Deidara Mangetsu.

Pour moi, tout était parfait.

Cela faisait maintenant deux ans que l'Akatsuki m'avait recruté -non sans anicroche, si je puis me le permettre !- et je commençais enfin à me sentir chez moi. Les premiers mois avaient été si épouvantables et déroutants pour moi qu'en même temps, la situation ne pouvait que s'améliorer, hn ! Il avait été normal que je ramène souvent ma fraise, je n'étais pas heureux d'être ici, entouré de tout ces psychopathes étranges qui, parfois, n'avaient pas grand chose d'humain, à me faire dicter des ordres...

Je suis un bombardier libéral dans l'âme, voyez-vous. Moi, avant, je posais des bombes quand je le voulais et où je le voulais, même si on me faisait des commandes; je sélectionnais les meilleures, celles qui auraient un rendu très artistique... Donc, j'en viens à me répéter : Je suis un bombardier libéral, un artiste des explosifs. Un peu terroriste aux yeux des autres et sur les bords, certes, mais un artiste malgrè tout, hn.

Mais ça, c'était avant qu'on m'oblige à travailler pour l'Akatsuki. Même si, je dois le reconnaître, le bombardier en moi arrive toujours à se satisfaire d"une petite explosion "extra", ce n'est pas très rose à l'organisation.J'ai souvent besoin de sortir pour faire le vide ou sinon, je me serai déjà fait exploser la cafetière ! C'est sûr qu'entre Itachi Uchiwa que j'ai joyeusement inscrit dans ma liste d'exécutions personnelles à faire, Kisame Hoshigaki qui donne l'impression qu'il va vous manger alors qu'il veut juste sourire, Kakuzu qui est avare comme ça n'est plus permis de voir de nos jours -en même temps, à presque quatre-vingt-dix ans, c'est pas comme s'il était de mon époque !-, Hidan qui passe son temps à prier Jashin et à se scarifier à qui mieux mieux, le chef qui a des yeux à vous donner la chair de poule avec son tas de piercings sur la figure et Zetsu qui, lui, vous voit réellement comme son casse-croute de midi, il y avait de quoi devenir fou ! Dèsfois, je me crois plus dans un asile que dans le repère d'une troupe de criminels de rang S...

Heureusement qu'il y a Konan -cette gentille et adorable Konan !- pour nous amener une petite touche de féminité et à qui je peux parler de mes problêmes sans risque ni honte. Si elle n'avait pas été là pour m'aider à m'intégrer en douceur, c'est sûr, je ne serais plus là ! Et puis, il y a aussi...

Je me tourne dans mon lit et tombe nez à nez avec un éclat rouge vif sur mon oreiller. Zut ! Il est encore là ? Normalement, il aurait du retourner dans sa chambre... Ca sent le roussi, hn !

Je secouais doucement la personne près de moi, celle-là même que je n'ai pas encore eu le temps de citer mais qui est ô combien importante à mes yeux :

- Danna ? Danna, il fait jour...

- J'ai vu, Deidara.

Mon interlocuteur se tourne vers moi et me sourit. On dirait un adolescent tant il paraît jeune, mais il ne faut pas s'y fier, il est plus proche de la cinquantaine que moi ! Ses grands yeux marron m'observent et, finalement, se posent à nouveau sur les miens, nous liant du regard. Je frissonne de bien être et ramène le drap un peu plus sur mon corps, jusqu'à mes épaules pour ne pas attraper froid : Oui, nous sommes en Mars et le matin, il ne fait pas très chaud... Ou du moins pas assez pour dormir nu et découvert !

- Tu es magnifique, Dei-kun.

- Hn, toi aussi, Danna. Allez, il est temps pour toi de retourner dans ta chambre avant que quelqu'un ne découvre que...

- Que la vie est cruelle, se plaint Sasori en s'asseyant avant de s'étirer, le tout accompagné de craquements de bois.

Ah oui... Aurais-je oublier de préciser qui est Akasuna no Sasori, le Scorpion des Sables rouges ? Je disais qu'il était plus âgé que moi et, en effet, il l'est. Je ne sais pas de combien d'années exactement, mais je sais juste qu'il n'est pas un nouveau à l'Akatsuki. Avant moi, Orochimaru était son partenaire, c'est vous dire que c'est pas tout jeune, hn !

Bref. Sasori ressemble à un adolescent avec son visage de poupée, ses cheveux rouges comme le sang souvent désordonnés et ses immenses yeux marron si caractéristiques de mon Danna. Certes, la plupart du temps, il se promène dans Hiruko, sa marionnette de défense -car oui, Sasori est lui aussi un artiste mais bon, il préfère fricoter avec les pantins, chacun son truc... Il est marionnettiste et moi bombardier, à la bonne heure !- que je trouve fort moche, mais ça n'empêche qu'il est très puissant. Il adore aussi confectionner de nouveaux poisons dont pratiquement toutes ses armes sont imbibées et transformer des gens en marionnettes humaines comme le Kazekage troisième du nom. Je vous l'avait dit, il est fort...

Mais là où Sasori se démarque réellement des autres membres d'Akatsuki, c'est sur deux points : Déjà, il représente le calme incarné. Sa patience est très limitée et j'en fait très souvent les frais mais sinon, il est imperturbable, même si vous l'insutlez avec les pires infamies ! Bon, il ne faut tout de même pas trop le titiller avec ses créations, mais ça, c'est comme moi avec mes bombes, on en a l'habitude. Et pour finir, c'est qu'il est lui-même une de ses oeuvres ! Sasori n'a plus de corps humain, il s'est transformé -allez savoir comment !- en une marionnette de bois et d'acier avec un câble à la place des entrailles, des ailes dans le dos, des lance-flammes dans les mains là où, moi, j'ai des bouches et un reliquaire en guise de coeur. Sasori est, tout simplement, une arme vivante !

Mais ça n'empêche pas, malgrè nos caractères incompatibles, nos divergences artistiques et nos corps relativement différents, que nous nous aimons d'un amour fusionnel. Très charnel, certes, mais on s'y retrouve et nos coeurs s'expriment ainsi : Les sentiments, à défaut de les exposer à l'Akatsuki où l'homosexualité est bannie, on les garde pour quand on fait l'amour, c'est aussi simple que cela ! Tant qu'on aime l'autre et que celui-ci vous le montre en retour, il n'y a rien à redire.

- Ne te plains pas, Sasori, je lui rétorque, toujours enroulé dans mon drap : Toi, tu ne souffres ni du sommeil ni de la douleur physique.

- Pourquoi ? s'étonne Sasori en me fixant, soudain gêné. Il s'approche de moi et finit sa phrase dans un murmure par peur d'être entendu : Je t'ai fait mal, hier ?

- Un peu oui, je me retiends de rire tant il est gêné et lui embrasse la joue pour toute réponse. Mais ça va passer, ne t'inquiète pas pour si peu.

- Tu aurais du me le dire, bougonne-t-il en fronçant les sourcils avant de se lever et de rassembler les vêtements dispersés dans la pièce.

J'adore quand il se fait du souci pour moi, c'est exclusif. Les autres peuvent mourir, Sasori ne versera même pas une larme pour eux -en même temps, il est incapable de pleurer, il me semble ! Mais alors moi, le moindre bobo et c'est la panique... Ah, je l'aime.

Je m'allonge sur mon lit, abandonnant finalement ce foutu drap qui ne me tient pas plus chaud, et le regarde faire, silencieux. Son corps, découpé en parties égales par ses articulations, est artificiel mais absolument parfait, magnifique. Habillé, il est déjà sublime mais nu, c'est encore mieux ! Hn ! Et il n'y a que moi qui ait le droit de le voir comme ça. C'est mon trésor.

- Tu aurais du me le dire...

- Cesse de râler, Danna, lui dis-je, tout sourire. Tant que j'ai pris du plaisir, on s'en fiche ! C'est tout ce qui compte, non ? C'est juste que je n'ai pas encore trop l'habitude, c'est tout.

- Ce n'est pas comme si on ne couchait pas ensemble tout les soirs au moins deux fois, Deidara...

- Tu tiens le compte ? je m'exclame, surpris. Il me semble qu'hier, on a battu le record... Trois ?

- Non, quatre, son sourire pervers me donne un frisson de plaisir et je le fais s'approcher pour l'embrasser tendrement.

Mon dieu, ne me l'enlevez pas, je suis fou amoureux de lui. Sasori et moi, déjà, ça tient du miracle vu à quel point nous nous détestions ! Alors, cette relation, c'est un peu un conte de fées pour nous deux...

- Habille-toi, Dei-kun, je t'attends dans la cuisine, il me donne mes vêtements et quitte la pièce après avoir vérifié que personne n'était dans le coin.

- Je t'aime, Sasori, je lui crie alors, espérant qu'il est entendu.

Allez savoir pourquoi, mais pour moi, il est systématique qu'il sache, qu'il soit au courant, que je l'aime un peu plus fort chaque jour depuis maintenant deux mois. Et, à l'évidence, il m'a entendu puisqu'il repasse la tête dans l'entrebaillement de la porte et pose un index sur ses lèvres avec un sourire :

- Chuuuut... Moi aussi je t'aime, Deidara.

Je reste un instant encore allongé, mes habits dans les mains, puis consent enfin à me lever et à me diriger vers ma salle de bains. Une bonne douche fraîche, rien de mieux pour se réveiller !

Mais bon... Tout était trop parfait, justement.