans compter les deux petits lampadaires plantés de part et d'autre du trottoir. C'est d'ailleurs sous ces deux réverbères que stationnaient la plupart des groupes de jeunes fumeurs, s'entassant les uns sur les autres en soufflant ces affreux nuages de fumée grise dans le ciel au-dessus de leurs têtes. Alice nous présenta l'entrée d'un geste de la main. Il s'agissait d'une large porte à double-battants noires surveillées par deux hommes au moins deux fois plus grands que mon amie à la chevelure rose.

« Je vous présente … La VARIA-BOX ! Un silence s'en suivit. Je méditais sur les détails extérieurs de l'endroit quand Michiko souffla d'une voix étouffée.

.. Rosie, c'est VRAIMENT ici qu'on va ?Elle venait de placer sa main sur sa bouche, comme si elle retenait un fou-rire d'exploser. Etant donné qu'aucune de nous deux ne comprenait, et au vu du silence qui pesa autour de nous, Michiko s'expliqua. Je connais cet endroit, parce qu'en fait, ça appartient à mon frère. Enfin, demi-frère.

Xanxus est … ton demi-frère ? La surprise peignait les doux traits du visage d'Alice. Mais vous n'avez strictement rien en commun ! Je ne savais pas du tout …

A part notre caractère de cochon, non. Et bien sûr, notre beauté naturelle~ Déclara-t-elle en soulevant d'un geste exagérée de la main sa chevelure blonde. »

Ce simple geste aurait fait craquer bons nombre d'hommes, surtout s'ils apercevaient dans le mouvement la considérable poitrine qu'elle possédait. Poitrine qui, soit dit en passant, était subtilement mise en valeur par un haut près du corps au col en V plongeant, sans paraître vulgaire bien entendu. Pour empêcher la conversation de s'éterniser à l'extérieur, je pris les devants et m'approchai la première de l'entrée de ce bar ? Boîte ? Un mélange des deux, sûrement. En me voyant m'avancer, Alice et Michiko arrêtèrent leur discussion pour me rejoindre et toutes trois ensembles, nous arrivâmes devant les videurs. Ils nous dévisagèrent de pieds en caps, comme s'ils jugeaient la «marchandise» qui allait pénétrer l'établissement. Geste que je ne supportais et ne supporterai jamais. Je ne me gênai pas et rendis le regard que me lançait l'un des deux hommes. Il détourna ses yeux après un instant, feignant de ne pas avoir agi de la sorte. On m'avait toujours dit, quand j'étais encore lycéenne, que lorsque je fixais les gens cela pouvait les rendre nerveux. Mais je ne pensais pas que cela fonctionnait toujours. Comme quoi, cette sortie à la Varia-box m'aura apporté quelque chose !

Une fois les grandes portes battantes noires passées, le froid extérieur qui nous collait à la peau s'effaça peu à peu. L'ambiance à l'intérieur était bien différente des nuages gris et glacés produits par les bâtons de nicotine. Une très légère musique se diffusait dans tout l'espace, sans pour autant être dépassée en décibels par les discussions des clients. Alice sur mes talons et Michiko nous ouvrant la voie, je découvris petit à petit les lieux s'offrant à moi. Sur la gauche s'étendait une dizaine de petites tables rondes recouvertes d'une nappe rouge sombre et -pour la plupart- de verres remplis d'alcool plus ou moins forts. La plupart des personnes y étant assises parlaient tranquillement en buvant leur commande. Derrière eux se trouvait une grande baie vitrée qui, je pouvais le deviner en voyant les lumières colorées traverser la large ouverture, menait à la terrasse. Mais plutôt que de s'aventurer à nouveau à l'extérieur, Michiko longea le mur de droite en se faufilant à travers la foule de personnes se trémoussant comme des anguilles au milieu de la piste pour rejoindre un bar aux multiples lumières. Une fois que nous fûmes toutes les trois hors de cette horde brûlante, parce qu'il faut l'avouer l'air était bien plus lourd dans cette partie de la Varia-box que près des tables, Michiko nous expliqua.

« Je vais devoir m'éclipser juste un tooooout petit moment ! Elle venait de coller son index et son pouce juste devant l'une de ses orbes azures, comme pour mimer le peu de temps que durerait son absence.

Ne te gêne pas pour nous, on ne va pas bouger d'ici à mon avis. J'acquiesçai de la tête. Je n'irai pour rien au monde danser sur la piste. Et je pense que cela se lisait parfaitement sur mon visage vu la manière avec laquelle Michiko me sourit.

Niquel alors, je vous retrouve après ! Elle se tourna soudainement en escaladant à moitié le comptoir pour se pencher de l'autre côté. Akasoraaaaa ! »

Pendant que Michiko se trémoussait en tapotant son index sur le marbre noir, je me hissais avec délicatesse sur le petit tabouret molletonné, croisant mes jambes pour pouvoir les glisser sous le rebord du comptoir. Alice ne cessait de jeter de très rapides coups d'œil autour d'elle en enroulant son doigt autour de l'une de ses mèches. Elle dansait d'un pied à l'autre avant de se stopper lorsque je retins un rire derrière le revers de ma main. Me lançant un regard pour me faire taire, elle toussota ensuite pour cacher sa nervosité quand soudain, une nouvelle arrivante vint vers nous. Placée de l'autre côté du bar, elle était habillée d'une jupe droite et noire lui arrivant juste au-dessus des genoux. Un tablier noir lui aussi, était noué autour de sa taille et lui permettait de ranger son calepin pour les commandes. Tout en dénouant ma longue tresse blanche, je l'observai déposer un bisou sonore sur la joue de Michiko. Celles de la barman, rondes, se rehaussèrent un peu plus lorsque mon amie blonde repoussa d'une main le bout de ses cheveux bleu/vert pour les chasser derrière ses épaules. Elles échangèrent quelque mot que je ne pus entendre par-delà la musique, avant que la dît Akasora ne pointe l'étage du doigt en levant les yeux au ciel. J'en déduisis, au vu du sourire inquiétant de Michiko, que son demi-frère devait s'y trouver.

« J'y vais les filles ! Akasora, sers-leur un verre et mets-les sur le compte de Xanxan ! A tout' ~

Tu es suicidaire Michi'... Complètement suicidaire. Xanxus ne va certainement pas aimer que tu offres des verres sur son compte mais... j'accepte ! Ça lui apprendra à m'exploiter de la sorte ! Déclara la Barman en fusillant la petite pièce à l'étage des yeux. Elle se tourna ensuite vers nous. Je l'observai sans un mot, me contentant d'apprécier la douceur de la couleur de ses yeux, un vert pomme surprenant. Le sourire qu'elle nous offrit me parut sincère. Qu'est-ce que je vous sers les filles ?

Mmh, un Caipirinha pour moi s'il te plaît. Répondit Alice.

Je prendrai un Cosmopolitan. Bien que je ne fusse pas une grande buveuse, j'appréciais beaucoup ce genre de cocktail, où l'alcool fort permettait de libérer les saveurs agréables des fruits tout en étant à la fois âcres, acides et sucrés.

OK ! J'vous fais ça sur le champ ! Enfin … Un monde étonnant de danseurs venait de rejoindre le bar en une déferlante de personnes et vinrent prendre commande. Débordée, Akasora nous pria de patienter le temps qu'elle prenne leurs commandes. »

Elle semblait être une jeune fille entraînante et pleine de vie, si bien que je me demandais un instant ce qu'elle pouvait bien fabriquer dans ce genre d'endroit... trop sombre. Le menton posé sur le dessus de ma main, je me laissais porter par l'ambiance générale alors qu'Alice prenait place à ma droite. La musique électro qui passait en bande sonore diminua petit à petit et soudainement, un projecteur s'alluma au fond de la salle. Son halo de lumière était dirigé en un point concentré sur la large scène, à l'endroit même où se trouvait l'un des employés de l'établissement -vu le logo inscrit en rose bonbon sur son tee-shirt noir-. Il commença à rire d'une étrange manière alors que son corps ondulait, signe évident de son ravissement à être sous les projecteurs. Juste avant que sa voix -dont les accents grimpaient facilement dans les aiguës- ne retentisse à travers le micro, il rejeta sa longue mèche de couleur verte en arrière, seule touche de couleur sur son crâne rasé.

« Hellooooooow ! Votre sublime Lussuria d'amour est enfin là ! Yeah ! La plupart des têtes se tournèrent vers le nouveau-venu. J'en profitais alors pour pivoter mon visage vers Alice. Avec surprise, je la découvris en train de discuter avec un homme plutôt séduisant, aux longs cheveux argentés et à la peau délicatement hâlée. Il n'en faisait aucun doute qu'il s'agissait de l'homme pour qui elle craquait vu la manière dont elle le couvait des yeux. Allez allez ! On arrête de siroter nos merveilleux cocktails et on regarde la beauté appétissante sur scène ! Vous là, oui vous. Regardez-moi un peu au lieu de discuter avec votre voisine ! Qui devrait, soit dit en passant, arrêter la chirurgie. Ohohoh ! On ne peut pas atteindre ma perfection aussi facilement ~ »

Cette façon qu'avait de s'exprimer l'homme sur scène et de remanier toutes ses phrases en se donnant de l'importance me fit sourire. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait croiser un excentrique pareil. Sauf peut-être dans la mafia chinoise. Mais là n'était pas le sujet. Attendant la fameuse nouvelle que le dit Lussuria devait nous annoncer, je m'accoudais au bar. C'est d'ailleurs à ce moment qu'Akasora déposa nos commandes, bien qu'Alice ne semble pas la remarquer pour le moment. Je découvris avec plaisir le liquide grenat flottant dans un verre à pied translucide dont les quelques petites bulles incrustées à même la matière brillaient telles des étoiles. En faisant plus attention, je remarquai qu'une lumière avait été collée sous le pied du verre de sorte à ce qu'elle éclaire par le bas la boisson et sa tranche de citron vert. Les couleurs du cocktail n'en étaient que sublimaient. Je pris mon verre en main pour y tremper légèrement mes lèvres et profiter des saveurs fruitées d'alcool quand l'annonce vint enfin.

« .. Tout ça pour dire que ce soir, nous accueillons un groupe amateur[…] Comment ça je ne dois pas dire ça ? Pour qui tu te prends ? […] Tatata ! Chut ! Personne ne réfute les paroles de Lussuria. Comme pour appuyer sur ce dernier point, il pointa son index derrière lui d'un air réprobateur, vers le noir, là où l'on pouvait deviner que se trouver les membres du groupe. Bien ! Place au Kokuyo gang ! »

Enfin cette mascarade que personne ne pouvait comprendre prit fin. L'unique lumière dirigée sur scène s'éteint progressivement pour laisser place à différents spots tamisés qui éclairèrent le groupe entier composé... de jeunes hommes. Toutefois, ne pourtant pas un réel intérêt à ce genre de boysband je m'en détournai rapidement en faisant totalement face aux différentes bouteilles ornant les étagères du bar face à moi, jusqu'à ce que je ne jette un rapide coup d'oeil vers Alice et son Apollon grec -d'après les caractéristiques physiques que je pouvais juger chez lui- ou bien était-il Italien ? Dans tous les cas, je n'étais guère intéressée par tout ce qui se passait autour de moi. Et même si Alice était importante à mes yeux, je ne m'abaisserai pas au voyeurisme en observant ses moindres faits et gestes.

L'ennui commençait à me gagner. Si les rapides accords de guitare en fond ne chatouillaient pas délicatement mes oreilles, je serais sûrement déjà sortie prendre l'air. Ce trop-plein de monde me donnait quelque peu le tournis : je n'étais pas à l'aise en ces lieux. Je portais mes lèvres à mon verre pour boire une lichée de Cosmopolitan, seulement, je ne pus en profiter une seconde car je manquai de m'étouffer en avalant de travers. Le chanteur venait de prononcer ces premières paroles. Couvrant partiellement ma bouche avec mon poing, je tournai ma tête sur la gauche pour trouver la source de cette voix si ... si perturbante que je venais d'entendre. Ce grain de voix si particulier m'avait surprise et je me sentis directement entraînée par les paroles et l'air qu'il murmurait avec suavité.

Le chanteur, en plus de cette voix innée, dégageait une assurance incommensurable. Il tenait son micro d'une main alors que l'autre bougeait de droite à gauche dans des gestes saccadées comme s'il vivait sur l'instant le sens profond de ses paroles. Je reculai lentement ma main de mes lèvres et levai mon regard sur la silhouette entière du chanteur. Son look laissait parfaitement transparaître quel genre de personne il pouvait être. Un pantalon près du corps en cuir orné de chaînes en argent au niveau des poches, un tee-shirt plus ample au motif militaire troué par endroit, surplombé par une veste noire aux épaulettes bien marquées ; le tout accompagné par de grosses bottes noires qui, je n'en étais pas certaine, n'était pas lassées. Peut-être exagérais-je à l'observer ainsi dans les détails, mais je ne pouvais m'en empêcher. Essayer d'en apprendre plus sur les gens en les observant, découvrir petit à petit leur état d'esprit, leur personnalité... c'était mon quotidien à l'Université.

« Et bien, il n'a toujours pas changé. L'intervention de la barman nommée Akasora attira mon attention. Elle se tenait face à moi, essuyant plusieurs verres à l'aide d'un torchon.

Excuse-moi ?

Mukuro. Ne la suivant pas, je me contentai de la regarder fixement en attendant qu'elle s'explique. Oh oui ! Scusi ! J'ai tendance à oublier que tout le monde n'est pas censé le connaître. Je parle du chanteur. Je tournai la tête sur le côté pour jeter un regard au dit chanteur, quand je fus surprise dans mon geste par son regard. Deux orbes perçantes: l'une bleue et l'autre … rouge. Rouge sang. Il ne me lâcha pas du regard, malgré les nuances plus ou moins importantes dans son chant.

Il a une belle voix. Constatai-je simplement en me tournant à nouveau vers Akasora, mais celle-ci avait déjà disparue un peu plus loin servir des clients, et ce n'était pas plus mal.»

Je fermai les yeux, et me laissai bercer par la musique ambiante. J'avais l'impression d'être aspirée dans une bulle invisible où personne ne pourrait me déranger. Seule la voix de cet homme me parvenait aux oreilles à travers le léger brouhaha formé par les discussions des clients du bar. C'était étrange. Je n'entendais que lui. Une gorgée de cosmopolitan, une musique agréable à l'oreille et la présence -même lointaine- de mes amies dans l'établissement. Finalement, ce n'était pas si terrible que ça d'être ici.

« Hey, salut ma belle. T'es toute seule ? »

Je venais de penser trop vite.

« Non.

Petite menteuse... tu n'as pas l'air d'être accompagnée ! Ça m'intéresserait d'être l'heureux élu. J'peux savoir comment je dois t'appeler ?

Ne m'appelles pas, c'est plus simple. Ce genre d'homme lourd m'agaçait au plus haut point. Je lui jetais un regard glacial avant de descendre de mon tabouret. Je venais à peine de me tourner dans la direction d'Alice qui croisa mon regard que je sentis une large main rêche me tirer en arrière pour me retourner.

Où tu vas là ? On n'a pas fini de parler ! La musique venait de s'arrêter pour laisser une pause aux musiciens.

Lâche-moi.

Quoi ?

Lâche-moi. Pour la première fois, j'ancrai mon regard dans celui de mon vis-à-vis qui tressaillit dès le premier contact. Maintenant. Il déglutit et sa poigne se desserra petit à petit sur mon avant-bras. »

Je savais que quelques personnes nous fixer. Alice comprise. Mais je ne devais pas quitter cette raclure d'homme des yeux: il devait comprendre que lorsqu'une femme dit non, c'est non. Et peut-être étais-je trop concentrée sur ma tâche, je ne remarquai pas l'absence de chant en accompagnement des accords de guitare, ni même la présence menaçante qui se profilait dans mon dos.

« Oy, connard. Tu vois pas que j'suis en train de chanter ?

Comment tu m'as appelé ?!

Connard. Un nom qui a l'air de bien te définir, kufufufu~ Surprise par le ton de cette voix et ce rire si particulier, je tournais la tête et jetais un coup oeil par-dessus mon épaule. Mon regard tomba sur le visage fin et anguleux du chanteur du groupe: Mukuro. Voilà donc pourquoi je ne l'entendais plus chanter… Refaisant face à l'homme, je préférai me taire. Maintenant... tu te la fermes, tu t'assois et tu sirotes un cocktail en m'écoutant chanter, … tout SEUL. Rajouta-t-il d'un ton si glacial que j'eus envie de me retourner à nouveau pour observer son expression. »

Mon attention tournée vers l'homme stupide qui me faisait face, je découvris son visage -qui jusque-là n'avait exprimé que de l'arrogance- se décomposer avec peur. Et j'en fus largement satisfaite. Il acquiesça rapidement avant de s'éclipser. C'est en pivotant légèrement vers Alice pour m'excuser de l'avoir surprise avec cette altercation que je remarquai que tous les regards étaient braqués dans ma direction : soit par étonnement, surprise, curiosité ou même jalousie. Pourquoi étais-je le centre de l'attention ? Je n'avais rien fait. Je ne compris la raison de ces réactions que lorsque je remarquais les deux doigts se glissant sur le bout de mes mèches de cheveux.

« Attends-moi là. »

Un instant de flottement. Je sentis mon corps se crisper. Les murmures dans la salle reprirent leur cours mais je me doutais parfaitement qu'il devait jaser sur le comportement étrange du chanteur derrière moi, et pas parce que l'incident venait de prendre fin. Le dit Mukuro tenait mes cheveux dans sa main et … les porta à ses lèvres. Je n'en revins pas. Pour qui se prenait-il à me donner des ordres ET en plus d'agir de la sorte ? Quelle vaste blague.

« Pardon ? Non. Je m'en vais. Claquai-je d'un ton cassant en retirant mes cheveux de ses doigts pour les ramener contre moi. Je ne pus m'empêcher de le fusiller du regard : une habitude dont je ne me débarrasserai pas car elle m'avait toujours servi à écarter les personnes encombrantes de ma route.

Kufufu... quel regard perçant, dis-moi ! J'en suis frigorifié. Je décelais dans sa voix une pointe d'ironie qui m'agaça. Il ne tressaillit pas lorsque je croisais son regard. Au contraire même, il semblait satisfait d'avoir accroché mon attention. Ses yeux vairons m'observaient sans faiblir. Assurance, force, fierté, malice, audace. Il se dégageait de son regard toute sorte d'émotions qui jaillirent sur moi, s'abattant avec la même puissance que les vagues houleuses d'un océan contre un rocher. Je n'en revins pas moi-même d'avoir perdue autant de temps à contempler ses orbes rouge et bleue.

Excuse-moi. M'exprimai-je poliment pour la forme en contournant ledit Mukuro pour rejoindre ma place au comptoir. »

Je tournai mon attention sur un point invisible face à moi, résolue à ne plus porter une once d'attention envers … mon sauveur ? Je retins un ricanement en plaçant deux de mes doigts devant mes lèvres. C'était risible. Pourtant, je dois l'avouer : cette rencontre me laissait perplexe. Je n'aurais su poser de mots sur l'étrangeté de la chose. C'était un mélange de frustration, curiosité et lassitude. Cette situation était loin de me convenir et je ne pouvais m'empêcher de languir le retour de mes amies. La musique reprit son cours. J'entendis Mukuro reprendre son chant et malgré la mauvaise impression qu'il eut sur moi, je ne pouvais me détacher du son de sa voix. Alors plutôt que de combattre mentalement, je préférais me laisser aller. Un peu plus tard, je fus rejointe par Alice et Michiko et toutes les trois ensembles, nous passâmes une excellente soirée. J'en appris un peu plus sur le Jules d'Alice : Squalo Superbi, qui se trouvait être aussi l'une des connaissances de Michiko. Toutes deux n'en revenaient pas d'avoir côtoyer les mêmes personnes sans s'en être rendu compte. Près d'une heure et demie devait s'être écoulée depuis mon altercation quand le boysband de garçons s'arrêta de jouer, sonnant par la même occasion mon heure de départ.

« Je vais rentrer en première. Annonçais-je à mes deux amies en déposant un billet de vingt euros sur le comptoir du bar.

Pas de problème Niki !

On s'appelle demain de toute façon. M'assurèrent-elles toutes les deux en souriant. »

Sur ses dernières paroles, je plaçais correctement mon sac à main sur mon épaule droite et traversais la salle pour rejoindre la sortie de la Varia-box. Lorsque je passais l'encadrement de la large porte principale, je dardai le plus longtemps possible mon regard sur le videur qui nous avait rabaissées au niveau de 'marchandises', mais celui-ci fit mine de ne pas m'apercevoir en fixant un point invisible à l'horizon. A l'extérieur, je retrouvais l'air glacial d'une nuit sans nuage. Le froid mordant me fit un bien fou. Je soupirai de bien-être. Tout en passant près de l'attroupement de fumeur sous le réverbère, je sortis mon téléphone portable de mon sac à main et avec habitude, le déverrouillai. Je possédais en fond d'écran une photographie de mon chat noir femelle, Kû, dormant au milieu de mon lit. L'ombre d'un sourire commença à se dessiner sur mes lèvres quand je l'entendis à nouveau.

« Kufufu~ … Si ce n'est pas touchant...T'es une grand-mère à l'intérieur, c'est ça ? Pour mettre la photo de ton chat en fond d'écran de ton portable, je ne vois pas d'autres explications.

Toi ? Soufflais-je d'un ton cassant sans même lui adresser un regard. Je reconnaissais le timbre si particulier de sa voix pour l'avoir écouté avec attention lorsqu'il était sur scène. »

S'éloignant des jeunes fumeurs derrière lesquels il était passé inaperçu à mes yeux, j'entendis Mukuro s'approcher de moi et aperçut sa silhouette sur ma droite du coin de l'œil.

« Je t'avais pourtant dit de m'attendre à l'intérieur. Continua-t-il en faisant abstraction de mon évidente aversion à me retrouver seule à seul avec lui.

Tu peux toujours y retourner. Je ne voulais pas perdre mon temps et attendre sa réponse. Ainsi, je commençai déjà à repartir quand il sauta d'un pas léger devant moi pour me bloquer la route. Les mains glissées dans ses poches avec nonchalance, il se pencha sur le côté.

Oya oya. Toujours aussi froide avec les gens ? Tu sais, ça ne donne pas un aspect très positif de ta personne... toi qui es si tendre...

Pardon ?! M'exclamais-je sous l'effarement de ses propos en levant ma tête dans sa direction. Et là... je découvris son sourire satisfait... Une expression maligne que je n'avais jamais connue jusque-là.

enfin, tu me regardes. »

Cet homme avait le don de mettre mal à l'aise les gens rien qu'avec les phrases qu'il employait. Ce double-sens constant, ce ton de voix emplit de confiance en soi et ce regard... Je ne sais pas combien de secondes, combien de minutes s'écoulèrent alors que nous nous fixions mutuellement dans les yeux. J'avais beau le toiser de la même manière que le videur de la Varia-box, Mukuro ne pliait pas. Il affrontait mon regard avec une certaine satisfaction, un sourire narquois aux lèvres. Et je n'étais pas du genre à abandonner. Nous aurions pu continuer ce petit «jeu» encore un bon moment si la voix d'une de mes connaissances ne nous avait pas interrompus.

« Oh ! Tu n'étais pas déjà rentrée, Niki ? En pivotant sur moi-même, je découvris dans mon dos Michiko, en compagnie d'un garçon blond dont la coiffure lui mangeait la moitié du visage. Un horrible sourire ornait ses lèvres, et il rit. Un rire étrange et dérangeant.

Si. J'étais justement en train de partir. Répondis-je à Michiko bien que cette affirmation aille essentiellement à l'encontre du chanteur toujours présent face à moi.

d'accord ! Le regard azur de mon amie blonde passe de Mukuro à moi, de moi à Mukuro, et me fit subtilement comprendre que j'aurais le droit à un interrogatoire musclé dès le lendemain. Elle me sourit comme à son habitude en me faisant un petit signe de la main. Bye bye, Niki. On se voit demain alors.

Oui. Sur ces dernières paroles, je replaçais correctement mon sac à main sur mon épaule et contournais Mukuro sans le regarder. Derrière moi, j'entendis Michiko rire avant de s'exclamer.

Haha, Bel' ! Arrête de me coller ! Tes mains sont gelées ! Elle était toujours pleine d'énergie. »

Je continuais d'avancer. Le son étouffé de la Varia-box diminuait progressivement. Plus je m'éloignais de cet endroit et plus la quiétude prenait place dans mon esprit. Pourtant, une étrange sensation persistait dans mon dos... Il me fixait. J'en étais quasiment certaine.

« Niki, hein ? … Kufufu~ »

A ce moment-là, je ne me doutais pas que cette rencontre bouleverserait entièrement mon quotidien.