Disclamer : Les personnages contenus dans cette histoire ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété des créateurs/auteurs de la série et du livre The 100. Toutes références à des films, séries, chansons, livres, publicités ou autres, sont aussi la propriété de leurs auteurs/créateurs respectifs.
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En revanche les fautes d'orthographes sont bien de moi…
Le rated M correspond à la violence de certaines scènes, rien de plus.
Chapitre 1
Miranda Newman cligna plusieurs fois des yeux pour chasser la fatigue qui l'assaillait. Elle regarda la pendule numérique un peu plus loin qui indiquait deux heures trente du matin. La femme d'une cinquantaine d'années, dont les rides nombreuses sur le visage trahissaient une vie d'angoisses emplie de tristesse et d'ingratitude à son égard, secoua la tête n'en revenant pas vraiment.
Elle calcula difficilement – son cerveau encore embrouillé par l'épuisement physique et moral, ralenti par l'anxiété ressentie tout au long de la journée – finit par murmurer : « huit heures ».
Huit heures s'étaient écoulées depuis l'appel téléphonique de son mari John, lui demandant de venir la rejoindre dans la salle d'attente des urgences du Bristow's Hospital, au nord de Chicago à Rogers Park. Il s'était salement coupé à la main au travail et avait besoin de points de sutures.
Madame Newman, une femme craintive et émotive, grande admiratrice des drames et magazines à scandales, s'était inconsciemment repue de l'atmosphère désagréable du lieu, imaginant les pires scenarii sur les autres blessés ou malades autour d'eux. Son mari nécessitait des soins, certes, mais moins urgents que d'autres. Les époux forcés à patienter avaient suivi le ballet des entrées et sorties, diminuant légèrement en accord avec la course du soleil. Et seulement cinq minutes auparavant, une infirmière s'était approchée d'eux pour s'occuper de John.
Miranda se leva, elle ne supportait plus le vert des murs, une couleur soi-disant apaisante pour les patients. Son mari en aurait certainement pour une bonne demi-heure, puis une fois fini, viendrait l'enregistrement de sortie, et enfin le retour à leur appartement.
Elle se dirigea vers la machine automatique, dépassant un homme ivre qui marinait dans son vomi, et un autre qui appuyait consciencieusement sur une plaie au niveau de son front avec un mouchoir déjà bien imbibé de sang. Miranda constata que la lumière crue des néons les palissait, accentuant leur teint cireux, et puis ce vert n'arrangeait vraiment rien, se dit-elle.
Elle détourna les yeux et inséra les pièces dans la machine, étonnée de distinguer le bruit de leur course dans le distributeur, réalisant que la salle d'attente avait bel et bien désempli. Le brouhaha des précédentes heures faisait place à un silence peu rassurant. Elle hésita un instant puis sélectionna sa boisson : un chocolat chaud, n'aimant pas l'amertume du café, et jugeant que la photographie du potage ne suffisait pas à la persuader. Quant au thé ? Ce serait pour une autre fois.
La tasse en plastique fumante et brûlante dans une main, elle s'engouffra dans le sas de sortie, et fut frappée par la différence de température quand les portes coulissèrent pour la laisser accéder dehors.
La rudesse des hivers de Chicago connue dans tout le pays lui plaisait. Le froid, le gel, et surtout l'air glacial qui s'insérait dans ses poumons à chaque inspiration, « brûlant » ses voies respiratoires, lui donnait l'impression d'une purification intense.
La femme d'une cinquantaine d'années but une gorgée bouillante du liquide trop sucré, puis déposa le gobelet sur le cendrier en béton, le temps d'attraper son paquet de cigarettes à l'abri dans sa doudoune grise. Elle en porta une à sa bouche, tout en récupérant la petite boîte d'allumettes en souriant. John se moquait d'elle, ne comprenant pas pourquoi elle n'utilisait pas de briquet. Elle lui répondait à chaque fois que le craquement d'une allumette, et la flamme consumant le bois entre ses doigts, lui paraissaient beaucoup plus vivant que la combustion du butane enfermé dans un bout de plastique, et ce grâce à la vague gerbe d'étincelle d'une pierre à brûler.
Le courant d'air venant de droite, balaya la flamme, emportant la fumée dans la nuit. Miranda tourna la tête vers l'entrée des urgences, suivant des yeux les médecins se précipitant dehors. Elle écouta l'ordre de la jeune femme blonde.
– L'ambulance arrive, tenez-vous prêt !
Et comme si le simple fait de le nommer permettait de le faire apparaître, le camion blanc aux gyrophares bleus, annonçant bruyamment sa venue, pénétra dans la cour de l'hôpital. Il pivota devant eux, se positionnant de manière à ce qu'ils puissent accéder aux portes arrière. L'ambulancière les ouvrit en grands fracas, sauta sur le goudron d'un mouvement gracieux, et annonça :
– Enfant de dix ans en hypothermie modérée, retrouvé dans le lac Michigan par sa mère. Nous avons réussi à faire remonter la température jusqu'à trente degré Celsius*…
Elle fut interrompue par le médecin qui cria :
– Wells, occupe-toi de lui !
Un autre urgentiste tira sur le brancard vers l'entrée de l'hôpital en écoutant la suite du rapport de la femme sortie du camion.
Le conducteur, apparu peu de temps après sa collègue, refermait les portes d'un mouvement brusque et sonore, tout en prêtant l'oreille à celle en charge à l'affut de renseignements sur le prochain patient.
– Où est la mère ? Demanda-t-elle.
– Elle arrive dans la deuxième ambulance.
Elle hocha la tête en observant un nouveau véhicule effectuer la même manœuvre que son prédécesseur.
Le médecin courut à l'ouverture des portières, se focalisant sur les précisions de l'homme en uniforme qui descendait.
– Femme d'une quarantaine d'années en hypothermie avancée, température à vingt-six degrés. Nous n'avons pas réussi à la faire remonter durant le trajet. Elle était en fibrillation ventriculaire sur les lieux, et vient de passer en asystolie...
Madame Newman ouvrit la bouche devant l'urgentiste qui escalada le brancard, et s'installa à califourchon sur la femme allongée, déchirant légèrement la couverture chauffante qui semblait si fine, commençant le massage cardiaque externe en criant aux autres personnes autour d'elle :
– On l'amène en salle de déchoquage numéro deux !
Concentrée sur ses gestes, le jeune médecin ne porta aucune attention sur l'inconnue aux cheveux grisonnants qui les regardait entrer avec des yeux ronds une cigarette non allumée au coin de la bouche.
Toujours occupée à compter les compressions qu'elle exécutait sur le thorax de la femme en dessous d'elle, plongée dans une bulle ne comportant que son équipe et le patient, l'urgentiste exécuta un signe de tête pour que l'infirmière comprime le ballon pressé sur la bouche de la souffrante afin d'insuffler l'air dans ses poumons, en surveillant du coin de l'œil le tracé sur le scope portable à côté de la patiente.
Le bruit continu du tracé plat agressait ses oreilles.
– Toujours en asystolie, précisa un homme à sa gauche.
– Donnez-lui un milligramme d'adrénaline, fut sa réponse, tout en poursuivant le comptage de ses mouvements à voix haute.
– Allez ! Encouragea-t-elle la femme allongée. Tenez bon votre fils est juste à côté !
Focalisée sur les traits de sa patiente, elle demanda à la cantonade.
– Température ?
– Toujours à vingt-six.
Carrie Johnson jura entre ses dents et questionna.
– Pression artérielle ?
– Elle continue de chuter.
– Combien de temps depuis la dernière injection d'adrénaline ?
– Trois minutes.
– Très bien, injectez lui un nouvelle dose, maintenant !
.
Le jeune médecin sentait les muscles de ses avants bras brûler, ses épaules l'élancer. Choquer la patiente avec le défibrillateur jusqu'à trois cent soixante joules n'avait rien donné, ouvrir son thorax et utiliser des palettes directement sur son cœur non plus, et l'urgentiste avait repris sa place continuant inlassablement le massage de l'organe directement avec ses mains, le pressant inlassablement, cherchant à réactivée cette pompe indispensable afin de ramener la vie au corps inanimé sur la table.
Carrie leva les yeux vers le visage inerte, se demandant brièvement qui l'avait intubé, avant de se souvenir que son collègue s'en était chargé à leur entrée dans la salle.
À combien de temps remontait celle-ci ? S'interrogea-t-elle furtivement, avant de faire un nouveau signe de la tête à la fin du cycle des compressions à l'infirmière. Elle fronça les sourcils quand celle-ci n'obéit pas.
Prête à répéter son ordre de manière plus ferme, mais distraite par la main sur son avant bras, la jeune femme laissa sa phrase en suspens en tournant la tête vers l'homme à sa gauche.
– Carrie, c'est fini, on ne peut plus rien faire, expliqua l'autre médecin d'une voix fatiguée.
– Non ! Injectez lui encore une dose ! Riposta-t-elle.
– Carrie ! Elle en déjà eu trop. Ça fait plus de quarante minutes…
– On peut la sauver !
– Arrête ! Ça suffit maintenant, répliqua-t-il. Même si tu y arrives, elle sera en mort cérébrale !
Carrie fixa l'homme blond aux yeux bleus avec hargne qui soutint son regard.
– Elle a un fils…
– Je sais, répondit-il avec tristesse. Mais tu ne peux plus rien faire.
Carrie le contempla encore quelques instants, laissant à la justesse de ses propos, le temps de renverser les dernières rambardes de sa résistance. Pesant une ultime fois, le pour et le contre de son acharnement sur la femme étendue, et finit par acquiescer.
Le médecin inspira, puis ralentit ses gestes pour les arrêter définitivement. Elle déglutit, ferma brièvement les yeux, les rouvrit, leva la tête vers l'horloge encastrée dans le mur en déclarant d'une voix froide :
– Heure du décès : trois heures vingt-cinq.
Elle descendit du brancard, ôta ses gants qu'elle jeta sur le linoléum beige, et sortit de la pièce sans un regard pour le reste des personnes présentes.
Les yeux baissés, Carrie marcha vers la salle de repos des médecins, ne voulant pas savoir le sort de l'enfant pour le moment.
La pièce où se trouvaient une table et quatre chaises, un vieux canapé, quelques magazines people, une bouilloire et une machine à café dans un coin, était vide. Épuisée, elle s'assit sur une chaise et se mit à pleurer doucement.
La docteur entendait les bips réguliers des fréquences cardiaques des autres patients admis dans les différents box du reste du service. Le tout grâce au monitorage relativement discret des courbes affichées sur le report de la centrale : un immense écran de télévision installé dans chaque pièce de repos.
Une pulsation répétée, carillonnant en arrière fond, et dont elle fit abstraction du mieux qu'elle put, toujours en pleurs.
Carrie ne releva pas le visage en sentant la légère pression sur son épaule.
– Tiens, lui dit-il, faisant apparaître le gobelet en carton dans son champ de vision. C'est du café, il est infect, mais il est chaud.
Elle se saisit du récipient, et se mit à boire en silence, alors qu'il s'asseyait en face d'elle, posant sa propre tasse sur la table.
– Rentre chez toi, Carrie, ta garde est terminée depuis plus d'une heure. Tu n'avais pas à t'occuper de ce cas.
La médecin observa l'homme de couleur qui venait de parler. Wells, son « frère », et un des meilleurs médecins de son service. Celui qui serait son témoin à son mariage dans un mois.
– Finn t'attend, continua-t-il en jouant avec son propre gobelet. Barre-toi d'ici et rejoins-le.
Elle tourna la tête sur le côté, cachant ses larmes, et les essuya rapidement avant de se racler la gorge, pendant qu'il gardait les paupières baissées par discrétion, lui laissant le temps de se reprendre. Carrie détestait montrer la moindre faiblesse à son équipe, même à lui. Il en avait toujours était ainsi, et toute la famille avait dû s'adapter à son attitude.
– Comment va le garçon ? Croassa-t-elle.
– Il est tiré d'affaire.
Elle sourit faiblement à cette nouvelle.
– Je suis désolé pour la mère, je sais que tu t'es battue pour qu'elle survive, révéla-t-il. Apparemment elle lui a sauvé la vie en lui donnant son pull et son manteau. C'est la raison pour laquelle son hypothermie était plus grave que chez lui. Tu ne pouvais pas la sauver...
– C'est dans des moments comme ça que je déteste mon travail, souffla-t-elle.
Wells opina en silence. Aucun médecin n'aimait perdre un patient. Il contempla le fond de son récipient, pensif, avant de finalement le porter à sa bouche pour finir la boisson. Il le reposa sur la table et expliqua :
– Je dois y retourner.
Il se leva, n'attendant aucune réponse de sa part, se dirigea vers la porte, et s'arrêta au son de sa voix.
– Merci, Wells.
Il grimaça gentiment.
– Plaide ma cause auprès de Finn, il va me tuer quand il verra ta tête. Je suis censé veillé sur toi jusqu'au jour J, et honnêtement Carrie tu fais peine à voir.
Il sourit intérieurement en entendant le léger rire de la jeune femme.
– Va te reposer, conseilla-t-il une fois encore, puis sortit de la pièce.
Carrie, regarda d'un œil morne sa tasse toujours remplie jusqu'à moitié du liquide bien trop acide. Elle la laissa sur la table sans la finir, préférant exécuter au plus vite les paroles de Wells.
La jeune femme hésita un court instant à prendre une douche dans les vestiaires puis renonça, se changeant rapidement à la place. Wells avait raison, elle était restée trop longtemps à l'hôpital, elle se laverait chez elle.
Le froid hors du grand bâtiment réveilla en partie ses sens. Elle injuria mentalement son garagiste qui n'avait toujours pas fini de réparer sa voiture, l'obligeant à rentrer à pieds. Heureusement qu'elle n'habitait pas loin. Elle inspira, et se dirigea d'un pas rapide vers son quartier en prenant l'avenue W. Lunt, dépassant le HeartLand Cafe. Rogers Park situé au Nord Est de Chicago faisait partie des secteurs les plus huppés de la ville. L'Université de Loyola attirait beaucoup d'étudiants, mais heureusement pas le danger. Marcher à presque quatre heures du matin dans les rues ne lui faisait pas peur, en tout cas pas ici, et de toute façon, le médecin savait qu'elle mettrait moins de temps à rentrer à pieds qu'à attendre un taxi.
Carrie pressa encore le rythme pour se réchauffer, et décida de couper par la rue N. Paulina pour rejoindre l'avenue W. Morse, au lieu de la rue N. Clark plus importante. Ce n'était pas son itinéraire habituel, mais tout ce qu'elle voulait pour le moment était se lover dans les bras de son fiancé. Sentir l'odeur de l'homme qu'elle aimait, et l'étreinte qui ne manquerait pas de l'accueillir quand elle se glisserait dans leur lit. Entendant déjà le commentaire légèrement agacé à son oreille dont il ne manquerait pas de la gratifier :
– Tu es encore restée à l'hôpital, princesse ?
Carrie sourit, Wells avait raison, Finn le tuerait.
Elle se figea quand lui parvinrent les éclats de voix. Carrie eut le réflexe de se cacher derrière une benne à ordures, pendant que les menaces reprenaient.
– Je vous assure que non, Monsieur Givens, je n'ai rien dit !
– Tu transpires beaucoup, Arlo, pour quelqu'un d'innocent, fut la réponse glaciale.
– …
– Ce doit être parce que tu sais ce qu'on fait aux balances…
La jeune femme à environ une vingtaine de mètres, comprit qu'elle ne devait son salut qu'aux lampadaires grillés à l'entrée de la rue. Le groupe d'hommes ne l'avaient pas vu arriver.
Carrie remarqua que de l'endroit où elle se terrait, elle arrivait à distinguer, assez nettement, les trois hommes en mentaux épais, qui tel un rempart terrifiant, se dressaient face à un seul en mauvaise position.
Le « monsieur Givens » qui terrorisait si facilement « Arlo », n'était pas vraiment repoussant, il n'était clairement pas son genre d'homme, mais ses traits fins et ses cheveux mi-longs, devaient plaire à plus d'une femme. Il s'approcha d'une démarche souple de celui qu'il menaçait. Se plaçant sous le rayon de lumière, le regard plein de mépris pour l'homme qui tombait à genoux, et implorait pour qu'on le croit, répétant pathétiquement qu'il n'avait vraiment rien dit et qu'il pouvait lui faire confiance !
La sonnerie du portable de l'assaillant brisa leur conversation. Il s'en empara, vérifiant le nom sur l'écran, et répondit après avoir écouté :
– Oui, je suis avec lui… Très bien mère, comme vous voudrez, approuva-t-il en serrant les dents.
Il raccrocha, et observa la victime à ses pieds.
– Tu as de la chance, elle veut que ce soit rapide.
L'homme à terre se mit à pleurer, redoublant sa supplique.
L'attaquant le toisa dédaigneusement, puis sembla se lasser de toute cette histoire. Il vérifia l'heure à son poignet, sortit le pistolet de son manteau en cuir, récupéra le silencieux dans une poche et le vissa lentement sur le canon, n'écoutant pas la plainte qui reprenait un peu plus forte. Il recula pour se dégager de la main qui s'accrochait à son pantalon, frappant durement d'un coup de crosse pour qu'il lâche prise, la mâchoire du désespéré.
Carrie la main devant la bouche, afin de ne pas trahir sa présence, ne savait pas quoi faire. Elle assista impuissante à l'assassinat du pauvre homme exécuté à bout portant. Alors que la détonation résonnait encore à ses oreilles, elle sentit ses pieds se dérober sous elle. Par réflexe, elle porta les mains en avant, se cognant lourdement contre la benne, ralentissant quelque peu sa chute.
Le son de la tôle déformée, se répercuta dans la rue en un vacarme sinistre.
Le chef intima à ses hommes de ne pas bouger, prenant sur lui d'aller voir la source de ce nouveau grabuge.
La jeune femme tremblait, comprenant qu'elle serait la prochaine victime en écoutant le crissement des pas sur la neige qui se rapprochaient dangereusement. Il arriva à l'immense poubelle prêt à tirer si quelque chose bougeait, et sursauta devant la silhouette du chat qui s'enfuyait en sautant d'un escalier de secours sur le rabat de la benne. Faisant basculer dans sa panique des bouteilles de bière vides laissées sur le couvercle qui tombèrent et se brisèrent sur le sol, éclatant en mille morceaux, dispersant des bouts de verres jusqu'aux chaussures de l'homme armé.
L'inconnu au regard bleu acier d'une dureté effrayante, expira en se disant qu'il devenait de plus en plus paranoïaque.
Tout en rengainant son arme, il se retourna à l'appel de son prénom.
– Roan ? Tout va bien ?
– Oui, fausse alerte !
Il repartit en direction de ses hommes, et la rue ne compta rapidement plus que Carrie et le cadavre.
Elle attendit plusieurs minutes, guettant le moindre bruit. Rassurée par l'éloignement du moteur de la voiture des agresseurs, elle se leva, décidée à porter assistance à l'homme blessé, si du moins il était toujours en vie. Le médecin ferma les yeux après avoir reconnu la matière grise sur le trottoir. Il était mort sur le coup d'une balle dans la tête.
Carrie récupéra son portable dans sa poche et composa le 911. Une fois sa position donnée aux autorités, elle écrivit un texto à Finn pour l'avertir qu'elle ne rentrerait pas tout de suite, puis s'effondra sur le sol, ses jambes refusant de la porter plus longtemps.
.
Le son du vibreur sur la table de nuit le sortit de son rêve. Il tendit la main vers le meuble cherchant à tâtons le téléphone et décrocha :
– Kane.
– Marcus, rejoins-moi à l'adresse que je t'envoie. Arlo a été assassiné, révéla la voix de sa coéquipière.
L'homme à moitié réveillé jura dans le lit.
– Ok, j'arrive dans vingt minutes.
Il raccrocha et se passa la main sur le visage pour chasser le reste de son rêve, expliquant doucement à sa femme à côté de lui qu'il fallait qu'il y aille, et qu'elle pouvait se rendormir.
Il s'habilla à la hâte et conduisit la voiture de fonction à l'adresse donnée. Il gara la Ford noire, en sortit, puis montra sa carte au jeune policier qui gardait les rubans jaune entourant la scène du crime, sans faire attention aux journalistes un peu plus loin qui l'appelaient.
Marcus rejoignit sa partenaire, ne levant même pas la tête vers les flocons de neige qui s'étaient remis à tomber. Elle lui tendit un gobelet en carton contenant du café.
– Merci, dit-il.
Elle haussa les épaules en répondant :
– C'était mon tour.
Il but lentement en observant le mort, ne voulant pas se laisser envahir par la colère en reconnaissant les traits d'Arlo.
– Tu crois qu'ils savent ? Demanda-t-il à la femme à côté de lui.
– Qu'il nous « rencardait » ? Certainement, pourtant je suis étonnée, d'habitude les corps des « balances » sont plus mutilés que ça…
– Peut-être est-ce un message de la famille Givens, une façon de nous narguer encore et toujours.
La femme de couleur ne répondit pas, finissant sa propre boisson, suivant des yeux son coéquipier qui s'accroupissait pour scruter les traits de leur ancien « indic ». Il soupira et leva la tête vers elle.
– Indra, tu sais que sans Arlo nous n'avons plus aucune chance de coincer Roan ou Nia, il était notre seul indic…
Elle soupira attristée :
– Je sais, c'était une pourriture, mais ses renseignements étaient précieux…
Elle afficha un sourire énigmatique sur son visage :
– Tu sais ce qu'on dit : « Quand Dieu ferme une porte, Il ouvre une fenêtre… »
Son coéquipier fronça les sourcils en se relevant et Indra désigna de la tête une voiture de police un peu plus loin.
– On a peut-être un témoin…
Marcus plissa des yeux et distingua une jeune femme blonde à l'arrière de la voiture.
– Tu es sûre ? Demanda-t-il plein d'espoir.
– Je le pense, c'est elle qui a appelé les secours. Elle est médecin au Bristow's Hospital, et rentrait simplement chez elle après une garde quand elle a découvert le corps...
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Carrie Johnson fixait l'heure sur le tableau de bord : cinq heures quinze. Elle sursauta au moment où la porte s'ouvrit sur un homme en manteau élégant non boutonné, passé sur un veston foncé également ouvert sur une chemise blanche froissée.
– Mademoiselle Johnson ? Je suis l'agent du FBI, Marcus Kane, et voici ma coéquipière l'agent Indra Linden. Nous allons vous demander de nous suivre s'il vous plaît.
– Le FBI ? Répéta-t-elle incrédule.
Carrie attrapa la main qu'il lui proposait, et le suivit jusqu'à la voiture noire pendant que sa coéquipière s'intéressait au capitaine de police qui lui avait ordonné d'attendre dans le véhicule un peu plus tôt. La jeune femme s'arrêta en chemin, et demanda suspicieuse.
– Je peux voir votre plaque ?
Marcus secoua la tête amusé par la question, s'empara de son portefeuille, et lui montra. Elle scruta la carte, lut le nom qu'il lui avait donné quelques minutes plus tôt, et cligna des yeux. Carrie était médecin, et honnêtement bien incapable de savoir si ce qu'elle voyait sur le bout de plastique était réel ou non. Elle afficha un air satisfait sur son visage, sans déceler l'expression pas vraiment dupe de l'agent devant elle.
Carrie s'installa dans une deuxième voiture en moins d'une heure, et resta silencieuse en laissant son regard vagabonder sur la scène dehors. Le claquement de la porte côté passager la ramena dans l'habitacle.
– Alors ? Questionna le conducteur.
– Tu connais les policiers, ils ont du mal à lâcher dès que les « Feds » arrivent, mais c'est que j'aime dans mon métier, ils doivent nous obéir.
Marcus hocha la tête, Indra disait tout haut ce qu'il pensait tout bas. Il tourna la clef de contact, et engagea le véhicule dans la rue.
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Ils garèrent la voiture dans un parking souterrain puis prirent l'ascenseur jusqu'au troisième étage. Carrie n'osa rien dire, respirant profondément, se concentrant sur les différents détails sur le sol, pour ne pas penser au mur en fer autour d'elle, s'appliquant à la place à diagnostiquer son état de choc, étonnée que son corps accepte toujours de lui obéir, ou qu'elle n'ait pas encore vomi dans un coin après ce qu'elle avait vu. Son passé et son travail l'avaient endurcie, et le sang ne lui faisait pas peur. Cela dit, voir un homme se faire exécuter devant elle, manquer de l'être aussi, et ne devoir sa survie qu'à un chat de gouttière ne faisaient pas partie de ses habitudes.
Carrie guettait silencieusement le moment où elle allait craquer, tout en sachant qu'il n'arriverait sans doute pas.
Les bureaux du FBI comptaient encore plusieurs employés malgré l'heure plus que tardive. Ils pénétrèrent dans les locaux sans un mot. L'agent Kane guida Carrie jusqu' à ce qui ressemblait à une salle de conférence. La jeune femme s'était attendue à une pièce austère à la peinture défraichie et une glace sans teint accrochée sur un mur, mais non, les fauteuils en cuir noir étaient même plutôt accueillants.
Marcus lui montra un siège l'invitant à s'assoir. Carrie obéit en parcourant l'endroit du regard.
– Voudriez-vous boire quelque chose, Mademoiselle Johnson ? Lui proposa-t-il.
Elle hésita, puis hocha la tête.
– Un thé avec beaucoup de sucre c'est possible ? Demanda-t-elle d'une petite voix.
– Bien sûr, répondit-il gentiment en souriant.
Elle remarqua qu'il avait un beau sourire, franc, qui illuminait son visage assez fermé. Encore une nouvelle réflexion qu'elle trouvait peu appropriée vu la situation dans laquelle elle se trouvait – après celle de l'assassin de la ruelle qui n'était pas vraiment son type. Carrie porta son attention sur l'agent Linden clairement inamicale, qui s'asseyait en face d'elle, et la fixait tel un rapace se demandant s'il mangerait ou non le rongeur devant lui. Carrie avala sa salive sous son regard scrutateur et questionna :
– Je suis en état d'arrestation ? Il faut que j'appelle mon avocat ?
– Non.
– Euh… D'accord.
– ….
Carrie ne répéta pas sa question, même si elle voulait avoir plus de précision sur ce « non ». « Non » pour l'avocat, ou l'état d'arrestation ? Mais elle savait que cet agent Linden attendait son partenaire avant de lancer les « hostilités ». Le médecin se concentra sur les stries de la table en bois foncée pour ne pas lever les yeux vers la femme intimidante, et fut soulagée d'entendre le retour de l'agent masculin.
– Tenez, je n'ai trouvé que du Darjeeling, j'espère que cela vous ira, expliqua-t-il en déposant la tasse fumante, le sachet de thé, et les dosettes de sucre, à côté de ses avant-bras appuyés sur le bureau imposant.
Elle murmura un vague « merci » en préparant sa boisson.
Carrie déchira le sachet et trempa le filtre contenant les feuilles de thé dans l'eau chaude, l'observant se colorer dans un silence pesant. Elle mit de côté le sachet, ajouta tout le sucre rapporté, et mélangea doucement. Marcus Kane en avait profité pour faire le tour du mobilier, et s'installer près d'Indra, posant sur la table un dossier en carton avec le logo FBI imprimé en gros sur la première page.
– Mademoiselle Johnson, savez-vous pourquoi vous êtes ici ? L'interrogea l'agent Linden.
– Parce que vous voulez me poser des questions, répondit platement la jeune femme.
– En effet, vous avez appelé les secours car vous avez découvert un homme mort dans cette rue.
– Oui...
– Qu'avez-vous dit à la police ?
– Rien, ils m'ont ordonné d'attendre dans la voiture, car ils voulaient prendre ma déposition… Et c'est à ce moment-là que vous êtes arrivés.
Marcus Kane recula dans son siège sans la quitter des yeux, réfléchissant intensément.
– Mademoiselle Johnson, étiez-vous dans cette rue quand cet homme s'est fait assassiner ? Lui demanda-t-il de but en blanc, comprenant qu'il ne valait mieux pas tourner autour du pot dans cette histoire, et que la femme face à lui ne l'apprécierait pas vraiment.
Carrie s'attarda sur l'agent devant elle qui lui posait enfin une question sensée. Elle s'était demandée pourquoi personne n'avait commencé par là. Elle avait attendu patiemment que quelqu'un finisse par s'intéresser à sa présence dans ce lieu, et si oui ou non elle avait vu quelque chose d'utile. Elle se doutait bien que les policiers lui poseraient la question à un moment ou un autre au commissariat, mais d'une certaine manière, elle préférait que ce soit cet homme. Elle le sentait honnête et dévoué à sa cause.
– Oui, répondit-elle simplement.
Une réponse claire, précise et nette comme elle les aimait.
Elle détecta la soudaine étincelle dans les yeux des deux agents.
– Seriez-vous en mesure d'identifier l'assassin ? Voulut savoir la dénommée Linden
Carrie se demanda brièvement pourquoi ils ne la soupçonnaient pas, puis laissa de côté sa réflexion pour répondre à la place.
– Oui, je peux même vous donner son nom.
Les deux agents se lancèrent un coup d'œil et Indra reprit calmement.
– Nous vous écoutons.
– Givens, Roan de son prénom.
À nouveau ils se regardèrent, puis l'agent féminin des plus intéressées continua :
– En êtes-vous certaine ?
– Oui.
– Pourriez-vous le reconnaître si nous vous montrions des photographies ?
– Oui.
Marcus ouvrit le dossier, glissa trois photographies d'hommes différents sur la table et demanda :
– Lequel est-ce ?
Carrie fronça les sourcils et conclut :
– Ce n'est pas un de ces hommes.
– Je vois.
Il plaça deux autres photographies sur la gauche. Carrie se saisit d'une, et distingua l'homme qui avait manqué de la tuer.
– C'est lui.
– En êtes-vous certaine ?
– Oui, répondit-elle à Marcus Kane.
– Très bien, Mademoiselle Johnson. Pourriez-vous nous raconter ce qu'il s'est passé dans cette rue et votre rôle dans cette histoire.
Carrie cligna des yeux, et attrapa la tasse devant elle. Elle but longuement sous le regard attentif des deux agents. Elle reposa le récipient, et commença son récit. Durant son témoignage, ils prirent des notes, la faisant répéter sur certains points. À la fin, Marcus la regarda droit dans les yeux et demanda :
– Savez-vous qui est Roan Givens ?
– Non, avoua-t-elle.
– Vous habitez Chicago et vous ne savez pas qui il est ? Demanda-t-il surpris.
– Je ne suis ici que depuis un an, mon fiancé a trouvé un emploi dans un des plus grands cabinets d'avocats de la ville, c'est la raison de notre déménagement de New York, expliqua-t-elle sincèrement. C'est quelqu'un de… connu ?
Il faillit rire de sa remarque innocente, mais se retint et ne fit aucun commentaire, il vérifierait la version donnée par la jeune femme plus tard.
– Mademoiselle Johnson, nous vous remercions pour votre témoignage. Accepteriez-vous de faire une déposition ?
– Euh, n'est-ce pas plus ou moins ce que je viens de faire ?
– Non, la personne qui s'occupe d'enregistrer les témoignages ne sera pas là avant neuf heures et… Reste injoignable pour le moment, conclut-il embêté.
Carrie observa les deux agents sans comprendre. Elle était fatiguée et n'aspirait qu'à dormir, elle se passa la main sur le visage en baillant.
– Écoutez, je ne comprends pas tout, et surtout pourquoi le FBI est intéressé par le meurtre dont j'ai été témoin. Mais honnêtement, à cet instant je ne suis plus bonne à rien. J'ai enchaînée plus de quarante-huit heures de gardes, et je voudrais dormir. Alors j'aimerais juste rentrer chez moi. Si vous avez besoin que je repasse en fin de journée, je suis d'accord, expliqua-t-elle en commençant à se lever.
– Attendez ! S'affola Marcus.
Elle le regarda avec étonnement. Devant son expression, il se racla la gorge.
– Tout ce que vous nous avez dit, seriez-vous prête à le répéter lors d'un procès ? À reconnaître devant un juge l'homme que vous nous avez montré sur la photographie ?
La jeune médecin observa brièvement les agents à tour de rôle et lâcha.
– Oui, bien entendu, si cela peut aider à son arrestation…
Marcus parut soulagé de sa réponse, il désigna de nouveau le fauteuil et déclara :
– J'ai besoin de m'entretenir un instant avec ma collègue. Pourriez-vous attendre encore un peu avant que nous vous reconduisions chez vous ?
Carrie capitula trop épuisée et se rassit. Les deux agents sortirent de la salle sous le regard de la jeune femme qui les fixait à travers la baie vitrée. La conversation semblait animée, où son esprit s'embrouillait-il au point de croire que l'homme souriait ? Au fond, à cet instant elle s'en fichait. Carrie rejeta la tête en arrière sur le dossier et commença à s'endormir. Elle fut réveillée par le bruit de la porte qui s'ouvrait.
– Venez, je vais vous ramener chez vous, lui dit Marcus.
Indra les suivit des yeux pendant qu'ils quittaient les locaux. Carrie supposa qu'elle restait là pour remplir la paperasse ou autre chose. Elle emboita le pas de Kane, heureuse de rentrer chez elle après cette nuit affreuse.
Assise dans le siège passager de la voiture, elle s'endormit à nouveau, après avoir donnée l'adresse à l'agent du FBI. Le choc l'avait terriblement vidée du peu de forces qui lui restait, constata-t-elle, avant de plonger dans le sommeil.
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Elle se réveilla seule dans l'automobile pendant que le jour se levait. La pendule du tableau de bord indiquait sept heures. Carrie se demanda où se trouvait l'agent Kane puis l'aperçut traverser la rue pour revenir au véhicule. Il entra, lui donna le sac en papier, et le carton comportant deux boissons. Tout en s'installant derrière le volant, il lui expliqua en souriant :
– Vous dormiez si paisiblement que je n'ai pas osé vous réveiller. Je vous ai pris des doughnuts, et aussi un café et un thé pour vous et votre fiancée.
Elle le regarda, agréablement étonnée par ce geste. Marcus Kane se justifia un peu gauchement, arguant que c'était le moins qu'il pût faire.
Ils se garèrent devant son immeuble. Ils sortirent en même temps et il la raccompagna jusqu'aux portes des ascenseurs.
– Agent Kane, que va-t-il se passer maintenant ? Lui demanda-t-elle après qu'il lui eut tendu une carte de visite qu'elle faisait tourner dans ses doigts.
– Maintenant ? Eh bien, vous allez rentrer chez vous, vous reposer pendant quelques heures et vous m'appellerez. Je viendrai vous chercher et nous retournerons au FBI. Une fois là-bas je vous expliquerai la marche à suivre.
– Pourquoi attendre pour me la révéler ?
Marcus lui posa une main sur l'épaule, rencontrant son regard, il déclara :
– Parce que vous ne tenez plus debout, Mademoiselle Johnson. Vous devez vous reposer. Nous nous reverrons dans quelques heures.
Elle hocha la tête, et reprit d'une voix inquiète.
– Vous allez rester dans le coin, parce que je pourrai être en danger après ce que j'ai vu, n'est-ce pas ?
– Oui. Je vais rester dans ma voiture, et surveiller l'entrée de votre immeuble.
Carrie ne répondit pas comprenant peu à peu l'ampleur de la situation, bien plus grave que ce qu'elle avait imaginé. Elle secoua la tête. Finn était encore en haut, si elle se dépêchait, elle pourrait le voir avant qu'il ne parte au travail, préférant durant les heures qui allaient suivre, s'accorder une pause, faire l'autruche, s'enfermer dans une bulle où tout ce qui venait de se passer n'était jamais arrivé.
Elle murmura un « Alors à tout à l'heure agent Kane » avant de se diriger vers les escaliers.
La jeune femme s'arrêta quand Marcus lui demanda légèrement surpris.
– Vous ne prenez pas l'ascenseur ?
Elle se retourna, un vague sourire contrit sur le visage.
– Je n'ai pas osé vous le dire tout à l'heure, mais j'en ai peur, alors quand je peux les éviter…
– Et vous habitez à quel étage ?
– Au cinquième, révéla-t-elle en poussant la porte après lui avoir fait un signe de la main.
Il la regarda disparaître dans la cage d'escaliers, n'en revenant pas vraiment, en se disant que si elle préférait monter cinq étages alors qu'elle était visiblement exténuée, cela prouvait à quel point les cages en fer la terrifiaient.
Il vérifia ses messages sur son portable, et se dirigea vers le Starbucks de la rue d'en face. Un café ne serait pas du luxe pour l'accompagner dans sa veille pendant les prochaines heures. Cette femme était un témoin clef, il était hors de question qu'une autre personne que lui surveille son immeuble.
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Carrie tourna la clef dans la serrure et déverrouilla la porte fermée à double tour. Elle sourit intérieurement, elle ne faisait systématiquement qu'un tour, Finn deux. C'était un détail qu'elle avait fini par aimer, une légère différence sur leur façon de verrouiller leur habitat. Elle ferma la porte derrière elle, et écouta, souriant à nouveau en entendant la voix masculine en provenance de la salle de bain, chanter faux un air à la mode.
La jeune femme se dirigea vers la cuisine, posa « les cadeaux » de l'agent Kane sur la table, et s'assit sur une chaise. Les cinq étages l'avaient achevée. Elle détestait avoir peur de ces fichus ascenseurs, mais elle n'arrivait pas à surmonter cette hantise, sauf parfois à l'hôpital en présence d'un patient à amener au bloc, concentrée sur l'état de celui-ci. Elle ne s'en était aussi pas trop mal tirée avec les deux agents. Pourtant, Carrie continuait à les craindre, se sentant si oppressée pendant la monté ou la descente des étages.
Le chant s'était arrêté, ainsi que la douche. La jeune femme guetta les pas s'éloigner vers leur chambre, préférant l'attendre dans la cuisine. Il passerait forcément par cette pièce, ne serait-ce que pour « attraper quelque chose » avant de partir, et tomberait sur elle.
Carrie ferma un instant les yeux alors que le bruit se rapprochait, puis les rouvrit quand il s'exclama.
– Je ne t'ai pas entendu rentrer ! Wouah tu as acheté le petit-déjeuner ? C'est pour mieux te faire pardonner d'être de retour si tard ? La questionna-t-il d'un air faussement fâché.
Elle ne répondit pas, se leva et le prit dans ses bras. S'il s'en étonna, il ne fit aucune remarque, l'enlaçant à la place. Carrie avait toujours eu des réactions parfois inattendues et c'est ce qui lui plaisait. Elle inspira l'odeur du parfum de son fiancé, plaquant son nez à la naissance de son cou où il n'avait pas encore mis sa cravate qu'il tenait toujours à la main. Elle huma la fragrance de menthe poivrée, la touche principale de la grande composition, se laissant pénétrer, envelopper, enrober par elle, faisant remonter à sa mémoire le jour de l'achat du dit parfum.
Finn avait paru sceptique face à l'arôme de menthe, arguant que cela rappelait surtout le dentifrice. Carrie avait mis en avant la trace piquante du poivre, qui donnerait inconsciemment aux personnes qui le sentiraient, l'impression tenace qu'il avait réellement des « allures de mecs ».
Il l'avait regardée, un sourire amusé sur les lèvres devant ce mensonge. « D'accord... », avait-elle répondu, « … ça ne sent pas du tout le poivre. Mais la menthe poivrée à une odeur forte et froide, contrairement à la menthe verte, plus suave, plus douce… Et puis ça te va bien » avait elle simplement conclu en souriant.
Finn lui avait révéler plus tard que c'était ce jour là qu'il avait su qu'il voulait l'épouser et finir sa vie avec elle, grâce à cette phrase presque bateau et le sourire qui allait de pair, ce sourire qu'elle lui réservait.
Il brisa doucement leur étreinte.
– Je suis désolé, Carrie, mais il faut que j'y aille sinon je vais être en retard, dit-il en passant sa cravate dont le nœud était déjà fait.
Encore un des cadeaux de sa future femme. Carrie les lui préparait d'avance régulièrement. Il avait fini pas comprendre comment faire, mais n'avait rien dit car il savait qu'elle aimait faire ça pour lui.
Il attrapa le gobelet de café et un doughnut. Il s'arrêta quand elle dit doucement :
– Finn, il faut qu'on parle…
Il leva la tête vers elle, visiblement préoccupé.
– Que se passe-t-il ?
Elle scruta les traits angoissés de l'homme de sa vie en se disant que ce qui lui était arrivée, ce dont elle avait été témoin pouvait attendre quelques heures de plus, portant malgré elle une main à son estomac qui se noua imperceptiblement à l'idée de garder ce fardeau encore un peu pour elle toute seule, mais néanmoins heureuse de sa décision.
Finn capta son mouvement, la main de sa fiancée portée à son ventre, et un sourire magnifique s'afficha sur son visage. Il reprit son sérieux aux paroles qu'elle prononça.
– Ce soir. Je te dirai tout au dîner. Tu pourrais rentrer un peu plus tôt ?
– Bien sûr, répondit-il ravi en l'embrassant avec amour, lui murmurant qu'il l'aimait, avant de s'éloigner pour se saisir de son manteau.
Finn ouvrit la porte d'entrée et se retourna pour regarder celle qui remplissait sa vie de joie, et qui préférait attendre le dîner pour lui avouer qu'elle était enceinte.
– À tout à l'heure, princesse.
– À tout à l'heure, lui répondit-elle en lui souriant.
Carrie se rassit en écoutant la porte se fermer à double tour.
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Le médecin se réveilla en sursaut. Carrie mit quelques instants pour comprendre où elle se trouvait. Elle se rallongea dans son lit, laissant à son cœur tambourinant dans sa poitrine, le temps de se calmer. Elle vérifia l'heure sur le radio réveil : treize heures. La jeune femme constata avec déception qu'elle n'avait dormi que cinq heures.
Tout en repoussant les draps humides, elle grimaça en tirant sur son T-shirt trempé de sueur. Elle se leva, chassant l'idée même de se rendormir, le cauchemar toujours présent dans son esprit. Le meurtre de la nuit dernière allait hantait ses nuits pendant encore un bout de temps, comprit-elle en marchant vers la salle de bain. Elle se débarrassa de ses vêtements trempés, et se glissa dans la douche. Sa deuxième de la journée.
Quand Finn était parti, elle avait picoré le deuxième doughnut, et s'était trainée vers la baignoire, manquant plus d'une fois de s'endormir sous le jet d'eau chaude. Rassemblant une dernière fois ses forces, elle avait enfilé un vague pyjama, puis finalement s'était étalée sur le lit, s'endormant rapidement.
Carrie s'habilla, et marcha en direction de la cuisine. Elle ouvrit le frigidaire à l'affut d'un plat tout prêt, n'ayant aucune envie de se cuisiner quelque chose. Elle tomba sur les restes d'une pizza, et la mangea froide sans grand enthousiasme, plus par soucis d'apporter un peu de force à son corps en manque de sommeil et de calories.
Elle se saisit de son portable et composa le numéro de téléphone de l'agent Kane, en pensant que tant qu'à faire, il valait mieux en finir avec cette histoire au plus vite.
Il décrocha dès la première sonnerie.
– Kane.
– Agent Kane, c'est Carrie… euh, je me demandais si je pouvais descendre où s'il était trop tôt ?
– Vous vous êtes suffisamment reposée ? Voulut-il savoir.
– Oui, mentit-elle.
– Très bien, je monte.
– …
– J'ai besoin de me dégourdir les jambes, expliqua-t-il. Vous pouvez m'attendre sur le pas de la porte ?
– Euh… D'accord. À tout de suite.
Carrie était en train de fermer la porte d'entrée quand elle entendit l'ascenseur s'ouvrir et le vit en sortir en souriant.
– Vous avez fait vite. Elle regarda à nouveau sa porte puis lui demanda, plus par politesse qu'autre chose. Vous voulez un café avant qu'on y aille ?
Marcus secoua la tête.
– Non, je vous remercie j'ai eu ma dose pour aujourd'hui.
Carrie hocha la tête pendant qu'il repartait appeler l'ascenseur en maudissant intérieurement celui qui en avait besoin au rez-de chaussé et qui aurait pu attendre encore un peu. Heureusement celui-ci remontait déjà vers eux.
Marcus entendit la jeune femme énoncer presque timidement : « Je vais prendre les escaliers », et s'engueula intérieurement devant sa maladresse. Lui aussi avait besoin de sommeil.
Il s'excusa, puis la suivit dans les escaliers, percevant la note aiguë de l'ascenseur qu'il avait appelé, annoncer son arrivée au moment ou la porte de la cage d'escalier se refermait sur eux et qu'ils commençaient à descendre.
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L'homme en costume vérifia que le couloir était vide, ne faisant pas attention à la porte un peu plus loin qui se refermait doucement, se focalisant plutôt sur les noms de famille près des sonnettes des différents appartements pour finalement trouver ceux qu'il cherchait : « Carrie Johnson » et son fiancé « Finn Collins ». Il sonna et attendit, recommença, puis quand il fut certain qu'il n'y avait personne, sortit de sa poche de quoi crocheter la serrure et pénétra dans l'endroit silencieux. Il déambula dans les pièces vides, son regard ne s'accrochant pas réellement aux différents objets, il regarda d'un œil vide une photographie du couple souriant collée sur la porte du frigidaire.
Il revint vers le salon, s'installa dans un des fauteuils, se saisit de son Beretta déjà muni du silencieux, le posa sur le bras à côté de lui, et se cala plus profondément dans le siège prêt à les attendre le temps nécessaire.
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Carrie écoutait horrifiée les méfaits de la famille Givens. La mère, grande reine de l'horreur, et son fils qui ne valait pas mieux qu'elle, terrorisaient la ville depuis des décennies. Une famille de la mafia de Chicago crainte, et dans le « viseur » du FBI depuis très longtemps.
En identifiant Roan Givens comme le meurtrier d'Arlo, Carrie pouvait l'envoyer en prison pour meurtre au premier degré et faire s'effondrer une partie du château de cartes. Son témoignage avait néanmoins un prix, si elle acceptait, le FBI s'occuperait d'elle et la ferait entrer dans le programme des témoins protégés. Si elle décidait finalement de ne rien dire, ils ne pourraient pas l'aider éternellement. Nia et Roan finiraient par savoir à un moment ou un autre qu'un témoin du meurtre existait. Et connaissant la famille Givens, même si Carrie se taisait, ils ne laisseraient pas longtemps en vie une menace si importante.
Assise dans le même fauteuil que quelques heures auparavant, la jeune femme se prit la tête dans les mains sous le regard attentif des deux agents.
– Je dois vraiment en parler à Finn, énonça-t-elle tout haut, regrettant presque de ne pas lui avoir dit le matin même, sentant tout le poids de son absence à ses côtés à cet instant.
La jeune femme savait qu'il la soutiendrait, qu'ils n'avaient pas le choix. Qu'ils devaient faire ce qui était juste, et tant pis, recommencer une nouvelle vie ailleurs, loin d'ici, mais ensemble.
La réponse d'Indra lui parvint comme brouillée, traversant ses pensées focalisées sur le souvenir du sourire de son futur époux sur le pas de la porte, comprenant enfin le quiproquo énorme.
– Je viens avec vous, Mademoiselle Johnson, nous allons parler à Monsieur Collins toutes les deux.
Carrie leva la tête vers la femme qui ne la quittait pas des yeux, une lueur déterminée dans le regard. Elle tourna la tête vers Kane qui lui sourit gentiment.
– Je viens aussi, dit-il pour la rassurer.
Elle lui rendit son sourire.
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Le tueur entendit le verrou de la porte et se redressa dans le fauteuil puis écouta la voix de l'homme.
– Carrie, je suis là !
Pas de réponse.
Finn ne s'en formalisa pas, elle devait être en train de dormir. Il ferma la porte à double tour, et cacha le bouquet de roses derrière son dos en empruntant le couloir vers leur chambre. Il se figea face à l'arme pointée dans sa direction, et l'homme tranquillement assis dans le fauteuil du salon.
– Finn Collins ? Demanda l'inconnu, sachant déjà pertinemment qui il était.
Finn hocha la tête, et leva les mains en signe d'apaisement. L'homme au pistolet afficha un sourire méprisant en voyant le bouquet de fleurs et pressa la détente, observant sa victime tomber sur le sol. Il rengaina son arme et sortit la corde en acier. Roan avait été catégorique, cette Carrie Johnson, devait « comprendre la douleur » de s'en prendre à lui. Il enjamba le cadavre et partit se positionner près de la porte d'entrée de l'appartement.
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Indra expira fortement, prendre les escaliers pour cinq étages, quelle idée ! Elle les suivit néanmoins pestant intérieurement contre cette bonne femme incapable de prendre les ascenseurs. Arrivés à destination, elle s'arrêta dans le couloir en sentant son portable vibrer. Elle décrocha sous l'œil interrogateur de Kane et Carrie, et grogna un vague « merci » avant de raccrocher.
– Roan Givens vient d'être arrêté, lâcha-t-elle.
Carrie déglutit, comprenant que tout avait déjà commencé, sentant ses épaules s'affaisser. Son humeur remonta d'un coup face aux deux tours de verrous, et elle pénétra dans l'appartement.
– Finn ? Appela-t-elle avant de sentir le frottement de la corde en acier qui lui brula la peau en écrasant sa trachée.
Les deux agents légèrement en retrait ne comprirent pas pourquoi la jeune femme venait de leur claquer la porte au nez. Ils se regardèrent détectant rapidement que quelque chose clochait et entrèrent dans l'appartement en sortant leur arme.
L'homme en costume se retourna au bruit qu'ils firent, réajustant sa prise, saisissant qu'il était en mauvaise position, il se cacha comme il put derrière la femme qu'il était en train d'étrangler.
Marcus n'arrivait pas à trouver le bon angle de tir, il se déplaça sans succès voyant avec désolation Carrie suffoquer devant lui. Il entendit la détonation, et le tueur professionnel s'effondra. Marcus se précipita vers la jeune femme, soupira de soulagement quand elle ouvrit les yeux, et se mit à tousser dans ses bras.
Kane remercia silencieusement sa coéquipière bien meilleure tireuse que lui et suivit son regard, découvrant le jeune homme étendu un peu plus loin puis reporta ses yeux vers la femme qu'il tenait toujours dont la plainte éraillée s'échappa de sa gorge à la vue du cadavre de son fiancé.
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Entre le songe et l'éveil Carrie sourit et étendit le bras pour caresser le visage de Finn. Sa main ne rencontra que l'oreiller. Elle fronça les sourcils et ouvrit complètement les yeux. Reconnaissant finalement l'endroit où elle se trouvait, son cœur se serra et la peine envahit son corps.
Elle roula sur le côté pour étouffer ses sanglots, distinguant la démarche de l'agent Kane sur la moquette, certainement en train de boire une tasse de café devant la fenêtre, observant la ville à ses pieds. La jeune femme s'essuya vaguement le visage. Lorsqu'il se retourna au son des bruissements des draps, Carrie se leva et l'avertit qu'elle allait prendre une douche. Il hocha la tête, esquissant un pâle sourire en guise de « Bonjour ».
La jeune femme referma doucement la porte de la salle de bain, et glissa le long de celle-ci, puis se recroquevilla sur le sol.
Si seulement elle avait pris l'autre rue ce matin-là…
Carrie resta dans cette position pendant plusieurs minutes puis se redressa en attendant les coups à la porte.
– Mademoiselle Johnson, tout va bien ? Interrogea la voix de l'agent Linden.
Carrie entrouvrit la porte pour faire face à celle qui venait d'arriver.
– Bonjour, agent Linden, dit-elle lamentablement. Sa voix n'était plus aussi enrouée qu'avant, bien que contenant toujours ce timbre légèrement plus grave qui persistait malgré la guérison évidente.
– Nous devons partir, Carrie… Pour de bon, ajouta Indra.
La jeune femme comprit le message et ferma brièvement les yeux.
– Très bien, je me dépêche, répondit-elle avant de fermer la porte.
Elle prit rapidement une douche, observa son cou dans la glace et toucha la marque qui s'était considérablement estompée.
Trois semaines après le drame, elle n'apparaissait presque plus, seuls ses yeux la remarquaient encore.
Carrie tressaillit en repensant au regard plein de haine que Roan Givens lui avait lancé quand elle l'avait pointé du doigt dans la salle d'audience. L'avocate adverse avait bien essayé de démolir son témoignage, mais le tueur en costume de son appartement, un dénommé Emerson, connu comme un des hommes de main de Roan avait agi en leur faveur dans toute cette histoire. La jeune femme se remémora la fureur glaciale dans les yeux de Nia Givens qui la scrutait pendant tout le procès, lui donnant froid dans le dos.
Carrie Jonson n'était pas peureuse. Elle avait eu une vie difficile jusqu'à sa rencontre avec les Johnson, mais elle avait reconnu une folie meurtrière dans le bleu glacial des prunelles de Nia Givens et n'espérait plus qu'une chose : partir le plus loin possible de cette femme.
Elle essaya de se donner bonne figure, s'habillant rapidement, se recoiffant vaguement, hésita face à la petite boîte puis dénigra le maquillage. Carrie sortit de la salle de bain en jogging, et en pull à capuche.
Carrie avait réclamé ses anciennes affaires puis refusé de les porter. Chaque vêtement s'apparentait à un souvenir, un T-shirt lui rappelait le voyage en Californie avec Finn, un autre, un cadeau d'anniversaire de Wells…
Carrie aperçut Kane du coin de l'œil une enveloppe à la main. Elle l'interrogea du regard et il opina. Enfin, comme l'avait annoncé Indra, ils allaient quitter cet hôtel où ils se cachaient depuis la fin du procès. C'était la première « bonne nouvelle » depuis une semaine. La chambre où elle se trouvait n'était pas affreuse, et même de bon goût, mais elle ne supportait plus ces murs.
Elle rassembla ses rares affaires, et enfonça la casquette qu'il lui tendit jusqu'aux yeux, suivant les deux agents du FBI en direction de la voiture.
Ils quittèrent Chicago directement, changeant de véhicules dès qu'ils pénétraient dans une nouvelle ville, se garant dans un parking où un autre modèle les attendait systématiquement, grise ou noire, pas de rouge ou de jaune, remarqua la jeune médecin en se disant que plus prudent que Marcus Kane et Indra Linden devait être difficile à trouver. Cependant, si cette qualité lui permettait de rester en vie elle ne s'en plaindrait pas.
Ils roulèrent jusqu'à un petit aéroport dans un coin perdu. Elle ne put s'empêcher de sourire un peu devant le Jet fédéral qui faisait « tache » dans cet environnement rural.
Carrie monta à bord sans un mot, et s'installa dans un des fauteuils en cuir. Elle aurait pu demander sa destination, mais elle avait appris une chose en compagnie de ses « nouveaux amis », il ne servait à rien de poser des questions, ils lui donnaient toujours les renseignements qu'elle devait connaître à un moment ou un autre, et puis parler n'était plus trop son fort ces derniers temps.
Ils décollèrent. Les traits des deux agents se détendirent. Marcus détacha sa ceinture et vint s'assoir en face d'elle. Il ouvrit l'enveloppe, en sortit la liasse de papier et lui tendit les documents.
– Nous partons à Richmond en Virginie… Vous connaissez ?
La jeune femme secoua la tête en signe de négation. Elle jeta un coup d'œil à Indra occupée à regarder à travers le hublot les vagues maisons dans le lointain, puis reporta son attention sur les feuilles dans ses mains. Elle lut en diagonale ce qu'elle devait apprendre par cœur avant l'atterrissage, observant d'un œil morne les informations sur sa nouvelle vie. La troisième depuis qu'elle était dans ce monde. La première celle de Carrie Alison, une gamine de la rue qui s'en était sortie, adoptant pour la deuxième le nom de Carrie Johnson, devenant médecin contre toute attente.
Et aujourd'hui la troisième, grâce au programme des témoins protégés.
Dans cette nouvelle existence, elle se retrouvait avec des parents inventés de toute pièce, bien qu'apparemment morts… Mais aussi un métier aux antipodes du sien, une nouvelle date de naissance… Et surtout, un nouveau nom.
Carrie Johnson n'existait plus, à présent elle se ne serait plus que… Clarke Griffin.
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N/A : Notes importantes :
Tout d'abord, merci à Blackshadow pour sa review à la fin de Guérisseuses, je n'ai pas réussi à t'envoyer un mp donc je te remercie ici, si jamais tu lis cette histoire :).
Ensuite, concernant ce récit :
Les noms des rues sont souvent véridiques. Cela dit, comme j'aime inventer, il y a plusieurs choses qui n'existent pas comme le Bristow's Hospital. Je n'ai pas trouvé d'hôpital dans cette partie de Chicago alors… Ainsi tout ce qui est écrit dans cette fanfiction n'est pas toujours vrai (oui je sais, c'est incroyable !) et je vous demanderai votre indulgence sur ce point.
*Comme cette histoire s'adresse à des francophones, j'ai sciemment laissé la température du corps de la mère et l'enfant en degrés Celsius alors que l'ambulancière aurait dû l'annoncer en Fahrenheit, mais pour ceux qui seraient curieux : 26°C = 78,8°F et 30°C = 86°F.
Vous l'aurez compris dans cette histoire Clarke n'est pas la fille d'Abby qui a seulement une dizaine d'années de plus qu'elle et porte forcément un autre nom que Griffin.
De plus, et au risque à nouveau d'en choquer quelques uns, j'ai trouvé ça assez « délire » de faire fumer une cigarette à quasiment tous les personnages à un moment ou à un autre du récit (je n'ai pas précisé de marque particulière, ne soyons pas élitiste !).
Autre chose, comme j'avais pour idée d'écrire une comédie après Guérisseuses et que… Hum ! C'est carrément raté... J'ai décidé, pour contrebalancer le côté un peu noir et dramatique de cette histoire, d'y ajouter parfois des dialogues complètement loufoques qui m'amusent et que j'assume totalement. Et vu que les chapitres sont plus volumineux, j'assume également les longueurs éventuelles.
Étant donné qu'il s'agit d'un UA, il m'est arrivé de changer les origines des personnages, et quelque fois aussi leurs rôles par rapport à la série.
Enfin, cette histoire est « relativement courte » car elle ne fait qu'onze chapitres (posté chaque mardi). Cela dit, comme chacun comporte en moyenne dix milles mots (environ vingt pages) vous aurez de quoi lire, alors… Bonne lecture.
