keep it steady, for the one I love the most
Castle ne prononce pas un mot pendant leur trajet jusqu'à l'aéroport. Il l'observe silencieusement, ignorant les mélodies de jazz qui proviennent de l'avant du taxi, perdu dans la contemplation de tout ce qu'il aime chez Kate Beckett. Ses grands yeux tristes où marron et vert se mélangent sans règles ni motifs. Il caresse sa joue, essaie de retenir la douceur de sa peau sur le bout de son pouce pour ne jamais l'oublier. Il entend l'écho de son coeur brisé et capture doucement ses lèvres, volant et donnant leurs derniers baisers. Il goûte le regret et la peur sur sa bouche, murmure son amour au creux de son oreille.
Tu est toute ma vie.
Il n'entend pas tout de suite sa déclaration. Il est perdu dans son regard, son front collé au sien alors que leurs lèvres se rencontrent de nouveau, chastement, timidement. Il lui a promis que Washington serait génial et il le regrette parce qu'il n'y croit plus vraiment. Il ne sait plus comment se réveiller sans elle, il ne sait plus comment s'endormir sans elle. Il s'est habitué à se tromper de brosse à dent le matin et il n'est plus surpris lorsqu'elle l'enlace alors qu'il est en train de se raser. Il ne se souvient plus de l'odeur qu'avaient ses draps avant que ce soit la leur et non plus la sienne.
Mais il la rassure et il se rassure et il noie son chagrin dans les quelques heures qu'il leur reste avant qu'elle s'en aille loin de lui.
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Sa nouvelle partenaire a un humour cynique et Kate le découvre alors qu'elle vient juste d'entrer dans le 4x4 aux vitres teintées. Elle est assise sur la banquette arrière, le regard rivé vers son annulaire gauche. Elle sait qu'elle va devoir retirer la bague onéreuse qui y trône, mais elle en est incapable. Pas tout de suite. Castle a essayé de cacher ses larmes lorsqu'elle l'a quitté à l'aéroport, mais elle les a vues lorsqu'elle s'est retournée et elle ne peut retirer le peu qu'il lui reste de l'homme qu'elle aime, ici à Washington.
- Hey, Hendricks ? Stack t'a dit que la nouvelle est fiancée ?
A l'avant, leur collègue émet un léger rire moqueur et Kate ravale sa fierté, déglutissant lourdement. Elle sait que c'est un rite, elle a souvent été l'objet des blagues des autres flics avec qui elle travaillait, mais cette fois c'est différent. Elle n'a pas honte d'aimer Castle. Elle ne veut plus s'en cacher. Et elle ne veut pas que ce qu'ils partagent soit une blague. Mais elle ne corrige pas McCord, parce qu'elle veut aussi s'intégrer le plus vite possible à l'équipe qui lui a été attribuée.
- Alors ? C'est qui le chanceux ?
Kate rougit légèrement et baisse les yeux, se rappelant à quel point elle a de la chance. Elle se souvient vaguement de ses premières années dans la police de New York, et de l'espoir que lui donnaient les livres de Castle. Ils ne se connaissaient même pas, et pourtant elle l'aimait déjà. C'était différent, bien sûr, incomparable à ce qu'ils ont maintenant, mais elle sait qu'elle a énormément de chance de partager sa vie.
- Hum, Rick Castle.
Un soupir s'échappe de la bouche de la femme à ses côtés et Kate sait qu'elle a dit quelque chose de mal, mais elle ne comprend pas tout de suite ce que c'est.
- Chérie, je plaisantais. Je me fiche de savoir qui c'est. Pour moi, ton seul mari, c'est ce boulot. Enlève cette bague, tu ne peux pas la porter ici.
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Elle tient trois jours avant de pleurer pour la première fois.
Elle est couchée seule dans son lit, recroquevillée sur elle-même alors que les larmes coulent silencieusement le long de ses joues. Elle a piqué quelques tee-shirts dans le placard de Castle avant de partir, assez pour tenir jusqu'à ce qu'il la rejoigne dans une semaine. Mais ce n'était peut-être pas une si bonne idée, parce qu'elle ne sait pas comment vivre sans jamais le voir, en se satisfaisant uniquement de son odeur alors qu'elle ne peut pas le toucher.
Kate prend son téléphone et l'appelle, même s'il est une heure cinquante-quatre du matin et qu'elle sait qu'elle va le réveiller. Elle ravale ses larmes et d'une voix enrouée, lui raconte comment ses journées se passent, occultant chaque détail confidentiel.
Lorsqu'elle raccroche, quelques heures plus tard, elle va mieux.
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Il la réveille avec de petits baisers le long de son oreille, murmurant son prénom pour la tirer doucement de son sommeil. Ses mains se glissent sous son tee-shirt et tracent les légères courbes qui forment le haut de son corps tandis que ses lèvres se faufilent le long de son épaule nue, jusqu'à sa bouche. Elle ouvre les yeux, éblouie par la lumière qui traverse les rideaux qu'ils ne prennent jamais la peine de fermer, et se perd silencieusement dans l'océan de son regard. Du pouce, elle effleure son front et ses sourcils, ses paupières closes et ses lèvres ; sa peau riposte lorsqu'elle sent sous sa paume la barbe naissante qu'il n'a pas rasé du week-end mais elle l'embrasse quand même, enfermant son sourire au milieu de son propre bonheur.
Elle lui vole quelques paisibles baisers, sa bouche touchant la sienne avec une paresse presque déconcertante mais il chérit le temps qu'elle prend pour se réveiller de cette manière, parce qu'il a une signification toute particulière : elle n'est pas pressée. Il aime ces moments où les aiguilles s'arrêtent sur leurs montres, où pendant quelques minutes, parfois quelques heures, ils sont seuls au monde.
Ca ne dure pas longtemps et elle mordille rapidement sa lèvre inférieure, son geste dénué d'innocence. Le bout de ses doigts dansent sur son dos et elle enfonce ses paumes dans ses épaules en enroulant ses jambes autour de sa taille, ses hanches dansant lentement contre les siennes, son propre désir se faisant de plus en plus ardent.
- Combien de temps on a ? demande-t-il en un souffle, ses lèvres se faufilant le long de son cou, suivant les lignes de son corps.
- Autant qu'il le faudra, respire-t-elle entre deux gémissements de plaisir, son dos s'arquant sous ses mains expertes.
Leurs paroles se perdent après ça, leurs bouches ouvertes uniquement pour respirer. Elle inspire l'air qui l'expire et c'est seulement à ce moment-là qu'il réalise à quel point elle lui a manqué.
Je pense faire autant de chapitres qu'il y aura d'épisode à Washington. A suivre.
