Les longs doigts de l'amiral caressèrent le papier jaunit avec délicatesse. Il s'empara du vieux crayon. De l'encre noire était restée collée sur le manche. Il soupira quand il sentit l'encre se répandre sur sa paume. Il apposa avec délicatesse la plume sur le papier et laissa son esprit vagabonder.

« …

Je ne sais pas comment commencer cette lettre.

Dois-je t'appeler Ma chérie, Ma chère… ? Je n'ose pas écrire ton prénom. Je pense laisser cet espace vide puisqu'il caractérise parfaitement le brouillard de mon esprit. Ainsi la lettre commencera de cette façon.

Je n'ose pas non plus te dire que j'ai beaucoup pensé à toi et que je suis désolé de ne pas avoir pu t'écrire pendant ce long mois car ma mission a été rude. Ce serait mentir en un sens. Je pense constamment à toi. La douceur des traits de ton visage ne quitte jamais l'obscurité de mes yeux. A tel point que cela devient une souffrance. Un peu comme au bon vieux temps…

J'ai été promu amiral. Par cet homme, Sakazuki. Je t'avais déjà parlé de lui dans une de mes précédentes lettres il me semble. Mais ne parlons de lui, je préfère penser à toi.

Puisse ce grade me permettre de rendre ce monde plus beau.

Je t'écris car une situation vraiment comique m'a faite penser à toi hier soir.

Nous rentrions de mission au couché du soleil. J'avais décidé de me promener le long du port en attendant que le navire soit prêt. Tu sais à quel point j'aime me promener dans les marchés portuaires. Malheureusement (ou heureusement comme tu aimais si souvent me le dire), il n'y avait pas de casino sur cette île. Au moins, Sakazuki ne pourra pas dire que je dilapide bêtement les fonds de la marine…

Bref, je me promenais et figure toi qu'une minuscule enfant a foncé dans mes jambes. Elle avait une tarte aux myrtilles dans les mains, pour son anniversaire de ce que j'ai compris. Evidemment, la tarte a fini sur le sol. Elle s'est retenue de pleurer, je l'ai bien entendue, quand elle m'a reconnu.

Donc, pour lui soulager un peu la conscience et pour la faire sourire, je lui ai dit :

« Désolé, je ne t'avais pas vu ».

Selon mes collègues, la jeune fille n'a pas résisté à ma blague, elle avait un sourire radieux sur le visage.

Cette blague me fait tout le temps rire.

Je t'aime profondément.

Issho Fujitora. »