L'adolescent reposait dans un lit blanc, dans une pièce aux murs blancs, à laquelle conduisait un couloir tout aussi blanc, tout était blanc ici, même le teint du garçon, pâle comme un mort, la seule chose qui ne fut blanche dans cet environnement monochrome c'était les cheveux du jeune homme, noirs comme les plumes d'un corbeau.

Depuis presque six mois, le garçon gardait les yeux fermés, plongé dans un coma salutaire qui le coupait de l'horrible réalité qui l'entourait. Et pourtant, autour de lui, le monde, son monde était en fête et il en était le héros. Héros involontaire, héros forcé, choisit par d'autres, par deux vieillards, l'un dont le nom avait tellement symbolisé les ténèbres que peu de gens osaient le prononcer, et l'autre, symbole de lumière, symbole uniquement, adepte du « plus grand bien » il avait été prêt à sacrifier le garçon pour assurer la victoire du « bon côté ».

Mais l'enfant avait survécu, encore, une fois de plus, une fois de trop. Que valait la victoire quand on n'avait personne pour la partager ? Tous étaient morts, tous ceux qu'il avait pu considérer comme des amis, Hermione et Ron, les Weasley, Neville, Luna, Remus, Tonks, Kingsley, McGonagall, Dumbledore et même Rogue ! Tous étaient morts lors de la bataille de Poudlard ou avant. Tous morts, et lui avait survécu, encore ! Le survivant ! Ça avait été son « titre » pendant 16 ans, mais aujourd'hui il n'était plus le survivant, non, aujourd'hui il était le Sauveur !

Il avait affronté Voldemort, et avait gagné, élu de la prophétie, il avait tout fait pour mériter la confiance que ses amis avaient placés en lui, sans lui demander son avis d'ailleurs ! Comme pour le reste, il n'avait jamais eu vraiment le choix, on lui avait seulement fait comprendre qu'il était le seul à pouvoir le faire, le seul et l'unique, l'élu !

Le Sauveur ! Il aurait juste voulu être Harry, juste Harry, comme il l'avait dit des années plutôt à Hagrid quand il était venu le chercher « je suis juste Harry ». Et bien non, il n'avait pas ce droit-là, cela lui était interdit, il avait été le survivant, puis l'élu, l'indésirable n°1, et enfin le Sauveur, mais jamais Harry, pour personne. Même Ron et Hermione aussi dévoués qu'ils aient été ne l'avaient approché que parce qu'il était le survivant. Finalement les deux seuls personnes pour qui il n'avait pas été ce putain de survivant c'étaient Rogue et Malefoy, mais même Rogue était mort, tuer par ce « maître » qu'il trahissait avec un courage digne de gryffondor lui-même depuis 17 ans.

La bataille avait fait beaucoup de morts, de deux côtés, et beaucoup de dégâts, mais le Sauveur s'en était sorti sans blessures sérieuses, jusqu'à ce qu'il réalise que tous ses proches étaient morts. Alors, épuisé, et pratiquement brisé par le chagrin, il avait sombré dans un coma magique qui le protégeait de la réalité. Bien évidemment le Sauveur avait été emmené en urgence à Sainte Mangouste, il fallait rassurer le peuple, même si beaucoup de responsables pensaient en leur for intérieur que le monde ne se porterait pas plus mal si le garçon restait dans le coma, voir décédait malencontreusement.

Mais il était le survivant, et en tant que tel était un intime de la mort, et visiblement la dame noire semblait avoir renoncé à faucher le garçon, car aucune des tentatives menées pour se débarrasser de la menace potentielle qu'il était n'avait abouti.

Alors on s'était lassé, on l'avait laissé à son sommeil, dans une aile lointaine de l'hôpital où il était le seul résident, où seul quelques médicomages et infirmières avaient le droit pénétrer, une aile lourdement gardée, soi-disant pour empêcher toute tentatives malfaisantes sur la personne du Sauveur. Mais en réalité le garçon était doublement prisonnier, de son corps et de cette aile de l'hôpital dont on ferait en sorte qu'il ne sorte jamais vivant.

Ce qui fut le cas d'une certaine façon !