Disclaimer : I don't own Bleach. Bleach ne m'appartient pas. Je suis très pauvre. Inutile donc de me poursuivre en justice !
Situé à partir du chapitre 414 du Manga, cette fanfic ne suit pas un ship particulier. Sachez tout de même que je penche pour IchiRuki et qu'Orinhime m'insupporte. Mais comme je ne fais pas dans le character bashing, alors fan d'orihime, tu peux aussi lire ma fic sans avoir peur. ^^ En écrivant cette histoire, je me suis surtout donner l'opportunité de corriger à ma manière et sans prétention les quelques failles du manga. Bleach est mon manga préféré. Mais à plusieurs reprises, j'ai eu à déplorer les directions qu'avait prises l'auteur avec l'histoire et ses personnages. C'est surtout le manque de direction que je déplore. Je veux dire qu'il faudra qu'on m'explique comment personne au Sereitei n'a jamais fait allusion à Isshin Kurosaki alors que le lecteur sait depuis au moins un millier d'épisodes que c'est un shinigami. Je sais c'est un shonen, on devrait déjà se réjouir de pouvoir découvrir cette foison de personnages haut en couleur. Je trouve que Tite Kubo a un don pour créer des individualités, aucun personnage ne se ressemble, chacun est un petit peu plus qu'un simple figurant, grâce à son histoire. Il y a de vraies perles de personnage secondaires, je pense à Gin, Rangiku, Byakuya, Yachiru... Honnêtement, je ne sais pas si cette histoire sera très bonne. Mais à mesure que le manga avance dans le nouvel arc, je me sens de plus en plus frustré, et j'ai eu de plus en plus de mal à me défaire du « plot bunny stuck in my head ». C'est ainsi que cette fic est né.
Les deux premiers chapitres s'inspirent du manga (à quelques différences près bien sûr ). C'est aussi tiré de ma propre traduction de la version anglaise. Alors, je prendrais beaucoup de libertés. J'aime aussi insérer un peu de musique dans mes textes. La BO de Bleach est sensationnel et incontournable. Donc, voilà, je me lance. Toutes les reviews sont les bienvenues.
- I -
L'Enfer est pavé de bonnes intentions
Ichimaru Gin
Ancien Commandant de l'armée d'Arrancar d'Aizen Sousuke
Ancien Capitaine de la 3ème Division
Ami d'enfance de Matsumoto Rangiku
Recherché « Mort ou Vif » dans la Soul Society pour Haute Trahison, Tentative de Meurtre, et Conspiration... Mais la journée n'est pas finie.
xXxoxXx
Il fixait la minuscule perle opaque avec un air proche de la religieuse contemplation. Le Hōgyoku. Il semblait presque insignifiant entre ses longs doigts fins. Le sourire espiègle sur son visage disparut. Un voile de sobriété teinta le turquoise de ses yeux tandis qu'il observait l'objet. Le temps sembla suspendu alors que la sphère roulait au creux de sa paume. C'était la perle noire qui avait déclenché cette guerre. Il pouvait le sentir vibrer entre ses doigts, indocile et rebelle, une entité indépendante, avec une conscience propre. Gin Ichimaru l'avait entre ses mains.
Sa vengeance.
Il avait fait plus que la désirer. Il s'était construit une vie où elle était sa seule concubine, où il n'existait rien d'autre. Aucune autre n'avait droit de citer. Rien d'autre n'avait de place, ni d'importance.
Rien, en fait, c'était tout de même vite dit.
Elle… Son parfum entêtant, un mélange de jasmin et de rose se rappela à son souvenir. Quand on parlait du loup ? Il pourrait reconnaitre son reiatsu au milieu d'un millier d'autres tant sa signature était distincte.
« Il semble que j'arrive juste à temps. »
L'audace de cette femme aurait pu dans d'autres temps et circonstances le faire sourire. Mais, là, il avait plutôt envie de la trainer par les cheveux jusqu'à la Soul Society. Ran-Chan ne lui rendait jamais la tâche facile. Il ne l'avait pas prévu dans ses plans. Rangiku Matsumoto avait toujours été une donnée inconnue, un facteur en rien mathématique, et une cause déjà perdu. Chaque fois qu'elle était à proximité, il avait toutes les peines du monde à conserver son calme. Il gardait sa pression spirituelle intacte par habitude. Il arrivait même à conserver son sourire en sa présence. Mais quand ils étaient si près l'un de l'autre, ses idées n'étaient jamais très claires.
« Capitaine Aizen, désolé pour les manières de mon amie ! Je vais l'emmener plus loin. »
Il n'y avait pas eu d'hésitation dans sa voix, seulement, un excès de politesse très loin de sa personnalité. Pour autant, Aizen ne s'en formalisa pas. L'homme ressentait encore les effets de sa victoire contre Urahara.
« Très bien, nous avons du temps devant nous de toute manière.»
Gin se courba aussitôt dans un geste révérencieux. Pendant l'espace d'une seconde, il quitta à nouveau son sourire espiègle.
« Vous êtes sûr ? Ce n'est pas un problème ? »
Malgré ses pupilles dilatés et son sourire en coin, il n'y avait pas la moindre trace d'émotion sur le visage encore à moitié shinigami d'Aizen Sousuke.
« Pas du tout. »
Aizen avait lâché les mots avec assez de détachement pour avertir Gin que les minutes qui allaient suivre seraient décisives. Ses actions prochaines faisaient d'ors et déjà l'objet d'un examen. Gin disparut pendant une fraction de seconde, enlaça Rangiku et les téléporta l'instant d'après sur le toit d'un immeuble dix kilomètres plus loin.
Il n'eut pas le temps d'entendre les derniers mots d'Aizen. Mais s'il avait appris des choses du maître après toutes ses années de servitude, c'était qu'il fallait aller au-devant de la trahison. Il ne fallait jamais baisser sa garde. Aizen avait toujours su ce que Gin ressentait pour elle. C'était la seule chose que Gin n'avait pas réussi à effacer au fil des années. Aizen savait ce qu'elle représentait pour lui. Son cœur. Sa conscience. Le joker.
Son corps pliait naturellement sous lui, ses yeux écarquillés déchirés entre l'horreur, l'écœurement, la peur, la déception, la haine, et toutes ses choses qu'il n'aimait pas voir dans ses pupilles lapis-lazuli. Elle se débattit férocement cherchant à dégainer son zanpakutō. Le moindre de ses mouvements, il pouvait les prédire. Elle grogna contre lui. Son corps fébrile et moite de sueur glissa entre ses mains. Avant qu'elle ne parvienne à sortir Haineko de son étui, il la libéra. Elle retomba sur le toit avec la grâce d'un chat, et lui jeta un regard félin en prime. Il s'humecta les lèvres en réponse.
« Tu peux à peine tenir debout ? Pourquoi es-tu venu ? » lui dit-il sans se départir de son sourire.
Ses yeux lançaient des éclairs dans sa direction. Sa crinière dansait frénétiquement dans le vent. À plusieurs reprises, elle se pencha en avant. Elle n'était pas incommodée par sa pression spirituelle. Il l'avait gardé à son minimum. Non, cette constante pression comme un poids sur sa nuque, Rangiku la devait à Aizen. Et il espérait que ça avait au moins le mérite de faire réfléchir la jeune femme sur la différence de pouvoir. Elle tituba vers lui lentement.
- J'ai ouvert un Senkaimon dès que j'ai senti ton reiatsu disparaitre, après tout je connais bien les coordonnées de Karakura.
- Je ne t'ai pas demandé comment tu es arrivé jusqu'ici. Je t'ai demandé plutôt pourquoi tu es venu ici quand tu tiens à peine debout ?
Quelques gouttes de sueurs gouttèrent le long de son cou jusque dans le creux de ses seins. Elle repoussa une mèche de cheveux blonds en arrière avec défiance.
- C'est pourtant évident. Je suis venu pour toi.
Les lèvres de Gin se crispèrent dans une ligne droite. Cette bonne femme !
- Je peux enfin te demander...
Elle marqua un temps de pause pendant lequel elle le dévisagea avec soin comme pour imprimer son visage dans sa mémoire. Il imaginait que comme lui elle gravait cet instant dans sa mémoire. Il imaginait présomptueusement qu'elle voudrait garder au moins quelques choses de lui quand tout cela serait fini. Cela le fit sourire.
Non, Rangiku cherchait plutôt quelques choses. Elle cherchait peut-être des traces de remords dans ses yeux. Il sourit de plus belle tel un renard.
- Pourquoi as-tu trahi Kira quand il avait autant foi en toi ?
Il la coupa immédiatement avec un ricanement.
- Tu es sérieuse ? Est-ce vraiment la foi d'Izuru que j'ai trahi ?
Il soupira et relâcha en même temps son reiatsu. L'atmosphère s'obscurcit aussitôt. Sa pression spirituelle monta graduellement. Rangiku écarquilla ses prunelles noisettes de surprise comme à chaque fois qu'il autorisait la jeune femme à entrer dans son univers. Néanmoins, elle récupéra rapidement du choc. Elle avait, elle aussi, prit des résolutions quant à leur avenir, semble-t-il. Il était temps de passer à autre choses.
- Ah, je ne sais vraiment pas pourquoi tu es venu !
De grosses larmes claires et limpides menaçaient de couler. Mais Rangiku Matsumoto refusa obstinément de verser la moindre larme devant lui. C'était d'un mélodramatique. Gin effectua un shunpo et se retrouva à quelques centimètres de son visage. Il se gorgea de son odeur une dernière fois. Jasmin. Il n'y avait plus moyen de reporter ce moment. Désolé Rangiku ! Il lui fallait accomplir un dernier acte de trahison pour accomplir son sombre dessein. Il effleura le médaillon qu'elle portait au cou. La vie du shinigami pulsait sous ses doigts. Leurs regards se croisèrent.
Le désir dans ses yeux, ses lèvres entrouvertes... Son propre désir... Leurs reiatsu entrèrent furieusement en collision. Mais le sien était plus fort. Il l'avait toujours été. Elle grimaça devant l'effort, ses petits doigts tremblant autour d'Haineko. Elle lui lança un air de défiance quand il n'aurait suffi que d'une brise légère pour qu'elle s'effondre.
I can tell that you've never been true to me
Il n'avait besoin que d'une seconde pour se rappeler la raison pour laquelle il s'apprêtait à commettre l'irréparable. Il se pencha à son oreille. Ce serait faire preuve de mauvaise foi s'il disait pour répondre à sa propre question qu'elle était la raison pour laquelle il avait suivi Aizen.
I can smell that you're acting so fearfully
I can hear what your hoping I want to hear
I can feel the alarm bells are ringing in me
I can touch but I know you don't feel a thing
I can pray but I know you commit a sin
I can sense now it's all become clear to see
- Écoute, Rangiku... Tu es en travers de ma route.
Il brandit son zanpakutō à quelques centimètres de son visage. Rangiku resta figé. Puis, il vit l'instant précis où elle réalisa qu'il ne plaisantait pas. Une lueur d'alerte traversa le clair de ses pupilles. Ses doigts cherchèrent Haineko. La surprise l'empêcha d'émettre le moindre son. Elle abandonna l'idée de s'en servir et une main effleura son visage. Il ouvrit les yeux à son tour. Pendant un court instant, le bleu du ciel avait été injecté dans ses yeux, aussi clair et transparent que sa trahison. Il chuchota à son oreille.
Elle ne sut jamais s'il venait de lui dire « je t'aime » ou « adieu »... Elle ne sut pas non plus s'il avait libéré Shinsou... Elle savait juste qu'elle n'avait pas eu le temps d'appeler Haineko...
Une aura blanchâtre enveloppa leurs visages.
Gin laissa la jeune femme glisser sur le sol doucement. Haineko, encore dans son fourreau, retomba sur le sol dans une symphonie macabre. Gin baissa les yeux à nouveau. Il poussa le fourreau du pied et esquissa un sourire à glacer le sang.
You're no good and you mean no good
Treacherously!
- Je suis de retour, Capitaine Aizen.
- Qu'as-tu fait d'elle ?
- Je l'ai tué.
Il avait prononcé ses mots sans se départir de son habituel sourire plein de malice. Après avoir contemplé ses paroles pendant quelques secondes, la méfiance dans les traits de son mentor se dissipa et Aizen se tourna vers lui.
- C'est vrai. Je ne sens plus son reiatsu.
Gin acquiesça lentement.
- Mais je suis étonné, je pensais que tu ressentais encore un certain attachement pour elle.
Il se déplaça avec la langueur du serpent, son manteau fouetta l'air bruyamment dans son sillage.
- Attachement ? Bien sûr, je ne ressens rien de telle. Je vous l'ai dit quand je vous ai rencontré la toute première fois, je suis un serpent. J'ai la peau froide. Je n'ai pas de cœur. Je me faufile en cherchant des proies du bout de ma langue fourchue. Je dévore mes proies en entier. Je vous l'ai dit, n'est-ce pas ?
Il contourna l'homme, les mains dans le dos. Aizen prit le temps de digérer ses paroles comme pour le ranger dans un coin de l'ordinateur qui lui servait de cerveau. Il reporta son attention vers le groupe de lycéens. Sourire aux lèvres, Gin décida de passer à table.
Il l'avait en main. Cette petite chose insignifiante. Il n'y avait personne pour se mettre en travers de son chemin. Pensez-vous, sa vengeance, il avait eu des siècles pour la planifier. Sa colère, il avait eu des siècles pour apprendre à l'apprivoiser. Il venait de retirer à Aizen ce qu'il désirait le plus au monde. Pendant quelques secondes, il se laissa aller à croire que l'artefact pouvait véritablement créer le monde dans lequel Rangiku retrouverait le sourire.
Mais c'était un mensonge. Quelques choses n'allaient pas.
Il écarta ses doigts et grimaça de douleur. L'Hogyoku vibra dans son poing. Des décharges de reiatsu l'obligèrent à éloigner l'objet de son propriétaire. Il avait cru naïvement être arrivé à se faire serpent pour mieux dévorer sa proie. Il avait fait de son bankaï l'élément pivot de sa vengeance. Comme un serpent, il avait voulu frappé au moment le plus opportun. Kamishini no Yari avait percé la poitrine d'Aizen Sousuke, laissé un minuscule éclat d'acier dans son cœur et son poison s'était mis en quête de détruire la moindre parcelle de cellule de son corps. Il avait mis des siècles pour se préparer. Se préparer à laisser son cœur pour mort sur le toit d'un immeuble.
Il l'avait juste laissé comme il l'avait trouvé ce matin-là, au milieu des bois, ravagé de douleur. Aizen n'avait aucune idée de ce que lui et ses sbires lui avaient pris en s'attaquant à Rangiku. L'innocence de Rangiku entachait le sol. Ils ne s'étaient pas contenter de lui prendre un peu de sa pression spirituelle. Il l'avait souillé.
Mais on ne pouvait pas dire que les choses s'étaient passé comme prévu, n'est-ce pas ?
Quand Aizen se transforma à nouveau sous ses yeux, la première chose qui lui vint à l'esprit, c'était qu'il ne s'était pas excusé.
Il n'en aurait sans doute plus l'occasion, il n'avait plus aucun doute là-dessus. Au lieu de crever mille morts comme il aurait dû, Aizen avait non seulement survécu, mais il avait aussi évolué. Plus fort aussi, sa pression spirituelle atteignait des niveaux qu'il n'avait jamais vus.
Dégainer Shinsou était inutile. Avant que Gin ait pu comprendre l'incompréhensible, Aizen agrippa son bras et l'arracha dans un mouvement fluide, comme un enfant arrachait les pattes d'une fourmi par amusement. Gin mit quelques précieuses secondes à enregistrer ce qui se passait. Il ne l'avait même pas senti se séparer de son corps. Il fixa son bras à ses pieds. Un instant, Aizen se métamorphosait en papillon, l'instant d'après, il agitait le bras de Gin dans les airs comme un trophée. La vie, par contre, s'échappait de lui au milieu de larges flaques d'hémoglobine.
Jadis, Aizen la lui avait déjà ôtée une fois. Il avait tenté de lui prendre Rangiku, la seule choses qui le liait à ce niveau d'existence. Il s'était juré de lui faire payer. Il avait renié son cœur pour bannir toute hésitation. Gin n'avait jamais rien désiré d'aussi fort. Il voulait qu'Aizen meure de préférence dans d'atroces souffrances, peu importe le prix à payer. Il n'avait pas de grands idéaux. Il n'avait nullement la prétention de vouloir sauver le monde par son geste. Il n'avait pas non plus l'intention d'accomplir une quelconque destinée. Il avait voulu protéger le sourire de Ran-chan. Mais il avait surtout voulu... Il ne savait plus. Toutes ses choses semblaient insignifiantes soudain. Les seules choses qui n'avaient jamais compté à ses yeux, aussi naïf et cliché soit-elles, c'était de faire payer Aizen pour avoir fait pleurer Rangiku.
Juste parce qu'il le pouvait...
Kyouka Suigetsu trancha à nouveau dans sa chair. Un nouveau jet de sang arrosa le sol. Aizen trancha à nouveau dans son amour-propre. Une brise d'air souffla sur ses chairs à vifs. Le sol se colora de rouge à ses pieds. Aizen se dédoubla avant de prendre une teinte sépia. Sa vision trouble. Le sol se déroba sous ses pieds. Quelques choses le retenaient de chuter en avant. Kyouka Suigetsu était à nouveau en lui traversant sa cage thoracique. Sa bouche entrouverte dans un soupir, un filet de sang goutta sur le sol poussiéreux D'un geste du poignet, Aizen repoussa Gin, et rétracta Kyouka Suigetsu. Le shinigami aux cheveux argent alla s'écraser dans un immeuble. Le capitaine de la troisième division repensa à tout ce qu'il avait sacrifié pour ce moment et ne put s'empêcher de penser que quelqu'un encore plus-haut placé que le plus haut gradé du Sereitei venait de lui faire la plus cruelle des plaisanteries.
Une nouvelle grimace étira ses lèvres.
Matsumoto Rangiku
Lieutenant de la dixième division sous les ordres de Tōshirō Hitsugaya
Ami d'enfance de Gin Ichimaru
Tuée par Gin Ichimaru...
xXxoxXx
Morte, elle... Elle s'était sentit mourir entre ses mains. Elle avait vu la mort se refléter dans les yeux bleus de Gin Ichimaru et n'avait absolument rien fait pour l'éviter. Kido. Tu es tombée bien bas, Matsumoto ! Elle tenta de se redresser et inspira profondément. Elle ne pouvait pas bouger, pétrifié, immobilisé, à la merci de l'Haku-fuku juste comme Gin l'avait souhaité. Elle leva les yeux vers le ciel. Si elle était encore en vie, c'était parce que Gin l'avait bien voulu. Elle laissa échapper un hurlement de rage. Combien de fois allait-elle le laisser se jouer d'elle ? Elle, Matsumoto Rangiku, lieutenant de la Jūbantai. On n'avait pas idée d'être aussi faible.
Rangiku chercha son reiatsu. Son estomac se contracta douloureusement. Gin !
Le cri s'était échappé d'elle avant qu'elle n'ait pu se retenir. Elle le prolongea tant qu'elle put. Une longue plainte déchira l'atmosphère. Elle devait... Il était blessé. Il... Cela lui demanda un effort de se mettre à quatre pattes.
Rangiku hurla son nom. Elle le maudit. Elle l'invoqua en prière. Elle ne lui poserait plus de questions. Elle savourait chaque secondes où il se jouerait d'elle. Elle en faisait la promesse si seulement elle pouvait se libérer de ce sort. Elle se ferait minuscule dans sa vie. Elle se moquait des conséquences. Elle ne voulait pas être ici. Elle ne voulait pas être sans lui. Encore et toujours, il l'abandonnait. Il lui tournait toujours le dos sans rien laisser derrière lui. Elle n'en pouvait plus d'observer le dos de Gin Ichimaru.
Matsumoto hurla encore et réussit à saisir la seule chose qui ne l'avait jamais quitté ou tourné le dos.
Haineko.
« Haineko...» murmura-t-elle. « S'il te plait... S'il te plait... Aide-moi!»
La neige s'amoncelait entre ses mains. Mais elle n'avait nullement froid. Son cœur était si seul. La solitude seule l'empêchait d'avoir froid. Elle n'avait pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir où elle se trouvait, où Haineko l'avait amené. Elle était exactement là où tout avait commencé, là où elle avait vu son dos pour la première fois.
- Il est à nouveau parti, n'est-ce pas ? Lança la manifestation de son Zanpakutō d'une voix dédaigneuse.
Rangiku garda la tête baissée vers le sol et laissa ses larmes ruisseler dans la neige. Haineko haussa les épaules impatiemment.
- Cela devait arriver. Tu es en vie. C'est déjà ça.
La princesse féline grimpa sur le toit de la cabane, où des années plus tôt, Gin et elle avait cohabité. La chatte bailla paresseusement et s'allongea en boule sur le toit branlant de l'abri.
- Je n'y arriverais pas. Je ne suis pas assez forte. Je veux être assez forte. Mais je n'y arriverais pas.
- Si tu continues de pleurer, tu te feras des minuscules rides sur le front, vieille femme. »
Haineko scruta ses griffes paresseusement.
- Aide-moi ! Ne reste pas là ! Ne reste pas sans rien faire ! Supplia Rangiku.
- Rien ne t'oblige, toi non plus, à rester prostré là comme une imbécile.
Rangiku réalisa qu'Haineko avait raison. L'Haku-Fuku ne fonctionnait pas ici. À bout de nerfs, elle se redressa, les jambes fébriles. Haineko accueillit ses efforts avec des applaudissements moqueurs.
- On fait des progrès.
- Tu ne vas pas m'aider ? Je ne t'ai rien demandé jusqu'à maintenant, je t'ai laissé paresser et gaspiller ton potentiel et aujourd'hui...»
Haineko la toisa sévèrement. Ses pupilles félines s'embrasèrent comme si quelqu'un venait de faire craquer une allumette.
- Tu m'as tout demandé et je t'ai tout donné, Rangiku Matsumoto. Nous avons souffert ton ingratitude. Tu es la seule à avoir gaspillé ton potentielle... Tu ne sais pas écouté. Tu ne vois jamais rien. Tu ne veux rien voir. As-tu jamais ouvert les yeux sur la noirceur qu'il dissimulait en lui ?
Rangiku recula. Haineko poussa un rugissement tel une lionne.
- Non ? Tu me fatigues, vieille peau ! Tes jérémiades sont insupportables ! Tu n'es pas une princesse ! Tu n'es même pas mon maître ! Ce n'est pas parce que tu ordonnes que j'obéis ! J'obéis parce que je le veux bien !
- Je veux me réveiller... .
Haineko lui tourna le dos.
- Laisse-moi me réveiller ! Haineko ! Maintenant ! Murmura Rangiku
- Bon courage avec ça !
- Je le sauverais avec ou sans ton aide !
- Vraiment ?
Rangiku acquiesça.
- Avec quels pouvoirs ? Avec quelle magie vas-tu combattre Aizen Sousuke?
- Il est ma vie.
- Non ! Je suis ta vie, Rangiku !
- Gin m'a donné une raison d'être. Combien de fois m'a-t-il ramassé par terre à moitié morte ? Je ne peux pas me souvenir un jour où je ne l'ai pas connu. Tu ne t'en souviens pas, mais c'est grâce à lui que je t'ai trouvé ! Je n'aurais jamais su qui j'étais s'il n'était pas apparu dans ma vie.
- Je me souviens parfaitement, Rangiku. Je me souviens pour nous deux.
- Alors tu sais que je ne pourrais pas vivre sans lui. Je peux le regarder s'éloigner. Je peux regarder ses pas dans la neige. Mais je ne peux pas le perdre de vue. Si je dois bouleverser la rotation de cet univers pour lui, je le ferais...
Haineko bondit jusqu'à elle.
- Vraiment ?
- Sans hésitation.
Haineko ouvrit la gueule. Un nuage de cendre enveloppa Rangiku. Le nuage dissipé, elle ouvrit les yeux. Elle balaya ses larmes d'un revers d'une main, déterminée. Elle se laissa rouler pour reprendre son souffle. Le ciel était bleu sans l'once d'un nuage. Elle agrippa le pommeau d'Haineko avec force et s'en servit pour se relever.
« Merci Haineko. » Murmura-t-elle en fixant son zanpakutō.
Elle se redressa et s'élança d'un bond dans les airs. Son shunpo n'était pas habituellement aussi rapide que celui d'un Capitaine, mais à cet instant précis, rien n'aurait pu l'empêcher de rejoindre Gin. Le sol gronda sourdement. Une explosion retentit au loin. Un nuage de poussière s'éleva vers le ciel. Son ventre se contracta à nouveau.
Rangiku disparut à nouveau et réapparut un dixième de secondes plus tard au chevet de Gin. Elle s'approcha doucement de peur qu'au moindre faux mouvement, il ne disparaisse comme s'il n'avait été toutes ses années que le fruit de son imagination. Son bras droit avait été arraché, constata-t-elle avec horreur. La plaie béante saignait à profusion. Il perdait du sang à une vitesse vertigineuse. Elle posa ses mains pour compresser l'artère avant de remarquer que son bras était le cadet de ses soucis. Une plaie entaillait son torse sur toute sa longueur. Il y avait un trou de la taille d'une pièce de monnaie où elle pouvait voir ses organes. Rangiku réprima un hurlement d'horreur. Sans ouvrir les yeux, il effleura ses mains avec son bras valide. Ses lèvres avaient pris une couleur sanguine.
Elle était arrivée trop tard. Non ! Impossible ! Gin !
- Gin !
Il ne bougea pas.
- S'il te plait, Gin! Ouvre les yeux?
Ses lèvres remuèrent enfin. Un gargouillis inaudible s'échappa de lui.
- Je suis là. Je suis là. Ça va aller... Tu vas... Orinhime... Elle...Elle... Le capitaine Unohana... Non, ouvre les yeux. »
Rangiku tourna la tête vers le ciel. N'importe qui ? Elle accepterait l'aide de n'importe qui ? Il n'ouvrit pas les yeux mais ses lèvres se fendirent d'un sourire. Ce qu'il dit ensuite lui glaça le sang.
- Par... Pardon, Ran-chan!
Gin s'excusait. Il s'excusait.
- Non ! Ne t'excuse pas. Pas maintenant ! Ne t'excuse pas...Je t'en prie !
Elle était en train de le perdre. Une douleur lancinant vrillait sa poitrine. Gin était en train de l'abandonner une dernière fois. Elle serra sa main fermement décidé à ne pas le laisser partir.
La silhouette d'Aizen se profila derrière la jeune femme, menaçante et sombre. Mais Rangiku n'en avait cure.
« Gin ! »
Elle se tourna vers Aizen. Elle n'avait plus de fierté, plus d'amour propre, plus rien. Elle le supplia du regard. Le regard de l'ancien capitaine de la cinquième division ne vacilla nullement devant sa détresse.
« Gin ! » Gémit-elle.
Elle lâcha à nouveau prise sur Haineko. Elle n'avait pas voulu de cette vie. Devenir un shinigami n'avait jamais fait partie de ses rêves. Elle était déjà pleinement heureuse de se lever à ses côtés. Et puis, un jour, il était partie, ne laissant derrière lui que des traces de pas dans la neige. Elle n'avait eu d'autre choix que de le suivre. Il s'était avéré qu'elle aimait travailler au Gotei 13. Elle aimait se rendre utile tout en continuant de garder un œil sur son dos. Comment pouvait-elle se réveiller dans un monde où il n'existait plus ? Il n'avait qu'à l'achever. Ce ne serait moins douloureux, une mort plus douce.
Elle leva la tête et fut surprise de trouver Ichigo Kurosaki. Il y avait quelques choses de différent chez lui bien qu'elle ne put mettre tout de suite un doigt dessus. Pour Aizen, elle n'était plus rien. Il semblait avoir trouvé une proie plus à son goût. Son bonheur ne comptait pour personne. Elle vit le ciel se reflétait dans ses pupilles cristalline. Gin observait Ichigo aussi.
Perché sur un monticule de gravats, Ichigo Kurosaki, Shinigami suppléant de 16 ans semblait porter le poids du monde sur ses épaules. À bien y regarder, il portait son père. Mais il n'y avait plus la moindre trace de ce qu'il était. Elle ne vit rien du jeune homme qu'elle avait appris à côtoyer durant son court séjour dans le monde des humains. Son cœur pressa à nouveau contre sa poitrine.
Ichigo déposa son fardeau au milieu des décombres. Pour une raison qu'elle ignorait, elle n'arrivait pas à entendre un strict mot de la conversation qu'il avait avec Aizen Sousuke. Elle n'entendait que le cœur de Gin qui perdait son rythme comme une boîte à musique brisé. Le temps de cligner des paupières, Aizen et lui avait disparu. Elle baissa la tête vers Gin. La tête penché sur le côté, il la regardait, ses yeux bleus luisant une dernière fois avec malice.
Comment osait-il sourire ? Comment ? Comment osait-il l'abandonner en souriant ?
Cet homme ! Elle se rebella et entendit Haineko rugir dans son fourreau. Elle libéra son zanpakutō.
« Rugis, Haineko ! »
La lame de son sabre se dispersa dans un nuage de cendres. Les millions de particules de cendre tournoyèrent à grande vitesse autour d'eux.
« Rivière de feu, Lave en fusion.»
Le sol se mit à trembler sous eux. Gin tenta de bouger la tête. Trop faible, elle le vit ouvrir un œil. Son sourire avait disparu. C'était un bon début. Elle ne pouvait décidément rien lui cacher. Il tenta d'attraper sa main.
La vérité, n'est-ce pas ? Oubliez toutes les vanités et pleurnicheries de femme ! Si Gin mourrait, le puzzle de Rangiku Matsumoto trouverait le moyen de survivre. Elle errerait sans but, ferait la fête souvent, et trouverait le moyen de rire aux éclats quand son capitaine se tromperait de tasse de thé. Elle feindrait d'être un bon shinigami. Elle pourrait faire tout ça. Avec Haineko. Elle pourrait survivre. C'était la seule chose qu'elle pourrait faire après lui. Mais ce n'était pas suffisant. Survivre n'était juste pas suffisant. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle désirait. Elle ne désirait pas une vie sans lui. Les gravats vibrèrent sous ses pieds.
« Poussière d'hommes...»
Une aura rouge enveloppa l'atmosphère. Tu as confiance en moi ? La question était sortie de nulle part. A qui s'adressait-elle ? Haineko ou elle ? Elle sentit son reiatsu courser jusque dans ses veines.
« N'ont pas tari les flots de ta colère... »
Autour d'elle, le paysage changea. Plusieurs rochers furent projetés dans les airs. Rangiku ferma les yeux. Elle se laissa consumer par son reiatsu. Qu'Haineko brûle... Qu'elle bouillonne... Et qu'avec elle se consume tout l'amour qu'elle avait pour Gin Ichimaru.
« Cœurs bouillonnants ont conduit milles orchidées sauvages dans le vent. »
Rangiku laissa Haineko guider son poing. Dans le même élan, elle embrassa sans hésiter ce qu'elle était. Le jour où Gin, enveloppé dans un shihakusho bien trop large pour lui, lui avait annoncé qu'il deviendrait un shinigami. Elle avait à son tour étreint la cause. Elle l'avait embrassé tout entière, jamais à aimer à demi, Rangiku était devenue à son tour une shinigami.
Déesse de la mort.
Elle était la faucheuse.
« Ban-kai !»
Le ciel devint rouge. Les cendres formèrent une ronde compacte. La sphère se contracta au rythme des battements de cœur de la jeune femme, brutale, sauvage. Les cieux virèrent au blanc à nouveau. Ses mains dans ses cheveux argentés, Rangiku leva la tête vers le ciel. Ses yeux prirent la couleur de l'or, scintillant dans l'obscurité.
« Burakkuu~idou no kurimuzon tsume* »
L'univers sembla se figer dans une tonalité grise pendant une demi-seconde. Ichigo et Aizen restèrent figé dans les airs. Tatsuki s'immobilisa la main à quelques centimètres de Keigo pour l'écarter encore du lieu où se trouvait la femme shinigami.
Gin écarquilla les yeux, fixa Rangiku avec effroi. Qu'avait-elle fait ? Un tel reiatsu ! Elle n'avait jamais été aussi belle ! Gin connut la peur. Alors qu'il était sur le point de la laisser derrière lui, il connut la peur et le regret... Et... Un voile noir de cendre colora les cheveux blonds de Rangiku. Son reiatsu... Il exhala son dernier souffle et son corps, tendu à l'extrême, convulsa en abandonnant derrière lui des particules de reiatsu. Leurs pupilles à tous les deux s'opacifièrent comme l'encre de chine. La main de l'ancien capitaine de la troisième division retomba sur le sol mollement.
Le nuage de cendre s'éleva droit vers le ciel. Les particules de Reiatsu contenu dans l'air se transformèrent en cendre. Le nuage grossit encore et encore. Le sol se réchauffa. Haineko enflamma le ciel, l'air devint presque irrespirable. Ni Tatsuki, ni Keigo n'avait pu se libérer de la force gravitationnelle qui les avait cloués au sol. La force centrifuge entraina le tourbillon de cendre vers le sol. Tout aussi vite que le nuage était monté, tout aussi vite, il fut à nouveau aspirer vers le sol. Une explosion de lumière balaya la ville l'espace d'une seconde tandis que la tornade s'abattit sur les corps enlacés de Matsumoto Rangiku et Gin Ichimaru.
Un silence de mort retomba sur la ville. Les cendres retombèrent toujours en pluie fine et fébrile. Rangiku expira une dernière fois et retomba sur Gin. Le couple disparut sous un linceul de cendres.
Tatsuki perdit l'équilibre et retomba sur le sol entrainant Keigo dans sa chute. Sans savoir pourquoi, la jeune fille éclata en sanglot et se blottit dans les bras de son camarade de classe. Elle renifla avant de reprendre son souffle.
- C'était quoi ça ? Gémit Keigo.
- Tu crois que je sais ?
- Où est Ichigo ?
Tatsuki haussa les épaules à nouveau.
- Ils sont morts ?
Elle haussa les épaules à nouveau.
Une nouvelle explosion cette fois plus puissante ébranla le sol à nouveau. Et Keigo se vit propulsé en arrière avec force. Izuru poussa un cri et éclata en sanglot à son tour. Ensuite, ce fut le tour du silence interrompu par les sanglots rauques de la rouquine à lunette. Mizuihiro fit quelques pas vers le couple.
- Mizuihiro ? Qu'est-ce que tu fais ? Tu as perdu l'esprit ? s'inquiéta Tatsuki.
- Je ne pense pas que tu devrais... Renchérit Keigo.
Le petit brun avança quand même.
- Vous entendez ça ?
- Non, je n'entends rien, moi. Marmonna Tatsuki.
- Je crois que c'est fini. Je sens... Je sens que c'est fini. Cela veut dire qu'Ichigo est vivant, tu dis ?
Tatsuki abandonna Keigo et le rejoignit bravement. La pluie de cendre avait cessé. Le ciel était à nouveau d'un bleu sans nuage. Elle tourna la tête vers le couple enlacé. Ni l'homme, ni la femme n'avait bougé, ensevelie sous une couche de cendre. Tatsuki remarqua distraitement que l'homme avait retrouvé son bras.
Burakkuu~idou no kurimuzon tsume* : Crimson Claws of the Black Widow/ Les griffes écarlates de la Veuve Noire.
J'ai utilisé Google alors il se peut que la traduction ne soit pas tout à fait exacte. Je voulais quelques choses qui sonnait Bleach lol. J'ai toujours imaginé que Rangiku aurait une épiphanie quand à sa relation avec Gin. Mais le manga ne s'est pas trop étalé. Voilà, vous en pensez quoi de ce premier chapitre.
