Il y a tant de monde autour de moi. Pourtant je ne les entends pas. Comment le pourrais-je quand toi tu n'es plus là ? Quand la seule chose qui hurle à mes oreilles c'est ton silence.
Debout dans le parc de Poudlard, légèrement en retrait de la foule qui est venu assister à ta mise en terre, je les observe tous.
Le premier rang est occupé par tous les grands pontes du ministère. Ne t'illusionne pas Albus. C'est gens ne sont pas là pour toi. Ce n'est pas toi qu'ils pleurent. Ces gens ne pleureront jamais personnes. Parce qu'ils n'ont pas de cœur. Leur cœurs, ils l'ont perdu il y a bien longtemps. Ils l'ont laissé quelque part dans leurs courses aux pouvoirs et à la puissance. Mais pourquoi suis-je entrain de t'expliquer tous ça ? Après tout tu le sais mieux que personne. Après tout tu es comme eux.
Pourtant Albus, il y a encore des gens qui te pleurent. Ce ne sont pas des hauts fonctionnaires, ce ne sont pas de puissants sorciers. A vrai dire ce ne sont même pas encore des sorciers. Ce ne sont que des enfants. Tes élèves.
Leurs petites silhouettes sont cachées par celles imposantes des mages du premier rang. Pourtant leur chagrin est sincère. Tu auras au moins réussi ça, pas vrai Albus ? Trouvé des gens qui te pleurent sincèrement. N'est ce pas la plus grande des victoires pour un homme comme toi ?
Malgré tout leur chagrin n'a rien de comparable au mien. Il pleure une idole, un modèle, un espoir peut être. Mais moi je pleure un frère. Car peu importe à quel point je t'en veux. Pour ton orgueil, pour tes stupides rêves de gloire et pour Ariana -toujours pour Ariana –car tout deux nous savons que tu es l'unique fautif, n'est ce pas ? Mais peut être que la chose que je te reproche par-dessus tout c'est de m'avoir –de nous avoir- laissé en chemin.
Ariana et moi étions ta famille. Peu importe à quel point je te hais, je reste ton frère. Pourtant cela semblait compter si peu pour toi. Nous n'étions que des obstacles sur la route de ta gloire. Ariana est morte. Ne restait plus que moi. Peut être aurais-je du la suivre ? C'était la suite la plus logique. Nous deux morts et toi libre de marcher vers la gloire. Pourtant c'est toi qui es partie. Je suis celui qui se retrouve seul devant ta tombe. Cette magnifique tombe blanche. Quelle ironie ! Le blanc te va si mal, Albus. Le rouge aurait sans doute était bien plus approprié.
Preuve qu'ils ne te connaissaient pas. Aucun d'entre eux.
« Nous perdons aujourd'hui un grand homme à la noblesse d'esprit sans pareille. »Déclame l'homme qui se tient face à l'assistance.
Noblesse d'esprit ? Quelle blague ! Je ne peux pas empêcher un sourire amusé s'esquisser sur mes lèvres en entendant son discours. C'est si loin de ce que tu étais.
Au loin, je vois Potter réprimer le même sourire. Peut être lui aussi comprend t-il le ridicule de la situation.
Tu sais Albus, je ne pensais pas ressentir un tel déchirement lors de ta mort. Je croyais t'avoir perdu depuis bien longtemps. Quelle cruelle ironie de me rendre compte que le frère dans mon cœur était toujours en vie au moment de sa mort.
Adieu, mon frère.
