Supernova
Genre : stellaire !
Spoiler : pendant la saison 8 (après Monde Cruel et avant La Dernière Chance)
Disclaimer : Pas à moi, tout à la MGM et à la Franchise Stargate.
Note de l'Auteur: fic écrite en collaboration avec Aliénor (25 pour cent environ) qui, depuis, me trompe avec NCIS.
Avertissement: quelque passage d'astrophysique… mais je vous promets que ça n'est pas long!
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-Alors, Colonel, ça donne quoi?
-C'est magnifique, mon Général.
-Laissez moi voir ça…
Sam abandonna son télescope tandis que Jack la remplaçait derrière la lentille d'observation.
-Ah oui! s'exclama-t-il. Superbe! Bravo, Carter!
Sam, qui pianotait déjà fiévreusement sur le clavier d'un énorme ordinateur sur l'écran duquel oscillaient des courbes mystérieuses, eut un sourire rayonnant.
-Merci, mon Général. Mais je n'ai aucun mérite, sinon de l'avoir repérée.
-Vous repéreriez un grain de sable au fond d'un trou noir, Colonel.
-Euh… ça me paraît assez difficile dans la mesure où un trou noir ne laisse échapper que des rayons gamma…
-Ces trucs dangereux qui peuvent vous refiler un cancer généralisé?
-Euh… oui… en fait, les rayons gamma peuvent aussi bien détruire une cellule cancéreuse que provoquer de graves lésions au plus profond d'un organisme…
-Et comment c'est possible, ça, Colonel?
-Eh bien…
Sam prit une grande inspiration et là, Jack sut clairement qu'il avait posé LA question de trop: démonstration scientifique en vue, épreuve d'incompréhension totale.
-Un rayon gamma, comme n'importe quelle lumière, reste une onde dont la longueur est inférieure aux distances entre les atomes. C'est pourquoi elle parvient à se propager dans la matière, même la plus dense. C'est ce pouvoir de pénétration qui les rend à la fois si utiles et si dangereux.
-Je vois…
-Néanmoins, ces rayonnements sont incapables de traverser une matière constituée d'atomes lourds et rapprochés, comme l'est un trou noir. C'est pourquoi on peut les détecter et les mesurer.
-Ce dont vous ne vous privez pas, Colonel.
-Les rayons gamma sont passionnants, mon Général.
-Je n'en doute pas une seconde…
O'Neill jugea plus prudent de ne pas poursuivre plus avant cette dangereuse discussion et retourna à ses observations. Et Sam à son ordinateur.
-Ouah! soupira-t-il au bout d'un moment. Il n'y a rien de plus beau sur la Terre que la magie de… euh… l'Univers!
-Ça n'a rien de magique, mon Général. C'est seulement le principe même de la fusion thermonucléaire grandeur nature…
-Voyez vous ça…
-Quand le cœur d'une étoile géante approche les cinq milliards de degrés, les noyaux se redécomposent en nucléons et l'étoile se contracte de plus en plus rapidement. Puis c'est la chute libre et l'effondrement qui déclenche l'explosion et donc la supernova.
-Et si mes connaissances en astronomie sont exactes, mieux vaut ne pas traîner dans les parages…
-En effet. En quelques instants, l'explosion d'une supernova libère plus d'énergie que notre Soleil durant toute sa vie. Dilapidant ainsi presque tout son capital énergétique sous forme de neutrinos, la supernova consacre l'essentiel de ses forces à expulser l'enveloppe de son étoile, soit dix fois la masse du Soleil s'il s'agit d'une étoile très massive, à des vitesses atteignant près de 20000 km/sec. Dans les années qui suivent l'explosion, un immense cocon de débris stellaire se répand ainsi dans l'espace, sous forme de bulle énorme qui balaie tout sur son passage et ramasse peu à peu toute la matière interstellaire qu'elle repousse devant elle avec la plus extrême violence. A la longue, le vestige de la supernova ralentit peu à peu, mais il se passera encore des milliers d'années avant qu'il ne de dissolve complètement dans le milieu ambiant.
Pour une fois, Jack avait suivi.
-Et celle que nous observons en ce moment risque de nous atteindre dans…
-En réalité, mon Général, cette étoile étant située à 350000 années-lumière de la Terre, l'explosion a eu lieu il y a déjà…
-350000 ans?
-Oui. C'est le temps qu'a mis sa lumière à nous parvenir. Et d'ici à ce que le rémanent suive le même chemin, ses résidus auront eu tout le temps de se dissoudre dans les ténèbres spatiales… Je pense même qu'une nébuleuse va se former autour du cadavre de l'étoile, qui va peut-être devenir un pulsar ou une étoile à neutrons…
-Ou un trou noir!
-C'est possible, en effet.
-Fascinant!
O'Neill regarda sa montre.
-Dites-moi, Carter, depuis quand pouponnez-vous votre supernova?
-Soixante-douze heures, mon Général.
-Et durant ces soixante-douze heures, vous avez dormi?...
Sam rentra la tête dans les épaules.
-Euh… dit-elle.
-Au dodo, Colonel, ou c'est moi qui vais vous border!
Sam vira à l'écarlate.
-Mon Colonel, c'est un phénomène exceptionnel et…
-… si je vous colle une semaine de vacances obligatoires hors de la base pour cause d'épuisement, vous risquez fort d'en manquer la plus grande partie…
-Vous ne feriez pas ça, mon Général !
-Ne faites pas l'enfant, Carter, et vous pourrez admirer votre supernova sous toutes les coutures dès demain matin…
-C'est pas juste! marmonna Sam en se levant.
-Pardon?
Elle esquissa un sourire crispé.
-Je disais… bonne nuit, mon Général!
-Merci, Carter!
Elle disparut dans le couloir. Jack attendit cinq secondes et revint au télescope.
-Enfin tranquille, murmura-t-il.
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-OUVERTURE NON PROGRAMMÉE DE LA PORTE! JE RÉPÈTE: OUVERTURE NON PROGRAMMÉE DE LA PORTEDES ÉTOILES !
Sam se précipita dans la salle des commandes.
-Sergent! souffla-t-elle. Vous avez un signal?
-Négatif, Colonel, répondit Walter. Où est le Général O'Neill?
-A l'observatoire, je suppose. N'ouvrez pas l'iris, Sergent!
-A vos ordres, Colonel.
Sam se précipita sur le micro:
-Le Général O'Neill est demandé de toute urgence en salle des commandes! Je répète: le Général O'Neill est demandé de toute urgence en salle des commandes!
Au même moment, le vortex se forma, illuminant toute la salle d'embarquement.
-Sergent! soupira Sam.
-Toujours aucun signal. Et aucun voyageur en approche, ami ou ennemi.
-C'est plutôt étrange, non?
-Que vois-je?
Sam sursauta brusquement et poussa un profond soupir.
-Mon Général…
-Dites moi si je me trompe, Carter, mais il y a dix minutes, vous étiez sur le point de vous coucher me semble-t-il?
-J'y allais, mon Général, mais nous avons une alerte…
-Vraiment?
Il s'approcha de Walter.
-Sergent?
-J'ai un code d'identification, mon Général; c'est celui de la Tok'ra.
-Tiens donc! Les voilà qui se rappellent à notre bon souvenir!
-Mon Général…
-J'espère qu'ils nous apportent de bonnes nouvelles! Mais les connaissant, ça m'étonnerait!
-Euh… dit Walter. Dois-je ouvrir l'iris, mon Général?
-Je me le demande, Sergent!
-Mon Général! protesta Sam.
-C'est bon, c'est bon, je me range à l'avis de la majorité intelligente de cette pièce! Ouvrez l'iris!
Le disque de titanium et trinium s'évasa, dévoilant la flaque miroitante de l'horizon des événements. Presque aussitôt, une forme humaine apparut au sommet de la passerelle. Jacob. Jack jeta un coup d'œil expressif à Sam qui se précipita dans le silo.
-Papa! s'exclama-t-elle.
L'ancien général la serra un bref instant contre lui et accorda un signe de tête à Jack qui arrivait d'un pas nonchalant.
-Je viens chercher Daniel, dit-il.
-Daniel? s'étonna Sam. Pourquoi?
-Nos agents infiltrés chez Bâal ont réussi à récupérer une vieille tablette gravée de symboles manifestement très anciens et nous pensons que le Docteur Jackson pourrait la traduire…
-Tiens donc! fit Jack d'une voix très sarcastique. Ai-je bien entendu? Vous nous demandez de l'aide?
-Jack…
-Il me semble pourtant bien que le pacte d'alliance entre nos deux peuples a été rompu il y a un an! Vous savez… ce fameux jour où le site Alpha a subi la phase d'autodestruction après une attaque des super soldats d'Anubis… où nous vous avons récupéré avec une jambe en piteux état… et où Teal'c et moi avons crapahuté des heures durant dans la montagne pour vous ramener votre fille, ici présente!
-Jack, vous savez bien…
-Jacob, je n'ai rien, mais alors rien, contre vous! Mais les gens qui vous entourent ne m'ont jamais inspiré aucune confiance!
-Jack, nous n'avons pas de temps à perdre, cette tablette pourrait être capitale dans la lutte que nous menons, tous, contre les Grands Maîtres!
-Oh! C'est un argument de poids, en effet! Laissez-moi réfléchir… qui nous a aidés lorsque Apophis a voulu envahir la Terre?
-…
-Les Jaffas! Qui est venu à notre secours tandis que Hathor nous retenait prisonniers?
-Les Tokras étaient là!
-En effet! Mais sans Maître Bratac et le Général Hammond, je serais un Goa'uld!... quelle horreur!... Qui mène de front avec nous la lutte contre les Réplicateurs? Les Asgards! Et l'année dernière, quand Anubis a voulu envahir la Terre, c'est le savoir des Anciens et Maître Bratac qui nous ont sortis du pétrin! Et vous vous étonnez que j'hésite!
-Jack, la situation est grave…
-Je sais, je sais… l'univers entier est menacé, les Grands Maîtres se sont réunis pour tous nous exterminer, et bla bla bla… C'est toujours le même refrain!
Jacob se tourna vers sa fille:
-Dis lui quelque chose, toi!
-Euh… Il n'a pas tout à fait tort, papa.
-Merci beaucoup, Sam! Vraiment!
-Désolée, papa. Mais c'est la vérité. De toute façon, Daniel n'est pas là.
-Pas là?
-Eh non! répliqua Jack. Notre archéologue préféré est parti avec SG5 sur P6X quelque chose pour une longue, très longue campagne de fouilles! Et comme le site se trouve à trois cent kilomètres de la Porte des Étoiles, il ne pourra pas être là avant au moins trois jours au plus tôt! Mais si le cœur vous en dit… vous pouvez toujours lui rendre visite! Il sera ravi de vous raconter par le menu le contenu de ses dernières découvertes… Dieu nous en préserve tous!
Malgré le visage de plus en plus contrarié de son père, Sam ne put s'empêcher de rire. Jacob lui jeta un coup d'œil noir.
-Je vois! dit-il. De quelle planète s'agit-il?
-P6X-547, répondit Sam. La sonde a révélé les ruines d'une cité considérable de type sumérien.
-Daniel était sur des charbons ardents! ajouta Jack. Vous pensez! Des montagnes de vieux caillouxà passer au peigne fin !
-J'y vais! dit Jacob. Donnez moi les coordonnées!
-On dit: s'il vous plaît, quand on est un Tok'ra bien élevé!
-Jack, n'en rajoutez pas, ce n'est pas le moment!
-Et si vous nous disiez, vous, ce que cette tablette mystérieuse a de si important?
-Je ne peux rien vous dire pour le moment, Jack.
-Tiens donc! En voilà, une surprise!
Les deux hommes se défiaient du regard, les mâchoires contractées.
-Euh… dit Sam. Vous croyez vraiment que…
-Colonel, vous n'avez pas à intervenir dans cette discussion! l'interrompit Jack assez sèchement.
-Mais je…
-Colonel!
-C'est ça! gronda Jacob. Prenez vous en à ma fille! Une seule question, Jack: allez-vous me donner les coordonnées de P6X-547, oui ou non?
-La question est si aimablement formulée!
-Général O'Neill! Votre fichu caractère risque de mettre en péril toute la galaxie!
-Oh! Rien que ça!
A ce moment très précis, les chevrons de la Porte recommencèrent à s'enclencher. O'Neill leva les yeux vers la salle des commandes.
-C'est un signal Jaffa, Général, répondit Walter. Celui de Teal'c.
-Ouvrez l'iris!
Jacob leva les yeux au ciel et s'éloigna de la passerelle, suivi de Sam et de Jack. La flaque bleue se reforma; Teal'c en surgit, revêtu de son armure, sa lance à la main, le visage empreint de sa placidité coutumière.
-Je réclame l'assistance du Colonel Carter, déclara-t-il.
-Moi? s'étonna Sam. Pourquoi ça?
-Les résistants ont mis la main sur un arsenal Goa'uld. Je pense que vous aimeriez jeter un coup d'œil sur certaines de leurs armes.
Sam regarda O'Neill.
-Permission de…
-Colonel, vous n'êtes vraiment pas raisonnable! Vos joujoux peuvent attendre demain matin!
-Je ne le pense pas, Général O'Neill, répondit Teal'c. Les résistants ont l'intention de transporter leur butin vers une planète tenue secrète.
-Bon… Je sens que je vais encore m'en mordre les doigts, mais… Colonel, vous pouvez partir…
-Merci, mon Général!
-Mais je ne vous accorde que deux heures!
-Mais…
-C'est à prendre ou à laisser!
Sam poussa un soupir désespéré mais n'objecta plus rien.
-Quant à vous, Jacob, vous allez m'accompagner là-haut, dans mon bureau… ah oui, je ne vous avais pas dit! J'ai un bureau à moi, un ordinateur portable, un magnifique téléphone rouge, c'est vraiment le grand luxe!
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Un matin calme à la base… si ce n'est le bruit caractéristique de la Porte dont les chevrons s'enclenchaient.
-Toujours aucune nouvelle de Carter, Walter?
-Non, mon Général. Le colonel a six heures de retard. C'est un signal Jaffa, mon Général.
-C'est bon, ouvrez l'iris! Je vais lui coller un mois de vacances, ça lui apprendra!
-Si je peux me permettre, mon Général, le colonel en a lourdement besoin. Elle fait peine à voir, ces derniers temps.
Si Walter aussi trouvait que Sam tirait trop sur la corde… Jack reporta son attention vers la salle d'embarquement. Teal'c venait d'apparaître au sommet de la passerelle. Seul.
-C'est pas vrai!
O'Neill descendit quatre à quatre dans le silo.
-Où est Carter?
-Je suis désolé, Général O'Neill. Le Colonel Carter est partie dans les bois pour tester l'un des appareils que les nôtres avaient rapporté… Nous ne l'avons pas revue.
-Mais vous avez bien fait des recherches?
-En effet. Nous avons retrouvé l'appareil mais aucune trace du Colonel Carter.
-Ne me dites pas qu'elle est devenue invisible!
-Je ne le pense pas. D'après les inscriptions figurant sur l'artefact, il s'agit d'un engin de neutralisation de type Goa'uld.
-Quel genre de neutralisation, Teal'c?
-Il a la possibilité de rendre une personne aveugle durant plusieurs jours… ou semaines.
-Et ça sert à quoi, exactement?
-Sur toute une armée ennemie, à rendre les soldats extrêmement vulnérables.
-Donc, vous êtes en train de m'expliquer que notre petite tête hyperactive a probablement mis en marche l'appareil et qu'elle est devenue aveugle?
-C'est possible, en effet. Nous avons cherché pendant plusieurs heures mais la forêt est profonde et escarpée. Le colonel peut être n'importe tout.
Jack poussa un soupir atterré.
-Je le savais! grommela-t-il. Je le savais! J'aurais dû l'enfermer à triple tour dans ses quartiers!
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Noir. Jamais encore Sam n'avait connu une telle obscurité. Elle n'y voyait strictement rien. Son visage la brûlait. Et une sourde migraine roulait sous son crâne. Peu à peu, ses souvenirs revinrent. L'appareil Goa'uld. Le cristal jaune sur le côté. Elle l'avait à peine effleuré, mais il s'était aussitôt illuminé et une onde de choc l'avait projetée à vingt mètres au moins. Elle avait dû rester inconsciente assez longtemps puisqu'il faisait nuit.
Elle tâtonna autour d'elle et sentit le tronc rugueux d'un pin sous ses doigts. Bien. Lentement, elle se releva et regarda en direction du ciel. Noir total. Pas même un rayon de lune. Voilà qui était insolite. Chulak n'était pas réputée pour son climat tropical mais elle y était venue assez souvent pour savoir que, même par les nuits les plus obscures, la lueur de trois lunes de bonne taille nimbait les plus épais nuages d'un halo argenté. Or, tout était uniformément noir. Et ce feu qui lui brûlait le visage…
Elle passa ses mains sur ses yeux, les trouva anormalement gonflés. Le tronc du pin, sous ses doigts, était tiède.
-Oh, mon Dieu! murmura-t-elle horrifiée. Mais je suis aveugle!
Cette découverte l'assomma littéralement. Elle se laissa glisser au pied du pin et se recroquevilla, pétrifiée. Aucun exercice de préparation militaire ne comprenait la cécité. Elle n'avait aucun moyen de s'en sortir toute seule. Qui plus est, les effets d'une fatigue atroce ajoutaient à son désarroi. Elle resta un moment prostrée, la tête entre les mains, ne sachant que faire.
Puis, une petite voix dans un recoin de son crâne, qu'elle commençait à bien connaître, se mit à lui parler doucement, l'incitant à s'accrocher, à lutter, toujours et encore, et à avancer.
-Oui, dit-elle. Tout n'est pas perdu.
Elle se releva à nouveau. En marchant doucement, elle arriverait bien à progresser. Et par arriver quelque part. Il le fallait, coûte que coûte.
