Renaissance

Résumé: Sirius revient du royaume des morts. La recherche des Horcruxes se poursuit. La bataille finale se rapproche.
Genre: Aventure, Suspens, Romance Lupin/Tonks , Harry/Ginny, Ron/Hermione et Sirius/OC
Spoilers: Cette fic commence quelques mois après "Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé".
Disclaimer : Les personnages et l'univers ne sont pas à moi mais à la grande J. ...

NB/ Pour information, cette fanfic a été écrite avant la sortie du tome 7.

Merci à Nemesis (Grande tueuse de baleines roses à ses heures perdues), Tia et Hermaline pour leurs conseils ! Vous m'avez été d'une grande aide!
Et un grand merci également à gjc597, toujours si disponible. Que ne ferais-je sans toi, miss! ;-)

Attention, cette fic contient des scènes pouvant heurter les plus jeunes. Déconseillée aux moins de 12 ans.

Première partie

Un éclat rougeoyant suivi d'un violent choc furent les prémices d'un réveil agité. Un rire étrangement guttural résonnait à son oreille et Sirius mit quelques secondes à comprendre qu'il s'agissait du sien. Sa gorge se serra, son corps convulsa et un froid glacial envahit chaque atome de son être.

Etait-il en train de mourir ?

Pendant de longues secondes, bruits, odeurs, sensations semblèrent nébuleux, étouffés. Tout se mêlait dans sa tête, lui faisant perdre ses repères. Aucune pensée cohérente hormis sa mort prochaine ou passée ne parvenait à traverser le voile de son esprit confus. Et pourtant, peu à peu, la réalité reprit ses droits. Il sentit la rudesse du sol sous son corps étendu et recroquevillé. L'air froid et humide qui l'entourait. L'odeur rance qui flottait autour de lui et lui donnait la nausée.

Où était-il ?

Il n'avait pas encore la force d'ouvrir les yeux et s'efforça de calmer sa respiration haletante, mais la peur de l'inconnu s'accentua lorsqu'il réalisa sa nudité. Son corps fut alors pris de violents spasmes qui lui arrachèrent quelques grognements de douleur. Le sol rocailleux blessait sa peau nue à chaque convulsion et il dut faire appel à toute sa volonté pour parvenir à les faire cesser.

Lorsqu'il fut calmé, il ouvrit lentement les paupières et cligna plusieurs fois des yeux. Les lieux étaient aussi sombres qu'ils étaient froids et malodorants. La pièce, de taille moyenne, avait tout du cachot moyenâgeux. Le plafond était bas, les murs faits de pierres noires et suintantes. La seule source de lumière éclairant ce tombeau venait d'une petite lucarne menant à l'extérieur et agrémentée de solides barreaux. Redressant la tête, un bruit attira le regard de Sirius à hauteur de son bras replié et il découvrit l'ourlet d'une longue robe d'un noir d'ébène. Avec effort, il leva lentement son visage afin de connaître l'identité de son geôlier, mais lorsqu'il plongea ses yeux dans ceux rouge sang de l'homme, la surprise le fit suffoquer.

- … Vous, parvint-il à articuler.

Un sourire apparut sur les lèvres quasi inexistantes de Lord Voldemort et ses yeux brillèrent de satisfaction.

- Moi, répondit-il d'une voix glacée. Bienvenu parmi les vivants.

A ces mots, Sirius tiqua.

Ainsi donc, il n'avait pas rêvé ce sentiment de vide, de néant. De mort. Il avait été mort. Et brusquement, tout lui revint.

Harry. Le ministère. Bellatrix. Et ce coup, qu'il n'avait pas vu venir.

La mâchoire crispée, il tenta de se redresser. Sa tête lui faisait un mal de chien mais il ne s'en souciait guère. Une peur indicible rendait chacun de ses gestes douloureux.

Qu'était-il advenu de Harry ?

- Habille-toi.

Sirius eut juste le temps de lever les bras pour recevoir le pantalon et la chemise noir au tissu grossier que Voldemort venait de lui lancer. Il s'en revêtit à la hâte, tandis qu'en lui se succédaient hypothèses et raisonnements. Mais un rire aigu, inhumain s'éleva dans le silence de la pièce, mettant un terme à ses pensées confuses.

- Oh, il est vivant, susurra Le Seigneur des Ténèbres, non sans sarcasmes.

Black, bien que soulagé, ferma aussitôt son esprit et se fustigea de s'être montré si transparent. Voldemort était bien évidemment un maître en légilimancie.
Une fois habillé, Sirius put faire face à son ennemi avec plus d'assurance.

- Pourquoi ? Pourquoi t'es-tu donné la peine de me faire revenir ? demanda-t-il avec arrogance, satisfait de voir son interlocuteur tiquer en se voyant ainsi tutoyé.
- Mais toujours dans l'optique de voir Potter venir se jeter dans la gueule du loup. Cette petite aventure au ministère m'a été très instructive en définitif. Après la perte de Dumbledore, il sera si content de te savoir vivant.

Sirius mit quelques secondes avant de réaliser la portée de ces dernières paroles et toute couleur déserta son visage aux traits émaciés.

- … Qu… Quoi ?

La figure spectrale de Voldemort se fendit d'un sourire suffisant et il prit le temps de faire quelques pas dans la pièce avant de répondre :

- Et oui. Dumbledore n'est plus.
- C'est impossible ! s'exclama Sirius, avec force
- Et pourtant… Tué par les mains de celui dont il avait tant confiance ! lança-t-il dans un grand éclat de rire.

Mais il n'y avait aucune chaleur dans ce rire-là. Aucune émotion.
Partagé entre effroi et scepticisme, Black se tourna lentement vers le recoin du cachot que la main blafarde de Voldemort indiquait. Il y avait un autre homme dans la pièce. Un homme que l'obscurité avait en partie caché à sa vue. Mais Sirius ne mit qu'un instant à reconnaître la silhouette longue et osseuse de Severus Rogue. Le visage cireux dépourvu d'émotion, celui-ci se contentait d'observer la scène sans sourciller.

Sa présence ici fut, pour Sirius, bien plus choquante que les dires de Voldemort lui-même. Elle ne pouvait prouver qu'une seule et unique chose… Il ne mentait pas.

Dumbledore était mort. Il s'était trompé sur Rogue et il était mort.

Une rage telle qu'il n'en avait plus connue depuis sa dernière rencontre avec Peter Pettigrow l'envahit. Sans réfléchir davantage, il bondit en direction de Severus.

- SALE TRAITRE ! hurla-t-il.

Rogue n'esquissa pas le moindre geste pour se protéger. Ce ne fut pas utile. Un éclair de lumière envahit brusquement la pièce et Sirius se retrouva immobilisé. Il continua pourtant d'agiter les bras en tous sens mais son corps, lui, était ramené de force au centre du cachot.

- SALE VERMINE ! JE SAVAIS QU'ON NE POUVAIT PAS TE FAIRE CONFIANCE ! COMMENT AS-TU FAIT POUR LE TUER ? TU AS ATTENDU QU'IL AIT EU LE DOS TOURNE ? continuait-il de cracher sans discontinuer.
- Allons, allons, intervint Voldemort que cette scène semblait follement amuser. On se calme.

Ces derniers mots avaient été dits d'un ton si glacé que Sirius retrouva en partie ses esprits. Il cessa de se débattre mais resta résolument tourné vers Rogue, sa haine toujours intacte.

- Bien, poursuivit Le Seigneur des Ténèbres. Encore une chance que je connaisse tout de la Mort. Pénétrer son royaume sans être passé par l'étape du décès physique a finalement été un avantage pour tous les deux. Mais malgré cela, il m'a fallu beaucoup de temps et d'énergie pour te ramener dans le monde des vivants…

Voldemort se tut un instant. Indifférent à ces explications, Black continuait de ronger son frein si bien que le mage noir perdit patience d'être ainsi ignoré.

- REGARDE-MOI ! hurla-t-il.

Un nouveau jet de lumière jaillit et Sirius fut contraint de lui faire face. Une colère noire déformait les traits reptiliens de Voldemort et sa baguette crépitait sous le coup de ses émotions violentes. Black se contraignit à ne pas détourner les yeux, faisant appel à sa haine et non à sa peur.
L'instant d'après, Le Seigneur des Ténèbres souriait de nouveau, l'air presque aimable.

- Je disais donc qu'il m'a fallu beaucoup de temps et d'énergie pour t'arracher à la mort. N'as-tu donc rien à me dire ?

Sirius laissa échapper un ricanement moqueur et redressa la tête, obstinément silencieux.

- Mm… C'est ce que je pensais, poursuivit Voldemort, en secouant sa baguette d'un air réprobateur. Mais vois-tu… Je n'aime guère l'impolitesse.

Un nouveau sourire fendit son visage exsangue.

- Endoloris !

ooo

Cela faisait plusieurs minutes déjà que Harry était assis sur le rebord de la fenêtre, à observer la nature renaître paisiblement après ces quelques mois hivernaux. Il était rentré de sa quête des Horcruxes depuis trois heures maintenant et attendait patiemment l'arrivée de Remus Lupin au Terrier afin de lui faire un rapport détaillé des évènements.

L'air maussade, son regard accrocha l'un des Aurors chargé de sa protection et qui patrouillait dans le jardin. Harry ne connaissait même pas son nom. Ils se relayaient sans cesse autour de lui et semblaient très nombreux, ce qui, en soit n'était pas une mauvaise chose étant donné la vitesse avec laquelle ils tombaient.
Depuis la disparition d'Albus Dumbledore, les Mangemorts étaient plus actifs que jamais.

L'Ordre s'en sortait pourtant relativement bien. Les premières semaines après le décès du Directeur de Poudlard n'avaient certes pas été faciles. L'Ordre du Phénix avait perdu son pilier et Harry son mentor. Mais contre toute attente, la mort de Dumbledore avait été le déclencheur d'une résistance sans précédent. Quelques jours après ce tragique événement, l'annonce officielle du Ministère de la Magie confirmant l'identité de l'Elu n'avait fait que renforcer ce désir. Bien sûr, ce communiqué avait été fait sans l'accord de Harry, sans preuve tangible qu'il était bel et bien ce que tous espéraient. Mais le Ministère avait estimé nécessaire de pallier rapidement à l'absence de Dumbledore en offrant aux gens un espoir. Une raison d'unifier leurs forces autour de ce nouveau pilier.

Depuis quelques mois, des Aurors du monde entier affluaient vers l'Angleterre afin de se mettre au service de l'Elu. Et si le Ministère ne savait plus qu'en faire, l'Ordre, en revanche, les accueillait à bras ouverts. Pour remplacer Dumbledore à la tête de la Résistance, un conseil avait été mis en place, réunissant entre autre Remus Lupin, Arthur Weasley et Minerva McGonagall. Certes, ils n'avaient ni les pouvoirs, ni la sagesse d'Albus Dumbledore, mais jusqu'ici, ils avaient su prendre des décisions judicieuses et organiser avec efficacité le nouvel Ordre.

Peu de personnes étaient au courant pour les Horcruxes. Seuls Lupin, les parents de Ron et enfin le Professeur McGonagall connaissaient leur existence. Sous le conseil d'Hermione, Harry avait finalement accepté de partager ce secret avec eux. Certes, ils avaient aussitôt interdit à Ron et Hermione de l'accompagner dans sa quête mais encore aujourd'hui, il ne regrettait pas cette décision. Escorté de puissants Aurors, il était parvenu à en détruire deux et il n'en restait à présent plus qu'un. Jamais il n'aurait pu aller aussi loin sans l'aide précieuse de Remus, des Weasley et de McGonagall. Et curieusement, la découverte de l'existence de ces Horcruxes avait eu un pouvoir galvanisant sur eux. Le mystère entourant Voldemort étant enfin levé, leur lutte leur semblait plus concrète. La victoire, enfin possible.

Harry soupira.

Combien de temps lui faudrait-il encore attendre avant de pouvoir rentrer à Poudlard ? Il n'avait qu'une hâte, retrouver Ron et Hermione – Ginny également, même s'il refusait d'y songer ouvertement – et chasser de son esprit les images cauchemardesques dont la destruction du sixième Horcruxe était responsable. L'un des trois Aurors qui lui avaient servis de garde rapprochée, avait directement été transporté à l'hôpital Ste Mangouste dans un état jugé « désespéré ». Quant aux deux autres, plus chanceux, ils avaient aussitôt été rejoints par un oubliateur afin d'effacer toute trace de leur chasse aux Horcruxes. Les dirigeants de l'Ordre ne voulaient prendre aucuns risques.

Il ne restait donc plus qu'un seul et unique Horcruxe. Plus qu'un seul à trouver et Harry devrait faire face à sa destinée. Son sentiment d'allégresse après chaque découverte d'un fragment d'âme de Lord Voldemort se dissipait rapidement lorsqu'il songeait plus avant à ce qui l'attendait. Il aurait été fou de ne pas avoir peur. Il aurait été fou de ne pas être terrifié. Plus le moment fatidique approchait et plus la réalité d'une mort éventuelle s'imposait à lui. Lupin ne cessait de lui répéter qu'il ne serait pas seul dans ce combat, que l'Ordre serait à ses côtés. Mais Harry ne se faisait guère d'illusions.

C'était lui seul qui devait combattre Voldemort. Lui seul qui devait le vaincre.

Un mouvement dans le ciel attira soudain son attention et le sortit de ses sombres pensées. Harry plissa les yeux quelques secondes puis se redressa en découvrant un hibou voler tout droit dans sa direction. Celui-ci pénétra dans la chambre de Ron dans un magnifique vol plané puis se posa doucement sur la petite commode à côté de lui. Harry prit la lettre attachée à la patte de l'oiseau et observa la petite écriture serrée et dramatiquement familière de l'expéditeur.

Son sang se mit à bourdonner furieusement à ses oreilles et ce fut d'une main tremblante qu'il ouvrit l'enveloppe. La feuille enfin dépliée, il chercha des yeux confirmation et ses doigts se crispèrent sur le parchemin jauni.

« Severus Rogue. »

Ce fut un Lupin pâle et fatigué qui frappa à la porte du Terrier. Molly vint aussitôt lui ouvrir et l'accueillit avec soulagement. Remus, interprétant mal son soupir, eut une grimace d'excuse.

- Désolée, Molly, mais dès que Harry sera de retour à Poudlard, tu seras libérée de toute sa garde rapprochée, lui dit-il en indiquant les Aurors patrouillant non loin de la maison et qu'il avait mis plusieurs minutes à passer.

Madame Weasley balaya ces propos de sa main potelée et s'effaça afin de laisser entrer son invité.

- Je ne suis pas pressée qu'ils s'en aillent, répondit-elle en refermant la porte derrière eux. Je me sens plus en sécurité lorsqu'ils sont là.

Lupin fronça les sourcils devant l'agitation pourtant évidente de Molly.

- Je ne comprends pas…
- C'est Harry. Lorsqu'il est arrivé, il y a quelques heures, il est parti s'enfermer dans la chambre de Ron…
- Ce n'est guère surprenant, intervint doucement Remus. On m'a dit que ça ne s'était pas très bien passé pour Conrad.

Il s'interrompit cependant devant les violents hochements de tête de Molly.

- Je sais tout cela, mais le problème ne vient pas de là. Il s'est passé quelque chose, j'en suis sûre. Il est descendu, il y a quelques dizaines de minutes. Il était dans un état d'énervement indescriptible… Il voulait savoir quand tu allais arriver. J'ai voulu lui demander ce qui n'allait pas mais il est remonté aussi sec sans attendre de réponses. Depuis, il fait les cents pas dans sa chambre. Je suis allée le voir plusieurs fois mais il refuse de me parler…

Elle leva un visage soucieux vers Lupin.

- Je suis inquiète, Remus.
- Ça va aller, répondit-il avec un sourire rassurant, cachant au mieux son anxiété soudaine. Je m'en occupe.

Et sans un mot de plus, il se hâta vers les escaliers menant à l'étage et grimpa les marches quatre à quatre. Parvenu devant la chambre de Ron, il frappa contre le battant.

- C'est moi.

Des pas précipités lui parvirent aussitôt à travers la cloison puis la porte s'ouvrit en grand devant lui.
L' « état d'énervement indescriptible » décrit par Molly, semblait en effet assez proche de la réalité. Les yeux de Harry étaient écarquillés, une légère sueur perlait sur son front et ce fut d'un mouvement désordonné qu'il s'écarta pour le laisser entrer dans la pièce.

- Que se passe-t-il ? demanda Lupin aussitôt la porte refermée derrière eux.

Sans un mot, Harry lui tendit d'une main tremblante une feuille de papier passablement froissée. Remus s'en saisit et laissa son regard glisser jusqu'à la signature de l'expéditeur.

Sa mâchoire se crispa.

- Lisez ! intervint cependant Harry avec dans les yeux une lueur étrangement éloignée de la colère et de la haine qui auraient du être les siennes.

« Potter,

J'ai l'immense plaisir de vous annoncer le retour de votre parrain dans le monde des vivants. Dans sa grande magnanimité, le Seigneur des Ténèbres, ayant eu vent de votre peine concernant cette… incommensurable perte, a décidé de le ramener parmi nous. Compte tenu de la nature bruyante et peu sociable de Black, je vous conseille de venir le chercher le plus rapidement possible.
Très amicalement,

Severus Rogue.

PS : Mon maître a jugé opportun de vous faire parvenir la nouvelle par une main… amie.»

Remus cilla. Il leva un regard incrédule vers Harry qui l'observait avec cette même lueur dans les yeux à laquelle il put enfin mettre un nom : l'espoir.
Sa respiration était haletante. Son corps, incapable de rester une seconde immobile. Et son visage bouleversé trahissait un besoin évident d'entendre la confirmation que Sirius Black était bel et bien vivant.

Faisant taire ses propres sentiments, Lupin baissa de nouveau les yeux sur la feuille de papier et relut la missive. L'ironie évidente présente dans la lettre n'était guère surprenante de la part de Severus. Mais ce qu'il disait…

- Harry… commença Remus en soupirant.
- Il est vivant ! s'exclama l'adolescent avec force, devançant des protestations qu'il avait sans aucun doute prévues. Il est forcément vivant ! Je ne vois pas pourquoi Rogue m'enverrait cette lettre si ce n'était pas le cas !
- Pour te faire tomber dans un piège, pour jouer sur ce doute contre toi. Regarde l'état dans lequel tu es, observa Lupin en levant les mains pour saisir les épaules tremblantes du jeune homme.

Mais Harry le repoussa avec colère et s'éloigna de quelques pas.

- Il y a toujours une possibilité, non ? Voldemort est suffisamment puissant pour ça !
- Personne ne peut ressusciter les morts, Harry. C'est tout simplement impossible.
- Sirius n'est pas mort comme tout le monde ! Il est passé derrière cet espèce de… de voile !

Contre toute attente, Lupin resta silencieux.

Il y avait déjà songé lui-même et en avait même parlé à Dumbledore. Sirius avait eu une mort singulière que certains qualifieraient de mystique. Une mort qui pouvait être conjurée.
Peut-être.

Cette courte hésitation amena un sourire rayonnant sur le visage de Harry.

- Je le savais ! s'écria-t-il en passant un main tremblante dans ses cheveux indisciplinés.
- Ecoute, temporisa vivement Remus. Je ne veux pas que tu te fasses d'illusions. Dumbledore lui-même ne savait pas si c'était possible.

Mais Harry ne l'écoutait plus. Le visage fiévreux, il semblait incapable de rester focalisé sur quelque chose plus de trois secondes. Lupin s'avança alors vers lui et le saisit brutalement par les épaules.

- Harry ! appela-t-il sèchement. Regarde-moi !… REGARDE-MOI !

Lupin parvint enfin à capter son attention.

- Je veux que tu gardes à l'esprit qu'il est plus que probable qu'il ne s'agisse que d'une très mauvaise plaisanterie de Severus.

Le jeune homme émit un grognement contestataire mais Remus le secoua légèrement.

- Harry ! gronda-t-il avant de reprendre : Tu dois te montrer extrêmement prudent. Je sais combien tu voudrais que tout cela soit vrai. Et moi aussi. Mais souviens-toi de tes sentiments à la mort de Sirius. Souviens-toi. Crois-tu pouvoir revivre ça encore une fois ?
Ces paroles eurent l'effet désiré. Les épaules de Harry s'affaissèrent et son teint blêmit.
Remus le lâcha.
Harry avait la même taille que lui, à présent, et sa silhouette était devenue celle d'un homme. Mais l'espace d'un furtif instant, Lupin eut la vision du jeune garçon de quinze ans, terrassé par la perte de son parrain.
Son cœur se serra.

- Je ne peux pas m'empêcher d'y croire, finit par murmurer Harry au bout d'un long silence.
- Je sais, répondit doucement Lupin. Et je suis comme toi.
- Alors supposons ! reprit vivement le jeune homme. Supposons qu'il soit en vie. On ne peut pas le laisser là-bas !
- Il nous manque encore un Horcruxe. Nous ne pouvons rien faire tant que nous ne l'aurons pas détruit et tu le sais. Mais avant toute chose… il faut vérifier que Sirius est bien vivant. Ça ne rime à rien d'en parler davantage si tout cela n'est qu'un mensonge, tu ne crois pas ?
- Oui, bien sûr… acquiesça l'adolescent.
- Bien, approuva Lupin, frottant son menton en signe de réflexion. Et concernant cette affaire, j'ai peut-être la solution.

ooo

Logan lança un regard d'envie vers les trois Aurors qui sortaient précipitamment de la pièce et repoussa d'un geste brusque le dossier sur lequel elle travaillait depuis deux heures. Rien d'intéressant, de toute façon. Cela faisait pourtant trois mois qu'elle se trouvait au Ministère, dans le quartier général des Aurors mais personne ne semblait s'apercevoir de sa présence. Noyée au milieu d'une bonne centaine de sorciers aux traits rudes, son apparence chétive n'était certes pas là pour l'aider.

Plusieurs salles spéciales avaient été aménagées afin de recevoir le flux incessant d'Aurors venant de tous pays. Le bureau minuscule de Logan se trouvait malheureusement dans un angle, caché entre deux armoires débordant de livres et parchemins poussiéreux. Elle devait tendre le cou pour apercevoir l'autre bout de la pièce.

De toute façon, il n'était pas dans sa nature de se mêler à un groupe, quel qu'il fut. Introvertie, elle préférait, et de loin, rester en retrait. D'un autre côté, être contrainte de s'occuper de dossiers dont personne ne voulait ne l'aiderait pas à atteindre son objectif.

Dans un soupir, elle jeta un coup d'œil significatif à la femme souriante, immortalisée sur l'unique photo posée sur son bureau. A l'inverse des clichés habituels constamment en mouvement, celui-ci restait figé, immobile. Le regard rivé à la photographie, Logan se tassa sur sa chaise et tortilla machinalement l'une de ses longues mèches châtain.

Que devait-elle faire ? Hurler pour qu'on la remarque enfin et qu'on lui offre une chance de prouver ses capacités ?

Non… C'était une mauvaise idée. Si elle se mettait à crier devant tout le monde… on l'enfermerait sûrement et ça n'arrangerait guère ses affaires.

Tandis qu'en elle germait l'idée saugrenue d'aller supplier directement le Ministre de la Magie, une lettre volante se glissa entre les deux armoires la cachant du reste du monde et vint se poser en douceur sur son bureau.

Logan haussa les sourcils.

C'était bien la première fois qu'elle recevait du courrier, ici. Se saisissant à la hâte de l'enveloppe, elle observa l'écriture longue et élégante de l'expéditeur.

- Connais pas… marmonna-t-elle en ouvrant la lettre avec curiosité.

« Bonjour Logan,

J'aurais une mission de la plus grande importance à vous confier. Veuillez me rejoindre de toute urgence au Terrier, la demeure d'Arthur Weasley, et ce, en tout confidentialité.
Amicalement,

Remus Lupin. »

Le cœur de Logan fit une violente embardée. Remus Lupin ! Bien sûr que si, elle le connaissait. Comme tout le monde ici. Il mettait un point d'honneur à accueillir lui-même tous les nouveaux Aurors afin de leur demander leurs spécificités.

« J'aurais une mission de la plus grande importance à vous confier. »

D'une main fébrile, la jeune femme plia la missive et la rangea dans la poche de sa robe sombre. Elle se leva ensuite si brusquement que son bureau vacilla sous le choc.

- On se calme… souffla-t-elle en prenant quelques secondes pour réguler sa respiration. On se calme…

Lorsqu'elle estima ses efforts suffisants, Logan prit quelques affaires qu'elle glissa hâtivement dans une vielle sacoche de cuire, se tourna vers la femme souriante de la photo et lui lança avec entrain :

- C'est notre chance !

Puis, sans s'attarder davantage, elle sortit précipitamment de la salle, sous le regard indifférent de l'assemblée.

Quelques minutes plus tard, elle transplanait directement dans l'allée menant au Terrier, à la limite de la zone protégée par un sort d'anti-transplanage. A peine avait-elle fait un pas que plusieurs Aurors apparurent à ses côtés. Elle dut montrer pattes blanches et la missive reçue par Remus Lupin, mais apparemment, ils étaient au courant de sa venue. On la mena ensuite jusqu'à la demeure des Weasley et Logan fut surprise par l'aspect pittoresque bien que chaleureux des lieux. Arthur Weasley faisait quand même parti de l'Ordre et du ministère. Elle s'était donc attendue à quelque chose de plus… enfin de moins… anarchique. Mais elle n'eut guère le temps d'examiner la propriété en détails car une femme aux formes pleines et au visage avenant l'accueillit.

- Logan Olds ? demanda-t-elle en attrapant la main de son invitée afin de la serrer avec chaleur.
- Oui.
- Molly Weasley, mais appelez-moi Molly. Entrez donc !

Elle l'attira à l'intérieur d'une pièce qui aurait pu être grande si elle n'avait pas été aussi encombrée. Il y régnait un désordre indescriptible et pourtant Logan aurait juré que tout y était parfaitement à sa place. L'impression était singulière.

- Vous désirez boire quelque chose ? Ou manger peut-être ? rajouta-t-elle après l'avoir rapidement détaillée de la tête aux pieds.
- Ne faites pas attention à Molly, intervint une voix grave. Elle pense que le monde entier meurt de faim.

Un peu perdue, la jeune femme se tourna vers le nouvel arrivant et se redressa machinalement, intimidée.

- Monsieur Lupin, salua-t-elle en tendant une main qu'elle voulut dynamique.
- Appelez-moi Remus.

Logan grimaça un sourire face à cet accueil plus que chaleureux et observa le visage marqué de son interlocuteur. Ce n'était un secret pour personne que Remus Lupin était un Loup-Garou et elle fut une nouvelle fois surprise par la douceur de son regard. Après le serrement de mains d'usage, ils prirent rapidement congé de Madame Weasley et s'isolèrent dans une autre pièce. A peine eut-elle franchi le seuil que Logan se figea.

Une personne les y attendait, au fond du petit bureau. Une personne qu'elle ne s'était absolument pas attendue à rencontrer.

- Logan, je vous présente Harry Potter.

Mon Dieu ! songea-t-elle aussitôt. Quelle allait être sa mission ? On l'envoyait tout droit à la mort ? Etait-ce pour cette raison que tous se montraient si gentils envers elle ?

Immobile, le regard rivé sur l'Elu, il lui fallut quelques secondes pour remarquer qu'il l'observait avec le même intérêt et la même curiosité. Le jeune homme finit cependant par incliner la tête en signe de salut et elle se fit un devoir de lui répondre.

- Bien, intervint Remus tout en prenant place derrière un bureau si désordonné qu'on n'en voyait quasiment plus le bois. Asseyez-vous, Logan.

Elle s'exécuta et jeta un nouveau coup d'œil vers Harry, toujours debout. Il semblait incapable de rester tranquille deux minutes. La plupart du temps, il faisait les cent pas dans le dos de Lupin, s'arrêtait quelques secondes puis repartait, sans jamais la quitter des yeux. Son petit manège accentua la nervosité de la jeune femme.

Elle se tourna donc résolument vers Remus et croisa docilement ses mains sur ses cuisses.

- J'imagine que vous avez déjà entendu parler de Sirius Black ? demanda posément Lupin, allant droit au but.

Le cœur de Logan fit une violente embardée et elle sentit toute couleur déserter brusquement son visage. Elle mit quelques secondes à se remettre du choc tout en ayant le furtif espoir qu'aucun des deux hommes présents dans la pièce n'ait remarqué son trouble. Elle prit donc le temps de ramener une mèche imaginaire derrière son oreille avant de répondre.

- Oui. Comme tout le monde, je pense.
- Bien. Vous devez donc savoir qu'il a été tué il y a un an et demi au Ministère.
- Oui, répéta-t-elle, prudente.

L'Elu avait repris son va et vient dans la pièce.

- Malgré ça, nous avons tout lieu de croire qu'il pourrait être…

Il hésita un instant et ce fut Harry Potter qui se chargea de finir sa phrase.

- Vivant !

Perplexe, Logan laissa son regard glisser de Lupin à Harry et de Harry à Lupin. Celui-ci ferma les yeux quelques secondes, comme s'il trouvait la situation tout aussi absurde qu'elle.

- Pardon ? finit-elle par souffler.

Remus soupira puis lui tendit une lettre. Les mains moites, elle s'en saisit, la déplia et lut.
Plus les mots traversaient son esprit confus et plus les battements de son cœur se faisaient anarchiques. Sirius Black, vivant. Sirius Black, vivant. C'était impossible !
Après une énième relecture, elle redressa finalement la tête et croisa le regard sombre de Lupin. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son n'en sortit.

- Bien sûr, il est très possible que ça ne soit pas vrai, intervint Remus, avec calme. Mais nous avons besoin de savoir.

Il tourna la tête vers Harry et ajouta :

- Il a besoin de savoir.

Logan reporta son attention sur l'Elu. Elle comprenait à présent son agitation, sa nervosité. Elle comprenait l'espoir qu'il mettait soudain en elle, une inconnue. En observant l'homme si jeune devant elle, encore presque un enfant, un profond sentiment de sympathie la saisit.

- Je m'en occupe, dit-elle simplement.

Elle vit le soulagement se dessiner sur le visage des deux hommes et se leva.

Ils n'étaient en rien responsables de sa décision. Elle y serait allée même si cette demande était venue de parfaits inconnus. Refuser lui aurait été impossible.

S'il existait une chance pour elle de voir Sirius Black vivant, elle ne voulait pas la rater.

A SUIVRE…