Hello !
I'm back avec une nouvelle courte fic' (Un SB/OC, encore. Je crois que je ne sais faire que ça --' ) en 3 chapitres assez longs, qui me tenait assez à coeur. Je l'ai enfin finie et corrigée et re-corrigée, alors je la poste pour les touristes qui sont en vacances bientôt (et dont je fais partie, donc ce n'est pas péjoratif !)
Disclaimer : Tout est à JKR, si vous vous posez encore la question... Sauf Alina et les différentes références culturelles, qui là, appartiennent à tout le monde.
Donc voila le premier chapitre ! J'aimerai vraiment avoir votre avis... Sur Alina, sur ses sentiments, sur les actions... Réalistes ou pas ? Mary-Sue or not ? Vous aimez... Ou au contraire vous détestez ? Pourquoi ? Tout ça m'intéresse énormément, parce que j'ai eu plusieurs avis différents de plusieurs premiers lecteurs... Donc j'attends les vôtres ! Merci d'avance =)
Bonne lecture !
xxShimyxx
I /Free Love
Ce n'était pas romantique. Ce n'était pas mignon. Ce n'était pas amoureux. Non, bien sûr que non. Ce n'était pas tendre. Ce n'était pas doux. Ce n'était pas amant. Non, évidemment. Ça ne pouvait pas être comme ça. C'était dur, brutal, imposé, violent, dénué de sentiments et d'amour. Comme d'habitude. On aurait pu dire que depuis le temps, Alina s'y serait habituée. On aurait pu le croire. On l'aurait voulu, bien sûr. Mais non. Elle se laissait faire, elle se laissait embrasser. Elle se laissait déshabiller, elle le laissait faire ce qu'il voulait. Elle obéissait. Et après qu'il eut lâché son nom dans un grognement, dans un aboiement, elle se relevait, le recouvrait d'une couverture, s'habillait et sortait doucement. Comme ça, quand il reprendrait ses esprits, il n'aurait pas besoin d'attendre. Ils ne devaient pas être vu ensemble. Il ne voulait pas. Et même si elle n'était pas d'accord, elle se laissait faire. Encore et toujours. C'était comme ça, elle n'y pouvait rien.
Elle ne savait plus depuis combien de temps ça durait. Elle l'ignorait, elle avait perdu le décompte des jours, des mois dans la routine douloureuse qui s'installait. Ça pouvait faire seulement un mois, mais ça paraissait plus. Ça pouvait plus d'un an, et ça paraissait moins. Elle ignorait totalement, elle avait perdu tous ses points de repère. Tous sans exception. Elle les avait tous laissés dans l'habitude qui venait, dans l'attente, dans l'espérance. Ou pas, elle ne savait plus. Elle ne savait même plus si elle avait attendu ou espéré. Parfois elle voulait que ça s'arrête, mais elle savait pourtant – et c'était peut-être la seule chose qu'elle savait - que si ça s'arrêtait, elle perdrait une raison de vivre. Elle perdrait quelque chose auquel elle était attachée. Elle n'était pas masochiste, mais pourtant elle laissait faire. Elle se laissait faire. Elle le laissait faire ce qu'il voulait d'elle. Elle accédait à tous ses désirs, soumise, obéissante. Elle savait que ce n'était pas elle qu'il voyait, seulement son corps, peut-être l'esprit d'une autre. Elle s'en moquait. Elle ne savait plus depuis combien de temps ce petit manège durait, mais elle s'en moquait. Elle ne savait pas quand ça s'arrêterait, mais elle ne voulait pas le savoir. Au début, elle y pensait. Après, elle avait appris à l'oublier. Oublier le passé, le temps. Oublier le futur, les promesses. Ne vivre que l'instant présent. De toute façon, elle ne savait même pas s'il y avait un futur, alors à quoi cela lui servait-il de rêver ?
C'était la routine, l'habitude. Régulièrement, elle se faisait entraîner dans un placard, dans une salle vide, derrière une tapisserie. Parfois dans une salle inconnue, derrière une statue, dans un dortoir, dans une salle commune. Dans une salle de bain aussi, pourquoi pas. Rien ne l'arrêtait, et elle, les conditions ne la dérangeaient pas. Elle perdait le fil des lieux, elle perdait la notion de l'espace. Dès qu'il la touchait, elle se sentait ailleurs. Elle partait. La fréquence dépendait. Dépendait de beaucoup de choses, de son envie, de sa situation – en couple ou célibataire – des lieux, des cours, des amis. Ça dépendait de lui. Toujours de lui. Elle n'avait jamais dit non, jamais. Son emploi du temps à elle ne comptait pas, seul le sien était important. Elle devait être là pour lui, mais lui n'avait jamais été là pour elle. Elle doutait qu'il connaisse quoique ce soit d'elle, mais elle s'en moquait. Il ne se passait pratiquement jamais plus de quatre jours sans qu'il ne l'attrape pour l'entraîner dans une salle vide, quelque part où ils ne seraient pas dérangés. C'était rare quand il ne la voyait pas pendant quatre jours. Il avait tenu une fois une semaine, une fois. Jamais plus. Elle était sa drogue, sa dose quotidienne. Il avait besoin d'elle, mais elle ne savait pas pourquoi. Elle se plaisait à se dire qu'elle lui était nécessaire, qu'elle avait une importance quelconque dans sa vie. C'était pour ça qu'elle ne se rebellait jamais, qu'elle était là, silencieuse, discrète, muette, obéissante et soumise. Elle était ce qu'il voulait qu'elle soit. Elle était là où il voulait qu'elle soit. Le reste du temps, il s'en foutait. Et elle le savait.
Elle n'était rien pour lui. Un passe-temps peut-être, un moyen de se décharger de sa frustration sexuelle. Elle devait être un bon coup, pour qu'il revienne aussi régulièrement. Non, elle n'était rien pour lui. Elle n'était pas sa sœur de cœur, elle n'était pas l'amie drôle, elle n'était pas l'amie silencieuse, elle n'était pas la petite amie, elle n'était pas la fille aimée en secret depuis le premier regard, elle n'était pas l'amie sans principes, elle n'était pas l'inconnue croisée dans un couloir. Rien. Elle n'était rien. Seulement un corps. Seulement des jambes, des seins, des bras, un visage inconnu. Elle ne savait pas s'il la reconnaîtrait s'il la croisait un jour dans la rue, dans des habits moldus ou sorciers, sans son uniforme de Poudlard. Elle ne savait pas s'il la reconnaîtrait au travers d'un texte qui la décrirait. Elle n'était rien, seulement rien. À peine rien. Une fille comme les autres. Ou pas. Oui, ou pas. Elle n'était pas comme les autres, car n'importe laquelle des connes qui lui servaient de groupies aurait eu plus de volonté, d'honneur et de fierté qu'elle. N'importe laquelle aurait résisté, lui aurait mis une baffe et l'aurait piétiné dans son orgueil. Mais pas elle. Elle n'était pas comme les autres. Avec lui, elle se laissait faire, elle se laissait marcher dessus, piétiner, écraser, abandonner. Elle le laissait la faner, la faire mourir trop tôt, diminuer sa vie, brûler son cœur, abîmer son corps, en profiter. Elle le laissait bousiller sa vie. Elle le laissait faire en sorte qu'elle se dégoûte elle-même. Et lui, tout ça, il l'ignorait. Et il s'en foutait aussi. Mais bien sûr qu'il l'ignorait. Il ignorait tout, de toute façon. Tout d'elle. Elle n'était rien d'autre qu'un corps dans une salle vide sur lequel décharger sa libido. Et ça lui convenait. Et ça leur convenait.
Elle faisait semblant, elle portait un masque à chaque instant. Elle n'était jamais sans. Avec ses amies, elle souriait, elle riait. Elle ne leur disait rien. Elles ne savaient rien. Elles ignoraient toute la partie de la vie d'Alina qui le concernait. Aucune n'avait remarqué la blessure qui s'ouvrait quand elle le voyait, quand elle croisait. La blessure insoignable, la maladie incurable. Blessure profonde et à vif qui ne se refermerait jamais. Aucune ne l'avait remarqué, parce qu'aucune n'avait de soupçons. Et elle, elle ne leur avait rien dit. Elle avait trop honte pour le leur avouer, elle était trop salie pour espérer ensuite garder leur amitié. Elle savait qu'elles ne la comprendraient pas, ni elle ni son attitude. Elle qui paraissait être si fière, elle qui avait tant d'orgueil, se laisser tuer à petit feu ainsi, se laisser faire comme elle le faisait ? Elles ne pourraient le croire. Alina les dégoûterait, elle le savait. Alors elle ne disait rien. Elle repoussait tous les mecs, en parlait en riant. Elle laissait courir les rumeurs sur son homosexualité, en parlait en riant. Elle le regardait avec dédain, lui, mais n'en riait pas. Elle aurait tant aimé pouvoir le regarder avec amour mais avoir assez de courage pour le repousser. Elle faisait semblant de ne pas le connaître, de se foutre de lui et de sa vie, de se moquer de ses conquêtes qui changeaient toutes les semaines, mais elle ne pouvait pas. Elle n'avait pas assez de volonté ou de courage pour le repousser, pour lui hurler de s'éloigner d'elle et de ne plus lui parler.
Elle était différente des autres, parce que les autres passaient, et elle, elle restait. Les autres n'étaient qu'un point dans sa vie, une intersection, une personne à peine croisée. Les autres partaient à peine arrivée, comme une fleur qui vient à peine d'éclore et qui est déjà fanée. Comme des vacances à peine commencées mais pourtant déjà terminées. Les autres, elles n'étaient vraiment rien pour lui, juste des noms sur le tableau de chasse de Sirius Black, juste des filles qui le trouvaient beau, magnifique, sympa, génial, merveilleux, et qui profitaient des quelques jours qui lui accordaient. Des filles qui dans ses bras rêvaient de plus, de mois, d'années peut-être. Des filles qui pleureraient quand il les lâcherait, juste avant de la rejoindre elle, et qui se consoleraient avec un autre. Des filles comme les autres, des filles qui composaient une grande partie de la population féminine de Poudlard. Alina n'était pas comme elle. Elle restait, elle suivait la même ligne que Sirius pendant longtemps. Elle n'était près de lui que rarement, mais leur courbe était la même, au moins pendant un temps. Elles se croisaient et se recroisaient, à intervalles réguliers. Pour seulement quelques heures, quelques minutes parfois. Pour seulement quelques instants. Mais au moins, elles se croisaient souvent. Alina n'était pas comme les autres. Elle n'espérait à rien dans ses bras parce qu'elle n'y était pas. Non, elle juste sous lui, sur lui, devant lui selon les circonstances, mais jamais il ne l'avait serrée contre elle, jamais elle ne s'était blottie contre son torse musclé. Mais même là, elle n'espérait pas. Elle savait qu'il n'y avait pas d'avenir pour eux, qu'elle n'était rien pour lui. Et elle et son bonheur ne comptaient pas. Seul lui était important. Par contre, elle attendait. Elle attendait la fin, avec peur et avec joie, avec malheur et avec impatience. Elle voulait pouvoir recommencer à vivre, elle voulait pouvoir être heureuse, vraiment heureuse. Elle voulait pouvoir dire Je t'aime, elle voulait pouvoir rêver d'un avenir durable, de mariage, maison et enfants.
Du coup, elle fumait. Cigarette sur cigarette, elle fumait. Elle bousillait sa vie à petit feu, se fichant bien des maladies mortelles qu'elle pouvait avoir. Fumer tue, mais il la tuait déjà lentement, il la piétinait aussi doucement que possible mais sans échappatoire. Alors, pour oublier, elle prenait un paquet de cigarettes, un briquet. Elle aspirait la fumée, la rejetait avec un soupir de bonheur. Elle se bousillait les poumons, elle mettait des cendres partout, elle se faisait engueuler par Rusard et Dumbledore l'observait avec un regard d'impuissance désolée. Et elle s'en foutait. Elle foutait sa vie en l'air, mais c'était sa vie, elle en faisait ce qu'elle voulait. La cigarette la calmait, la détendait. La fumée âcre s'engouffrait en elle, et elle oubliait sa fierté oubliée, elle oubliait son corps qui la dégoûtait. Elle oubliait tout ça, pour ne sentir que ce calme donné par la nicotine. Elle perdait entre sept et onze minutes de vie à chaque fois. Elle réduisait son espérance de vie. Mais elle s'en foutait. C'était lui qui la faisait fumer, lui qui la faisait oublier. Lui qu'elle avait besoin d'oublier. C'était son vice, c'était sa déchéance. Et ça, c'était lui qui en était responsable. Elle ne buvait pas, par contre. Elle ne se bourrait jamais de peur de tout lâcher dans une cuite. Elle le laissait la piétiner, la salir, elle n'avait pas de fierté pour lui, mais jamais elle ne permettrait aux autres de le faire. Son orgueil restait là. Il ne se mettait en veilleuse que face à lui, mais autrement, il était là, dressé comme un rempart, comme une forteresse, aussi redoutable qu'un lion allié à un serpent. Elle était fière, elle était orgueilleuse, elle n'était qu'une petite conne qui avait juste réussi à tomber amoureuse de Sirius Black. Elle n'était qu'une petite emmerdeuse qui se tuait à petit feu, qui se laissait glisser et tomber là où elle ne pourrait plus jamais remonter. Les seuls moments où elle se bourrait, c'était seule dans son dortoir. Vodka, bière le plus souvent. Whisky pur-feu quand il n'y avait que ça. Mais à chaque fois qu'elle touchait à une goutte d'alcool, c'était suite à un moment avec Sirius et l'avoir vu ensuite échanger sa salive avec une conne blonde d'une maison inconnue. Une conne qui était tombée dans ses bras, comme beaucoup d'autres. Une conne qu'il larguerait sans remords. Une conne qui se consolerait rapidement. Une conne qui l'aurait aimé à un moment. Alina fumait, dans ces moments-là. Elle était conne, elle le savait. Mais elle ne l'assumait pas.
Elle n'avait jamais compris pourquoi il s'était intéressé à elle. Elle n'avait pas la beauté factice des pouffiasses avec qui il sortait d'habitude. Certes, elle ne restait pas en uniforme quand elle n'avait pas cours, ce qui permettait qu'on la regarde, mais presque toutes les filles faisaient pareil. Elle, elle ne mettait pas des talons aiguilles et des mini-jupes. Elle, elle n'était pas en mini-haut moulant à attraper la crève en hiver. Non, bien sûr que non. Elle détestait trop son corps pour le montrer. Elle passait ses journées en converses noires, jean droit. Jamais de jupe… L'uniforme était là pour la forcer à en mettre. Souvent en noir, des tee-shirts sobres et lâches, des pulls simples. Toujours. Elle portait des symboles, arborait des phrases exprimant ses idées sur ses vêtements, mais c'était tout. Aucun bijou, sauf une montre, un petit bracelet et une petite chaîne en argent. Parfois des boucles d'oreilles. Rarement. Et plus sa relation avec Sirius avançait, plus elle avait du mal à ne pas se réfugier dans des vêtements horribles. Elle n'avait jamais compris ce qui l'avait attiré en elle. Pourquoi il lui avait parlé, comment ils en étaient arrivés là. Elle ne savait toujours pas. Il y avait beaucoup de choses qu'elle ne savait pas.
Alina sortit de la salle vide sans un bruit. Elle remit sa cravate en place, et se mit à courir pour s'éloigner le plus possible de lui. De Sirius. Elle s'arrêta net, et posa son sac au sol. Elle s'appuya contre le mur, et reprit son souffle lentement. Calmement. Elle lissa sa jupe, corrigea le col de son chemisier, attacha ses cheveux pour ne pas les montrer ébouriffés, et se redressa. Digne, fière, orgueilleuse. Alina White dans toute sa splendeur récupéra son sac, et s'en alla d'un pas nonchalant vers son cours suivant qui avait déjà commencé. Elle entra, s'excusa, s'installa au fond de la classe, et se mit à dessiner dans les marges de ses cours, sous le regard indignée de Laura. Laura était celle qui était la plus proche du titre de meilleure amie, bien qu'elle ne l'était pas. Elle ne connaissait rien de l'Alina qui retrouvait Sirius régulièrement dans des endroits vides. Elle ne connaissait rien des raisons qui poussaient son amie à fumer. Elle la regarda juste attraper un chewing-gum à la chlorophylle, et le mâcher tranquillement, écoutant d'une oreille distraite le cours ennuyant du professeur Binns. Sirius Black ne vint pas à ce cours. Comme souvent, il séchait, laissant ses amis copier le cours pour lui. … Egoïste qui l'assumait, il revendiquait le droit de ne pas aller dans les cours à mourir d'ennui, surtout après un passage par Alina. Même si ça, il ne le disait pas.
Son regard passa sur le corps nu de son amant sans s'offusquer. Elle avait perdu toute notion de pudeur envers lui depuis longtemps. Elle détailla son torse imberbe, son dos musclé, ses bras forts. Elle passa rapidement sur ses fesses, et s'attarda sur ses jambes. Musclées comme celle d'un joueur de Quidditch, bien qu'il ne pratiquait pas. Alina regarda ensuite son visage endormi, apaisé. Elle ne le voyait ainsi que dans ces moments, quand il s'endormait pour quelques minutes. Ses traits fins et fiers, sa bouche droite et dure, ses yeux flamboyants et orgueilleux… tout disparaissait dans ses moments là. Il ne restait que sa beauté, son visage parfait sur lequel retombaient quelques mèches de cheveux qu'il portait mi-longs. Oui, il était beau. S'il ne devenait pas Auror ou Médicomage, il pourrait toujours devenir mannequin. Alina ramassa son tee-shirt, et l'enfila rapidement. Aujourd'hui, il y était inscrit "Free Love". Amour libre. Elle voulait aimer librement, sans contrainte. Elle voulait que le monde lui foute la paix. Elle voulait aimer qui elle voulait, où elle voulait, quand elle voulait. Amour gratuit. C'était un peu ça, aussi. Ce n'était pas le sens premier, mais un esprit pervers aurait lu de tels mots. Ils étaient vrais… Elle n'était que ça, une fille que Sirius baisait à son bon vouloir. Il ne la payait même pas. Elle lui fournissait sa dose d'amour, sa dose de sexe, et il repartait sans la remercier, sans la regarder. Alina enfila son jean, mit rapidement ses converses et attrapa sa veste noire sans même faire attention à ce qu'elle faisait. Depuis le temps, elle savait exactement où ses vêtements étaient. Sirius grogna, et elle ouvrit la porte. Il ouvrit un œil pour voir la porte se refermer. Trop tard. Alina était déjà loin.
Elle entra en rage dans son dortoir, claquant la porte, et jeta tout son sac de cours sur son lit. Elle n'en pouvait plus. Elle ne les supportait plus. Ni elles et leurs sourires charmeurs qui l'attrapaient immédiatement dans leurs filets, ni lui qui se laissait avoir comme un débutant. Ni les autres qui l'insultaient, ni les commentaires comme quoi elle serait la seule fille de septième année que Sirius n'aurait pas baisée, avec Lily bien sûr. Mais la rousse était comme sa sœur, et surtout, elle était la petite amie de son meilleur ami. Alors on pouvait toujours rêver pour qu'il y touche. Alina n'en pouvait plus de tout ça. Elle se dégoûtait de faire partie du lot, elle se dégoûtait d'être elle aussi tombée dans le panneau. Elle aurait aimé mériter ce titre, elle aurait aimé qu'il soit vrai. Elle chercha son paquet de cigarettes dans son tiroir, et alluma une clope rapidement. Furieusement. Elle se posta à la fenêtre, consciente que Lily et les autres ne supportaient pas la fumée, et observa le parc. Les arbres de la forêt, les pelouses vertes. Les élèves qui lisaient. L'espace immense, le ciel qui s'ouvrait à elle. Et tout d'un coup, l'étroitesse de son dortoir la frappa de plein fouet. Elle n'en pouvait plus. Elle n'y arrivait plus. Une sensation de claustrophobie la frappa de plein fouet. Elle attrapa sur son lit sa veste, la mit en deux temps trois mouvements, et descendit en courant les escaliers tout en attachant la ceinture de son manteau. Elle n'avait pas abandonné sa cigarette. Elle respirait la fumée, s'en imprégnait les poumons à s'en dégoûter. Elle se dirigea sans regarder personne vers le portrait de la Grosse Dame quand elle se prit quelqu'un de plein fouet. Elle chancela, et s'agrippa à la personne qui venait de la renverser. Elle tenait ses épaules, et l'odeur familière qui s'en dégageait la heurta. La forme de son corps la marqua. La vision du cou gracile la blessa. Alina se recula vivement comme si elle s'était brûlée, et prit sa cigarette entre ses doigts avant de jauger Sirius Black. Sirius Black, encore lui. Alina aurait voulu pleurer comme une enfant, comme une adolescente en crise, comme une femme en chagrin d'amour, mais elle ne put pas. Elle n'avait pas pleuré depuis des années. Elle regarda Sirius d'un air mauvais, et s'excusa du bout des lèvres. Elle ne savait même pas s'il l'avait reconnue. Il la regarda s'éloigner, et juste avant qu'elle ne passe le tableau, il lança :
-Alina, ça ne va pas ?
Elle s'arrêta. Interloquée, abasourdie, totalement étonnée qu'il connaisse son prénom. Et lentement, elle se retourna, portant son mégot à ses lèvres. Elle regarda Sirius Black, non pas comment elle regardait son corps nu quand il venait de lui faire l'amour, mais comme on regarde un homme qu'on vient de percuter. Il était beau. Ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas regardé ainsi, ne jaugeant que son physique plutôt que ce qu'il lui faisait. Il était beau, avec son jean qui lui retombait sur les hanches, ses converses attachées à la va-vite, sa chemise blanche aux premiers boutons ouverts sur son torse imberbe et aux manches remontées sur ses avants bras. Sa peau hâlée ressortait, et dans ses yeux gris tournoyait une flammèche d'inquiétude qu'Alina ne perçut pas, absorbée dans sa contemplation. La blessure du fond de ses prunelles se rouvrit, encore une plus profonde, à vif sur une chair meurtrie. Alors, lentement, elle aspira une bouffée sans se rendre compte que c'était le filtre. Elle ne cracha pas, ne toussa pas, la souffla juste dans un parfait naturel. Et elle lui répondit d'un ton aigre :
-Comme si ça t'intéressait. Comme si j'allais t'en parler.
Avec un sourire moqueur, elle se détourna de lui, et s'éloigna. De son pas nonchalant, de sa démarche naturelle. Pas de déhanchés provocateurs, juste un balancement des hanches qu'on toutes les filles depuis leur naissance. Elle partit rapidement dans les couloirs, jusqu'à se réfugier sous un saule fatigué. Elle s'assit au pied de l'arbre, et s'alluma une autre cigarette. Onze minutes de vie en moins. Comme si ça allait faire une différence quelconque. Elle n'avait pas laissé Sirius s'inquiéter, elle ne l'avait pas laissé s'approcher. Elle ne voulait plus souffrir, elle ne voulait plus être blessée. Elle n'en pouvait plus, de cette routine, de cette baise régulière et sans âme. Elle n'en voulait plus. Elle aspira la dernière bouffée avant le filtre, et écrasa son mégot par terre du talon. Elle se releva souplement, espérant que c'était la dernière, et retourna dans le château. C'était l'heure du dîner.
La dernière fois. C'est la dernière fois, se promit Alina en suivant Sirius Black vers un recoin isolé. La dernière fois, pensa-t-elle quand il la déshabilla. La dernière fois, pria-t-elle lorsqu'il la pénétra. La dernière fois, supplia-t-elle quand elle s'agrippa à ses épaules bien connues. Le dernière fois, murmura-t-elle en sentant son odeur familière. La dernière fois, se cria-t-elle quand il vint en lui. La dernière fois, frémit-elle lorsqu'il s'endormit sur elle. La dernière fois qu'elle se rhabillait, la dernière fois qu'elle partait comme une voleuse avant même qu'il se réveille. La dernière fois qu'elle pouvait l'observer. Alors elle ne le fit pas. Elle ouvrit la porte, et le regarda une dernière fois. De là où elle était, elle pouvait seulement voir le haut de son crâne. Du bout des lèvres, à regret, elle murmura d'une voix blanche :
-Je t'aime, Sirius Orion Black.
Et elle partit. Sans comprendre pourquoi l'avouer ne l'avait soulager de rien. Sans comprendre pourquoi elle mourrait toujours d'envie de retourner dans ses bras. Sans comprendre pourquoi elle n'avait pas osé le lui avouer pendant qu'il était réveillé.
Laura. Sirius. Sirius. Laura. Laura dans les bras de Sirius. Sirius enlaçant Laura. Laura embrassant Sirius. Sirius collant sa bouche à celle de Laura. Les mains de Laura sous la chemise de Sirius. Les mains de Sirius dans les poches arrières du jean de Laura. Ses mains sur les hanches de Laura, sous son tee-shirt d'anarchiste. Un tee-shirt d'Alina, d'ailleurs. Alina les regarda un instant, et sourit à Laura qui la regardait. Et s'éloigna à pas pressé, allumant une cigarette en même temps qu'elle avançait pour ne pas les voir. La blessure dans les yeux de la jeune fille s'était rouverte, encore une fois. Elle commençait à désespérer pour une guérison, pour éclore de nouveau pour quelqu'un d'autre que Sirius. C'était la dernière fois de toute façon, elle l'avait décidé. Elle n'a aucune raison d'être jalouse. Aucune raison d'être jalouse, soutient-elle quand Laura ne rentre que tard… ou tôt dans la matinée. Vraiment aucune raison, ricana-t-elle en entourant Laura de ses bras parce que Sirius venait de la jeter. Une conne de plus. Une conne de plus dans la liste de Sirius Black, une conne de plus qu'il oubliera facilement dans les bras d'une autre, une conne de plus qui l'oubliera facilement dans les bras d'un autre. Alina ne savait pas Sirius avait conscience de l'éphéméride de son souvenir dans les pensées des filles. Elle l'ignorait totalement, et elle s'en foutait. Parce qu'elle savait qu'elle, Alina White, elle ne l'oubliera jamais.
Qu'est ce qu'elle faisait là ? C'était la dernière fois… La dernière ! Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Alina se laissait entraîner par Sirius vers une salle vide, totalement vide. Juste des tables, des chaises. Une salle de cours, peut-être celle d'Histoire de la Magie, peut-être celle d'Enchantements. Peut-être que le lendemain, ou la veille, Alina aurait des cours sur ces tables. Sur ces mêmes tables sur lesquelles elle était assise, offrant son corps à Black. Mais elle avait appris à ne pas en rougir, même quand elle reconnaissait les lieus. De toute façon, il ne devait plus avoir beaucoup d'endroits où Sirius ne l'avait pas emmenée. Elle se laissa faire, elle le laissa embrasser son cou, ses épaules, ses omoplates, ses seins. Elle le laissa faire de son corps ce qu'il voulait pour soulager son plaisir. Ça devait être la dernière fois… Celle-ci serait la dernière, promit Alina à Merlin, Morgane, Voldemort et Dumbledore. Elle le promettait à la Terre entière si ça pouvait l'aider. C'était la dernière, songea-t-elle en se rhabillant. Mais un regard à Sirius suffit à jeter à terre ses nouvelles résolutions. Il était sa tentation. Et en bonne femme, car le mal vient des femmes, c'est écrit dans la Bible, elle allait y céder. En bonne femme, elle allait mordre la pomme, jusqu'à le regretter. Jusqu'à en mourir, comme Eve.
Il fallait qu'elle sorte, qu'elle sorte de ce dortoir étroit et silencieux. De ce dortoir qui sentait bon la vanille, où tout était propre et rangé. De ce dortoir où elle se sentait oppressée. À peine vêtue d'une chemise trop grande pour elle et d'un jean élimé, elle était déjà dans les couloirs, à s'allumer une clope pour oublier. Pourtant, elle savait pertinemment que si elle aurait vraiment voulu tout oublier, elle aurait eu de meilleurs moyens. La drogue, l'alcool… Le suicide. Tout l'aurait fait oublié Black et ses sourires Colgate, Black et ses connes de conquête, Black et son odeur masculine. Respirant bouffée après bouffée, allumant cigarette après cigarette, Alina errait dans les couloirs. Elle passa devant la biblioth7que, la salle des trophées, la salle des armures, la Grande Salle, le Bureau de MacGonagall, la salle commune des Serpentard, la salle de cours d'Enchantement… Ne pensant plus, laissant ses pieds l'emmener là où ils iraient. Ça ne pourrait pas être pire qu'ici et maintenant. Ses cheveux tressés vers l'arrière, Alina marchait, sans savoir où elle allait. Et c'était peut-être mieux, de ne pas avoir de buts. Elle marchait, marchait, marchait, sans objectif. Seule, totalement seule en pleine nuit dans le labyrinthe compliqué de Poudlard.
-Miss White ? Vous savez que vous perdez onze minutes de vie en ce moment même ? Et que n'importe qui pourrait vous suivre à la trace à cause de l'odeur ?
Lentement, Alina se tourna pour voir Dumbledore qui lui souriait. Elle croisa le regard inquisiteur de son directeur qui l'observait par-dessus ses lunettes en demi lune, et baissa les yeux. Sans pour autant ôter sa cigarette de sa bouche.
-Oui, je sais Monsieur.
Dumbledore sourit. D'un sourire énigmatique, il se remit en marche lentement. Alina savait qu'elle voulait qu'il le suive, alors elle le suivit. Et ils marchèrent, lentement. Très lentement. Trop lentement pour Alina.
-L'amour… C'est bien dur d'être amoureux, n'est-ce pas Miss White ? Ne me regardez pas ainsi, je sais ce que c'est…
Alina retint un rire moqueur qu'elle ne pensait pas vraiment. Elle avait du mal à imaginer son directeur en train d'embrasser qui que ce soit, mais elle pouvait facilement admettre qu'il aimait. Elle tenta de le visualiser embrassant MacGonagall, mais n'y arriva pas.
-Oh, laissez cette chère Minerva en dehors de tout ça, sourit Dumbledore. Je sais bien ce qui se dit dans mon école, Alina. Je sais d'ailleurs presque tout ce qui s'y passe…
Alina rougit furieusement, et fut heureuse que l'obscurité la cache du regard de son directeur. Il savait tout, bien sûr. Les rumeurs disaient qu'il était omniscient. Elle rougit à l'idée qu'il sache tout ce que Sirius avait fait d'elle. Tout ce qu'elle avait accepté dans l'ombre. Toutes ses hésitations, ses rages, ses doutes et ses peurs. Il savait tout cela, elle en était consciente. Et il était là pour ça, pour lui en parler.
-Miss White… Vous voyez, la cigarette est une addiction. Une fois commencer, on ne peut plus s'en débarrasser. C'est une drogue. Une drogue douce, mais qui tue à petit feu. Comme toutes les drogues. Mais une drogue n'en remplace pas une autre.
Il se tut, et continua à avancer. Alina ne reconnaissait plus le chemin, elle ne savait pas où il l'emmenait. Jusqu'à ce qu'il lance deux mots bien connus, avant de se tourner vers elle pour lui murmurer :
-Vous êtes à Gryffondor, Miss. Et il y a différentes formes de courage… Bonne nuit.
Dumbledore s'éloigna dans un grand mouvement de cape qui n'égalait pas ceux d'un élève de Serpentard, Severus Rogue. Alina le regarda s'éloigner, et passa le trou dans le portrait de la Grosse Dame pour rejoindre son dortoir.
