Blablabla

Les Secrets d'une Bonne Mayonnaise, c'est une petite histoire de 17 chapitres. À l'heure où je (ré)écris cette note, cela fait plus d'un an que j'en ai terminé l'écriture, et je me suis dit qu'il était plus que temps de la retravailler un peu, d'éliminer les vaillantes fautes d'orthographe qui persistent à venir se glisser dans le texte et de partir à la chasse des incohérences.

L'histoire en elle-même ne change pas d'un pouce, cela va de soi. C'est toujours la vie de Maya, cette adolescente chiante et mais attachante qui se berce de certitudes depuis sa plus tendre enfance et qui se rend compte que la vie les démonte une à une, sans beaucoup de scrupules. Si vous aimez les histoires d'amitié (parce qu'il n'y a pas que l'amour dans la vie), les disputes familiales et les questionnements sur l'avenir, surtout quand ils sont saupoudrés de quelques sarcasmes, n'hésitez pas à vous lancer dans la lecture des Secrets d'une Bonne Mayonnaise !

Merci par avance à tous ceux qui accorderont de leur temps à Maya et à bientôt je l'espère !

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Précisions

• Selon moi, Les Secrets d'une Bonne Mayonnaise convient à tous les publics. Il n'y a aucune scène à caractère choquant, que ce soit sexuel ou violent. Bon, je ne vous le cache pas, le langage est parfois cru, mais rien de majeur non plus.

• La grosse inculte que je suis n'a jamais regardé le moindre épisode de Grey's Anatomy. Mais quand je dis jamais... c'est genre vraiment jamais. Pas même des extraits. Et voilà-t-il pas qu'on me fait remarquer qu'un de mes personnages a un nom quasi-similaire à un personnage de cette série ! Bref, tout ça pour dire que ce n'est pas voulu du tout, toutes mes excuses.

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SECRET N°1

« Gardez à l'esprit que la mayonnaise est une sauce. Elle ne sert qu'à mettre en valeur vos aliments, que vous devez impérativement bien choisir. »

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- 31 août 2007 -

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Comme à chaque fois que j'empruntais le Magicobus, j'avais envie de gerber. Les conducteurs de ce véhicule semblaient tous avoir un profond mépris pour le code de la route et slalomaient à toute berzingue entre les voitures, sans aucun respect pour les limitations de vitesse ou les feux rouges. Actuellement, le fameux autobus à impériale zigzaguait dans les rues de Bristol, mais je savais que ça n'allait pas durer. Et, effectivement, à peine deux secondes plus tard, un grand « clang » retentit et le bus réapparut au cœur de Londres. Comprenant que mon arrêt était bientôt arrivé, je ramassai mon sac qui avait chuté au sol sous la force de l'impact et me levai en prenant soin de m'accrocher pour ne pas tomber à mon tour.

— Hyde Park ! tonitrua Tommy, le conducteur, avec entrain.

En retenant un soupir de soulagement, j'avançai en direction de la porte.

— À tout à l'heure, ma p'tite Maya ! s'exclama à nouveau Tommy alors que je m'apprêtais à sauter du marchepied.

Je lui envoyai un sourire timide puis descendis pour de bon. J'avais beau détester ce moyen de transport, j'étais comme qui dirait une habituée du Magicobus. Depuis que mes parents n'étaient plus capables de transplaner, c'était devenu l'unique moyen que j'avais pour me déplacer hors du monde des sorciers, et j'avais fini par nouer quelques liens avec Tommy et David, les deux membres de l'équipe de la compagnie, respectivement chargés de la conduite et du bien-être des passagers. Quoique « bien-être » soit un terme un tantinet exagéré dans le cadre des trajets du Magicobus... Disons plutôt que David était chargé de vérifier qu'on était toujours en vie après chaque virage dangereux. Ces derniers étant assez fréquents, il était plutôt occupé.

Le bus ne tarda pas à disparaître de la rue paisible où il m'avait déposée et je me mis en marche pour rejoindre une avenue plus fréquentée, qui donnait également accès au célèbre Hyde Park, lieu où j'avais rendez-vous avec mes deux meilleures – et seules – amies : Victoria Goldstein et Meredith Sheperd. En arrivant devant les grilles du parc, je constatai que j'étais la première et jetai un œil à la montre à moitié cassée qui traînait toujours dans ma poche. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je remarquai que j'étais parfaitement à l'heure et je m'appuyai contre les barrières en profitant de la douce brise qui me parvenait maintenant que j'étais à l'ombre des arbres. Cinq minutes plus tard, j'entendis un grand cri et une masse de cheveux bruns se jeta sur moi en hurlant :

— JOYEUX ANNIVERSAIRE !

Je fis la grimace alors que Victoria me serrait contre elle à m'en étouffer. Je détestais ce genre de contacts physiques pour deux raisons : d'une part parce que je ne voyais pas l'intérêt de se témoigner ainsi notre affection en public, et d'autre part parce que Victoria, qui raffolait des câlins, avait la fâcheuse tendance de systématiquement placer ses mains sur mes poignées d'amour, chose que j'abhorrais. D'autant plus que la dernière fois que l'on s'était vues remontait à une semaine à peine.

— Tu m'étouffes, Vicky ! fis-je en lui rendant mollement son étreinte.

Sans perdre de son enthousiasme, Victoria me lâcha, un immense sourire illuminant son visage rieur.

— Alors ça y est, tu es majeure maintenant ! Ma petite May' est majeure !

Je me retins de lui faire remarquer qu'elle avait à peine deux mois de plus que moi et que je la dépassais de plusieurs centimètres.

— Par Merlin, c'est fou ce que tu as mauvaise mine ! poursuivit-elle, continuant à monologuer toute seule. Tu as encore passé la semaine enfermée avec le temps qu'il fait ? Je sais que tu détestes la chaleur, mais là tu ressembles à un fantôme !

Je ris jaune alors qu'elle me forçait à tourner la tête pour examiner mes joues pâles, bien loin de la teinte caramélisée des siennes.

— Meredith n'est toujours pas là ? demandai-je pour changer de sujet.

— Non... Tu la connais, la ponctualité et elle ça fait deux. Elle a tellement pris l'habitude d'arriver en retard à ses rencards que ça s'est ancré dans son ADN.

Je levai les yeux au ciel.

— Quoique... reprit Victoria. Si elle avait réellement fini par nous prendre pour les garçons avec lesquels elle sort, ce serait inquiétant. Elle ne reste jamais plus d'une semaine avec eux...

Comme si elle avait attendu qu'on parle d'elle pour arriver, la parfaite silhouette de Meredith finit par se dessiner sous le soleil de la fin d'été. Meredith était l'archétype même de la bombe de service. Cheveux blonds et ondulés, yeux bleus comme la mer Méditerranée, taille de mannequin, longues jambes halées... Bref, tout ce que je n'étais pas avec mon teint pâle, mes cheveux châtains, mes yeux marron et ma petite taille. C'était toujours elle qui attirait l'attention des garçons lors de nos sorties de groupe, bien que Victoria y arrive également grâce à sa joie de vivre qui faisait oublier son apparence physique passe-partout.

— Les taxis, c'est vraiment l'enfer pour voyager en été ! s'exclama dramatiquement Meredith en arrivant à notre hauteur, faisant mine d'éponger son front, totalement vierge de la moindre goutte de sueur. Joyeux anniversaire, May' ! enchaîna-t-elle en se tournant vers moi. Tu es prête à fêter ça dignement ?

Je fronçai les sourcils, déjà craintive de ce qui allait suivre, tandis que Vicky et elle échangeaient un regard complice qui m'inquiéta encore plus. Dans un grand éclat de rire, elles m'empoignèrent chacune un bras et me tirèrent à travers la foule qui souhaitait profiter du parc en ce dernier jour des vacances d'été, sans prêter grande attention aux personnes qu'elles bousculaient alors que je me sentais obligée de leur offrir un sourire désolé.

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Mes amies ne me lâchèrent pas de la journée, m'entraînant dans divers endroits toujours bourrés de monde. Je n'aimais pas la foule, mais elles semblaient si enthousiastes à l'idée de faire de mon dix-septième anniversaire une journée inoubliable autant pour elles que pour moi que je n'eus pas eu le cœur de le leur rappeler. Le soleil commençait à décliner lorsque, épuisées d'avoir parcouru Londres en long et en large, Victoria proposa de terminer cette soirée dignement.

— Il est plus que temps de rejoindre notre monde ! affirma-t-elle en nous entraînant sur Charing Cross Road.

Elle nous guida jusqu'au Chaudron Baveur où, pour la première fois, on put commander toutes les trois un Whisky-Pur-Feu sans se faire recaler par le barman qu'on avait essayé de duper à de nombreuses reprises. On s'assit dans un coin de l'auberge bondée et Meredith étendit ses longues jambes en poussant un soupir.

— Je suis crevée ! nous apprit-elle en relâchant sa tête en arrière, mettant ainsi en valeur ses courbes féminines.

J'échangeai un regard désabusé avec Vicky tandis qu'elle se redressait et buvait sensuellement une gorgée de sa boisson. Depuis le temps, on avait bien fini par comprendre que, dans les lieux publics, chacun des gestes de Meredith était calculé. Son cerveau se mettait en mode off et tout son corps ne pensait plus qu'à une chose : séduire. Sa technique s'avérait très efficace, quelques jeunes hommes – et même plus vieux que cela mais je préférais ne pas y penser – paraissaient déjà l'avoir remarquée et lui jetaient des regards lubriques de plus en plus appuyés dont elle se délectait. Pour autant, je me doutais que cette technique ne fonctionnait que parce que c'était elle qui la mettait en application. Avec ma morphologie et mon visage tout à fait banal, faire comme elle reviendrait simplement à me ridiculiser.

— Tu n'as toujours pas trouvé un garçon qui vaille suffisamment le coup pour rester avec lui plus de quelques heures ? questionna Vicky qui ne perdait rien de son petit manège.

— Non. Hormis mon physique, rien ne les intéresse. C'est d'un ennui !

Je me fis intérieurement la remarque que, si elle souhaitait qu'on s'intéresse à elle pour son intellect, il fallait sérieusement qu'elle revoie sa manière de se conduire avec la gente masculine.

— T'as qu'à faire comme moi, lui dit Victoria. Élargis le champ des possibles.

La métisse ne faisant pas grand cas du sexe de son partenaire du moment qu'il la faisait rire.

— J'ai déjà essayé, rétorqua Meredith. Les filles ne me font ni chaud ni froid.

Amusée, je pris une gorgée de Whisky-pur-Feu que je m'efforçai de ne pas recracher. Je détestais le goût de cet alcool, et la seule raison qui me poussait à le boire était la délicieuse brûlure qui descendait dans ma gorge à chacune des gorgées que je prenais. Et peut-être également l'envie de ne pas passer pour une pauvre fille coincée.

— Et toi Maya, du nouveau de ce côté-là ? s'enquit Victoria en se retournant vers moi.

Je manquai d'exploser de rire.

— La réponse n'a pas changée depuis la semaine dernière, Vicky, lui répondis-je en tentant d'adopter un ton détaché. Ça ne m'intéresse pas.

Faux. Complètement faux. Je passais ma vie à rêver d'histoires d'amour débiles avec n'importe lequel des garçons. Il suffisait que l'un deux me fasse un sourire pour que mon cerveau se mette à fantasmer. Pour autant, cela ne m'empêchait pas de ne jamais rien tenter. La peur de me faire rejeter était si grande que je préférais attendre que quelque chose arrive. Je savais que si je ne faisais rien, il y aurait peu de chances pour que tout me tombe du ciel, mais je continuais quand même à espérer tout en faisant croire à mes amies que je n'en avais tout simplement rien à cirer pour l'instant. Juste histoire de ne pas virer au ridicule comme ces naïves adolescentes des feuilletons américains qui passaient à la télévision.

— Même pas le gars là-bas ? me proposa Meredith. Il te regarde.

Je jetai un œil au garçon en question et étouffai un ricanement.

— C'est toi qu'il regarde, Meredith. Pas moi. Il a juste un œil qui dit "merde" à l'autre. Tu devrais le savoir, il a été en cours de botanique avec nous pendant les trois dernières années. C'est un Gryffondor.

Victoria explosa de son rire communicatif qui fit se tourner plusieurs regards vers notre table.

— Ah oui, c'est vrai, constata Meredith d'un ton pensif. Qu'est-ce qu'on fait ce soir ? demanda-t-elle en se désintéressant rapidement du pauvre garçon.

— Rien du tout, la coupai-je abruptement. Mes parents veulent qu'on fête mon anniversaire ensemble.

— Quelle plaie, les parents... soupira dramatiquement la blonde en reprenant une gorgée de Whisky

Je ne voyais pas de quelle plaie elle parlait : ses parents étaient d'importants avocats moldus qui passaient peu de temps avec leurs trois enfants dont elle était la seule sorcière. Ils habitaient dans un immense appartement qui devait pouvoir accueillir sans peine ma maison en plus de celle de Victoria, et la seule personne qui pouvait éventuellement gêner Meredith dans ses nombreuses sorties nocturnes était son petit frère qui prenait un malin plaisir à rapporter à ses parents toutes ses infractions au règlement intérieur de la famille Sheperd.

— C'est vrai qu'ils sont lourds, approuva Victoria dont le père était très à cheval sur les études et ne supportait pas le moindre écart de comportement ; or Vicky les accumulait.

— Ouais, conclus-je. Ils sont lourds, fis-je plus pour moi-même que pour mes deux amies.

Ça aussi, c'était un mensonge. Mes parents étaient aussi légers que de l'air. Au sens propre comme au figuré.