Titre:Abby : Auteur; Julia R. Catégorie: Comédie / Drame
Personnages : Ceux de la série mais avant tout la famille Sherwood .
Résumé: Une jeune femme liée au passé de Frank, arrive à l'improviste à Fort Marshall et va bouleverser le quotidien du couple.
Disclaimer : La série Army Wives ne m'appartient pas ; elle est la propriété de Katherine Fugate, Mark Gordon, ABC et Lifetime .Je ne fais qu'emprunter les personnages .Je ne touche aucune somme d'argent pour cette histoire.
Un car se gara presque devant l'entrée de la base. De nombreuses personnes en descendirent. Des hommes, des femmes, seuls, accompagnés, des adolescents, quelques enfants. Ils se dispersèrent rapidement. Mais une jeune femme, un lourd sac en toile sur le dos, ne bougea pas. Le car redémarra, la laissant seule sur le trottoir. Ses cheveux rouges et noirs, longs et emmêlés flottaient au vent. Ils caressaient ses épaules à peine vêtues de larges bretelles en cuir. Une quantité incroyable de colliers se trouvaient autour de son cou le cachant presque entièrement. Le top qui recouvrait à peine quelques parcelles de son corps laissait voir un tatouage en forme de serpent à proximité de son nombril. Elle soupira bruyamment avant de laisser tomber son sac négligemment au sol. Il s'échoua à ses pieds habillés de hautes bottes en cuir où de nombreuses sangles marquaient de leurs bruits tous ses pas. La jeune femme tira brièvement sur sa jupe afin qu'elle descende un peu plus que la moitié de ses cuisses. Elle fit une grimace et soupira bruyamment.
-J'aurais dû me fringuer autrement.
Elle se mit à genoux sur le sol et fouilla rapidement dans son sac. Elle en sortit une veste en jeans qu'elle passa rapidement, tout en essayant de camoufler avec plusieurs larges bracelets son autre tatouage à l'intérieur de son poignet. En vain. Elle remit tout son fourbie dans son sac et le tassa vivement pour que tout y entre. Puis, elle se releva et remit ses affaires sur son épaule. Elle avança doucement vers l'entrée de la base de Fort Marshall. Des voitures se pressaient pour y entrer. La jeune femme regarda le manège quelques minutes en silence, analysant une manière pour elle de rentrer dans la base sans avoir à subir de contrôle. Mais il semblait qu'il n'y en avait aucun. Alors, elle se lança. Elle referma sa veste d'un coup sec, comme pour se donner du courage et fonça tête baissée. Elle ne regarda ni à droite, ni à gauche et ne prêta aucune attention à l'homme qui semblait l'appeler. Elle accéléra le pas, toujours plus vite, jusqu'à courir. Mais hélas, cela ne suffit pas. Une main l'empoigna fermement et elle regarda enfin le soldat.
-Où allez vous comme ca? Vous n'êtes pas de la base?
-Euh, non, je rends une petite visite. C'est une surprise.
-Vous devez vous identifier mademoiselle, personne ne rentre sans autorisation.
-Vraiment? Mais je vous assure que ça doit être une surprise.
-Il n'y a pas de surprise dans l'armée. Suivez-moi, grommela le jeune homme d'une voix sèche.
Elle le fit à contre cœur. Personne ne la quitta des yeux jusqu'au moment où elle arriva à l'accueil. -Cette jeune femme a tenté d'entrer sans autorisation, lança le soldat qui l'avait intercepté, c'est un visiteur.
-Qui venez-vous voir sur la base? Fit l'autre homme derrière le comptoir.
-C'est important? Rétorqua la jeune femme en souriant.
-Oui, cette personne doit venir vous chercher alors il serait bon de nous donner son nom.
-Ok, c'est le Lieutenant-colonel Sherwood, grommela-t-elle.
-Et votre nom?
-En quoi ca vous regarde?
-Vous semblez bien jeune et…
-Assez vieille pour pas répondre à ce genre de questions.
-Donnez-moi votre carte d'identité s'il vous plait, insista le jeune femme fit une grimace et fourra sa main dans la poche arrière de sa jupe et lui tendit une carte qu'il regarda avec attention.
-Vous vous appelez Milly Branks et vous avez vingt trois ans.
-C'est écrit, lança celle-ci en souriant.
-Oui, oui ça l'est, sauf que c'est une fausse carte d'identité assez mal imitée.
-Ca suffit pour acheter de l'alcool et aller en boîte, murmura la jeune femme.
- Je ne suis pas un videur de boite de nuit, alors vous allez arrêter de vous payer ma tête et vous allez me dire votre vrai nom et votre âge. Et quelles sont les raisons de votre venue ici.
-Je dois vraiment voir le Lieutenant-colonel Sherwood. Je vous en prie, on s'en tape de mon vrai nom, dites lui que quelqu'un l'attends et que c'est très important.
-Je dois savoir pourquoi je vais déranger un officier.
-Ben, si vous m'aviez laissé passer, vous ne l'auriez pas dérangé au moins.
-Etes-vous de la famille?
-Il aime m'appeler « princesse des roses », vous croyez qu'il appelle beaucoup de monde comme ça?
-Ca ne répond pas à ma question.
-Ouais, je suis dans la famille.
-Votre vrai nom? La jeune femme soupira longuement en fermant les yeux.
Il n'allait pas la lâcher et ce n'était que le début. Peut être n'aurait-elle pas dû venir après tout. Mais elle n'avait pas vraiment eu d'autres choix, même si elle avait de nombreuses idées quant à l'endroit où elle pouvait se trouver à ce moment là. Elle prit donc son mal en patience et se plia « aux règles d'interrogatoires » , puis le soldat donna un coup de téléphone au Lieutenant-colonel Sherwood, espérant de toutes ses forces que cette histoire n'allait pas lui retomber dessus. La jeune femme avait pris place dans un fauteuil en attendant, mâchant un chewing-gum et jouant avec ses cheveux. La musique qu'elle avait mise à un volume sonore élevé dans son I-Pod, s'entendait dans presque toute la pièce. Elle attendait avec anxiété quand soudain, elle se leva d'un bond. Elle éteignit la musique et se précipita vers l'accueil.
-S'il vous plait, les toilettes c'est où?
-Au fond du couloir, grommela l'homme sans lever les yeux.
-Vous gardez un œil sur mon matos, soldat?
Il ne prit même pas la peine de répondre et la jeune femme s'éclipsa rapidement. Elle revint quelques minutes plus tard, habillée d'un pantalon large, mais bien plus déchiré qu'elle ne l'avait pensé. Elle jeta un rapide coup d'œil dehors et vit aussitôt une silhouette familière, une démarche assurée qu'elle connaissait bien, une carrure singulière et protectrice qu'elle se souvenait aimer. Elle tendit le bras vers une pile de brochures et cracha rapidement son chewing-gum dans l'une d'elle avant de la remettre en place et de sourire largement, le plus naturellement du monde lorsque Frank franchit la porte. Il avança vers le bureau d'accueil après lui avoir accordé un regard. La jeune femme ne bougea pas, mais sourit de plus belle lorsque le Sergent derrière le bureau la pointa du doigt. Frank se retourna avant de se figer sur place.
-Abby? S'exclama-t-il en faisant un pas. Mais qu'est-ce que tu fais là?
-Salut, répondit celle-ci avant de s'approcher de lui.
-Tu…tu as…changé.
-Pas toi, répondit-elle aussitôt en riant avant de se blottir dans ses bras.
Frank ne réagit pas tout de suite, mais il referma ses bras autour d'elle pour une tendre étreinte. La jeune femme se recula et lui sourit.
-Où es ta mère?
-A Pittsburg, tu veux qu'elle soit où?
-Tu es venue comment? Reprit l'officier en fronçant les sourcils.
-Comment va Denise? Lança Abby avec entrain.
-Abbyyyyy, gronda Frank, réponds à ma question.
-On va pas se prendre la tête maintenant, d'accord? S'il te plait, ça fait trop longtemps qu'on s'est pas vu. On parlera de maman et de comment je suis venue ici, plus tard si tu veux.
Frank n'eu pas le temps de répondre que la jeune femme s'empara déjà de son sac et s'approcha à nouveau de l'homme de l'accueil.
-C'est bon? Je suis libre là ?
-Disparaissez, grommela celui-ci pour que elle seule l'entende.
-Tout est bon, on y va? Lança la jeune femme avec entrain avant de s'emparer du bras de Frank et de l'entraîner avec elle.
-Au revoir et bonne journée mon Colonel.
-Vous aussi Sergent, répondit Frank en lui accordant un bref regard.
Mais Abby retourna une dernière fois la tête vers le Sergent responsable de sa « captivité » et lui tira la langue avec toute la rage dont elle pouvait faire preuve.
Ils se trouvaient tous les trois à table, mangeant en silence. Le couple avait été très étonné en apprenant que Abby se trouvait à l 'entrée de la base. Ils avaient supposés que ses parents et son jeune frère y étaient également. Mais non, elle était seule. Et Denise, tout comme Frank lorsqu'elle la vit sortir de la voiture, elle avait été très étonnée de la voir si changée. Cela faisait déjà trois ans qu'ils ne l'avaient plus revus, mais en trois ans, la grande enfant était devenue une toute jeune femme. Abby n'avait que dix huit ans, et se transformait de jour en jour, mais ils n'avaient pas été préparés à ce que la transformation se fasse aussi radicalement. Le repas s'était ainsi passé dans un calme inhabituel pour de telles retrouvailles. Denise n'avait su quoi dire en dehors des banalités d'usage que l'adolescente évitait avec une facilité déconcertante. Abby appréciait beaucoup Denise, depuis toujours, elle la respectait, car si tel n'avait pas été le cas, celle-ci le saurait sûrement. Alors, elle préféra ne pas trop en dire, laissant Frank gérer la situation à sa façon. Elle se mit à débarrasser et Abby se proposa de l'aider. Mais après le regard de connivence accordé à son époux, elle préféra le faire seule.
-Abby, il faut qu'on parle, lança Frank avec sérieux en appuyant ses coudes sur la table.
-Tu veux pas que j'aille aider Denise?
-Non, tu reste assise à table.
-Ok, soupira la jeune femme en jetant sa serviette sur la table.
-Déjà, pour commencer, tiens-toi bien, et enlève cette veste, tu dois avoir chaud.
-Non, ça va.
-Abby, enlève la, tu es toute rouge.
Elle fit une grimace et ouvrit la veste qu'elle retira doucement, espérant un miracle tombé du ciel qui pourrait empêcher la future réaction de Frank. Mais ce qu'elle avait prédit se passa.
-Depuis quand tu es pleine de tatouages? Lança le Colonel avec des yeux ronds.
-Je suis pas « pleine » et t'en a aussi.
-Ca me regarde, toi…
-Ca me regarde aussi, coupa la jeune femme.
-Moi je suis majeur, je n'ai de comptes à rendre à personne. Toi tu as des parents et je suis persuadé qu'ils ne sont pas d'accord avec ce que tu fais de ton corps.
-Ils en ont rien à faire de toute manière. Est-ce que maman t'a prévenue que je venais? Elle s'inquiète de pas me voir depuis plus d'une semaine?
-Tu as quitté la maison depuis une semaine? Gronda Frank.
La jeune femme ne répondit pas et regarda le sol. Elle entendit Denise entrer dans la pièce à nouveau. Elle ne vit pas que celle-ci jeta un tendre regard à son époux afin de l'apaiser. Frank comprit le message et respira profondément avant de reprendre la parole avec plus de calme.
-Je vais appeler ta mère pour qu'elle sache que tu es ici.
-S'il te plait, elle n'a pas besoin de savoir que je suis là, rétorqua Abby en levant brusquement la tête.
-Si elle a besoin de le savoir parce qu'elle va venir te chercher et tu vas rentrer avec elle.
-Je ne rentrerai pas avec elle.-En quel honneur?
-Ben si j'avais su que tu étais aussi…
-Vas appeler Anny chéri, intervint Denise, elle doit savoir que tu es avec nous Abby. C'est ta mère et elle doit s'inquiéter.
-Mais je suis mieux avec vous qu'avec elle. Je veux rester et vous ne pouvez pas m'obliger à rentrer, si elle vient ici, je pars dans la seconde, et autant vous dire que pour le coup, personne ne saura où je vais.
-Je n'aime pas les menaces Abby, répondit Frank en se levant enfin. La jeune femme ne répondit pas et Frank quitta la pièce suivit de près par Denise.
-Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec ta sœur, mais je pense que se serait bon que tu lui en parle, et peut être que se serait bien pour Abby qu'elle reste avec nous le temps du week-end, murmura Denise.
-Tu entends ce que tu dis?
-Reconnais-tu la petite fille qui aimait tellement que tu la prennes dans les bras et qui écoutait toutes tes histoires avec admiration?
-Tu veux dire en dessous de l'épaisse couche de maquillage, des tatouages et des cheveux en bataille? Répondit Frank en se retenant de sourire.
Denise en fit de même avant d'acquiescer.
-Elle a bien changé Denise, cette adolescente dans notre salle à manger ne ressemble en rien à la petite fille que j'ai si bien connu.
-C'est peut être parce qu'il y a une bonne raison.
Frank ne répondit pas immédiatement et jeta un bref regard vers la salle à manger où se trouvait toujours la jeune femme. Il sentit la main de son épouse se poser sur son bras.
-Appelle ta sœur, tu en auras le cœur net. Abby peut rester ici en attendant qu'elle vienne la chercher, tu sais qu'elle ne me dérange pas, loin de là.
-Je sais, seulement…
-Avoir ta sœur au téléphone est une vraie épreuve de force, lança Denise en riant, courage soldat, ajouta-t-elle avant de déposer un baiser sur ses lèvres et de le laisser seul.
Frank la regarda partir en soupirant avant de s'emparer du téléphone et de composer le numéro de sa sœur vivant à Pittsburg. A chaque nouvelle sonnerie, il se sentait de plus en plus mal à l'aise. Car il devait l'avouer et toute la famille le savait, Frank et Anny ne s'entendaient pas très bien depuis des années, depuis toujours. Comme frère et sœur. Comme chien et chat surtout. Le combiné fut décroché et une voix grave se fit entendre à l'autre bout du fil.
-Résidence Lewis.
-James, c'est Frank Sherwood, je...
-Tu veux parler à Anny? Je vais te la rechercher.
-Je vais très bien, merci, murmura Frank pour lui-même, et je veux bien que tu me passes ma sœur adorée.
Il attendit quelques secondes avant d'entendre une voix féminine au bout du fil.
-Frank? Salut.
-Salut Anny. Je peux te parler quelques minutes?
-Ecoute, tu tombes vraiment mal là.
-C'est très important.
-Moi aussi j'ai des choses importantes.
-Ne t'inquiète plus pour Abby elle est chez nous et…
-Abby? Mais qu'est-ce qu'elle fait chez vous?
-Justement, j'allais te poser la question. Il serait bon que tu viennes la chercher.
-Frank, je n'ai pas le temps de venir pour Abby. Je pensais qu'elle était chez une amie, nous ne l'avons plus vu depuis plusieurs jours déjà. Et ça n'a rien d'étonnant.
-Eh bien, depuis tout ce temps, elle a trouvé le moyen de venir jusqu'ici.
-Que veux-tu que je te dise?
-Que tu t'inquiétais pour elle, ce serait un bon début, tu ne crois pas? Fit plus fort le Colonel.
-Frank, c'est une grande fille et je n'ai vraiment pas le temps de m'occuper de tous ses malheurs. Le lycée ne l'intéresse plus de toute manière, elle avait sans doute envie de faire une petite pause, voilà tout. Je me pose tout de même la question, pourquoi elle est venue chez toi? C'est sans doute comparable à une prison pour elle.
-Je te remercie, grommela Frank en se laissant tomber dans le canapé.
-Je t'en prie, ose dire le contraire? Lança sa sœur en riant.
-Qu'envisage-tu de faire avec ta fille? Reprit le Colonel sans tenir compte de sa remarque.
-Si elle survie, elle n'a qu'à rester chez toi, je te l'ai dis, j'ai beaucoup de choses à régler avec le boulot et…
-Et tu n'as pas le temps avec ta fille, j'ai bien compris. Il est donc préférable qu'elle reste ici quelques temps en effet.
-Tu trouveras sans doute le moyen de la transformer en un bon petit soldat comme papa à fait avec nous. Je te souhaites bien du courage, car pour Abby, on ne peut hélas plus rien faire. -Je ne la changerai en rien du tout, gronda Frank, mais je suis persuadé que c'est une jeune fille très bien. Il entendit un éclat de rire à l'autre bout du fil qui le fit se sentir encore plus en colère. Puis, Anny reprit la parole.
-Elle n'est plus la petite princesse que tu faisais tournoyer dans les airs. Abby a grandit et elle est devenue indépendante.
-Je suis certain qu'elle est toujours la même.
-Tu ne l'as sans doute pas encore vu plus d'une journée. Je te souhaite bien du courage grand frère. Tu nous la renverras quand elle sera devenu insupportable. James et moi nous seront absents tout le week-end alors dis lui que la clé de la porte est sous le pot de fleur à droite du banc blanc.
-Tu plaisantes j'espère?
-Je dois y aller, on m'attends. Je suis sérieuse Frank, tu n'es pas fait pour t'occuper d'une adolescente comme Abby. Laisse la partir si elle le souhaite, au moins, elle ne te détestera pas. A bientôt.
-Anny tu…Il ne pu finir sa phrase que déjà il entendit la tonalité du téléphone.
Il raccrocha fou de rage face à l'indifférence d'une mère face à sa fille. Puis, il vit les deux autres personnes présentes dans la pièce.
-Elle a au moins passé le bonjour à Denise? Lança Abby avec sarcasme.
-Elle a dû le faire.
-Qu'a-t-elle dit? Demanda Denise.
-Qu'elle est pressée et qu'elle n'a pas le temps de bavarder, reprit Abby, mmmh je soupçonne un week-end en amoureux avec papa. La clé est sous le pot de fleur à coté du banc et Tim est chez madame Parkins, c'est ça?
-Elle n'a pas parlé de ton frère, répondit Frank en se levant. -Bon alors? Il décolle quand mon avion? Grommela Abby en levant les yeux aux ciel.
-Pas aujourd'hui, tu vas rester quelques jours ici.
-Sérieux? Maman n'a pas crisée? Genre tu vas faire de moi un de tes soldats, ou une nonne. Elle dit toujours ça de toi.
-Je n'en doute pas.
-Et je reste quand même? Lança la jeune femme en souriant.
-Oui.
-Cool, t'es trop fort.
-Abby tu peux me laisser seul avec ta tante s'il te plait?
-Ouais, j'ai pas envie d'entendre ce que tu vas dire sur moi de toute manière, soupira la jeune femme en retournant à la salle à manger.
Denise s'approcha de son époux et il reprit la parole à peine plus fort qu'un murmure.
-Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais une chose est certaine, Abby a besoin de nous. Ca ne te dérange pas qu'elle reste ici le temps que je trouve pourquoi cette gamine est devenue cette adolescente déboussolée et si…mal élevée?
-Ca ne me dérange pas Frank. Elle peut rester aussi longtemps qu'elle le veut.
-D'après Anny ça ne va pas durer longtemps.
-Nous verrons bien. J'ai appris à vivre au jour le jour depuis ce qui est arrivé à Jeremy.
-Je sais, soupira Frank en l'attirant vers lui, je sais, répéta-t-il avant de déposer un baiser dans ses cheveux, mais je crois qu'un nouveau défi de taille nous attends.
-J'ai confiance, murmura Denise dans les bras de son époux.
Trois jours plus tard.
Denise ramassait pour la énième fois un gilet bleu marine qui traînait dans le salon. Elle avait oublié ce que c'était de vivre avec un adolescent. Même si elle devait se l'avouer, Abby n'avait rien en commun avec Jeremy. La jeune femme soupira en ramassant un paquet de chewing-gum avant de jeter un œil à Abby qui se trouvait plus loin. L'adolescente lisait un article dans le dernier magazine de mode en vogue et écoutait de la musique qui devait sans doute lui briser les tympans, tant elle était forte. Denise s'avança vers elle et lui sortit un écouteur de l'oreille. Elle croisa son regard aussi bleu que celui de Frank et lui parla tendrement, avec toute la patience dont elle pouvait faire preuve.
-Abby, tu devrais aller te préparer, ton oncle ne va pas tarder à rentrer et il a horreur d'être en retard.
-Ouais, j'y vais, grommela la jeune femme en se levant.
Denise la regarda partir avec satisfaction. Elle pouvait encore avoir de l'autorité sur une jeune fille tout compte fait. Elle se remit au bref rangement qu'elle avait entreprit depuis un long moment déjà. Frank allait rentrer d'une minute à l'autre et ce soir là, une réception avait été organisée où ils se devaient d'assister. L'envie d'emmener avec eux Abby n'avait pas été flagrante, loin de là, ils auraient préférés l'éviter. Mais ils n'avaient eu guère le choix. Il leur semblait préférable de garder un œil sur elle. Frank entra lorsque Denise venait à peine de terminer de tout rassembler sur le canapé.
-Hey, bonsoir, murmura le Colonel avant de l'embrasser.
-Salut soldat, répondit Denise sur ses lèvres.
-On peut y aller?
-Oui, Abby termine de se préparer.
-Abbyyyyy, lança Frank en s'éloignant de son épouse, dépêche toi, nous devrions déjà être partis.
-J'arrive, cria une voix dans une pièce voisine.
Il se passa quelques secondes avant que la porte de la salle de bains ne s'ouvre à la volée. La jeune femme avança dans le couloir en souriant largement alors que le couple la regarda avec de grands yeux ronds.
-C'est bon, on y va?
-Tu ne compte pas y aller comme ça? Grommela Frank en la regardant de la tête aux pieds.
-Ben quoi, Denise m'a dit de mettre une robe, c'est une robe, répondit la jeune femme en baissant les yeux vers ses chaussures, ouais, les pompes ça le fait pas.
-Non, pas vraiment. -Je vais te chercher quelque chose qui devrait t'aller, intervint Denise, mais passe ce gilet sur tes épaules, ajouta-t-elle en lui tendant le gilet qu'elle avait ramassé un peu plus tôt.
-Pourquoi?
-Eh bien, hésita Denise, ton décolleté est un peu trop, ouvert, lança-t-elle avant de s'éclipser.
-Question de point de vue, tata, murmura Abby pour elle-même avant d'enfiler le gilet.
Quelques minutes plus tard, ils quittèrent la maison tous les trois. Abby avait beau essayé de s'habiller comme lui avait demandé son oncle et sa tante, cela n'y faisait rien, elle se sentait comme un épouvantail déguisé. Une fois arrivée sur le lieu de réception, la jeune femme remarqua à quel point elle n'était pas vêtue comme les autres. Même cette jeune fille un peu plus loin, qui devait avoir son âge, tout au plus, était élégante, alors qu'elle, semblait sortir d'un film d'horreur. Elle glissa ses doigts dans ses cheveux pour essayer de les discipliner un peu, mais hélas, cette cause était perdue d'avance.
-Denise, Frank, soupira une femme à l'entrée de l'immense bâtisse.
-Bonsoir Claudia Joy, répondit aussitôt Denise, voici Abby, notre nièce.
-Madame, grommela celle-ci.
-Je suis ravie de te rencontrer Abby, répondit Claudia Joy en souriant, je vous en prie, entrez.
-Tout est une fois encore organisé à la perfection, lança Frank.
-Merci, répondit Claudia Joy en souriant.
Abby suivit son oncle et sa tante à l'intérieur. Elle salua poliment toutes les personnes qu'elle rencontrait. Denise la présenta à ses amies avec qui elle resta un petit instant. Frank s'était rapidement éloigné pour saluer les autres officiers. Il ne se passa que quelques courtes minutes avant que Abby ne sente l'ennui l'envahir profondément. Denise la laissa seule elle aussi.
-Elle va mourir d'ennuis dans dix minutes, soupira-t-elle à sa meilleure amie.
-Ca n'a pas l'air d'être le genre de fête branchée qu'elle côtois habituellement, répondit Claudia Joy.
-Non, j'en doute.
-Elle va rester longtemps avec vous?
-Nous n'en avons que très peu parlé. Tu sais, Abby est sans doute une des personnes sur cette Terre que Frank aime le plus. Depuis qu'elle est née, il a toujours pris soin d'elle de loin, même s'il ne s'entend pas avec sa sœur. Il lui a toujours offert les plus beaux cadeaux, il lui a raconté les plus belles histoires, et, crois-le ou non, mais il a toujours adoré la prendre dans ses bras.
-Je n'imaginais pas Frank comme ça, répondit Claudia Joy.
-Oooh mais il n'est pas mon mari pour rien, répondit Denise sur le même ton en lui donnant un coup de coude. Il était très différent avec Jeremy, mais je crois qu'il aime Abby comme si elle était sa fille. Et c'est pour cette raison qu'il n'a pas voulu la renvoyer, soupira Denise en regardant la jeune femme plus loin.
-Et tu en penses quoi?
-Qu'il a fait le bon choix. J'aime beaucoup aussi cette gamine et quand tu vois la manière dont elle a changée, tu te poses une quantité de questions.
-L'adolescence, soupira Claudia Joy avant qu'elles ne rirent toutes les deux.
-Ca doit être ça, répondit Denise qui voulait encore éluder le sujet de la manière dont vivait Abby à Pittsburg.
Elles discutèrent encore quelques minutes, avant que Denise ne décide de rejoindre l'adolescente afin qu'elle ne s'ennuie plus. Mais elle ne la vit pas à la table où elle l'avait laissé. Elle interrogea ses amies et la chercha partout, mais Abby demeurait introuvable. Alors qu'elle voulut rejoindre Frank pour lui demander s'il ne l'avait pas vu, elle l'aperçu un peu plus loin. Abby échangeait quelques mots avec Emmalin, mais quelque chose faisait penser Denise que ce n'était pas des mots d'amitié. Elle vit le geste malheureux que fit sa nièce pour se dégager de la fille de son amie. Elle vit son bras passer à quelques millimètres de la haute pile de verres posés sur la table. Mais elle n'eu pas le temps de réagir. Abby vacilla et se rattrapa sur la table proche d'elle. Denise avança au pas de course, voulant à tout prix éviter la catastrophe, mais hélas, elle n'y parvint pas. La jeune femme tomba sur la table, emportant avec elle les dizaines de verres qui se brisèrent avec fracas sur le sol. Toute l'assemblée se tourna aussitôt vers elle. Denise parcourut le chemin en un quart de temps. Il y eu des éclats de voix sur son chemin, des soupirs de surprises et des regards interrogateurs. Denise se sentait terriblement mal à l'aise. Mais elle tenta de faire abstraction de tout cela pour venir aider sa nièce. Abby se releva avec difficulté et leva aussitôt les yeux vers sa tante.
-Euuuh, désolée, grommela-t-elle en prenant la main que lui tendait Denise.
-Lève-toi.
Elle s'exécuta et replaça sa robe correctement, se sentant mal à l'aise. Frank arriva avant qu'elle n'ait le temps de dire quoique se soit. Il avait abandonné Michael en pleine conversation pour se précipiter vers l'origine du fracas. Il sentait tous les regards des invités posés sur eux.
-Abby, mais qu'est-ce qu'il t'a pris?
-Ben, j'ai glissé je crois. Il lui lança un regard noir avant de reprendre.
-Tu te rends compte de ce que tu viens de faire? Murmura-t-il.
-Ouais, j'ai taché ma robe, et…
-Tu viens de gâcher toute la soirée, et de nous mettre dans une situation impossible.
-Désolée, soupira Abby, j'ai pas fais exprès.
-Tu vas t'excuser auprès de madame Holden et nous allons rentrer dans la seconde.
Abby ne répondit pas et tenta de faire un pas en direction de Claudia Joy qui arrivait au même moment. Mais elle eu un violent vertige et se rattrapa au bras de Denise. Ce geste n'échappa pas à Frank qui s'approcha de son visage avant de s'en éloigner en devenant rouge de colère.
-Tu as bu de l'alcool?
-Un peu, c'était une petite bouteille.
Frank vira au rouge et la prit par le poignet.
-Excuse-nous Claudia Joy, dit-il en se tournant vers son amie, Abby, présente tes excuses à Madame Holden.
-Désolée madame.
-Comment pouvons-nous arranger tout ça? Demanda Denise.
-Je doute que se soit possible, murmura Claudia Joy en regardant le désastre.
Michael arriva lui aussi et aussitôt Frank reprit la parole.
-Je suis désolé pour cet incident. Abby viendra vous aider à tout nettoyer, dit-il en regardant sa nièce, mais je crois qu'il est temps pour nous de rentrer et de mettre au clair certaines choses.
-Oui, je crois aussi, répondit Claudia Joy.
Frank acquiesça et tira Abby sans ménagement. Denise quand à elle ramassa le sac de la jeune femme et en sortit une bouteille de Bourbon vide qu'elle tendit discrètement à son amie.
-Je suis vraiment désolée Claudia Joy, soupira-t-elle.
-Je t'en prie, je veux voir Abby demain matin, lorsqu'elle ne sera plus malade parce qu'avec ce qu'elle a bu…
-Oui, ne t'en fais pas elle sera là sans faute, Frank y veillera.
Claudia Joy lui adressa un timide sourire auquel elle répondit avant de sortir aussitôt à la suite de son époux et de sa nièce. Ils ne montèrent pas en voiture tout de suite, car Abby se trouva malade et il était impossible pour elle de passer une minute sans vomir. Frank soupira en fermant les yeux alors que Denise caressait tendrement le dos de la jeune femme.
-Ca va aller? Demanda-t-elle doucement.
-Naaaaan, grommela la jeune femme en plaçant ses cheveux derrière ses oreilles, je suis malade.
-Il fallait peut être que tu y penses avant de boire tellement, répondit Frank; mais qu'est-ce qu'il t'a pris?
-Je m'ennuyais, la prochaine fois vous avez qu'à me laisser à la maison.
-Parce que tu crois qu'il y aura une prochaine fois? Gronda Frank.
-Frank, murmura Denise en lui lançant un regard.
-Tu veux revivre ce qu'il s'est passé ce soir?
-Non, mais ce n'est peut être pas le moment d'en parler.
Elle fut interrompue par Abby se baissant une fois encore vers le caniveau. Elle se releva et lança un timide regard à Frank qui ne la quittait pas des yeux.
-On rentre, murmura-t-il, et nous en reparlerons demain.
Abby ne répondit pas et Denise l'aida à monter en voiture. Elle lui donna un sac en papier, au cas où elle se sentirait mal pendant le trajet et s'assit à l'avant. Le trajet se passa rapidement. Frank ne lâcha plus un seul mot jusqu'à la maison, alors que Denise s'occupait du mieux qu'elle pouvait de sa nièce. Elle l'aida à prendre une douche et la mise au lit.
-Merci tata, murmura Abby avant de tomber de sommeil, t'es cool toi au moins.
-Je t'en prie, princesse des roses, répondit-elle en souriant avant de déposer un baiser sur sa tête et de quitter la chambre.
-Comment peux-tu agir ainsi avec elle? Lança Frank qui l'avait regardé depuis le couloir.
-Ca ne servirait à rien de lui faire la morale.
-Eh bien, crois-moi, elle ne va pas s'en sortir aussi facilement.
-Je le sais Frank, répondit Denise en entrant dans leur chambre avant qu'il n'en fasse de même, mais nous verrons ça demain, ajouta-t-elle avant de fermer la porte derrière eux.
