Titre : Happily Ever After.
Genres : Romance, angst (un peu), sentimental, etc.
Rating :
T
Personnages : Kuroko/Midorima (oui, dans cet ordre-là o/)
Disclaimer : Les personnages et leur univers appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.

Résumé : Parfois, la personne que l'on veut n'est pas celle qu'il nous faut - et, dans cette vie, on n'a pas toujours ce que l'on veut... "Vous êtes cancer et il est verseau ; il est impossible de deviner quelle sera l'issue de votre relation."

Note de l'auteur : ... J'ai l'impression de mener à bien un plan d'invasion. Moi qui mets toujours deux mois à terminer un texte, voilà que, sur ce fandom, j'en écris deux en moins d'un mois... XD En fait, ceci était censé être un one-shot, mais le texte fait actuellement plus de 10'000 mots, et je l'ai pas encore tout à fait terminé. Du coup, j'ai décidé de couper tout ça en petits chapitres, que je posterai tous les 4-5 jours =)
Sinon, pour ce qui est du KuroMido, eh bien... Ne me jetez pas, mais j'adore ce couple ;_; Je le trouve chou. Et et et j'aime quand Midorima est uke. Et non je n'ai rien d'autre à dire pour ma défense D: Enfin, quoiqu'il en soit... bonne lecture~ ^^


Happily Ever After

Chapitre 1 : Vous êtes cancer et il est verseau.


« Kuroko ? Il est du groupe sanguin A, et moi du B. C'est pourquoi il est normal qu'on ne s'entende pas. »


Collège Teikou, deuxième année. Quelque chose comme ça.
Une date imprécise pour des souvenirs qui remontaient trop loin, qui restaient trop vagues – mais toujours, inlassablement, comme un décor implanté, immuable et relié à cette période de sa vie, la salle de sport de l'école. Les paniers de baskets qu'on avait descendus à droite et à gauche du grand terrain, le glissement des chaussures presque neuves contre le sol presque propre, et quelques voix au loin, à peine audibles. C'était avant l'entraînement, s'il se rappelait bien.

« Eh bah, Tetsu ! Tu fous quoi, tu dors ? »

Bam. Bam.
Aomine Daiki était déjà si grand, à cette époque. Le pauvre Tetsu ne faisait pas le poids face à lui, à vrai dire ; du haut de son mètre quatre-vingt et des poussières, il dribblait avec force et précision, plein de l'assurance que toutes les années de pratique lui avaient insufflée, et espérait encore que son camarade parviendrait à lui voler la balle – mais lorsque Kuroko tendait la main, Aomine la soulevait à bout de bras et l'autre était trop petit pour ne serait-ce que l'attendre, même en sautant.

« Aomine-kun, il faut commencer à s'échauffer. Tu devrais poser ce ballon.
– T'as qu'à m'le prendre ! »

Nouvel essai – nouvel échec.
La voix de Kuroko Tetsuya résonnait encore dans sa tête, tant d'années après ; calme, posée, à peine sèche, à peine froide, il n'avait pas haussé le ton ce jour-là et d'ailleurs, dans ses souvenirs, il n'avait jamais haussé le ton en présence de ses camarades. Toujours, il s'adressait à eux sur le même ton neutre et toujours, ses tentatives de convaincre Aomine de se mettre à s'échauffer – étape nécessaire de l'entraînement sans laquelle ils pouvaient être certains de s'éveiller assaillis de courbatures, le lendemain – étaient vouées à l'échec. Au lieu de ça, le grand idiot avait décidé de tirer la peau tendre de la joue de Kuroko. Comme si c'était un jeu. Comme si c'était un simple jeu. Sans importance. Sans conséquences.

Midorima Shintarou observait de loin.
Confronté à pareil spectacle, il avait soupiré. Pff. Aomine Daiki était l'un de ces abrutis qui ne jouaient encore que par passion et ne comprenaient rien à la véritable importance du jeu, de la réussite, de la victoire – préférant, ainsi, tripoter les cheveux de son camarade, l'attraper par la taille, le jeter sur son épaule, plutôt que de s'entraîner sérieusement. Cependant, il y avait fort à parier qu'il changerait bientôt – parce que déjà on avait vu quelquefois cette espèce de déception dans ses yeux, et entendu de sa bouche qu'il n'en pouvait plus d'écraser sans s'amuser...

Kuroko Tetsuya, en revanche, était aux yeux de Midorima la définition de l'imperceptible. Petit, faible, et pourtant, il inspirait le respect, de par sa capacité à lui, celle qu'il avait de tous les relier, de souder et de consolider l'équipe d'un simple regard, de trois mots ou de cette présence qu'il n'avait pas – aussi, le jeune homme avait-il pris ses distances, invoquant dès le départ la mésentente évidente de leur groupe sanguin.

Tout le monde avait ajouté ça au compte de son excentricité, et personne n'avait posé de question.
Mais en vérité, l'horoscope disait vous êtes cancer et il est verseau ; il est impossible de deviner quelle sera l'issue de votre relation.

« Miidorimacchi ! »

A ses côtés, la voix geignarde d'un certain blond sonnait lointaine et ennuyeuse.

« Regarde-les ! pleurnichait-il. Regarde comme ils sont ! Tu n'es pas jaloux, toi ?! »

Kise Ryouta avait les yeux rivés sur le duo qui se donnait en spectacle éhonté.

« Hmpf. »

Midorima avait ainsi grogné, l'air désintéressé, et il avait réajusté d'un majeur gauche toujours entouré de bandelettes la paire de lunettes à ses yeux – mais Midorima jouait pour la victoire, lorsque la chance était avec lui, lorsque l'objet du jour était avec lui, et il tirait de loin pour s'assurer le maximum de points, et lorsque la victoire n'était pas certaine alors à quoi bon tenter ?
Il est impossible de deviner l'issue de votre relation. Il avait été surpris, l'était encore – pour la première fois, l'horoscope n'avait rien prédit. Rien indiqué. Même, rien suggéré. Impossible. Kuroko et lui, c'était-

Sans s'en rendre compte, il avait suivi le regard de Kise, et sans s'en rendre compte, il l'avait intercepté.
Le regard bleu et froid et brillant d'une lueur étrange, si loin et pourtant si proche, dont il ne parvenait pas à se persuader qu'il ne lui était pas destiné ; ce regard bleu et froid et brillant d'une lueur étrange qu'auparavant il n'avait jamais croisé, mais dans lequel ses yeux verts s'étaient instantanément perdus, plongés.
Ce regard bleu et froid et brillant d'une lueur étrange qu'était celui de Kuroko Tetsuya, et qui semblait vouloir tout et ne rien dire et tellement de choses à la fois.

« Midorimacchi ? »

Kise était resté sans voix. Une seconde. Puis, il s'en était allé.

Midorima avait rencontré le regard de Kuroko l'un de ces jours où ni la chance ni la malchance n'était de mise – l'un de ces jours où, normalement, rien d'important n'aurait dû arriver.
Et pourtant, ce jour-là, ses yeux s'y étaient accrochés, rien qu'une demi-seconde durant ; et, sans savoir pourquoi, sans savoir comment, tout au fond de lui, tout au cœur de sa mémoire et des souvenirs qu'il garderait à jamais enfouis, il l'avait imprimé.

Un regard qui semblait vouloir dire tellement de choses, mais qu'il n'arrivait pas à comprendre, qu'il aurait voulu pouvoir déchiffrer...

« Shin-chan, tu dors~ ? »

Le présent était revenu si vite à son univers que Midorima, à peine tiré de sa rêverie, de ses lointains souvenirs, sursauta et se retourna aussitôt, vers son camarade de classe qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que de le fixer, l'air vaguement inquiet, mi-amusé, les bras croisés.

« Takao, ne m'abaisse pas à ton niveau, répondit-il, le ton froid mais calme. Je réfléchissais.
– Oh, c'est qu'on aurait une demoiselle en tête, mon Shin-chan ? Lança l'autre en réponse, sur le ton de la plaisanterie, attrapant une chaise au passage, avant de s'y asseoir à califourchon, les yeux toujours rivés sur son camarade. Allez, raconte ! Comment elle s'appelle ? »

Kuroko Tetsuya.
La personne à qui il pensait, mais ce n'était pas une demoiselle ; aussi, il secoua la tête, agacé, et entreprit de remettre en ordre son cahier de mathématiques, lançant un regard mauvais à son coéquipier.

« Ce n'est absolument pas ça, répliqua-t-il sèchement. Ne me confonds pas avec ces jolis cœurs qui passent leur temps à roucouler. »

C'était vrai ; il n'était pas du genre à se laisser aller à de telles futilités et, depuis le temps, Takao aurait dû le savoir. De toute manière, Kuroko n'était pas la personne qu'il lui fallait, c'était évident – d'une part, parce que leur groupe sanguin ne s'accordait pas, et d'une autre, parce que l'horoscope ne pouvait pas prédire quel serait leur avenir commun. Ensemble, visiblement, ils auraient pu aboutir au meilleur comme au pire, et en prévision du pire, Midorima préférait ne pas tenter de croire au meilleur – fin de l'histoire.

Après tout, l'amour ne devait pas être bien différent du basketball ; et, au basketball, jamais il ne prendrait le risque de se lancer dans un match sans être sûr et certain que son horoscope était favorable, qu'il avait son objet du jour, et qu'en somme, toutes les chances étaient de son côté. Et puis, de toute manière, en tant qu'homme de signe astrologique cancer, il était censé être attiré par les femmes scorpion ou taureau, si possible un peu plus âgées que lui, pas par les garçons de son âge, encore moins par ceux du verseau !

Quant à Kuroko, il le disait lui-même : il était l'ombre, et jamais l'ombre n'est plus sombre que lorsqu'on l'expose à la lumière. Sur le terrain, il avait pendant des années fait briller la lumière d'Aomine, et incontestablement en amour c'était quelqu'un comme Aomine qu'il lui fallait – quelqu'un de fort, d'imposant, d'explosif, d'impulsif, une vraie tête brûlée que seul le regard bleu gelé du garçon saurait refroidir.
Mais à coup sûr, non, pas lui...

A l'instant précis où il réalisa qu'il venait vraiment d'examiner la possibilité d'être en couple avec Kuroko, il sentit le rouge lui monter aux joues.
Et, évidemment, Takao ne manqua pas une miette de cet étonnant spectacle.

« Oh, Shin-chan ! S'exclama-t-il, éclatant de rire. Menteur ! Tu rougis, tiens, je le savais~ Allez, dis voir, qui c'est ? »

Gêné, surpris, pris de court, Midorima sursauta et détourna la tête, préférant fermer les yeux, et repousser une énième fois la monture de ses lunettes le long de l'arcade de son nez – ce qui, bien sûr, eut pour effet de faire rire son camarade encore plus qu'auparavant.
Le pauvre Takao rit tellement, à vrai dire, qu'il s'en tenait encore les côtes lorsque, d'un seul coup, le redoutable shooter de Shuutoku déclara :

« Kuroko Tetsuya. »

A cet instant, Takao fut si surpris qu'il en oublia de continuer à rire.


Collège Teikou, dernière année. La date était plus sûre, cette fois.

Le lieu aussi, et ce n'était pas la salle de sport – parce qu'il n'était plus question de sport, cette fois. Plus question de basketball. Plus question d'équipe. Plus même question d'Aomine ou de Kise ou de qui que ce soit d'autre.
C'était une période sombre pour tout le monde, sans doute, où chacun n'était plus que l'ombre de lui-même ; mais Kuroko Tetsuya avait toujours été l'ombre, leur ombre à tous, et maintenant, remplacé, supplanté, oublié, délaissé, qu'était-il donc ? L'ombre d'une ombre ? Une ombre encore plus sombre ? Ou, juste-

Un adolescent seul dans une salle de classe vide, stores abaissés, plongée dans les ténèbres, alors qu'il faisait si beau dehors. Les bras croisés sur un bureau, un livre fermé, le silence alentour et personne ne le remarquait. Les pensées perdues et le regard perdu, dans le vide ; lui-même égaré on ne savait trop où, comme si le monde s'était mis à tourner trop vite pour qu'il puisse encore suivre le cours des jours qui s'enchaînaient.

Ce jour-là, Midorima l'avait cherché.
Salle de classe, salle de sport, salle de musique, réfectoire. Cour extérieure. Le toit où dormait Aomine. Couloir où roucoulait Kise. Autre salle de classe – et puis, finalement, celle-ci. Il avait dû s'y reprendre à deux fois, mais le bleu imprimé dans son esprit l'avait aidé et, en fin de compte, il l'avait remarqué, il l'avait retrouvé.

« Tu es là. »

Trois mots.
Kuroko Tetsuya avait dû les entendre, mais il n'avait pas bougé. Pas sursauté. Pas tressailli. Même pas cillé. Comme s'il avait su, comme s'il s'y était attendu – mais c'était impossible, il ne pouvait pas savoir, c'était imprévisible, c'était eux, et- le principal restait qu'il était là. Midorima avait soupiré, l'air agacé, et fait un pas – était entré dans la salle.

Plusieurs mètres encore les séparaient mais, pour une raison indéterminée, dans cet instant, il les avait sentis incroyablement près ; comme si toute son attention était vouée à ce garçon devant lui, et comme si tout Kuroko n'appartenait soudain plus qu'à lui.

« J'ai appris que tu avais choisi le lycée Seirin, pour l'année prochaine. »

Aucune réponse.
En cet instant plus que jamais Kuroko méritait bien cette appellation de « fantôme » qu'on lui avait donnée, un jour, pour plaisanter – mais l'heure n'était pas à la plaisanterie, et tous deux l'avaient bien compris.

« Un lycée neuf et sans renom. Leur niveau est lamentable. »

Midorima avait marqué une pause, comme pour observer l'effet de ses mots sur son camarade, mais il ne s'attendait à rien, et il n'y avait à rien à quoi il puisse s'attendre. Kuroko était froid comme le bleu de son regard, au premier abord. Immobile et neutre et calme et insensible, sans émotions, sans sentiments, sans opinion.
C'était une attitude qui l'agaçait et le fascinait à la fois.

« Seul, tu es faible, mais entouré de bons joueurs, tu peux les faire gagner, avait-il alors soufflé. Et pourtant, tu as délibérément choisi de t'entourer de faibles. Tu ne vaincras jamais. »

A nouveau, rien. Le silence de la salle, et la pénombre, et rien. Kuroko semblait absent, plus encore qu'à son habitude ; et il était bien là, en chair et en os, mais il n'était pas là, l'esprit perdu ailleurs. A ce moment-là, il avait tourné la tête, et regardé Midorima ; mais ce dernier avait esquivé ses yeux, et le bleu qu'il s'était attendu à voir briller ne brillait plus que comme une lune que son soleil aurait délaissée. Leur regard ne s'était pas croisé.
Le bleu taché d'ombre grise scintillait de mille doutes que Midorima ne se serait jamais autorisés, et le simple fait de le savoir l'énervait. Alors, il avait remis en place la monture de ses lunettes, et il s'était approché.

« Seirin ne te mènera jamais à la victoire, avait-il déclaré, sérieux comme jamais. Si tu n'as pas oublié ce en quoi nous croyons, réfléchis-y. »

Il se tenait face à lui, maintenant, mais Kuroko ne le regardait pas. Toujours pas. Et ce n'était pas ce regard – le regard qu'il aurait tant voulu revoir –, et ses pupilles ne cessaient de fuir sur le côté, tout comme lui-même s'apprêtait à fuir, à les fuir tous dès l'année prochaine, et à fuir dans une direction aussi vague que le gris des stores abaissés de la salle de la classe.

Midorima, à cet instant, avait senti son cœur se serrer, et brûler en même temps. Il ne pouvait pas tolérer cela. Il n'y arrivait pas. Pire encore ; il ne voulait pas.

Et puis, c'était arrivé.
Kuroko avait soupiré, de manière imperceptible, au point qu'on ne l'aurait qu'à peine deviné en observant le mouvement de ses lèvres fines et pâles, et il avait relevé les yeux.

Deux yeux, deux orbes bleus qui soudain brillaient d'un nouvel éclat, qui n'était pas cet éclat mais qui lui aussi voulait dire tellement de choses à la fois ; plein de doutes, certes, mais ces mêmes doutes, dominés par tant de détermination, et une assurance qu'on n'avait encore jamais vue dans ces yeux-là, tant et si bien que Midorima n'avait pas répondu, pas reculé, ni réagi, même pas.

« J'apprécie ta considération, Midorima-kun, mais ma décision est prise. »

L'instant d'après, il était debout.

« Excuse-moi. Je m'en vais. »

L'instant d'après, il n'était plus là.

Parti, et le sentiment d'une absence, l'absence de quelqu'un qui n'avait jamais vraiment été là, comme l'absence d'une goutte d'eau parmi toutes celles qui peuplaient les fenêtres un jour de pluie, était tout ce qu'il avait laissé derrière lui.
Ça, et l'impression d'un regard bleu, froid, mais brillant, et décidé, qu'il avait jeté sur Midorima.


Voilà pour le premier chapitre ! =) J'espère que ça vous a plu.

J'ai déjà écrit les 4 chapitres suivants, donc je devrais pas mettre trop de temps à poster la suite... En fait, je pars à Berlin demain matin (voyage scolaire oblige :3), mais je serai de retour dimanche, alors je posterai sans doute le chapitre 2 dimanche =)

Merci de votre lecture, en tout cas ! A une prochaine, j'espère ! =)