Disclaimer : Masashi Kishimoto (j'ai plus de respect pour lui, je lui en veux trop pour Itachi ù_ù)
Auteur : Sirpics.
Pairing : Guess who ? Slash
Rating : M.
Genre : (oulà... y en a trop.) Humour/Angst.
Résumé : "Naruto, je rêve ou un type vient d'entrer dans la classe, un gun pointé sur nous ? - Alors ça c'est la plus pathétique tentative de diversion que tu aies jamais faite, traître à la carapace ! Puis le gun est pointé sur toi, j'ai rien à voir là dedans !" UA.
Titre : Had Enough
Note chiante :
Hello ! Voici ma dernière fic (qui trouvera sa fin, je précise) Pour l'instant, je publierai toutes les semaines.
C'est une chanson de Breaking Benjamin qui me l'a inspirée, du même titre. Les phrases qui séparent les parties sont donc des paroles.
Cette fic parle surtout de harcèlement, d'agression et de violence (je préviens.) Mais... il y aura aussi une immense dose de stupidité xd (histoire de fusionner enfin mes deux genres préférés).
Prologue
Xxxx The apple of your eyes. xxxX
Du bleu, du noir, du rouge.
Ces couleurs, Sai les retrouvait danser, dominer, disparaître dans chacun de ses rêves, ou cauchemars ? Qu'importe, petit à petit, il ne faisait plus la différence.
La seule chose dont il se souvenait en se réveillant le matin, c'était le jaune qui s'effaçait pour laisser place au bleu. Mais pas le jaune des rayons de soleil qui passaient à travers sa vitre sans volet. Pas un jaune aussi pur : non. Le jaune que laissait l'hématome sur votre corps après que vous ayez pris un coup bien placé.
Parfois ce n'était pas du jaune mais du noir ou du bleu.
Encore une fois, pas le noir ou le bleu de la nuit, quand il n'y avait plus de lumières. Mais la crasse qui restait, incrustée dans votre t-shirt après qu'on vous ait piétiné avec des chaussures sales. Le bleu, que prenait instantanément votre peau sous les coups avant que la vieillesse ne domine avec le jaune.
Ça, c'était quand il n'y avait pas de rouge pour recouvrir les couleurs.
Vous savez ? Cette façon appuyée qu'à le rouge de s'exposer, d'irriter votre peau. C'était si indécent, il venait pour ternir à jamais le blanc.
Ça rendait Sai malade.
Ces couleurs, c'était simple : elles dessinaient son corps.
Son corps, vierge de tâche et de couleur, avant.
Puis souillé, après.
Jaune, noir, bleu, rouge.
Ses rêves lui rappelaient qui si son corps pouvait cicatriser, s'il pouvait laver au savon le sang séché sur sa peau, si des pansements pouvaient faire disparaître toutes les couleurs, celles de son esprit étaient indélébiles.
Si la victime et le bourreau étaient liés, malgré eux par un sentiment : c'était la douleur.
La chose qui les séparait : c'était la mémoire.
La victime oubliait toujours plus difficilement que le bourreau, tous les affronts :
Plus de chaussures pressaient contre sa cage thoracique.
Plus rien pour l'empêcher de respirer.
Plus de salive qui coule sur sa joue.
Plus de rire dans son cou.
Jamais.
Chaque soir, avant de s'endormir, Sai espérait voir du blanc, que l'absence de couleur lui rende la paix.
Un jour, il trouva la solution, le grand coup de pinceau : se venger.
Ce serait lui qui les battrait, lui qui rirait de leur impuissance, lui qui les piétinerait.
A cette pensée : Sai ressentait une joie inexprimable.
Xxxx The rotten core inside xxxX
Saï détestait sa vie, vraiment, immensément. Il pensait qu'on ne pouvait rien haïr de plus, jusqu'à ce qu'il entre une énième fois dans ce lycée. Si, la haine n'atteignait jamais ses limites, lui, pouvait toujours trouver quelque chose qu'il détestait encore plus. Comme cette institution scolaire par exemple.
A l'entrée même de son lycée, Sai se trouvait déjà être irrité par les feuilles d'automnes regroupées en tas dans le jardin de droite. Puis, par la force appuyée qu'il devait libérer juste pour tirer la porte, tant elle était ancienne, et mal entretenue. Ensuite, c'était par le grincement strident qu'elle chantait, comme pour attirer tous les regards sur celui qui venait d'entrer.
Dès qu'il amorça un pas pour entrer, l'irritation monta en crescendo quand il prit une énième fois note de la peinture repoussante des murs, d'un vert bas prix qui se ternissait avec le temps, pour prendre presque une autre couleur, un mélange de gris et kaki qui aurait mal tourné. Des écorchures trouées les murs de par et d'autres en un point central qui se dispersait comme une toile d'araignée. C'était un signe plus que voyant pour signaler qu'il ne fallait pas beaucoup pour que ce lycée tombe en ruine, mais ces radins, comme la directrice Tsunade par exemple, faisaient passer ça pour des motifs originaux.
Pour ajouter à la sobriété des murs en gagnant de la place, les casiers étaient directement intégrés dans les murs et tentaient vainement de manger la couleur hideuse de la peinture verte. Vainement ! C'était le mot, car leurs aspects ? Eh bien, Tsunade avait trouvé encore un moyen d'économiser, ils n'étaient pas différents de ceux du vestiaire de gym.
Comme ça, on a pu lui faire un tarif !
Soixante centimètres de largeur, et deux mètres de hauteur, tous évidemment non peints, c'est-à-dire éclatant de par le ternissement du gris métallique qui renforçait l'aspect vieillo des murs. D'énormes cadenas, voire des chaînes restreignaient les potentiels voleurs : autant vous dire que la fermeture était d'un chic. Ils s'étalaient tout le long des couloirs de gauche, et ne laissaient qu'une légère bande du magnifique mur vert avant et après les portes des salles de classe.
Bien entendu, les murs de droite étaient réservés aux fenêtres ! Sinon, comment expliquer aux inspecteurs qu'il s'agissait d'une école et non d'une prison ? Les fenêtres étaient immenses, toutes placées à environ deux mètres du sol, et se filaient les unes après les autres, éclairant parfaitement bien le bâtiment. Or, les rayons éclairaient surtout les grains de poussières dans l'air et filtraient magnifiquement bien la saleté des fenêtres pour en laisser les ombres sur les murs verts.
Sai comme à son habitude, baissa les yeux vers le sol pour éviter cette insulte esthétique, et à chaque fois, il oubliait que c'était encore pire.
Le sol : un carrelage d'un blanc, aussi collant qu'une éponge qui avalait toutes les traces de pas, laissant souvent de longues lignes noires derrière le passage des élèves. Et puis blanc ? Certainement pas avec les plafonniers dont l'ampoule était si bas prix qu'elle éclairait le sol d'un jaune criard, tout en faisant encore une fois tourner la couleur du mur. Le résultat ? Un vert qui donnait la nausée.
La sonnerie résonna dans les couloirs, indiquant qu'il était temps de rentrer en classe. Tiens, un autre truc qu'il détestait, cette pseudo musique d'ascenseur complètement naze.
Sai haïssait vraiment tout dans ce lycée, allant jusqu'aux balais dont les brosses étaient toutes effritées. Mais plus important, s'il haïssait ce lycée c'était à cause des gens.
Sai était un grand misanthrope et il le reconnaissait.
Tandis que certaines personnes s'affairaient quand même à entrer en classe, d'autres glandaient, appuyées contre les murs détestables. Eux, c'était les pires : ces gens. Les gens qui crachaient de la fumée de cigarette dans son visage, en plein couloir, comme si les produits qu'utilisaient les concierges n'étaient pas assez nocifs. Les gens qui avaient des conversations futiles sur leurs petits amis, ou tout autre chose, ces gens qui portaient mal un uniforme tout aussi moche.
Ah oui, un autre truc qui l'irritait : l'uniforme.
Pour les filles, une jupe grise descendant jusqu'au bas des genoux, dont les plus... libres prenaient bien peine de relever, en incluant un chemisier gris à manche courte en V tout aussi laid. Pour les garçons, un pantalon dont la coupe le faisait frémir et une chemise de la même couleur, puis soyons inesthétique jusqu'au bout : le col était refermé par une cravate bleue.
Il détestait ce lycée, pensa-t-il à nouveau en prenant sa marche dans les couloirs pour atteindre son casier. Sa chaussure resta collée quelques secondes, il leva sa jambe avec une force nouvelle pour voir le filet de chewing-gum qui s'étirait sous sa semelle.
« - Merde ! Sai eut un léger sifflement, il avait levé sa jambe bien trop brusquement et son genou criait son mécontentement.
Cette douleur raviva sa mémoire. Il en revenait à son point de départ : il détestait sa vie.
Une autre douleur dans l'épaule le fit grincer des dents, lorsqu'un poids le poussa vers l'avant. Il se tourna pour voir Karin, une fille de sa classe et son bourreau féminin, la main sur son épaule.
- Dégage, t'es sur mon chemin !
Elle le bouscula violemment pour passer, comme si avec les cinq mètres de part et d'autre de lui, elle n'avait pas assez de place pour faire passer son gros cul.
Sai eut juste un sourire parfaitement hypocrite, laissant courir.
Quand elle était assez loin, et que personne ne regardait, il mit une main sur son épaule, la frottant, espérant faire partir la douleur.
Elle avait bien choisi sa cible.
Cette conne...
Elle savait où appuyer. Bien sûr, elle était là, la veille au soir, quand Suigetsu et Juugo avaient trouvé l'envie de se défouler un peu, et quel meilleur puching-ball que lui ? Ne changeons pas une équipe qui gagne !
Sur son épaule droite, un long hématome de la forme d'une chaussure se dessinait, mais si Sai la regardait encore une fois dans la glace, il était sûr qu'avec un ou deux autres, il pourrait en faire le sujet de sa prochaine composition pour son cours d'art.
Le sourire toujours présent sur le visage détonnait fortement avec la douleur qu'il endurait chaque jour, ceux qui savaient pour les mauvais traitements dont il était victime le prenaient souvent pour un masochiste. Mais ce n'était pas ça, il était très loin de jouir des bousculades, des coups de poings, de bâtons, de règles, ou encore d'être jeté dans les bennes. Qui jouirait de ça ? C'était juste que la fierté de Sai l'empêchait de leur montrer, à ces emmerdeurs, qu'ils l'affectaient en quoique ce soit.
Et qui sait ? En les ignorant, ils pourraient se lasser.
Sai se mentait, et il le savait. Ce n'était pas par fierté qu'il ne répondait pas, mais par lâcheté. Si en ne leur donnant aucune raison de le battre, ils le frappaient déjà comme ça, qu'est-ce que ce serait s'il leur donnait des prétextes pour cogner ?
Sai frotta sa chaussure contre le sol pour en déloger le chewing-gum, laissant une forme immonde et rose après son passage.
Puis, il continua à marcher comme tous les jours dans ces couloirs.
La misère des murs lui rappelait sa propre condition. Il sentit une bouffée de révolte le prendre jusqu'aux tripes, rien qu'en voyant toute cette laideur une fois de plus, qui allait devenir la fois de trop.
Il ne voulait pas y rester toute sa vie.
C'était la conclusion qui le frappa subitement, accompagnée d'une raideur, d'une immobilité, qu'on pourrait presque appeler une paralysie. C'était sa plus grande peur, ça le frappa en plein estomac, presque comme après chacun de ses passages à tabac, ça lui nouait le ventre : la peur de rester là à tout jamais... et d'y mourir.
Qui sait, si un jour, il arriverait encore à se relever ? Si jamais, il donnait un coup de poing mal placé qui sera le coup de trop ? Qui sait, si ces murs verts n'allaient pas devenir son tombeau ? Que faire s'il ne quittait jamais cet endroit ?
Bien sûr, Sai savait que c'était illogique, mais il ne pouvait pas s'enlever de la tête l'effroyable idée qu'il resterait coincé dans cette misère à tout jamais.
Dans son enfer privé, parce que le jeune homme savait qu'il ne trouverait jamais la force de se rebeller. De se rebeller contre les codes, contre les autres, contre sa vie.
Jamais il ne la trouverait.
Pourtant, il continuait à marcher dans les couloirs comme si de rien n'était.
Il continuait à avancer.
Là était tout le paradoxe.
Sai ouvrit son casier, sans même prendre la peine de décrocheter son cadenas, il l'avait été depuis longtemps. Deux livres sans couvertures étaient empilés l'un sur l'autre, il prit celui du haut, et alors qu'il allait refermer son casier, qui lui arrivait à auteur des épaules, une main agrippa ses cheveux à l'arrière de son crâne pour enfoncer sa tête contre la surface inférieure de son casier. La douleur de son front contre la surface métallique dure et froide le fit gémir.
Un rire s'éleva derrière lui. Un rire qu'il connaissait par cœur. Ça aussi, il détestait : les rires.
Surtout celui de Suigetsu : son bourreau attitré.
La prise sur ses cheveux se raffermit et il fut tiré en arrière pour être projeté contre le mur en face de son casier. Quand son dos rencontra le béton, il ne put empêcher un cri de sortir, les blessures de hier soir étaient bien trop vives pour qu'il ne les sente plus.
Sai se laissa tomber sur le sol, ne pouvant pas être sûr de pouvoir tenir debout avec ce mal de tête. Son front devait arborer une belle trace rouge. La douleur était là partout, la tête, le dos, les épaules, le genou. Pour la première fois, Sai ne trouvait pas la force de garder une expression impassible, de faire comme si de rien n'était.
- Alors, Karin m'a dit que tu l'as poussé ? C'est pas bien de malmener une fille, tu sais ?
Cette créature est tout sauf une fille.
Sai leva la tête, et tenta de sourire, tenta. Ce type le prenait de haut, avec un sourire plein de dents, si grand qu'il pouvait voir jusqu'à la forme étrange de ses molaires: pointues.
Quelque chose brûlait en lui, une colère qu'il ne s'était pas imaginée détenir. Pourtant, ce que venait de lui faire Suigetsu était le moindre mal, ce n'était certainement pas comparable avec les coups qu'il avait encaissés hier, mais là... là... c'était juste trop, c'est comme si quelque chose venait de se casser.
Avait-il atteint sa limite ?
- Face de requin, casse toi !
Sai et Suigetsu se tournèrent pour voir le seul garçon du lycée qui ne s'était jamais plié au code vestimentaire.
Cette longue veste noire, ce tourbillon orange au niveau du torse qu'arborait son t-shirt, les flammes oranges peintes sur ses chaussures, le bandeau noir qui empêchait des mèches indisciplinées et d'un blond brillant de tomber sur des yeux d'un bleu au moins aussi surprenant : Naruto Uzumaki-Namikaze.
- Tu veux te battre, Uzumaki ? Fit Suigetsu en mettant ses mains dans ses poches, étrange façon de se battre, se dit Saï.
- Ouais, ils ont besoin d'une serpillière ici, tes cheveux ont la couleur pour l'emploi ! Fit Naruto en s'avançant, l'air nonchalant, son sac sur les épaules.
Sai remarqua enfin la silhouette derrière Naruto, forcément : Sasuke Uchiwa.
Presque aussi mauvais que ce bâtard de Suigetsu, juste parce que ce type était populaire, et avait un beau visage, il se croyait tout permis.
Alors que Suigetsu allait rétorquer autre chose, Sai vit le regard de Sasuke qui bifurquait de son assaillant à Naruto, les yeux de l'Uchiwa habituellement inexpressifs devinrent véritable haineux. Le garçon à la chevelure bleutée eut un reniflement méprisant en croisant les yeux noirs avant de se détourner avec un geste de main plus qu'équivoque.
- Allez vous faire foutre !
Naruto releva le menton fièrement.
- Ah je suis fière, t'as vu comment il a détalé ?
Sasuke eut un rictus en hochant de la tête, puis se remit à avancer comme s'il n'avait pas remarqué Sai à terre, juste à côté de lui.
- Serpillière ?
- Ouais, t'as compris la vanne, serpillière ? Les cheveux bleus ! Nan franchement, t'as pas compris ?
- Toutes les serpillières ne sont pas bleues, remarqua Sasuke en haussant un sourcil.
Sai baissa le visage vers le sol. Lui, voyait derrière la conversation stupide, le rictus de Sasuke se dessinait. Il avait vu, quand Naruto ne faisait pas attention, les yeux noirs bifurquer vers sa carcasse, avec cette lueur amusée. Les poings de Sai se serrèrent, en comprenant ce que l'Uchiwa essayait de faire : détourner l'attention de Naruto.
- Ouais mais la flotte ! Expliqua le blond, énergiquement, certain que son jeu de mots était de très bon goût.
- Naruto, l'eau n'est pas un colorant, jugea bon de rappeler l'Uchiwa, un rictus amusé sur les lèvres. Sai savait que ce rictus ne venait pas de la blague stupide de Naruto, mais plutôt de sa position, sur le sol, humilié.
- Tss... tu réfléchis trop, ma vanne était trop cool, et crois pas que je sais pas ce que tu es en train de faire !
Sai releva soudainement la tête vers le blond... allait-il comprendre ?
Naruto secoua la tête vigoureusement en croisant les bras, son sac tomba sur le sol.
- Ouais, j'ai pas oublié comment tu m'as tiré une carapace, avec ton Bowser de merde, traître à la carapace ! Plus jamais je jouerai à Mariokart avec toi ! Je croyais pas de coup bas entre nous ? Je suis ton ami, non ? Pauvre Yoshi !
Sasuke eut un soupir blasé en s'éloignant véritablement cette fois.
Sai baissa la tête dans la déception, quand soudain une main se glissa devant son champ de vision. Il releva la tête pour voir Naruto, penché au-dessus de lui, la main tendue.
Le blond grimaça devant le visage de Sai, son front portait une trace rouge et il pouvait voir un bel hématome encore bleu sous l'œil droit du garçon.
- Merde, ils t'ont pas raté !
Sai sentait la honte le prendre, il lui fallait toute la maîtrise de soi possible pour ne pas rougir. Avant le souci qu'il voyait dans les yeux de Naruto, suffisait à rendre tout ça supportable, à rendre la journée un peu meilleur, à lui donner la force de continuer à faire semblant.
Mais là... comme ça devant Naruto, il était si humilié ! Que devait-il penser de lui ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Saï en souriant faussement, mais il avait l'impression que sa bouche ne formait pas vraiment un sourire.
Naruto soupira, las d'entendre encore et toujours cette réponse. Il secoua la tête, désapprouvant, mais il n'allait pas encore avoir cette discussion avec Sai, il ne voulait pas blesser son orgueil. Lui-même savait parfaitement, que, c'était l'une des seules choses à quoi on pouvait se raccrocher quand on était victime d'intimidation, mais ça empirait...
- Prend ma main, rappela Naruto, gentiment.
Sai n'hésita pas et lui serra la main, attendant que le blond le hisse jusqu'à lui. Le toucher de Naruto... c'était tellement différent du toucher des autres. Il avait toujours catégorisé le contact humain : pour lui c'était dur, c'était froid, c'était douloureux. C'était l'expérience qu'il avait fait des autres, alors pour lui c'était devenu universel. Mais Naruto... c'était chaud, c'était fort, c'était doux.
C'était gentil...
C'est pourquoi, alors même qu'il était debout, en face de lui, il ne lâcha pas sa prise immédiatement. Si Naruto l'a remarqué, il n'a rien dit.
- Tu veux pas que je t'emmène à l'infirmerie ? Ça peut être gr-
- Putain Naruto ! Tu magnes ton cul ? S'écria la voix grave de Sasuke.
Sai remarqua que ce dernier n'était jamais parti, attendant tout au bout du couloir, devant l'entrée de la salle de classe.
- Ouais, bâtard. Deux minutes ! Répondit Naruto, automatiquement. Il n'avait pas détourné son attention de Sai, et pour ça, il lui en était reconnaissant. Son air perdit de sa légèreté en reprenant note des blessures de Sai. Franchement, faut que ça s'arrête...
Alors que Sai ouvrit la bouche, prêt à feindre encore, Naruto mit une main devant lui comme un signe de se taire. il soupira profondément puis ramassa son sac.
- Tu sais Sai, répond leur. Une fois, rend les coups, c'est le seul moyen de se faire entendre avec des brutes comme Suigetsu. Fais leur voir ce que tu sais faire.
Le blond avait un sourire sur le visage en lui faisant un clin d'oeil, croyant vraiment à ses paroles. Sai secoua la tête, comme s'il était capable de-
- Naruto !
- Ouais, j'arrive bâtard de mon cœur ! » Hurla Naruto en courant pour rejoindre Sasuke.
L'Uchiwa donna une claque à l'arrière de la tête de son ami, alors que celui-ci entrait en classe.
Sai attrapa le livre qui était tombé devant son casier, avant d'en fermer la porte.
Quand il se tourna pour entrer dans sa classe, il vit que Sasuke Uchiwa était toujours devant la salle, et qu'il était en train de le regarder fixement.
Lorsque Sasuke vit qu'il avait l'attention de Sai, il eut un rictus méprisant. Le jeune homme put lire sur ses lèvres : Pathétique.
Sai serra les dents.
Crack !
Quelque chose était brisé, irrémédiablement cassé.
Cette fois, il ne pouvait plus le supporter .
Xxxx Things couldn't get much worse xxxX
Sai aurait dû se souvenir de ne jamais se laisser guidé par ses émotions, ça vous porte toujours préjudice. Il aurait dû se souvenir pourquoi, il n'avait jamais osé répondre à ses agresseurs : de peur de subir des représailles.
« - Tsss... Dire que j'avais pensé qu'il t'était poussé des couilles, tu frappes vraiment comme une gonzesse !
Sai n'osa même plus le regarder de ses yeux vides, son expression s'était brisée sous la douleur qui secouait ses côtes. Il était à quatre pattes à terre, une main entourait son ventre qui se tordait dans la souffrance, tandis que l'autre, était appuyée contre les graviers, soutenant son corps.
Suigetsu le dominait de toute sa hauteur.
La respiration de Sai était devenue particulièrement lourde et bruyante, à chaque fois qu'il inspirait une bouffée d'air, il sentait un pique frapper ses côtes, à chaque fois que son diaphragme se soulevait, il pensait qu'il resterait bloqué dans cette position contractée.
Étonnamment, à sa plus grande surprise, son cou se tordit pour regarder malgré tout Suigetsu, mené par une curiosité morbide.
Le soleil déclinait dans le ciel, assombrissant la peau de son visage, et agrandissant les ombres sous ses yeux. Les lèvres de l'autre adolescent se tirèrent vers le haut, laissant voir un sourire plein de dents, devant ce qu'il considérât comme de l'effronterie ou de la folie venant de Sai.
- Tu veux encore essayer de te battre ?
Sai frotta son estomac au-dessus de son t-shirt.
Je ne peux pas... peux pas supporter plus...
- Répond !
Saï serra les dents, son bras tremblait alors qu'il devait supporter tout le poids de son corps.
Pourquoi j'ai répondu ? Pourquoi j'ai voulu me défendre ? Ça ne sert à rien, il me battra toujours... serais-je toujours une victime ?
Toujours ?
Soudain, une vive douleur plia son bras en deux, alors même que le pied de Suigetsu venait à nouveau de s'enfoncer dans son estomac. Le visage de Sai rencontra immédiatement le sol tandis même que ses jambes le lâchèrent, il pouvait sentir les graviers et les cailloux qui marquaient sa joue, il sentait son genou qui s'écorchait, raclé par les graviers.
Toujours ?
- Hahaha, là j'avoue, t'étais marrant aujourd'hui ! Tu croyais vraiment pouvoir me battre, moi ? Pédé, va !
Suigetsu eut un dernier rire, vraiment amusé, avant de tourner le dos à l'adolescent à terre pour repartir vers l'allée en sifflotant.
Sai avait attendu de ne plus entendre cette horrible crissement que faisait la voix de Suigetsu pour ouvrir les yeux, lentement.
Sa joue le brûlait, il sentait qu'il se l'était méchamment éraflée. Ses yeux rencontrèrent immédiatement la benne du lycée, dans l'arrière cour, à quelques mètres de lui.
Les mouches volèrent autour des déchets qui dépassaient de loin le conteneur, l'une d'elle vola jusqu'à lui pour tourner autour de ses oreilles, bourdonnant horriblement.
Le son lui donna la nausée, comme l'odeur nauséabonde qui se dégageait des ordures, quand les éboueurs allaient-ils faire le nécessaire ?
Jamais ?
Sai se sentit soudain comme désabusé, alors il se contenta de soupirer. C'était là que devait être sa place, non ? Auprès des ordures, car après tout, on ne le prenait pas pour plus que ça.
La mouche alla se poser sur sa joue intacte. Quelque chose se mit à nouveau à brûler en lui, à l'irriter jusqu'à la moelle. Il ne comprenait pas, c'était la même bouffée d'air néfaste qu'il avait respiré quand Naruto lui avait dit que ça devait cesser.
La mouche se mit à nouveau à tourner autour de sa tête.
La bouffée d'air commença à lui comprimer la poitrine, à contracter ses poumons, l'empêchant de respirer. Chaque bouffée resserrait paradoxalement sa trachée, comme si l'air au lieu de lui permettre de vivre allait finir par l'étouffer.
L'air, remplis des vieilles odeurs d'ordure.
L'air coupé par les rires de Suigetsu.
L'air fendu en deux par les coups.
L'air pollué par cette misère.
Devrait-il toujours vivre dans cette laideur ?
Tout à coup, c'est comme si tout ce qu'il avait emmagasiné depuis si longtemps se mit à exploser. Il rejeta la tête en arrière, toujours à quatre pattes, avant d'éclater de rire en direction du ciel noir, en direction d'une nuit sans étoile, sans lumière.
Rire ? Non ce n'était pas ça, c'était plus un appel à l'aide que personne n'entendrait comme toujours. Dans ce rire, tous les hurlements qu'il avait tus se libéraient, à chacun des tressautements de sa pomme d'Adam... il pouvait respirer un peu mieux.
Sai avait atteint la limite, sa propre limite, peut-être même franchi la ligne de la folie et du désespoir, mais le pire dans tout ça, c'est qu'il en avait parfaitement conscience. Ce qui le rendait sûrement encore plus imprévisible, encore plus dangereux. Après tout, quel homme peut être plus dangereux que celui qui a conscience de sa perte ? Et surtout qui a conscience qu'il n'a plus rien à perdre ?
Ce qui le faisait rire ? Il savait maintenant.
Une seule chose lui restait à faire pour que tout se finisse.
Jamais !
Xxxx I've had it up to here, you know your end is near xxxX
Un regard de travers, une parole blessante, une poignée de main trop sèche, un coup de poing dans le nez, un piétinement.
Beaucoup de choses restent à jamais gravés dans la mémoire. Généralement, chez les victimes de mauvais traitements, chez les boucs émissaires, la mémoire est incroyable pour se souvenir de la douleur ressentie... chez les bourreaux, elle est beaucoup moins fiable.
Sai, qui était déjà né avec une bonne mémoire se souvenait de chaque cruauté qu'il a subi, la douleur était tellement vive dans sa mémoire que s'il se concentrait trop, il avait peur de pouvoir à nouveau la ressentir avec exactitude. Il avait peur que son sourire ne le lâche et qu'ils voient à quel point il était battu, désabusé, mort de l'intérieur.
Chaque être humain a sa limite, variable selon les personnes.
A votre avis, lorsqu'on craque, jusqu'où peut-on aller ?
Sai ne se posait même pas la question. Parce que toutes les nuits, en rêve, il l'atteignait, ce point de non-retour, avec une telle joie, qu'il en devenait fiévreux rien qu'à y penser.
Chaque nuit, il rêvait que le bourreau avait endossé les haillons du martyr.
Chaque nuit, il rendait à ses détracteurs la même douleur au centuple : Sai en tirait une jouissance énorme.
Fin du chapitre.
Voilà, si vous avez un avis, une question, n'hésitez pas.
Toujours vôtre,
Pics was here !
