C'est très drôle : j'étais partie pour un court oneshot, je me retrouve avec un truc interminable que je suis occupée de diviser en plusieurs chapitres parce que je me voyais mal publier une centaine de pages Word d'un coup. (Une petite quinzaine de parties, elles sont toutes écrites et sortiront à peu près régulièrement.) Certains éléments étaient fixés depuis un certain moment – ce scénario a été entamé il y a un peu moins d'un an, je ne le boucle qu'aujourd'hui. Quand je relis tout ça, je suis terriblement partagée : c'est tout à la fois exactement ce que je cherchais et tout ce que je voulais éviter. (Pas seulement au niveau scénaristique. Ce texte montre du doigt tous mes défauts stylistiques, et pourtant il me convient. C'est un peu bizarre.)
Je voulais tomber dans la banalité de vies s'entremêlant, dans l'expérience pure de l'existence. Un univers alternatif du XXIème siècle épuré de toutes les fioritures qui me séduisent parfois : la vie, la simple et bête vie détruit autant les gens que les situations les plus superhéroïques, portugaises ou religieuses. Il s'agissait également de détruire les définitions étriquées des sentiments : l'amour, l'amitié, la confiance ne sont pas sagement rangés dans des cases, ils débordent en permanence, dérapent, échappent à toute tentative de conceptualisation. De même que la question de l'identité sexuelle. Y a pas une ni des réponses prédéfinies. Pas de catégories. Aimer, ça peut être baiser, se regarder, se tenir à distance, apprécier, discuter, partager, craindre, admirer, détruire, crever... (Et même en disant ça, ma définition reste drôlement réduite.) C'est un sentiment aléatoire, comme un curseur, évoluant à chaque seconde, mutant pour mieux embourber les cœurs humains. Je n'aime pas les fables. Il n'y a jamais que du bon, jamais que du mauvais. Ca change, ça évolue, ça stagne. Eux aussi changent, évoluent, stagnent. On s'accroche ou pas, ça genre rien à la nature du sentiment. C'est comme ça. Ca tient juste du constat.
J'exploite donc une fois de plus une vision très personnelle des personnages de D. Gray-Man (dont la propriété revient à Katsura Hoshino, j'oublie souvent de le préciser). J'espère ne pas les avoir réduits à des portraits caricaturaux, ils sont selon moi bien plus complexes que cela. Par ailleurs, n'allez pas croire que je suis complètement dépressive ou quoi. Si c'est ce que peuvent peut-être laisser penser mes écrits, c'est tout à fait faux ; je respire la joie de vivre, passe mes journées avec un sourire à la con sur les lèvres et laisse échapper des conneries à tout bout de champ. D'ailleurs, je ne trouve aucun de mes textes véritablement tristes. Ils sont juste dans l'interstice, dans le creux de l'existence, comme moi. Dans l'entre-deux.
Ce oneshot est pour moi une grande respiration à côté de la lourdeur de Fides et de Novo – je bosse toujours sur Fides à côté, ça n'empêche pas. Je réponds bien entendu avec plaisir à vos critiques, commentaires, réclamations (si autre précisez) : le logos est plus que tout au centre de mes préoccupations. Bonne lecture mes chéris.
"The way it used to be", Pet Shop Boys
Vulgum pecus
(1)
Vendredi 30 mai 2008 – 12:59
Lenalee mordit proprement le sandwich que pressaient ses ongles vernis à travers une feuille de papier gras. En embrassant la salade, sa bouche laissa une empreinte de rouge à lèvres déformée par les nervures qui fronçaient le légume. Lavi sourit calmement, levant un instant le nez vers le ciel fade qui plafonnait la capitale galloise.
Devant eux s'ouvrait la baie de Cardiff, immense trou d'eau grise mordant la côte récemment aménagée. De l'autre côté s'alignaient, cuirassés de baies vitrées et de métal chromé, de beaux immeubles flambant neufs sur lesquels se reflétait le soleil étouffé par les nuages. Le rouquin s'était toujours senti à l'aise dans cette ambiance feutrée, dans ces pâtés de maisons dédaléens, dans le vaste parc du château aux dorures extravagantes où résonnait un anglais à l'accent prononcé. Cardiff, ce n'était ni trop ni trop peu : un juste équilibre, une ville simple mais complète qui semblait toujours avoir été telle quelle, loin des overdoses de tout que proposaient les autres capitales. Un dragon rouge qui n'était ni lézard, ni monstre fantastique à la barbe de feu. Rien de plus parfait pour l'étudiant vagabond que Lavi prétendait être ; aucune des quatorze années passées dans les artères du Pays de Galles ne l'avait jamais déçu. La baie, mais aussi le centre-ville pavé et les parcs infestés d'écureuils offraient de longues promenades tranquilles et autant de lieux de détente qu'il arpentait régulièrement seul ou en compagnie de Lenalee.
Fidèle à l'ambiance générale du pays, l'après-midi n'était ni trop chaude ni trop fraîche, et il régnait le long d'Harbour Dr un silence que venait chatouiller le léger froufroutement des arbres. Cela faisait une bonne demi-heure qu'ils avaient entamé leur déjeuner, sitôt sortis de la fac et installés près de l'église norvégienne. Rien ne lassait Lavi de son observation muette du paysage. S'il n'avait jamais été spécialement rousseauiste, il partageait néanmoins avec le philosophe son goût de la contemplation de la nature, éveillant calme et réflexion. Il y avait quelque chose de puissant là-dedans, quelque chose d'entier, un yin au yang retrouvé qui le poussait à apprécier les environs pour ce qu'ils étaient ; sans savoir l'expliquer, il trouvait ce sentiment franchement beau.
« Tu y penses, hein ? » lâcha soudain la voix de Lenalee, assourdie par la main qu'elle se passa sur les lèvres pour en décoller les miettes.
A califourchon sur un banc aux écailles de mosaïque rouge, l'Irlandais eut un léger sursaut. La brune le fixait de ses yeux noirs et troublants ourlés de cils trop longs, l'arrachant de sa bulle pour le plonger dans un cosmos tout aussi enivrant.
« Ouais, j'y pense. Me regarde pas comme ça Lena, je vais tomber dans tes yeux – j'ai dit que j'y pensais. »
Lenalee n'insista pas, levant innocemment les mains avant de les plonger dans les poches du sweatshirt Manchester United qu'elle avait piqué à son frère mais qu'elle soupçonnait appartenir à son meilleur ami, un grand Australien aux cernes gravés au bord des yeux.
« Ca roule, alors, acquiesça-t-elle en dégageant du bout du pied un pigeon gourmand qui s'envola un mètre plus loin avec un gloussement outré. Tant que t'oublies pas, c'est bon.
— Oh boy Lenalee, j'oublie pas. J'oublie rien. »
La voix de Lavi était empreinte d'une monotonie fatiguée, une lassitude qui l'aurait poussé à répondre plus sèchement s'il ne tenait pas tant à son amie.
Ses tendances à l'hypermnésie lui rendaient autant service qu'elles assaillaient son crâne de violentes migraines : les excellents résultats aux examens c'était cool, les heures passées à chialer de douleur dans les bras de Tyki beaucoup moins. Lenalee eut l'air confus qu'on prend lorsqu'un « Bah vous faîtes une tête d'enterrement, quelqu'un est mort ? » blagueur fait éclater en sanglots un ami fraîchement endeuillé. Le rouquin esquissa un sourire sincère à l'adresse de la jeune fille. Les compétitions de handball en approche la stressaient déjà suffisamment pour qu'il se permette d'en rajouter une couche. Soucieux de lui signifier qu'il ne lui reprochait pas sa maladresse, il se pencha en avant et déposa doucement sa tempe contre son épaule. Sa tignasse rousse vint se nicher dans le cou de la jeune fille, qui répondit d'un rire léger.
Lavi sourit de nouveau. Renversée de quatre-vingt-dix degrés, la baie de Cardiff était tout aussi belle.
« Du coup, t'as une idée de cadeau si c'est toi qui l'achètes ? » demanda la Chinoise après quelques secondes silencieuses intimement savourées par l'un comme par l'autre.
Lavi rouvrit les yeux qu'il avait paresseusement fermés, s'assurant d'un geste nerveux que la mèche rousse qui lui barrait le front était assez fournie pour masquer tout à fait son œil droit.
« Nan, je sais pas… T'as une idée, toi ?
— Je te demande, Lavi, tu te doutes bien que je rame. Rien du tout ?
— Nan… Ou plutôt si. »
Le visage fin de Yû Kanda apparut devant ses yeux, durci par des lèvres fermement pincées, des pommettes saillantes et des yeux brûlants qui béaient comme des gouffres au milieu de sa peau glaciale.
« Un pied de biche pour lui dégager le balai qu'il a dans le cul, termina le rouquin avec un sourire railleur qui lui aurait valu un coup de poing de la part de l'intéressé s'il lui avait fait part de sa suggestion.
— Putain, t'es con, gloussa Lenalee en secouant la tête, mais Lavi devina au tremblement de ses épaules le sourire qui barrait sa bouille de poupée.
— Arrête, faudrait au moins ça, il est carrément déprimant ces derniers temps… Il veut même plus venir clasher les navets désespérants qui passent au cinéma avec moi, je sais plus quoi faire. Vivement qu'Alma se reprenne un peu, parce que sa dépression déteint salement sur Kanda et que ça le rend franchement chiant. Il m'a fait un discours sur mon comportement immature la dernière fois, je te raconte pas, j'en ai presque perdu l'envie de vivre.
— Ouais, » acquiesça Lenalee avec un sourire désolé, sortant les mains de ses poches pour les passer sur son visage, marquant des rides qui n'existaient pas sur ses joues d'adolescente.
Le crayon noir qui cernait ses yeux bava sous ses doigts. Elle posa ses mains sur ses genoux et les détailla un moment du regard comme si le destin de son ami se trouvait là, au creux de ses paumes. Seulement les choses n'étaient pas aussi simples, n'avaient jamais été et ne seraient jamais aussi simples.
« Il va vraiment pas bien, tu sais. »
La voix de Lenalee avait subitement mué en quelque chose de plus grave, de plus concerné.
« Alma, je veux dire. »
Lavi ferma de nouveau les paupières, laissant échapper un soupir qui résumait tout ce qu'il pensait de la situation.
La sévère dépression d'Alma avait beau ne pas être toute récente, elle restait d'actualité. Comme Kanda refusait d'évoquer le sujet, trop largué par l'autodestruction progressive de son meilleur ami pour y réfléchir avec recul, Lena et lui en avaient beaucoup discuté. Ces déjeuners où ils se retrouvaient sur les bancs en forme d'animaux, ces après-midi passées sur les marches qui menaient au Parlement, ces soirées qui se finissaient en tête-à-tête car Kanda leur posait un énième lapin, ces longues nuits passées au téléphone à refaire le monde…
Aucune solution ne s'était jamais dégagée de leurs conversations, comme si la toile de désespoir qui engluait Alma s'étendait pour emporter coûte que coûte Kanda dans le rien profond de la vie. S'il y avait quelque chose à faire, aucun d'entre eux n'avait encore trouvé de quoi il s'agissait – et aussi sage et mature qu'il puisse parfois se montrer, Lavi ne pouvait s'empêcher d'éprouver quelque animosité envers celui qui bouffait littéralement la vie de son meilleur ami.
« Je sais, » lâcha-t-il enfin dans un second soupir, le nez toujours enfoui dans les cheveux bruns que Lenalee avait noués en deux longues couettes.
Ses sourcils se froncèrent sans même qu'il n'en ait conscience. La Chinoise grimaça. La blessure taillée par l'éloignement progressif de celui que Lavi n'appelait jamais son meilleur ami, de peur de réduire leur relation à de vulgaires stéréotypes de société, se sentait même dans le ton qu'il prenait. La sale escarre avait toujours été là, suintante de rancœur et d'incompréhension, et la distance que prenait Kanda ces derniers temps était comme de gros grain de sel saupoudrés sur une plaie trop récente pour avoir totalement cicatrisé.
Lenalee fut tentée de passer une main dans les cheveux de son ami, mais la voix rauque du garçon l'interrompit dans son mouvement.
« Je sais, répéta-t-il simplement. Je sais, ma grande. Suffit de regarder Kanda. Tu regardes ses cernes, tu comptes les kilos qu'il perd, t'évalues sa mauvaise humeur. Tu multiplies par dix. Le résultat de l'équation, c'est Alma. Avec Kanda de toute façon, le résultat c'est toujours Alma.
— Lavi…
— Ca va, Lena, c'est bon. T'inquiète. Ca fait rien. Ou plutôt, on peut rien faire. Juste être là. C'est à lui de venir vers nous maintenant, tu sais. A lui de faire l'effort, je crois qu'on a eu notre dose, nous. C'est bientôt ta compet, pense un peu à toi, plutôt. C'est un grand garçon, hein. Je dis pas qu'il doit choisir son camp, je pense même pas qu'il y ait vraiment un camp à choisir, je veux dire… Mais moi j'en peux plus d'aller le chercher tout le temps pour qu'il me tourne le dos. Tiens d'ailleurs, t'as vu Allen, dernièrement ?
— C'est parler de dos qui te fait penser à lui ? » demanda Lenalee avec un embryon de sourire sur les lèvres, rangeant de nouveau ses mains dans les poches du sweatshirt rouge et jaune comme le blason de quelque famille médiévale.
Changer brutalement de sujet, c'était tout ce que Lavi avait trouvé pour ne pas s'étendre sur toutes les épineuses questions que posaient le cas Alma : parler de Kanda, il n'en pouvait plus. Non pas qu'évoquer le garçon en son absence le gênait, mais poser des mots sur la situation sans pouvoir l'empoigner à pleines mains était trop frustrant, lui laissait d'amères vagues de rancœur dans la gorge. Et assez de sanglots l'avaient déjà écorchée, sa gorge, pour qu'il ne s'étende sur le sujet. Il se doutait que Lenalee n'était pas dupe de ses beaux sourires, de ses « ça va » qui sonnaient affreusement faux, mais la jeune fille sembla se satisfaire du tournant que prenait la discussion. Ce calme début d'après-midi printanier n'était pas le moment idéal pour entamer une conversation sérieuse. Lavi fut soulagé de savoir que Lena lui accordait au moins cela. Il se mit à tripoter distraitement les cordons qui pendaient au cou de son amie.
« J'y peux rien s'il a cette sale manie de toujours marcher devant nous. Je sais pas pourquoi il fait ça d'ailleurs, mais on voit jamais que son dos quand on sort en ville… Ca fait un bout de temps que je l'ai pas vu, c'est pour ça que je demande. Tu crois que ça le brancherait, l'anniv de Kanda ?
— Tu rigoles ? Tu veux nous achever ou quoi ? Ils vont s'entretuer, hein, et ça me tente moyen de ramasser des morceaux de cervelle au milieu des paquets cadeaux…
— Quoi, il lui a pas pardonné ? enchaîna Lavi d'un air incrédule, songeant aux multiples engueulades qui avaient secoué l'étrange duo sans jamais les dégoûter l'un de l'autre, leur soif de provoc et de baston ne semblant jamais s'apaiser.
— Kanda aime pas qu'on se mêle de ses affaires, tu sais bien. Même moi, il m'envoie chier. »
Dans la famille des vérités générales, je demande Dieu. Lenalee connaissait Kanda depuis plus longtemps que le rouquin mais le nombre de trucs personnels qu'elle savait de lui se comptait sur les doigts de la main. La relation qu'il entretenait avec Alma était au cœur de ce nœud d'incertitudes, et Lavi le soupçonnait parfois de retenir les informations par pur égoïsme, protégeant ses secrets ainsi qu'une mère enlace tantôt tendrement, tantôt fermement son bambin entre ses bras.
Personne ne savait même vraiment de quelle manière ils s'étaient rencontrés et les plus folles rumeurs couraient sur le lien qui les unissait. Une fois, une seule fois, Kanda leur avait certifié d'un ton grave qu'ils n'y avait rien de ce qu'ils pouvaient imaginer entre eux – leur identité sexuelle elle-même restait mystérieuse – et Lenalee avait été obligée de le croire, car il n'y avait que la confiance qui permettait à leur amitié de ne pas s'effriter totalement. Kanda n'était pas plus athée que chrétien : si sa religion devait porter un nom, elle aurait arboré celui d'Alma. Un culte des plus ésotériques, interdit aux non-initiés, un genre de dogme confidentiel et un peu fou… Une saloperie de secte prête à le bouffer, aurait dit Lavi, sa jalousie égalant la pertinence de l'accusation. Alma était l'âme de Kanda et putain, c'était gerbant de voir celui qu'on avait un jour convoité foutre sa vie en l'air à cause d'un pauvre type dépressif.
Lavi mit un instant à répondre, contemplant distraitement un couple de touristes se pencher sur le bastingage qui cerclait la baie de Cardiff et leur chien emberlificoter sa laisse autour de leurs chevilles.
« Ouais, enfin c'est aussi de la faute d'Allen, cette histoire, » lâcha-t-il lorsque la femme manqua de passer par-dessus bord et que son époux éclata d'un gros rire gras.
Sa remarque fit sourire Lenalee, qui nota que son ressentiment ne l'empêchait pas de prendre la défense du caractériel Japonais. L'étudiant ne semblait même pas s'en être rendu compte.
« Allen aurait pas dû insister autant pour voir Alma et essayer de régler les choses entre eux, il aurait pu se douter qu'il foutrait la merde...
— Je crois surtout qu'il savait qu'il risquait de foutre la merde, comme tu dis, mais qu'il a pris le risque quand même, lâcha Lenalee dans un soupir que le vent vint faire rouler sur le front de l'Irlandais. Tu connais Allen, il a jamais supporté de voir les autres souffrir sans rien tenter.
— Foutu syndrome du messie… J'en trouverai un pour lui aussi, on va jamais s'en sortir avec une bande de bras cassés comme eux.
— Un quoi ?
— Un pied de biche, mon cœur, un pied de biche, répondit-il avant d'étouffer un pouffement de rire tout contre son cou et de relever subitement la tête, le nez froncé. Hé, tu sais que ton sweat pue sévèrement le mâle, ma belle ?
— Merci Komui, gloussa Lenalee en quittant le banc.
— Merci Reever, tu veux dire, ricana Lavi en se levant à son tour, passant un énième coup de doigts sur la mèche qui couvrait son œil. M'étonnerait que cette odeur appartienne à ton beau gosse de frangin, pas son genre de parfum. »
Il s'étira longuement en déployant ses bras vers le ciel de traîne tavelé de nuages gris.
« Tu sais que t'as un sérieux problème avec les asiatiques ? le taquina Lenalee en ignorant la main baladeuse qui vint instantanément se ficher contre ses fesses.
— Oh que oui, » acquiesça son ami en lovant ses doigts dans la poche arrière du jean ample qui masquait les belles courbes de la brune.
Ils remontèrent la baie en riant. Lavi écouta Lenalee lui relater les derniers potins concernant les filles de son équipe, comme pour combler de futilités le gros creux qui lui rongeait la poitrine. Une pluie fine se mit bientôt à tomber, les poussant à presser le pas vers un arrêt de bus couverts de graffs assez incompréhensibles pour être pris pour des hiéroglyphes. Un adolescent au casque vissé sur les oreilles et quelques businessmen qui leur rappelèrent Komui, mallette à la main, se réfugièrent à leur tour sous le porche pour épargner leurs costumes impeccables. Le bus ne tarda pas à arriver, avalant les passagers pour les confiner dans son atmosphère moite, les vitres rendues opaques par une buée dense. Lavi et Lenalee passèrent le trajet à discuter de tout ce qu'il leur passait par la tête, c'est-à-dire de tout ce qui ne leur tenait pas réellement à cœur. Le nom de Kanda ne fut pas évoqué une seule fois.
Vulgum pecus est une expression latine (pourquoi ont-elles toujours autant la classe ?) encore utilisée dans la langue française et signifiant approximativement « le commun des mortels ». Harbour Dr est une route de la baie de Cardiff. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est un philosophe des Lumières français. Le Manchester United Football Club est, comme son nom l'indique, un club de football fondé en Angleterre, près de Manchester.
(Le hand est tout sauf un sport national au Pays de Galles, je crois même qu'ils ne possèdent pas d'équipe nationale. Mais je me suis droguée aux JO pendant deux semaines de huit heures à vingt-deux heures sans interruption (c'est ça de baby-sitter son filleul de neuf mois) et le hand féminin est définitivement le sport le plus sex... captivant qui existe. En tous cas, celui qui collait le plus à Lena. Et il existe bien une Association Française de Cricket, je vois pas pourquoi les Gallois ne joueraient pas au hand.)
