Prologue
Il avait commencé à pleuvoir quand elle était sortie du métro. Elle ne portait qu'un gilet en coton et elle était à présent complètement trempée. Elle était arrivée sur la petite place depuis un bon moment mais elle ne bougeait plus. Malgré le froid qui s'insinuait insidieusement en elle, ses vêtements trempés qui lui collaient à la peau et son corps qui tremblait comme une feuille, elle ne bougeait pas de sa place, face à l'emplacement supposé de la maison.
La jeune fille était tout simplement morte de peur. Les évènements de l'après-midi repassaient en boucle dans sa tête comme un CD rayé. Son retour à l'appartement après une journée de shopping sur le Chemin de Traverse avec son père de passage à Londres, la fureur de sa mère quand sa peste de demi-soeur à qui elle s'était confiée avait révélé qu'elle avait parlé et vu son père, les hurlements, les insultes, et les coups qui s'étaient abattus sur elle par dizaines. Les ricanements de sa demi-soeur. La douleur dans son ventre et ses membres. Et sa magie qui bouillonnait d'une fureur protectrice en elle.
Avant qu'elle ne le réalise, sa mère avait été éjectée à travers le couloir pour se heurter violemment contre la porte d'entrée. La magie se chargea également de fermer définitivement la bouche de sa demi-soeur. Comme un automate, Théodora s'était levée, avait ramassé sa baguette tombée au sol et était sortie en titubant de l'appartement.
Elle avait marché jusqu'à la plus proche sortie de métro et ne s'était pas arrêtée une seule fois hors du train jusqu'à arriver sur cette place. Sa peur comme une motivation pour rejoindre un endroit, ou une personne avec qui elle n'aurait plus peur. Sauf qu'elle ne savait plus quoi faire. Devait-elle s'avancer, toquer à la porte et risquer de le revoir encore une fois avec une énième fille, lui brisant le cœur pour la deuxième fois ? Ou espérer qu'il ne soit pas là et qu'Albus soit seul témoin de son état ? Et si même Albus était absent, que se passerait-il ? Allait-on la laisser dehors ? Rejetée une nouvelle fois ? Pourquoi était-elle venue ?
Théodora se sentait lasse, mais la seule chose dont elle se souvenait c'était une parole de son père. Elle leva son pied et fit un pas sur la route, puis un deuxième, puis un troisième. Lentement, elle s'avança vers le bâtiment magique qui apparaissait peu à peu devant elle. Elle monta les marches tout aussi lentement. Et elle toqua.
Si c'est la peur qui te bloque, alors ouvre les yeux et saute dans le vide. Tu verras qu'il y aura quelqu'un pour te réceptionner.
- Théodora ? s'étonna la femme rousse qui lui ouvrit la porte, Par Merlin, mais tu es trempée ! Qu'est-ce que – tu as la lèvre fendue ou je rêve ?! Oh Merlin, rentres vite ! Mais enfin qu'est ce qu' il s'est passé Théo ? Demanda-t-elle une fois qu'elle l'eut tirée à l'intérieur de la maison
Et juste en entendant ce ton inquiet de cette femme, gentille, qui n'était même pas de sa famille, la jeune sorcière explosa en sanglot et le cri de détresse pure qu'elle retenait depuis des heures franchit ses lèvres.
