Bonne année à tous ! Et bienvenue sur cette page qui annonce une nouvelle fic pour 2007 !
Pourquoi en poster une alors que je n'ai pas terminée les autres ? Eh bien, je devais bien me défaire de tous ces textes (non corrigés mais finis) qui demeurent depuis un bail dans ma cave de BaB (bric-à-brac) située dans l'ordi et que j'ai décidé de sortir pour voir si ça ferait un bon cru. Faut bien que les gens testent le vin pour savoir s'il est bon, non ? Et puis, je dirai que c'est mon nettoyage d'hiver… ouais, on va dire ça comme ça. Comme faut de la place pour les nouvelles idées, faut que je me débarrasse des anciennes, ça fera plaisir à mon disque dur.
Résumé : Un jour où l'amour frappe à la porte de la masure qu'est votre coeur, ce jour où vos rideaux s'ouvrent timidement sur cet étrange sentiment qui sur le seuil vous offre un sourire radieux…Est-ce cette vision du coup de foudre qui prédominera sur cette histoire ou est-ce une toute autre ? A moins que tout ceci ne soit une énorme farce.
Bref, pour cette fic : humour à l'eau de rose, parfumé d'une once de tragédie malfoynienne. A vous de voir si ce champagne ravira votre palet d'experts.
Disclaimer : tous ces personnages, haut en couleurs, appartiennent à JKR
Bonne lecture !
Chapitre 1 : Le baiser de la madone sibylline
« MALFOY ! »
Il y a des jours où je me dis que je devrais déposer mon nom pour qu'il me rapporte quelques galions de plus, même si je ne suis pas vraiment dans le besoin - mais ce serait marrant de pouvoir délester honnêtement ceux qui aiment user de mon nom à outrance. Quoi qu'il en soit, en ce jeudi matin, c'est Granger qui s'y colle. Ces derniers jours, elle a la sympathique manie de crier à tort et à travers ce nom royal qu'est le mien.
En la voyant fondre sur moi, ses yeux ambre pétillants de colère, et l'air menaçant, je m'immobilise et attends la lionne, avec un sourire frondeur sur les lèvres. Près de moi, mes acolytes gloussent déjà à l'idée de la future confrontation Serpentard-Gryffondor ; savoir que la gamine est seule face à quatre gaillards est forcément un contentement pour nous.
- Malfoy, tu es un... un… !
Elle braille, s'étrangle, s'époumone et hélas, toujours pour rien. Elle devrait comprendre depuis le temps, qu'on ne s'oppose pas impunément à un Malfoy. Mais tête de mule comme elle est, elle a du mal à saisir cette évidence.
- Doucement, Granger. Tu vas finir par devenir aussi rouge qu'une écrevisse. Reprends donc ton souffle et calmement formule tes excuses. Ensuite, je t'autoriserai à te mettre à genoux devant moi pour me prêter allégeance.
- Je ne ferai rien de tout ça, espèce d'idiot ! Oui, c'est ça ! Tu es un parfait idiot-crétin-stupide ! lance-t-elle comme si cela avait été la pire des insultes, en ce monde.
Y'a rien à dire mais je suis déçu. Granger est sans doute la fille la plus intelligente que je connaisse - faut pas croire mais je sais parfois reconnaître les qualités d'autrui - mais question injure, elle a du chemin à faire. Ses pitoyables insultes la rendraient presque touchante de naïveté - j'ai dit presque.
- Laissez-nous.
- Mais Draco...
- Ma phrase est-elle à ce point incompréhensible, Goyle ?
- Non.
- Bien. Donc on se retrouve dans la Grande Salle.
Blaise, qui est une personne sensée, s'est éloigné depuis un bon moment. Quant à Crabbe et Goyle, encore plus collants que des sangsues, ils demeurent stupidement figés, à attendre je ne sais quoi.
Soupirant, je me décide à agripper Granger par le bras et la traîne derrière moi. Braillant et se débattant telle une furie, mademoiselle persiste à me qualifier d'idiot fini. Et finalement, ce qualificatif si cher au coeur de la lionne commence sérieusement à m'irriter. Il faut dire qu'en public, le « idiot » et j'en passe, passe mal. J'ai une réputation à tenir, tout de même !
A bout de nerfs, je m'engage dans le jardin et j'avise un banc stratégiquement placé près d'un chêne. Là, je fais en sorte que le postérieur de madame se place sur ledit banc. Miraculeusement, la lionne se tait - en fait, elle reprend juste son souffle mais on dira qu'elle s'est tue, face à ma majesté.
- Tu as terminé ?
Les mains dans les poches, je la toise, de toute ma hauteur.
- Non ! s'exclame-t-elle en se remettant sur pieds.
Tiens, je n'avais jamais remarqué que Granger était pile poil à la bonne hauteur pour... Houlà ! Y'a de la divagation dans l'air. Que la peste soit de ma maison, si je ne parviens pas à réfréner mes élucubrations concernant cette Miss je-sais-tout !
- Tu m'écoutes, espèce de sale serpent !
- Oui, je suis tout ouïe. Tu disais ?
Ma nonchalance semble lui déplaire ; ce n'est tout de même pas ma faute si ce qu'elle dit est loin de valoir mes réflexions. D'ailleurs, qu'est-ce qui est plus intense que la colère et rivalise avec la rage ? En cet instant, je n'ai nul doute sur la réponse. Granger est une palette d'émotions que je devrais peut-être chercher à atténuer pour le bien de mes organes auditifs.
- Tu es un être sans valeur, Malfoy !
- Merci de tous ces compliments. Tu ne peux pas savoir à quel point ils me vont droit au coeur.
- Je te déteste !
- Ah ! m'écris-je en frappant dans mes mains. C'est donc pour ça que tu m'insultes tellement.
- C'est la guerre !
Sourcil froncé, je croise les bras.
- Tiens, je pensais qu'elle était déjà bien entamée.
- A cause de tes rumeurs foireuses, Lavande et les autres croient que je m'amuse à séduire Harry et Ron.
- Ce n'est pas le cas ? Zut alors ! dis-je en tapant mon front. Je me suis trompée dans ma prédiction. C'est Trelawney qui serait fière de moi.
La plaisanterie n'est manifestement pas de son goût. Ce qui expliquerait pourquoi elle a brutalement saisi ma cravate et tire, en cet instant, dessus. Un Gryffondor ne s'abaisserait pas à étrangler qui que ce soit, même son pire ennemi, n'est-ce pas ?
- Laisse cette folle de côté, Malfoy ! Tu veux jouer à des jeux aussi gamins ? Eh bien nous allons y jouer. Et crois-moi, je vais te rendre la vie impossible ! menace-t-elle en accentuant une dernière fois la pression sur ma cravate avant de la lâcher.
- Et comment ? Tu vas faire en sorte que je ne puisse plus accéder à la bibliothèque ? Oh ! Quelle tragédie ! Non, pas ça !
J'éclate de rire. Ce qui la vexe encore plus.
- C'est ça, amuse-toi. Mais rira bien qui rira le dernier !
- Attends, qui de nous deux est le Serpentard ici ? Toi ou moi ? Allez, Granger, ne te vexe pas. C'est toi qui m'as proposé - que dis-je ! - imploré de cesser d'embêter ton Potter et ton Weasley. Grâce à ton altruisme, ils coulent des jours heureux à Poudlard alors que leur copine la Sang-de-Bourbe se fait humilier par leur ennemi, le très séduisant et diabolique Draco Malfoy. Je dois dire que tu as eu une idée géniale, je n'en attendais pas moins venant d'un esprit aussi vif que le tien, Sang-de-Bourbe.
- C'est fou comme tu es doué pour complimenter et insulter une personne dans la même phrase.
- Je sais. Bon, ce n'est pas que je m'ennuie avec toi, loin de là ! Mais l'air devient de plus en plus irrespirable dans le coin. Tu ne saurais pas pourquoi... Sang-de-Bourbe ?
- Tu vas le regretter, Malfoy.
- De jouer avec toi ? Oh, non ! Je ne pense pas. Tu devrais plutôt éviter les menaces avec moi et abandonner toute idée de rébellion. Je suis un adversaire bien trop coriace pour une insignifiante lionne comme toi.
- Toi, le vulgaire serpent orgueilleux, tu serais dangereux ?
J'approche mon visage du sien.
- Les serpents sont certes moins imposants physiquement que les lions, mais ils savent se faufiler (je pose une main sur la nuque de ma proie) et ruser pour piquer le fauve.
Nos regards se croisent, s'opposent et semblent ne plus vouloir se détacher, l'un de l'autre. Le chasseur cherche à assujettir sa prise or celle-ci refuse d'être mise sous contrôle. Il en est toujours ainsi avec Granger, et c'est ce refus de plier qui m'irrite au point de vouloir la rabaisser chaque jour que les mois étirent devant nos yeux, et qui paradoxalement excite mon intérêt pour elle.
- Sans doute, réplique-t-elle finalement, mais avant de se laisser mourir, le fauve s'assurera d'écraser le maudit serpent.
Mes doigts parcourent sa nuque, frôle ses cheveux qui s'enchevêtrent depuis si longtemps et qui curieusement me fascinent parce qu'ils sont à l'image de son caractère : indomptable et insoumis. Alors que d'autres auraient piaillé, gloussé ou rougi sous cette caresse, Granger demeure imperturbable et insensible à ce geste provocateur.
Soupirant, j'écarte ma main de cette peau que je sais désormais douce mais froide à mon contact.
- Ce serait triste s'il n'y avait pas de vainqueur à l'issue de cette guerre, et encore plus si ce n'est pas moi le vainqueur.
J'avance mon visage près de celui de la lionne, de façon à ce que ma bouche soit proche de son oreille.
- J'attends donc ta réplique avec impatience, ma chère Granger.
Satisfait, je tourne les talons et m'éloigne, devinant que le regard de la Gryffondor fusille mon dos.
OoO
Il m'énerve ! Il m'énerve ! Je vais lui faire payer toutes ses insultes, tous ses complots ! Je vais lui faire regretter d'avoir cru que j'étais une inoffensive Gryffondor incapable de lui tenir tête. S'il croit que je ne suis pas aussi douée que lui pour faire preuve de ruse et de sournoiserie, môssieur va regretter son jugement. Et croyez-moi il va s'en mordre les doigts le Malfoy. Il va voir ce qu'il en coûte de se moquer d'Hermione Granger, la sorcière la plus douée de tout Poudlard !
- Hermione ?
- QUOI ?
- Hé ben ! On peut dire que malgré la fin des cours, t'es toujours...
- Continue ta phrase Ron, et je te promets que tu vas devoir tondre un troupeau de belette pour cacher ton futur crâne chauve !
Il déglutit, tout en se tournant vers Harry.
- Parle-lui.
- Non, merci, refuse le Survivant clairvoyant. Je tiens à mes yeux, même s'ils ne fonctionnent pas aussi bien que je le voudrais.
Marmonnant sur la lâcheté de son meilleur ami, Ron se décide enfin à replonger son nez dans son devoir de potion.
Il faut que je trouve un truc, un plan qui puisse mettre Malfoy K.O., une bonne fois pour toute. Mais quoi ? Faire en sorte qu'il devienne aussi stupide que Crabbe et Goyle et qu'il se ridiculise devant tous ? non, ce serait drôle mais je ne serais pas pleinement satisfaite de cette vengeance. Envoyer un hibou à Voldemort pour l'avertir que les Malfoy ne sont pas des sangs purs mais des moldus ? non, tous les sorciers savent que, depuis la nuit des temps, les Malfoy sont de sang bleu. Et puis, je ne vois aucun hibou assez fou pour aller frapper à la porte d'un monstre dont la cachette est tout de même gardée par un reptile, et pas le plus insignifiant.
J'ai beau y réfléchir, je ne vois pas quelle est LA vengeance qui pourrait à jamais marquer l'esprit de Malfoy et faire qu'il en bave encore plus que moi.
- ... C'est vrai que ça fait du bien de ne plus entendre les railleries de Malfoy.
A ton avis, à qui le dois-tu, Ron ? Et dire que j'ai eu pitié d'eux au point de me jeter dans la gueule du serpent. Mais je ne pouvais pas supporter de voir Malfoy utiliser les malheurs d'Harry pour lui miner le moral, ni voir Ron blêmir à chaque allusion concernant les finances de sa famille.
Malfoy est un vrai monstre, un homme sans coeur, un être qui n'aimera sans doute jamais et qui finira Mangemort comme son père ! C'est tout ce qu'il mérite de toute façon. Mais je ne pense pas que cela soit une punition pour lui. Il doit être impatient de rejoindre les troupes de Voldemort.
- ... L'imaginer sympa ? T'es fou, Harry !
Mon attention se fige sur la conversation de mes deux amis.
- Remarque, pour lui ce serait l'humiliation suprême que de ne plus être le pire Serpentard de Poudlard.
Mais bien sûr ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Sûrement la fatigue dû au stress Malfoy. Oui, ça doit être ça.
Je me lève subitement du fauteuil en criant un « je l'ai ! » - il m'attire les regards étonnés de mes camarades - puis je vais poser un baiser sur les joues d'Harry et de Ron avant de sortir de notre salle commune, le coeur léger et l'esprit complotant le pire des châtiments pour mon ennemi juré.
OoO
S'il est un mystère qu'aucun homme ne percera jamais, c'est bien celui que représente les femmes ; ces créatures fragiles, parfois adorables lorsqu'elles oublient qu'elles savent pleurer, quelques fois ennuyantes lorsqu'elles se mettent à ouvrir la bouche pour discuter de je ne sais quoi, et toujours aimantes même quand elles se sentent trahies... Des créatures étranges dont la particularité est la facilité avec laquelle leur humeur et leur comportement peuvent varier ; de vraies girouettes, les femmes !
Mon père, ce cher Lucius que je salue dans sa prison, m'avait instruit sur toutes ces spécificités féminines qu'un homme digne de ce nom se devait ne pas ignorer – surtout s'il tient à garder sa virilité intacte. En digne Malfoy, j'ai retenu la leçon, jouant avec la fibre sentimentale de mes proies sans jamais me montrer déconcertés par leurs colères ou leurs pleurs. Je dois pourtant avouer qu'aujourd'hui, j'ai trouvé ce que tout mâle redoute le plus : une femme engouffrée dans l'insondable mystère féminin et irradiée par la beauté de ce secret impénétrable ; la pire espèce qu'un homme puisse trouver sur son passage.
A première vue, Granger ne relève pas de ce cas complexe de madone sibylline. Elle est obnubilée par les cours et ses sacro-saints livres, elle sent la prudence à des kilomètres et elle n'est guère parée pour être la prochaine reine de Poudlard. En somme, une fille banale, sans mystère, qui n'intéresserait que des hommes banals. Et voilà l'erreur à ne pas commettre car Granger, derrière cette image d'affligeante banalité, possède tous les symptômes de la femme cabalistique, à mon plus grand désarroi.
Je me suis familiarisé à ses fréquentes colères que je prends soin de provoquer pour ne pas laisser la flamme de notre inimitié s'éteindre. Je suis habitué à la voir serrer des dents lorsque Rogue, en cours de potion, la rabaisse plus bas que terre, ou à la voir fuir, furibonde, après que Weasley eut lâché une de ses énièmes idioties. Par contre, je ne suis pas habitué à ce qu'elle réponde à mes piques par le mutisme voire par l'indifférence.
Depuis une bonne semaine, Granger est ainsi ; comme si des tonnes de leçons occupaient son esprit, à moins que ce ne soit un amoureux ? J'ignore pourquoi mais cette idée m'arrache des frissons. Non mais vous imaginez un peu Miss je-sais-tout amoureuse ? C'est tout bonnement impossible. Néanmoins, il faut bien avouer que si une fille, du jour au lendemain, n'a plus les pieds sur terre mais la tête dans les nuages, c'est que forcément il y a un hic quelque part. Et ce hic, dans cette situation, prend toujours les traits d'un Roméo de pacotille.
Comment savoir ce qui bouillonne dans le crâne de Granger ? Question cruciale que je balaie tout de même de mon esprit. Il y a un temps pour les enquêtes et un autre pour les conquêtes. Je me pencherai sur la Gryffondor après mon match contre les Poufsouffle. Un match gagné d'avance, car ces derniers ne feront pas le poids face à des Serpentard prêts à tout pour remporter la victoire.
- Bonjour Malfoy.
Cette voix m'est plus que familière mais le ton lui est moins habituel. Mais ai-je vraiment le temps de me pencher sur cette curiosité alors que je suis déjà attendu dans les vestiaires de mon équipe ? Oui, mais j'ai vraiment envie de comprendre la raison de cette soudaine... amabilité. Et puis, si la demoiselle vient d'elle-même chercher la guerre, après des jours de silence, je suis bien évidemment partant.
Je me retourne donc, en bon prince que je suis, tombant sur une lionne échevelée et essoufflée. Le sourire qu'elle arbore me dit de me méfier mais je relègue cette pensée loin dans mon esprit. Pourquoi devrais-je me craindre une Gryffondor ?
- Alors, Granger, tu viens chercher ton lot d'insultes ? C'est vrai qu'après une semaine sans, tu dois être en manque.
- Beaucoup, raille-t-elle.
- Bien, alors ne bouge pas d'ici et attends-moi. Lorsque mon match sera terminé, je me chargerai de te dire tout le mal que je pense de toi.
- J'ai hâte d'y être.
Là, ce n'est plus normal. Je fronce des sourcils, soupçonneux.
- Qu'est-ce que tu mijotes, Granger ?
- Moi ? s'étonne-t-elle, candide. Rien, pourquoi ? Ne me dis pas qu'un grand Malfoy comme toi a peur d'une petite Sang-de-Bourbe comme moi ?
« Surtout Draco, méfie-toi d'une femme qui agi différemment envers toi. Son comportement cache forcément une ruse. »
Les paroles de mon père sont très claires dans mon esprit mais j'ai beau cogiter je ne vois pas ce que Granger peut bien tramer. Je scrute les alentours ; aucun de ses maudits amis ni aucun membre de la meute de lions, à proximité.
- Que fais-tu à scruter comme ça ?
- Rien ! Et puis, ce n'est pas tes oignons. Va jouer ailleurs !
Agacé, je lui tourne le dos. Il vaut mieux battre en retraite lorsque l'on ignore ce que mijote l'ennemie. Malheureusement, l'ennemie semble bien déterminée à ne pas lâcher prise.
- Quoi encore ?!
Elle s'approche de moi et c'est - ô miracle miraculeux !- un baiser qui vient me répondre. Un baiser ? Un baiser... C'est lorsque deux personnes collent leurs bouches, l'une contre l'autre. Si on oublie le fait que Granger soit une Gryffondor, une Sang-de-Bourbe - insulte suprême à mon sang pur de sorcier - et qu'elle soit... Granger, je n'ai rien contre ce baiser ; surtout que cette bouche est sans aucun doute un petit aperçu du paradis qu'elle peut offrir à un homme. Mais là... ! Là, il y a un problème, un réel et énorme problème que je ne pense pas pouvoir résoudre pour le moment. Je suis bien trop préoccupé par ces savoureuses lèvres dont le goût fruité aiguise mon appétit. D'ailleurs, il est étonnant que Granger sache ce qu'est un gloss, elle n'est donc pas si profane que cela en matière de cosmétique.
J'ai à peine le temps de me remettre de cette délectation que déjà la madone sibylline s'écarte. Un conseil Draco : ressaisie-toi et ne lui donne pas la joie de te voir hébété. Joue-la cool et décontracté, comme d'habitude, quoi. Lentement, et de façon aguicheuse, je passe ma langue sur mes lèvres.
- Tu sais, si je te manquais tant, il fallait me le dire plus...
- Va au diable, Malfoy ! Espèce de pervers !
Stupéfié par sa réaction, j'en reste muet. Je la dévisage, me demandant ce que moi, un homme élevé dans la plus pure tradition chevaleresque, a pu faire pour être honteusement qualifié de pervers alors qu'il ne faisait que répondre aux ardeurs d'une jouvencelle désespérée. Voilà pourquoi la bonté et la gentillesse sont deux valeurs d'escrocs aux yeux des Serpentard.
Peu enclin à lui céder la victoire, je reprends ma hargne légendaire, faisant courageusement front à la sournoiserie de l'ennemie.
- Non, mais t'es pas bien ! C'est toi qui me sautes dessus...
- Je ne t'ai pas sauté dessus ! Je me suis vengée, ajouta-t-elle posément.
- Vengée ?
Elle acquiesce franchement, sourire aux lèvres. Ce qui me vexe, sans savoir pourquoi.
- Tu devrais arrêter de suivre Potter. Ça te rend légèrement, un peu, voire beaucoup fêlée, ma pauvre fille.
- On verra qui sera fêlée dans quelques heures, Malfoy.
Et la garce s'éloigne, satisfaite de sa petite farce - manquerait plus qu'elle sautille et j'aurai le tableau de la paysanne courant à travers champ, heureuse de rapporter chez elle le fruit de la vente de sa vache, affectueusement nommée Marguerite. Je savais bien que les Gryffondor n'avaient pas toute leur tête, mais Granger surpasse tous ces camarades, même Potter, ce qui n'est pas rien.
Bref, passons sur ce cas, et allons plutôt jouer ce match de Quidditch.
OoO
Comment ai-je pu poser mes lèvres si chastes sur celles si souillées de Malfoy ? Il fallait vraiment que je sois désespérée pour avoir pensé à ça.
Je passe le dos de ma main sur mes lèvres, comme s'il fallait à tout prix enlever la saveur de ce Serpentard sur moi... La saveur ? Ce diable n'a pas tort : je suis cinglée. Il faut être complètement déséquilibré pour trouver une quelconque saveur au baiser d'un serpent.
Je rêve d'aller voir le match opposant les Poufsouffle et les Serpentard, mais il vaut mieux que je m'éloigne le plus loin possible de Malfoy. Il ne sera certainement pas ravi de ce qu'il lui arrivera dans quelques minutes, le temps que la potion - préalablement déposés sur mes lèvres - fasse effet sur lui. Vu la petite dose, j'espère tout de même qu'elle agira efficacement. Je n'ai pas trouvé le moyen de la lui faire prendre autrement. Oui, pour une fois je séchais. Ça aurait été plus facile si Malfoy avait été aussi glouton que Grabbe et Goyle.
Ce qui est certain, c'est que dès qu'il comprendra que ce qui lui arrive n'est pas normal, il fera le lien avec ce baiser pour le moins bizarre et fatalement il comprendra, et je pourrai dire adieu à ma paisible vie d'étudiante. Qu'importe ! Le souvenir de ma vengeance suffira à me faire supporter tout ce qu'il tentera d'entreprendre contre moi.
J'ai hâte de voir le résultat.
OoO
Putain ! Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ! Ce n'est pas moi ! Je suis malade ! Je suis forcément malade !
Telle une flèche, j'amorce une descende. Je pose les pieds sur le terrain, et mon balai à la main, je me dirige à grandes enjambées vers les vestiaires. Il faut que je m'éloigne avant que des abrutis viennent me demander des comptes. Manque de chance, certains sont de véritables rapaces quand ils s'y mettent.
- Draco, attends !
J'écarte cette main qui vient de m'agripper et darde mon regard sur celui qui, éreinté par cette petite course, tente avec difficulté de reprendre son souffle.
- Qu'est-ce que t'as ? parvient-il à s'enquérir.
Rien, mise à part une irrésistible envie d'occire quiconque me posera de nouveau cette question pour la moins inutile. Je n'ai rien à vous expliquer... J'ai déjà du mal à me l'expliquer moi-même.
- On a la victoire, Goyle. C'est l'essentiel, non ?
- Oui, mais tu... tu as...
- Parle et je te jure que ce seront tes dernières paroles en tant que vivant, clair ?
- Euh, oui...
Les joueurs des deux camps s'approchent de nous. Pour mon bien, il vaut mieux que je prenne, au plus vite, mes jambes à mon cou.
- Malfoy !
Trop tard. Je n'ai pas été assez rapide. Feignant l'indifférence, je me retourne. Face à moi se tient, Zacharias Smith. Son regard est empli d'un sentiment que – de par ma nature - je rejette et exècre au plus haut point, mais que je refuse surtout pour la simple et bonne raison que j'en suis la source.
- Oui ? dis-je posément.
- Merci d'avoir rattrapé notre joueur. C'était très fair-play... Tu as été très fair-play durant cette partie.
Enfer et damnation ! Apocalypse qui s'est abattu sur cette terre ! Cet idiot de Poufsouffle n'est tout de même pas en train de complimenter un Malfoy sur sa façon de jouer fair-play ? Je sens que mon père, du fond de sa prison, doit avoir des frissons dans le dos. Mais si seulement, cela pouvait s'en tenir à là, mais non !
- C'est normal. Je... - je rien du tout ! Ferme-là, Draco, ou tu te ridiculiseras comme jamais - suis content d'avoir pu aider... - ça y est, je suis mort... non, je suis possédé. Voilà ! Je suis possédé !- vous auriez pu remporter ce match si...
Je me gifle mentalement puis fais volte-face avant de m'éloigner à grands pas vers le château. Des « merci » chaleureux, qui me donnent envie de vomir mes entrailles, ne cessent de fleurir, devenant une longue traîne de mariée que je traîne lourdement derrière moi.
Je veux que quelqu'un m'explique ! Que quelqu'un me dise pourquoi je suis devenu, en l'espace d'un match, la mascotte des Poufsouffle. C'est certainement la fatigue qui m'a rendu aussi... Le simple fait de devoir songer à ce mot me donne des sueurs froides. Il faut que je fasse une crasse à quelqu'un. N'importe qui, mais il faut à tout prix que je me montre désagréable.
Le destin, seigneur charitable, semble être de mon avis car il m'envoie une agréable surprise. Ne serait-ce pas notre pote Potty accompagné de sa belette attitrée qui attendent sagement ma venue près des portes du château ?
Je reconnais enfin ce sourire qui s'esquisse sur mes lèvres. C'est un sourire narquois qui va conduire à la perte de deux Gryffondor.
- Alors, Potter ? Toujours sans famille ?
Là, c'est bien moi. Donc, j'avais raison : mon étrange comportement n'était dû qu'à la fatigue. Je devrais songer à moins me faufiler sous les draps de mes charmantes amies de débauche, ce serait préférable pour ma santé.
Remettant à plus tard, cette sage résolution, j'observe le résultat de mon invective sur le Survivant. Celui-ci est furieux et Weasley a déjà pris les armes pour défendre son célèbre et malheureux ami. Pathétique ces deux là, vraiment...
- Répète un peu ce que tu viens de dire, Malfoy.
- Je voulais te dire que... - tu es le pire de mes cauchemars, Survivant à la con ! - que ne je pensais pas… - attends... problème là. Pas encore ! Par Merlin, ne me faites pas dire que... – ces mots. Je m'excuse.
En ce jour de novembre, un Malfoy vient de perdre toute la dignité qu'il possédait. Les funérailles auront lieu au manoir Malfoy...
Mâchoire tombante, les deux ahuris me dévisagent avec intensité.
- Tu peux répéter ce que tu viens de dire, là?
- Répéter ?
Non, mais ça va bien chez toi ? T'es sourd ou bouché ? T'as peut-être pris ton pied lors de ma première phrase mais pas question que je me mette en mode "repeat" pour te faire planer ! Malheureusement, ces mots demeurent coincés au plus profond de ma gorge, et la seule chose que je parvienne à faire est de resserrer mes doigts autour de mon balai et de fusiller mes adversaires de mes deux iris gris.
Furieux, et surtout impuissant, je passe entre les deux Gryffondor, tout en bousculant l'épaule de Weasley, puis entre dans le château, direction la salle commune des Serpentard. Il faut que je me repose avant que mon état n'empire.
OoO
Assise sur le fauteuil de la salle commune, je tente de lire un livre dont le sujet porte sur les raisons de la première révolution des Trolls, en vain ; je ne parviens pas à focaliser mon esprit sur le texte. Il faut que je sache si ma potion a, oui ou non, produit des résultats sur le détestable Draco Malfoy. Il faut que je sache dans quel état pitoyable se trouve ce serpent.
Des voix se répercutent contre les murs, et ce sont celles de Harry et Ron, accompagnées de Seamus et Dean.
- Je vous jure que Malfoy a aidé Hannah alors qu'elle était bien partie pour faire une chute phénoménale. Et ensuite, il a joué sans tricherie, sans aucun coup traître.
- Etonnant, je vous le dis ! renchérit Seamus.
- Oui, mais pas autant que l'épisode devant le château, soutient Ron.
Mon oreille se tend, pendant que les garçons s'installent sur le canapé.
- Il a d'abord été désagréable avant de s'excuser devant Harry.
- QUOI ?
Bien que les exclamations de surprise de Dean et Seamus aient été puissantes, elles ne sont pas parvenues à cacher mon cri de joie. Les garçons tournent la tête dans ma direction et me fixent comme si j'étais une créature venue d'un autre monde.
- Euh... désolée.
- C'était quoi ce cri, Hermione ? sourcille Harry.
- Quel cri ?
- Ce cri que tu viens de pousser, y'a pas une minute.
- Ah, ce cri ! Eh bien... Euh... c'est parce que... ce livre est vraiment intéressant. Vous devriez le lire ne serait-ce que pour voir quel parti prend l'auteur au sujet de la révolution...
- J'arrive pas à croire que Malfoy se soit excusé, reprend Seamus pour couper court à mes explications d'élève studieuse.
- T'es pas le seul, crois-moi. Je pense que ce soir les conversations dans la Grande Salle tourneront autour de Malfoy et de sa conduite étrange.
- Il doit être malade, avance Dean.
- Oui, sûrement.
Un large sourire collé sur les lèvres, je me lève et monte dans mon dortoir pour savourer une victoire que personne ne devine.
OoO
- Draco, qu'est-ce que tu fais ?
J'ôte mon oreiller de sur ma tête et me rassit sur mon lit. L'épaule appuyé sur le montant de la porte, Blaise me scrute, perplexe.
- Je ne fais rien, pourquoi ?
- Ça fait des heures que tu es sur ton lit, la tête sous ton oreiller. Tu es certain que tout va bien ?
- Je vais bien, merci !
- Mais…
- Tais-toi, Blaise !
- Tu viens manger ?
Manger, ça signifie descendre dans la Grande Salle et affronter le regards suspicieux des élèves et surtout ceux de Potter et Weasley ; jamais ! Je préfère encore mourir de faim plutôt que de mourir de honte !
- Non.
- Tu es sûr de ne pas couver quelque chose ?
- Va t'en.
- Non, mais c'est vrai, insiste-t-il. Depuis le match, tu…
- Va-t-en, je te dis !
Hésitant, il me fixe durant un moment puis, après un grognement de ma part, se décide finalement à ressortir de notre dortoir.
Je reste seul à méditer sur mon état, tentant de trouver une explication plausible à ce… ce… Je ne sais même pas comment décrire ce qui m'arrive ! Posons les données pour mieux résoudre le problème.
1- tout allait bien ce matin, puisque j'ai fait pleurer quelques premières années et éconduites deux anciennes conquêtes.
2- j'ai donné un coup dans les côtes du capitaine des Poufsouffle alors que nous entrions sur le terrain de Quidditch.
3- je sauve un navet, malgré moi
4- je me mets à dire des gentillesses.
5- je me tape la honte devant Potter et sa belette.
A première vue, il n'y a pas assez d'éléments pour expliquer ce qui cloche chez moi, mais il est certain qu'un bouleversement comportemental s'est entamé entre le point numéro 2 et 3. Donc, limiter l'enquête entre ce matin et avant le match. Voyons voir. Un fait insolite qui a pu provoquer tout ça…
Je me redresse soudainement.
- Le baiser suave de Granger !
C'est ce qui m'a fait déraillé comme ça. Cette maudite Gryffondor est certainement la cause de tout ! Mais comment un simple baiser pourrait-il me transformer en pitoyable gentil garçon ? Sans le moindre doute, il y a de la magie là-dessous. Et de la part de Granger, cela ne m'étonne pas. Trop douée la gamine, trop douée… Ne me dites pas qu'en plus je loue les qualités de la lionne ?
Je me lève encore plus furieux. J'ignore ce qu'elle m'a fait mais il est temps que cette garce répare ses bêtises.
Contre toute attente, je sors du dortoir et file en direction de la Grande Salle, fermement résolu à en découdre avec Granger.
A suivre…
Voilà ce qui traînait dans mes tiroirs et que j'ai enfin corrigé ! Je vous laisse désormais juger de sa valeur. Quoi qu'il arrive, je pense que cette fic sera courte comme « Tel est pris qui croyait prendre », et vous l'imaginez bien : à déguster sans se prendre la tête.
Bisous pleins !
