Chapitre 1 : Le divorce
Pour Neji Hyuuga, la journée commença comme toutes les autres. Il se leva à sept heures, prit rapidement son déjeuner en lisant le journal, et à huit heures il était parti au bureau, où l'attendait sa secrétaire, Tenten, avec son emploi du temps et un bon café noir. Un avant-midi tout ce qu'il y a de plus normal, jusqu'à ce que la jeune femme le dérange avec son courrier et ses messages les plus importants. Il lui avait demandé, quelques jours après son embauche, de lire toutes les lettres pour déterminer les plus importantes. Sauf celles venant de son oncle, et accessoirement son supérieur, ni celles venant de ses cousines. Il l'a vit donc entrer dans le bureau, une pile de documents imprimés et trois enveloppes de différentes tailles. Elle posa le tout sur le bureau, en énumérant bien ce que contenait chacun.
- Il y a les copies des documents de la Uchiwa Corporation et celles pour la campagne sur le prochain cellulaire à sortir. Vous avez reçu une lettre de votre cousine Hinata, une autre de la part de la chaîne d'hôtel Fire & Leaf de Hiruzen Sarutobi et…
Neji fronça les sourcils devant ce soudain arrêt, qui dénotait d'un malaise chez sa secrétaire. Devant le regard insistant de son patron, elle termina par répondre.
- Et la grosse enveloppe vient de votre femme.
Sa femme ? Pourquoi lui enverrait-elle quelque chose par la poste, plutôt que de lui donner en mains propres ? Avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit, la jeune femme devant lui s'esquiva beaucoup trop rapidement au goût du brun. C'est une boule au fond de l'estomac, qu'il ouvrit cette enveloppe. Il resta abasourdit, lorsqu'il vit le titre du document.
- Une demande de divorce ? s'exclama-t-il.
Il ne comprenait pas. Bon d'accord, il n'était pas le mari parfait, passant beaucoup trop de temps au bureau. Mais elle savait bien qu'il n'avait pas le choix ! La compagnie était proche de la faillite, d'où ce contrat avec la Uchiwa Corporation. Mais ce serait réglé dans quelques semaines, voir quelques mois et il pourrait passer plus de temps avec elle. Voulant avoir des explications, il prit son téléphone et l'appela. Au son de la voix de sa femme, il sut qu'elle attendait son appel.
- Tu peux m'expliquer ce que ça veut dire, Yakumo ?
- C'est pour notre bien que je fais ça, Neji. Nous deux ça ne marchent plus depuis un moment déjà.
- Mais il y a d'autre solution, avant d'en venir au divorce. On pourrait aller voir un psycho…
- C'est plus compliqué que ça, l'interrompit-elle.
Le malaise prit l'homme d'affaire et il appuya son front dans la paume de sa main libre.
- Je suis enceinte, annonça Yakumo.
À cette soudaine annonce, les yeux du brun s'ouvrirent d'un seul coup.
- Depuis combien de temps ? s'inquiéta Neji.
- Six semaines.
Neji se passa la main dans les cheveux en soupirant. Six semaines ? se répéta-t-il. Ça devait faire deux mois, qu'ils n'avaient pas eu de rapport intime. Il finissait tard et il était tellement vidé de sa journée, qu'il s'endormait en posant la tête sur l'oreiller. Elle l'avait donc trompée, comprit-il. S'il n'y avait pas eu cet enfant, il lui aurait pardonné, puisqu'il n'avait pas été présent durant ces dernières semaines.
- Je ne veux pas connaître le nom du gars, mais est-il au courant ? s'enquit-il.
- Oui et il veut que j'aille vivre avec lui.
- C'est donc aussi sérieux ? soupira Neji.
- Je suis désolée, Neji, mais depuis la fin de l'université… Les choses se sont compliquées, réussit-elle à dire, une boule dans la gorge. Ton travail te prend beaucoup de temps et je comprends ça. Mais peut-être qu'on s'est marié trop tôt, conclu-t-elle. On venait à peine d'avoir vingt ans.
- Je t'aimais moi, murmura le jeune homme.
- Moi aussi, voilà pourquoi j'ai dis oui, assura-t-elle. Mais ces deux dernières années…
- On ne se voit plus, termina son mari.
- Et je crois que la flamme s'est éteinte, ajouta la jeune femme. Je suis vraiment désolée, Neji. J'espère que tu sauras me pardonner.
Avant qu'il n'ait le temps d'ajouter quoi que ce soit, elle raccrocha. Ce qui était stupide là-dedans, c'était qu'il ne lui en voulait pas. S'il avait été plus attentionné, peut-être que la flamme serait toujours présente. Morose, il demanda à sa secrétaire d'aller lui chercher un café et il replongea dans le travail. Les papiers du divorce pouvaient bien attendre à ce soir, tout comme sa cousine et monsieur Sarutobi. Les documents de la Uchiwa Corporation lui changeraient les idées.
Oo0oO
Vers vingt-trois heures, lorsqu'elle eut terminé tout ce qu'elle avait à faire, Tenten alla voir son patron pour savoir s'il y avait autre chose à faire. Ce n'était pas la première fois qu'elle finissait aussi tard et particulièrement ces trois derniers mois. Mais elle ne pouvait pas se plaindre, car elle était payée en conséquence et Neji était généreux, lorsqu'il la faisait travailler après vingt heures. Avec lui, c'était temps double de dix-huit heures à vingt, puis triple s'il dépassait. À vingt dollars de l'heure, il lui arrivait de faire jusqu'à cinq cent dollars dans une seule journée, plutôt que deux cent.
En frappant à la porte du bureau, elle fut étonnée de ne recevoir aucune réponse. Il n'était pourtant pas sorti depuis au moins quatre heures, ayant une toilette personnelle dans son bureau. C'était-il endormi ? Ce ne serait pas la première fois qu'elle le réveillerait. Mais non, il était parfaitement réveillé. Mais pas très lucide par contre. Deux bouteilles de Cognac traînaient sur le bureau, complètement vides et une autre entamée dans les mains. À moitié retourné vers la baie vitrée, Neji étanchait sa soif à même le goulot de la bouteille, les yeux fixés sur la photo qu'il tenait dans sa main libre. Il avait travaillé dur toute la journée, pour oublié la nouvelle de divorce que sa femme lui avait envoyée. Mais dès qu'il avait eu terminé, une irrésistible envie de boire l'avait envahi et pour une fois, il l'avait écouté. La seule chose dont il était sûr à ce moment-là, c'était que s'il se levait, il s'effondrerait lamentablement au sol. Il n'avait jamais autant bu et il savait qu'il le regretterait le lendemain, sauf que pour le moment, il avait d'autre regret plus douloureux.
- C'est mauvais pour votre foie de boire autant, cru bon de dire Tenten.
- Vous savez ce que je pense de ce genre de moral, grogna son patron.
Oh oui, elle le savait. Ne sachant pas en quoi étudier à la fin de son secondaire, la jeune femme avait choisi un cours en nutrition et diététique. Durant la première semaine qu'elle avait travaillée pour Neji, la brune lui avait fait remarquer qu'il ne se nourrissait pas correctement et qu'il semblait plus fatiguer pour cette raison. Son patron lui avait signalé qu'elle n'était pas sa mère et que son opinion ne l'intéressait pas. Mais il ignorait encore combien sa nouvelle secrétaire pouvait être obstinée. Sans même lui demander son avis, elle s'était mise à lui commander autre chose pour ses repas. Si au début il s'en plaignit, au bout de trois jours, il constata qu'elle n'avait pas eu tord. Mais il ne lui avouerait jamais. Connaissant ses allergies et les aliments qu'il refusait de manger, Tenten lui constituait toujours des menus équilibrés avec ce qu'il aimait manger. Sauf que ce soir, il s'en fichait. L'annonce de Yakumo était trop difficile à avaler sans cet alcool. Oui, il risquait de dire des choses qu'il ne pensait pas vraiment. Oui, il allait se réveiller avec la gueule de bois. Oui, il allait probablement rendre ses boyaux dans une heure ou deux. Mais non, il ne s'arrêterait pas avant cette dernière affirmation.
- Si je vous paye temps quadruple, acceptez-vous de rester toute la nuit à m'écouter me plaindre ? demanda-t-il sans vraiment réfléchir.
Prise de court, la jeune femme eut un temps d'arrêt. Bien qu'elle ait besoin de cet argent, elle trouvait ça étrange. Son patron ne se plaignait que très rarement et ne se confiait jamais. Bon, peut-être à ses cousines, mais jamais à des employés comme elle.
- Vous ne croyez pas que vous exagérez ? rétorqua Tenten.
Devant cette réponse, le brun soupira en s'appuyant un peu plus contre le dossier de son fauteuil. Non, elle avait probablement autre chose à faire, se dit-il. Elle devait surement vouloir se coucher.
- Vous me payez déjà temps triple après vingt heures, poursuivi la brune. L'entreprise va déjà suffisamment mal, pas besoin de l'endetter en me payant aussi généreusement.
Neji ne cacha pas son étonnement, ne s'attendant pas du tout à cette réponse. Dès le départ, il l'avait trouvé étrange, n'agissant pas comme les autres femmes qu'il connaissait. Jamais de jupes, ni de souliers à talons haut. Aucun bijou autre le collier qu'elle portait tous les jours et elle semblait mieux s'entendre avec ses collègues masculins que féminins. Il la regarda prendre les dossiers sur le bureau et aller les ranger dans les classeurs et sur les tablettes, avant qu'il ne renverse le contenu de ses bouteilles dessus. Il en conclu donc qu'elle resterait, mais qu'elle refusait qu'il augmente son salaire pour ça. Le patron qu'il était en connaissait beaucoup qui auraient profité de la situation. Mais pas Tenten. Il connaissait peu de chose sur elle et elle ne semblait pas se confier à n'importe qui.
- Vous savez le plus drôle dans cette histoire ? commença-t-il soudainement en reposant le cadre sur le bureau. Je n'arrive même pas à lui en vouloir, ajouta-t-il devant le regard interrogateur de sa secrétaire. On est tous les deux fautifs, mais pas de la même façon. J'ai été absent et peu prévenant, c'est normal qu'elle soit allée chercher de la chaleur avec un autre homme.
Tenten resta figé devant cette confession. Oui, elle avait vu la demande de divorce, puisqu'elle l'avait ouverte. Mais le motif l'étonnait.
- S'il n'avait pas voulu de cette enfant, je l'aurais élevé comme si c'était le mien, poursuivit-il d'un air pensif. J'avais besoin de ça pour m'ouvrir les yeux. Je travaille trop, soupire-t-il. Et je vous fais trop travailler, ajoute-t-il un peu plus fort et en la pointant. Il m'arrive même de vous faire entrer le samedi. Votre famille et vos amis doivent trouver que j'abuse de vous et que je vous surexploite.
- Ils comprennent que l'entreprise à quelques difficultés et que les heures supplémentaires sont nécessaires.
En disant cela, Tenten prit place sur la chaise en face de son patron et attendit que celui-ci reprenne son monologue.
- Vraiment ? s'étonna-t-il. Tant mieux, ce n'était pas le cas de ma dernière secrétaire. C'est même pour ça qu'elle est partie. Ça et parce que je ne répondais pas favorable à ses avances.
- C'est pour cette raison que c'est devenu un critère de sélection ? demanda Tenten avec un sourire moqueur.
- Je préfère nettement votre honnêteté, quand vous me dites n'être motivé que par le chèque, que je vous signe à la fin de la semaine. Toutes ses hypocrites qui se disent passionnées par le métier, mais qui dans le fond ne veulent que me séduire, me désespère.
- Et au moins, vous mangez mieux maintenant, nargua la brune.
Cette remarque fit rire son supérieur, qui enchaîna ensuite avec une bonne gorgée d'alcool. Du coin de l'œil, il voyait qu'elle désapprouvait cet abus, mais elle gardait le silence. Elle connaissait la raison et semblait comprendre qu'il en ait besoin. Une autre qualité. Savoir se taire quand c'est nécessaire.
- N'empêche, votre petit-ami doit en avoir marre de vous voir rentrer aussi tard, poursuivi-t-il.
- Je n'ai pas de copain, rectifia la jeune femme.
Elle vit le visage de son patron se crisper sous la concentration, avant qu'il ne le tourne de nouveau vers elle.
- Et l'homme qui est passé vous voir au début de la semaine ? J'ai cru l'entendre vous appeler « ma puce ».
- Ma puce, puceron, panda… Lee me donne toute sorte de sobriquet, mais ce n'est qu'un ami. Bon, mon meilleur ami. Limite mon frère. Mais qu'un ami.
- Et il fait quoi dans la vie ? demanda soudainement Neji.
La brune sursauta presque devant cette question. En plus de se confier, il commençait à lui poser des questions plus personnelles. Il n'était vraiment plus dans son état normal, se dit-elle.
- Comme nos pères, il est devenu policier. Alors, heures supplémentaire ou pas, je ne le vois pas très souvent. Sans compter « son » petit-ami.
L'insistance sur le « son » fit comprendre à Neji, que cet ami devait avoir une préférence pour les hommes.
- Et vous, ça ne vous intéressait pas d'entrer dans la police ? demanda-t-il.
- Si, mais mon père me la catégoriquement interdit, soupira-t-elle. Trop dangereux, ajouta-elle devant l'air surpris de son patron. Il ne veut pas apprendre un jour, que je me suis prise une balle durant une mission. Mais il m'a quand même entraîné comme tel depuis mon plus jeune âge et j'ai remporté plusieurs prix de sport pour cette raison, confia-t-elle.
- Lesquels ?
La jeune femme se trémoussa sur sa chaise, pour trouver une position plus confortable, quelque peu mal à l'aise par ce soudain intérêt sur sa petite personne.
- Et bien, karaté, judo, tir à l'arc, escrime et tir militaire, énuméra-t-elle.
- Tir militaire ? répéta Neji.
- Oui, j'ai fait les cadets de terre et j'ai suivi les cours de tir à la carabine et autres armes à feu.
- Je prends note qu'il ne faut pas vous mettre en colère, souffla son patron.
La brune eut un léger rire devant cette remarque narquoise. Le Neji au bureau et celui dehors étaient très différents. Bien que l'alcool devait grandement aider, il était beaucoup plus détendu et ouvert aux autres. Peut-être que dans un autre contexte, auraient-ils pu devenir de bons amis, se dit-elle. Son patron sembla se perdre dans ses pensées et Tenten le vit fixer une enveloppe sur son bureau. Celle de sa cousine, reconnu-t-elle.
- J'aurais bien aimé qu'il soit de moi, marmonna-t-il.
La brune comprit qu'il faisait de nouveau référence à sa femme. La dernière fois qu'elle avait vu Hinata, Tenten avait constaté la rondeur de son ventre. Une nouvelle grossesse.
- Pauvre Naruto, lui qui voulait une fille, il va encore avoir un petit garçon, sourit Neji. De toute façon, il serait préférable qu'il n'ait pas de fille. Tout le contraire de mon oncle, il serait trop envahissant et protecteur.
- Et c'est mal ? demanda Tenten.
- Votre père est comme ça ? comprit-il.
- Il a déjà menacé un de mes petits amis de le mettre en prison, s'il osait me faire du mal. Mais au final, c'est Lee qui lui a réglé son compte, quand il m'a laissé pour une autre. Il n'avait plus rien de très beau après leur discussion.
Le jeune homme prit mentalement note, qu'il devait faire attention de ne pas trop surmener sa secrétaire, s'il ne voulait pas recevoir la visite de son ami policier. En reposant son attention sur elle, Neji la vit essayer de retenir un bâillement. Du coin de l'œil, il avisa le vingt-trois heures trente-six qu'affichait son horloge numérique. Alors en voulant de se lever, Neji perdit pied et sa bouteille alla se fracasser sur le plancher. Il reprit place dans son siège, prit soudainement d'un étourdissement, pendant que Tenten se levait pour ramasser les dégâts. Malgré le peu de lumière dont elle disposait, elle réussit tant bien que mal à ramasser les bris de verre.
- Je suis…désolé, s'excusa le jeune homme en s'effondrant sur son bureau.
- Ça va, soupira sa secrétaire. Je vais rapidement ramasser et vous ramener chez vous.
Un grognement plaintif lui fit comprendre qu'il n'avait pas envie de partir.
- Vous n'allez quand même pas dormir au bureau, s'insurgea la brune en se redressant, les mains sur les hanches.
- N'importe où, mais pas chez moi, grogna-t-il sans relever la tête.
- Chez qui alors ? demanda-t-elle en retournant à son nettoyage.
- Hinata est à l'autre bout de la ville, Hanabi en voyage d'école pour deux mois, je n'ai plus les clefs de chez mon oncle et je n'ai pas très envie qu'il me voit dans cet état.
- Fallait y penser plus tôt, marmonna-t-elle pour elle-même. Des amis chez qui vous pourriez passer la nuit ? ajouta-t-elle plus fort.
- Shino est en lune de miel, Shikamaru en a plein la tête avec ses jumeaux et ça empeste le chien mouillé chez Kiba.
Terminant de ramasser les fragments de verre et de les mettre à la poubelle, Tenten se releva en soupirant pour lui faire face. En gros, il n'avait nulle part où aller en-dehors de chez lui, chose qu'il refusait catégoriquement. Elle se gratta la tête, ne trouvant qu'une seule solution, qui ne l'enchantait guère. La brune se posta donc à droite de son patron et souleva son bras droit, pour le passer autour de ses épaules.
- Allez, s'encouragea-t-elle elle-même. Mon divan est très confortable.
Neji se laissa soulever, sans avoir vraiment comprit ce qu'elle venait de dire, et la suivi tant bien que mal. Malheureusement, l'alcool qui coulait dans ses veines le rendait titubant. Ses cheveux cascadaient devant son visage et il dut fermer les yeux pour calmer le tournis qui retournait son estomac. Passant devant son bureau, Tenten attrapa son sac et sa sacoche, puis poursuivi son chemin vers l'ascenseur. Habituellement, elle prenait les escaliers, même pour quatre étages, au moins elle n'avait plus à aller s'entraîner. Mais là, avec sa charge, ils risquaient de débouler les marches. Sentir son patron s'appuyer contre elle et respirer proche de son cou la mettait mal à l'aise. Mais ce fut bien pis, lorsqu'il huma ses cheveux avec un léger « hum » de satisfaction.
- Vous sentez la vanille, marmonna Neji sans s'en rendre compte.
La brune préféra garder le silence et regarder les chiffres descendre. C'est presque avec soulagement, qu'elle vit les porte s'ouvrir sur le stationnement souterrain. Lorsque Tenten voulu avancer, elle senti une légère résistance de la part du jeune homme. Elle posa une main entre les deux portes et tourna la tête vers son patron. Sa respiration était calme. Il s'était endormi, comprit-elle. Tant bien que mal, elle réussi à faire bouger les jambes du brun et se rendit jusqu'à sa petite Chevrolet bon marché. Quand elle l'eut allongé sur la banquette arrière et déposé ses sacs sur le siège passager, elle sorti son portable de la poche de son pantalon.
* Oui puceron ? fit la voix endormi de Lee.
- Es-tu à l'appartement ? demanda la brune.
* Oui. Pourquoi ?
- Je vais avoir besoin de ton aide dans quinze minutes.
* Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda son colocataire, soudainement plus alerte.
- Soit juste en bas de l'immeuble dans quinze minutes.
Sans laisser le temps à son meilleur ami de répondre, elle raccrocha et prit place derrière le volant. La jeune femme tendit le bras vers sa besace et attrapa son trousseau de clef. Avant de mettre le contact, elle jeta un dernier regard à l'endormi, puis démarra. Ne voulant pas déranger le sommeil de Neji, elle n'alluma pas la radio et conduisit plus lentement que d'habitude. Comme Tenten lui avait demandé, elle vit son colocataire assis sur la dernière marche de l'escalier extérieur, la tête appuyé contre la rampe. Il s'était rendormi en l'attendant. Le bruit de la portière qui se ferme vivement, fit sursauter le jeune homme. Ce qui n'était pas le cas du patron de la jeune femme, lorsqu'elle jeta un coup d'œil vers la banquette arrière. Lee se leva et s'approcha de son amie en s'étirant, qui elle, ramassait ses sacs sur le siège passager.
- Bon, fit son ami en baillant. Pourquoi as-tu besoin de moi ?
- Une charge à monter, se contenta-t-elle de dire en montrant le siège arrière du doigt.
- C'est qui cet homme ? demanda Lee en ouvrant la portière.
- Mon patron.
Le brun s'arrêta dans son mouvement et se retourna brusquement vers la jeune femme.
- T'as soulé ton patron ? s'exclama-t-il, scandalisé.
- Je ne l'ai pas saoulé. IL s'est saoulé, rectifia Tenten. Il a reçu une mauvaise nouvelle qui l'a démoli, ajouta-t-elle avec une mine triste.
- Et pourquoi tu ne l'as pas ramené chez lui à la place ? s'enquit-il en se penchant par la porte.
- C'est ça le problème, soupira la jeune femme. Il ne voulait pas rentrer chez lui et son entourage ne pouvait pas l'accueillir. Je ne pouvais tout de même pas le laisser dormir sur le plancher de son bureau, crut-elle bon d'ajouter.
Avec le plus de douceur qu'il pouvait faire preuve, le policier extirpa Neji de la voiture et l'appuya fermement contre lui. Dès que sa colocataire eut fermé et verrouillé toutes les portes, ils prirent la direction de leur appartement. Encore une chance qu'ils n'habitaient qu'au deuxième étage, sinon la montée aurait été pénible. Tenten se chargea d'ouvrir la porte et laissa son ami emmener Neji à l'intérieur du logement.
- Et je l'allonge où ? demanda Lee, lorsqu'elle eut refermé la porte.
- Bah, le divan, répondit-elle comme si c'était une évidence.
- Tu ne crois pas qu'avec la gueule de bois qu'il va avoir au réveille, elle ne sera pas empiré lorsque je vais me préparer dans quelques heures ?
- Ah zut, je n'avais pas pensé à ça, avoua la jeune femme en soupirant.
- Rah là là, soupira à son tour son ami. Je le couche dans ton lit et tu viens dormir avec moi ? proposa-t-il.
- Pourquoi dans MON lit ? se braqua la brune.
- De un, parce que c'est TON patron. De deux, si Gaara apprend qu'un autre homme à dormi dans mon lit, il va me bouder pendant des semaines, sans me laisser lui expliquer la situation.
La brune abdiqua et le laissa faire. Elle attrapa son pyjama et alla se changer dans la salle de bain, avant de rejoindre son meilleur ami sous les couvertures. Ça devait bien faire trois ans, qu'ils n'avaient pas dormi ensemble dans le même lit. Et c'était toujours aussi agréable de dormir contre lui, sourit-elle en s'endormant.
Oo0oO
C'est un martellement douloureux, qui réveilla Neji le lendemain. Il avait l'impression que son crâne allait se fendre en deux, tellement les battements de son cœur tambourinaient au niveau de ses tempes. Son premier réflexe fut de s'agripper la tête à deux mains et de se recroquevillé sur lui-même, tel un enfant. Ce n'est qu'à ce moment-là, qu'il remarqua une texture différente sur sa peau. À la place d'être lisse comme du satin, c'était cotonneux. Il ouvrit péniblement les yeux pour constater qu'il n'était pas chez lui, ni chez un ami proche. La chambre était petite et simple, avec peu de décoration et meublée que de trois meubles. Soit un lit double, un bureau de rangement et une commode. En fixant avec plus d'attention l'un des murs décorés, il distingua des photos. Intrigué de connaître chez qui il avait dormi, il se leva doucement pour aller les regarder de plus près. D'un pas lent, vu le vertige qui le prit au moment de se lever. Il aurait vraiment dû s'arrêter après la première bouteille, se réprimanda le jeune homme.
À la hauteur des photos, il en découvrit cinq et sur chacune d'elle, il reconnu sa secrétaire. Ou du moins, il devina que c'était elle sur la plus vieille, puisqu'elle semblait ne pas avoir plus de huit ans. Elle était entourée de ses parents et d'un garçon de douze ans, qu'il supposa être son frère. Sur une seconde, on voyait Tenten sur le dos d'un adolescent aux cheveux bruns très foncés coupés en bol. Ils devaient être âgés d'environ quinze ans et ils souriaient de toutes leurs dents au photographe. Celle à droite, montrait la brune vêtue d'un habit de judo et une médaille d'or au cou. Au-dessus de celle-ci, on retrouvait à nouveau la jeune femme à une remise de diplôme. Puis la dernière, il pouvait la voir en compagnie de quatre hommes, tous portant un uniforme de la police. Il reconnu son père et son frère d'un côté, et son meilleur ami de l'autre, en compagnie d'un homme plus âgé que ce dernier, que Neji supposait être le père du jeune homme.
Il détacha son regard des photos, lorsqu'un bruit de verre cassé retenti à l'extérieur de la chambre, suivi par un juron.
- Tu ne pourrais pas faire plus attention, Lee ? gronda Tenten. Si tu continu, on n'aura plus de verre.
- Si tu ne m'avais pas réveillé en plein milieu de la nuit, peut-être que je ne serais pas aussi maladroit, rétorqua ce dernier.
- Comment aurais-je réussi à la monter jusqu'ici toute seule ? répliqua la jeune femme.
- Avec ben de la volonté, rétorqua Lee.
- Je vais t'en faire, moi, de la volonté, grogna-t-elle.
- Allez, faut que j'y aille ou je vais être en retard, soupira le jeune homme.
Lorsqu'il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer, Neji osa sortir de la chambre de sa secrétaire. Celle-ci lui tournait le dos, semblant chercher quelque chose dans le réfrigérateur. Elle portait un ensemble de sport à l'effigie de l'académie de police qui semblait trop grand pour elle et ses cheveux en désordre retombaient le long de son dos.
- Rah ! l'entendit-il grogner à voix basse. Il a encore oublié d'acheter du beurre. Je fais quoi, moi, avec cette minuscule cuillérée ? Et après il se plaint que j'oublie toujours d'acheter ses brocolis, marmonna-t-elle en se retournant.
En apercevant son patron, la jeune femme sursauta et posa une main sur sa poitrine.
- Ah seigneur, soupira-t-elle. J'ai eu une de ces peurs.
Neji continuait de la regarder sans parler, pendant qu'elle reprenait une respiration plus normale.
- Vous avez bien dormi ? demanda-t-elle en s'approchant de lui. Le mal de tête n'est pas trop intense ?
Maintenant qu'elle en parlait, sa tête lui faisait effectivement mal. Devant son mutisme, la brune prit simplement la direction de la salle de bain derrière lui et ouvrit la pharmacie. Elle en ressortit un pot d'aspirines, en fit tomber deux dans sa main et remit le contenant à sa place. Puis elle repassa près de lui, pour aller prendre un verre dans l'armoire au-dessus du comptoir de la cuisine et le remplit d'eau. En moins d'une minute, elle revenait vers lui, sans qu'il n'ait dit un seul mot et lui tendait le verre et les deux comprimés. Un peu mal à l'aise, il les prit et avala le tout. Malheureusement, ça n'enlèverait pas son mal de cœur.
- Asseyez-vous, pendant que je vais m'habiller, proposa la jeune femme, avant de disparaître dans sa chambre.
Neji trouvait cette situation trop étrange. Il avait passé la nuit chez sa secrétaire et il n'arrivait pas à comprendre comment il était arrivé ici. Bon, selon la conversation qu'il avait entendu plus tôt, il s'était probablement endormi. Il se souvenait d'avoir demandé à Tenten de rester avec lui, pour l'écouter se plaindre. Chose qui l'étonnait un peu, puisque ça ne lui ressemblait pas de faire ce genre de chose. Sauf que la conversation restait floue dans son esprit. Le brun prit place à la table et se massa les tempes, à la recherche d'un souvenir, mais en vain. Étant samedi, la jeune femme revint dans la cuisine vêtue d'un jean et d'un t-shirt tout ce qu'il y a de plus ordinaire, les cheveux remontés non pas en un, mais bien en deux chignons. Unique comme coiffure, pensa-t-il, bien qu'il ait remarqué la même sur les photos.
- Je pari que vous n'avez pas faim, fit-elle en passant à côté de lui.
- Non pas vraiment, répondit-il d'une voix rogue dut à l'alcool de la veille.
Pendant qu'elle faisait couler du café, la brune attrapa une boîte de céréale et une bouteille de lait, et se remplit un bol. Après l'avoir déposé sur la table, elle retourna remplir une tasse avec le café, qu'elle remit à son patron.
- Buvez au moins ça, conseilla-t-elle. Ce n'est pas bon d'avoir l'estomac trop vide, ajouta-t-elle avant de prendre une bouchée de son déjeuner.
Neji continua de la regarder, surpris par l'air détendu de sa secrétaire. Elle ne semblait pas du tout mal à l'aise par la situation, pensa le jeune homme. Ou du moins, elle n'en laissait rien paraître. Ce qui était juste. Tenten devait tout faire pour rester calme, alors elle se concentrait sur son repas. Dès qu'elle aurait terminé, elle proposerait à son patron de le reconduire au bureau et ils pourraient reprendre leur relation professionnelle comme avant.
- Qu'est-ce qui s'est passer hier ? finit par demander Neji.
La jeune femme releva la tête vers lui, surprise par la question. Il ne se souvenait pas de ce qui était arrivé après avoir bu tout ces litres d'alcool ? Bon dans un sens, ce n'était pas étonnant, mais ça aurait été moins compliqué, si ça n'avait pas été le cas. Elle prit donc le temps de terminer sa bouchée, avant de répondre.
- Et bien, vu votre état, je n'étais pas pour vous laisser dormir sur le plancher de votre bureau. Et puisque vous ne vouliez pas rentrer chez vous, j'ai dû vous ramener ici. Et vu que vous vous étiez endormi dans l'ascenseur, j'ai demandé à mon colocataire de m'aider à vous monter. Puis lorsqu'il m'a demandé où vous déposer, il m'a fait remarquer qu'il risquait de vous réveiller, s'il vous couchait sur le divan. Alors, je vous ai laissé mon lit et je suis allée dormir avec lui.
L'explication terminée, elle retourna rapidement à son repas, se disant qu'elle avait donné suffisamment de détails. En fait, la seule chose que Neji voulait vraiment savoir, sans le demander directement, était s'il s'était passé quelque chose entre eux et la réponse de la brune le rassura. Il se sentit toute suite plus détendu. Mais n'empêche, la situation restait étrange. Être là, dans l'appartement de sa secrétaire, un samedi matin… Ça n'avait rien de professionnel. Il bu sa tasse de café lentement, tout en regardant la jeune femme terminer son déjeuner. Le jeune homme arrêta son observation, lorsque le bruit de la sonnerie de téléphone résonna. Tenten se leva rapidement et alla répondre.
- Oui, c'est bien moi, fit-elle, de l'inquiétude transparaissant dans sa voix. Comment va-t-il ? s'inquiéta vraiment la jeune femme.
Neji remarqua toute suite l'inquiétude dans la voix de Tenten. Il semblait être arrivé quelque chose à quelqu'un qui lui était proche.
- Je passerai le voir dans une heure ou deux, déclara-t-elle.
Elle remercia son interlocuteur et raccrocha avant de revenir s'asseoir terminer son bol de céréale. Le brun évita de poser la question qui le titillait, n'étant pas de ses oignions, et avala rapidement le restant de son café. Dès que Tenten eut terminé de manger, elle alla rincer ses couverts et fit un rapide tour dans sa chambre. Elle revint avec un sac à main un peu dégarni par son vécu et y transvida le contenu de celui qu'elle utilisait pour le travail, qui était plus propre et neuf. En se retournant vers son patron, Tenten remarqua que la tasse reposait sur la table, vidée de son contenu, et qu'il regardait autour de lui avec un regard endormi.
- Je vous dépose au bureau ? demanda-t-elle.
Le jeune homme tourna la tête vers elle et acquiesça d'un mouvement de tête. Il se leva lentement et marcha jusqu'à elle. Avant qu'il ne sorte de l'appartement, il se fit arrêter par la brune, qui lui conseilla de passer à la salle de bain se passer un peu d'eau sur le visage. Et il fit bien. Ses cheveux étaient emmêlés et des cernes marquaient le dessous de ses yeux. Il n'avait jamais eu une mine aussi affreuse. Après un rapide lavage du visage, il tenta de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux et ses vêtements. Il aurait l'air moins fou en arrivant au bureau, puisqu'évidemment, Tenten avait oublié dans son empressement, de prendre ses affaires. Encore une chance qu'il gardait toujours ses clefs sur lui. Pour preuve, sa cuisse droite était douloureuse, là où son trousseau c'était enfoncé durant la nuit. Malheureusement, sa mallette et son portable étaient restés dans son bureau. Après un dernier regard à son reflet, il daigna sortir et rejoindre sa secrétaire, qui l'attendait à côté de la porte.
Le trajet jusqu'au bureau fut silencieux. Un petit malaise persistait de cette situation. Comme si la relation professionnelle avait été dépassée par un début de camaraderie, qui n'était pas nécessairement une bonne chose entre un patron et sa secrétaire. Des rumeurs pourraient rapidement circuler, sans être fondées. Changer une amitié en amour, seulement parce que les deux concernés ne sont pas du même sexe… La jeune femme entra dans le stationnement souterrain et s'arrêta près de l'ascenseur pour laisser Neji juste devant et ensuite repartir. Le jeune homme soupira en regardant la voiture s'éloigner et daigna enfin monter dans l'ascenseur. Un rapide tour à son bureau et il rentrerait chez lui se recoucher. Mais c'était sans compter son oncle.
Hiashi Hyuuga attendait devant son bureau, semblant quelque peu...énervé ? Et toute de suite, le jeune homme comprit. Il n'avait pas été joignable. Mine de rien, il marcha jusqu'à son patron, avec la nette intention de récupérer ses choses et partir toute suite. Avec une gueule de bois, il avait tout sauf envie de travailler, aller à une réunion ou pire, s'engueuler avec son oncle. Mais bien sûr, ce dernier lui bloqua le chemin.
- Où étais-tu ? s'enquit-il. J'essaie de te joindre depuis plus de deux heures.
- J'ai oublié mon téléphone dans mon bureau, répondit simplement Neji.
- J'ai aussi essayé chez toi, répliqua son oncle.
- Je n'y étais pas.
Son oncle ne semblait pas voir, qu'il ne voulait pas s'épancher sur le sujet. Il n'avait pas envie d'expliquer toute la situation, de la demande de divorce à son réveille chez sa secrétaire, en passant par sa beuverie improvisée.
- On peut entrer, pour au moins s'asseoir ? proposa le jeune homme.
En se déplaçant sur la droite, Hiashi montra son accord et son neveu pu enfin déverrouiller sa porte. Au malheur du plus jeune, les deux bouteilles vides sur son bureau, montraient clairement ce qui s'était passé la veille. Un regard à son supérieur et il comprit que ce dernier attendait une explication.
- Yakumo a demandé le divorce, avoua Neji lorsqu'ils furent assis.
Il vit clairement son interlocuteur ouvrir les yeux sous la surprise de cette annonce. À cette seule énoncée, il n'eut aucun problème à comprendre la présence de ces deux bouteilles. Mais ça ne lui disait pas où il se trouvait la veille.
- Où as-tu passé la nuit, si ce n'est pas chez toi ? redemanda Hiashi.
S'il était facile d'avouer qu'il avait bu beaucoup d'alcool, c'était plus difficile avec celle-ci. Comment avouer avoir dormi chez sa secrétaire, sans que son oncle ne s'imagine des choses ? Il pouvait très bien mentir et lui dire qu'il avait passé la nuit chez un ami, mais s'il apprenait la vérité, il ne donnait pas cher de son poste durement acquis. Autant tout avouer et expliquer, car s'il mentait, c'était comme s'il avouait qu'il s'était passé quelque chose.
- Chez ma secrétaire.
Comme il s'y attendait, les yeux de son supérieur se plissèrent, presque de colère. Voir un peu de déception.
- Elle ne voulait pas me laisser dormir sur le plancher, alors elle m'a ramené.
- Pourquoi pas chez toi ? rétorqua son oncle.
Encore la même question. Un caprice ? Ne voulant pas affronter la réalité en face, il ne voulait pas retourner dans cette maison, qu'il partageait depuis un peu plus de deux ans avec Yakumo.
- Il semblerait que je n'ais pas voulu et ne sachant pas quoi faire, elle m'a ramené chez elle, tenta-t-il d'expliquer.
- Si cela s'apprend…
- Il ne s'est rien passé, l'arrêta Neji. Je dormais déjà, quand elle m'a trainé jusqu'à sa voiture. De plus, elle n'habite pas seule. Son colocataire pourra témoigner qu'il ne s'est rien passé.
Cet ajout sembla quelque peu calmer son oncle, mais il reste que son comportement le décevait.
- J'espère pour toi, que tout est clair entre elle et toi, déclara Hiashi en se levant.
Neji ne répondit pas et regarda son supérieur partir. Avec l'alcool dans son sang, sa gueule de bois et sa migraine insupportable… Son cerveau était au ralenti et tout ce qu'il voulait, c'était retourner dormir. Il prit donc rapidement son ordinateur portable, quelques dossiers et les mis dans sa mallette. Celle-ci en main, il attrapa son cellulaire et sorti à son tour de son bureau.
Oo0oO
La semaine qui suivit se déroula comme s'il ne s'était rien passé. Neji était de nouveau focalisé sur son travail et la communication avec Tenten restait professionnelle. Durant son samedi après-midi, le brun avait eu quelques « flash back » de sa discussion avec sa secrétaire et s'étonnait d'avoir été aussi curieux. Sa famille était dans la police, son père lui avait interdit d'y entrer, son meilleur ami l'était aussi en plus d'être son colocataire et homosexuel, et elle avait plusieurs médailles dans différentes disciplines sportives, dont au tir à la carabine. Toutes sortes de choses qui la différenciaient tellement des autres femmes avec ces passions typiquement masculines. Bref, la semaine se déroula normalement, jusqu'au vendredi suivant. Une semaine était passée et il n'avait toujours pas signé les papiers du divorce, le remettant toujours à plus tard. Jusqu'à ce que Tenten lui apporte la liste de message qu'il avait reçu.
- Monsieur Uchiwa aimerait discuter du projet avec vous, lundi midi. Il attend votre téléphone. Votre cousine Hinata veut savoir si vous êtes libre ce soir. Vous avez reçu une carte postale de votre autre cousine. Monsieur Takashima du département de réalisation veut vous voir pour l'approbation des photos. Et votre femme veut savoir si vous avez signé les papiers qu'elle vous a envoyés.
Après avoir tout énuméré, elle posa la carte et le papier de notes sur le bureau et reparti. Dès qu'il aurait tout confirmé, Neji la rappellerait pour qu'elle note tout dans son agenda. Le brun prit le temps de regarder chaque message. Il lu d'abord la carte d'Hanabi, souriant devant le résumé de ses premiers jours de voyage en Grèce. Puis il évalua son horaire de la journée, pour déterminer s'il avait le temps de voir Hinata dans la soirée, probablement pour le souper. Mais pour ce qui était de Yakumo, il n'avait plus le choix, il devait les signer. Avec une nouvelle détermination, le jeune homme attrapa son téléphone et composa le numéro de sa femme. Celle-ci mit un certain temps à répondre. Probablement qu'elle hésitait à lui parler, se dit-il.
- Salut Yakumo. Je t'appelle à propos des papiers. Je préférerais te les donner en mains propres. Penses-tu qu'on pourrait manger ensemble ce midi ?
La jeune femme hésita un moment, ne sachant pas si c'était une bonne idée, mais céda devant l'insistance de son mari. Lorsqu'il eut raccroché, il fit revenir Tenten pour lui donner ses décisions.
- Tu diras à Monsieur Takashima, que je passerai à quatorze heures. J'accepte l'invitation de ma cousine, en contre partie, nous rentrerons demain. Mais vous aurez vos deux soirées de libre.
La jeune femme acquiesça, tout en notant chaque rendez-vous.
- Je dînerai avec Monsieur Uchiwa lundi, au restaurant Akimichi. Passez-lui un coup de fil pour confirmer. Et ce midi je mange à l'extérieur, inutile de me commander un repas.
- Bien, c'est noté, fit Tenten avant de sortir passer les coups de fil.
La dernière heure avant le dîner se passa sans encoche et Neji alla à son rendez-vous avec sa femme, les papiers du divorce en mains. Yakumo était déjà présente au petit café en face des bureaux Hyuuga, sirotant son café. Le jeune homme avança d'un pas calme jusqu'à sa table et y prit place doucement. La brune remarqua toute suite l'air calme et détendu de son amour de jeunesse. Il avait digéré la nouvelle du divorce, le comprenait et l'acceptait. Il déposa l'enveloppe sur la table et la fit glisser vers sa conjointe.
- Je veux m'excuser, commença Neji. Je sais que j'ai une part de faute. Je n'ai pas été présent et je ne t'en veux pas.
Cette remarque laissa Yakumo surprise, bouche bée. Elle était sûre qu'il lui en voudrait, autant pour le divorce soudain, que son infidélité. La preuve était, que malgré leurs sept années de vie de couple, ils ne se connaissaient plus vraiment.
- Alors on pourra rester amis ? espéra la jeune femme.
Le visage toujours serein, le jeune homme acquiesça, en lui faisant promettre que la prochaine fois, elle lui présenterait son amant et ensuite le bébé.
- Tu aurais fait un père formidable.
- Il ne me reste plus qu'à trouver la mère, sourit-il.
À cette remarque, ils éclatèrent d'un doux rire. Son heure de repas se passa encore mieux qu'il ne l'avait pensé. Ils avaient parlé du bon vieux temps. De leur rencontre à la déclaration de la brune et la demande en mariage de Neji. De beaux souvenirs qu'ils continueraient à choyer, malgré leur séparation. En rentrant au bureau, le brun constata que sa secrétaire était absente. Probablement encore en train de manger à la cafétéria. Il prit donc la direction de celle-ci et arrivé à la porte, il s'arrêta en captant une conversation.
- Je croyais que tu allais voir ton père demain ? fit une voix d'homme.
- Je vais y aller après le travail, déclara sa secrétaire, les heures de visite sont jusqu'à vingt heures. Bon, je te l'accorde Karashi, je ne pourrai pas rester aussi longtemps que prévu, mais je pourrai y retourner demain soir aussi.
- Quelle fille ingrate ! ricana Karashi. Ton père doit s'ennuyer à mourir à l'hôpital.
Hôpital ? se répéta Neji. La seule chose qu'il se souvenait du père de sa secrétaire était son travail, soit policier. Puis la phrase que lui avait dit la brune, une semaine plus tôt, lui revint à l'esprit : « Trop dangereux. Il ne veut pas apprendre un jour, que je me suis prise une balle durant une mission. » Son père s'était-il lui-même fait tiré dessus ? Était-ce pour ça, que les heures supplémentaires ne lui dérangeaient pas ? Ne voulant pas être surpris en train d'écouter aux portes, Le brun retourna rapidement à son bureau et se plongea dans un dossier. Durant tout l'après-midi, le jeune homme fit comme s'il n'avait rien entendu, mais au moment de quitter le bureau, il eut une sorte de culpabilité. Lorsqu'elle vint s'assurer à dix-sept heures, qu'il n'avait plus besoin d'autre chose, Neji la retint.
- Vous êtes sûre que ça vous va de rentrer demain ? s'enquit-il. Je ne voudrais pas que vous annuliez quoique ce soit.
- Non ça va, sourit la jeune femme. Mais c'est gentil de demander.
Sur ce, elle quitta le bureau et le laissa seul ave ses remords. En regardant sa montre, le brun constata, que s'il ne voulait pas être en retard chez sa cousine, il devait partir maintenant. Mais quelque chose le titillait. Il envoya donc un message à Hinata pour l'avertir de son retard et ouvrit une page de recherche sur son portable. Ne sachant que le nom de famille et la profession du père de sa secrétaire, il tapa « Policier Morino » et attendit que la recherche se fasse. Plusieurs liens apparurent et il les lut attentivement.
« L'inspecteur Morino arrête le chef du gang Akatsuki »
« L'inspecteur Morino sauve une fillette disparus et séquestrée »
« L'inspecteur Morino déjoue le trafic de prostitution du chef d'entreprise Madara Uchiwa »
« L'inspecteur Morino doit prendre sa retraite, dut à la paralysie de ses jambes »
Paralysie ? se répéta Neji. Le père de Tenten était à l'hôpital à cause d'une paralysie des jambes ? Il cliqua donc sur ce lien et lut l'article de journal, paru trois ans plus tôt.
« Lors d'un braquage de banque, plusieurs personnes ont été atteintes par les balles du psychopathe, dont l'inspecteur Morino. Ce héro de la ville a malheureusement reçu un éclat de verre à la colonne vertébrale, provocant une paralysie complète des jambes. Mais il aurait pu se remettre de cette blessure, si lors de cette altercation, son fils n'y avait pas trouvé la mort. »
Le souvenir de cette photo de famille, sur le mur de chambre de la brune, revint soudainement à la mémoire de Neji. Il se souvint aussi de l'avoir vu sur une seconde photo avec l'uniforme de police. L'article n'étant pas terminé, le jeune homme se remit à lire.
« Idate Morino, âgé de vingt-cinq ans, était une nouvelle recrue pleine d'espoir et sera décédée en sauvant des innocents. Une femme et son bébé lui doivent la vie et ne pourront jamais le remercier de sa bravoure. La fille cadette de l'inspecteur Morino est inconsolable et attend avec peur le réveil de son père. Cette jeune étudiante de vingt et un ans, refuse toute approche en se cachant derrière l'agent Rock, coéquipier de son père. Une autre victime du dangereux métier de policier. »
Les dernières lignes avaient scandalisé Neji. Comment pouvaient-ils dire ce genre de chose ? Le journaliste ne voyait-il pas qu'elle souffrait ? Et le brun comprit que mieux ce besoin d'argent qu'avait sa secrétaire. Trois ans. Ça faisait trois ans que son père était à l'hôpital. Elle se fichait éperdument de ne plus avoir de vie sociale, si elle pouvait gagner plus d'argent honnêtement en accomplissant plusieurs heures supplémentaires. Mais comment faisait-elle pour rester aussi souriante après toutes ces tristes épreuves ? Elle s'occupait de lui sans rechigner, pas toujours avec le sourire, mais c'était compréhensif. Lorsqu'il refusait d'écouter ses conseils et la réprimandait de sa désobéissance comme avec ses repas, elle perdait le sourire. Mais il revenait toujours. Elle exerçait un métier qu'elle n'aimait pas, sans jamais ce départir de son sourire.
L'idée de lui donner une augmentation lui traversa l'esprit, mais il devait d'abords trouver une excuse, pour qu'elle ne découvre pas sa petite recherche. Neji était sûr d'une chose, Tenten n'aimait pas qu'on fouine dans sa vie sans sa permission, même si tout ce trouvait dans un journal. Il éteignit donc son portable, rangea ses dossiers et partie. Naruto lui en voudrait, s'il les faisait manger trop tard.
Oo0oO
Le lendemain, comme tous les jours, sa secrétaire était déjà présente, analysant ce qu'il y avait à faire et classant chaque dossier par priorité. Comme toujours, un café l'attendait au coin du bureau, encore chaud. Dès qu'elle le vit, Tenten se leva et le suivi dans son bureau, les dossiers callés entre ses bras et le gobelet de café en main. Pendant qu'il prenait place sur son fauteuil et sortait son ordinateur de son sac, la jeune femme déposait le café devant lui et attendait qu'il soit prêt. Dès que Neji eut relevé les yeux vers elle, elle débita l'emploi du temps de la journée et celle-ci se déroula sans encombre.
À dix-sept heures, lorsqu'elle eut terminé de retranscrire toutes les modalités entre les publicistes et les fonctionnaires, pour le prochain ordinateur portable de la compagnie, Tenten s'étira et alla voir son patron. Toujours s'assurer qu'il n'avait plus besoin d'elle avant de quitter le bureau. Et comme toujours, la jeune femme le trouvait penché devant son portable, à rajouter certaines choses de dernière minute sur un dossier.
- Avez-vous besoin d'autre chose ?
Pendant quelques secondes, elle n'eut aucune réponse, mais ne s'en formalisa pas. Il lui répondrait lorsqu'il aurait terminé de taper son idée. Puis il regarda autour de lui, pour voir s'il avait tout.
- Un dernier café et vous pourrez y aller, déclara-t-il.
La brune acquiesça et le quitta pour s'acquitter de cette dernière tâche. Au vue de cette demande, elle devina qu'il en avait encore pour un petit moment. Neji était de ces hommes, qui se donnaient entièrement à son travail, s'oubliant parfois. C'était comme ça, que Tenten le voyait. S'en être passionné, son patron était dévoué à son travail. Il aimait le travail bien fait. Dès que le gobelet de café fut sur le bureau du brun, la jeune femme rangea ses choses dans ses tiroirs et attrapa ses sacs, prête à aller voir son père.
La veille, ce dernier avait été étonné de la voir, s'attendant à ce qu'elle finisse tard comme à chaque semaine. Bien qu'il trouve ça déraisonnable de travailler autant, sa fille lui avait expliqué la situation précaire de l'entreprise et la façon dont son patron la payait. Temps double, temps triple. Elle ne pouvait pas cracher là-dessus. Ibiki l'attendait donc, assis dans son fauteuil roulant, à quelques pas de l'entrée. S'il y avait eu quelqu'un à la maison pour s'occuper de lui, il serait sorti de cet hôpital depuis des années. Avec son travail, Tenten ne pouvait rester avec lui et l'emmener à ses rendez-vous médical, et payer une infirmière à la maison coûtait encore plus cher.
Un sourire s'élargit sur ses lèvres, lorsqu'il vit son bébé arriver, encore habillé de son ensemble de travail. Ça lui faisait toujours drôle de la voir vêtue ainsi, elle qui ne jurait que par des jeans et des gilets trop grands pour elle. Maintenant, elle devait porter un pantalon propre, avec une chemise d'une couleur unie et des souliers vernis. Mainte fois, Tenten s'en était plainte, mais pour son père, elle était prête à tous les sacrifices. Dès qu'elle l'aperçu, s'amusant à avancer et reculer, elle avança d'un pas plus rapide.
- Salut papa. Comment vas-tu aujourd'hui ?
- Le temps est long, soupira-t-il avec un grand sourire. Et toi, ta journée ?
- Comme toujours. De la paperasse.
Tout en prenant la direction de la chambre de son père, Tenten expliqua un peu plus sa journée. Ibiki s'était toujours senti mal, de lui refuser le métier de policier, mais elle avait mieux comprit il y a trois ans. Perdre son frère et appréhender la suite pour lui, lui avaient fait comprendre la douleur qu'il pouvait ressentir, en sachant la vie de ses enfants en jeu. Il avait déjà perdu un fils, il ne voulait surtout pas perdre sa fille. Arrivée dans la chambre de son père, la jeune femme prit place sur le bord du lit et regarda son géniteur s'amuser avec son fauteuil. Sa seule activité physique qu'il pouvait faire seul.
- Veux-tu que je te ramène quelque chose la prochaine fois ? demanda-t-elle.
- Quelque chose de mangeable et plein de calories ? répondit-il avec un large sourire.
La brune éclata de rire. Il savait pertinemment, qu'elle n'était pas la bonne personne pour s'acquitter de cette demande. Pour son père, plein de calories était une façon détourné de demander des repas plein de gras et de cholestérol.
- Tu sais très bien, que je suis contre cette alimentation. Alors tu devras demander à quelqu'un d'autre pour te ramener tes ailes de poulets.
Elle avait beau être son enfant, depuis trois ans son bébé l'obligeait à changer son alimentation. Pourquoi avait-elle choisi la nutrition ? se demandait-il encore. Elle mangeait la même chose que lui avant.
- Tu ne peux plus dépenser toutes ces calories maintenant, mieux vaut éviter de manger trop gras, argumenta-t-elle.
- Alors je demanderai à Takumi ou à Lee, répliqua son père. Au-moins eux, ils ont pitié de moi.
- Fait comme tu le sens, mais ne viens pas te plaindre quand tu deviendras obèse. Je t'aurai prévenu.
À la surprise de son père, il vit justement le meilleur ami de sa fille, arrivé avec une boîte qu'il reconnu toute suite.
- Bonsoir oncle Ibiki, fit Lee. J'ai une surprise pour vous.
- Hum, fit ce dernier avec les yeux fermés pour savourer l'odeur. Ça sent bon !
- Je me doutais bien que tu allais m'en réclamer, alors j'ai demandé à Lee de passer en chercher, avoua la jeune femme.
Quelle contradiction, ne put-il s'empêcher de penser. Elle refusait catégoriquement qu'il mange de la mal bouffe, mais elle finissait toujours par lui en acheter. Le jeune homme s'avança et déposa la boîte sur la table, laissant le meilleur ami de son père s'approcher pour déguster son souper.
- T'es chanceux que les infirmières acceptent, sinon tu peux être sûr que tu n'y aurais plus le droit, fit sa fille avec un ton moqueur.
Son père se contenta de rire à cette remarque et savoura la première bouchée. Ça devait faire pas moins d'un mois qu'il n'en avait pas mangé, lui qui en mangeait jusqu'à trois fois par semaine avant ce fameux jour. Comme à chaque fois qu'il y repensait, son visage s'assombrit et son cœur se pinça à la pensée de son fils. Idate, souffla-t-il. Les deux amis l'entendirent à peine, mais ils surent que son moral était redescendu en flèche. Le deuil était encore difficile et Tenten ne pu s'empêcher de penser, qu'il devait être beaucoup plus difficile pour son père de vivre la mort d'Idate. Perdre un frère était une chose, mais perdre un enfant… Elle ne pouvait l'imaginer et elle ne voulait pas la connaître. Oui, maintenant elle comprenait le refus de son père, lorsqu'elle avait voulu entrer dans la police. Son frère avait joué la forte tête et y était allé quand même.
