Chapitre 1
"Okay, un Bionic Woman Burger, avec de la mayonnaise et avec la vinaigrette supplémentaire, et un milk-shake," Maria DeLuca répéta l'ordre au patron du Crashdown Cafe. Ce sera tout ? L'homme hocha la tête, et lui remis le menu dans les mains. "Bien". Je serai de retour bientôt avec votre milk-shake," dit-elle avec en souriant, puis elle mit le menu sous son bras et retourna derrière le comptoir.
Elle grimaça quand elle sentit ses orteils remuer dans ses espadrilles pendant qu'elle marchait sur le plancher, la petite douleur lui rappelait seulement le mal dans son épaule gauche et comment son chef la rabrouait incessamment. Malheureusement, elle ne travaillait seulement depuis une heure et le Crashdown était exceptionnellement plein pour un vendredi soir, mais elle avait désespérément besoin d'une pause.
Le stress de la semaine passée avait sérieusement rendu son corps noueux et elle avait grand besoin d'une journée sans avoir à demander à personne s'ils voulaient des frites avec leur hamburger.
"Vous allez ici, Jose," dit-elle en déchirant le morceau de la feuille et en remettant la séparation entre le comptoir et la cuisine.
Le chef hispanique lui fit un clin d'œil. "Merci, chérie."
Maria leva les yeux au ciel. "Impossible, Jose, impossible " lui rappela-t-elle. "Toute sorte de rapport entre nous serait tristement illégale dans... ah oui, tous les états."
"Je devine que je devrais simplement attendre tes dix-huit alors," plaisanta-t-il.
Elle répondit sarcastiquement, "je compterais les jours." Maria retourna attendre ses clients, puis se figa et pâlit quand elle vit les deux adolescents qui venaient juste d'entrer dans le Crashdown. Elle se retourna vers eux et fait un signe pour le discret, Max et Michael remarqua son départ précipité.
La porte se ferma derrière elle, et elle jeta un coup d'œil par la fenêtre circulaire. Les deux adolescents s'étaient juste installés à leur table habituelle, et attendaient patiemment une serveuse. Maria poussa un soupir de soulagement, reconnaissant qu'elle ne devrait pas lui faire face, et elle s'assit sur le vieux divan qui signifia une sorte de pause. "lui" étant Michael, naturellement. Cela faisait maintenant un mois qu'elle pouvait à peine être en sa présence sans agir comme une idiote, mais maintenant elle était maladroite. Spécialement depuis qu'elle était restée seule dans ce motel avec lui et qu'elle luiavait dévoilé des choses très personnelles. Elle était devenue si maladroite que toutes les fois oû Maria le croisait dans une salle ou quand il passait devant elle dans les couloirs, elle évitait tout contact ou regard et se précipitait dans la salle de classe disponible la plus proche, feignant de ne pas l'avoir vu.
Les choses étaient meilleures quand il ne savait absolument rien sur elle, quand elle était seulement "l'amie de Liz" et rien d'autre. Elles étaient meilleures quand elle ne savait absolument rien au sujet de lui, quand il était seulement "un type qui traîne avec Max " et quand elle l'avait assimilé à un être humain. Je veux dire, il l'intimidait assez quand il était juste un adolescent, mais dire "je suis une forme de vie complètement différente" il y a de quoi être nerveuse.
En fait il était probablement le garçon le plus irritant et le plus arrogant qu'elle n'ait jamais vu, et elle voulait l'éviter autant que possible.
Maria se cala plus confortablement dans les coussins. Parfois elle se demandait ce qui se serait produit si elle n'avait jamais découvert que les Tchécoslovaques étaient... des Tchécoslovaques. Peut-être pourrait-elle réellement avoir une existence d'adolescente normale où les extraterrestres étaient justes quelque chose qu'elle avait connue comme des personnages à la télévision.
C'était alors que Liz est entrée dans le coin des employés. En notant que sa meilleure amie s'était effondrée sur le divan, perdu dans ses pensées profondes, ses grands yeux bruns ouverts. S'asseyant à côté d'elle, elle lui demanda, "hey ? Tu vas bien?"
"J'ai juste une migraine monstre et j'ais mal partout," répondit Maria, elle secoua doucement sa tête. "Aucun problème."
"Tu veux un Advil?" lui offerit Liz. "J'en ai dans ma poche. Je peux aller t'en donner un tout de suite."
"D'accord" dit Maria en fermant des yeux et posant ses pieds sur la table de café devant elle. "Je dois juste me reposer un peu. Ou prendre des vacances de deux semaines vers Hawaï avec Matt Damon. L'un ou l'autre."
Liz sourit à la tentative de plaisanterie de Maria. "Pourquoi ne resterais-tu pas à la maison ?" suggéra-t-elle.
Maria ouvrit un oeil et regarda fixement vers le haut. Liz continua, "je veux dire, c'est assez mort ce soir et tu as besoin de repos, particulièrement après tout ce qui c'est produit récemment."
"Tu es sûre ?" demanda Maria en ouvrant son autre oeil.
"Bien sûr" insista Liz. "Tu as besoin de sommeil."
Michael regarda autour du Crashdown anxieusement. Pour une personne habituée, il semblait être un client irrité et affamé attendant impatiemment de passer sa commande. C'était à moitié vrai. Il voulait également vérifier que Maria n'était nulle part en vue. Il l'avait vu un temps autour de l'école les derniers jours, et elle avait agi étrangement.
Ok, un peu plus étrangement que d'habitude.
Chaque fois qu'il l'a croisait dans les couloirs, elle courait pratiquement dans la direction opposée, une expression étrange sur son visage. Je veux dire, elle dégageait cette impression depuis qu'elle savait qu'ils étaient... différents. Mais maintenant ces réactions devenaient plus nombreuses et intensifiées, particulièrement après leur petit voyage d'il y a quelques jours.
Et il était spécialement concerné.
"Salut Max, Michael" Liz les salua gentiment, préparant un stylo pour noter leur commande.
"Salut Liz," dit Max en rougissant légèrement. Michael réprima un gémissement, priant que peut-être pendant un jour ce ne sera pas tellement évident que son ami tournait autour de Liz Parker. "Nous prenons tous les deux comme d'habitude," dit Max en faisant des gestes vers Michaelmalgré maintenant ses yeux étaient concentrés sur l'objet de son affection.
"Alors, Liz," dit Michael en interrompant le regard intense des deux adolescents. "Tu t'occupes du Crashdown seule ce soir?" demanda-t-il en essayant de rester naturel.
"Ouais," répondit-elle en notant leur commande. "Maria a dû rentrer plus tôt chez elle."
Son visage changea momentanément, puis il essaya rapidement de masquer le fait qu'il soit inquiet. "Elle va bien ?" dit Michael en pensant qu'il pourrait se contrôler.
"Oh, elle va bien, elle va bien" répondu Liz rapidement. "Elle a juste eu un mal de tête. Elle s'est sentie moins bien, avec l'école et ... hum ... avec tout ce qui s'est passé récemment." Elle resta là maladroitement un moment avant de réaliser ce qu'elle devait faire. "Bien, ok, je serais de retour bientôt avec votre commande."
Max observa Liz disparaître dans la cuisine. Quand il détacha finalement son regard de Liz, il remarqua l'expression amusée sur le visage de Michael. "Quoi ?"
"En douceur, mec, vraiment en douceur," Michael grimaça en se tenant vers le haut de la banquette. "Quand Liz reviendra avec les plats, dit lui simplement de décommander le reste de ma commande, okay ?"
"Où vas-tu ?"
"Je dois aller m'occuper de quelque chose," dit-il par-dessus son épaule pendant qu'il marchait vers la porte. " A plus tard."
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Maria appuya sur la touche pause de son magnétoscope avec la télécommande et se leva du sofa. "Je viens, je viens," dit-elle à la personne qui avait sonné à la porte. Elle resserra la ceinture autour de son peignoir bleu-clair, cachant son pyjama avec Kermit la grenouille, et essaya de lisser ses cheveux avant de répondre à la porte. "Quoi…"
La porte s'ouvrit pour révéler un Michael Guerin légèrement désorienté, se tenant inconfortablement devant sa porte et tenant un sac de papier brun. "Hey."
"Hey" répondit-elle, troublée en sa présence. Après un moment de silence tendu, elle essaya d'éclairer la situation. "Nous avons déjà commandé nos biscuits aux scouts, désolés."
"Oh, mince, j'espérais que tu m'achèterais des boîtes de Thin Mints. Là disparaît mon rêve perpétuel d'aller camper avec les scouts, " répondit-il. "En fait, je suis ici pour une mission entièrement différente."
"Quoi, tu as encore besoin de m'emprunter ma voiture ?"
"Non"
"Alors quoi ?"
"Apparemment, quand les gens sont malades, c'est une tradition de leur apporter de la soupe de poulet" dit Michael. Maria, étonnée par tant d'attention, lui fit un sourire, ce qui le gêna un peu. "Liz a dit que tu ne sentais pas très bien, alors ... hum, tiens," marmonna-t-il, en lui donnant le sac. Leurs mains se frôlèrent légèrement, et son cœur s'emballa au contact de la chaleur de sa paume.
"Merci," dit Maria sincèrement en l'acceptant aimablement. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur avec précaution.
"Ne t'inquiètes pas, c'est juste de la soupe de poulet" dit-il en souriant. "Comme si j'avais eu la tentation de mettre quelque d'autre chose dedans."
Elle rougit légèrement, alors rapidement elle essaya de se rattraper. "Bien, on n'est jamais assez prudent."
"Ouais ça toujours été ma devise," répondit Michael avec un ton plus sérieux, mettant ses mains dans les poches de son jeans. Il soupira et regarda vers ses chaussures pendant un moment, puis continua, " je viens également parce que je dois te parler. Je ne t'ai pas encore fait des excuses pour... pendant le voyage. Je ne devais pas …"
"Non, Michael, c'est bon," dit-elle en l'interrompant. "je comprends …"
"Non, c'était une chose stupide à faire, voler ta voiture…"
"Hey, ce n'était pas stupide," elle insista. Michael se tenait là silencieusement, puis dit d'un ton impressionnant. "Ce n'était pas stupide," Maria répéta plus calmement. "Ca ne l'était pas."
"Qu'est-ce qui te fait dire ça ?" demanda-t-il, un froncement de sourcils triste sur son visage. "Nous n'avons rien trouvé. C'était une perte de temps."
"Non, ça ne l'était pas. Vous avez essayé, au moins... et... " Maria se mordit la lèvre, cherchant comment mettre dans des mots ce qu'elle pensait. Elle marcha vers lui et s'assit sur les marches du porche. Elle tapota l'espace vide à côté d'elle, lui faisant signe de s'asseoir. Michael hésita au début, puis lentement s'assit près d'elle.
Maria respira lentement, essayant de mettre dans des mots ce qu'elle ressentait. "Tu te rappelles la semaine des métiers à l'école ?"
"Celle oû je ne suis pas venu ?" répondit Michael avec un sourire quelque peu malfaisant sur son visage.
Maria rit doucement. "Ouais, celle-là. Très futé, d'ailleurs." Elle fit une pause avant de continuer, son expression devenant plus sombre. "Bien, quand même. Topolsky m'a demandé ce que je voulais faire dans dix ans, et oû je me suis vu dans dix ans, et blablabla blablabla... Je n'ai eu des réponses à aucune des questions que je me suis posée. Je n'ai absolument aucun indice de ce qui va m'arriver, ou qui je suis réellement." Elle se tourna vers son regard, un regard. "Mais si quelqu'un me donnait l'occasion de découvrir ces choses, qui je suis, qui je deviendrai, où je serai... Je la prendrais. Tu ne trouveras peut-être rien, Michael, mais si tu ne prends pas cette chance, elle te hantera pour le reste de ta vie."
Le comportement de Michael sembla être différent après qu'elle ait dit ces mots, une sorte d'incompréhension et de familiarité.
"Alors ce que tu as fait n'était pas du tout stupide" dit Maria. "J'aurais fait exactement la même chose."
Michael souria. "Tu l'aurais fait ?"
Maria hocha la tête, et la grimace de Michael est devenue encore malfaisante. Il plaça doucement sa main dans la sienne. Elle lui lança un regard confus. "Fermes tes yeux," chuchota-t-il en guise de réponse.
Elle obéit, bien que son cœur fasse des bonds dans sa poitrine. La main de Michael serra son poignet, et puis...
Flash Elle vit des images d'elle se regardant dans un miroir, ajustant nerveusement un voile de mariée placé sur sa tête.
Flash Elle vit une longue allée dans une chapelle qu'elle parcourut en marchant vers le centre, avec un sol couvert de pétales de roses blanches.
Flash Elle se vit monter les marches à l'autel de la chapelle, décoré de grands bouquets de fleurs et de rubans.
Flash Elle vit un homme se tenir à côté d'elle.
Et elle vit pourquoi son cœur s'emballait toutes les fois oû elle était avec Michael Guerin.
A chaque battement de son cœur venait une image différente et merveilleuse. Alors soudainement son souffle ralentit, et les flashes lumineux ont disparu. Maria ouvrit progressivement ses yeux pour trouver Michael qui la regardait fixement et impatiemment, désireux de savoir ce qu'elle avait vu, si cela fonctionnait. "Alors ?"
"J'ai vu... J'ai vu que... "elle bégaya. Maria prit une profonde respiration. "Je me suis vu. Et j'étais heureuse."
Le sourire de Michael s'élargit. "Super."
A suivre ...
