Auteur : Natanael, comme d'habitude. Ravie de vous revoir ! Eh non, je ne me suis pas fait manger par un dinosaure, je n'ai pas été écrasée par une chute de piano à queue, je n'ai pas fait d'arrêt cardiaque et je n'ai pas supprimé mon abonnement internet. J'étais juste en panne d'inspiration…
Disclaimer : Kratos, Martel, Yuan, Meltokio et le monde sont à Namco. Le reste est à moi !
Spoiler : Comme d'habitude, concernant l'âge et l'époque de la jeunesse de nos deux séraphins internationaux. Mais cette fois, sans allusion aux cristaux !
Warning : Peut-être un très léger Yuan x Kratos, c'est à voir si j'arrive à le caser dans l'histoire...
Résumé : Après avoir fui Sylvarant où les demi-Elfes sont persécutés, les membres survivants de la famille Ka-Fai se réfugient à Meltokio. Un jeune aristocrate très sympathique leur propose travail et protection et, pour la première fois de sa courte vie, le petit Yuan goûte au bonheur. Seule ombre au tableau : un "enfant-fantôme" qui hante le troisième étage de la maison, et dont les cris résonnent dans la nuit...
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Meltokio était une belle ville. Ses rues pavées n'étaient jamais souillées ni de boue, ni de sang, ni de balles ou d'éclat d'obus, ni de mana modifié utilisé pour la guerre technologique. Ses maisons et ses hôtels particuliers étaient resplendissants de vie et de richesse avec leurs belles portes de bois sculptées, leurs volets vernis, leurs marquises de verre colorés, leurs portails de fer forgé, leurs grands jardins aux haies toujours impeccablement taillées. Les magasins et les boutiques de la capitale Tesseha'llane abordaient des enseignes lumineuses et attrayantes, et derrière leurs vitrines immaculées, mille et une merveilles attiraient les regards des passants. Meltokio possédait de nombreux parcs ornés de fontaines où les familles aimaient à se rassembler les jours de fête. Les grandes allées de la ville étaient bordées d'arbres et de massifs fleuris, parcourues en permanence par des enfants joueurs, des femmes portant de longues robes à volants, des hommes vêtus d'une livrée de laquais ou d'un pourpoint de noble, des soldats en armes, des petits vieillards ridés ou des grands-mères souriantes, des prêtres de Martel plongés dans leurs textes sacrés, des religieuses rejoignant leur abbaye ou des commis travaillant au château. Celui-ci surplombait la ville, éclatant de blancheur et de majesté. La façade de l'imposant bâtiment était constellée d'immenses vitraux de toutes les couleurs. A sa gauche s'élevait la cathédrale de l'église de Martel, fierté du pays et de ses habitants. A sa droite s'étendait le quartier noble, avec ses villas de plusieurs étages, ses musées et son conservatoire.
Oui, Meltokio était une belle ville. Elle était, à Tesseha'lla comme à Sylvarant, un symbole de bonheur et de volupté, une cité presque légendaire où chacun jouissait de la liberté la plus parfaite. Cette glorieuse capitale d'un empire millénaire, où l'on dit que tous vivent au jour le jour sans jamais avoir à se soucier du lendemain, avait atteint une telle notoriété qu'elle berçait à présent les rêves et les espoirs les plus fous de tous ceux à qui la vie avait refusé ses faveurs. On cherchait à y venir de partout : des campagnes, des montagnes, des déserts, des autres villes… On, ça n'avait pas de race. Ça pouvait être tout aussi bien Humain que Nain, ou Elfe, ou même demi-Elfe. On, ça n'avait pas non plus de nationalité. Ça pouvait être tout aussi bien Tesseha'llan que Sylvaranti parfois, ça pouvait même venir d'Heimdall. Meltokio, comme le voulait son mythe, cultivait la différence. Les nobles qui y vivaient engageaient leurs domestiques en regardant leurs capacités, pas leur apparence, leur statut social ou leur origine. Et la belle ville de Meltokio restait une grande cité d'hommes riches et heureux.
Car on ne voyait pas de pauvres à Meltokio. Il y avait la famille impériale qui régnait sur la ville et sur le pays, toute l'aristocratie Tesseha'llane, les riches bourgeois, les grands commerçants, les généraux, les officiers et les soldats, les notables et les jurés. Et, bien entendu, tous ceux qui travaillaient à leur service. Mais il était impossible de les considérer comme étant des pauvres. Tout au plus faisaient-ils partie d'une classe moyenne plus ou moins aisée. Les serviteurs, jardiniers, cuisinières, femmes de chambre et autres étaient nourris et logés par leurs maîtres. Ils recevaient également trois tenues vestimentaires complètes à leur arrivée chez leur employeur. C'était la coutume, et on différenciait le laquais d'un noble de celui d'un magistrat par la livrée qu'il portait. Celle-ci semblait toujours neuve. Dans la grande capitale des hommes, on ne pouvait voir nulle part de personnes mal habillées ou mal coiffée. Il n'y avait pas de vagabond, pas de mendiant, aucun chanteur des rues, pas plus de clochard. La pauvreté n'avait pas droit de cité dans la ville de la liberté. Tous vivaient dans l'aisance et la luxure. Comme la vie paraissait douce, à Meltokio…
Mais.
Oui, il y avait un mais. Il y a toujours un mais, quand le bonheur semble si proche qu'on pourrait presque l'effleurer du bout des doigts rien qu'en tendant la main. Un peu comme si le Destin, la mauvaise face du Destin, se jouait de nous en permanence. Meltokio aussi avait son mais. Oui, Meltokio, symbole de liberté et de volupté, avait un mais.
Son mais s'appelait Methenôl. La Fin du rêve.
S'il n'y avait aucun pauvre à Meltokio, c'était tout simplement parce qu'ils n'avaient pas le droit d'y entrer. Des gardes armés se tenaient aux portes de la ville merveilleuse et en interdisaient l'accès aux miséreux qui s'agglutinaient chaque jour à la herse baissée trouant la haute muraille de la capitale. Chacun d'eux connaissait le "sésame" qui ferait se lever l'infranchissable grille de métal qui les séparait de leur rêve, le seul moyen d'entrer dans cette caverne éblouissante : être au service d'une famille de la cité. Mais les gens passaient et repassaient, sans accorder un regard aux malheureux massés à leur porte. Et, le soir, quand la lumière du soleil s'éteignait et que celles de Meltokio s'allumaient, ils savaient qu'il fallait cesser d'espérer. Le rêve était fini, personne ne les avait engagés. Et ils repartaient dans l'ombre de leur nuit.
Elle s'appelait Methenôl. La Fin du rêve.
Comme les gens pauvres venus des quatre coins du monde ne pouvaient pas entrer dans Meltokio, ils s'étaient installés comme ils pouvaient à quelques kilomètres de la ville. Ils avaient commencé par former un petit village, composé d'étranges maisons branlantes et bancales faites de tôles, de cartons, de bois, de plastiques, de toiles cirées, de tout ce qu'ils pouvaient trouver. Puis, d'autres gens étaient arrivés. Le village était devenu une ville bizarre, puis une cité de carton-pâte. Elle grandissait encore. Ses habitations déglinguées s'étalaient sur des kilomètres et des kilomètres, à perte de vue. Ils n'avaient pas d'eau, pas de cheminée, pas de garde-manger. On survivait plus qu'on ne vivait, dans cette mégalopole de la misère. Un jour, des notables de Meltokio étaient arrivés pour demander aux habitants de la ville de carton de lui choisir un nom. On s'était réuni et on avait beaucoup discuté. Quelqu'un avait proposé en plaisantant de l'appeler "Bidonville", puisque pas mal de maisonnettes contenaient des bidons et d'autres ustensiles du même genre dans leurs murs. Finalement, on a choisit Methenôl. La fin du rêve, la fin du mythe, la déception, la tristesse. La fin. Ça lui correspondait mieux, pour tous ces gens qui avaient vu leurs espoirs voler en éclats. Methenôl. La Fin du rêve. Et la résignation.
Mais d'autres ne se résignaient pas. Jamais. Ils se levaient tôt le matin et se rendaient à Meltokio, dans l'espoir insensé que quelqu'un les verrait et leur tendrait la main. Ils passaient leur journée à attendre devant les murailles de la capitale et rentraient chez eux le soir, affamés, épuisés et les larmes au cœur. Pas aux yeux. Ils ne pouvaient plus pleurer.
Les visages qui se collaient à la herse étaient chaque jour différents. Mais si les gardes qui discutaient à la porte avaient prêté un peu d'attention à la foule silencieuse et éternellement changeante qui attendait près d'eux, ils auraient sans doute remarqué un petit garçon, toujours le même, toujours au premier rang, ses petites mains toujours agrippées à la lourde grille. Si un des gardes l'avait regardé, peut-être lui aurait-il trouvé une ressemblance avec un de ses fils, ou un de ses neveux. Il devait avoir sept ans, peut-être huit. Pas beaucoup plus, en tout cas. Il venait seul. Ses vêtements trop petits pour lui le serraient et gênaient ses mouvements, mais il semblait ne pas le remarquer. Il avait peut-être l'habitude. Et de toute façon, il était bien assez maigre pour pouvoir encore rentrer dedans, alors… Ce petit garçon avait les cheveux d'un bleu turquoise surprenant, courts et mal coupés. Il devait sûrement être demi-Elfe. La couleur de ses yeux rappelait celle de l'océan lorsque la mer est calme, d'un bleu azuré parsemé de quelques tâches vert algue. Contrairement à ceux qui se trouvaient près de lui, il ne regardait pas la ville d'un air terne ou envieux. Son regard brûlait. Il dévorait des yeux tout ce qu'il voyait, comme s'il ne devait jamais rien revoir le lendemain ou comme s'il redécouvrait tout chaque jour. Comme s'il s'en nourrissait. Peut-être que c'était ça. Peut-être qu'il ne mangeait jamais. Peut-être que son seul repas, c'était le spectacle de vie quotidienne aisée qui se jouait devant lui. Peut-être qu'il ne vivait que de rêves, peut-être parce qu'il ne lui restait plus que ça. Peut-être qu'il s'imaginait être un de ces enfants aux habits brodés qui couraient après un cerceau offert par leur grand-mère ou leur oncle. Peut-être. Qui sait ?
Le soir, l'enfant aux yeux océans s'en allait comme les autres. Il habitait à Methenôl, mais où ? Dans une maison de tôles ? Dans une cabane de carton ? Dans la rue ? Il partait toujours le dernier. Qui allait-il retrouver, là-bas, dans l'ombre de la nuit ? Y avait-il encore seulement quelqu'un pour l'attendre ? Avait-il une famille ? Ou était-il orphelin ? Personne n'en savait rien. Personne ne se posait de question sur ce petit bout d'Elfe perdu dans un monde trop grand pour lui, avec pour seule protection un pantalon trop court et une chemise trop petite. Personne ne le regardait. Mais lui… Lui, il regardait. Il ne faisait que ça. Et quand il partait, le soir, il regardait encore. Il se retournait une dernière fois, avant que la nuit ne l'engloutisse. Il regardait Meltokio et ses lumières, Meltokio et sa joie, Meltokio et sa vie. Puis il se détournait, et disparaissait dans l'ombre.
Oui, Meltokio était une belle ville. Surtout vue de Methenôl.
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Bonjour bonjour ! Ou Bonsoir bonsoir, tout dépend de l'heure…
Heureuse de vous retrouver une fois de plus ! Oui, j'ai commencé une nouvelle histoire. Non, je n'ai pas laissé tomber Tales of Kharlan. En fait, j'ai un problème avec un passage que je n'arrive pas à écrire, je n'en suis jamais satisfaite, je le recommence tout le temps et je ne le finis jamais… enfin bref c'est la désespérance totale.
Donc, je me suis dis, dans un rare éclair de lucidité : tiens ? Et si je faisais une autre histoire, pour passer le temps ?
Donc ben voilà.
Mais ne me lynchez pas : je continue Tales of Kharlan. A plus tard !
