Il y a toujours eu deux type de magie, chacune s'opposant, comme chaque chose en ce monde.

L'équilibre est fait car rien ne devient plus fort que son opposé.

La haine ne dépasse pas l'amour

La soif de vengeance ne vaut pas plus que le pardon

Les ténèbres ne surpassent pas la lumière...

Du moins c'est ce que je voulais croire en montant petit à petit cette pente rocheuse. Une odeur d'humidité flottait dans l'air, rendant chaque chose plus odorante. Le bois pourrit, les pierres glissantes, la terre boueuse... Les nuages menaçaient encore, mais je savais qu'il ne pleuvrait pas tout de suite, parce que je savais qu'il avait les yeux posé sur moi. Car le beau temps ne surpasse pas le mauvais, car la lumière n'est pas au dessus des ténèbres, mais que moi j'ai choisi d'aller vers eux...

Je sens la pente sous mes pieds nus toujours plus glissantes, les roches acérées me taillent les pieds, j'avance toujours à contre-courant contre ce vent puissant qui fait tout pour me repousser. Mais aussi bien me repousse-t-il, aussi bien m'accueille-t-il dans son royaume : depuis bien trop longtemps à présent j'ai tout fait pour obtenir les marques qui feront de moi la digne héritière de ce pouvoir qui m'attend en haut de cette montagne, je ne peux plus reculer, mon passé comme mon avenir sont en jeu. Les nuages noirs se sont rassemblés, et je sens bientôt la pente s'adoucir, les rochers boueux être remplacés par une terre trop sèche pour l'humidité qui règne. Ici, le vent a brusquement cessé, comme pour me laisser seule aucun bruit ne survient, comme si tout était figé, les couleurs sont grises ici, tristes et sombres. Seuls les nuages tourbillonnant au dessus de cette place étrange comme si elle en était le centre. Je sais très bien ce que je dois faire à présent, et il n'est plus question de refuser. Le moindre pas en arrière me serait fatal, il est temps d'aller de l'avant, de laisser ce qui est derrière là où il est. Bientôt j'abandonnerai tout ce qui fait de moi ce que je suis, je le crains, mais il le faut.

Le centre de la montagne qu'ils appellent « La Montagne du Roi » semble vivante, des sensations de froid et de chaud sous mes pieds meurtris semblent se battre, comme en tentative de déséquilibrer pour de bon l'ordre de ce monde. Allez savoir à quoi bon cherchent-ils à faire cela, déséquilibrer le tout ne ferait que les détruire. Mais qu'en sait-on, piètres vivants ?

« Toi, Ô maître à la recherche du chaos... »

L'orage répondit à ma voix pourtant si tremblante. Je prenais lentement mon inspiration, ramenant mes bras levés devant moi, fermant les yeux : le ciel était toujours plus noir et les nuages continuaient de tourbillonner tel une tempête.

« Écoute les vœux de celle qui désire ton pouvoir. »

Le vent se remit à souffler sur la placette en pierre, et à mes oreilles son sifflement me paru semblable à celui du souffle d'un vieillard. Je sentais son regard sur moi, scrutant chaque parcelle de mon corps, surveillant chaque vacillement de mon âme. Je sais qu'au moindre faux pas, ma venue sera sans suite. Je ramenais mes mains contre ma poitrine en lâchant un long soupir de malaise, murmurant en derniers mots :

« Cesse de te cacher... Roi Démon. »

Cette fois-ci, les sombres nuages qui menaçaient depuis peu s'abattirent sur la placette, m'assaillant de toutes parts. Le sol devint glacial, en moi s'éleva un froid qui me semblait mortel. Tous mes muscles étaient tendus mais mes membres frémissaient. Mes jambes tremblaient tant que je les sentais presque se dérober sous mes pieds : j'étais terrifiée. Je n'ai entendu que ce que l'on disait en surface de ce pacte, je n'avais aucune idée de ce qu'il se passerait si je faisais erreur. Mon Dieu, dites-moi que je ne me suis pas trompée... Tout devint noir autour de moi, les nuages me semblaient être un voile de fumée opaque. Un souffle se glissa à mon oreille, à la fois glacial et brûlant.

« Pour quelles raisons un simple humain ose-t-il déranger mon observation ?

-Roi Démon... »

Ma voix semblait résonner à mes oreilles, comme si elle restait enfermée en moi. Je relevais les yeux vers le haut de ce cyclone noir qui m'entourait : en haut, le ciel ressemblait à une échappatoire. Si j'avais eu des ailes, la terreur m'aurait emportée là-haut, en sécurité... Je m'étais moi-même laissée coincer. Je reportais mon attention face à moi, et dans le voile obscure se découpa un éclat étrange. Il m'observait encore et toujours, comment pouvait-il dire que je dérangeais son observation quand celle-ci était fixée sur moi ? Je déglutissais avec difficulté.

« Ce que l'on dit sur votre plaisir à mentir est donc vrai.

-Crois-tu les rumeurs ?, répondit sa voix soupirante avec un son qui ressemblait à un rire.

-Lorsqu'elles concernent le Malin, je pense pouvoir leur faire confiance... »

Le Roi Démon rit à nouveau. Il s'amusait de notre discussion. Je me laissais aller à un sourire nerveux, mais mes mains ne voulaient pas quitter mes épaules tremblantes et je sentais mes dents claquer, je n'aurai su dire si ce fut de terreur ou de froid.

« Alors, Lucy Heartfilia... »

Je me figeais à l'entente de mon nom. La véritable discussion allait débuter... Je me mordis la lèvre inférieure, les yeux fixés sur ce point lumineux, les sourcils froncés.

« ... ou devrais-je dire Héritière ?

-Qu'importe le nom que l'on me donne, je ne suis ici que pour une chose.

-Énonce ce souhait qui brûle tes lèvres, humaine. »

Mon souhait... ? Mes bras retombèrent le long de mon corps, je fermais les yeux. Tant de choses s'étaient passées depuis que j'avais débuté ce voyage. J'avais surmonté tant d'obstacles pour obtenir uniquement quelques distinctions aux yeux de ce Roi Démon. Des obstacles immondes... Il était temps pour moi d'achever ce voyage. Ou plutôt d'en commencer un nouveau.

« Je suis ici pour obtenir le pouvoir Ultime. »

« Et quel est-il ? »

Il se jouait de moi. Je rouvrais les yeux, fixant une dernière fois le ciel. Adieu, liberté humaine.

« Je souhaite devenir la Reine des Démons. »

Un long rire rauque et sinistre dans lequel sembla se faire entendre le craquement sinistre d'un coup de tonnerre retentit soudain, s'élevant vers le ciel sur lequel se referma les nuages noir. La tempête sombre se dissipa avec un hurlement de loup. Je crus un instant que la force du vent allait me détacher du sol, mais tout cessa soudain. Dans le ciel, les nuages courraient, grandissaient, déferlaient sur les lieux tel un voile de Nuit Éternelle. Écartant mes bras que j'avais ramenés devant mon visage pour le protéger de ce vent violent, je pu découvrir de mes propres yeux la silhouette du Roi Démon. Sur cette ombre plus noire que la nuit, un sourire sembla se découper, comme si de ses lèvres s'échappaient une lumière qui aurait engloutie. Je ne distinguais ni ses yeux ni son visage, et les contours même de sa silhouette pour tout dire semblaient presque trop flous. Je reculais légèrement, méfiante, sans pour autant quitter des yeux cet être majestueux et mystérieux.

« Héritière de mes pouvoirs... »

Je relevais la tête d'un air toujours plus surpris. Sa voix semblait soudain plus proche, moins soupirante, mais j'avais du mal à en distinguer les tonalité. On aurait dit que plusieurs voix se faisaient entendre, et pourtant je n'en distinguais aucune, comme si elles étaient toutes faites pour retentir ensemble d'un même son. Le Roi Démon tendit alors la main : au centre de sa paume brilla alors l'étrange lueur que je fixais plus tôt.

« Toi qui te pense digne de mes pouvoirs,

Toi qui a prouvé que tu en était marquée,

Débute ton nouveau Voyage. »

Une violente douleur traversa mon ventre. Je ne pu retenir un violent cri de douleur qui s'échappa de mes lèvres pour se précipiter vers le ciel d'un noir pur. Cette fois-ci, mes jambes ne supportèrent plus mon poids, et ma joue vint rencontrer le sol glacé. Je parvenais à peine à garder mes yeux humides de douleur fixés sur lui : le Roi Démon sourit en rabaissant sa main, se mettant de côté en achevant de murmurer ses derniers mots :

« Ces quelques pouvoirs te permettront d'invoquer des sujets pour te protéger de tes futurs sujets. Va, Lucy Heartfilia. Combat l'Ombre et la Lumière. J'ai hâte d'en être à notre prochaine rencontre, montre que je ne me suis pas trompé à ton sujet. »

Son corps, peu à peu, s'évapora en un nouveau voile de nuages sombres et s'éleva vers l'ombre qui se dessinait dans le ciel. Peu à peu, sa forme se précisa : deux grandes ailes recouvraient le ciel, en cachant les étoiles et se dilatant toujours plus loin, engloutissant tout le ciel alentour. La douleur se dissipa peu à peu, et je pus me redresser. À genou sur la placette, je fixais le ciel d'un regard épuisé par les événements. Il était si étrange... Mais j'avais décidé de suivre son chemin pour devenir la Reine des Démons, coûte que coûte. Quand bien même que je ne sois qu'une simple humaine, quand bien même que je fusse haïe par toutes ces créatures des ombres pour ce que je suis à l'origine...

Avant même d'ailleurs que je n'eus le temps de me remettre de cette épreuve, des bruits se firent entendre autour, tel un orchestre de murmures et de pas discrets. Bien vite, des ombres se hissèrent sur la place, de plus en plus nombreuses. Il y eu des cris de désapprobations, des regards assassins... Et je savais qu'ils étaient tous tournés vers moi. Je me redressais avec un soupir, époussetant mes genoux, écoutant d'une oreille distraite les avis des créatures des ombres qui m'entouraient...

« Comment est-ce possible ?

-Elle n'est même pas démon...

-Pire, elle n'est même pas des nôtres.

-Pas même une créature impure...

-Je n'y crois pas ! »

Je relevais la tête à l'entente de cette voix plus forte que les autres. Quelqu'un me défiais donc déjà. Cet homme semblait particulièrement nerveux : il jouait de longues griffes arborant ses doigts en me fixant, tête penchée sur le côté comme un tic.

« Elle doit juste être arrivée après coup. Humaine, où est passé celui qui a passé le contrat ?!

-Au vu de ton niveau d'intelligence il aurait pu te passer sous le nez sans que tu le voies. »

L'individu vit rouge, abattant en un rien de temps ses griffes sur moi. Je ramenais mes bras devant mon visage en piètre défense rien ne vint. Après quelques secondes j'entendais quelque chose retomber lourdement au sol en hurlant de douleur. Mes yeux fixés sur le corps de cette homme qui tournait et se retournait en tenant son bras tranché, je tremblais de surprise. Alors... le Roi Démon disait vrai ? Mes yeux remontèrent vers celui qui venait de me sauver. Si le Roi m'avait dit la vérité, cette armure noire qui devait bien faire dans les deux mètres, portant une grande hache d'une main et restant stoïque devant les grognement des créatures qui lui faisaient face n'était autre alors qu'une invocation destinée à me protéger. Je soupirais discrètement de soulagement, m'avançant un peu à côté de cette invocation en baissant un regard ne se voulant pas trop désolé vers la créature qui venait d'en perdre son bras. Ils sauraient maintenant, tous, qu'à s'attaquer à moi ils s'y briseraient les crocs.

« Ne vous en déplaise, je suis héritière des pouvoirs de la Reine des Démons. »

Je relevais la tête vers tous les autres : ils me fixaient avec méfiance et haine.

« Vous pouvez vous agenouillez ou m'attaquer, cela m'est égal. Je recevrai coûte que coûte les pouvoirs qui me sont dus. »

Pas de réponse cette fois-ci, ils se contentaient d'analyser la situation. Je soupirais, posant ma main sur le bras de l'armure : elle disparu soudain en fumée noirâtre et fut remplacée soudain, dans ma main, par une clé noire ornée de pointes. Était-ce la marque de mon pacte avec le Roi Démon ? Le chemin s'annonçait long et laborieux avec uniquement une invocation en poche contre des centaines de démons, je ne savais même pas si je parviendrais à sortir de cette place sans y perdre un bras. Malgré tout, il le fallait, et c'est donc d'un pas assuré que je me dirigeais droit devant moi pour repartir. Contre toute attente, personne ne s'interposa : c'était la loi du plus fort, ils ne pouvaient rien ici contre moi alors que je savais à propos de leurs plans de m'attaquer, ils s'écartèrent donc sans plus de protestations, silencieux. Je traversais ainsi plusieurs bon mètres avant que quelqu'un, une fois de plus, ne me bloque la route. Sa présence, bien ancré devant moi, les bras croisés et le regard dur arracha des grognements tout autour, comme s'ils se préparaient à tous attaquer. Je frissonnais de terreur mais ramenais la clé devant moi, lui tenant tête.

« Tu comptes aussi te battre ?

-Y'a pas de raisons. »

Les grognements se firent plus désapprobateurs. À ma grande surprise, ce jeune homme au regard sévère, portant deux cornes dépassant de ses cheveux roses en bataille ne présentait aucun sentiment hostile. Au contraire, il semblait même plutôt détendu. Je baissais la tête, méfiante.

« Je... Je comprends, je vais simplement passer mon chemin...

-Je t'accompagne. »

Quoi ? C'était à présent un air ahuris qui devait flotter sur mon visage alors qu'il décroisait les bras avec un sourire en coin. Il devait se moquer de moi.

« Tu accompagnerais une humaine ?

-Tu es l'Héritière maintenant, non ? Alors tu es des nôtres. »

Il y eu des rires jaunes dans l'assemblée, certains levèrent les yeux au ciel, d'autres encore grognèrent de plus en plus fort. À première vue, ce jeune homme n'obtenait pas l'approbation de ses semblables. Je clignais des yeux, attendant la suite.

« Je n'abandonne pas ma famille. »

Cette fois-ci, j'éclatais de rire à la surprise générale.

« Ta famille ? Ahah, tu es amusant...

-Amusant ? », répéta-t-il d'un air perplexe.

Je lui souriais : oui, décidément il était amusant, décider que ceux qui nous entouraient étaient sa famille. Et m'accepter comme ça... Il avait quelque chose de rassurant et impressionnant, et surtout qu'il m'accepte ainsi me faisait étrangement plaisir... Je m'avançais vers lui, ramenant la clé dans mon dos et lui tendant la main avec un sourire chaleureux et rassuré.

« Alors soit, tu viendras avec moi. Je suis Lucy Heartfilia, héritière des pouvoirs de la Reine Démon. »

Il parut lui-même un instant surpris mais finalement accepta ma poignée de main et sourit, un sourire si beau que j'en rougissais légèrement : il était étrangement rayonnant. C'est un comble pour une créature des ombres...

« Natsu, dragon. Allons-y, Lucy ! »


Voilà ! J'avais d'abord envoyé cette fiction, Pandémonium, sur Skyblog pour une sorte de partage avec une partenaire, mais finalement j'ai une large préférence pour la communauté de ce site que pour celle de Skyblog exclusivement qui est quelque peu... difficile à toucher ? Enfin bon. Évidemment, je ne peux pas envoyer tout ce que j'envoie sur Skyblog ici aussi : il y a des chapitres hors-sujets ainsi que des dessins des personnages du point de vue de la fiction (réalisés par ma soeur), et si vous voulez les voir il faudra jeter un oeil au blog (dans mon profil se trouve le lien), mais dans l'ensemble vous aurez ici la fiction complète. Je vais envoyer un chapitre toutes les deux semaines, question de ne pas tout envoyer d'un coup et prendre trop de retard comme je le fais à chaque fois. (D'autant plus qu'une fois de plus je suis bloqué sur le sixième chapitre comme pour Complainte d'un Petit Soleil, ma sœur doit avoir raison j'ai une malédiction avec le chapitre 6.)

En espérant que cette version un peu particulière de Fairy Tail, basée sur le contexte d'une vieille histoire qu'on avait écrite avec un groupe d'amis, vous plaira.

MihaRasu.