Jasper regarde autours de lui. Il a entendu une brindille craquer, il en est certain. Il a apprit à reconnaître ce genre de bruits, qui trahissent sans erreurs la présence d'animaux dans les parages. Il resserre sa prise sur l'arme qu'il a entre les mains et essaie de retenir sa respiration.

Ses yeux se posent sur Monty, son meilleur ami, lui aussi prêt à l'action, caché derrière un arbre à une dizaine de mètres. Celui ci lui indique un point vers la gauche d'un mouvement de la tête.

Il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour repérer ce que lui désignait Monty Un cerf qui se nourrit paisiblement de lichen à quelques mètres de là. De l'emplacement où il se trouve, il est impossible qu'il rate sa cible. Pas avec l'expérience qu'il a acquise au cours des nombreuses parties de chasses auxquelles il a participé depuis son retour du Mont Weather.

Cela pouvait paraître quelque peu étrange, mais après la perte de Maya, se consacrer à la vie du camp avait été le seul moyen qu'il avait trouvé pour garder la tête hors de l'eau. Il avait passé ses journées à cueillir des plantes aux vertus médicinales, à chasser pour ramener de quoi manger ou tout simplement à aider tous ceux qui avaient besoin de lui. Conscients de sa situation, certains de ses amis comme Monty ou Raven l'avaient sollicité un peu plus que nécessaire dans le seul but de l'aider à se changer les idées.

Évidemment, premiers jours avaient été très difficiles. Il dormait peu, ses nuits étant habitées par d'horribles cauchemars où il voyait, encore et encore, le visage de Maya se recouvrir d'affreuses brûlures alors qu'elle se tordait de douleur dans ses bras.

Cependant, cela faisait maintenant un peu plus d'un mois qu'ils étaient rentrés du Mont et si la douleur était encore présente, se rappelant à lui de temps à autre de manière vive et cruelle, sa colère s'était quelque peu estompée.

Le fait est qu'il tenait toujours Clarke pour responsable de ce qui était arrivé, mais qu'elle ne s'était toujours pas montrée au camp Jaha, ce qui l'avait aidé à penser ses plaies. Il en avait également longtemps voulu à Bellamy, mais ce dernier avait tout fait pour essayer de trouver les mots justes pour lui signifier à quel point il était désolé pour ce qui était arrivé, et sa sincérité l'avait quelque peu discriminé aux yeux de Jasper.

Il prend une inspiration silencieuse et remonte lentement son arme sur son épaule. L'animal ne s'est pas encore rendu compte de sa présence le vent emporte son odeur à l'opposé de sa proie.

Un sourire naît sur ses lèvres. Ils vont enfin pouvoir rentrer avec de quoi manger ! Un frémissement parcourt son corps alors qu'il s'apprête à tirer.

Un cris déchire le silence qui planait dans la forêt. Le cerf relève la tête, les oreilles plaquées contre son crâne et il ne lui faut pas plus d'une seconde pour s'enfuir en courant et disparaître à travers les bois.

Jasper se retourne vers l'origine du hurlement, sentant la panique l'envahir. Il a reconnu la voix de Monty.

Il bondit pour s'élancer en direction de l'arbre où était caché son ami quelques minutes plutôt. Il n'y a plus personne. Aucune trace de sang, aucun signe de lutte. Il n'y a plus le moindre bruit autours de lui. En quelques secondes, la forêt a retrouvé sa quiétude.

Ça n'a aucun sens ! Rien n'a précédé le cris. Pas le moindre craquement, pas le moindre bruissement qui aurait pu leur indiquer que quelqu'un s'approchait.

-MONTY ! Hurle le jeune homme alors que des gouttes de transpiration commencent à couler le long de son front. MONTY !

Seul l'écho de sa propre voix lui répond. Il prend sa tête entre ses mains. C'est impossible, c'est complètement impossible ! Ses jambes commencent à trembler. Ses yeux filent de droite à gauche sans pouvoir fixer un points précis, comme s'il espérait encore voir son meilleur ami surgir de derrière un arbre, s'esclaffant de la plaisanterie qu'il venait de lui faire.

Sauf qu'on ne fait pas ce genre de blagues sur Terre. Pas ici, pas dans un endroit si menaçant où s'éloigner du groupe peut être mortel.

Son instinct lui hurle de partir à la recherche de son ami. Il est forcément là, quelque part, il ne peut pas avoir disparu en si peu de temps ! Seulement il n'a aucune idée de vers où se diriger. Il ne dispose de rien, pas du moindre indice. Pas d'herbes piétinées, pas de bruits, pas de mouvements suspects.

-MONTY !

Toujours rien. Son ami doit l'entendre pourtant !

Sa lèvre inférieure se met à trembler alors que la panique commence à lui serrer la gorge. Il secoue la tête Il doit rentrer au camp immédiatement, pour rassembler une équipe et partir à la recherche de Monty. Et pour mettre tous les autres au courant Quelque chose ou quelqu'un, dans cette forêt, est capable d'enlever des hommes armés sans le moindre bruit et sans laisser la moindre trace derrière lui.