Châtiment ultime
Chapitre 1
Dans la vie, il y a plusieurs choses qui me font grincer des dents. L'une d'entres elle, c'est de m'apercevoir que je manque de lait quand je viens tout juste de me faire couler une carafe de café. Ça, ça a le don de me foutre en rogne. Et pourtant, je vis seul. Et quand on vis seul, on est l'unique responsable de l'absence de lait dans une pinte. J'aimerais bien foutre la faute sur le dos de mon petit ami, mais je n'en ai pas. C'est dommage. Bien sûr, ma vie affective se sent triste que je sois célibataire, mais honnêtement, je n'ai pas encore rencontré quelqu'un qui mérite un double de la clé de mon loft.
Je secoue la pinte de lait vide au dessus de mon café comme un forcené depuis au moins une minute. Je pense qu'on peut maintenant confirmer qu'il n'y en a plus une goutte. Tant pis. Je n'aurai pas le choix de prendre mon café noir. Une gorgée et je fais la grimace. Beurk. Je crois que je mis une mesure de café en trop dans le filtre parce que ce n'est pas du café, c'est du sirop ! Bordel, c'est tellement fort ! Et en plus sans lait. Je vide le contenu de ma tasse dans l'évier et croque dans ma tartine de beurre d'arachide. L'horloge du four m'indique que je ferais mieux de passer par la case douche tout de suite si je ne veux pas être en retard.
Ce matin, l'eau me fait un bien fou. Bien entendu, puisque ce n'est pas ma sacro sainte tasse qui m'a réveillé ce matin, je m'en remet au jet d'eau qui fait un travail plutôt acceptable. C'est triste que je ne puisse pas en profiter plus longtemps, mais là, je vais vraiment être à la bourre.
Ma serviette autour des hanches, je prend au moins le temps de me raser quand j'entend un voix qui fait écho dans le foyer du salon. Je lance mon rasoir dans l'évier et traverse le couloir en joggant, mettant un peu d'eau sur le sol.
Le visage de Ron m'apparaît dans toute sa splendeur dans l'antre de ma cheminée.
- Salut mec, je te dérange on dirait, me dit mon ami en reluquant ma serviette.
- Je sais que mon corps t'intimide, petit coquin, mais là j'ai pas trop le temps, je suis un peu en retard, je lui dit en tapant du pied - il va me mettre encore plus en retard celui-là !
- T'en fais pas, je fais vite. On se demandait si tu voulais bien souper à la maison ce soir.
''On'' c'est lui et Hermione.
- Ouais bien sûr. J'ai juste quelques dossiers à boucler pour le département Développement. Alors je dirais.. 16 heures ?
- D'accord c'est parfait. Tu apportes le vin ? me demande Ron.
- Oui, bien sûr, je lui répond.
- Tu me diras comment ça se passe au bureau.
Je soupire.
- Oui Ron, mais CE SOIR. Là je vais être vraiment en retard et c'est pas cool quand y'a des gens qui ont pris rendez-vous. Alors maintenant, sors de ma cheminée ! je lui dis en quittant le salon. Et alors que je retourne à mon rasoir, la seule chose que je peux entendre, c'est un :
- T'es vraiment sexy en serviette !
Grand con.
o
Je transplane au bureau et je sens le regard de Béa se poser sur moi. Je le sens tellement que c'est comme si elle me regardait... fort !
- En retard, Harry ! Encore. Tu commences à en faire une habitue.
Elle se lève et me met un dossier entre les mains.
- Bon, commence Béa, voici un client avec une demande assez spéciale.
Je prend le dossier qu'elle me tend en me dirigeant vers mon bureau. Elle me suit.
- Et en quoi sa demande est plus spéciale que les autres ? je lui demande en m'asseoyant dans mon fauteuil.
- Ouvre. Tu verras.
Alors là, j'ouvre, et j'en reste bouche-bée.
- C'est une blague ?
Dans le dossier, entre mes mains, il y a le nom du demandeur qui me saute au visage.
- Blaise Zabini, l'ancien mangemort ?
Béa s'asseoit devant moi, de l'autre côté de mon bureau.
- Il est venu au bureau hier soir, me dit ma collègue. Il te voulais toi, absolument. Disons que j'avais hâte que tu arrives ce matin.
Je parcoures la demande des yeux, et là, je comprend que c'est pas juste le demandeur, qui est spécial, mais sa demande de recherche aussi. Béa me dévisage attendant de voir comment je vais réagir. Et là, j'avoue que je n'ai aucune idée de comment je devrais. Je n'ai pas vu ce petit merdeux depuis Poudlard.
- Il.. il veut que nous retrouvions Malfoy ?
Et là, quand je dis Malfoy, je parle de Junior. Non pas de senior qui a été enfermé à Azkaban après la chute de Voldemort, puis tué par un Détraqueur. Draco Malfoy. Il a disparu peu de temps avant que je ne tue Jedusor. Il s'est comme volatilisé. J'ai toujours eut le sentiment qu'il était parti pour éviter de prendre part au combat. Bien que ce petit con ait été serpentard, je reste intimement convaincu qu'il ne portait absolument pas allégeance à Lord Voldemort. Il a dut quitter le pays, pour ne pas se faire tuer au champ de bataille ou pour ne pas finir comme son père.
- En plein ça. Il a perdu sa trace il y a plusieurs années, semble t'il.
Béa étire alors le bras et tourne la première page de la demande de Zabini. Une photo de Malfoy m'apparait alors. Une photo qui date de plusieurs années, du temps de Poudlard. On le voit marchant dans la cours avec son petit air suffisant. En boucle.
- J'avais pensé qu'il aurait au moins gardé contact avec Zabini, j'affirme.
- Et bien non. Ici sont recensé toutes les informations que Monsieur Zabini nous a fournies, me dit Béa en tournant à nouveau la page. La dernière fois qu'il l'a vu, les choses qu'il aime, qu'il déteste. Ses endroits fétiches, ses rêves et ses talents. Bref, tout ce qui pourrait nous donner un indice sur l'endroit où il se trouve.
- Et pourquoi il tient tant à le retrouver. Je veux dire, pourquoi maintenant ?
- Ça, je ne suis pas certaine. La seule chose que je sais, c'est que si tu réussis ce coup-là, on pourra tous aller prendre de belles en grandes vacances l'an prochain !
Je hausse le sourcil, pas certain de comprendre ce qu'elle essaie d'insinuer. Elle retourne à la première page du contrat et me pointe la dernière ligne du contrat. Une somme très TRÈS considérable d'argent ainsi qu'un article exclusif chaque semaine dans son magazine sur l'avancé de nos enquêtes en cours. Bref, un article qui nous assurera de nouveaux clients et une réputation en or.
- Quelle est l'attrappe, je lui demande. C'est trop beau, c'est sûr qu'il y a quelque chose que tu ne me dis pas.
- Et bien, c'est un peu pour ça qu'il te voulait toi, elle commence. Draco Malfoy est intracable depuis sept ans déjà. Je veux dire que sa trace magique est comme disparue depuis sept ans. Tu devras le retrouver à l'ancienne.
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J'ai passé la journée à lire et relire ce foutu dossier. Lundi prochain, j'envoie un hibou à Zabini. Il faut absolument qu'on se rencontre pour éclaircir certains détails. Bien que sa demande soit extrêmement complète et détaillée, j'aimerais pouvoir parler avec lui. Trouver quelqu'un à l'ancienne, ce n'est pas une mince affaire. Je veux connaître les délais, également. Ils ne sont pas spécifiés dans le dossier.
Il y a cinq ans, j'ai ouvert cette boîte avec Neville et Béa. Après la guerre, beaucoup de gens manquaient à l'appel et nous avons décidé de les retrouver. Disons que les trois premières années ont été bien mouvementées. Nous avions demandes après demandes et je suis très fier du travail que nous avons accompli. On a même dut agrandir un peu l'entreprise qui n'arrivais plus à suivre le rythme. On a retrouvé plus de soixante-sept pour cent des cas demandés et je n'en suis pas peu fier. Beaucoup de familles ont été réunies grâce à nous. Même si parfois on devais apporter des mauvaises nouvelles, comme un décès par exemple, au moins les familles savaient à quoi s'en tenir et cessaient de se demander ce qui avait bien pu arriver à leur proche.
Neville travaille dans la section développement. Il est Recherchiste. Alors il crée des potions et sortilèges de localisation et analyse les données reçues des enquêtes en cours. De mon côté, je suis Agent de terrain. C'est moi qui va recueillir les données et fait les rapports. Et bien sûr, je tente de trouver la personne recherchée. Heureusement, nous ne sommes pas seuls. Neville a toute une équipe de recherchistes sous sa supervision et ils font un travail d'enfer. Béa est la secrétaire. Enfin, c'est comme ça qu'on l'apelle, mais c'est beaucoup plus que ça. Son poste officiel, c'est superviseure. C'est elle qui rencontre les clients pour monter les demandes de recherche et pour éclaircir certaines zones grises. Elle choisi les cas prioritaires et les distribues aux Agents de terrain selon leurs forces et leurs disponibilités. Elle fait un travail impeccable. On est vraiment un trio d'enfer.
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Je me laisse tomber sur le canapé à côté de Ron en lâchant un soupir.
- Grosse journée ? me demande mon ami.
On peut entendre Hermione dans la cuisine. On dirait bien qu'elle se bât avec la bouteille de vin, et que la bouteille est en train de gagner.
- Oui et non. Je ne suis pas sorti de mon bureau aujourd'hui.
- Des rapports à boucler ?
Je soupire une nouvelle fois. Je ne sais vraiment pas où tout ça va me mener. Ce n'est pas une mince affaire.
- Je n'ai même pas eut le temps de les finir. Disons que j'ai autre chose qui me chicote, je lui répond.
Hermione revient alors de la cuisine avec une coupe dans une main et deux dans l'autre. Je peux voir qu'il y a quelques gouttes rougeâtre sur son chandail, mais choisi de ne rien lui dire. Elle qui est tellement impeccable d'habitude.
- J'ai eut une demande de recherche, je leur dit. Une sacré demande de recherche que je ne suis pas prêt d'oublier.
Hermione me tend alors ma coupe et je bois une grande gorgée avant de poursuivre.
- Le demandeur, c'est Zabini.
- Il est pas mort, celui-là ? demande Ron.
- Non, pas Blaise Zabini. C'est son père qui est mort.
- C'est pas lui le fondateur d'Hebdo Enchantements ? me dit Hermione.
- Ouais. Un riche Serpentard et ancien mangemort qui vient me demander mon aide.
Ron lâche un rire. J'espère qu'il ne se fout pas de ma gueule.
- Ça fait du bien d'entendre ça, il dit. Zabini qui rampe à tes pieds pour te demander ton aide. C'est le karma qui veut ça !
- Ouais, si tu veux Ron. Sauf que sa demande de recherche est particulière. Il veut que je retrouve un Intracable !
Alors là, je vois bien que je l'ai perdu et qu'il n'a aucune idée de ce que je veux dire. Je viens pour lui expliquer quand Hermione, madame qui sait toujours de quoi on parle, prend la parole :
- Un Intracable, c'est quelqu'un dont l'empreinte magique n'est détectable d'aucune façons. Les raisons pour qu'une empreinte magique soit invisible diffèrent d'un cas à un autre. Mais la plupart du temps, c'est grâce à de la magie noire très puissante. Ou alors quand le sorcier est mort. Sauf que quand un sorcier meurt, son empreinte imprègne les choses qui l'entourent pendant un certain temps. Donc il faudrait qu'il soit mort depuis un bon bout de temps déjà.
Wow. J'aurais pas expliquer mieux moi-même.
- Oh, fait mon rouquin. Je ne savais pas.
- Bah c'est pour ça que je viens de te l'expliquer. Maintenant tu sais. Mais Harry, demande Hermione en se tournant vers moi, sais-tu de qui il s'agit ? Est-ce que tu connais le sorcier recherché ?
- Draco Malfoy.
Alors là, si j'avais voulu ménager mon effet, je n'aurais pas fait mieux. Y'a Ron qui me regarde avec une expression qui dit genre ''C'est une blague ?'' et Hermione qui fait les grands yeux. Comme quand elle est surprise. Et là, je pense qu'elle l'est vraiment beaucoup. Je fini ma coupe de vin d'une traite, attendant des réactions qui ne tardent pas à venir de mon meilleur ami.
- Ce bouseux de serpentard de merde ? J'espère qu'il est mort.
Hermione lui tape l'épaule.
- C'est peut-être un petit con, mais on ne souhaite la mort de personne, Ronald Weasley.
- Mort ou pas, il faut que je découvre ce qu'il est devenu. Et j'ai du pain sur la planche. Quand ça fait un an qu'on a perdu la trace de quelqu'un, c'est déjà difficile de recueillir des informations. Mais sept ans ? Autant dire mission impossible.
Je me lève du canapé pour aller remplir ma coupe, et j'entend que mes amis me suivent à la cuisine, probablement très captivé par toute cette histoire.
- Et tu vas accepter ? me questionne Hermione.
- Bien sûr que oui. La récompense est non négligeable et si je réussis à remplir mon contrat, j'ai une parution hebdomadaire gratuite et assurée dans son Magazine sur les avancées de mon entreprise. De la pub gratuite ! Le pire qui arrive si je ne réussi, c'est que j'aie perdu quelques semaines de mon temps. Il y a toujours d'autres Agents de terrain pour continuer à faire rouler la boîte. Je suis pas tout seul non plus. Alors le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Je n'ai jamais vraiment compris le sens profond de cette expression. Une chandelle ? Peu importe. Je m'empare de la bouteille de vin et la vide dans ma coupe.
- Merde, j'aurais dût en prendre deux.
Je m'appuie sur le comptoir.
- Ce soir je dois écrire une lettre à Zabini pour éclaircir certains trucs. Il faut absolument que je le rencontre. Je ne sais même pas pourquoi il le recherche. Et après toutes ces années. Si c'est genre pour lui faire la peau ou je sais pas quoi, c'est sûr que je refuse le contrat.
- Ouais, commence Hermione, mais en même temps, si c'est pour le tuer, tu crois vraiment qu'il te le dirais ?
Mon amie sort alors sa baguette et tapote la bouteille vide dans mes mains. Je la sens s'alourdir et je la remercie en remplissant sa propre coupe.
- Et moi alors ? me dit Ron en me tendant la sienne.
- Avez-vous faim ? nous demande Hermione pendant que je rempli la coupe de mon meilleur ami. Je crois que le ragoût est prêt.
- C'est pas Ron qui l'a cuisiné j'espère !
Je me sens bousculé sur le côté et Ron, le vin hors de porté, me défie du regard.
- Quoi, t'aimes pas ma cuisine ?
- Ah non, j'adore, Ronny Boy, c'est juste que je voudrais passer la journée. Tu comprends. ?
S'en suis alors d'une petite bagarre que moi et Ron on ne s'était pas fait depuis longtemps. Si longtemps que j'avais oublié qu'il me battait à tous les coups en m'envoyant au sol à plat ventre et en s'assisant sur mon dos. Quelle humiliation !
- C'est dans vos assiettes, les enfants ! nous crie Hermione de la salle à manger. Et alors qu'il se lève de mon dos en courant, je me lance à sa poursuite et tente de le dépasser sans succès. La salle à manger étant juste à côté de la cuisine, j'arrive près de la table et Ron est déjà assis, une grosse bouchée de pomme de terre dans la bouche.
- Tu t'es ramolli avec le temps, Ryry !
- C'est pas toi qui me disait que j'étais sexy en serviette, ce matin ?
Hermione fronce les sourcils et me regarde.
- Comment ça Ron t'as vu en serviette ce matin ?
- Ouais, il s'est introduit chez moi pendant que je me lavais, comme un vrai voyeur, et il s'est faufilé dans ma salle de bain pour me taper une fesse, tu te rends compte ?!
- Et tu te laves en serviette ? Comme c'est commode !
Réalisant que mon histoire ne tient absolument pas la route, je hausse les épaules et prend une bouchée du ragoût.
- Qui a cuisiné ça finalement ? Que je saches combien de temps il me reste à vivre. On ne m'a pas répondu tout à l'heure ! je dis en riant.
J'aime bien me moquer de Ron sur sa cuisine. Parce que la seule chose qu'il arrive à faire, c'est du jus de citrouille. Et encore... Surtout que Hermione a insisté pour avoir plusieurs technologies moldues dans leur maison, comme un lave-vaisselle ou un micro-onde, Ron n'ose même plus s'approcher du comptoir tellement il n'y comprend rien. Pauvre Ron-Ron !
o
Assis à mon bureau, je regarde mon parchemin encore vierge. Je ne sais absolument pas si Zabini est un homme occupé, mais s'il veut que je commence mon enquête, il devra me rencontrer bientôt.
Zabini,
J'ai reçu ta demande de recherche et j'aurais quelques questions concernant certaines spécificités mentionnées dans le rapport. J'aimerais parler avec toi de vive voix, et si tu acceptes de me rencontrer dans mon bureau lundi, à la première heure, je pourrai ensuite m'y mettre le plus rapidement possible.
Codialement,
Harry Potter
Ouais. Pas trop mal. Concit, direct. Poli, mais pas trop lèche-cul. Je roule alors le parchemin et le temps à Bibitte, ma chouette tachetée.
- Apportes ça à Blaise Zabini s'il te plaît.
Je lui tend alors du Miamhibou qu'elle prend dans son bec avant de s'envoler par la fenêtre, mon parchemin entre les griffes.
o
Mon week end s'est passé assez rapidement. Ayant mis mon nouveau contrat dans un coin de mon cerveau, j'ai décidé de m'éclater un peu. Je suis sorti avec Seamus au Sortilèges, un bar qui fait sensation en ce moment, et on s'est bourré la gueule comme des adolescents qui fêtent leur dépucelage ! Et dimanche, je me suis remis de mon samedi soir. Là, on est déjà lundi, et j'ai encore les paupières lourdes. Café en main, je transplane au bureau le cerveau encore un peu dans les vapes. Béa est déjà là. En fait, Béa est tout le temps là et je me demande parfois si elle ne vit pas ici.
- Béatrice ! je lui dit en souriant. Tu as vu, je suis à l'heure !
- Super Harry, mais tu aurais pu prendre deux minutes de plus et te peigner ! elle me dit en plaquant une main sur ma tignasse. Tentant vainement de les replacer.
Si elle pense que je n'ai pas déjà essayer... ça fait des années que je perds mon temps tous les matins devant le miroir. C'est juste que des fois, il faut apprendre quand on a perdu la partie et laisser tomber !
- Blaise Zabini t'as envoyer du courrier. Il devrait être là d'une minute à l'autre. Apparemment, tu lui aurais demandé de passer te voir ?
- Mmm, je grogne, le nez dans mon café. Je voulais creuser un peu cette - folle ! - histoire avant de me lancer les yeux fermés dans une affaire aussi compliquée.
Elle me pousse alors dans mon bureau et ferme la porte. A t'elle peur que nos collègues entendent ?
- Tu sais que Draco Malfoy n'est pas nécéssairement le sujet numéro un ici. Tu devrais peut-être rester un peu discret sur cette affaire. Enfin.. pas nécéssairement DRACO Malfoy mais plutôt son père qui ne fait pas l'unanimité.
- Je sais Béa. Mais que voudrais-tu que je dises ? Si vraiment j'accèpte d'enquêter sur la disparition de ce petit con, ça va me prendre des semaines, peut-être même des mois ! On ne pourra pas mentir à notre équipe pendant tout ce temps. Je sais que tout le monde est content qu'il ait disparu et souhaite probablement qu'il soit déjà mort à l'heure qu'il est, mais je dois tenter le coup. Même si pour ça je dois ramener cette merde dans le monde des vivants. Tu comprends ? Je ne peux pas laisser passer cette chance. Pas juste pour l'argent. Pour la pub ! Pour la notoriété ! Et peut-être qu'enfin Malfoy Junior pourra être jugé équitablement aux yeux de la société.
Je reprend mon souffle.
- Si vraiment il est coupable d'une quelconque infraction, il paiera pour ce qu'il a fait. Mais tu sais très bien comme moi qu'il n'a pas prit part à la guerre et s'est juste volatilisé comme un lâche. De toute manière, je ne sais toujours pas pourquoi Zabini veut que je le retrouve après toutes ces années.
Parlant du loup, je vis - alors que je terminais mon café devant ma collègue embêtée - une ombre se dessiner derrière la vitre givrée de la porte de mon petit bureau. Au même moment où des coups sur le bois de font entendre, j'ouvre la porte et mon coeur s'arrête à la vue de ce grand - cet immense homme du nom de Blaise Zabini. Béa, sort de mon bureau non sans saluer notre client et ferme porte derrière elle.
- Zabini, j'affirme en lui tendant la main.
Puis je la sens. Sa grande poigne m'agripper et ses doigts faire le tour des miens. Je me sens minuscule à côté de lui.
- Potter, content de te revoir.
Je lui désigne la chaise, et même une fois assis, ce mec à l'air d'un géant. De quoi me complexer encore plus sur ma petitesse. En plus il est beau comme c'est pas possible. Je n'ai qu'une pensée en tête, c'est que son cul doit être à damner des saints. Malheureusement pour moi, les fesses de ce mec repose sur la foutue chaise. Je chasse alors ces idées de mon esprit et ouvre le dossier contenant la demande de Zabini.
- Alors, je commence. Premièrement, je voudrais connaître les raisons qui te pousses à vouloir retrouver Draco Malfoy. Tu comprendras que je ne veux pas que mon entreprise soit associée à des affaires de vengeance ou de règlement de compte.
- Oui je comprend, il me dit. Et ce n'est pas du tout ça.
Il plante alors sa grande - et sexy - main droite dans la poche intérieure de son veston et en sort une feuille de parchemin toute plissée et pliée en quatre. Il me la tend. Intrigué, je la prend alors qu'il m'explique ce que c'est.
- J'ai hésité avant de te la fournir. Sachant très bien que tu devrais la garder pour l'analyser. Mais je pense que tu devrais être au courant de ce qui est écrit là-dessus, il me dit pendant que je déplie le papier jauni.
Puis il continue :
- C'est la dernière lettre que j'ai reçu de Draco Malfoy. C'est environ un mois avant la défaite de Voldemort. Il y a de cela sept ans.
Ok. Là, je suis un peu trop énervé. Vais-je enfin savoir pourquoi il est parti sans laissé de traces ? Tout le monde s'était tellement attendu que Malfoy fils fasse comme son papa et porte allégeance à Voldemort. On est tous resté surpris de n'avoir aucune nouvelle. Et alors que la guerre a pris fin et qu'il aurait put reparaître, il n'a pas donné signe de vie.
Une fine écriture toute ronde est couchée sur le papier et je reconnais sans mal le coup de plume de Malfoy pour l'avoir vu à de nombreuses reprises, pendant sept ans, sur des notes insultantes qu'il me faisait parvenir.
Blaise,
j'aurais aimé te dire tout ça en pleine face, mais je pense que je n'aurais pas le courage d'affronter ton regard. J'ai décidé de partir. De toute façon je n'ai pas le choix. J'ai affronté mon père et voilà ce que ça donne. Si il veut jouer à la boniche avec le Seigneur des Ténèbres, c'est son problème, mais je n'irai certainement pas lècher les bottes de cette putain de face de serpent. Et à cause de ça, j'en paie le prix.
Je voudrais que tu puisses venir avec moi, mais étant donné les circonstances, je sais que c'est impossible.
Je ne crois pas que nous nous reverrons un jour, alors saches ceci :
Même si j'ai toujours été distant avec toi, tu m'es toujours resté fidèle et je t'en suis reconnaissant. Je t'en dois d'ailleurs quelques unes pour tout ce que tu as fait pour moi pendant Poudlard.
T'es mon meilleur et mon seul pote Zabini.
Ne m'oublies pas,
Draco Malfoy
Alors là, j'avoue que je suis déçu. Cette putain de lettre ne dit absolument rien. À part peut-être qu'il est parti volontairement. Mais sinon ? Que dalle. Ça ne dit pas où, ni pourquoi. Ça ne dit RIEN.
- Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, tout ça, je lui avoue. Il est resté très vague et a méticuleusement ommis tous les détails. Je suis presque certain qu'en l'analysant, je ne trouverais guère mieux.
Puis je lui redonne sa lettre, qu'il prend, et remet dans son veston.
- Et s'il était mort ? je demande.
Je sais qu'il sait que c'est envisageable. Mais on dirait qu'il refuse de l'entendre. Parce qu'en disant cela, je le sens qui prend un air plus sérieux. Beaucoup moins désinvolte. J'en reviens pas, même avec un air sombre, il est à tomber par terre.
- J'espère bien que non.
- Et est-ce que tu vas me dire pourquoi tu t'es enfin décidé à le chercher ?
- En fait, Potter, ça fait des années que je le cherche moi-même. C'est juste que là, on a une situation un peu urgente et que j'ai besoin d'un pro.
Je ne dit rien, quoique flatté qu'il me considère comme un pro, et lui fait signe de continuer pendant que je me replace dans mon fauteuil.
- Son père est mort, comme tu le sais, mais pas sa mère. Pas encore. Elle m'a écrit pour me supplier de lui dire où est son fils. Elle a toujours été persuadée que je le savais mais refusais de lui dire. Comme si je le protégeais.
Puis il lisse son veston en se raclant la gorge. Je vois bien qu'il n'est pas très à l'aise de me raconter tout ça.
- Sa mère est mourante. Même si elle est encore très jeune, elle n'en a plus pour très longtemps. Les médicomages ne savent pas ce qu'elle a, et à moins de trouver vite un remède à son mal, elle mourra inévitablement. Et bientôt. Les experts croient qu'elle aurait été empoisonné, mais son incapable de le prouver.
- Et elle veut son fils près d'elle pour mourir, si je comprend bien.
- Oui. Et non...
Je ne comprend pas.
- Bien sûr qu'elle aimerait lui dire aurevoir avant de s'éteindre, mais elle veut s'assurer que Draco recoive son héritage. Tu comprendras que comme il n'y a plus Lucius dans le décor, tout ce qui lui appartient revient de droit à Draco. Il est riche. Beaucoup plus que toi et moi réunis.
D'accord.
- Les terres, l'argent, la villa, le manoir, tout ! Tout est à lui. Sauf s'il ne donne pas signe de vie dans l'année suivant le décès de Narcissa. Alors le testament est annulé. Le Ministère considérera que Draco refuse son héritage et tout sera revendu aux enchères pour les bons profits de Monsieur le Ministre. Même si c'est illégal. Le Ministre ne peut pas s'approprier cet argent. Légalement, ça devrait être redistribué à la famille proche. Ou dans ce cas-ci, parce que la famille proche n'est plus, redistribué au peuple. Bien sûr, peu de gens sont au courant, mais l'Ordre a une taupe dans les rangs du Ministère. C'est comme ça qu'ils l'ont appris. C'est Narcissa elle-même qui m'a appris tout ça.
Je suis sans mots. J'avoue que cette histoire m'intéresse beaucoup plus maintenant.
- Ce que je veux, c'est faire tomber le Ministère pourri et retrouver Draco pour lui rendre ce qui lui revient de droit. Idéalement, avant que sa mère ne meure pour qu'ils puissent se revoir une dernière fois.
- Bon. Alors admettons que j'accepte de prendre part à toute cette folie, comment suis-je sencé t'aider à faire tomber le Ministère ?
- Ça c'est ma partie. Toi, tu te charges de retrouver Draco.
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Ça fait une heure que Zabini a quitter le bureau, et j'essaie de remettre toutes mes idées en place. Cette histoire est étonnante. D'abord, je ne savais pas que Narcissa avait des liens avec l'Ordre. Ni que l'Ordre avait un infiltré dans le Ministère. Quoiqu'en y repensant bien, l'Ordre a des taupes un peu partout et dans toutes les sphères de la communauté magique.
Je peux maintenant dire que je connais Draco Malfoy. Bien sûr, je suis loin de le connaître vraiment, mais Zabini m'en a tellement dit sur lui en une heure. Selon lui, Draco ne serait pas un être fondamentalement méchant. C'est juste quelqu'un de très calculé et tout ce qu'il fait ou dit est pensé à l'avance. C'est la mentalité des Malfoys. Combinez à ça des parents Mangemorts et une scolarité chez les Serpentards, et vous obtenez quelqu'un qui se méfie de tout. ''Même si je le considérait vraiment comme mon ami, je ne crois pas que Draco m'ait déjà fait réellement confiance.'' Je ne suis pas tellement surpris sur cette info-là. Disons que je trouve ça un peu triste. Il était très solitaire. Il parlait souvent à Blaise des autres communautés sorcières. Il se demandait si c'était grand et bien différent de Londres. Je sais qu'il y a trois grandes communautés sorcières au monde. Londres, bien entendu. Mais aussi une en Australie et l'autre aux États-Unis. Il faudrait que je demande à Neville dans quelles villes exactement, je ne me souviens plus. Je crois que je devrais commencer par là. À part qu'il apprécie les grandes villes, la nature et les étendues d'eau, je ne sais pas trop quel genre d'endroit il aime. Et puis les grandes villes et la nature... ça se contredit. Je suis perdu. C'est un contrat complètement dingue. Mais le plus dingue dans cette histoire, c'est moi. Pour avoir accepté de le retrouver.
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Aillant toutes les informations pertinentes en main, je termine mon sac de voyage. Un simple petit sac rouge contenant toutes les choses que je pourrais avoir besoin. Je ne sais pas pendant combien de temps je serai parti, mais j'ai l'étrange sensation que je ne reverrai pas mon loft avant un bon bout de temps. J'ai donc pris la peine, ce matin, de couvrir mes effets personnels de grands draps, pour éviter le trop plein de poussières. J'ai verrouillé toutes mes fenêtres avec des sorts et j'ai ensorcelé ma porte d'un repousse-moldu. Je ne voudrais pas me faire voler mes choses pendant que je serai parti. J'ai aussi demandé à Ron de passer de temps en temps pour être sûr que tout va bien. Je sais que j'en fais peut-être un peu trop, mais cet endroit me tient beaucoup à coeur et je ne sais pas comment je réagirais s'il venait à arriver quelque chose à tout ça.
Il y a deux jours maintenant que Blaise est venu au bureau pour répondre à mes questions. Après son départ, j'ai beaucoup pensé à tout ça. Puis j'ai réuni Béa et Neville pour mettre les choses au clair et faire un constat de la demande de recherche. Neville m'a confirmé les réserves sorcières importantes aux États-Unis et en Australie. Respectivement New York et Sydney. Je n'ai vraiment aucune idée d'où je devrais commencer. Il y a de fortes chances que Draco Malfoy soit à l'un ou l'autre de ces deux endroits, s'il est encore en vie. Béa m'a remis mon journal d'Agent de terrain. Nous avons tous discutés un peu. Avons décidé de transférer un de mes dossiers à Justin, un autre Agent, pour que je puisse me concentrer sur ma présence mission qui, j'en suis sûr, me prendra beaucoup de temps et d'énergie.
Donc aujourd'hui, deux jours plus tard, je suis prêt à prendre le large et à tenter l'impossible. Retrouver un petit con, intracable depuis plus de sept ans : Draco Malfoy.
