Enchantement
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NdlA : Bienvenue sur la première page de la fic à chapitres du nom écrit ci-dessus ! #applaudissements# Les infos principales en vrac sont : Univers Alternatif, KuroFye, nombreux personnages Clamp et crossovers (et donc autres couples divers), rating T pour futures situations particulières (ou pas), utilisation du Gaëlique (vous allez finir par comprendre que je kiffe le Gaëlique). La fic est dédiée à Hachikou, parce qu'elle l'a attendue, celle-là… (Gomen ne TT)
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Chapitre1 Les maîtres des Cités du Nord
Fatigue ou non, quelque chose le dépassait définitivement.
- Parfaitement ! Puu !
- Nous sommes les Mokona ! Puu !
Kurogané tiqua à nouveau, sans même réussir à former dans sa tête une question relativement intelligente dans ce décor incongru. Toujours quelque peu pétrifié, il détailla les responsables de son état, deux petites créatures douées de parole, l'une blanche et l'autre noire, qui bondissaient comme des lapins à ses pieds. Ils avaient d'ailleurs les oreilles d'un lapin. Mais ce n'était pas des lapins : plutôt des espèces de lutins ridicules. Le brun avait déjà vu bien des bestioles bizarres dans la forêt de Cathair la Vieille, et pourtant… Des comme ça, jamais.
- Tu as l'air surpris ! Puu !
- Tu n'as donc jamais entendu la légende concernant les Mokona ? Puu !
Son cheval manquant de s'emballer alors que le lutin blanc s'en approchait d'un peu trop près, Kurogané resserra fermement la bride, et décida que ce n'était pas le moment de se laisser submerger. Soupirant de lassitude, il finit par répondre.
- Il y a trop de légendes pour que je puisse toutes les connaître, dit-il le plus calmement possible. Et si vous arrêtiez de sauter partout et m'expliquiez ce que vous attendez de moi ?
A vrai dire, il n'avait pas franchement le temps de taper la causette à toutes les créatures libres de la forêt… Les rebelles l'attendaient. Et chargé comme il l'était de tout l'armement et de toutes les nouvelles vivres - il n'y en avait que pour une cinquantaine de personnes, mais tout était bon à prendre -, son cheval allait vite avoir besoin de repos.
Et fort heureusement, les deux bestioles aux oreilles de lapin semblèrent tenir compte de sa requête, et mirent fin à leurs rebondissements dans un ensemble parfait. Kurogané remarqua alors que le front de chacune des bestioles, entre les longues oreilles et la petite bouche perpétuellement dessinée en forme de sourire, s'ornait d'une espèce de pierre précieuse. Celle de la blanche était rouge comme un rubis, et celle de la noire, bleue comme un saphir.
- Rencontrer les Mokona… commença cette dernière.
- … Signifie que quelque chose d'important va se produire ! Ajouta l'autre.
- Puu ! Conclurent-elles dans un commun accord.
Visiblement très fières de leur prestation, les deux créatures s'arrêtèrent là, attendant sereinement la suite. Mais Kurogané était loin d'être convaincu.
- … Et qu'est-ce qui va se produire ? Tenta le jeune guerrier.
- Ça, on sait pas ! Clamèrent les bestioles.
- … Attendez, c'est pas logique, là…
- Puu !
L'énervement commençant à se joindre à sa fatigue, Kurogané fut pris de l'irrésistible envie de contourner les choses pour reprendre sa route sans plus perdre de temps. Mais alors qu'il tirait la bride de son cheval, l'un des « Mokona », le blanc, ouvrit brusquement les yeux qui jusque là semblaient fermement clos. Ces deux nouveaux orbes d'un noir opaque contrastaient tant avec son apparence de petite chose fragile que Kurogané en resta saisi, entendant à peine le mot guttural que la créature prononça en un murmure profond.
- Draiocht.
Puis ce fut tout. Les Mokona avaient disparu, le temps que ce simple mot s'évanouisse dans les airs, ne laissant plus de lui qu'un souvenir flou. Et Kurogané, stupéfait, eut beau fouiller tous les fourrés des alentours, il ne lui fut plus permis de les revoir. Autant chercher un Illutien dans une botte de foin. Alors, abandonnant l'idée de questionner sa santé mentale - le voyage jusqu'aux villages des montagnes l'avait après tout particulièrement épuisé -, le jeune chef des rebelles entraîna sa pauvre monture chargée comme un mulet sur la Route des Pélerins, dernière traversée avant d'atteindre la grande cité d'Ealas.
Lorsqu'il aperçut au-dessus des vertes collines les longues ondulations de fumée qui striaient le ciel, premiers signes de la civilisation à venir, il s'arrêta un instant pour jeter un dernier regard aux bois qu'il quittait. Derrière lui, l'imposante forêt de Cathair la Vieille paraissait se refermer sur elle-même et s'isoler du monde nouveau, pour emporter avec elle tous les secrets et les souvenirs sous forme de ruines que les racines des arbres vénérables envahissaient - résidus de ce qu'elle avait été, jadis. Les rayons de soleil perçaient à peine à travers les feuillages, et le paysage communiquait un étrange sentiment d'oubli.
Kurogané repensa aux deux créatures étranges qu'il venait de croiser, puis à toutes celles qui habitaient également - à sa connaissance - les bois profonds. Les créatures dites libres. Libres, parce qu'elles n'étaient pas considérées comme subissant le joug des maîtres des Cités du Nord, ceux que l'on nommait par tradition antique les Enchanteurs, et qui n'avaient pourtant rien d'enchanteur. Pensivement, le brun laissa ses yeux suivre le contour de ce qu'il restait d'une colonne en marbre, et que la nature avait déjà presque entièrement recouverte. Tout ici n'était que vestiges. Vestiges d'une civilisation dont les ailes de l'expansion avaient été brisées en plein vol. Le brun baissa ses yeux de feu, et haussa les épaules. Il devait reprendre sa route. Un autre vestige, plus jeune et plus fragile, l'attendait. Pour survivre, dans l'ombre que lui faisait la grande tour noire des Maîtres. Aussi reprit-il sa route vers la cité, sans plus se retourner une seule fois.
Arrivé à Ealas, il faudrait qu'il demande à Sorata la signification du mot prononcé par l'un des Mokona. Ça ressemblait à de l'ancien langage ; le bibliothécaire devrait bien avoir une petite idée à ce sujet. Enfin, s'il n'oubliait pas le mot, d'ici là.
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- NON MONSIEUR, NON MONSIEUR ! MOI JE VOUS DIS QUE CA NE SE PASSERA PAS COMME CA !
Kurogané serra instinctivement les dents pour supporter la douleur infligée de manière si vive à ses oreilles. Il avait beau s'être habitué à l'ambiance de l'auberge du Chat Noir, la voix de l'aubergiste hyperactif réussissait systématiquement à le surprendre avant même qu'il poussât la porte. Le brun soupira. Qu'est-ce que c'était encore ?
- Ah ! Kurogané ! Te voilà ! s'écria l'aubergiste en question lorsqu'il entra. Figure-toi que Dômeki…
- Epargne-moi le récit de tes scènes de ménage, Watanuki, grogna Kurogané, interrompant ainsi le déferlement de rage du jeune garçon pour à la place le faire bégayer un « qu… quelle scène de ménage ?! » troublé. Je viens de faire une traversée plutôt éprouvante, et j'ai besoin qu'on aille décharger mon cheval avant qu'il ne tombe une bonne fois pour toute d'épuisement.
Dômeki, qui jusqu'ici se tenait droit devant le comptoir en se bouchant les oreilles, libéra ces dernières pour faire un signe aux trois hommes qui jouaient aux cartes dans un coin de la grande salle. Ceux-ci se levèrent alors sans mot dire, et sortirent.
- Il y a du nouveau, se contenta ensuite de dire Dômeki.
- Allons bon… répondit Kurogané en se laissant tomber à une table. Oh, Watanuki ! Il reste encore de la bière à cette heure ?
- Non mais quelle scène de mén… Hein ? Ah, euh… Oui ! Attends !
- Pour moi aussi, lança Dômeki.
- ET PUIS QUOI ENCORE ? DE LA BOUFFE ?
- Ouais.
- RAAAAAAAAAHHHH !
Le guerrier regarda le garçon aux yeux bleus disparaître derrière son comptoir avec la fumée qui sortait de ses oreilles, puis reporta son regard sur le reste de la salle. A cette heure tardive de l'après-midi, il n'y avait déjà plus personne dans l'auberge. Personne ne souhaitait se faire surprendre dans une auberge par les gardes de la cité, et les Dieux savaient combien ces derniers aimaient passer du temps dans un endroit où l'on sert à boire… Il était d'ailleurs étrange de n'en voir aucun.
- Il a l'air de garder la forme, marmonna Kurogané à l'adresse de Dômeki, qui s'asseyait à sa table.
- Watanuki ? Toujours.
- C'est plutôt une bonne chose, au vu des circonstances actuelles. Alors, qu'est-ce que nos chers Enchanteurs ont encore inventé pendant mes deux jours de longue absence ?
Watanuki revenait à ce moment-là, deux choppes de bière et deux assiettes pleines à la main, et les posa face aux deux hommes. Les trois autres rentrèrent aussi, chargés de l'armement et des paquets de nourriture ramenés par Kurogané, pour disparaître avec sans mot dire dans l'arrière-boutique.
- Justement, répondit Dômeki, quelque chose qui entretient la forme de Watanuki.
- Quel forme ?! S'énerva à nouveau ce dernier. Il n'y a que toi pour réagir avec autant de flegme au nouveau décret ! JE REFUSE DE ME PLIER À UNE TELLE ABERRATION !
- Un nouveau décret ? Releva Kurogané en fronçant davantage les sourcils.
Coupé dans son élan, Watanuki parut brusquement gêné, et baissa quelque peu les yeux, pour laisser à Dômeki le soin de répondre. Celui-ci hésita moins, et lança d'une traite :
- Interdiction de sortir dès la tombée de la nuit.
- De… QUOI ?
- Ah, tu vois, siffla Watanuki, lui, au moins, a une réaction de personne normale.
- Qu'est-ce c'est encore que cette connerie ? reprit le chef des rebelles sans changer de ton. Quand est-ce qu'ils ont décidé ça ?
- L'annonce a été faite il y a deux heures sur la Grand Place, répondit Dômeki, imperturbable. Visiblement, ça a l'air de leur tenir à cœur : ils n'ont pas lésiné sur les menaces.
Kurogané hésita un bref instant entre envoyer la table contre un mur et noyer sa colère dans la bière, puis finalement, la soif eut raison de lui.
- Je vois, grogna-t-il ensuite, un peu plus calme. Ils mettent le paquet pour mettre la main sur la planque.
- Hein ? fit Watanuki. C'est pas juste pour emm…
- Non, ils savent qu'aucun habitant normal de la cité n'osera se risquer à contredire leurs ordres, à part les rebelles, par nécessité, dit Dômeki. Après tout, nous agissons le plus souvent à la tombée de la nuit, en profitant de la vie nocturne d'Ealas.
- Exact, approuva Kurogané en se concentrant sur sa choppe. Ils veulent cueillir du rebelle.
- Alors, ce n'est qu'une stratégie de plus, et non pas une nouvelle restriction sur le peuple… fit Watanuki pensivement. Je comprends…
- Il était temps.
- TA GUEULE, TOI !
Kurogané s'appuya contre le dossier de sa chaise en soupirant, puis reprit d'un ton plutôt las pour couper court à une nouvelle « scène de ménage » :
- Il y a autre chose.
Watanuki et Dômeki se tournèrent vers lui dans un bel ensemble, tandis qu'il vérifiait rapidement que ses sens aiguisés ne lui donnent pas l'alerte. Il aurait été particulièrement gênant que quelqu'un les écoute…
- Ah ?
- Qu'ils emploient autant d'énergie pour nous trouver devient de plus en plus problématique, continua-t-il une fois rassuré. Notre nombre augmente. En soi, c'est une bonne chose, mais la cité souterraine est obligée de s'agrandir en même temps, en comptant en prime les réfugiés. Elle devient par conséquent plus facile à « découvrir »… Il s'agit… De ne pas se tromper, lorsque l'heure sera venue de se soulever définitivement contre… Eux.
Voyant leur chef plongé dans ses pensées, les deux jeunes garçons restèrent silencieux tandis qu'il se levait, la choppe à la main, pour aller s'appuyer contre l'encadrement d'une fenêtre. Dehors, les Ealiens se concentraient tous avec énergie sur leurs tâches. Le boulanger et ses apprentis pétrissaient la pâte et l'enfournaient sans prendre le temps de souffler. Les commerçants vantaient largement le reste de leur - faible - marchandise, en pressant la cliente indécise. Les livreurs s'agitaient avec leurs fardeaux sur le dos, évitant les chevaux des vendeurs errants et des simples rôdeurs. Il n'y avait plus de saoulards sur les pavés gris. Les boutiquiers fermaient déjà. Parmi la foule, Kurogané reconnaissait sans peine ceux qui s'étaient joints à sa cause, celle que son père lui avait lui-même en quelque sorte léguée. Les rebelles. Peut-être bien le dernier rempart qui s'élevait contre la domination des Maîtres.
Mais eux, comme les autres, tous sans exception et avec la même crainte, jetaient régulièrement des regards furtifs et inquiets vers le ciel, qui s'obscurcissait lentement au fur et à mesure que le soleil terminait sa descente.
- Quels sont les ordres ? demanda finalement Dômeki comme Watanuki rejoignait son comptoir.
Kurogané s'attarda encore un instant sur la course une mère qui ramenaient ses enfants à la maison, puis répondit sourdement :
- Confinement. Qu'aucune opération ne soit menée à l'extérieur sans mon consentement direct.
Dômeki hocha simplement la tête en silence. Watanuki, quant à lui, jeta un regard inquiet à son chef, à peine plus âgé que lui de quelques années. A présent qu'il considérait le nouveau décret des Enchanteurs avec plus de recul, un mauvais pressentiment quant aux intentions de ces derniers l'envahissait.
Leur jeune chef saura-t-il ne pas se… tromper ?
Un long hurlement l'interrompit dans ses réflexions. Un hurlement de femme.
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Non loin d'ici, en réalité à peine quelques hauts toits plus loin, une silhouette fine, et noire, se tenait droite et à demi cachée par une épaisse cheminée d'argile. On aurait pu l'apercevoir, si toute l'attention des gens d'en bas n'était pas retenue par les cris d'une femme. A vrai dire, le jeune homme à qui appartenait la silhouette était tout aussi intrigué par l'évènement. Le vent ramena quelques mèches blondes sur son visage très pâle, et il les repoussa de ses yeux songeusement, laissant sa main se poser doucement contre le mur de la cheminée protectrice, à hauteur de son visage. Une multitude de sentiments inextricables pouvaient se lire sur celui-ci, si on prêtait bien attention à ses traits, et au trouble qui agitait l'océan vivace de ses yeux. Horreur ? Pitié ? Curiosité, tout simplement ? Il eut été très difficile de le dire.
Cependant, lorsque le blond posa par accident ces mêmes yeux sur une autre personne d'en bas, quelque chose d'un peu plus doux passa, l'espace d'un très bref instant de faiblesse, sur son visage.
Mais immédiatement après, il se redressa comme s'il venait de se faire piquer. Un appel. Maître Ashura l'appelait à lui.
Et sans plus accorder le moindre regard à la scène atroce se jouant à ses pieds, et à l'homme aux yeux si rouges, il disparut par-dessus les toits qui s'assombrissaient sous la tombée de la nuit.
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NdlA Final : Oui, oui, je sais, c'est court et y a pas de KuroFye dans ce chapitre… ; Mais ça vient bientôt hun ! Et comme vous avez pu le remarquer, c'est un AU Heroic Fantasy… J'espère que ça ne dépayse pas trop ! N'hésitez pas à me donner vos avis et commentaires )
