James Gillies était réellement mort cette fois ! Moi et William étions libres de nous aimer. Cette simple pensée me fit perdre mon souffle. Combien de fois avais je pu rêver de ce moment ? Je savais pourtant qu'il me restait encore une chose à faire et la tâche n'était pas des plus facile. Je devais convaincre William que Gillies était bel et bien sorti de nos vies pour toujours.

Mais quelle ne fut pas ma surprise en arrivant ce matin là dans le bureau de William, de voir qu'il était aussi convaincu que moi de la mort de Gillies.

Je ressentais une joie immense devant sa réaction et je ne remarqua pas tout de suite la façon avec laquelle William me regardait. Son regard était intense, plongé dans le mien, son sourire franc et charmeur. Il était redevenu le William que je connaissais si bien, Mon William. Il n'était plus rongé par les remords, par les doutes mais aussi par la peur que Gillies puisse s'en prendre encore une fois à nous. Dieu que j'aimais ce William si libéré et oserais je dire si passionné..

Je décidai alors de m'approcher de lui. J'avais plus que besoin de sentir ses bras autour de moi mais je savais pertinemment que c'était ni le lieu ni le moment pour de telles effusions. Et pourtant, j'approchais mon visage du sien lentement pour lui faire comprendre ce dont j'avais envie.

A mon grand soulagement, William ne se fit pas prier et posa ses lèvres sur les miennes. A peine eut-il le temps de poser ses mains sur mes hanches que George nous interrompit une fois encore.

Le moment était perdu mais le sourire de William en disait long. Je repartis en direction de l'asile plus vivante que jamais.

J'avais maintenant un avant-goût de ce que serait la vie avec William. Je n'oublierai jamais ce moment où il me fit tournoyer dans cette allée si sombre, dépourvue de passants, jusqu'à me plaquer doucement contre un mur pour m'embrasser. Je revois encore son regard et son sourire avant qu'il ne m'embrasse passionnément, oubliant où nous nous trouvions. Notre comportement était tout bonnement scandaleux mais ni moi ni William ne voulions nous arrêter pour rien au monde.

Nous eûmes toutes les peines du monde à reprendre nos esprits et finalement, après un dernier baiser, William me raccompagna chez moi.

Quelques jours plus tard, William vint me voir à l'asile pour m'annoncer qu'il avait terminé son enquête. C'était maintenant devenu un rituel entre nous. Lorsque William n'était pas trop occupé au poste de police, il passait par l'asile pour me raccompagner. Nous en profitions alors pour nous balader dans le parc à discuter d'une enquête. Pour mon plus grand plaisir, mon avis était très important pour William et il n'hésitait pas à me demander conseil. Nous aimions alors discuter pendant des heures entières.

Mais ce soir là, discuter avec moi n'était pas la priorité de William. Je pouvais le voir dans son regard. Notre discussion prit un tournant beaucoup plus personnel lorsque William me dit :

- Les femmes amoureuses peuvent être très déterminées

Je ne pouvais qu'être d'accord avec lui et il le savait. Son regard me sondait et je compris qu'il jouait avec moi à cet instant même.

Je le regardais droit dans les yeux et lui répondit :

- oui elles peuvent l'être »

Après m'être assurée qu'il avait bien compris mon message, je me dirigeai vers la sortie posant mes doigts sur l'interrupteur. Je me retournai vers lui lentement et appuya sur l'interrupteur. Malgré l'obscurité qui régnait maintenant dans la pièce, j'eus le temps d'apercevoir son regard empli de désir. Une seule fois j'avais pu être témoin de ce regard, juste une seule fois. Mes mains commencèrent à trembler et mon corps tout entier fut pris de frissons incontrôlables lorsque je vis William s'avancer vers moi. Il s'arrêta à quelques millimètres de moi et j'eus envie de crier de frustration. William avait vu la réaction qu'il avait provoqué en moi avec ce simple regard. J'allais l'attirer vers moi et le supplier de m'embrasser mais il le fit de lui même.

Ce baiser était bien plus intense et plus passionné que tous ceux que nous avions pu partager jusque là. Je m'accrochais désespérément à son cou pour prolonger ce baiser encore et encore. Mais des pas dans le couloir nous firent sursauter et brisèrent encore une fois ce doux moment.

J'éprouvai beaucoup de difficulté à reprendre mon souffle. William me sourit et m'entraina à l'extérieur du bâtiment. Une fois dehors, je fus étonnée lorsqu'il prit ma main dans la sienne et qu'il commença à marcher. Ce geste était très osé. Les couples se baladant main dans la main étaient rares voire pratiquement inexistants à Toronto. Mais William n'avait pas l'air de s'en soucier le moins du monde. Ses doigts caressaient les miens tandis que nous marchions en direction de ma demeure.

Mon cœur battait de plus en plus fort à mesure que nous nous approchions. Je voulais tellement l'inviter à rester un petit moment, simplement pour prendre un thé. Mais en réalité je savais que je voulais bien plus. Je voulais revivre ce moment de passion qui s'était envolé quelques minutes à peine.

Le moment tant redouté arriva et je me retournai vers William.

Son regard me déstabilisa et je me mis à bafouiller, incapable d'articuler deux mots l'un après l'autre lorsqu'il me regardait de cette façon.

"William voulez vous rester pour prendre un thé ?"

Sa réponse ne fut pas celle que j'attendais mais oh combien délicieuse. Il monta les quelques marches qui nous séparaient et posa ses mains sur mes hanches pour m'attirer à lui. Il m'embrassa avec toute la douceur du monde. Ce baiser était loin d'être aussi passionné que tout à l'heure mais il m'en bouleversa d'avantage. William prit son temps pour caresser mes lèvres, ses mains caressant mon dos de haut en bas. Il se sépara doucement de moi puis il vint poser un dernier baiser sur mon front.

"Je ne peux rester."

Il n'avait pas besoin d'en dire d'avantage. Je comprenais sa décision. Si William avait accepté mon invitation nous aurions été incapables de nous contrôler et il le savait autant que moi.

Il me sourit tristement avant de porter ma main à ses lèvres pour déposer un baiser. Puis il s'éloigna avant de s'arrêter au milieu de l'allée.

"Viendra un temps où je ne serai plus obligé de vous dire au revoir sur le pas de votre porte."

Il me regarda encore un long moment avant de disparaître. Une vague d'espoir m'envahit à ses mots et je me pris à rêver au moment où il me ferait enfin sa demande.