Chapitre 1 : Nouveau départ
- Hans ! Mais qu'est ce qui t'a pris imbécile ?!
- Ben quoi ? Je mourrais de soif… Ils vivaient seuls au milieu des bois. Personne ne remarquera leur disparition…
À l'étage, la fillette entendit des éclats de voix, ce qui la réveilla en sursaut.
Au rez-de-chaussée, le Haut-Elfe se pinça l'arrête du nez en soupirant, excédé par le comportement imprévisible de son camarade humain.
- Combien de fois t'ai-je répété de ne pas tuer tes proies ?- Une bonne centaines de fois je suppose… Répondit le Nordique honteux en se triturant les mains.
- Brûle les corps, et assure-toi qu'il n'en reste rien. Ordonna le Haut-Elfe.
- Oui chef.
L'Altmer attrapa soudain son camarade par l'épaule.
- Attends Hans. As-tu vérifier qu'il n'y avait personne d'autre dans la maison ?- Euh… Non. Sur le coup je n'y ai pas pensé.
Nouveau soupir de la part de l'elfe.
- Hans tu es vraiment…- Irrécupérable ?- Oui…
L'elfe eu un sourire pincé avant de rajouter :
- Je m'en charge. Occupe-toi des corps.
Le Nordique acquiesça et se mit à la tâche, emmenant les deux corps à l'arrière de la maison.
En entendant cela, la fillette chercha des yeux un endroit où se cacher mais n'en trouva aucun. Elle entendit l'Altmer monter les marches menant à l'étage et s'arrêter devant la porte de sa chambre. Elle n'osait plus respirer, remontant le drap blanc sur son visage dans une vaine tentative de se protéger du danger.
En montant les marches, Volanaro se demandait combien de temps lui et ses amis pourraient continuer à vivre, ou plutôt à survivre, avant d'être découverts et exterminer jusqu'au dernier. Ils étaient des parias et avaient tous choisis de vivre à l'écart de la société. Mais si les règles que le Haut-Elfe avait instauré n'étaient pas suivies, cela les conduiraient à leur perte.
De simples règles ! Il ne leur demandait pas grand-chose par Auri-El ! De simples règles contre leur vie. Une vie de paria certes, mais une vie quand même.
En ouvrant l'unique porte de l'étage, il trouva une enfant d'une dizaine d'années recroqueviller sur son lit, les genoux serrer contre elle, terrifiée. Une Nordique qui avait les traits de sa mère d'après le peu qu'il en avait vu. Une pauvre gamine, maintenant orpheline, aux boucles noires et à la peau halée. Pas ce qu'il y avait de plus répandu chez ce peuple fier, grand et souvent blond. Elle le regardait de ses petits yeux bruns et écarquillés. Une proie sans défense. Un faon face à un smilodon aux iris dorés.
Il s'approcha de la pauvre créature, les mains levées et ouvertes afin de ne pas l'effrayer davantage.
- Du calme petite… Je ne te ferais aucun mal, je t'assure. Je me nomme Volanaro. Et toi ?
La fillette ne répondit pas. Elle tremblait de tout son corps, ses yeux allant de l'elfe aux longs cheveux d'argents jusqu'à l'entrée de sa chambre. Comme si elle redoutait l'arrivée de quelque chose d'encore plus dangereux que l'Altmer et son épée daedrique en face d'elle.
Volanaro était comme la plupart des siens, grand avec la peau dorée. Il avait la trentaine (d'apparence seulement puisqu'en tant que Mer il était bien plus âgé). Il s'approcha lentement. Un pas après l'autre. Elle reporta son attention sur lui et ne le lâcha plus des yeux.
- Ne… Ne vous approchez pas de moi ! Cria t-elle soudain faisant sursauter Volanaro.
- Je ne peux pas te laisser… Commença t-il avant d'être brusquement interrompu.
- En vie ?! Vous allez me tuer, tout comme vous avez tué mes parents ?! Espèce de monstre !
Elle lui jeta son oreiller à la figure, projectile inoffensif qu'il n'eut aucune difficulté à esquiver. Il l'a regarda attristé. Pauvre enfant…
- Laisse-moi m'expliquer. Premièrement, j'allais te dire que je ne pouvais pas te laisser ici, seule et livrer à toi-même. Et deuxièmement, ce n'est pas moi qui ai tué tes parents. Je suis arrivé après leur mort, malheureusement. Je sais, ça n'a plus d'importance maintenant mais si…
L'enfant se mit à pleurer, interrompant son interlocuteur. Il avait vraiment de la peine pour cette petite fille. Il aurait voulu pouvoir la consoler mais se garda bien de le faire.
- Écoute. Je suis sincèrement désolé de ne pas avoir pût empêcher ce qui est arrivé. Tout ce que je peux faire maintenant c'est t'emmener loin d'ici. As-tu de la famille quelque part qui puisse t'accueillir ? Des grands-parents ? Un oncle ? Une tante ?
La fillette regarda Volanaro dans les yeux en reniflant. Elle vit que l'elfe était vraiment désolé. Il était sincère. Elle n'aurait pas sut dire pourquoi, mais elle le sentait au fond d'elle. Il était digne de confiance. Elle essuya ses larmes d'un revers de main et secoua la tête. L'elfe la regarda avec compassion avant de lui faire une proposition.
- Si tu n'as pas de famille, laisse-moi te conduire dans la mienne. Nous nous soutenons les uns les autres face à un monde qui ne veut pas de nous. Je veillerai à ce qu'il ne t'arrive rien. Je te le promet.
La petite fille le regarda un instant, pesant le pour et le contre. La famille qu'elle connaissait du côté de sa mère n'avait jamais accepté que celle-ci épouse un Impérial. Ils vivaient à Markarth aux dernières nouvelles, loin à l'ouest du pays. Jamais ils n'accepteraient de prendre soin de celle qu'ils considéraient injustement comme une bâtarde. Quant à la famille de son père, Cyrodiil peinait à se remettre de la Grande Guerre entre l'Empire et le Domaine, même trente ans après. La province n'était pas sûre à cause des Thalmor. Bien sûr la petite fille savait que des Justiciars Altmeri faisaient régner la loi en Bordeciel, mais ils étaient bien moins nombreux qu'en Cyrodiil. Non, elle n'avait personne qui puisse l'accueillir et l'élever.
Le Haut-Elfe lui offrait un nouveau départ. Cela impliquait en revanche de vivre entre autre avec celui qui avait assassiné ses parents. Elle ignorait si elle pourrait le supporter, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Soit elle essayait de survivre par ses propres moyens : ce qui signifiait voler et tout les risques que cela comportait, soit un voyage vers l'orphelinat de Faillaise l'attendait. Et elle ne voulait à aucun prix se retrouver dans cet endroit à la terrible réputation.
- D'accord. Renifla t-elle. Je viendrais avec vous. Mais laissez-moi prendre quelques affaires.- Bien entendu.
L'elfe se fendit d'un sourire, soulagé qu'elle ne soit pas livrée à elle-même par sa faute.
- Au fait… Je m'appelle Anja.
Elle lui sourit timidement et alla chercher un sac pour y mettre l'essentiel. Deux robes qu'elle aimait particulièrement : une bleue et une jaune, couleur miel et lilas. Un livre d'histoire offert par son père et un peu de nourriture. Elle demanda à Volanaro de sortir, le temps qu'elle s'habille avec une robe verte et enfila ses chaussures, une paire de bottes fourrées. Enfin, elle se saisit de son manteau de fourrure et regarda une dernière fois sa chambre, éclairée par la petite lune blanche Secunda, puis sortit avant d'être submergée par l'émotion.
Volanaro l'attendait au rez-de-chaussée avec Hans, le meurtrier de ses parents. L'homme baissa les yeux devant le regard froid d'Anja. C'était un Nordique brun, qui ne respirait pas l'intelligence. Il semblait âgé d'une vingtaine d'année. Dix-neuf tout au plus. De corpulence moyenne, les cheveux en batailles et mi-longs. Il faisait une bonne tête de moins que le Haut-Elfe, ce qui n'étonna pas la petite Nordique. Non, ce qui l'étonna, c'était son teint blafard et surtout ses yeux couleur d'ambre. Anja connaissait les légendes sur la plupart des créatures de Bordeciel. Et il ne faisait aucun doute que le Nordique qui la regardait d'un air penaud en faisait partie. Elle descendit une marche mais n'osa pas avancer davantage. Voyant la tension palpable dans la pièce, Volanaro prit les devants.
- Hans attends-nous dehors. Je vais parler à Anja.
- D'accord…
Le Nordique ne se le fit pas dire deux fois et quitta, mal à l'aise, la maison sous le regard noir que lui lançait l'enfant.
Volanaro tendit la main à Anja, l'invitant à le rejoindre. Elle inspira profondément et descendit le reste des marches avant de prendre sa main. Il mit un genou à terre pour se retrouver à peu près à son niveau puis s'adressa à elle.
- Les jours qui vont suivre risque de ne pas être faciles. Pour toi, comme pour Hans. Tu sais, ce n'est pas un mauvais homme contrairement à ce que tu peux penser. Il a juste du mal à… garder le contrôle.
- Comment ça ? Demanda la fillette en fronçant les sourcils.
- Hans est le dernier à avoir rejoins notre famille. Il… il a été transformé récemment.
- Transformé ? C'est une créature de la nuit ? Un… Elle hésita. ...Un vampire ?
L'elfe ouvrit des yeux ronds, surpris qu'une enfant est pût s'en apercevoir aussi vite. Il se reprit aussitôt.
- Tu te rendras compte rapidement que tout les membres de notre famille ont… une particularité. Mais je t'assure que tu n'as rien à craindre d'eux. Comme je te l'ai dit : nous prenons soin les uns des autres. Et si tu décides de venir avec moi, tu feras partie des nôtres.
- Et vous ? Quelle est votre particularité ?- Peut-être que je t'en parlerai un jour… Mais pas aujourd'hui. Ce n'est ni le moment, ni l'endroit.
- Depuis combien de temps… Hans a-t-il subi sa transformation ?- Depuis six mois. Mais si tu veux en apprendre plus, tu devras lui poser la question toi-même. Dans notre petite communauté chacun à son histoire et personne d'autres que les intéressés eux-mêmes ne racontent leur passé. Tu comprends ?- Je crois que vois ce que vous voulez dire.
- « Le passé construit l'avenir ». Ainsi il ne m'appartient pas de parler du passé de mes camarades. Tu veux toujours venir avec nous ?
- Oui.
- À la bonne heure !
Volanaro ébouriffa les cheveux de la fillette en souriant. Elle le gratifia de son plus beau sourire, prit la main qu'il lui tendait et le suivit à travers la nuit froide. Hans fermant la marche.
