Résumé: Après L'Ordre du Phénix (AU pour Prince de Sang Mélé). Albus Dumbledore avait essayé de tout contrôler, et le résultat avait abouti à une tragédie. Chaque bataille était gagnée, mais ils étaient en train de perdre la guerre. Il était temps de changer de plan. Il était temps de remplacer le contrôle par la confiance.

Une histoire sur le courage, l'amitié et l'amour qui se combinent pour conduire à la victoire contre Voldemort. Le vainqueur ne sera pas un héro solitaire, mais une équipe forgée par les épreuves et unie par l'amitié.


- "Les enfants, je vous en pris!" commença à dire Arthur.

- "NOUS NE SOMMES PLUS DES ENFANTS!" cria Ron. "Harry n'est plus. Personne ne peut l'être après une telle horreur.".

Prologue

Albus Dumbledore réfléchissait, seul dans son bureau de Directeur de Poudlard, au sommet de la plus haute tour du château. Les traces du désordre causé par la colère de son dernier visiteur avaient disparu. Tout avait été réparé, très vite, mais le Directeur n'était pas prêt d'oublier ce qui avait été dit dans cette pièce.

Tout avait été réparé, sauf une chose : la confiance de Dumbledore en lui même.

Je ne peux pas y arriver tout seul. Harry ne peut pas y arriver tout seul. Je ne sais même plus comment l'aider.

La guerre contre Voldemort durait depuis plus de vingt ans. Ils avaient gagné des combats, mais le prix à payer avait été terrible.

Et nous sommes en train de perdre la guerre.

C'était tout juste s'il parvenait à contenir celui qu'il continuait d'appeler Tom Jédusor. Le Directeur savait depuis longtemps que seul Harry était capable de gagner cette dernière bataille, et il avait essayé de lui donner toutes les chances de s'y préparer, de survivre, et de devenir assez fort pour remplir son destin, mais le garçon était en train d'être détruit par les épreuves inhumaines qu'il subissait, et toutes ses tentatives pour l'aider avaient une fâcheuse tendance à se transformer en de nouvelles formes de torture.

Je ne peux plus le protéger désormais. Je dois trouver un moyen pour qu'il se protège lui même.

Poursuivre la même stratégie devenait plus dangereux que d'en essayer une autre. Dumbledore considéra le magnifique objet d'argent qui traînait sur son bureau, et dont l'apparence évoquait le croisement d'un mobile surréaliste avec une horloge en cours d'assemblage. Les pièces métalliques scintillaient dans la lumière des bougies qui éclairaient la pièce. C'était supposé être un instrument de divination, un cadeau de la part d'un ami qui croyait en ces choses. Bien sûr, l'appareil n'avait jamais fait aucune prédiction valable, mais il était inoffensif, et joli à regarder.

Je vais prendre le risque qu'il en est capable.

Le Directeur n'aimait pas faire des paris, mais il avait déjà essayé de tout contrôler, et ça n'avait pas très bien marché. Une expression résolue prit forme sur le visage du vieux sorcier. Il resta immobile quelques minutes, figé de concentration, puis un sourire éclaira ses traits.

Mais pas tout seul.

Même un Gryffondor pouvait avoir envie de mettre toutes les chances de son coté.

Chapitre 1 – Réflexions

Manoir de la famille Krum, Bulgarie : Un matin de début juillet,

Le manoir de la famille Krum était une vieille demeure nichée au milieu d'un grand parc naturel. Une pelouse descendait doucement vers un petit lac encadré par quelques groupes d'arbres. La propriété dominait un petit plateau et s'ouvrait sur un horizon de chaînes de montagnes grises et blanches. L'air était frais, à cause de l'altitude, mais le soleil d'été rendait l'atmosphère agréable. L'aile sud du bâtiment était surmontée d'une terrasse, où était dressée une grande table sur laquelle on pouvait apercevoir les restes d'un petit déjeuner. Malgré l'heure tardive, quelqu'un y était encore installé. Une jeune fille avec une longue et volumineuse coiffure marron.

Hermione Granger admirait la vue avec contentement.

C'est vraiment magnifique. Exactement le genre d'endroit pour oublier tous ses problèmes. Vu d'ici, ils ne sont pas si importants.

Une voix en provenance du salon adjacent lui fit tourner la tête.

- Hermion-y, je dois faire une course au village, ce matin, dit Viktor Krum. Tu veux m'accompagner ?

- Avec plaisir. Je te rejoins en bas dans une minute ?

- Très bien.

Hermione et ses parents étaient ici depuis une semaine. Ils avaient été invités par les parents de Viktor pour des vacances en famille. Ça se passait très bien, même si Hermione et Viktor représentaient l'unique point de contact entre leurs deux mondes. Si les Krum représentaient une des plus anciennes familles de sorciers, le père et la mère d'Hermione étaient des 'Moldus', des humains sans pouvoirs magiques, des dentistes pour être précis. Chacun comprenait à peine en quoi consistait l'univers de l'autre, mais ils réussissaient à s'entendre - unis par des goûts communs pour la nature, le vin, la musique, et par le fait que leurs enfants soient amis.

Et peut être plus que cela.

Bon sang ! Ca va trop vite, et je n'ai pas vraiment réfléchi à ce que je veux faire.

Viktor avait fait ses études à Durmstrang, une autre école de magie, ici en Bulgarie, et il appartenait également à l'équipe nationale de Quidditch. Ils s'étaient rencontrés deux ans auparavant, lors du tournoi de la Coupe de Feu à Poudlard. Il avait été un des champions en compétition, et il l'avait invitée lors du bal d'honneur donné à cette occasion.

Hermione avait acceptée, malgré sa surprise initiale, mais ils s'étaient très bien entendus. Elle avait apprécié sa maturité. La plupart des garçons de son âge, même ses amis proches, l'énervaient souvent par leurs goûts immodérés pour les jeux et les farces. En contrepartie, Hermione savait qu'elle était jugée beaucoup trop sérieuse par ses camarades.

Malgré sa célébrité, Viktor était un garçon calme et réservé. Il avait trouvé chez elle un auditoire attentif et intelligent, et en retour, il lui avait appris beaucoup de choses pratiques sur le monde des sorciers. Ce monde merveilleux qu'elle avait découvert tardivement, et où elle voulait prendre toute sa place.

Depuis leur première rencontre, ils s'étaient écris régulièrement et ils avaient même pu se revoir brièvement, à l'occasion de courtes visites de Viktor à Londres. Plusieurs fois, il avait proposé à Hermione et à ses parents de venir passer quelques jours ici. Cette année, ils avaient acceptés.

Viktor est un compagnon agréable. Il peut paraître étrange aux yeux des autres, mais c'est une des rares personnes qui ne me considère pas comme une intellectuelle obsédée par les livres et les études. Il m'apprécie comme je suis, sans être jaloux ni moqueur.

La veille au soir, ils s'étaient promenés tous les deux. Main dans la main, en parlant des livres qu'ils avaient lus, du concert que les Krum allaient organiser pour le village voisin, de ce qu'elle comptait faire après ses études... Plusieurs fois, Viktor avait évoqué, sans le dire explicitement, d'autres projets qu'ils pourraient faire ensembles, plus tard.

Vivre ici avec lui. Est-ce que je suis prête à cela ?

Elle devait admettre que ce ne serait pas une si mauvaise décision. Les Krum étaient une ancienne lignée de sorciers, respectés par tous. Ses parents seraient en sécurité ici. Ce n'était pas une chose à prendre à la légère, dans un monde où les attentats contre les Moldus par des sorciers criminels se multipliaient.

Non ! Si on est venu ici, c'est justement pour ne plus penser à ces histoires.

Elle n'avait même pas parlé de la guerre avec Viktor. C'était un sujet d'actualité important en Angleterre, mais ici, en Bulgarie, les journaux l'avaient à peine évoqué. Hermione laissa son regard dériver. Elle voulait retrouver l'impression de paix et de sérénité qui l'avait quitté, mais les problèmes du monde étaient aussi réels que les montagnes devant ses yeux. Voldemort était bien réel, un sorcier si terriblement maléfique et puissant que nombre de gens n'osaient même pas prononcer son nom, et encore moins depuis sa réapparition, à l'occasion du tournoi de le Coupe de Feu, justement.

Le meilleur ami d'Hermione avait été un des participants. Harry Potter avait même gagné la Coupe, ex-aequo avec son ami Cédric, et cela avait failli lui coûter la vie. Voldemort avait transformé l'épreuve en un piège diabolique. Harry avait réussi à s'échapper mais Cédric était mort, tué par un des sbires de Voldemort.

Pourquoi est-ce que je repense à tout ça ?

Peut être parce que c'était aussi son histoire. Elle se revit dans les sous-sols du Ministère de la Magie à Londres, trois semaines plus tôt, là où Harry avait confronté Voldemort une nouvelle fois. Elle avait été à ses cotés, avec Ron, Ginny, Luna et Neville. Hermione n'oublierait jamais qu'elle avait failli mourir, ce jour là. Elle passa machinalement sa main sur son ventre. Au moins, ses cicatrices étaient elles moins visibles que la marque que Harry portait au front. Celle que Voldemort lui avait infligée, en essayant de le tuer alors qu'il n'était qu'un bébé.

Je ne veux pas penser à Harry.

Mais c'était impossible. Harry faisait partie de sa vie. Une autre personne était morte au Ministère. Sirius, le parrain de Harry. Ça avait été un choc terrible pour lui. Harry avait déjà beaucoup changé depuis le tournoi, mais après cela, il était devenu presque comme un étranger.

Qu'est ce qu'il peut bien faire, en ce moment ? Si quelqu'un mérite d'avoir des vacances comme celles-ci, c'est bien lui. Mais non, il doit rester chez cette famille monstrueuse. Pas d'amis, pas de concerts, pas de promenade le soir.

C'était vraiment trop injuste. Au moment où elle pensait au futur, à son futur, elle aurait voulu que Harry soit enfin heureux, qu'il ait une vraie famille, ou qu'il puisse au moins être avec ses amis. Au lieu de cela, il était obligé d'habiter dans cette horrible maison, au milieu de ces gens qui le méprisaient, et uniquement parce que c'était le seul endroit avec une magie assez puissante pour le protéger de Voldemort. Une magie conjurée par sa mère, avant qu'elle ne soit assassinée.

La mort était omniprésente dans la vie de Harry. Hermione avait l'impression de le comprendre pour la première fois, et le poids de toutes ces tragédies la submergeait.

Pauvre Harry.

Dans sa tête, elle le voyait, assis dans sa chambre, seul ou en train de parler avec Hedwig, son hibou. Peut être lisait il un livre ou bien...

Une main se posa doucement sur son épaule.

Elle leva la tête. Sa mère se tenait à coté d'elle et la regardait anxieusement.

- Ma chérie, tu as l'air toute triste. Quelque chose ne va pas ?

Hermione secoua la tête et réalisa qu'elle avait les larmes aux yeux.

- Non rien. Il n'y a rien... (Elle s'essuya rapidement les yeux.) Excuse moi. C'est stupide. Il fait beau, on est en vacances. (Elle se redressa brusquement.) Ca va bien, maintenant. Pas de problème.

Jane Granger lui caressa affectueusement la joue.

- Tu es sûre ?

Hermione était sûre, et surtout, elle n'avait pas envie d'en parler. Et puis, qu'est ce que sa mère pourrait comprendre ? Depuis longtemps, elle n'essayait même plus d'expliquer à ses parents ce qui se passait dans son autre vie. D'ailleurs, ils ne s'y intéressaient plus vraiment. C'était trop irrationnel pour eux.

- Non, c'est bon, M'man. (Elle força un sourire.) Ne t'inquiète pas, ce n'est rien de grave. J'ai juste eu des pensées tristes. C'est idiot. (Elle se leva et essuya encore ses yeux.) Je dois avoir une tête pas possible, maintenant, et Viktor qui m'attends en bas. Je vais aller me refaire une beauté.

Sa mère chercha à accrocher son regard, mais elle n'insista pas.

- Très bien, ma chérie, comme tu veux.

Hermione quitta rapidement la terrasse. Jane la suivit des yeux.

Comme elle a changé. Je ne l'ai vraiment pas vue grandir.

Toute petite, Hermione avait été une enfant brillante et enjouée, mais au fur et à mesure que son intelligence s'était développée, elle s'était éloignée de ses camarades pour devenir introvertie et même solitaire, sans cesse au milieu de ses livres. Jane et son mari avaient commencé à s'en inquiéter sérieusement lorsqu'ils avaient reçue cette convocation pour cette étrange école de magie.

Leur monde avait basculé d'un seul coup. Les sorciers et les sorcières existaient vraiment, et leur fille en était une. Les faits étaient là, démontrables et indiscutables. Ils ne doutaient pas que c'était vrai, mais ils ne le comprenaient pas vraiment.

Pour Hermione, Poudlard avait été une véritable révélation. Elle était revenue de son premier trimestre avec un enthousiasme qu'ils ne lui avaient jamais vu. Elle avait parlé de nouveaux amis, de professeurs extraordinaires, et de savoirs fascinants. Leur confusion n'avait pas diminuée, au contraire, mais il était clair que leur fille avait trouvé une place dans ce monde. Ils l'avaient accepté.

C'était il y a cinq ans, et Hermione avait encore changée depuis. Elle parlait moins, et quand elle le faisait, ils pressentaient un coté sombre dans sa vie. Jane et Marc Granger ne comprenaient absolument plus rien à ce que leur fille devenait.

Privet Drive,

A ce moment là, Harry était effectivement avec Hedwige. Il complimentait l'oiseau en détachant le parchemin fixé à sa patte. Autour de lui, s'étalait le désordre d'une chambre encombrée de restes de nourriture, de vêtements sales et de livres.

- Merci pour le courrier, ma belle. Tiens voilà pour toi.

Le hibou prit le morceau de gâteau dans son bec et, après quelques cercles autour de la pièce, alla se percher dans sa cage. Harry reconnut immédiatement l'écriture caractéristique et son visage s'éclaira.

Ca vient de Remus.

Remus Lupin et Rubeus Hagrid étaient les derniers amis des ses parents à être encore en vie, avec Albus Dumbledore bien sûr, mais... il n'avait pas vraiment envie de penser au Directeur de Poudlard en ce moment, et surtout pas à leur dernière rencontre.

Harry savoura l'instant avant d'ouvrir la lettre. Son existence à Privet Drive était si déprimante qu'il en venait à faire durer les moindres occasions agréables. Les premiers jours avaient été les pires, Il avait passé des heures à ressasser les événements de la bataille du Ministère, la mort de Sirius, et les terribles révélations de Dumbledore. Harry avait alterné entre le dégoût devant sa propre stupidité, et la colère face aux actions incompréhensibles de Dumbledore et du reste de l'Ordre, et surtout de Rogue.

Il avait fini par se calmer, puis il avait essayé de se distraire avec des livres et des revues, L'Hebdo du Quidditch et même Une histoire de Poudlard, mais tout lui semblait futile et sans intérêt. Poudlard traînait au pied du lit, le livre favori d'Hermione, celui qu'elle mentionnait sans cesse.

"Si tu avais lu 'Une histoire de Hogwarts', tu saurais que..."

C'était presque la première phrase qu'elle avait prononcée devant lui et Ron, lorsqu'ils avaient fait leurs premiers pas comme sorciers et sorcière. Harry soupira. Ces premières années d'insouciance étaient bien loin, désormais.

Il décacheta la lettre.

Mon cher Harry,

Excuse moi de ne pas t'avoir écrit plus tôt. J'ai pensé que tu aurais envie de passer un peu de temps seul avec toi même. Je sais que c'était mon cas. Sirius comptait beaucoup pour toi, mais il était aussi mon ami.

Je pense à toi chaque jour, Harry, et quand bien même je ne peux prétendre remplacer Sirius, j'aimerai pouvoir d'aider comme il l'aurait fait, lui.

Il s'est passé des choses terribles, pour notre monde, pour nos amis, et surtout pour toi. Pire encore, ce n'est pas fini, comme tu le sais bien. Mais, tu n'es pas tout seul, Harry. Tu as des amis. Rappelle toi que l'affection de tes proches t'a déjà protégé, et qu'elle le peut encore. C'est très important.

Nous n'allons pas attendre que d'autres malheurs surviennent. Nous allons nous battre, tous ensembles, et nous allons gagner. Je sais que nous y arriverons.

Alors n'abandonne pas.

Je crois que nous devrions parler tous les deux. Qu'en penses tu ? J'imagine que ça serait mieux à un moment où ton oncle et ta tante ne sont pas là. Réponds moi pour me dire quand je pourrais venir te voir.

Affectueusement,

Remus Lupin

P.S. Souviens-toi de sa dernière.

La première réaction d'Harry fut une bouffée de colère, comme chaque fois qu'on lui parlait de Sirius, ou qu'il avait l'impression qu'on le prenait en pitié, et puis son émotion se dissipa lentement. Remus ne lui voulait que du bien. Il l'avait souvent montré.

Quel jour somme nous, aujourd'hui ? Oui, la pleine lune était il y a deux jours. Il vient juste de récupérer.

Remus était un Loup-Garou. Il avait été mordu par l'un d'eux, lorsqu'il était enfant. Chaque mois, au cours d'une terrible et douloureuse transformation, il se changeait en une créature monstrueuse. Malgré ça, il était toujours serviable, même s'il restait plutôt triste et réservé.

Une ligne accrocha son regard.

"Nous allons combattre cette menace... et nous allons gagner."

Ça au moins, c'était ce qu'on attendait d'un Gryffondor. Une affirmation de courage et de détermination, même si l'Ordre du Phénix n'avait pas gagné beaucoup de batailles, ces derniers temps.

Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir dire par : "Souviens-toi de sa dernière" ?

Cette phrase évoquait une seule chose pour Harry. La Beuglante que sa tante Pétunia avait reçue il y a un an.

"Souviens-toi de ma dernière, Pétunia!"

Juste au moment où son oncle avait été sur le point de le jeter en dehors de cette maison. La Beuglante, une lettre enchantée et particulièrement bruyante, avait été envoyée par Dumbledore à sa tante, pour lui rappeler de sa promesse de le garder, lui Harry, chez elle. C'était indispensable pour sa protection, ainsi que le Directeur avait expliqué plus tard. Le plus choqué avait été son oncle, lui qui haïssait tous ce qui avait trait à la magie, lorsqu'il avait découvert que sa femme avait forgé un pacte avec des sorciers !

Mais Remus n'est pas en train de parler de Pétunia.

A quoi pouvait-il faire référence ?

A ma dernière conversation avec Dumbledore ?

Harry revint sur les paroles du vieux sorcier. Beaucoup de choses avaient été dites, ce soir là. Il se leva et commença à marcher en long et en large dans la chambre. Il était toujours énervé, mais également intrigué.

Remus essaye de me dire quelque chose, et cette lettre a un sens caché.

Il y avait de bonnes raisons pour user de telles ambiguïtés dans les communications. Certains craignaient que le courrier volant puisse être intercepté.

Même si le Ministère s'est enfin rangé de notre coté, et que Voldemort doit être sur la défensive, au moins pour un moment.

Harry relut attentivement la lettre, cherchant des indices derrière chaque phrase.

"... Tu as des amis... l'affection de tes proches t'a déjà protégé... c'est très important."

Il soupira.

Ouais, surtout que la conséquence, c'est de m'enfermer ici pendant les vacances.

Et pour ce qui était de l'affection des Dursley, ils pouvaient repasser.

"... et qu'elle le peut encore."

Qu'est-ce qu'il veut dire par là ?

Ça ressemblait aux fadaises que Dumbledore lui sortaient toujours. Le pouvoir de l'amour et du coeur, bla bla bla. Harry ne voyait pas à quoi ça pouvait servir contre Voldemort, un ennemi capable de tuer avec un seul mot, et qui avait corrompu tant de gens pour en faire des Mangemorts, des sorciers criminels dévoués à sa cause.

Ils menaient une guerre sans merci, et dans une guerre, la chose la plus importante devait être de se battre, de rassembler ses forces et de les utiliser contre l'ennemi.

Mais Dumbledore ne fait jamais ça. Lui, il est toujours sur la défensive.

Remus serait il en train de parler de la magie que sa mère avait utilisée pour le protéger de Voldemort avant qu'il ne la tue ? Celle-là même qui rendait nécessaire sa présence à Privet Drive chaque été.

Un de ces sortilèges lui avait presque permis de tuer Voldemort. Harry frissonna d'horreur au souvenir du visage de Quirrel en train de se désintégrer sous ses mains.

Mais au moins, c'était une arme.

Une arme qu'il n'avait plus. En utilisant le sang de Harry pour se régénérer, Voldemort l'avait neutralisé. Harry soupira. Remus voulait en parler avec lui. Pourquoi pas ?

Ce n'est pas comme si j'avais tellement mieux à faire.

Il fouilla dans le désordre de sa malle pour trouver une plume et un morceau de parchemin.

Remus,

Merci pour ton message. Les Dursley seront absents demain après midi. Si ça te convient, tu peux passer vers trois heures.

Respectueusement

Harry

Il enroula le message et l'attacha à la patte de l'oiseau.

- Ça, c'est pour Remus, mais reviens vite. J'aurai d'autres messages pour toi.

Je vais écrire à Ron et à Mione. Je me demande comment se passent leurs vacances. Au moins, ils en ont, eux.

Manoir de la famille Krum,

Hermione alla directement dans la salle de bain de sa chambre. Elle fit couler de l'eau froide, s'aspergea le visage et se sécha vigoureusement.

Qu'est-ce qui m'arrive, à la fin ? Je suis là, tranquille, et le simple fait de penser à Harry me fait perdre les pédales comme une stupide gamine sans cervelle.

Déjà qu'elle ne supportait déjà pas les comportements illogiques, et soit disant 'féminins', chez les autres filles, alors que ça lui arrive à elle était parfaitement intolérable.

Tout à fait comme cette gourde de Cho avec sa manie de pleurer pour un oui ou pour un non.

Cho Chang.

La petite amie d'Harry.

Ex-petite amie, en fait.

Malgré son énervement, Hermione ne put s'empêcher de sourire au souvenir des embrouilles de son ami avec la jolie Serdaigle. Particulièrement lors de leur sortie à Pré-au-lard, lorsqu'ils s'était disputés lorsque Hermione avait demandé à Harry de la rejoindre en plein milieu de leur balade. Il avait accepté sans réfléchir, et Cho l'avait très mal pris.

Ce n'était vraiment pas sympa de ma part.

Sa réflexion spontanée la surprit. Elle n'avait pas cherché à provoquer de dispute. Simplement, ce pauvre Harry n'avait aucune connaissance des subtilités de la psychologie féminine.

Alors qu'elle même les connaissait très bien.

Hum.

Hermione était assez honnête avec elle même pour remettre en question son attitude à cette occasion. Avait elle, consciemment ou pas, cherché à perturber les relations entre Harry et son amie ?

Bien sûr que non.

Elle n'avait pas été jalouse, pas un instant. Elle se souvenait même d'avoir été heureuse pour Harry lorsqu'il avait commencé à sortir avec Cho. Et de toute façon, elle même était avec Viktor.

Elle était toujours avec Viktor. Hier, ils s'étaient embrassés pour la première fois. Au clair de lune, près du lac.

Très romantique, exactement comme je l'avais prévu.

Elle n'avait pas perdue la tête. Elle était restée maîtresse de la situation, comme toujours.

Mais est-ce vraiment ce que je veux ?

Elle se souvenait du visage de Harry lorsqu'il avait embrassé Cho pour la première fois. Il ne touchait plus terre. Il semblait tellement heureux qu'elle en avait été émue.

Bon sang ! Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de penser à lui ?

Parce qu'elle voulait ce qu'elle avait aperçu dans les yeux d'Harry, ce jour là. Elle voulait connaître cette passion.

Harry ne comprend peut être rien aux filles mais il sait tomber amoureux.

Etait elle amoureuse d'Harry?

Mais qu'est-ce que je raconte ?

D'accord, elle avait presque pleurée en pensant à lui, mais c'était probablement par compassion pour ses malheurs, et la pitié n'était pas une bonne base pour construire une relation romantique. Viktor et elle se considéraient comme des égaux. Si elle voulait aider Harry, il serait plus simple de rester son ami. D'ailleurs, c'était exactement ce qu'elle faisait.

Je donnerais ma vie pour Harry, comme pour Viktor.

Mais curieusement, ce n'était pas pareil.

Donner sa vie pour quelqu'un n'est pas la même chose que d'être prête à la passer avec lui.

Hermione pouvait imaginer sa vie, sa vie d'adulte, avec Viktor. Elle en avait une idée assez précise.

Et avec Harry ?

La question ne s'était jamais posée, malgré d'occasionnels sentiments ambigus envers Harry ou Ron. Mais c'était normal, c'était les deux garçons qu'elle connaissait le plus, tandis que Viktor... Elle était confuse et pleine de doutes. Elle ne comprenait même pas pourquoi elle en était là.

Qu'est-ce qui m'arrive ?

Ses tentatives de raisonnement n'aboutissaient à rien. Hermione se sentait ballotée par des émotions contradictoires et la logique ne lui était d'aucun secours. Finalement, elle se leva avec impatience, sortit de sa chambre et descendit l'escalier.

Viktor attendait dans le hall. Elle était si concentrée qu'elle ne l'aperçut qu'à la dernière seconde.

- Hermion-y, tu es prête ?

- Euh, là... maintenant ? (Hermione lutta contre une confusion inexplicable, avant de se reprendre.) Ecoute, il faut que je discute de quelque chose avec Maman. Est-ce que tu peux m'attendre encore un peu ?

- Bien sûr. Tu vois, je t'attends ici, d'accord ?

Elle lui offrit un rapide sourire avant de reprendre le chemin du jardin.

Il est vraiment facile à vivre. Je ne crois pas qu'on se soit jamais disputé à propos de quoi que ce soit.

Ce n'était pas vraiment le cas avec Harry qui pouvait être une des personnes les plus butées qu'elle connaissait. Hermione soupira.

Ce n'est pas si simple.

Sa mère s'était assise sur un des bancs à coté de la pièce d'eau. Hermione ralentit pour se donner le temps de réfléchir. Elle ne voyait pas encore comment aborder les choses, sans compter que ses parents étaient totalement ignorants de Voldemort et la menace qu'il représentait.

C'est probablement mieux, d'ailleurs. S'ils savaient tous, ils seraient capable de m'interdire de revenir à Poudlard, et ça, il en est hors de question.

Sa mère sourit en l'apercevant.

- Tu as une meilleure tête que tout à l'heure, ma chérie. Alors, est-ce que tu vas me dire ce qui te rendait si triste ?

Hermione s'assit à coté d'elle et commença à s'expliquer Elle raconta l'affection qu'elle éprouvait pour Viktor mais comment elle n'avait pas vraiment prévue de s'engager sérieusement, et maintenant elle se posait également des questions vis à vis d'un autre de ses amis.

- Harry. C'est ce garçon qui est dans ta classe et dont tu m'as déjà parlé ? Celui qui est orphelin ?

- Voilà. Lui, et Ron, tu sais, c'est Ronald Weasley, celui qui vient d'une autre famille de sorciers.

- C'est ça, et vous êtes toujours ensembles depuis le début.

- Oui. Bon, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais Harry, il lui arrive toujours des trucs pas possibles...

Hermione fit un résumé édulcoré des malheurs de Harry. Sa mère l'écoutait attentivement.

- Tu veux me dire que tu hésites entre lui et Viktor, c'est ça ?

Hermione balança la tête et se tortilla de manière inconfortable avant de répondre.

- Je ne sais même pas si je suis vraiment attirée vers lui, M'man. En fait, je me demande si mes sentiments ne sont pas qu'une sorte d'attitude maternelle, à cause de tous ses problèmes.

Sa mère ne put s'empêcher de sourire. Attitude maternelle, vraiment?

- Tu sembles prendre cela très à coeur, Hermione. Tu sais, à ton âge ce n'est pas inhabituel de sortir avec plusieurs garçons.

Hermione sursauta.

- Maman ! Je t'assure que je ne te dérangerais pas si c'était juste une question de 'petits amis' comme tu dis. C'est beaucoup plus sérieux que ça.

Elle grimaça intérieurement à sa propre réaction.

Ça c'est bien toi, ma grande. Dieu nous préserve que tu ne prennes pas le moindre sujet au sérieux.

- Je ne veux pas jouer avec eux, continua-t elle d'une voix plus basse. Je les respecte trop pour ça.

- Excuse moi, ma chérie. Tu as entièrement raison, et je t'approuve complètement.

En fait, Jane Granger était plutôt contente. L'attitude de sa fille était certainement un signe de maturité. Hermione continua.

- Je ne suis jamais sorti avec Harry... je ne sais même pas s'il y pense seulement lui même. Il me considère probablement plutôt comme une soeur... Il avait une petite amie l'année dernière, mais c'est fini entre eux, maintenant.

Sa mère amorça un autre petit sourire amusé. Elle savait beaucoup mieux que sa fille qu'à leur âge, les garçons considèrent rarement les filles comme des sœurs.

- Qu'est ce qu'il te vient à l'esprit quand tu penses à lui ? demanda-t elle plutôt.

Hermione tourna son regard vers la surface du lac et prit une profonde inspiration.

- Et bien, c'est vraiment la personne la plus courageuse et la plus vaillante que je connaisse. Je voudrais l'aider, enfin, je l'aide déjà, mais je voudrais en faire plus, mais ce n'est pas facile. Il garde beaucoup de choses en lui même. Il est souvent très têtu, mais quand les choses vont bien, c'est vraiment un ami merveilleux, et nous avons passé des moments formidables ensembles.

- Et quand tu penses à Viktor ?

Hermione sourit à son tour. Elle devinait la technique que sa mère était en train d'appliquer.

Bien sûr les professions médicales suivent des cours de psychologie pratiques.

- Viktor est gentil. Il est intelligent, et Harry aussi d'ailleurs ! (Tu te disperses ma grande !) Hum, on a des discussions très intéressantes tous les deux, sur plein de sujets, et... il m'a appris beaucoup de choses que je ne connaissais pas. Il est très calé en histoire, tu sais. Viktor est vraiment agréable à vivre et... (Hermione haussa involontairement les épaules.) Je ne sais pas... je me sens en sécurité avec lui.

Elle se mordit la lèvre. C'était tous ce qu'elle avait à dire à propos d'un garçon qu'elle fréquentait depuis plus d'un an ? A coté de cela elle se sentait capable de parler de Harry pendant des heures, même si... Une boule d'angoisse lui bloquait sa gorge. Sa mère marqua une pause avant de lui répondre.

- Tu n'est pas amoureuse de Viktor, annonça-t elle. Il ferait sans doute un bon partenaire mais tu n'es pas sûre que la vie soit assez stimulante avec lui.

Hermione acquiesça silencieusement. Elle venait de réaliser exactement la même chose.

- Mais ta vie peut être intéressante de ton seul fait, tu sais, continua Jane, même si tu ne partages pas tout avec ton compagnon.

A cette idée, Hermione secoua brutalement la tête. Ca ressemblait à un choix par défaut, et elle avait plus d'ambition que cela.

Je veux que ma vie soit un succès à deux, en équipe.

- D'un autre coté, poursuivit sa mère, il est évident que tu trouve Harry beaucoup plus intéressant. Présenté comme ça, le choix parait simple. A moins qu'il n'y ait autre chose ?

Elle a raison. Ca devrait être une décision plutôt simple.

- Je ne sais pas...

La perspective d'être amoureuse de Harry était curieusement troublante. Elle avait plus que de l'affection pour lui, c'était clair, maintenant, mais d'autres émotions plus sombres se mêlaient à ses sentiments.

- J'ai peur, dit elle en baissant les yeux.

- Peur ? De lui ? C'est vrai que tu le présentes comme quelqu'un d'assez impressionnant. Il n'est pas violent, quand même ?

- Non, pas lui...

Harry n'était pas un garçon ordinaire. Tout ce qui arrivait autour de lui... Les images du ministère remontèrent de sa mémoire.

L'un de nous pourrait mourir dans cette guerre...

Hermione s'imagina être tuée, ou torturée jusqu'à la folie comme les parents de Neville. Elle n'avait pas à se demander comment Harry réagirait, ou elle même, si c'était l'inverse. Elle frissonna incontrôlablement en réalisant que cela pouvait très bien se arriver. La mort, ou de terribles blessures, feraient toujours partie de leurs vies tant que Voldemort ne serait pas vaincu. C'était déjà atroce d'y penser pour soi, mais d'imaginer que ça puisse toucher des êtres chers, ça devenait insoutenable.

Harry ! Il vit avec des idées comme ça dans la tête depuis que Cédric est mort. Ce n'est pas étonnant qu'il ait changé.

- Hermione ! Qu'est-ce que tu as ?

Elle tremblait comme une feuille. Sa mère devait bien s'en rendre compte, mais Hermione réalisait autre chose.

Comment puis je penser que c'est de la pitié que j'éprouve pour lui ? Il est incroyablement fort de pouvoir vivre cette situation et ne pas s'écrouler.

Elle était fière de lui.

- Hermione ! Est-ce que j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Non. Tu as dit exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Je l'aime, je l'admire. Il a besoin de quelqu'un pour l'aider et je veux être cette personne.

- Ma chérie ?

Elle se tourna vers sa mère.

Comment lui expliquer ? C'est impossible, mais ce n'est plus nécessaire. J'ai choisi.

- Non, ça va bien. Je... écoute, je ne peux rien te dire d'autre. (Elle se leva.) Merci beaucoup, Maman. Tu m'as vraiment aidée, et ne t'inquiète pas. Je sais ce que je dois faire.

Elle força un sourire. Sa mère la considéra anxieusement.

- Tu en es sûre ?

- Oui, absolument. Et maintenant, je dois aller en ville avec Viktor. Ca ne va pas prendre longtemps. Nous serons de retour pour déjeuner. (Elles se regardèrent un instant.) A tout à l'heure, Maman.

Viktor. C'est lui l'étape suivante. Ça ne va pas être facile, mais il faut que je lui explique. Oui.

Elle commençait déjà à organiser ses idées en revenant vers la maison.

- Hermione !

Elle s'arrêta.

- Oui M'man ?

- Tu vas parler de ça avec Viktor ? (Elle hésita.) Et ensuite, tu vas t'en aller, n'est-ce pas ?

Hermione acquiesça.

Elle a compris, et c'est une bonne chose. Elle expliquera la situation à Papa.

- Oui. Je veux m'occuper de ça le plus vite possible.

Même si je n'ai pas une idée très précise sur la manière de le faire.

- Si je peux te donner un conseil ? (Hermione acquiesça.) Dis juste à Viktor que tu as besoin de réfléchir. Ca sera plus facile s'il prend le temps de comprendre par lui même. Même dites avec gentillesse, certaines paroles peuvent faire très mal, tu sais.

Elle a raison. Il va falloir que je m'en souvienne.

- Merci M'man. Je note ça. C'est un bon conseil.

Viktor l'attendait dans le salon, en train de lire le Magikal Poshta, l'équivalent Bulgare de La Gazette du Sorcier.

- Est-ce que tu es prête, Hermion-y ?

Elle était prête, et déchirée par un sentiment de culpabilité grandissant. Il la regarda avec une expression interrogative et se leva pour lui prendre la main.

- Tout va bien ? Tu as un air un petit peu... étrange ?

Elle secoua la tête. Ce n'était pas l'endroit.

- Non, il n'y a rien. On y va ?

Ils marchèrent en silence le long de la route, en se tenant simplement par la main. Hermione essayait de calmer les battements de son coeur en regardant le paysage. Plusieurs fois, Viktor lui jeta des regards inquiets. Il percevait son trouble et essayait de comprendre ce qui se passait.

Elle si sérieuse, aujourd'hui. Elle est toujours sérieuse quand elle travaille mais jamais quand nous sommes seulement... ensembles.

- Hermion-y ? Qu'est-ce qu'il y a ? Il y a quelque chose, je le sens.

Elle ne pouvait plus repousser le moment. Elle s'arrêta et lâcha sa main.

- Viktor, il y a quelque chose que je dois te dire.

Il se raidit immédiatement. Hermione vit son regard basculer de l'interrogation à l'inquiétude, et elle se haït pour ce qu'elle allait dire.

- Viktor... je t'aime bien, et je suis très heureuse d'être ton amie, mais au delà de cela... je ne suis pas sûr de ce que je ressent... Je pense que je dois te le dire, et...

Il vaut mieux que je m'arrête là et que j'attende de voir comment il réagit.

Viktor déglutit péniblement.

Est-ce qu'elle est en train de me dire qu'elle ne n'est pas amoureuse de moi ? Que c'est déjà fini entre nous ?

En vrai, les choses n'étaient jamais allées très loin, et il n'avait pensé sérieusement que depuis quelques jours. Là maintenant, elle lui semblait plus belle que jamais, avec son visage intense, et cette immense chevelure qui semblait toujours excessive pour sa petite taille.

- Hermion-y, Je... je ne sais pas quoi dire. Je pensais que ça allait bien, nous deux. Est-ce que c'est moi qui... ?

Elle grimaça en entendant la douleur qui perçait dans sa voix. Elle avança, pour s'arrêter juste avant de le toucher.

- Non ! Bien sûr que non. Tu as été très bien, et j'ai été très heureuse avec toi. Je suis toujours... heureuse. (Elle prit une profonde respiration.) Viktor, je trouve vraiment que tu es un type bien, et si quelque chose cloche, c'est de mon coté que ça se passe. J'ai besoin de... de faire quelque chose. De vérifier que... (Elle s'interrompit avant de reprendre avec plus de fermeté.) Et toi, tu mérites d'être avec quelqu'un qui n'a aucune arrière pensée... Viktor, je suis vraiment désolée !

Les larmes coulaient de ses yeux encore une fois. Elle fit un terrible effort pour le regarder en face, et pour garder le peu de contrôle qu'elle conservait encore.

Ils restèrent silencieux pendant un long moment. Hermione n'osait plus rien dire, et Viktor ne savait pas comment répondre. Finalement, il reprit le chemin du village, sans se retourner. Hermione hésita, mais c'était au dessus de ses forces de le suivre. Elle espérait seulement qu'elle ne venait pas de faire la plus grosse bêtise de sa vie.

Le Terrier, le soir même,

Molly Weasley préparait le dîner. Chez les Weasley, cette activité constitait une tâche collective où participaient plusieurs des occupants enchantés de la cuisine.

Autour d'elle, casseroles, cuillères et ingrédients tournoyaient et faisaient leur travail. Une sélection de légumes et de viandes étaient en train d'être coupés et bouillis, pendant d'une volée de flacons d'épices et de condiments dansaient en l'air, accompagnés de fiches de recettes et d'ustensiles, et cherchaient à capter son attention en agitant de minuscules bras.

Ce soir là 'Curry' était particulièrement excité. Le bocal jaune avait formé une alliance avec un livre de cuisine exotique et il repoussait vigoureusement ses concurrents, dont le principal, une bouteille de vin rouge soutenue par un parchemin de recette de Poulet à la Bordelaise.

Molly jugea le plat français trop lourd.

- Non Claret, pas ce soir, mais je te promet qu'on fera quelque chose avec toi, dimanche prochain.

Le bocal de curry tira une langue moqueuse en direction de son rival qui se mit en position de lui envoyer un bouchon bien placé. Molly intervint pour rétablir l'ordre, baguette à la main. Les plats furent laissés à eux mêmes, et à la surveillance de quelques incantations, et la cuisinière rejoignit le reste de la famille dans le salon.

Lorsque tous les plats furent laissés à eux mêmes, et à la surveillance des ustensiles magiques qu'elle avait préparés, elle rejoignit le reste de la famille dans le salon.

Arthur et Ron s'affrontaient au dessus d'un échiquier pendant que Ginny lisait tranquillement un livre. Fred et Georges ne rentreraient pas avant le week-end, et Percy...

L'expression de Molly se troubla et sa bonne humeur disparut. Ils étaient toujours brouillés avec Percy.

Par Merlin ! Percival Weasley, quand vas tu réaliser ce que tu as fait ? Comment peux tu ne pas comprendre à quel point le Ministère a été injuste envers nous et avec Harry ?

Penser au jeune orphelin la rendit encore plus triste.

Pauvre garçon. Je sais bien que Dumbledore a ses raisons de ne pas nous le confier pour tout l'été, mais quand même. Il doit bien y avoir une meilleure solution que de l'envoyer chez ces bandits. Il ne peut même pas pratiquer sa magie, là bas.

Son émotion se changea en colère devant le fait que quelqu'un d'aussi jeune que Harry (pas si jeune que cela. Il a seize ans, maintenant. Ce n'est plus un petit garçon) était soumis à de telles restrictions pour assurer sa sécurité. Le moins qu'on puisse dire était que Harry n'avait pas eu une enfance heureuse.

Les responsabilités et les dures leçons de la vie viennent bien assez vite. Ce garçon mérite mieux qu'il n'a, et nous devrions au moins pouvoir lui donner un minimum de vie familiale.

Elle savait que, parce qu'ils étaient ses amis proches, Ron et Ginny étaient particulièrement exposés à la menace que faisait peser Voldemort sur leur monde. Elle était fière d'eux mais terriblement inquiète aussi. Elle soupira.

Il n'y a pas de choix. Nous faisons ce que nous devons.

Ron leva la tête, comme s'il avait lu dans ses pensées.

- Ca sent rudement bon, M'man. Et si on invitait Harry, ce soir ?

- Tu sais bien ce que Dumbledore a dit. Il doit rester encore quelques jours chez son oncle et sa tante.

- Oui, mais... écoute, M'man. Là bas, il n'a probablement rien d'autre à manger qu'un morceau de pain sec et de l'eau croupie. Il va perdre des forces et s'il est attaqué, il...

Ron s'étrangla à cette seule idée.

- Il a raison, ajouta Ginny. C'est complètement idiot de le laisser tout seul.

Arthur soupira.

- Ron, Ginny, on vous a déjà expliqué qu'il est parfaitement en sécurité chez son oncle sa tante, répondit-il d'une voix fatiguée par les répétitions. Il ne peut rien lui arriver, sauf s'il quitte la maison, justement.

- Et il ne risque pas de mourir de faim, ajouta Molly. Nous avons envoyé de la nourriture la semaine dernière, et hier encore.

Ron savait que ses parents avaient raison, mais son ami lui manquait. Il était persuadé que c'était une erreur de le tenir à distance.

- Et qu'est-ce qu'on fait pour le Quidditch ? Et pour l'entraînement en défense ? Il y a plein de choses importantes qu'on devrait faire ensembles. (Il se leva et commença à s'agiter en donnant libre cours à sa frustration.) C'est stupide ! L'année dernière c'était la même chose, et il est presque mort. Sirius...

Il s'arrêta devant les visages bouleversés de ses parents. Tout le monde avait encore en mémoire les événements qui avaient conduits à la mort de Sirius.

- Excusez moi, bredouilla-t il. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... je veux dire... j'ai confiance en vous, mais...

Ginny se mordit la lèvre. Elle allait ouvrir la bouche pour parler, mais au lieu de ça, elle se leva subitement pour remonter dans sa chambre. Arthur se leva et posa la main sur l'épaule de son fils.

- Calme toi, Ron. Je sais ce que tu ressens, et combien c'est dur, mais il faut nous faire confiance. Cette année ne va pas être comme la précédente. Beaucoup de choses ont changées.

Oui, beaucoup de choses ont changées, en bien comme en mal, mais au moins, nous n'avons plus le Ministère contre nous.

Un instant, Arthur Weasley hésita à évoquer les plans dont il discutait parfois avec Dumbledore, mais il ne voulait pas leur donner de faux espoirs. Ils étaient prêts à s'accrocher à n'importe quoi, et la déception serait bien pire que n'importe quelle frustration.

- Allez, c'est à ton tour de jouer...